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sujet; UNTRUST ME. (Sansen) |
HUNTED • running man Owen Avery | memories of an old friend
owen et sansa > play. Stan s'en alla, chargé de son lourd fardeau. Un simple parchemin, qui contenait à lui seul plus de secrets qu'il ne le pensait. L'émissaire n'avait bien sûr aucune idée de la nature de son message, et Owen n'avait pas lésiné sur les menaces, lui faisant ainsi comprendre à quel point il était primordial qu'il ne pense même pas à lire un mot de ce qu'il avait écrit s'il tenait à revoir un jour ses filles vivantes. Owen avait du mal à juguler sa satisfaction, trop content de lui. Ouvert sur ses genoux, un album photo réunissant de nombreux clichés de sa jeunesse. C'était curieux comme, avec le temps, on perdait l'habitude -et l'envie- d'immortaliser les moments de joie. Peut-être parce qu'avec le temps, ces moments avaient une mauvaise tendance à se raréfier malgré ses efforts ; peut-être aussi qu'avec le temps, il avait acquis ce regard pessimiste sur son existence, au point de penser que rien ne méritait plus qu'on s'en souvienne. Qu'aurait-il pu photographier ? Son temps à Poudlard avait été plus qu'amusant. Il s'était trouvé entouré, s'était diverti de tout -et de tout le monde. L'insouciance s'était envolée et avec elle l'envie de se souvenir de moments précis, comme ceux qui s'étalaient sous ses yeux. Le cadeau de Rabastan remontait à l'orée de sa mémoire un nombre incalculable de choses qu'il croyait oubliées. Mais de toutes ces choses, le visage d'Evan Rosier était celui qui instillait en lui le plus de nostalgie et, quelque chose comme un pincement au cœur. Avery s'était convaincu avec les années qu'il était capable de ne rien ressentir et de passer outre les émotions trop vives. Merlin sait comme chaque foutue journée lui donnait tord mais il n'en démordait pas, convaincu de posséder cette force mentale qui le fuyait. Entre ses mains, Evan arborait un sourire affable, ses cheveux blondis par le soleil retombant sur son front. Indolent, il était affalé avec cette grâce qui le caractérisait sur un Chesterfield au cuir usé. Un garçon brun d'une vingtaine d'années (était-ce Macnair ?) passa en courant derrière lui tandis que Rosier esquissait une grimace moqueuse en observant le photographe. Nul doute que ce dernier était un proche et un ami, le regard familier était sans équivoque. Au dos de la copie destinée à sa cible, il avait tracé en lettres élégantes : « Evan Rosier, été 1978 ». Il était à l'orée de sa jeunesse, si proche de la mort quand la vie lui souriait et qu'un avenir radieux lui tendait les bras. Quel gâchis. Owen rejeta le papier parmi les autres, rejeta les souvenirs liés à cette soirée, repensa au visage contrit de Stanley (Stanford ? Il ne savait plus, il n'arrivait pas à se rappeler, jamais) lorsqu'il lui avait donné cette mission qui demandait discrétion et rigueur. Avery n'avait pas pris le risque de simplement lui ordonner de ne pas lire ; le parchemin scellé allait lui brûler les yeux s'il tentait de le lire, et c'était aussi vrai si quelqu'un d'autre osait poser son regard dessus. Il avait bien sûr omis de le préciser, qu'il paye le prix de sa stupidité s'il osait aller contre ses instructions ou pire, perdre le message. Seule elle serait en droit de déchiffrer le parchemin, seule elle pourrait admirer le cliché joint au message, court mais clair comme de l'eau de roche. « Un ami cherche à vous rencontrer, la montre est un Portoloin (et un cadeau) qui vous mènera à lui, si tel est votre désir. En souhaitant que vous céderez à son invitation, à bientôt. PS : j'espère que la photo jointe vous plaira. » Et elle s'appelait Rosier, Sansa. Doux nom qu'il s'était amusé à traquer dans toutes les archives qu'il avait pu débusquer, recherches menées dans le plus grand secret à partir du moment où il avait su ce que l'enfant avait fait : tourner le dos à sa famille et à son camp véritable. À dire vrai, Owen ne savait rien de cette fille. Était-elle une femme, à présent ? Sans doute, d'après ce qu'il avait cru comprendre, elle avait eu l'audace de naître le jour de la mort de son aîné. Cette année, Evan aurait eu, lui aussi, quarante-deux ans. La benjamine devait tourner autour de vingt-deux. Peut-être devait-il la détester pour ça mais il savait bien comment et pourquoi Evan était décédé. Il avait eu tout le loisir d'y repenser, au fil des années. Sa petite sœur était si irréelle, si inconsistante. Il n'avait jamais eu le plaisir de poser les yeux sur elle, d'y voir une ressemblance avec ses aînés (il se souvenait vaguement du visage d'Yselia, une fois, de loin). C'était la curiosité, rien d'autre, qui l'avait poussé des mois durant à chercher à la retrouver. Au cours de ses recherches, il avait également eu la surprise de trouver son nom sur un registre d'Animagi. Sans succès. Sansa, comme tous ses imbéciles de camarades rebelles savait parfaitement se cacher et avait disparu sans laisser de traces, des mois plus tôt. Il aurait fallu s'intéresser à elle avant qu'elle ne se volatilise, les choses auraient été autrement plus faciles. Au décours d'une mission qui n'avait rien à voir, Stan lui était apparu comme la solution qu'il cherchait depuis si longtemps. Il avait jeté son dévolu sur lui, serein quant à la valeur et la sûreté de son silence. Pour l'heure, le message avait du arriver à destination et lui n'avait plus qu'à attendre que le Portoloin ne parte. Minuit vingt-trois. Il ne restait plus que sept minuscules minutes, qui s'étiraient à dessein, lui semblait-il. Les yeux rivés à la montre, il lorgnait l'aiguille se rapprocher dangereusement de la demie fatidique, avant d'essayer de se détendre. Pour la énième fois, il observa la maison des moldus qu'il avait gentiment « empruntée pour la soirée ». Elle était vide et glaciale, perdue dans une campagne dont il n'avait pas pris la peine de retenir le nom. Il avait fait apparaître des chandelles et une table, ainsi que deux fauteuils simplissimes mais confortables. L'album qu'il avait ramené de chez lui traînait sur la table basse, vestige d'une vie passée. Il y avait bien longtemps que personne n'avait vécu ici, et les courants d'air balayaient de temps à autres une poussière ancienne et compacte. En tout cas, elle était assez isolée et assez insignifiante pour que personne ne pense à venir le chercher ici (encore fallait-il que quiconque souhaite sa compagnie ce soir précisément). Quant à Sansa, il nourrissait un espoir réel et pesant de la voir arriver par le biais de ce Portoloin délicatement envoyé à son intention. Pour l'instant, il avait contenu son impatience et sa crainte de voir la montre arriver sans son chargement. Il n'envisageait pas de ne pas la voir suivre ses ordres, doucereusement déguisés en une invitation qui lui donnait l'illusion d'avoir le choix. Il n'avait pas joint la photo d'Evan pour rien. C'était, il l'espérait, suffisant pour la convaincre de venir de son plein gré. Le cas échéant, sa soif de savoir ne serait jamais apaisée tant qu'il ne l'aurait pas eu, face à lui, une bonne fois pour toutes. Si elle ne venait pas ce soir, qu'elle s'attende à être traquée comme ses misérables compagnons, comme la bête qu'elle avait mis tant d'énergie à devenir. Qu'elle saisisse cette chance d'être traitée différemment, avec une clémence et une prévenance qu'il n'aurait accordée à personne d'autre n'ayant pas eu ce lien du sang avec un de ses anciens et plus chers amis. |
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owen et sansa (sansen) C’est avec une méfiance proche de la paranoïa qu’elle se saisit du parchemin du bout des doigts. Elle cherche dans les yeux d’un Stan qu’elle ne connait que de visage les signes avant coureurs d’un malheur, d’un piège, quelque chose qui pourrait lui couter cher. Elle a déjà vu, plusieurs fois, des papiers tellement ensorcelés qu’ils semblaient avoir une vie propre, bien à eux - et elle n’est que trop bien consciente que les ennemis sont tout aussi nombreux que les amis, si ce n’est plus, et que ce cadeau inattendu pourrait avoir une volonté plus maléfique que bienfaitrice. Alors elle l’ouvre en tremblant, dès que Stan lui tourne le dos, s’attendant presque à voir le Diable en surgir ; mais il n’y a que quelques phrases posées sur le papier d’une main pleine d’envie. Un ami cherche à vous rencontrer, commence la lettre, tandis que Fauve se fait la remarque silencieuse qu’il ne s’agit de toute évidence pas d’un ami - ou alors elle n’aurait pas été contactée ainsi, de cette manière si détournée, si… mystérieuse. Le mystère, c’est ce qui la pousse à poursuivre la lecture, brulante de curiosité, tout en jetant de temps en temps des coups d’oeil alentour pour s’assurer d’être bien seule. Elle recule jusqu’à ce que son dos rencontre le mur de l’asile des Belliqueux, se cale contre ce dernier, et dévore les mots suivants. La montre est un Portoloin (et un cadeau) qui vous mènera à lui, si tel est votre désir. Oh, un cadeau. Voilà qu’on cherche à l’acheter. Une part d’elle en est révulsée (elle n’est pas femme à être achetée, par quelque moyen que ce soit, ça non) tandis que l’autre s’en délecte par avance ; parfois, le luxe lui manque tellement, tellement qu’elle se prend à se repasser en détail des souvenirs jaunis par le temps de vaisselle somptueuse, de manoir aussi terrible que splendide, d’arbre généalogique aux branches dorées toutes plus pures les autres que les autres. Elle a les mains dans le sang et dans la boue, à présent ; et peut-être bien que la montre fera tâche à son poignet, mais elle sait d’ores et déjà qu’elle ne pourra pas s’empêcher de l’y attacher. En souhaitant que vous céderez à son invitation, à bientôt. Comme c’est étrange, de parler de soi à la troisième personne - et cet ordre caché, cette dureté latente sous les mots… Si elle avait pu entendre une voix, elle en est certaine, le ton aurait été sans appel, certain de la voir arriver. Elle n’ira pas : en un éclair elle prend sa décision, et c’est comme une évidence. Elle commence à froisser le papier, mais déjà ses yeux accrochent la dernière phrase. PS : j'espère que la photo jointe vous plaira.C’est le moment précis que la photo en question choisi pour glisser et atterrir sur le sol trempé. Sansa y reconnait presque immédiatement un visage aimé - mais de ceux qui laissent un vide, de ceux qu’on ne peut contempler que sur les photographies. Les seuls mouvements d’Evan Rosier qu’elle a pu voir sont ceux ayant été capturés avant sa naissance, et ils ont ce goût amer du trop tard, du déjà terminé. Sa gorge se serre alors même qu’elle se baisse délicatement pour récupérer le petit morceau de vie entre ses ongles rongés. Il y a un sourire, sur cette peau aujourd’hui morte, un sourire communicatif comme les monstres ne devraient pas en avoir - et elle ne doute pas une seule seconde de ce que son frère était (après tout, ne sont-ils pas du même sang, de la même famille ?). La blonde se met à réfléchir, fait des spéculations mentales sur l’identité de ce prétendu ami - pourquoi vouloir l’appâter avec Evan ? La technique est efficace, elle le reconnait - mais comment s’être procuré ce petit morceau de lui ? Elle en est presque jalouse ; elle devrait l’avoir, elle seule, en sa qualité de petite soeur toujours en vie (ou plutôt dans cet état entre la vie et la mort qu’est la survie). Ses poings se crispent tandis qu’elle se balade quelque part entre la tristesse et la colère entremêlée de jalousie. Elle ira : en un éclair elle prend sa décision, et c’est comme une évidence. Elle se retient de justesse de se saisir du Portoloin : mieux vaut prendre des précautions auparavant. Aller voir une personne de confiance pour la mettre en courant de ses intentions est tentant : mais elle ne sait pas où est Emily actuellement, Elias souffrirait de se remémorer un Rosier tombé au combat et Kid chercherait de toute évidence à la retenir - ou souhaiterait l’accompagner, ce qui les mettrait tous les deux en danger. Mauvais deal. Dans le doute, elle prend la décision de laisser un mot dans le peu d’affaires qu’elle a au quartier général - elle sait pertinemment qu’en cas de disparition suspecte, il y aura toujours quelqu’un pour fouiller à la recherche d’un indice. Ca lui semble être une assurance vie bien maigre, mais faute de mieux, l’insurgée se dit qu’elle s’en contentera - après tout, ne serait-ce pas un peu tordu d’avoir fait tout ça dans le seul but de l’achever ? Celui qui a missionné Stan pouvait certainement lui demander bien plus que d’apporter une lettre - et qu’elle idiote elle a été, d’ailleurs, de ne pas courir avec le belliqueux pour lui demander des précisions. Il est trop tard pour essayer de rattraper le coup, néanmoins, et elle utilise enfin le Portoloin. La nuit est glaciale, profonde, et le cadran affiche presque minuit et demi lorsque Sansa arrive enfin à destination. Elle a le souvenir désagréable du transport dans les pattes - elle n’a jamais aimé la sensation, pas plus que celle ressentie lors d’un transplanage. Devant elle se dresse la porte trapue d’une maison moldue perdue au milieu d’un nul part ayant des allures de fin du monde. Elle a une désagréable impression de déjà-vu, mais elle ne sait pas exactement d’où ni de pourquoi, aussi prend t-elle une immense inspiration avant d’entrer. Après tout, en bonne serpentard, elle n’a jamais été particulièrement courageuse - elle laisse ce trait de caractère si valorisé aux rouges et or qu’elle a prétendument toujours méprisés (et pourtant, voilà que les deux hommes avec lesquels elle part le plus souvent en mission viennent de cette foutue maison). Si une pointe de lâcheté lui donne envie de courir dans le sens inverse, sa prise n’en est pas moins ferme sur sa baguette - et le bois de charme si clair contribue à la rassurer tandis qu’elle le caresse d’un doigt angoissé. Elle s’étonne de n’avoir encore vu personne, et l’appréhension se mêle à l’impatience. C’est plus fort qu’elle : elle veut savoir, elle doit savoir. Elle ne doute pas une seconde de la présence de celui qu’elle doit voir - tout comme il a du l’entendre arriver. Mais cela ne les empêche pas de se retrouver nez à nez en l’espace de quelques pas, et Fauve n’a pas l’intention de baisser sa main armée de si tôt. Elle n’attaque pas pour autant, bloquée dans une attente pleine de tension - à la fois concentrée et prête à agir, à la fois occupée à apprendre mentalement les contours de ce visage qui lui semble étrangement évident. Elle l’a vu, oui, elle l’a déjà vu quelque part : surement sur une photo ? Un ami d’Evan - elle comprend enfin, et s’insulte mentalement de ne pas avoir trouvé plus tôt. Ca lui parait si logique à présent, et elle est presque tentée de baisser sa baguette. « Il fait froid » fait-elle remarquer simplement, prise de frissons dans un courant d’air. Sa voix féminine est toutefois trop tranchante pour faire baisser la tension, et si sa peau pouvait pâlir encore plus dans sa robe noire, elle le ferait. L’homme en face d’elle est plus âgé - il a, sans nul doute, l’avantage de l’expérience, et elle espère avoir celui de la hargne, de l’impulsivité, des émotions fortes qui secouent comme vents et marées. Le mieux serait encore de désamorcer le combat avant même qu’il ne commence - et tout ce qu’elle a pour qu’ils ne se sautent pas à la gorge, c’est un mouvement de tête en direction du livre de photographies posé en vrac sur une table rustique, ainsi qu’un prénom qu’elle prononce avec une soudaine douceur, dans un seul souffle, voix faite de miel : « Evan ? » L’interrogation reste suspendue dans l’air, tout comme les baguettes qui ne demandent qu’à faire des étincelles. |
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HUNTED • running man Owen Avery |
Everybody got their reason Everybody got their way We're just catching and releasing
Une sombre satisfaction le transperça de part en part lorsqu'elle apparut devant lui, ectoplasme pâle et frigorifié, droite et dénuée de peur. Rien en elle ne laissait paraître une quelconque appréhension, et c'était comme si elle avait lu entre les lignes du message envoyé et avait compris avant même d'arriver. Pourtant rien n'avait laissé deviner l'identité de l'auteur, aussi comprit-il qu'elle était avant tout une jolie menteuse douée pour cacher ses émotions. Quelque chose dans son port de tête, ou dans sa façon de se tenir fermement sur ses deux jambes, fit remonter en lui l'image d'un jeune homme mort vingt ans plus tôt. La ressemblance était frappante, presque dérangeante. Au moins eut-elle le mérite de le déstabiliser l'espace d'une seconde. Il ne pouvait s'empêcher de la détailler, au risque de paraître impoli -tel n'était pas son objectif de la soirée. Bien au contraire, il était fermement décidé à ne laisser voir que ce qu'il décidait de montrer. Il y avait toutes les chances pour que Sansa, en comprenant qui elle avait face à elle, n'aie à son égard que du mépris. Sa réputation le précédait très certainement mais Avery tenta d'abord de prendre la température avant de décider quoi que ce soit. Rien ne prédisait qu'elle n'allait pas essayer d'en profiter pour prendre l'avantage et de faire d'une pierre deux coups : satisfaire sa curiosité et abattre l'ennemi. Ils étaient deux dans ce bateau, lui-même parvenait à grand peine à maîtriser cette profonde aversion pour les gens de son espèce : les traîtres à leur sang, la gangrène de la société. Des rebelles incapables et puants. Mais il lui fallait savoir avant tout, et comprendre, peut-être, quelle marche elle avait loupé pour tomber aussi bas, loin de sa place légitime. Il lui serait si facile, là, maintenant, de s'emparer d'elle. Quelle douce récompense ce serait que de la ramener dans leurs camps, la brandir comme un trophée, attester de ses capacités en mettant fin à la liberté d'une des leurs. Mais il fallait se reprendre. Se contrôler.
« Il fait froid » lui fit-elle savoir, ses cheveux blonds légèrement secoués par une brise inopportune. Lui n’éprouvait qu'une intense chaleur interne qui se nourrissait de ce plaisir pervers d'avoir su la ramener ici de son plein gré. La force et la violence n'étaient donc pas toujours nécessaires, songea-t-il, oubliant d'inclure Stanley de l'équation, qui lui ne serait pas forcément d'accord avec cette révélation. Il refusa de s'emparer de la baguette posée négligemment sur ses genoux et d'accéder à sa demande voilée, la laissant là, inerte et inoffensive. Avery tourna le dos à la galanterie en restant bien assis dans son fauteuil, les yeux rivés sur elle, dans cette pièce toujours autant parcourue de courants d'air. Muet, attentif, il la regarda s'approcher à pas de loups pour jeter un œil aux autres photos soigneusement rangées dans l'album. « Evan ? » s'enquit-elle d'une voix délicate. Son intérêt le ravit, et il hocha lentement la tête. « En effet. » Des yeux en amandes, une silhouette longiligne, une prestance qu'on ne pouvait refuser aux Rosier. Il n'y avait aucun doute à avoir : c'était bien elle. Avery ne perdait pas son sourire. « Je suis content que tu aies pu te déplacer. J'ai eu peur que tes amis te retiennent au cas où tu leur parle de ce message. J'espère que je ne me trompe pas, et que tu as bien gardé cette rencontre secrète. À vrai dire, ça rendrait tout ça plus ennuyeux que nécessaire. » La sentence fut proférée d'une voix basse, qu'il aurait voulue moins glaciale. Son manque d'informations à son sujet le handicapait, il ne savait rien d'elle, de son caractère, il ne connaissait pas ses réactions ni ses projets. Il ne pouvait rien anticiper. Aussi se contenta-t-il de patienter, les yeux rivés sur elle, tant par avidité que par méfiance. Malgré sa joie il ne se leurrait pas quant à la tournure que pouvait prendre cette rencontre. Ses lèvres s'affaissèrent. « Si tu as demandé à quelqu'un de te suivre, autant le dire tout de suite. » lança-t-il, avant d'afficher une expression plus détendue. La maison était bardée d'alarmes placées par ses soins, de toute façon.
Un bref silence entrecoupa son monologue avant qu'il ne se décide enfin à se lever pour sceller magiquement les fenêtres et faire barrage à l'air glacial de l'extérieur. Il feint d'ignorer le mouvement de recul que provoqua ce déplacement chez sa jeune camarade, puis il se tourna de nouveau vers elle, lui indiqua d'un geste de la main le deuxième fauteuil. « Pourquoi ne pas t'asseoir, il est clair que je ne me serais pas donné tout ce mal pour enfin te rencontrer, et te tuer dès ton arrivée. » Son regard s'attarda sur elle. Te tuer. Que la gamine garde à l'esprit que toute tentative désespérée de s'en prendre à lui serait cher payé. Il espérait qu'elle n'était pas assez stupide pour oser croire qu'elle avait une quelconque chance d'en arriver là. Le regard essuyé fit naître un nouveau sourire affable -inquiétant- sur ses lèvres. Malgré ses solides résolutions, Owen avait un mal fou à garder ses distances, à agir comme un parfait gentleman qui ne lui voulait que du bien. C'était comme essayer de caresser un chaton sur la défensive avec un tisonnier incandescent. Son hésitation était criante, sa méfiance suintait de tous les pores de sa peau, sans que son calme apparent n'en pâtisse. « Tu peux te détendre. Comme dit, je n'ai aucune mauvaise intention envers toi. » Et Owen de s'installer confortablement sur le premier fauteuil, attendant patiemment qu'elle cède et soit assise à son tour. « J'ai pris avec moi toutes les photos de ton frère que j'avais en ma possession. Comme tu as du t'en douter lui et moi nous connaissions assez bien lorsque nous étions à Poudlard. D'où ma curiosité envers toi. Vas-y, regardes. Je te les donne, prends celles qui te plaisent. » Il se souvenait encore du jour où Rabastan Lestrange lui avait cédé cet album en lui disant ces mêmes paroles. Il en avait enlevé certaines, dupliqué celles qui pouvaient avoir un intérêt pour Sansa. Du bout de sa baguette, il poussa l'objet vers elle, appuyant ainsi ses propos -on ne peut plus sincères.
Tant de questions se pressaient à ses lèvres. Mais il devait prendre son temps, apprivoiser le fauve. Malgré l'impatience qui courait ses vaisseaux, il eut le bon sens de rester immobile, d'observer de loin ses mouvements. Il lui laissa tout le temps qu'elle souhaitait, avant de lâcher son fiel au compte goutte. « La montre était à lui, tu sais. Et avant ça, elle a appartenu à sa mère. » Il l'avait gagnée au Poker Sorcier une nuit dans les cachots de Serpentard. Avery n'avait aucune idée d'où venait cette maudite montre, et malgré sa bonne facture, il se doutait qu'elle avait surtout été volée par Evan dans un de ses moments de gloire. Mais un petit mensonge n'avait jamais fait de mal à personne, et ajouter de la valeur sentimentale au bijou était sûrement un de ses crimes les moins répréhensibles. De toute façon Sansa n'en saurait probablement jamais rien. « Quel dommage que nous ne nous soyons pas rencontrés plus tôt. J'aurais pu te montrer tout ça bien avant. » lança-t-il d'un ton joyeux qui contrastait avec ses propos et lui donnait l'air malade. Mais il y avait bien longtemps qu'Owen ne se souciait plus de passer pour un fou.
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