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sujet; Daughters of Darkness, sisters insane (Bellatrix / Hécate)

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Fichu mois de janvier, foutu froid et bon dieu de bon dieu, mais qu'est ce que c'était que ce chauffage anarchique au niveau 2!
On se pelait le lundi, on étouffait le mardi et mercredi on alternait entre heures creuses et heures fixes, un vrai calvaire!
Hécate avait bien tenté de faire remonter le problème à la maintenance mais impossible d'y changer quoi que ce soit et ce n'était pas faute d'avoir menacé. Elle allait finir par passer à l'acte, la jeune femme n'avait en aucun cas peur de faire passer un malheureux technicien par une fenêtre, si ce dernier refusait de lui accorder les précieux degrés nécessaires à sa santé et son travail.

D'une humeur massacrante depuis sa petite excursion au Musée d'Art de Londres, elle travaillait avec ardeur et envoyait promener tous les subordonnés ayant le malheur de pénétrer dans son bureau. Rien de ce qui se tramait dans la tête de la sorcière n'était de leur faute, mais quitte à choisir des boucs émissaires, autant que ces derniers soient les gratte-papiers du niveau 2 plutôt qu'un mangemort, comme la dernière fois qu'Hécate avait perdu le contrôle de ses nerfs. Rabastan aurait été très peu satisfait de la voir de nouveau faire récurer le sol du couloir à un de ses précieux collègues.

Alors que la porte s'ouvrait, laissant entrer un nouveau flot de papier, Hécate posa sa signature sur un interrogatoire et l'envoyer voler vers le département des rafleurs avant de saisir une petite enveloppe noire qui s'agitait obstinément devant son nez. Ce courrier lui était expressément adressé et c'est prudemment qu'elle ouvrit l'enveloppe: à l'intérieur, un mot écrit d'une main sèche et nerveuse, pressée et traçant les traits comme des dagues.

Hécate Shacklebolt,

En vertu de l'article 56 de la loi des fonctionnaires et agents de la justice magique de catégorie A vous êtes recrutée pour une action de terrain dont la durée reste indéterminée. Vos instructions demeurent confidentielles et vous seront remises en main propres ce jour. Rendez vous expressément au bureau des affectations (niveau 2 salle 134) pour recevoir vos ordres.

Flictus Benett, secrétaire des affectations.


Hécate fronça les sourcils. Les dernières fois qu'elle avait reçu ce genre de missives, elle avait pour la première assuré la sécurité de l'exécution des rebuts (elle n'avait certainement pas oublié la tournure de ces évènements), et pour la seconde participé au cambriolage du musée. Outre les missions que lui confiait personnellement Rabastan, elle n'en effectuait que peu et lorsque ces dernières émanaient d'en haut, les risques avaient tendance à faire dérailler le compteur.

Se levant, la sorcière quitta son bureau et le verrouilla avant de se mettre en route, marchant rapidement dans les couloirs en se demandant à quel casse-pipe le gouvernement allait encore l'envoyer. Etait-ce une version de jeux du cirque où les directeurs de départements et le Magister prenaient les paris chaque mois sur le nombre de fonctionnaires potentiellement sacrifiables et sur les circonstances du dit sacrifice? Ca aurait expliqué les constantes réunion du cercle des fidèles mangemo...

Hécate se sentit soudain se raidir alors qu'elle approchait du bureau des affectations. Car la personne qui venait juste en face d'elle, d'un pas assuré qui laissait penser qu'elle possédait le couloir -et le niveau- n'était autre que la plus pure représentante de la classe des mangemorts: Bellatrix Lestrange.
De tous les serviteurs du seigneur des ténèbres, Bellatrix était sans le moindre doute celle dont la réputation se parait du plus d'ombres et du plus de cris d'horreur. Hécate ne l'avait jamais vue en personne, du moins jamais d'aussi près. Les yeux noirs de la jeune femme détaillèrent -fort témérairement- la silhouette maigre de la mangemort, son visage anguleux mais féminin, ses cheveux indomptables et ses mains longilignes. Un oiseau de mauvaise augure drapée dans une cape à 800 gallions. Il y aurait eu de quoi rire si Bellatrix Lestrange n'avait pas été connue pour provoquer des larmes plus que des rictus.

Hécate se prit à se demander ce qui pouvait bien amener une mangemort de cet acabit à fouler le sol du niveau 2 qui avait déjà bien assez à faire avec Rabastan sans supporter un autre membre du "trio magique" (constitué en toute logique des frères Lestrange et de l'ex-demoiselle Black). Peut-être venait-elle mener la guerre à son beau frère? ça n'aurait pas été très surprenant, Rabastan aimait Bellatrix à peu près autant que le bas clergé aime la Peste, et il n'y avait pas besoin de divination pour le savoir.

Mais alors qu'elle s'apprêtait à bifurquer vers la salle des affectations, Hécate se rendit compte que loin de s'éloigner, Bellatrix venait de tourner en même temps qu'elle, et les deux femmes entrèrent dans la petite pièce carrée exactement en même temps. Hécate jeta à sa voisine un regard discret en chien de faïence et constata que cette dernière gardait les yeux obstinément fixés sur le responsable de l'acceuil, qu'elle finit par solliciter d'un raclement de gorge. Le bruit fit l'effet d'une craie crissant sur un tableau noir, si bien que tout le monde dans la salle eut un mouvement instinctif de surprise et lorsque le secrétaire leva le nez de ses papiers, il en devint blême.

-Madame Lestrange! Je vous en prie, asseyez vous ou peut être preferez vous que je vous donne vos papiers immédiatement! les voilà ils sont posés juste ici!

Le bonhomme, tout à sa confusion, ne remarqua Hécate qu'à ce moment.

-Vous êtes venue avec Mademoiselle Shacklebolt! très bien, parfait! vous êtes donc prêtes pour votre assignation! le reste du dossier est...juste là! excusez moi...voilà!


...Votre assignation? VOTREASSIGNATION?! qui dans ce monde ou les autres avait eu l'idée de coller Hécate avec Bellatrix Lestrange?Voulait-on un nouveau conflit anglo-américain? un incident diplomatique? un bain de sang? LE TOUT?
Prenant son propre dossier d'une main ferme, Hécate l'ouvrit et remercia le secrétaire d'un simple geste de tête.
Puis, elle fronça les sourcils. De plus en plus. Et plus encore jusqu'à ce que ses yeux noirs assassinent le secrétaire, le faisant déglutir et reculer d'un demi-pas. Claquant le dossier et l'agitant sous son nez avec des airs de Méduse enragée, elle siffla:

-Deux personnes! deux personnes pour aller à la recherche d'un malade de ce genre?! vous n'avez pas les yeux en face des trous mon pauvre gars! Le suspect "présente des tendances cannibales", "manie la magie vaudou" et a passé les quinze dernières années à Ste Mangouste! vous ne pensez pas qu'une petite troupe d'au moins cinq agents serait préférable à un duo pour votre chasse à l'homme?! Contre qui pensez vous que nous allons nous battre? LE LAPIN DE PAQUES?!

Oubliée Bellatrix et oublié le reste du niveau. Il y avait des jours où il valait mieux ne pas pousser Hécate dans ses retranchements et ce jour là en était un. Attraper des aliénés férus de vaudou, comme si elle n'avait que ça à faire! sa particularité culturelle lui faisait une putain de sacré belle jambe nom de Merlin!
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L’idée abjecte de me convoquer dans les bureaux du Ministère de la Magie n’était pas venue par hasard. J’avais fait la demande expresse de participer à plus de terrain. Les missions de service public ne pouvaient que redorer un peu cette image de Lieutenant du Magister. On oubliait trop vite les incendies, les massacres et autres meurtres orchestrés, perpétrés et revendiqués par moi et moi seule. Oui, très bien, j’avais eu de la compagnie mais ce n’était certainement pas mes camarades de méfaits qui pouvaient se vanter d’y avoir pris du plaisir et d’avoir exécuter leurs tâches pour la seule dévotion au Seigneur des Ténèbres. Ils avaient tous eu, Bellatrix exceptée, la soif du pouvoir, des responsabilités et du sommet sociale. Pour quelles raisons s’étonnait-on encore de ma place de privilégiée et de bras droit ? Les confidences du Magister restaient en mon cœur les plus belles preuves de son affection pour moi.

Vayk Estheràzy, abjecte hybride, m’avait aidée à retrouver le chemin du monstre – ou plutôt de la ressource motrice de mes hauts faits - qui sommeillait en moi, éreinté par les doutes de certains échecs somme toute mineurs, et de le laisser s’exprimer à souhait. Le Ministère de la Magie ne se considérait en rien comme le lieu d’expression privilégié pour ma créativité. Bien entendu, quelle pouvait être ma retenue devant autant de vitres, de statues, de masse à terroriser ? C’était désormais et à mon plus grand désarroi le territoire de celui que j’adorais du plus profond de mon être. Je ne pouvais pas retenir ce soupir las alors que ma silhouette se détachait dans le foyer vert d’une des nombreuses cheminées du gouvernement magique. Je lisais bien sans peine la même retenue sur les visages lorsque « Madame Lestrange » paraissait sur le carrelage de l’Atrium. Un tel se crispait lorsqu’elle entendait résonner un talon significatif pendant que l’autre s’arrêtait de chuchoter pour relever la tête en un hochement courtois. Bande de troll, vos regards m’indifféraient autant que la bouse de dragon.

Je tenais à la main la précieuse lettre envoyée par le bureau d’assignation. L’encre – de par sa qualité – témoignait du soin apporté à ce courrier. Quant au style de son écriture, le bureaucrate avait souffert de tremblement inconsidéré. S’y était-il repris à plusieurs fois ce résidu de chaudron ? Très certainement… Il s’était peut-être même fait dessus ! J’affectionnais l’effet que pouvait produire ma simple mention sur l’incontinence précoce. Pas franchement d’humeur à la diplomatie, ma main s’écrasa sur le visage d’un contrôleur d’identité. Cette imbécile était donc à ce point ignorant que l’héritière des Black ne se pliait pas à ce genre d’exercice ? Deux doigts enfoncés dans ses orbites – rassurez-vous suffisamment délicats pour ne pas lui crever ses globes d’impur – et une centaine de mots d’excuses plus tard – de lui, pas de moi – j’accédais en priorité à un ascenseur vide qui m’envoya promener du côté du niveau 2.

Il avait été inutile de faire un effort ce matin lors de ma toilette quotidienne. Ugley, l’elfe la plus solide qu’il y eu au service des Black, avait préparé une élégante cape, cadeau de Rodolphus, noire, sobre mais dont l’attache présentait un crâne de corbeau d’ivoire et d’onyx du plus bel effet. Il savait comme me faire plaisir. Cette pièce ouvragée ressemblait à s’y méprendre à une vraie relique d’un cadavre animal. Cette attention n’avait pas suffit à changé mon humeur maussade. Le capuchon glissé sur mes cheveux sauvages, je glissais bruyamment, comme une ombre tapageuse, dans des couloirs étrangement désertés. Voilà pourtant qu’une seule silhouette se découpait au loin. Cela me découpa un sourire sur des lèvres sombres. L’insolence de Hécate la précède et demeure en nos esprits comme cette trainée de parfum qui subsiste d’un ancien amour. Grand mère voyante, magies païennes d’Amérique, tout ça résonnait en moi comme l’exotisme dont on pouvait se fasciner… On ne me cachait pas longtemps les réalités généalogiques de notre monde.

Je passai la porte en même temps qu’elle, sans un regard franc et sans lui porter une quelconque attention. La seule notoriété de miss Shacklebolt était due à sa proximité avec mon beau-frère. Nature de la relation ? Inconnue en ce qui me concernait. Je m’en fichais pas mal à vrai dire. Rabastan Lestrange ne représentait à mes yeux que ce petit garçon qui pleurnichait discrètement sur le chemin d’Azkaban, regrettant amèrement d’avoir suivi sa belle-sœur sur les chemins du Cercle. Sa position il me la devait autant que la terreur qu’inspirait son nom. Pour moi, il restait la troisième roue du carrosse, n’en déplaisait aux amoureux de ce pauvre « Rabby ». Je m’emparais des papiers après avoir pousser le secrétaire contre ses casiers en fer, imprimant sa silhouette dans l’acier et meurtrissant sa colonne vertébrale de gratte-papier. Mes yeux parcoururent cette assignation avec un mélange d’amusement et de perversion. Je rompis le climat de tension institué par la petite américaine aux airs revêches.

« Voyons miss St Marc » Je perçus soudain une information en la fixant, une information égarée de son esprit, un passe encore si douloureux. La colère vous fait perdre souvent la maitrise de vos pensées. « Je veux dire Cat » Je lui adressai un sourire innocent renforcé pas un écarquillement peu commun des yeux. Ca me donnait toujours l’air malade et faussement enfantine. Je me délectais souvent de ce genre de jeu de rôle. « C’est un peu ta famille que nous devons retrouver. Ces arts païens sont aussi répugnants que fascinants. Je vais rater une entrevue avec Vous-Savez-Qui mais le spectacle du cannibalisme m’a toujours un peu… enjouée ? » J’eus un rire criard en pulvérisant du bout de la baguette une étagère. Posant une main sur le bureau des assignations, je considérai gravement le gratte-papier avec un air sévère. Il se prit la tête entre les mains alors que résonnèrent dans son esprit cette trop longue phrase. La prochaine fois ce sera ton infâme crâne d’impur espèce de sale troll pouilleux qui explosera si tu oses m’envoyer une de tes saletés de parchemin bon marché car je ne suis pas une stagiaire lambda qui tripote surement la nouille de son strangulot de patron pour recevoir l’honneur de la Marque. Compris ? Alors qu’il hochait la tête dans l’incompréhension totale des témoins de la scène, j’adressai Hecate en souriant sympathiquement. « On y va ou tu comptes me faire la causette longtemps l’américaine ? »
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Hécate darda sur Bellatrix un regard qui voulait dire exactement tout le bien qu'elle pensait de ce genre de familiarités. Elle ne releva toutefois pas la références à son surnom -bien que l'entendre être employé par qui que ce soit d'autre que Léda lui hérisse les cheveux-, pas plus que celle à ses racines, qui visiblement n'étaient pas au goût de Madame Lestrange. Hécate s'en serait presque sentie offensée si elle avait le moindre intérêt pour ce que Bellatrix pouvait penser d'elle. La sorcière n'était pas la première sorcière folle à lier à croiser le chemin d'Hécate et celle çi savait que face à ce genre d'individus il valait encore mieux perdre un rein que la face.

« On y va ou tu comptes me faire la causette longtemps l’américaine ? »


Hécate lui jeta un regard rapide et la rejoignit avant de lâcher entre ses dents:

-C'est Shacklebolt pour vous.

Hécate n'avait qu'un sens très limite de l'auto conservation, ou selon l'avis, une témérité à toute épreuve. Le problème des enfants soldats est que trop de temps passé au coeur des combats leur enlève une partie de leur sens de la hiérarchie, pour faire plus de place à l'instinct roublard de survie. La logique sociale s'efface, remplacée par une logique des rues, une manière incroyablement débrouillarde d'envisager la vie, et qui ne s'embarasse en aucun cas de fioritures. Ce genre de plante grandissant dans la boue est dangereux: si on ne les coupe pas jeune, la tige devient trop dure et impossible à redresser. Hécate avait eu 26 ans pour pousser et assécher toute plante voulant lui faire de l'ombre. Bellatrix était une prédatrice mais elle ne lui faisait pas plus peur que n'importe quel autre vautour.
Loyauté, détermination, résilience.
Et surtout fierté. Orgueil. De vilains défauts qui paradoxalement, gardent en vie parfois.

Marchant vers l'armurerie mise à disposition des agents du niveau 2, Hécate feuillettait le dossier, irritée. La compagnie de Bellatrix Lestrange semblait écarter les employés comme le pouvoir de Moïse fendait la Mer Rouge. Les rares avantages d'un pouvoir basé sur la destruction totale de la vie.

-On va avoir besoin d'un peu de matériel, ou on ne le trouvera jamais. C'est un vaudou, il connaît la nature mieux que n'importe quel anglais. Comment est ce que malade s'est retrouvé ici...il doit bien y avoir une satanée photo dans ce dossier.

tournant une page, la jeune femme fouilla, et finit par sentir sous ses doigts la texture lisse et glissante d'une photographie. La retirant, elle stoppa et observa lentement l'homme sous ses yeux, qui la dévisageait en tirant la langue de temps à autre et en roulant des yeux. la peau charbonneuse...les cicatrices tubulaires sur le front, les joues, le nez...les yeux injectés de sang et les incisives taillées en pointes...les lobes d'oreilles coupés. Un putréfié.
De toutes les tribus d'Amérique et des caraïbes, celle là était de loin la plus redoutée. Adorateurs de la nécromancie et des arts noirs, les putréfiés hantaient les parties les plus sombres et moites des marécages, des îles et des jungles. Ils dérobaient les nouveaux nés pour en faire des recrues, violaient les femmes pour en faire des pondeuses et tuaient les faibles pour le simple plaisir de voir une âme sans défense s'échapper d'un corps, pour le plaisir de briser une vie comme une brise une branche. Chez eux, ni familles, ni fratries...ils ne recrutaient que par prosélytisme violent, ils contaminaient les alentours comme une lèpre, laissant dans leur sillage des corps, des charniers et une odeur de pourriture à vous retourner le coeur.
C'étaient eux. Eux qui avaient capturés Hécate ce fameux mois d'Aout où elle avait cru perdre la vie. Eux qui l'avaient enfermée alors qu'elle n'était qu'une jeune adolescente, eux qui l'avaient enchainée à quelques centimètres d'inferis affamés en espérant qu'elle parle, qu'elle trahisse les siens. C'étaient eux, toujours eux, qui hantaient les cauchemards des plus petits et les souvenirs des anciens.
Eux. Le Mal Noir. La Pourriture des mangroves. Pour que celui là ait quitté son groupe, sa meute il fallait qu'il soit vraiment fous. Les Putréfiés avaient leur propre conception de ce qu'était la sociopathie...pour que ce type ait été exilé...chassé...il devait être pire encore que les autres...et il avait fuit vers l'Ancien continent, quitte à pouvoir continuer le festin sur le nouveau.

-C'est un putréfié, dit Hécate d'une voix égale, il appartient à une tribu aux manières de secte qui pullule dans le Sud-Est des Etats-Unis. Ils sont experts en nécromancie et en scarifications rituelles...certains ont un talent particulier pour les malédictions. Si celui là est ici, c'est qu'il était trop fou pour sa propre tribu. L'approcher ne devrait pas être une épreuve pour vous, vous parlez sans aucun doute le même langage, toutes proportions gardées...

Plissant les yeux, Hécate regarda des photographies mouvantes prises à la frontière d'une forêt.

-La moisissure là...sur les arbres du premier plan. C'est quelque chose que leur magie déclenche, il doit vivre dans ces bois depuis un moment...il va falloir le traquer. Avec quelque chose qu'il aime...du sang.


Se tournant vers sa nouvelle collègue, Hécate se redressa, faisant de son mieux pour affronter son regard sans ciller. Ce n'était pas chose aisée, Bellatrix avait une mine à faire cailler le lait, mais heureusement elle n'était pas bien grande ce qui lui évitait de littéralement écraser Hécate de son mépris, même si l'attitude y était. Jugeant rapidement la stature de son interlocutrice, la jeune sorcière marmonna:

-L'une de nous va devoir jouer l'appât et vu nos positions respectives, je pense que je serai l'heureuse élue...ça ne me dérange pas. Il aura une préférence pour moi de toute manière. Mais avant ça...

Elle ouvrit la porte de l'armurerie à la volée et appela le gardien du département avant de lui adresser la parole d'un ton tranchant.

-Shacklebolt. Je suis en mission de terrain avec la mangemort Bellatrix Lestrange sur instruction directe du département de la justice. J'ai besoin d'un orbe détecteur de magie noire et d'un feu follet en cage. On va sans doute se frotter à des inferis.

-Un feu follet en cage ça demande une autoris...
-Je ne crois pas avoir bégayé. Alors à moins que vous vouliez vous expliquer avec Madame Lestrange ou le directeur du niveau je vous conseille de bouger vos miches et en vitesse.Je ne suis pas non plus d'une humeur radieuse.

L'homme hocha la tête plus vite que l'éclair et disparut dans les rayonnages d'étagères surchargées en artefacts et armes diverses. Vérifiant la position de sa baguette à sa ceinture et vérifiant que son couteau était bien fixé à l'arrière de son pantalon, sous sa veste, Hécate tapota du bout des ongles sur la surface vernie du comptoir. Elle sentait le regard de sa collègue lui transpercer le dos et rassemblait toute sa patience pour ne pas imploser comme un scroutt à pétard. Elle avait tout de même une notion minimale de la paix des ménages.
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« Tu es insolente petite fille. Mais tu me plais de plus en plus » Je m’étais adossée contre un mur vierge de toute décoration en attendant qu’Hecate fasse son petit marché. Après tout, je n’avais rien de mieux à faire. Ma baguette, mon poignard et les enseignements du Seigneur des Ténèbres suffisaient à faire mon bonheur. Après tout, trop encombrée j’étais trop facilement distraite et qu’il arrive quelque chose à la bureaucrate américaine ne m’aurait qu’éloigner de la rage de Rabastan. Ô bien sûr il m’aurait suffit de la trahir et de la livrer au dérangé vaudou pour récolter sa fureur. Juste sa fureur. Sa colère et ses ressentiments en revanche n’auraient pas que croitre si je m’en faisais une amie. Et après tout, pourquoi pas ? Elle avait l’air suffisamment folle – à sa manière – pour que l’on devienne proche ?. Qu’elle ne s’attende pas aux joies du shopping en ma compagnie mais après tout, elle n’avait pas l’air des héritières bcbg des dynasties de la pureté. L’armurerie se présentait respectable à mes regards fuyants. Pourtant, ma manucure improvisée du bout des dents suffisait à satisfaire mon ennui. Et puis il y avait ces explications.

Bla bla bla résonnait à mon esprit comme le bourdonnement d’un moustique avant qu’il soit pulvérisé par la précision d’un de mes sortilèges. A plus de cinquante ans, on commençait tout juste à gagner en précision. « De la moisissure ? Du sang ? Des inferi ? C’est mon anniversaire que tu prépares ? » Je me surpris moi-même à rire aimablement. Je me décollai du mur pour approcher ma camarade de mission. Une main subtile vint lui soulever le menton pour inspecter ses traits lisses. « Je ne voudrais pas gâcher ton précieux visage. Et j’aime jouer les appâts surtout quand on parle d’un homme qui aime la chair. » Je plongeais un regard haut dans ses orbites profonds en espérant y voir quelque chose d’autre qu’une femme rebelle. A priori, sa concentration était si forte que percer les rares barrières mentales d’une sorcière lambda aurait éveillé quelques soupçons en son esprit. Dommage, je ressentais tellement de potentiel dans sa grosse tête de gouvernementale.

La toiser n’irait pas bien loin. Ferait-elle l’affaire pour empêcher que l’appât se transforme en deuil national ? Oui, mes obsèques auraient été nationales au vu de l’histoire de notre victoire. « Tu connais mieux ces barbares que moi. Je peux bien confesser cette lacune. Pourquoi serais-tu en position de jouvencelle en détresse ? Parce que je suis plus importante ? C’est ridicule. Le but est de le prendre vivant, pas de devoir incendier son corps, le tiens, et la moitié du Comté. » Je voulais bien jouer les victimes. Cela m’allait si bien au teint. Et puis, le Seigneur des Ténèbres ne m’avait-il pas demandé de déléguer un peu d’amusement aux autres ? Ce n’était pas pour me museler, non. Mon Maitre avait besoin de moi. C’était pour juger les autres, voir s’ils étaient à la hauteur de challenge de l’engagement sur la voie des ténèbres. Je ne pouvais qu’acquiescer à cette idée. Qui avait déniché le plus de grands talents ? Moi et moi seule. Aux disciples des autres le soin de se montrer dignes, ou d’imploser sur le champs de bataille. Hecate se faisait épauler de Rabastan dans son parcours vers les Mangemorts. L’heure était venue de la voir à l’œuvre histoire d’aiguiser mon jugement.

« Nous n’aurons pas besoin de l’orbe. Détecter la magie noire, franchement, ce n’est pas si difficile. Pas besoin de gadget pour enfant peureux. » Je quittai l’armurerie avec une démarche de dédain. Les jeunes avaient oublié les recettes d’autrefois pour se rapprocher des innovations les plus idiotes. Les détecteurs, franchement, autant rester chez soi à lire la biographie de Celestina Moldubec. Cela encourageait la fainéantise et leur manque d’imagination. La magie noire laissait des traces palpables pour n’importe quel mage noir qui se respectait. L’ascenseur n’était qu’à quelques pas mais je décidais d’attendre Hecate qui me guiderait vers les cheminées. « Dis moi comment être appétissante pour ce gentil monsieur… Au fait, appelle moi Bella » Je lui tendis une main franche avec une expression plutôt neutre. Sourire n’était réservé qu’à mes plus grandes joies, qu’à mes plus grands crimes.
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Pas d'orbe donc.
Parfait mais qu'on ne vienne pas la chercher si l'Enfer ouvrait ses portes et que des pièges infestés de magie noire se déclenchaient tous sur leur passage. Quant aux inferis qu'elles ne détecteraient probablement pas avant qu'ils leur tombent dessus, Hécate comptait sur son feu follet pour créer une barrière assez efficace. Elle avait horreur que les plans ne se fassent pas à sa manière, question de principe, et mauvaise habitude liée à la pratique du commandement. Sans doute pouvait elle toutefois se fier à Lestrange, qui si elle avait visiblement une belle chauve souris dans le beffroi, n'en était pas moins assez puissante pour avoir ce qu'elle voulait et surtout pour survivre.

Considérant la main que Bellatrix venait de lui tendre à l'instant même d'un regard farouche, Hécate finit par tendre la sienne avant de la serrer avec fermeté. La mangemort avait une poigne de fer et si leurs yeux étaient aussi noirs, aussi semblables, ceux de Bellatrix n'étaient que deux puis sans fond quand ceux d'Hécate évoquaient deux morceaux de charbon encore fumant après un incendie. Thanatos et Cerbère en mission ensembles. Un vrai duo de rêve.
Tandis qu'elles continuaient de progresser dans les couloirs du ministère, curieux tandem que les bureaucrates observaient avec crainte, elle jaugea Bellatrix du regard, analysant rapidement ses options avant de parler franchement:

-Pour vous rendre intéressante aux yeux de notre homme, il va falloir vous amocher un peu. Un putréfié est un charognard dans l'âme, il traque les proies affaiblies...ou qui le paraissent. plus il vous croira en position de faiblesse plus il se montrera audacieux et c'est exactement ce que je veux. Tant qu'il reste dans l'ombre de la forêt et qu'il se sert de pièges, nous le manquerons mais s'il vous pense accessible, suffisamment pour ne pas avoir à recourir à des stratagèmes, alors il pechera par arrogance.

Hécate remonta ses manches et fixa le feu-follet, accroché à une petite lanterne, à un passant de sa ceinture.

-Je me doute bien qu'il ne doit pas y avoir qui que ce soit dans ce ministère qui puisse se targuer de vous avoir mis une mandale et d'être encore en vie alors je ne fais évidemment que proposer, j'ai encore les pieds sur terre.

Elles marchaient désormais vers le hall et les cheminées, ce qui permettait à Hécate de lancer ses idées sur un ton plutôt léger, qui n'avait rien à voir avec la gravité actuelle de ce qu'elle proposait. On était plus dans la témérité à ce stade, mais dans le suicide pur et simple. Et pourtant, Hécate avait comme le sentiment dérangeant que Bellatrix était tout à fait capable de prendre des coups et de s'en réjouir pour peu que la volonté de son maître puisse être accomplie au bout du chemin. Elles arrivèrent en face des grandes cheminées et Hécate regarda une dernière fois le dossier.

-On va vers le Nord. Formidable, comme si l'Angleterre au mois de Janvier n'était pas suffisamment inamicale comme ça, on nous envoie dans la cambrousse profonde. Oh, et puisque nous en parlons il faudrait aussi que vous tentiez de paraître déboussolée. Juste histoire de donner le change. Vous aurez amplement le temps de rire une fois que nous l'aurons amputé des deux mains. Mais quoi qu'il en soit: le ne laissez jamais vous toucher physiquement. Peu importe la stratégie.

Tournant une page, elle haussa les sourcils.

-A ramener mort ou vif...mort et calciné jusqu'aux os me convient beaucoup mieux. Ce genre de psychopathe est complètement improductif et je n'ai aucun intérêt à le ramener en vie. A moins que vous ne préfériez le garder comme gerbille de compagnie?

La remarque était sérieuse, qui sait ce que Bellatrix Lestrange aimait faire de ses prisonniers? Hécate quant à elle était une habituée des vendettas et autres missions ayant pour but de raser des bâtiments sans beaucoup se préoccuper de qui les reconstruirait ensuite. Les Putréfiés ne lui inspiraient aucune compassion. En tuer un était même à ses yeux un travail d'utilité publique tant ils étaient néfastes, même en nombre limité.
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De quel droit m’interdisait-elle quelque chose la noiraude américaine ? Franchement, je touchais le putréfié si j’en avais envie. Et au vu des photos, je sentais poindre une certaine fascination et un peu curiosité, si rares dans mon corps d’ancienne détenue. Me rendre intéressant et me briser quelques os ne posait aucun problème, du sang et des jeux. C’était excitant que de se retrouver bientôt désarmée et complétement livrée à la nature pervertie par de la magie de païen. La moisissure, cette impression d’être moite, cette sensation pâteuse dans la bouche et puis le frisson glacial de la magie noire me rendaient complétement fébrile. On me proposait ni plus ni moins de sauter à pieds joints dans un cauchemar haletant et humide. Depuis longtemps maintenant, on ne m’avait plus fait un tel cadeau. C’est sans doute ce qui me poussait à être clémente avec Hécate, voire aimable. Sauter dans le vide sans Nimbus devenait une idée halechante surtout lorsqu’on entrainait quelqu’un de plus petit avec soi. Ce fond d’initiation  - qui n’en était pas -  se faisait sans aucun doute plus jouissif encore que d’entendre couiner les torturés du régime. Cette mélodie allait vite disparaître de mon esprit pour le silence morbide du bayou. Quel dépaysement ! Quelle opportunité ! Quelle aventure aphrodisiaque que celle-là.

« Ne soit pas plus idiote que Salazar ne t’a fait fillette. Je le garde ce charmant monsieur. On l’enfermera au sous-sol de mon manoir. Il meurt, tu meurs. Et je tiens à garder ses mains. Je suis sûr que ce sera fascinant. » J’arrachai la feuille indiquant notre destination du dossier que tenait ma comparse. Frappant des mains, une poigne se referma très vite sur de la poudre de cheminette et je prononçai le nom d’un pub sorcier peu recommandable qui ne se trouvait pas très loin du lieu de recherche. Les flammes vertes m’enveloppèrent dans un souffle qui sentait le souffre et je me retrouvais très vite dans l’établissement de pierres écossaises. Dans cette taverne régnait une odeur persistante de foie de chèvre farcie mise à mijoter dans une crème d’ail et de baies noires. Le plat était aussi dégoutant que l’était l’hybride Hagrid – à ne pas comprendre comment son tout petit père avait réussi à féconder son énorme mère. Enfin, passons. Je me dirigeai vers le tenancier de cet endroit charmant, si l’on prenait en compte les affiches anti-moldues et la harpie qui dévorait son bout de foie à même la table. Miss Chacun-Son-Bol n’aurait sans doute aucun mal à trouver la dame en noir, plus riche que ces sorciers en kilt.

Froloth, une espèce de mi-troll au ventre gras, sortit de la réserve. « Arf, Bella’rix ». Il ne savait toujours pas prononcer les « t ». En même temps, sa bouche déformée par un sortilège qui avait mal tourné justifiait cette petite particularité. Il fut un temps où cet endroit était un refuge, lors de l’épisode Potter, séquence première, le bébé repousse les sorts. Quelques temps de fuite, un procès en majesté et je n’avais plus remis les pieds dans cet endroit ni gouté à sa spécialité au goût amer et persistant. « La même chose ? » Il renifla bruyamment pour se nourrir de sa morve. Qu’avait-pu bien trouver sa tordue de génitrice à un troll, on se le demandait. Quoiqu’il en soit, la foire aux hybrides me donnait la nausée. Sa gnaule était cependant à mon gout. J’hochai la tête, choisissant d’ignorer la présence d’Hecate. Une petite liqueur de cerise dans laquelle avait macéré un cœur de Sirène était un met trop souvent oublié et pourtant qui avait eu sa popularité lorsqu’adolescente, nous nous pavanions sur l’Allée des Embrumes. Le produit était toujours aussi artisanal et anesthésia pour trois jours mes papilles. « Tu en veux ? »  Dans un renvoi terrifiant, mes vapeurs d’alcool envoyées sur la figure de ma partenaire m’arrachèrent un rire incontrôlable et dément. Quelle tronche se payait-elle franchement…
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Ah, on commençait à boire, parfait elle allait en avoir besoin. Acquiesçant d'un geste de tête, elle prit un verre de petite taille et le tendit au mastodonte qui servait de barman pendant qu'il la considérait d'un oeil peu aimable.

-C'est for', fit-il remarquer de sa voix de baryton.
-J'ai cru remarquer.

La jeune femme vit le liquide presque sirupeux glisser dans le verre et rassembla ses forces. Elle avait été après tout élevée à l'absinthe, à la chartreuse plus précisément. Cet alcool couleur d'émeraude avait finit par être interdit au cours du 20e siècle tant il provoquait d'anévrismes et de cécité précoce, mais pour une raison qui échappait à toute logique il continuait de couler à flots à Bourbon Street ainsi que dans les quartiers sorciers de la Nouvelle-Orléans. La fée verte avait tous les droits lors des grandes soirées, suivie de près par un alcool dans lequel marinaient parfois des écailles d'alligator et du sang de dragon-tigre. Un véritable tord-boyaux qui servait souvant d'anésthésiant autant que de boisson.

Hécate attrapa son verre et renversa la tête en arrière tout en en avalant le contenu. La brûlure fut atroce et elle distingua un goût très légèrement iodé et sucré en arrière plan, qui ne parvint toutefois pas à lui enlever l'idée qu'elle était en train d'avaler un produit de nettoyage. Une bouffée de chaleur lui monta à la tête et elle abattit le verre sur la table avant de jeter un regard de côté à Bellatrix.

-Un autre.

Le barman la regarda, puis avisa Bellatrix de l'air de celui qui ne sait pas s'il doit participer au massacre ou pas. Hécate tapota sur le bar avec son verre.

-Hey. Je plaisante pas.

Il grogna et finit par verser dans le verre une autre dose de son infernal alcool. Hécate inspira, bloqua et avala cul-sec. Ca brûlait, nom de Merlin. Et c'était proprement dégueulasse! Une nouvelle bouffée de chaleur plus tard, Hécate fronça les sourcils, se racla la gorge et se tourna vers Bellatrix.

-On fait quoi ici? On déclenche une bagarre de comptoir histoire de se mettre dans l'ambiance? vous auriez juste pu me demander de vous frapper...

Les clients les fixaient de manière insistante. Une bande de contrebandiers siégeait peu loin du bar, la harpie lêchait son assiette et une femme d'une pâleur cadavérique -sans doute une vampire- sirotait un verre empli d'un liquide pourpre et épais.
Soupirant, Hécate tritura son verre et se renfrogna. Elle n'avait aucune envie de garder ce malade en vie. C'était une saloperie de putréfié. Le garder dans la cave d'un manoir et puis quoi encore? en faire un animal de compagnie. Tout ce que cette mangemort à la tête en forme de rubix cube allait gagner c'était de se retrouver avec des frais de nourriture et un potentiel Wendigo sur les bras.
Les putréfiés étaient comme des poupées russes malfaisantes: on avait beau chercher toujours plus profond, on ne trouvait que de la crasse et tout au fond, une couche copieuse de folie. Mais qu'y faire après tout si Bellatrix avait trouvé sa moitié en la personne de ce taré aux lobes coupés?
"Il meurt, tu meurs".
Hécate n'avait pas envie de tester l'expérience, elle savait encore comment survivre face à une bouteille de nitroglycérine sur pattes. Et pourtant...oh, la haine qu'elle vouait à l'obéissance aveugle. Ce genre d'attitude rigoriste lui donnait envie de casser la baraque. Rabastan l'avait bien compris et lui laissa le champ large, assez pour qu'elle n'explose pas de frustration. Bellatrix, elle, semblait aimer tenir les gens en laisse.
Qui, pour la dernière fois, avait eu l'idée de les faire partenaires?
Un crétin visiblement.
Hécate en aurait bien repris un verre si elle n'avait pas voulu rester alerte lors de la mission. Il était déjà certain que cette petite liqueur à 90 degrés (au moins) allait envoyer une colonie de bonshommes lui taper sur le crâne. Boire avant une mission était d'ailleurs peut-être la pire idée du monde.
Fort heureusement, ce n'était pas son premier rodéo. Avec un peu de chance ça ne serait même pas le dernier. Regardant par la fenêtre crasseuse, elle lâcha:

-Attendre la nuit serait préférable. Un putréfié déteste la lumière du soleil. Il aura posé des pièges, il faudra les détecter. Et ne pas le laisser s'enfuir s'il est sérieusement blessé...avec un autre, ça ne porterait pas à conséquence mais un sorcier cannibale...c'est de la graine de Wendigo. Et je préfère ne pas avoir ça sur le dos, ces bestioles sont pire que la Peste.

Une hésitation, une respiration.

-....La seule raison pour laquelle vous ne m'éclatez pas le crâne à coups de pied de chaise, c'est parce que je travaille pour votre beau-frère pas vrai? C'est presque vexant. Avec tous les efforts que je fais pour être une gouvernementale imbuvable.



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« La seule raison pour laquelle je ne t’éclate pas le crâne à coups de pied de chaise, c’est parce que cela aurait le don de mettre en rage Rabastan d’une manière ferme et définitive. Ce serait contraire à mon plaisir pervers, jeune naïve. » Je déposai délicatement le minuscule verre au sol avant de le briser d’un coup de talon, métaphore de l’effet que faisait ma vie sur l’esprit de Rabastan Lestrange. Ce pauvre bougre assistait jusqu’à présent dans le mutisme à mes rapprochements avec ses enfants, son frère et son futur gendre. Seul Arsenius ne comportait aucun intérêt – pour l’instant – dans ce plan destiné à provoquer une explosion de monsieur control freak. « Mon but est simple. Je resserre les liens de ma famille autour de moi. Après tout, je suis l’ainée de toute cette bande d’indécis. N’est-ce pas mon rôle de les mettre sur la bonne voie du Magister ? » Un seul regard sur Hecate me suffisait à deviner que ces raisons inventées pièce après pièce étaient aussi convaincante qu’un Scroutt dans un salon de thé. Le mensonge était difficile au vu de la fébrilité de ce plan réfléchi. Pas si folle que cela la Bella. On sous-estimait trop souvent ma capacité à me projeter, souvent avec succès. « Ma chère, la pureté du sang au service du Seigneur des Ténèbres n’a rien de frivole ou de léger. C’est un sujet suffisamment grave pour y consacrer les derniers coins de raison qu’il me reste. Aujourd’hui, nous constatons la faiblesse de ces culs-bénis de la nouvelle génération qui ne mesure en rien les sacrifices que ma génération a pu faire. Tant d’années à servir pour que naisse enfin cette victoire. Rabastan Lestrange lui aussi a sans doute le mérite d’avoir suivi sans trop rechigner. Il ne mérite pas que je le fasse souffrir d’un seul coup, indifférent. Froidement. Ô non. » J’accompagnai ce prêche de mes plus belles expressions incontrôlables - et de gorgées généreuses. Mon visage se tordait sans que je n’y comprenne moi-même grand chose. Peu de personnes pouvait se vanter d’être si animée par la dévotion et le fanatisme qu’ils prenaient par eux-mêmes quelques libertés physiologiques. « Il mérite l’honneur d’une descente lente et progressive dans mes enfers. Je ne sais même plus pourquoi je ne l’aime pas. Sans doute pour Cissy désormais. Ce n’était pas difficile à découvrir. Détester Rabastan n’est pas une entreprise ardue. Il est jaloux de ceux qui sont dans l’Histoire. A qui doit-il la terreur de son nom hein ? Qui se trouve imprimée dans les livres ? Hein ? » J’avalai d’un seul coup le cinquième verre de breuvage. Cette sensation d’alcool à bruler aux relents sucrés me convenait parfaitement. En ce moment même, je ne l’aurai échangé contre aucun autre alcool présent dans le commerce ni ailleurs. « Je me fous que tu travailles pour le petit ravi Rabby. Mais il sera content de savoir que tous mes plans tournent autour de lui. Il aime son égo depuis son berceau. » Je me tenais désormais au bar, éprise de quelques étourdissements. Ils m’arrachèrent un petit rire sec et aigu, le genre de rire que j’avais adolescente. « Haut les mains, mes plans sont découverts. » Ils n’avaient jamais été secrets, mais personne n’avait jugé bon de me poser de but en blanc la question. Je pouvais reconnaître la vraie franchise et la témérité dans les yeux de ma camarade de cauchemar. « Et à vous, que vous apporte mon beau-frère hum ? » Mes yeux se transformaient en deux globes exorbités et je penchais un peu trop mon visage vers miss Shacklebolt. Que pouvait-elle bien trouver de fascinant chez ce pleurnichard ministériel ?
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Elle n'avait définitivement pas les deux rames dans la même barque, mais au moins elle avait encore un sens affuté de la stratégie. Elle savait à qui faire mal, comment faire mal, et  la raison importait peu: les moyens, eux, étaient là et cela suffisait visiblement à Bellatrix Black Lestrange, harpie infernale aux machinations bien huilées.

Rabastan en prenait pour son grade, elle le piétinait comme elle piétinait ses verres, l'écrasait contre le sol. Hécate écoutait ses mots et derrière ces derniers dessinait un tableau, reliait entre eux des éléments qui jusqu'alors étaient encore quelque peu vagues dans son esprit. En voyant Bellatrix, elle comprenait, exactement, ce qui avait poussé Rabastan à devenir le monstre de froideur et d'orgueil qu'il était à présent. On ne lui avait jamais accordé la crédibilité dont il avait besoin, en tout cas certainement pas lorsqu'il devait fréquenter son frère et leur cercle commun d'amis. Il était attaché à son égo, certes, jaloux de ceux qui faisaient l'Histoire, sans le moindre doute, mais comment reprocher ce travers à une personne sans cesse rejetée dans l'ombre? Hécate n'avait pas connu les affres des coulisses, elle qui avait grandi dans la lumière, mais elle avait vu ce que la rancoeur et le manque d'estime de soi pouvait provoquer.
Bellatrix savait visiblement comment pousser tous les boutons qui pouvaient provoquer de la haine dans l'esprit de son beau frère: de la haine, de la rancoeur, de l'auto-détestation et de la violence. A défaut de reconnaître en lui un alter égo, elle en faisait un bouc-émissaire, lui, le Lestrange qui avait pouponné trois enfants, le Lestrange qui avait suivit, le Lestrange qui avait essayé vainement de croire que son adhésion à Voldemort serait conciliable avec quoi que ce soit d'autre. Il était tellement facile, de comprendre pourquoi ces deux là ne pouvaient pas se voir en peinture, tellement aisé de voir l'abîme béant qui les séparait tous les deux.

Devant la question de Bellatrix, Hécate se prit à foncer les sourcils, sans savoir si c'était l'interrogation ou les effluves d'alcool qui provoquèrent cette crispation. Puis, elle réfléchit et répondit lentement, en prenant un temps qu'elle savait précieux, tant il fallait savoir choisir ses mots avec la mangemort:

-Ce qu'il m'apporte...c'est une drôle de question. Si j'étais une jeune Shacklebolt -"pur sang", puisque vous y tenez- si j'étais rentrée à son service par les voies officielles...je vous dirais qu'il m'apporte une position, de l'apprentissage, de l'expérience, oh et évidemment, le grand classique: une houlette sérieuse dans le chemin de l'apprentissage des arts noirs. Un nécessaire en temps de guerre.

Elle se permit un sourire en coin qui voulait bien dire combien de fois Bellatrix et elle même avaient du entendre ce joli discours, ces belles paroles rutilantes, souvent indicatrices de la présence d'un jeune loup aux dents longues.

-La vérité c'est qu'en matière de guerre...en matière de commandement, d'autorité, en matière de douleur, en matière de batailles et de viscères sur le sol, je n'ai plus grand chose à apprendre. J'ai déjà fait mes armes et gagné mes galons, quoi que vous en pensiez tous. Je n'ai rien à prouver aux trois quarts de mes collègues. Alors que m'apporte-t-il? Il m'apporte de la complexité.

Elle se resservit et avisa son verre.

-Votre beau-frère a un talent rare: il est complexe, et par conséquent, capable de fonctionner en dehors des sentiers battus. Il fonctionne sur plusieurs plans, et c'est ce qui le rends dangereux, intéressant. Quand on pense qu'il abattra un suspect, il le garde en vie et en tire un atout. Quand on pense qu'il le laissera fuir, il le tue, parce qu'il a trouvé le détail qui rend sa vie accessoire. Il est rond dans un système carré, et croyiez le ou non, mais c'est exactement le genre de talent qui en fait un des favoris de votre maître...et ce pour lui même. pour son unicité. Je ne me risquerais jamais à penser que le Magister n'aurait pas vu ces atouts. Il est après tout le mieux placé pour détecter les talents de ceux qui le servent...quels qu'ils soient.

Et hop, cul-sec. Plutôt crever la tête sur le bar que de commencer à acheter la sympathie de Bellatrix aux dépents de Rabastan. Hécate avait la loyauté chevillée au corps et une affection profonde pour le mangemort. Il était celui avec qui elle combattait depuis désormais des mois et dire du mal de lui lui aurait fait le même effet que d'avaler des tessons de verre. On pouvait payer une loyauté excessive, et chèrement, mais on payait bien plus sa lâcheté.

-Lui et moi fonctionnons en duo, nous nous comprenons et nous accordons très bien quand il s'agit d'obtenir ce que nous voulons, c'est un privilège assez rare entre un mentor et une disciple. Je le défendrais au prix de ma vie. Je fonctionne ainsi. Haut les mains, me voilà moi aussi désarmée. Vous savez tout.

Elle avala le contenu de son verre et décida définitivement d'en rester là niveau alcool.

-Il n'aurait plus manqué que je travaille sous l'égide d'un peigne-cul de bureaucrate. J'aurais encore préféré être jugée pour l'agression de ce crétin de Blackwood...ça vous choque peut-être mais je crois qu'à ce stade, autant être franche. Vous devez avoir un radar à conneries de toute manière.

Hécate eut un sourire un peu plus franc et jeta un regard à sa partenaire occasionnelle. Tant qu'elle ne cherchait pas à la pousser dans un puis de lave ou à la convaincre d'assassiner son mentor, les choses devraient relativement bien se passer.
Relativement.
Hécate était tout de même une St Marc et Bellatrix, une Lestrange. Autant mettre dans une fosse un alligator et un cobra.
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