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sujet; The mirror-dealer & the reflection junkie (FREDALI)

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The mirror-dealer & the reflection junkie
"Cause I'm only a crack in this castle of glass
Hardly anything there for you to see"

8 septembre 2002


Fred était revenu. Rodent, plutôt. Susan avait dit qu'il s’appelait ainsi maintenant, quand Alicia avait enfin osé demander lesquels de ses amis étaient encore en vie. Et Fred l'était.... Elle n'avait pas eu assez de force avant ce jour là, assez de clarté d'esprit pour penser à le revoir. Sûrement qu'elle avait en quelque sorte préféré attendre, espérer qu'il passerait la voir.... Mais ni lui ni personne n'étaient venus pour assister à son misérable couplet de droguée en désintoxication forcée.

Mais Susan lui avait glissé que Fred était revenu d'une mission, qu'il était là, en ce moment, au repaire des Insurgés. Qu'il détenait la clé de beaucoup, pour elle, ce miroitier magique. Elle se fichait des miroirs, Alicia. C'était lui qu'elle voulait voir, certainement pas elle. Car elle n'avait pas besoin de voir son reflet pour savoir qu'elle image elle renvoyait. Elle aurait pu être aveugle plutôt que muette, qu'elle l'aurait su tout autant.  
C'est pourquoi elle se trouvait là, jouant la plante pétrifiée devant une porte, attirant quelques regards méfiants et inquiets de ceux qui passaient dans ce même couloir -l'aliénée était de sortie, le danger rôdait comme un certain Rodent. Mais elle ne regardait que la porte, ni ouverte, ni fermée, juste assez entrebâillée pour qu'elle puisse jeter un coup d'œil à l'intérieur. Elle avait ce regard fixe et absent de ceux qui ne voient pas réellement ce qui leur fait face, une feuille de papier avec écrit dessus un "Salut Fred" pendouillant dans la main.

Ça aurait pu être George. Ce n'est pas George. Ça aurait pu ne pas être Fred. Ce n'est pas possible, il est mort, chica debil. Ça ne pouvait pas être George. Tu l'as vu crever. Il ne restait que Fred, et elle, deux moins vivants que survivants, moins survivants que subissant... Au moins dans son cas à elle. Mauviette. Elle s'approche enfin pour regarder ce que lui permettaient de voir ces quelques centimètres de visibilité...

...Pour voir un mouvement. L'alitée loin de son lit se cache juste à temps, collée front contre le mur à côté de l'ouverture. Elle avait le cœur qui battait, au bord des lèvres, comme si entrer dans cette pièce revenait à se jeter dans l'arène du dragon, tel Harry face au magyar à pointes... Mais Fred n'était pas une bête mortelle et dangereuse, non, Fred était Fred, aussi chaleureux qu'un pancake noyé sous le sirop d'érable, ou qu'un gros muffin au chocolat saupoudré avec du sucre glace.... Penser à de la nourriture, ça la rendait malade. Mais c'était ça, Fred et George, ils avaient toujours été comme une grande couverture molletonnée auprès de laquelle ont est toujours sur qu'en s'y blottissant on peut trouver un peu de chaleur et de réconfort. Une assurance sourire et une assurance soutient, Fred et George. Fred et George ? Et Fred tout seul, alors ? Ça ne faisait pas qu'une moitié de couverture ?

Car Freddy était là, à portée de voix -sa fameuse voix hors de portée d'oreille. Il n'est pas venu te voir. Elle voulait le voir. Il s'en fout de toi. Il lui avait manqué. Il pense comme les autres. Qu'elle était faible, inutile, indigne de toute attention. De son amitié. Ils ont raison. Elle avait peur. Peur de voir son reflet dans un miroir, peur de se voir dans les yeux de Fred... Peur de ne voir qu'une seule paire d'yeux jumeaux.
Peur de ne plus les reconnaître, ni elle, ni lui. T'as oublié son visage, bécasse. Il aura oublié le tient.

Après quelques temps de débat houleux avec sa pas si petite voix intérieure, l'insurgée par défaut passa a nouveau la tête par l'entrebâillement de la porte, pour voir enfin ce qui se cache derrière. Crinière rousse, silhouette échevelée, tâches de rousseurs à lui en faire tourner la tête. Fred. Fred, qui portait si bien le rouge, dans les quelques souvenirs qui lui restaient -des pulls, des écharpes, elle qui s'amusait à ébouriffer un peu plus les cheveux d'Harry, des éclats de rire. Quidditch. Rouge souafle, rouge cuir, rouge Gryffondor, rouge rire et rouge amour. Les souvenirs se mélangeaient, un flashback, une plongée dans un capharnaüm sans nom. Alicia s'agrippe au mur, cherche une prise... il n'y en a pas. Comme il n'y a personne pour la rattraper. Et elle se noie, un peu, beaucoup, dans son rouge et dans sa tête.
Alors qu'aujourd'hui... Rouge sang, rouge flammes, rouge fureur. Tant de rouges que de vécu, que de regrets... Tant de rouges que de Weasley....

Plus tant de rouge que cela, alors !
Elle termine ainsi, par terre, genoux au sol, yeux brumeux un peu trop brillants. L'émotion ou le manque de drogue, l'un ou l'autre, peut-être les deux. Et Fred, devant elle. Et elle, devant lui. Et une porte entrebâillée entre eux deux. Et ça faisait un peu trop pour elle dont le seuil de tolérance frôlait maintenant le zero. De flashback à black out, les résultats des petites manipulations de sa domina se faisaient encore ressentir. Et elle retrouvait sa place légitime, par terre, comme elle avait été dressée.

Pourtant elle lève la main, petit poing serré, hésitant. Pas encore d'émotion renversante, elle ressentait tout avec distance, comme si l'esprit et le corps étaient dans deux univers parallèles et hors de portée l'un de l'autre. Et pourtant, il s'agissait de Fred.  Toc toc toc. Qui est là ? Alicia. Alicia qui ? Alicia... Non, Motus. Motus qui ? Motus... Non plus. Qui est là alors ? Bonne question.

TOC TOC TOC. Elle toque plus fort, plus déterminé, plus violent. Elle ne savait pas encore ce que ça lui ferait de le voir. Est-ce qu'il avait changé, lui aussi ? Elle aurait voulu s'accrocher à la légèreté du passé, mais ce qui était léger n'était que de la poudre aux yeux. Il suffisait d'un souffle un peu trop puissant pour qu'il se dissipe. Oui, Alicia aurait voulu pouvoir s'accrocher à Fred comme à un protego en plein cœur d'une tempête de maléfices. Que le familier soit l'encre qui la rattache un peu à la réalité, mais sans la blesser comme tout ce qui était réel l'avait fait jusque là. Mais le problème, c'est qu'il restait cette voix, sombre et cynique qui continuait à marteler son crane. Si tout avait changé, pourquoi pas Fred ? Mais non. Parce que Fred était Fred. Même sans George. Tandis qu'Alicia n'était pas Alicia. Mieux valait voir les choses ainsi. Elle s'était déplacée pour ça, un miroir et un passeur, un miroir et un inventeur, un miroir et un éclat de Fred.

TOC. TOC. TOC. Elle frappe son poing sur le bois comme sur le mur de sa prison aux premiers jours, quand elle espérait encore qu'un passage dérobé s'ouvrirait comme par magie sur la liberté.
There's a stranger at the door.


Dernière édition par Alicia Spinnet le Mar 2 Fév 2016 - 23:28, édité 1 fois
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ALICIA SPINNET & FRED WEASLEY #1
SEPTEMBER 8th, 2002 && DIAGON ALLEY

P
endu au bout de sa baguette, le sort s'esquisse en filaments dorés, il se glisse dans l'orbe de verre invoquée et se dilue, pollue la potion d'un orange sale. Ca ne va pas, Fred le sait, et pourtant, le voilà qui continue et insiste. Il persiste dans l'échec, encore et encore. Toujours et à jamais. George d'abord. Lucrezia ensuite. Finn Guenièvre presque. Marie aussi. Et Ron. Et son père. Et George. George George George. Et Harper a beau dire que Fred est trop sévère avec sa ride entre ses sourcils froncés, le roux n'est pas d'accord : il n'est pas bon à protéger. Il semble qu'il ne sache que casser. L'inventeur ne sait qu'altérer et dégrader. Sa meilleure amie en est la preuve, n'est-ce pas ? Depuis qu'il l'a retrouvée avec sa douleur au bord des lèvres et au fond des yeux, Lucrezia dort, cachée et droguée dans un coin de la maison où il vit avec Percy et Harper. C'est temporaire, se dit Fred - se promet Fred. C'est juste le temps de trouver une solution, mais peut-être qu'il n'y a pas de vraie solution. Et c'est une drôle d'ironie, cette discordance. Lui qui a juré de la protéger, de la libérer, il n'aura réussi qu'à la démolir et doit maintenant la séquestrer sous calmants et potions de sommeil pour lui éviter les tourments d'une Marque trop Noire qu'il n'arrive pas à défaire.

Il n'est bon qu'à casser.
Au fond, peut-être que c'est la seule vraie solution.
Peut-être qu'au lieu de préserver, il devrait juste tout déglinguer autour jusqu'à ce qu'il ne reste plus rien. Plus de menace, plus de danger, plus rien. Peut-être.

Toc toc toc. Il n'interrompt même pas son geste quand il casse le sort pour agrémenter la potion de quelques gouttes de venin d'Acromentule. Fred a trop l'habitude qu'on vienne le emmerder déranger inutilement pour prendre encore la peine de répondre. C'est Percy, maintenant, le mec sympa, le sociable qu'on vient trouver pour demander un service. (Et après, Percy lui demande, bien sûr, parce que c'est ça le service. De lui demander un truc. Fred a le non trop facile maintenant, un dégage, tu me fais chier toujours au bord des lèvres quand on vient casser son temps de travail. (Quand est-ce qu'ils comprendront enfin qu'ils le dérangent pendant qu'il revoit George, pendant qu'il passe du temps avec George ?) TOC TOC TOC. Le geste suspend. Entre les doigts calleux, les poils de Chartreux tremblent avant d'être lâchés dans la potion qui tourne au noir brillant des diamants sombres. Ca fait profondément chi- TOC. TOC. TOC. Et sa baguette manque de renverser l'orbe quand il claque un sort de Repos.

« C'est bon. J'arrive. » Grogne-t-il. Pas vraiment un cri (il ne tient pas à voir un emmerdeur de Silencieux le rappeler au calme), pas non plus un murmure. Avant d'ouvrir, tout de même, une lampée de bierraubeurre. Il ralentit sur l'alcool, mais il n'arrête jamais vraiment. Il suffit que Fred s'éloigne de l'établi pour que George se fasse la malle, putain de lâcheur. Et le monstre glacé qui lui bouffe les entrailles n'attend que ça pour le mordre au bide et au coeur.

« A... Alicia. » La voix déraille comme au temps de l'adolescence et des mues ridicules qui ont coûté à lui plus qu'à George. Le prénom est douloureux, comme un muscle trop longtemps au repos. La mécanique est rouillée, et pire encore, le visage est tellement étranger que Fred ne sait pas s'il est vraiment correct de l'appeler comme ça. « M'attendais pas à te voir. » Il marmonne, un peu rougissant sous les taches de rousseur. Il a toujours su qu'elle était là, pas très loin. Il aurait dû aller la voir. (mais à quoi ça aurait servi, hein ? Alicia est assez cassée sans qu'il s'y mette aussi) La vérité, c'est que Fred n'aime plus trop penser au passé, aux jours heureux où il y avait Fred et George. Se dire qu'avant, il n'était pas seul, c'est un peu remuer le couteau dans la plaie. Et c'est assez douloureux et suintant comme ça, alors il ne tient pas à l'agrandir, merci bien. « Tu as une sale gueule » qu'il essaie de dire sur le ton d'une blague, comme une imitation de Fred. L'ancien, celui qui riait pour tout et rien. Mais ça fait un flop, et il emprunte un geste de George quand il vient gratter sa nuque, gêné. Gêné d'être un peu soulagé qu'elle ait changé - qu'elle ne soit pas un fantôme du passé. Que son visage ne lui renvoie pas les fous rires, les plans sur la Lune et les promesses d'amis pour la vie de leurs années insouciantes. C'est peut-être pour ça qu'il s'écarte du passage et lui propose, avec douceur : « Entre. »
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