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«
Non. » Le soupir qui échappe à l'Ollivander est lourd, pesant. Perchée sur ses talons hauts, drapée dans sa cape et son hermine, elle fixe son filleul qui, bras croisés, refuse d'aller se coucher.
Qui est l'idiot qui a donné autant de sucre à cet enfant ? Nyssandra a bien une
petite idée (qui débute avec Ass- et finit par -ria) mais Draco, occupé à se préparer, n'est pas là pour confirmer ses certitudes. «
Non, répète l'enfant, pas décidé à se laisser faire :
Je suis grand maintenant. » L'argument favori de Scorpius depuis qu'il a eu ses premières manifestations magiques.
Bien entendu. «
Je veux venir au bal avec toi. Je veux pas que Monsieur Lestrange danse avec toi. » Malgré elle, les traits se défroissent sous un rire léger et une main qui vient déranger les épis blonds. «
Aramis - avec douceur mais fermeté, elle corrige le prénom, décidée à mettre fin à la guerre puérile entre les deux bébés de sa vie :
danse avec sa soeur, Guenièvre. » Ce n'est pas un mensonge. Nyssandra ne va pas à cette soirée uniquement pour l'amusement, mais aussi pour sa chronique. Mais, bien sûr, ça ne suffit pas à son filleul qui la regarde fixement : «
Alors, et Scorpius arque un sourcil exactement comme Draco le fait :
si je viens pas, qui va te faire danser, marraine ? » Cet enfant ne perd jamais le nord, et il sait trop bien que Nyssandra aime danser pendant les bals et les soirées. Avec tendresse, elle se penche vers Scorpius et les lèvres déposent un baiser léger sur le front : «
Ton père va me faire danser, d'accord ? » Ca, bien sûr, c'est si Draco arrive à se dépêtrer de sa horde de jeunes héritières en manque de mariage. Mais elle se garde bien d'expliquer à son filleul le sourire amusé qui tire sur les coins de sa bouche. Scorpius, en se glissant dans ses couvertures, n'est déjà pas bien emballé par l'idée de déléguer son rôle de chevalier. «
Tu n'as qu'à le nommer officiellement représentant de Scorpius Malfoy. » L'idée de jouer les grands princes avec son propre père semble terrasser les réticences du garçon (ce n'est pas un Malfoy pour rien, Nyssandra en rirait). Ca, un bâillement à s'en décrocher la mâchoire et le hibou qui vient toquer à la fenêtre. «
Peut-être que la fête est annulée et que tu restes avec moi au lieu de voir Monsieur Lestrange, hein, marraine ? » Suggère-t-il quand elle récupère l'enveloppe des pattes du nocturne mécontent d'avoir été ignoré. Et l'espoir vibrant de Scorpius l'aurait volontiers fait rire si sa gorge ne s'était pas brusquement nouée, asséchée par une angoisse sourde et trop familière. «
Marraine ? Tu vas bien ? » (
Souris, tu ne veux pas qu'il sache - et la voix dans sa tête revient, se réveille au bruit de parchemin qui se froisse entre ses doigts crispés) Sa robe fronce doucement lorsqu'elle se retourne vers Scorpius, un sourire un peu crispé sur les lèvres. C'est vraiment le mieux qu'elle puisse faire pour rassurer l'enfant. (Aramis, il lui faut Aramis - lui sait la calmer, lui promettre que tout ira bien) «
Marraine ? » «
Tu es sûr que tu n'es pas un peu voyant, Scorpius Malfoy ? Le baiser et l'étreinte qu'elle vient lui donner sont autant pour lui que pour elle - et devant l'expression perdue du garçon, Nyssandra explique :
Marraine est triste parce que la fête est annulée et qu'elle ne peut pas rester avec toi ce soir. » Un mensonge sans vraiment l'être, comme une peinture retouchée, un portrait défiguré pour refléter une vérité moins dégoûtante. La sorcière connait cet art du bout des doigts, elle l'a gravé sur la langue, sur sa bouche. (mais Scorpius doit être protégé) Des doigts fins viennent replacer les mèches blondes avec tendresse : «
Mais promets-moi qu'on dansera ensemble à la fête de fiançailles, d'accord ? »
Sur la magie, même, qu'il jure, le petit Scorpius aux airs de prince. «
Très bien, je dois juste voir ton père. Tu restes au lit, d'accord ? Je promets de revenir te dire au revoir avant de partir. » Avant de s'enfuir dans le couloir et de rejoindre Draco, elle ne dit pas que c'est pour glaner un peu de courage, un peu de chaleur, que c'est pour garder avec elle un souvenir de tendresse. Egoïste, elle ne dit pas que c'est pour elle, plus que pour lui.
«
Draco, Scorpius est couché mais je- » Commence-t-elle, le mensonge déjà au bord des lèvres, mais elle s'interrompt brusquement quand elle réalise qu'un autre hibou attend patiemment que Draco le déleste de sa lettre, frappée d'un sceau qu'elle reconnait d'ici.
Rookwood. Inutile de lire ce que contient la missive pour savoir que Draco est le mangemort mentionné sur le parchemin roulé en boule dans la poche de sa cape. «
Draco ... ? » Le regard fauve qui ne lâche plus le blond est incertain, les mots s'effondrent contre cette langue d'ordinaire si agile à lancer excuses et mensonges. «
Il faut prévenir les autres que nous ne pourrons pas les rejoindre. » Murmure-t-elle, finalement, en cherchant à détourner l'attention du noeud du problème.
Les deux fioles qui déforment l'enveloppe destinée au Malfoy. Contenant probablement les deux potions que Draco a déjà vues chez elle.
La foule qui se presse au Chaudron Baveur la fait stopper brusquement, agressée par le bruit qui éclate contre leurs tympans dès que la porte est ouverte. Nyssandra ne pense pas se tromper en disant que ça fait des années qu'elle n'a pas mis les pieds ici - et que la poussière sur l'étagère branlante date probablement aussi de sa dernière venue ici. Tout en prenant garde à l'endroit où elle pose ses chaussures, elle suit Draco et le laisse les guider à travers la masse compacte de plébéiens. «
La lettre disait devant l'entrée moldue. » Elle signalait aussi que le rendez-vous était trente minutes plus tôt, mais il avait fallu discuter (des fioles encore, de l'étrange cicatrice sur sa cuisse aussi), se changer dans les vêtements empruntés à Draco et prévenir Aramis (Avalon n'avait pas voulu la quitter, pas plus que Scorpius n'avait voulu lâcher le petit hibou quand il avait compris que son père et sa marraine seraient absents
malgré l'annulation de la fête).
Honnêtement, s'ils avaient pu grappiller une heure supplémentaire de sérénité ...
Honnêtement, s'ils pouvaient rester dans ce pub miteux plutôt que d'aller chez les moldus ...
Nyssandra ne sait pas ce qu'elle ne donnerait pas pour ne pas être forcée d'y aller. (
Ce sont ses ordres, tu dois obéir. Tu ne veux pas désobéir, pas vrai ?) Oui, mais ça fait mal. C'est toujours douloureux de se perdre et de se noyer. (
Tu t'en remettras.) «
Est-ce que tu le vois ? » Sa question se ponctue du grésillement d'une cigarette qu'on allume et qui trahit sa nervosité, son stress à l'idée de devoir (encore) boire l'infâme potion.