‹ réputation : surnommée Baby Spice, elle est la plus jeune membre des Little Jinx et elle on dit d'Amara qu'elle est aussi adorable que touchante.
‹ particularité : championne toute catégorie du gobage de dragées surprises
‹ faits : elle parle avec un accent français, tombe souvent, est scotchée à son pow, gère secrètement un MSN dédié aux memes.
‹ résidence : /
‹ patronus : non-corporel la plupart du temps, écureuil autrement.
‹ épouvantard : les cafards et la haine, accessoirement.
‹ risèd : une paix stable et durable, du bonheur pour tout le monde.
― pétrichor & conciliabule ―
How we need another soul to cling to, another body to keep us warm. To rest and trust; to give your soul in confidence: I need this, I need someone to pour myself into ; Sylvia Plath
Lâchant son crayon dans la pliure du carnet malmené, elle passa une main partiellement couverte de graphite sur sa nuque, dérangeant l'écharpe qui la couvrait et laissant l'air froid venir mordre sa peau. Ce geste, elle le regretta presque aussitôt, alors qu'une goutte glacée, résidu oublié de la pluie de ce matin surement tombée du rebord de la tente, décida de venir se faufiler là où sa main avait ouvert le passage, mordant son épiderme et lui arrachant un frisson contrarié. Elle avait besoin de bouger, pourtant. Assise dans la même position pendant trop longtemps, le nez dans des documents obscurs, elle pouvait sentir que sa jambe gauche était ankylosée et risquait de la faire chuter si elle se levait trop vite. Hermione avait perdu la notion du temps, installée là depuis une, deux heures, possiblement plus. Assurément plus.
Elle s’était installée là pour travailler. Pour essayer du moins. Sentant un besoin grandissant d’espace, une nécessité de voir des progrès concrets et pas juste son écriture de moins en moins soignées maculant les pages du carnet qu’elle emportait partout avec elle, Hermione avait quitté l’atmosphère à présent étouffante de la tente qu’elle occupait avec Luna. Luna et deux invités fortuites, une pleurant pour se faire comprendre, l’autre chouinant plus souvent encore. Relevant le nez, elle remarqua qu’elle ne s’était pas assez emballée dans ses recherches pour se laisser surprendre par un crépuscule grignotant progressivement l’horizon et rampant jusqu’aux toits rouillés du Londres sorcier qui les entourait. Non, le jour était encore jeune, le soleil encore au zénith derrière sa parure de nuages. Il faisait gris, comme toujours, gris comme l’épais pull en maille qu’elle portait, gris comme la pierre des bâtiments… une marée de vie, grouillante, bruyante, les entourant. Etre perché là, c’était comme être égaré en mer et assoiffé : partout de l’eau, mais pas une seule goutte à boire. Ils pouvaient observer. Ils pouvaient entendre. Ils pouvaient appréhender. Cela ne changeait rien. Cloîtré sur les toits, ils n’en ressortaient qu’avec une impression durable d’impuissance se réverbérant sur la coupole magique, celle qui empêchait les sons qu’eux pouvaient faire de s’échapper. Ils étaient dissimulés, trop bien sans doute, c’est ce qu’elle vint à se dire lorsque la voix désagréablement amère de Pansy Parkinson s’éleva de la tente derrière elle. L’espace d’un instant, elle regretta qu’ils n’aient pas déjà été délogés. Ils auraient pu la laisser là, la laisser pour qu’une brigade ou un autre escadron plein de zèle et de violence ne la trouve, de quoi la rendre à sa vie de mondaine gâtée, elle et sa progéniture. « DO NOT TOUCH ME » persifla-t-elle, la garce brune, s’emportant beaucoup trop vite, résultat évident d’un confinement forcé qui ne lui sied guère. Comprenait-elle l’ironie de la chose, lorsqu’elle avait endossé le rôle de geôlière pour Ginny des mois durant ? Probablement pas, trop absorbée dans ce sursaut capricieux et colérique qui, évidemment, réveilla la toute petite fille avec laquelle elle s’était retrouvée emprisonnée ici, au beau milieu du camp que les audacieux et pacifistes partageaient depuis maintenant trop de semaines, trop de mois.
Les risques et les tensions ne faisaient que s’accumuler, à chaque heure passée ici, elle pouvait le sentir.
Presque aussitôt, l’enfant se mit à pleurer et presque aussitôt, Hermione soupira le plus doucement possible, se retenant de lever les yeux au ciel. Par Merlin, avait-elle besoin d’ainsi se donner en spectacle ? C’était sans doute cruel, la situation était, après tout, loin d’être idéale et les choses n’auraient pas pu être plus compliquées, mais voilà, la cohabitation commençait à lui ronger les nerfs. Patiente, elle ne l’était qu’en faisant preuve de bonne volonté et ce trait-là n’avait pas tendance à ressortir face à la Parkinson, ses cancans et ses manières. Se levant en ignorant sa jambe presque entièrement endormie, elle fourra à la va-vite le carnet dans son sac en perles, le laissant chuter jusqu’à ce qu’un bruit sourd – semblant si lointain, même en ayant l’habitude de l’artefact sous sortilège d’extension – se fasse entendre. D’un revers de main, serrant les dents pour ignorer de son mieux la brune qui la fusillait du regard, elle ouvrit la tente et posa ses iris sur Luna… Marie, du moins, lançant simplement : « J’ai besoin d’air, tu m’accompagnes ? June pourra garder un œil sur… » et bien vite, elle se fit couper la parole par une Pansy vindicative qui rétorqua aussi sec : « Je n’ai pas besoin d’une babysitter ! »
« Sur elles. » Termina simplement l’ancienne Gryffondor, levant une main pour presser l’arrête de son nez entre son majeur et son pouce, se demandant combien de temps il restait à sa diplomatie. De l’air. Ils avaient tous besoin d’air. Elle avait besoin de Luna, surtout, et cela pouvait se lire sur ses traits fatigués, à la façon dont elle observait sa camarade de chambrée précaire.
‹ occupation : aventurière dans l'âme, souvent bénévole, étudiante par correspondance et mère à plein temps.
‹ maison : Serdaigle
‹ scolarité : septembre 1992 et décembre 1997.
‹ baguette : mesure 25, 8 centimètres, a été taillée dans du bois de sorbier et son cœur recèle un ventricule de dragon.
‹ gallions (ʛ) : 10433
‹ réputation : je suis différente ; même je ne suis plus aussi loony qu'auparavant.
‹ particularité : douée d'un sixième sens tel qu'on me soupçonne d'avoir le troisième œil.
‹ faits : Marie n'est plus ; que je me réhabitue à mon nom, mon visage et ma vie d'autrefois, tant bien que mal ; que les conséquences d'une année et demie volée sont rudes ; que je crois en Harry Potter depuis toujours ; que je suis une héroïne de guerre ; qu'il me manque du bon sens et une part d'humanité ; que je ne pourrais pas survivre sans ma fille, Lesath, ni son père, Rolf Scamander, à mes côtés ; que notre famille détonne ; que je suis l'une des sacrifiés scolaires de la guerre ; que Lesath est atteinte du syndrome Rosier.
‹ résidence : dans cette drôle de demeure du Devon, en forme de tour d'échecs, avec Rolf et notre fille, Lesath. Autrefois musée du gouvernement, aujourd'hui réhabilitée, elle s'élève toujours aux abords de Loutry-Ste-Chapsoule.
‹ patronus : un sombral, après de nombreuses métamorphoses (le lièvre et le panda ont été les plus marquantes).
‹ épouvantard : une forme prostrée dans un sous-sol tantôt calciné, tantôt humide (représentation d'un retour en arrière inéluctable, sans Lesath, sans Rolf, sans ceux qui comptent pour moi).
‹ risèd : une longue chaine dorée, sertie de six pendentifs très particuliers.
pétrichor & conciliabule
walking with a friend in the dark is better than walking alone in the light.
helen keller
D'un mouvement expert, les doigts fins réalisèrent le dernier point de couture et tirèrent d'un coup sec sur la vieille aiguille pour en détacher le surplus de fil inutilisé. Entre le pouce et l'index, le tissu se mit à rouler et imprima un relief bien particulier contre la pulpe de ses doigts ; le même qui venait clôturer le moindre de ses ouvrages textiles depuis quelques semaines. Cette signature à peine remarquable était bien la seule piqûre de rappel qu'elle s'administrait pour ne pas oublier qui elle était. Quel est ton nom ? Marie avait-elle apprit à répondre. Marie s'était-elle surprise à écrire dans le carnet d'Alicia Spinnet sans hésiter une seconde. Marie entendait-elle lorsque le sommeil daignait l'emporter, dans les volutes psychédéliques de ses rêves éveillés et les lourds silences peuplant ses cauchemars. Le froid mordant de l'hiver n'avait pas que surprit les insurgés : il avait aussi rappelé à la jeune femme que cela faisait près d'un an et demi que Luna Lovegood n'existait tout simplement plus. Sous ses doigts, le relief du croissant lunaire apaisait la rêveuse qui s'était endormie contre les pierres froides d'un lugubre cachot, plus d'une éternité auparavant.
« DO NOT TOUCH ME » L'éclatement de voix de Pansy Parkinson la fit à peine sourciller. Debout entre les deux lits de fortune, le sien étant dorénavant celui de leurs deux nouvelles protégées, Marie déplia son œuvre et la laissa se répandre jusqu'au sol, montrant ainsi à la jeune mère qu'elle ne lui voulait aucun mal. « Il va faire de plus en plus froid. » Si la nostalgie pouvait se faire sentir, l'ancienne Serdaigle se fichait bien de ne plus pouvoir répondre au nom de Luna : elle ressentait de la gratitude en écoutant le son de sa respiration, la nuit. « Crois-moi, ça te servira. » Malgré les pleurs de la petite fille, la voix sereine de Marie continuait d'expliquer à Pansy les bienfaits de la cape qu'elle venait de terminer. Elle était également heureuse de pouvoir entendre Violet pleurer même si les trois quarts des rebelles commençaient à ne plus supporter les récriminations constantes des deux Parkinson. « Et elle est assez grande pour vous deux. » Violet était tout aussi morte que Luna, quelques mois auparavant, lorsqu'elle l'avait maintenue entres ses bras tremblants. Elle aussi avait eu le droit à une seconde chance (à des Médicomages, surtout, mais la sorcière avait la curieuse tendance de ne pas attribuer tous les succès de la Vie à un enchaînement parfait d'actions et de réactions logiques). Alors oui, contrairement aux trois quarts des insurgés, Marie était ravie de les savoir ici.
Ici, dans leur tente, celle qu'elle partageait avec Hermione Granger. C'était toujours mieux que de savoir leur nouvelle protégée dans un tout autre camp que le leur. Repliant soigneusement la cape, Marie n'eut pas besoin de suivre le regard noir de Pansy pour savoir qu'Hermione pénétrait dans la tente au même instant. Elle n'avait pas besoin d'entendre le son de sa voix pour comprendre qu'elle avait besoin de Luna, maintenant. « J’ai besoin d’air, tu m’accompagnes ? June pourra garder un œil sur… » « Je n'ai pas besoin d'une babysitter ! » « Sur elles. » Amusée par l'échange, elle l'était mais la sorcière se garda bien de le laisser paraître : des deux parties, elle craignait l'explosion. Des deux partis, elle pouvait deviner l'embrasement imminent. Alors sans hésiter un instant de plus, Marie abandonna le tissu au bord du lit et passa sa fidèle besace en cuir par-dessus son épaule avant de se diriger vers l'entrée de la tente. « Vois ça différemment, Pansy », Marie se retourna à temps pour voir que le regard assassin de Parkinson était dorénavant dirigé vers elle. « C'est aussi pour ta sécurité que nous faisons ça. », la garder sous clef, loin des regards malveillants de certains rebelles. Dans son esprit volubile, les traits d'Astoria Greengrass se superposaient bien trop souvent à ceux de l'héritière Parkinson. « A tout à l'heure ! », ajouta-t-elle précipitamment en voyant déjà poindre une nouvelle colère sur le visage de la sorcière.
Ses pas se calquèrent à ceux d'Hermione en sortant de la tente et quelques secondes plus tard, elles avaient parcourus les mètres qui les séparaient de la chevelure flamboyante de June Winchester. Quelques mots furent échangés, murmures inaudibles que le vent ne pouvait porter, avant que les trois insurgées ne se séparent de nouveau : June s'engouffra sous les tentures rafistolées de leur chambrée tandis qu'elle, elle entraînait l'indésirable numéro trois en direction de la tente principale du camp, vers ses tables boisées et son atmosphère saturée en effluves diverses et variées, réminiscences sensorielles des réserves de nourriture du campement. Les traits doux de Marie ne laissaient rien paraître sous le ciel nuageux de Londres, juste cette même assurance tranquille qu'elle trimballait tout le temps, où qu'elle aille et quoiqu'elle fasse. Intérieurement, en revanche, l'inquiétude la rongeait : Hermione avait-elle avalé quoique ce soit depuis son réveil ? Quand avait-elle mangé pour la dernière fois, d'ailleurs ? A son plus grand soulagement, le réfectoire était quasiment vide – personne ou presque pour épier les moindres faits et gestes de son amie, lui demander l'état d'avancement de ses mystérieuses recherches ou si elle avait besoin d'une aide quelconque. Hermione avait seulement besoin de s'évader pour le moment, et de ça, Luna en était certaine.
Quelques mains fendaient les airs, formant les syllabes propres aux Silencieux malgré les sortilèges d'impassibilité entourant l'endroit, et les rares lèvres descellées à cette heure ne produisaient rien de plus que des chuchotements inaudibles. L'index et le majeur de Marie s'élevèrent face à la jeune fille qui était aujourd'hui chargée de remettre les rations de nourriture aux insurgés, demandant un paquet pour chacune d'entre elles. « J'aime me promener au bord de la Tamise lorsque trop de pensées me parasitent l'esprit, en ce moment... », une grimace avait ponctué sa prononciation du mot pensée, terme pas assez poignant à son goût pour évoquer les désastres provoqués par les Joncheruines. Les vieilles habitudes disparaissaient difficilement, quoiqu'on puisse en dire. « … ou rester ici, » Le regard noisette de Marie abandonna les mouvements automatiques de l'intendante pour plonger dans celui d'Hermione. « les allées et venues des autres m'apaisent, ces derniers temps. » Hermione Granger était la seule à pouvoir déchiffrer complètement ses mots, ses mimiques et ses sourires, maintenant. Elle ne se laissait déchiffrer que par elle, de toute façon : c'est comme tu veux, Hermione, je te suivrais quoique tu décides.
‹ réputation : surnommée Baby Spice, elle est la plus jeune membre des Little Jinx et elle on dit d'Amara qu'elle est aussi adorable que touchante.
‹ particularité : championne toute catégorie du gobage de dragées surprises
‹ faits : elle parle avec un accent français, tombe souvent, est scotchée à son pow, gère secrètement un MSN dédié aux memes.
‹ résidence : /
‹ patronus : non-corporel la plupart du temps, écureuil autrement.
‹ épouvantard : les cafards et la haine, accessoirement.
‹ risèd : une paix stable et durable, du bonheur pour tout le monde.
― pétrichor & conciliabule ―
How we need another soul to cling to, another body to keep us warm. To rest and trust; to give your soul in confidence: I need this, I need someone to pour myself into ; Sylvia Plath
Hermione avait soupiré de soulagement lorsque Luna, grimée sous les traits de Marie, avait attrapé ses affaires pour se diriger vers la sortie, acceptant l’escapade et gérant l’insupportable sorcière de salon pourrie gâtée et capricieuse qu’on avait collée, par précaution, sous cette tente. Techniquement parlant, Pansy Parkinson n’était pas prisonnière ici. Elle était retenue captive le temps que les choses s’arrangent et qu’on s’assure que son séjour ici n’allait pas corrompre la sécurité des lieux. Elle n’était pas réellement otage, elle mangeait à sa fin, n’était pas obligée d’aider ou de lever le petit doigt, on lui tenait compagnie et on l’aidait avec sa progéniture. Certes, elle était loin de son confort habituel, mais Hermione n’avait pas vraiment la patience ou l’envie de la plaindre, pas quand la brune se comportait comme si elle contrôlait les lieux, comme si le campement des insurgés n’était, après tout, qu’un recoin jusqu’alors oublié de sa petite cour personnelle. L’ancienne Gryffondor s’agaçant bien trop vite à son sujet, il était sans doute bon qu’elle et Luna déguerpissent au plus vite, quand bien même filer loin d’ici était toujours à la fois compliqué et angoissant, assez pour faire culpabiliser l’indésirable numéro trois qui avait un peu tendance à imaginer le pire ces derniers temps.
Bien vite, elles trouvèrent la tête flamboyante de June, bien vite, sur la promesse d’une faveur à rendre, Hermione se dédouana un peu de la jeune mère et du bébé, un regard reconnaissant couvant la rousse qui la dépassait de quelques années tandis que cette dernière prenait le relai pour garder un œil vigilant sur la peste de service. Aussitôt le paquet abandonné, comme par automatisme, elles prirent le chemin du réfectoire de fortune et en quelques gestes, alors qu’Hermione esquissait un semblant de sourire face aux lieux vides – fronçant ensuite les sourcils, brièvement, comme contrariée par cette introversion exacerbée qui commençait à prendre le dessus – elles se retrouvèrent à demander des rations, hochant une première fois la tête pour remercier celle qui allait les fournir. Campées là, elles restèrent silencieuses un instant jusqu’à une intervention de Luna, que tous voyait comme étant Marie à présent, puisque Luna était morte… Morte – Méchamment, Hermione repoussa les images horrifiques, se concentrant sur la jeune femme et ce qu’elle disait : « J'aime me promener au bord de la Tamise lorsque trop de pensées me parasitent l'esprit, en ce moment... » et aussitôt, la Gryffondor hocha la tête, ignorant jusqu’aux détails logistiques tant l’idée d’une longue balade le long des quais lui plaisait. Elle se fit pourtant vite ramener à la réalité, tant en sentant le ton quelque peu inquiet de la jeune femme qu’en entendant la suite : « … ou rester ici, » et la légère bulle de soulagement qui avait menacé de remonter jusqu’à la surface face à la perspective d’un peu de liberté éclata. Elle savait, pourtant, qu’elle ne pouvait pas simplement se promener, qu’il fallait quelque peu préparer ce genre de sorties. Elle avait besoin de polynectar, au moins, et la précieuse potion servait en priorité à Luna, pas à ses désirs d’évasion. « Les allées et venues des autres m'apaisent, ces derniers temps. » souffla la jeune femme aux traits presque enfantins et, laissant un sursaut de rire un peu sardonique la secouer tandis qu’elle soufflait par le nez, Hermione répondit simplement : « S’il y a une logique derrière ça, s’il te plait, explique moi, que j’en profite aussi. »
Elle ne voulait pas se plaindre. Elle ne voulait critiquer les regards se posant trop souvent sur elle, perçant sa nuque, tentant de lire par-dessus son épaule. Elle voulait juste… s’éloigner, un peu. Le cottage n’était pas une bonne idée et elle le savait, mais il devait bien y avoir un endroit où se rendre, dans ce qu’il restait de ce pays foutu à feu et à sang par la situation actuelle. « Tu te sens de… » Commença-t-elle, s’interrompant brusquement alors que la responsable du ravitaillement revenait vers elles, tendant à chacune de quoi se sustenter. Attrapant le paquet bien emballé, Hermione hocha à nouveau la tête pour la remercier, serrant trop fort les doigts pour empêcher ses mains de trembler. « Tu te sens capable de transplaner ? » souffla-t-elle plus bas, d’une voix à peine audible, assez cependant pour que son inquiétude et son intérêt vis-à-vis de la jeune femme perce sous le murmure. Elle avait peur d’en demander trop de son amie. Elle l’avait récupéré dans un tel état, les images étaient encore gravées dans son crâne, fer chauffé à blanc ayant laissé une empreinte durable dans la mémoire de l’indésirable. Elle refusait de materner Luna mais elle avait besoin de la savoir en sécurité, de savoir qu’elle ne lui avait pas failli et que surtout, elle n’empirait pas les choses. Et soudain, l’idée d’une virée loin de la sécurité du campement protégé de nombreuses couches de sortilèges lui sembla illusoire, égoïste surtout, une lubie d’enfant, un luxe qu’ils ne pouvaient pas se permettre. Elle devait retourner à ses recherches ou faire quelque chose d’utile, plutôt que de laisser son cerveau tourner et retourner toutes les possibilités d’un ailleurs temporaire. « Oublie ça, c’est une mauvaise idée, tu as surement mieux à faire, » murmura-t-elle alors pour balayer sa requête d’un revers de main. « Je t’emprunte pour quelques minutes, seulement, si tu as ce temps-là pour moi. » Ajouta-t-elle, se dirigeant vers une table en essayant de ne pas donner l’impression qu’elle était en train de ronger son frein. Pour Luna, elle pouvait bien rester tranquille encore un peu. Pour Luna, elle pouvait bien s’oublier.
‹ occupation : aventurière dans l'âme, souvent bénévole, étudiante par correspondance et mère à plein temps.
‹ maison : Serdaigle
‹ scolarité : septembre 1992 et décembre 1997.
‹ baguette : mesure 25, 8 centimètres, a été taillée dans du bois de sorbier et son cœur recèle un ventricule de dragon.
‹ gallions (ʛ) : 10433
‹ réputation : je suis différente ; même je ne suis plus aussi loony qu'auparavant.
‹ particularité : douée d'un sixième sens tel qu'on me soupçonne d'avoir le troisième œil.
‹ faits : Marie n'est plus ; que je me réhabitue à mon nom, mon visage et ma vie d'autrefois, tant bien que mal ; que les conséquences d'une année et demie volée sont rudes ; que je crois en Harry Potter depuis toujours ; que je suis une héroïne de guerre ; qu'il me manque du bon sens et une part d'humanité ; que je ne pourrais pas survivre sans ma fille, Lesath, ni son père, Rolf Scamander, à mes côtés ; que notre famille détonne ; que je suis l'une des sacrifiés scolaires de la guerre ; que Lesath est atteinte du syndrome Rosier.
‹ résidence : dans cette drôle de demeure du Devon, en forme de tour d'échecs, avec Rolf et notre fille, Lesath. Autrefois musée du gouvernement, aujourd'hui réhabilitée, elle s'élève toujours aux abords de Loutry-Ste-Chapsoule.
‹ patronus : un sombral, après de nombreuses métamorphoses (le lièvre et le panda ont été les plus marquantes).
‹ épouvantard : une forme prostrée dans un sous-sol tantôt calciné, tantôt humide (représentation d'un retour en arrière inéluctable, sans Lesath, sans Rolf, sans ceux qui comptent pour moi).
‹ risèd : une longue chaine dorée, sertie de six pendentifs très particuliers.
pétrichor & conciliabule
walking with a friend in the dark is better than walking alone in the light.
helen keller
« Tu te sens de... » Marie jeta un coup d’œil curieux en direction d'Hermione, remarquant à peine l'intonation hésitante de cette dernière. L'arrivée de leurs rations vint couper l'élan de la jeune femme, laissant un arrière goût d'inachevé incompréhensible dans l'esprit de Marie. Paquetages récupérés, remerciements prononcés, les deux sorcières s'éloignèrent de l'intendante du jour à grandes enjambées. Elle tendit l'oreille, certaine d'entendre Granger finaliser sa requête interrompue par l'attention malavisée des autres insurgés. « Tu te sens capable de transplaner ? » Les yeux noisettes s'écarquillèrent alors. L'insurgée s'apprêtait à lui répondre par l'affirmative, oui, bien sûr que oui elle pouvait transplaner sans le moindre soucis, mais elle sentit alors plus qu'elle ne le vit Hermione faire marche arrière, et ravaler ses paroles : elle anéantissait alors l'impulsion imprévisible qui l'avait secouée, Luna presque déçue de voir la spontanéité de la sorcière de plus en plus bridée par la guerre. Hermione sortait rarement des sentiers battus, préférait toujours le bien des autres plutôt que le sien... « Oublie ça, c’est une mauvaise idée, tu as sûrement mieux à faire, » Marie s'arrêta net, observant silencieusement l'indésirable numéro deux s'approcher des tables d'un air contrit, bien loin de l'espoir qui avait fait s'illuminer son expression quelques secondes plus tôt. « Je t’emprunte pour quelques minutes, seulement, si tu as ce temps-là pour moi. » Et un curieux sentiment étreignit son cœur : elle lui accorderait toujours du temps, Luna. Toujours. Elle ne saurait expliquer l'exacte nature de l'émotion qui vint régir ses pensées (exercice qu'elle s'imposait de pratiquer depuis le début de la guerre - ne plus seulement se laisser porter, toujours être certaine de ce qu'il pouvait bien se passer tout autour d'elle). Était-ce de la surprise ? De l'indignation ? De l'admiration ? Peut-être un peu de tout ça à la fois. Mais ce qui dominait le tout, c'était cette dérangeante impression de faillite, d'abandonner, qui la poussa à attraper la main d'Hermione afin de l'attirer en dehors de la tente commune. Sans lui donner aucune explication, sans lui jeter un seul regard. Un murmure, « Quatre leurres. Au troisième lieu, on fera une pause... Et je te libère au cinquième atterrissage, d'accord ? », et Luna avait décidé qu'une fugue était la seule priorité qui serait accordée à Hermione Granger, aujourd'hui. L'arbre aux racines étoilées. Hyde Park. St Michael's Mount - Marie respira alors à pleins poumons l'air salin de la baie, tandis qu'Hermione ingurgitait une ration de Polynectar, voilant le visage de l'indésirable numéro 2 derrière le teint de porcelaine d'une parfaite inconnue. Ce n'est que lorsque les cheveux foncés se parent d'un blond quasi-irréel qu'elle s'autorise à reprendre la main de son amie pour les faire repartir. Les abords de Loutry. Les départs et les arrivées s'étaient suivis si rapidement qu'elle avait eu l'impression d'étouffer au départ de St Michael. Bruit perdu au-travers d'une centaine d'autres, couvert par la vie citadine, ce n'est qu'une fois Trafalgar Square atteint que l'insurgée daigna enfin relâcher la pression exercée sur le poignet d'Hermione. Un étourdissement naturel l'obligea même à s'agenouiller quelques secondes, la main armée de la baguette posée contre le sol et l'autre fermement appuyée contre l'un des fameux socles quadrillant la place de la statue Nelson. Un sourire rêveur vint lui étirer les lèvres : même au beau milieu de l'hiver, elle préférait miser sur la masse imposante des touristes pour se cacher, trouvant l'alternative bien plus efficace qu'une canopée inexistante, au cœur d'une forêt paralysée par les vents froids de janvier. It's so overt it's covert, telle était la principale ligne de conduite de Luna Lovegood, désormais. « Désolée. », souffla-t-elle en relevant la tête vers Hermione, l'inquiétude mal dérobée derrière son sourire devenu hésitant et une intonation de voix bancale. « Quelques minutes ne me semblaient pas suffisantes... tu ressembles plus à quelqu'un qui a besoin d'une heure entière pour souffler. » Au moins, tous les morceaux d'Hermione étaient restés en place, aucun accident de parcours n'était à déplorer, l'inventaire visuel facilité par les innombrables heures passées côte à côte plutôt que séparées. Talesco ferait une bien mauvaise ombre sinon, pas vrai ? Marie se releva brusquement du sol et rangea à la hâte sa baguette magique à l'intérieur de sa veste. Tenta même de refermer le blouson aveuglément passé avant de fuir le campement de Giupure. Mais peine perdue : sa mauvaise estimation météorologique la faisait tant trembler qu'elle ne parvenait à refermer la fermeture éclair de ce dernier. Elle se contenta alors d'attraper l'écharpe qu'elle avait elle-même tricoté pour enserrer d'un nouveau tour protecteur son cou délicat, pas plus ennuyée que ça de sentir le froid venir lui mordre le creux des reins et lui faire trembler les doigts comme des feuilles mortes. « Ne t'en fais pas, tu as ton miroir. Si les autres ont besoin de toi, ils savent comment te contacter. » Inutile de regarder l'ancienne Rouge dorée pour déceler la culpabilité qui la plombait dès l'instant où son esprit n'était pas occupé par l’échafaudage de plans, de stratégies hautement tactiques : Luna avait l'impression de voir l'aura d'Hermione s'embrouiller d'un halo trouble lors de ces moments-là.
Et elle détestait ça, Luna, savoir qu'Hermione ne se sente jamais à sa place, nulle part, jamais. Responsable auto-proclamée de tous les maux de la planète... Pire encore, elle était attristée de se savoir être l'une des cordes sensibles de la brunette : les deux n'en parlaient jamais mais ni l'une ni l'autre ne se leurrait vraiment. Inconsciemment, elles savaient. Lorsque ce n'était pas elle, Luna, qui s'éveillait brutalement d'un cauchemar effroyable, c'était Hermione qui se voyait ennuyée par les fantômes du passé, seulement réassurée en voyant la forme de Marie respirer. Luna devait sa vie à Granger et que lui offrait-elle en retour ? Des angoisses, à n'en plus finir, jamais. La jeune femme au visage emprunté avait eu beaucoup de temps pour réfléchir à leur situation, à la relation si particulière qui la liait à Hermione. Sans son imprévisibilité, est-ce qu'Hermione s'autorisait seulement à oublier, ne serait-ce qu'un instant, les atrocités du monde sorcier ? « Décroche, Mione. », lâche-t-elle finalement avant de pivoter sur elle-même pour descendre à contre-sens les marches du parvis de Trafalgar Square, évitant souvent à la dernière seconde les rares moldus qui s'y étaient courageusement installés. L'insurgée avait l'habitude du froid, depuis des années... mais elle avait toujours eu beaucoup de difficulté à affronter les pierres refroidies par les températures hivernales. Non... pas depuis toujours. Juste depuis son retour d'entre les morts.
Dernier regard espiègle en direction de Granger puis, sans le moindre préavis, comme avant, elle sauta la dernière marche de l'escalier dans un ultime rebond virevoltant. Peu ennuyée du coup asséné par la montre à gousset qu'elle portait autour de cou, cette dernière frappa les côtes de Marie par à-coups, le temps que cette dernière ne se stabilise finalement sur le parvis. Marie n'était plus gênée par la présence étrangère de cette chaîne empruntée. Elle était même rassurée de sentir les différents métaux contre sa peau, effrayée dès lors que son quotidien insurgé l'obligeait à la retirer pour ne pas l'abîmer. Elle vivait ainsi, Marie, de petits riens sur lesquels se raccrocher lorsque tout lui semblait emmêlé, lorsque tout paraissait sombre et perdu. Hermione possédait-elle aussi des totems pacificateurs comme elle ? Avec cette question en tête, ses pieds se mirent d'eux-même en mouvement, la brune sautillant légèrement sur place pour réchauffer certains de ses muscles endoloris par le transport magique. Marie pouvait paraître bien frivole en cet instant mais son regard acéré parcourait imperceptiblement l'esplanade toute entière, de gauche à droite et de droite à gauche, sans oublier de scruter la moindre silhouette qui venait fouler le sol anthracite de cette dernière. « Elles partent bientôt, pas vrai ? », demanda-t-elle inopinément, la voix à peine plus élevée que si elle s'était trouvée juste à côté d'Hermione. Elle l'attendait, tout en joignant les mains dans son dos et en battant un rythme inaudible du bout des phalanges juste pour leur éviter l'engourdissement pur et simple. Elles, Pansy et sa fille. Cela faisait des mois maintenant que les deux sorcières partageaient le même toit la même tente qu'Hermione et elle, si proche et en même temps si loin de la sécurité des murs de la Bran Tower. Elle pouvait déjà dépeindre le vide que formerait leur départ sous les sortilèges sécuritaires du campement rebelle ; un vide tant physique que moral : oui, elle s'était tant habituée à leur présence qu'elle s'imaginait bien difficilement le toit de Giupure sans elles. Son souffle, au sortir de ses lèvres, formait une légère buée épaisse qui la détourna un instant du nouveau trouble qui lui enserrait les tripes. « Elles vont me me manquer... ». La constatation lui faisait autant de bien que de peine. Était-ce déplacé de lui dire ça, à elle ? Marie avait (finalement) remarqué l'inimitié criante qui pavait constamment les rapports de Granger et de Parkinson : parler de l'une à l'autre était une source d'ennuis intarissable, même... Mais Luna ne pouvait pas s'empêcher d'énoncer à Hermione tout ce qui lui passait par la tête. À défaut de réussir à tout lui dire, Luna mettait un point d'honneur à toujours lui faire savoir ce qu'elle avait sur le cœur... du mieux qu'elle puisse. Alors, même lorsqu'elle savait avancer sur un terrain miné, Luna évitait de s'armer de gants pour lui parler... De toute façon, Hermione avait toujours préféré la franchise à l'hypocrisie, sa franchise à ses paroles énigmatiques. Elle ne se privait plus, Luna, d'être elle-même en compagnie d'Hermione. Avec qui pouvait-elle agir ainsi aujourd'hui, de toute manière ?
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