❝ Nothing compares to you ❞Castle of glass
x  Tu es née dans la famille Rookwood, avec tout ce que cela implique de malaise, de folie, d'arbres généalogiques floutés. Tes grands-parents se sont suicidés bien, bien avant ta naissance. Ton père est mort durant ta toute jeune enfance, alors qu'il se battait pour la cause, contre ton oncle. Ton oncle a été envoyé à Azkaban alors que tu avais à peine un an, et tu n'as donc aucun souvenir des visites rares et froides qu'il te faisait.

x Du plus loin que tu te souviennes, ta mère a toujours été folle. A l'époque tu ne savais pas mettre des vrais mots dessus, mais elle sortait ni habillée, ni coiffée, elle cassait des trucs, parlait aux murs, arrivait parfois au milieu de la nuit en te disant qu'il fallait se cacher, que ton oncle était de retour, et vous passiez des heures cachées dans une armoire avant que des domestiques ne viennent te libérer de ses mains s'accrochant désespérément à toi.
Tu as grandi en gérant ses crises de paranoïa, d'hallucinations et d'hystérie. Gamine responsable et ordonnée, tu la coiffais, l'habillais, la faisait jouer et la rassurait le soir quand elle avait encore fait un cauchemar. Les domestiques étaient tes alliés dans cette lutte continuelle pour la stabilité de Madame. Tu ne savais pas comment vous viviez, tu ne comprenais pas pourquoi la maison partait en ruines, tu n'étais pas au courant que ta mère avait perdu la clef de Gringotts et qu'elle oubliait souvent de gérer le budget, de payer les domestiques. Comment vous avez survécu cette année tient sûrement à l'affection et la loyauté de vos employés, qui regardaient ces deux femmes-enfants (chacune à sa manière) se débattre de la vie avec une honnêteté et une candeur qui leur faisait oublier un frère et un oncle à Azkaban.

x Poudlard aurait du te libérer. Mais Poudlard ne libère jamais vraiment une enfant qui va seule à Gringotts après avoir retourné la demeure familiale pour retrouver la fameuse clef et qui va faire ses courses seule.
Tu fus envoyée à Serdaigle, sans une once d'hésitation, par un Choixpeau qui te conseilla de te détendre, de laisser du mou, parce que sinon tu risquais d'imploser. Tu ne l'écoutas pas, tu ne le pouvais pas. Quand on s'appelle Rookwood et qu'on est parmi les Serdaigle, on a que trop peu d'amis. Quand on reçoit des lettres quotidiennes de sa mère et que l'on doit y répondre au moins aussi souvent pour ne pas risquer la crie, on ne se détend jamais vraiment. Tu n'es jamais restée les vacances à l'école, faisant toujours le trajet pour retrouver ta mère dès que la possibilité se présentait.
Ton temps libre était destiné à l'étude, pour oublier le stress, la pression. Tu tentas, plusieurs fois, de te suicider à cette époque. Tu tentas, plusieurs fois, d'en parler à quelqu'un, sans jamais véritablement aller jusqu'au bout. Au fond, ce n'est pas comme si tout le monde n'était pas déjà au courant de l'état de ta mère.

x Et puis, à tes dix-sept ans, durant des vacances, Augustus est rentré. Cet oncle horrible dont tu n'as entendu parler que par les terreurs de ta mère et les insultes de tes camarades. Il est rentré et ta mère a sauté par la fenêtre devant lui, durant une discussion dont tu ne sauras jamais vraiment la teneur.
Elle est morte depuis ce jour, et depuis ce jour tu vis avec l'immense soulagement que tu as ressenti en apprenant la nouvelle.

x Tu vis, enfin, depuis six ans. Tu as, bien sûr, très bien réussi tes ASPICS mais depuis tu es dans une furie d'excès, d'égoïsme et de caprice. Ça y est, tu as implosé, comme a dit l'autre. Tu en as marre d'être enfermée dans ta tête, dans ton manoir, dans ton malheur. Tu en as marre d'être froide, et calculatrice, et réfléchie. Tu veux de la passion, de l'inconsidéré, de l'instinct dans ta vie. Tu veux pouvoir avoir le luxe de ne plus prêter attention aux émotions des autres.

Jusqu'où cela te mènera-t-il ?