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Le 8 octobre 2002

Chic.

Habille-toi chic.

Étrangement, c'est ce qui a le plus intrigué Eris.

Le lieu de rendez-vous est intrigant. Le simple fait qu'Arsenius désire la rencontrer est intrigant – ils n'ont jamais été amis et si il a quelques fois été son compagnon lors de soirées mondaines, ça a toujours été par simple esprit pratique et par opportunisme de la part des deux parties concernées. Le fait qu'il désire la voir en soirée est intrigant, encore plus un soir de semaine, alors qu'elle travaille le lendemain (mais elle ne dit jamais non à l'imprévu et à la folie de l'inattendu). C'est tout de même cette précision, cette demande de s'habiller chic, qui a suscité la curiosité de la jeune femme plus que toute autre chose. Elle a accepté le rendez-vous avec le Lestrange, n'ayant de toute façon rien de prévu en cette soirée si ce n'est relire une de ses romans favoris, avec tout de même ce questionnement en tête.

Pourquoi veut-il la voir et surtout, pourquoi doit-elle être habillée chic pour aller à l'OPI ?
(franchement, ils sont pratiquement voisins, à la Bran Tower : s'il avait vraiment envie de la voir, il n'avait qu'à monter quelques étages avec l'ascenseur)(quelle feignasse, ce Arsenius)

Oh, elle a tout de même obtempéré. Elle a tout de même revêtu une robe noire au décolleté plongeant, ne capitalisant pas ses ses jambes pour cette soirée (soyons sérieux : c'est une soirée avec Arsenius, elle ne cherche pas à le séduire, lui). Le dos est également révélé, séduisant, et si la robe est longue, c'est pour mieux accentuer la peau dévoilée. Les cheveux sont libres, légèrement ondulés, le tout à peine accessoirisé. Une cape de velours noir pour se réchauffer, la nuit d'octobre étant certes belle et illuminée d'étoiles, mais d'une fraîcheur de plus en plus poignante. Toujours en glamour, en simplicité. Chic, voilà. Chic et sexy, c'est bien ce qu'elle est, même si pour elle, c'est bien inutile d'aller au-delà. Pas de transparence, de minirobe aguicheuse, ni même de regard langoureux au menu. Quand elle se présente à l'OPI, c'est pour mieux accueillir le regard troublé du gardien de nuit. Celui-ci la regarde fixement dans les yeux, n'osant apparemment pas descendre plus bas – ce n'est pas comme si elle avait une quelconque poitrine à regarder de toute façon, il n'y a que de la déception à ce niveau : « Miss, vous... il n'y a pas de départ de soir, par Portoloin, je suis désolé. Papillonnement des yeux. Ha oui ? Mr Arsenius Lestrange m'a pourtant donné rendez-vous à 19 heures. Le gardien déglutit, la nervosité remplaçant la fascination. Monsieur... oui, Monsieur Lestrange, en effet. Vous devez être... est-ce que je peux avoir une preuve d'identité ? » Elle sort de sa pochette ses papiers d'identité, sur laquelle sa photo mouvante accorde un sourire aussi lumineux que celui de la version réelle d'Eris, et quelques minutes plus tard, elle est assise dans un salon privé. Seule. Après la fermeture de l'OPI.
Et elle comprend de moins en moins ce que tout cela signifie.
Le temps passe et c'est à peine cinq minutes avant le 19 heures fatidique que la porte du salon s'ouvre – et cette fois, ce n'est pas le gardien, mais bien Arsenius. Également habillé chic, ce qui la rassure quelque peu. Ils vont probablement dans une soirée et il a décidé de garder la surprise sur celle-ci – peut-être quelque chose d'organisé dans le plus grand secret par Alastar Doherty ? La Burke se lève pour accueillir le jeune homme, un sourcil interrogatif haussé dans un visage à la moue amusée. « Je pensais bien connaître tes excentricités, mais tu sais toujours me surprendre. Ses yeux sombres descendent sur les vêtements du Lestrange, parfaitement soignés et mis. Rien à remettre en place. Un baiser sur une joue, se haussant légèrement sur le bout de ses talons. Alors ? Pourquoi tout ce mystère, Arsenius ? »


Dernière édition par Eris Burke le Dim 3 Avr 2016 - 6:25, édité 1 fois
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eris & arsenius

Un désastre, un véritable désastre, pire qu’une tragédie grecque, c’est une épreuve que Merlin lui inflige, il en est certain. Telles les épreuves périlleuses dont vous laissez quelques bouts d’âme et de chairs tant elles vous prennent aux tripes, tordent vos boyaux et écrabouillent vos cœurs. Merlin se gausse de lui – Arsenius jure et l’insulte, tourne en rond dans son salon à la recherche d’une quelconque solution. Il s’est extirpé de sa sieste quotidienne, avec Absinthe sur le crâne. Baignant dans la douceur et la tendresse, avant de remarquer ses cheveux mouillés, trempés dans l’urine du lapin. Le fléau capillaire l’ayant fauché en pleine face, Arsenius s’est précipité pour prendre un bain chaud et récurer chaque centimètre de sa peau – et surtout, chaque cheveu ayant eu la malheureuse chance de servir d’urinoir au lapin. Il peste et empeste le savon à l’aloe vera, pue le propre et le patchouli mais a toujours cette sensation d’avoir la touffe couverte d’urine. En retournant dans sa salle de bain, il décide d’attaquer la partie la plus délicate et de laisser cette sensation mourir dans ses nombreux produits pour les cheveux. Non, pas pour tous types de cheveux mais uniquement pour les siens – ses produits sont confectionnés par de grands noms de la mode sorcière. L’avantage d’être un Sang-Pur. Même si cela incombe l’obligation de prendre soin de soi pour bien paraître en toutes occasions. À l’aide de sa baguette, il sèche d’abord ses cheveux en usant un sort simple qu’il maîtrise bien mieux que les sortilèges en duel – la logique, dans tout cela, hm ? La suite est pourtant parfaitement logique, entre l’espèce de pommade graisseuse mais ayant pour propriétés de rendre ses cheveux extrêmement doux et le gel donnant de la forme à sa touffe dans un effet naturel, Arsenius passe environ une bonne heure à discipliner sa chevelure. Toujours repoussés en arrière, sans qu’aucune mèche rebelle ne vienne détruire l’effet recherché. Une autre demi-heure pour examiner ses rouflaquettes structurées et les masser quelques secondes avec de l’huile à barbe ayant comme parfum un mélange chaud et corsé d’argan et de jojoba. Et une autre minute pour rechercher d’autres défauts imprévus sur son visage – notamment ce poil blanc sur sa rouflaquette gauche qu’il a arraché hier, mais sait-on jamais avec ces bestioles, ça peut repousser sans que l’on s’y attende. Après un clin d’œil à son reflet, il quitte la pièce et s’engouffre dans son dressing pour y dénicher sa tenue, un smoking anthracite et un nœud papillon noir ; il enfile délicatement le tout pour ne pas froisser ses vêtements. Il dépose la cape en velours de soie sur son lit mais s’arrête dans son geste en voyant du coin de l’œil les deux monstres pisseurs ambulants. En deux-trois enjambées, Arsenius les attrape tous les deux et les remet dans leur cage – qui est presque aussi grande que sa propre chambre, et tout aussi bien décorée pour le confort des petits monstres. Heureusement que ces derniers ont été sages et ne se sont pas enfouis, sinon il aurait été obligé de passer plusieurs heures à les attraper et être en retard à son rendez-vous. Et Arsenius Lestrange n’est jamais en retard. Après un dernier tour dans sa salle de bain, il se vaporise de parfum aux notes marinées et d’encens millénaire. Ses chaussures cirées aux pieds, sa cape nouée par deux attaches en étain où l’on peut lire la lettre L, il quitte enfin son appartement.

Avec une avance de plusieurs minutes, il a même fait un tour chez le fleuriste pour acheter une rose bleue à Miss Eris. Une seule et unique fleur, il a catégoriquement refusé le bouquet que le fleuriste a essayé de lui refourguer – ayant fait ses recherches sur la symbolique des fleurs, il a préféré offrir une rose bleue pour le côté mystère et l’attente de l’impossible. Et dans son cas, l’impossible est le mariage dû à ses attentes trop élevées au sujet de sa future femme. Étant sélectif de nature, principalement à cause de sa mère, Arsenius ne souhaite absolument pas se tromper sur son choix, pour cette raison qu’il prend son temps et cherche la perle rare. Et en ce moment, il pense avoir trouvé la sienne. Mais pour en être sûr, il devra la courtiser et apprendre à la connaître ; même si ce n’est pas très difficile de cerner Eris Burke. Lorsqu’il passe les portes de l’OPI, il présente ses papiers d’identification à l’accueil et l’une des hôtesses le guide vers l’ascenseur. Le troisième étage, la nouvelle création du gouvernement. Arsenius grince des dents mais se retient tout commentaire acide sur la fermeture des frontières avec les autres pays. Il est ici pour courtiser une femme, non pour débattre sur des sujets politiques. Et puis, personne ne l’écouterait s’il sortait des diatribes stériles de révolutionnaires. Après tout, il n’est qu’un bobo sorcier, une personnalité publique fade et sans saveur, fils de et frère de – ce n’est pas le travail d’Arsenius mais celui de Mockingbird. Ce dernier gronde à l’intérieur mais Arsenius le musèle lorsqu’ils arrivent dans le salon. Après un bref signe de tête vers l’hôtesse, il ouvre la porte et s’engouffre à l’intérieur, accueilli par des notes de piano et des bougies parfumées. Rapidement, il repère la Burke et surtout sa robe au décolleté trop extrême. Dans le but de masquer son absence de poitrine, se dit-il, sans pouvoir s’empêcher de détailler discrètement la silhouette d’Eris. « Je pensais bien connaître tes excentricités, mais tu sais toujours me surprendre. » Un sourire énigmatique au coin des lèvres, il se baisse légèrement pour la saluer. « Alors ? Pourquoi tout ce mystère, Arsenius ? » En guise de réponse, il attrape la main d’Eris et sort la rose bleue de l’intérieur de sa cape. La rose qu’il dépose ensuite dans la paume d’Eris – heureusement que la fleur n’a pas d’épines. « Je ne révèle pas mes secrets aussitôt. Je te proposerai bien de prendre un verre ici, commence-t-il en montrant le salon privé de la main, surtout les nombreuses bouteilles de Whisky au bar, mais le paysage factice de Florence nous attend. Que dirais-tu de goûter à la gastronomie toscane ? » En tendant son bras vers Eris, il la dirige vers l’hôtesse qui les attend toujours dans le hall, pour les conduire jusqu’à la quatrième porte.  
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Une rose bleue. Évidemment, elle connaît par cœur le langage des fleurs, et cela ne fait qu'attiser sa curiosité. Arsenius ne se révèle pas aisément et cet aveu supplémentaire de mystère (et d'impossible, mais de quel impossible ?) l'amuse. Ses doigts effleurent les pétales soyeux, en l'attente d'une réponse un tant soit peu satisfaisante de son cavalier : « Je ne révèle pas mes secrets aussi tôt. Je te proposerai bien de prendre un verre ici, mais le paysage factice de Florence nous attend. Que dirais-tu de goûter à la gastronomie toscane ? »

Florence ? En Italie ? Sa bouche s'ouvre, miment un « oh » silencieux, estomaqué. Il n'a quand même pas obtenu un Portoloin pour aller en Italie, surtout pas maintenant, n'est-ce pas ? Tout Lestrange qu'il est, elle ne peut pas croire qu'il ait réussi ce tour de force (en auquel cas son sang de Burke ne ferait qu'un tour offusqué). Ses doigts se serrent sur la rose, tandis que son autre main se pose sur le bras d'Arsenius. Celui-ci la conduit vers la quatrième porte du troisième étage, dont elle connaît l'utilité, bien qu'elle n'ait jamais eu besoin d'y faire appel (après tout, elle a toujours eu les moyens nécessaires pour aller où elle le désirait). Elle qui pensait attendre dans un simple salon... Son expression étonnée s'adoucit, reprend des allures enjouées. Paysage factice, il l'a dit. « Je dois avouer que tu m'as eue. » Jamais elle n'aurait pensé cela. Et encore moins elle n'aurait pensé qu'Arsenius désire passer une soirée seul avec elle. Sans doute a-t-il quelque chose de particulier à lui demander ? Il n'est pas le premier à lui demander des faveurs, que ce soit par rapport au Witch Weekly ou à la boutique familiale, mais c'est certainement la façon la plus sensas qu'on ait employé.
L'hôtesse se poste devant la porte, le visage tourné vers eux. « Toute nourriture consommée est réelle, alors soyez prudents en ce qui concerne vos allergies alimentaires. Le paiement s'effectue à la fin de l'expérience, directement au service des loisirs. Vous n'aurez qu'à repérer la porte violette pour revenir. Les instructions sont débitées sur un ton calme, dirigées manifestement – surtout la partie paiement – vers Arsenius. Miss Eris, Mr Lestrange, je vous souhaite la plus agréable des soirées. » La porte est enfin ouverte et les deux sorciers pénètrent dans cette Florence de mirage et de magie, si semblable à la dernière fois qu'elle y a mis les pieds. Ils sont déjà sur le Ponte Vecchio, où les croisent des couples fantômatiques de touristes qui ne les regardent pas, ne leur prête aucune attention; et dans cette soirée, à peine un vent léger qui vient soulever ses ondulations. « Oh, Arsenius... Sa voix est affectée, réellement touchée. Florence. Il y a longtemps qu'elle n'y est pas allée, pas depuis que Nyssandra a quitté l'Italie pour les États-Unis. Je suppose que tu sais déjà où nous allons dîner. » Leurs pieds avancent, elle se laisse guider par le Lestrange, humant avec délice le parfum de l'Italie, augmenté et amélioré par une magie qui efface tout ce qu'il peut exister de désagréable. Elle a bien fait de se vêtir ainsi, finalement. Le chic exigé se comprend bien mieux, désormais.

Sa curiosité est brièvement mise en veille; elle se réveillera plus tard, quand ce sera le temps de savoir la raison de ce « voyage ». Pour le moment, le moulin à paroles s'active : « Il y a longtemps que je ne suis pas venue à Florence. Quand Nyssanda y habitait, je faisais en sorte que le Witch Weekly m'y envoie, avec une raison impossible à contredire – soit la mode. On y mange mieux qu'à Venise, d'ailleurs, dans mon souvenir... D'ailleurs, parlant de mode : j'ai croisé un type, la semaine dernière, et je suis persuadée qu'il a adopté tes rouflaquettes, mon cher. Sans tout le soin que tu y mets, est-ce que je sens de l'argan et du jojoba?, mais tu es en train de relancer quelque chose. » Le tout dit sur le même ton joyeux, quasi sans respirer, terminant le court monologue par un regard inquisiteur passant desdites rouflaquettes aux yeux d'Arsenius. Et bien sûr qu'elle sent de l'argan et du jojoba. Son nez ne la trompe jamais.
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eris & arsenius

La réaction d’Eris parvient à gonfler son égo, déjà bien surdimensionné : la voir bouche-bée est divertissant, surtout pour quelqu’un d’aussi atteint qu’Arsenius. Intérieurement, il est plus que satisfait de son numéro, s’il pouvait, il quitterait son propre corps pour se donner de très bonnes notes ; mais le voilà coincé, à se féliciter mentalement, et tout seul. Au moins, il sait qu’il y aura toujours quelqu’un pour le féliciter : en l’occurrence, ce quelqu’un, c’est lui-même. « Je dois avouer que tu m'as eue. » Sans s’en empêcher, le sourire en coin ne quitte pas ses traits, qu’il accentue pour ajouter une dose de sincérité par-ci, par-là. L’hôtesse commence alors à débiter les instructions, qu’il connaît presque par cœur, ayant lu et relu les brochures. « Toute nourriture consommée est réelle, alors soyez prudents en ce qui concerne vos allergies alimentaires. Le paiement s'effectue à la fin de l'expérience, directement au service des loisirs. Vous n'aurez qu'à repérer la porte violette pour revenir. Miss Eris, Mr Lestrange, je vous souhaite la plus agréable des soirées. » Principalement la section des tarifs. Pas qu’il soit radin mais il trouve les sommes beaucoup trop exagérées pour un paysage factice – même avec de la nourriture réelle. Il salue tout de même l’hôtesse d’un signe de tête, et Burke et Lestrange foulent enfin la glèbe toscane, le Ponte Vecchio et ses milliers de couleurs et de saveurs. En posant sa main sur celle d’Eris, il tourne le visage vers la jeune femme pour déceler les différentes émotions qui doivent la traverser dans ce paysage si réel et magique. Sur le point de complimenter sa beauté – car belle, elle l’est, énormément – elle l’interrompt d’une voix touchée par leur aventure. « Oh, Arsenius... » Il n’a même plus besoin de feindre la sincérité, celle-ci étire ses traits en un véritable sourire sincère ; plus les secondes défilent, plus ça devient précis, il a définitivement fait le bon choix pour ce soir. « Je suppose que tu sais déjà où nous allons dîner. » Un léger ricanement lui échappe, il le laisse servir d’affirmation à mesure qu’ils avancent. Personne ne s’attarde sur eux, que ça soit les badauds ou les vendeurs ; ils sont seuls et tranquilles dans ce paysage qu’il ne cesse de définir par factice – le fait qu’ils ne soient pas dérangés est sans doute le seul avantage qu’il ait trouvé pour le moment. Mais il leur laisse une, même s’il va sans doute continuer à râler sur les actions du gouvernement.

Et puis, sans qu’il ne s’y attende, il est rapidement frappé par une avalanche de billevesées. Avouer qu’il ne s’y attendait pas serait un euphémisme, Eris vient de l’achever en à peine une phrase. « Il y a longtemps que je ne suis pas venue à Florence. Quand Nyssanda y habitait, je faisais en sorte que le Witch Weekly m'y envoie, avec une raison impossible à contredire – soit la mode. On y mange mieux qu'à Venise, d'ailleurs, dans mon souvenir... D'ailleurs, parlant de mode : j'ai croisé un type, la semaine dernière, et je suis persuadée qu'il a adopté tes rouflaquettes, mon cher. Sans tout le soin que tu y mets, est-ce que je sens de l'argan et du jojoba?, mais tu es en train de relancer quelque chose. » Si au début, il a tenté de suivre la conversation, lâchant quelques monosyllabes ou des onomatopées, il a rapidement décroché. Pas qu’Eris soit inintéressante en conversation mais il n’est pas habitué à un débit aussi intense d’un coup ; comme une cartouche que les femmes gardent sous le coude en cas de besoin. Même sa sœur ne s’est pas montrée aussi bavarde avec lui – qu’a-t-il fait au bon Merlin pour subir cette punition ? Mais le pire… c’est qu’il a tendu l’oreille et est devenu particulièrement attentif aux paroles d’Eris lorsqu’elle a parlé de lui. De ses rouflaquettes surtout. Il tient à ses rouflaquettes comme à la prunelle de ses yeux, quitte à dépenser des centaines de gallions sur des produits extravagants spécialisés en rouflaquettes. « Ton sens de l’odorat m’impressionne, ma chère. C’est bien de l’argan et du jojoba, j’ai moi-même choisi les composants du produit. J’espère bien relancer une mode, je trouve les rouflaquettes particulièrement pratiques. » Ça tient chaud sans avoir l’air d’un clochard avec une barbe longue. « Nous sommes arrivés. Entrons. » La porte du restaurant Antico ouverte, il laisse d’abord entrer Eris puis entre à son tour. Une hôtesse les accueille aussitôt avec un babillage en anglais approximatif et marqué par un accent, babillage dont il ne comprend que quelques mots. Qu’il coupe aussitôt d’une main, en poursuivant en anglais (et puis, de toute façon, il ne parle pas l’italien, uniquement les langues mortes et l’anglais) : « Arsenius Lestrange, j’ai une réservation pour deux. » En jetant un coup d’œil à sa liste, l’hôtesse acquiesce. « Suivez-moi, je vous prie. » Une main dans le dos d’Eris, il suit l’hôtesse jusqu’à leur table, près d’une fenêtre donnant une vue incroyable sur la ville. La table est également un peu à l’écart, leur laissant toute l’intimité dont ils ont besoin. En bon gentleman, Arsenius tire la chaise d’Eris pour l’inviter à s’asseoir – merci Mère pour toutes les leçons sur la galanterie.
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Ayant l'habitude parler beaucoup – toujours – et de ne pas laisser ses interlocuteurs respirer, en plus d'avoir des amies qui savent mémoriser toutes les informations, rompues par des années à entendre Eris débiter son caquetage à une vitesse vertigineuse, elle ne prend pas garde à ménager son cavalier. À vrai dire, elle ne pense pas, même pas une seconde, qu'Arsenius puisse ne pas tout capter de ce qu'elle raconte. Elle s'attend qu'il capte tout, déjà, et son retour sur la conversation, sur le point rouflaquettes, la conforte involontairement. Il l'a écouté et il répond à sa question ! Vous ne savez pas combien de conversations à sens unique elle a pu avoir, dans le passé et encore dans le présent, avec des créatures apparemment incapables de comprendre les marques d'interrogation dans un discours. « Ton sens de l’odorat m’impressionne, ma chère. C’est bien de l’argan et du jojoba, (son nez ne la trompe jamais, elle avait raison, et elle ne peut empêcher un sourire fier de retrousser ses lèvres) j’ai moi-même choisi les composants du produit. J’espère bien relancer une mode, je trouve les rouflaquettes particulièrement pratiques.  Et élégantes, pour ne rien gâcher. Un point qu'approuve le Lestrange, tout juste avant d'arrêter leur déambulation devant l'entrée du Antico. Nous sommes arrivés. Entrons. »

Elle laisse Arsenius prendre les choses en main, comme il les prend depuis le début de la soirée, appréciant le contact poli de sa main dans son dos, point trop basse, ni trop haute, et la chaise qu'il lui tire avec une politesse excellente. Mrs MacLestrange a bien des défauts, mais il faut dire que pour l'éducation de son aîné, elle n'a pas lésiné ! Arsenius s'installe à sa propre place et bien vite, un serveur vient à leur table, leur proposant un apéritif, tout en déposant les menus devant eux.
Un menu sans prix pour elle, un menu bien plus détaillé pour lui, comme seuls les Italiens ont le don d'encore les faire, surtout dans cette Florence de fantaisie.
Son écoute est distraite, son attention étant prise à admirer la décoration du restaurant et à s'extasier sur l'endroit – et puis cette table à l'écart, comme c'est pratique ! Elle retient tout de même ce qui l'intéresse, dans la liste des propositions du serveur : « Le blanc que vous avez proposé me convient tout à fait. » Un blanc pour débuter la soirée, un verre pour l'apéritif, c'est raisonnable ! De toute façon, sa tolérance à l'alcool est un mythe fondé et éprouvé, au sein de l'Élite, et elle n'a donc pas peur de boire plus que de raison et de mélanger les genres (même si, ce soir, elle va se retenir, ne serait-ce que parce que le mystère est trop épais pour être ignoré, ou alcoolisé). Le serveur prend la commande de son vis-à-vis, toujours dans un anglais impeccable – bien meilleur que celui de l'hôtesse à l'accueil à tout le moins – et les laisse à leur choix.

Le menu est ouvert et la Burke l'inspecte attentivement, commentant pour elle-même. « Je me sens plutôt poisson, ce soir. Il y a un poisson, il me semble... ha, voilà, baccala. Servi avec... oh, peu importe, ce sera sans doute bon. Son regard malicieux se lève du menu, se posant dans celui de l'homme. J'ai déjà hâte au dessert, en fait, pardonne-moi, trop pour penser sérieusement au plat principal. » Son péché, depuis toujours. Elle en est à hésiter sur son plat, encore, quand leur apéritif arrive. Eris ferme son menu et prend sa coupe, la levant légèrement plus bas que son visage, la tendant pour trinquer. « À ce mystérieux rendez-vous ? »


Dernière édition par Eris Burke le Dim 3 Avr 2016 - 6:26, édité 1 fois
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eris & arsenius

Installé, le menu en mains, Arsenius saute directement à la section des spécialités végétariennes, surveillant de temps à autre le serveur qui leur verse du vin. Maniaque, il n’apprécie pas avoir un verre ni trop rempli ni pas assez mais visiblement le serveur a trouvé le bon dosage sous le regard intransigeant du Lestrange. Et puis ce regard, c’est aussi pour l’intimider, pour l’empêcher de glisser ses yeux trop longtemps dans le décolleté d’Eris. Bien sûr, ils ne sont pas ensemble, loin d’être même fiancés, mais Arsenius n’apprécie pas lorsque d’autres hommes malhonnêtes lorgnent sur ses invitées. La possessivité est un crime dont il se repent trois fois par semaine – auprès de ses lapins. Il commande en entrée des endives braisées à l’orange et en plat le gratin végétarien à la florentine. D’habitude, il n’est pas un grand fan des gratins mais celui qu’est servi dans ce restaurant vaut le détour, les herbes et la crème de champignon rendant les légumes d’hiver délicieux. Bien plus appétissant que l’infâme plat que sa mère lui prépare. « Je me sens plutôt poisson, ce soir. Il y a un poisson, il me semble... ha, voilà, baccala. Servi avec... oh, peu importe, ce sera sans doute bon. J'ai déjà hâte au dessert, en fait, pardonne-moi, trop pour penser sérieusement au plat principal. » Il lève son regard du menu pour le poser sur Eris, un sourire en coin étirant son visage. « Je ne peux qu’approuver tes propos, j’ai également hâte de passer au dessert. » Le menu clos, il attrape délicatement son verre et le tend vers elle, avant d’ajouter à son tour : « À ce mystérieux rendez-vous qui n'est plus si mystérieux que ça. » Après avoir trinqué, il en boit une gorgée et dépose son verre sur la table, lorgnant un instant sur les bouchées végétales que le serveur lui a apportées.

« J’apprécie ce restaurant tout particulièrement pour leurs spécialités végétariennes. » Dit-il après avoir découpé en très petits morceaux ses bouchées végétales – elles sont déjà bien petites à la base mais en bon maniaque, il a besoin que tout soit découpé correctement dans son assiette. Sans même mettre quelque chose dans sa bouche. « J’admets que ce n’est pas comparable avec la cuisine de la famille d’Anjou mais c’est très bon tout de même. » Le souvenir de la petite publicité qu’il avait laissée sur son MSN refait surface : publicité ayant reçu des commentaires positifs de la part d’autres azimutés protecteurs des animaux et d’autres plus négatifs sur son art stupide. Il ne peut s’empêcher de jubiler intérieurement face à tant de stupidités – c’est qu’il est particulièrement fier de son pied-de-nez au gouvernement. « Parle-moi de ton travail. Je n’ai eu que de bons retours ces dernières semaines par des amis, je suis très intrigué d’en savoir un peu plus sur Miss Eris Burke. » Ou pas, se dit-il avant de se préparer mentalement à être assailli par un torrent de paroles compréhensibles que par les femmes. Mais si dans un futur proche, Eris devient son épouse, il préfère s’y habituer dès maintenant ou d’envisager une ablation de ses oreilles. Il chasse rapidement ce plan trop drastique, tendant l’oreille vers Eris, la fausse curiosité dans son attitude. Acte 1 : faire parler Eris. Sa mère lui avait fait toute une leçon sur comment séduire les femmes telles qu’Eris et en particulier, à travers la conversation, oh et le sourire. Pas un sourire en coin, non, un vrai sourire. Il l’ajoute aussitôt, en tentant de rendre son sourire le plus naturel possible… et parvient à produire quelque chose de crispé et raté. Espérons qu’Eris ne le remarque pas.
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Aucune attente, évidemment, dans ce restaurant fantoche où tout est préparé en quelques instants. Elle en est bien heureuse ! Elle attaque son entrée – une bruschetta – dès qu'elle est déposée devant elle. « J’apprécie ce restaurant tout particulièrement pour leurs spécialités végétariennes. J’admets que ce n’est pas comparable avec la cuisine de la famille d’Anjou mais c’est très bon tout de même. Différent, disons. La cuisine française est parfois horriblement complexe, alors que celle italienne... simple et délicieuse. » Chacune sa force, n'est-ce pas ? Et au final, il est possible d'apprécier les deux.

« Parle-moi de ton travail. Je n’ai eu que de bons retours ces dernières semaines par des amis, je suis très intrigué d’en savoir un peu plus sur Miss Eris Burke. Vraiment ? » Elle est sincèrement flattée. On lui demande rarement de parler de son travail qui, pourtant, est une réussite indéniable dans sa vie et une source de joie chaque fois renouvelée. Arsenius pourrait difficilement lui faire plus plaisir. La brunette pose la tranche de pain qu'elle comptait manger, reportant la suite de la dédustation à plus tard. « Miss Eris, c'est... tellement important. Il y a tant d'âmes qui ne savent que faire, lorsqu'il est temps de s'adresser à d'autres, de sorcier démunis devant les aléas du cœur. Il faut beaucoup de bon sens, dirais-je, pour donner des conseils, mais surtout de l'écoute et du cœur. De l'empathie. Il faut apprendre à lire entre les lignes et à personnaliser chaque approche, signifier comme chaque demande d'aide est précieuse. Eris prend son verre entre ses doigts, faisant tourner l'alcool en son cœur, le regard brillant. Ça semble futile, pour plusieurs, mais le courrier du cœur, c'est l'amour, l'amitié, la famille, des questions cruciales en ces temps mouvementés. Parfois, simplement une oreille pour quelqu'un qui n'a personne pour le soutenir. »

C'est qu'il y a bien plus que la superficialité, chez Eris. Il y a le cœur, également.

Elle reprend la tranche de pain généreusement garnie de tomates, sans pourtant la manger. « La seule chose difficile – et c'est plutôt heureux, comme difficulté – est de voir tous ces sorciers se marier, alors que je reste désespérément célibataire. Nyssandra en est déjà à son troisième fiancé. Le frère d'Arsenius, d'ailleurs, comme son léger soupir peut le laisser deviner (la mésentente entre Eris et Aramis n'est pas un secret). Une gorgée de vin, un sourire, un rire même. Je commence à croire que je suis le problème. » Alors que non. Pas du tout. Comment penser qu'elle puisse être le problème ? Elle est belle, après tout, de sang pur, bien nantie, d'une famille qui n'a certainement le charme glamour d'autres, mais qui a une réputation solide et stable au sein de l'élite sorcière. Puis, elle est indépendante, travailleuse, drôle et une excellente préparatrice de cocktails. Et elle a de beaux cheveux. Eris croit sincèrement qu'elle a tout pour elle. Sauf un fiancé, de par le fait. Ce qui s'avère parfois fâcheux.

Elle recommence à manger après ce monologue passionné (elle l'est toujours, quand il est question d'amour), appréciant sincèrement le pain craquant, la saveur d'ail (heureusement que ce n'est pas un rendez-vous galant – elle ira rafraîchir son haleine après, au besoin) et de tomates, avec juste ce qu'il faut de basilic. « À quand ta prochaine exposition ? J'ai beaucoup aimé ta série Pommes de pin, comme tout le monde sans doute, et j'étais bien évidemment aux premières loges de Pattes et carottes. J'attends impatiemment de pouvoir contempler tes nouvelles œuvres. Il y a une telle sensibilité, en elles... Le serveur revient à eux, remplissant sa coupe de vin. D'ailleurs, s'il te reste une photographie de Pommes de pin à vendre... je serais preneuse. » Un aveu souriant, même si légèrement timide.
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eris & arsenius

« Différent, disons. La cuisine française est parfois horriblement complexe, alors que celle italienne... simple et délicieuse. » Il acquiesce légèrement, se retenant de rebondir sur la critique sur la cuisine française – dont il est un très grand fan – mais il apprécie l’opinion d’Eris. C’est rare de trouver une femme ayant ses propres opinions. C’est tellement décevant de rencontrer des femmes superficielles, toutes semblables, sans saveur, sans nuance. Pour une femme superficielle, Eris sort du lot. Arsenius entendrait presque sa mère lui crier de s’arracher ses stupides idées sexistes de la tête s’il veut courtiser Eris mais… Il suffit qu’il prenne sur lui, qu’il se la boucle et tente de sourire un peu plus et le tour sera joué. Du moins, il l’espère. Et puis finalement, la magie opère : Eris tombe dans le piège. Arsenius ne sait pas s’il doit regretter d’avoir demandé qu’elle lui parle de son métier ou s’il doit regretter ce dîner complètement. Il préfère blâmer sa mère qui lui avait glissé ce conseil avant qu’il ne rejoigne Eris. Et comme il a eu la bonne idée de suivre le conseil de Maman, Arsenius est obligé d’écouter pour ne pas louper une information importante. « Miss Eris, c'est... tellement important. Il y a tant d'âmes qui ne savent que faire, lorsqu'il est temps de s'adresser à d'autres, de sorcier démunis devant les aléas du cœur. De quels aléas du cœur souffrent-ils ? Sont-ils tous cardiaques ? Si c’est le cas, ils devraient consulter un médicomage et non une journaliste. Il faut beaucoup de bon sens, dirais-je, pour donner des conseils, mais surtout de l'écoute et du cœur. De l'empathie. Il faut apprendre à lire entre les lignes et à personnaliser chaque approche, signifier comme chaque demande d'aide est précieuse. Arsenius est persuadé que c’est une fausse profession : un croisement raté entre le journalisme et la psychomagie. Ça semble futile, pour plusieurs, mais le courrier du cœur, c'est l'amour, l'amitié, la famille, des questions cruciales en ces temps mouvementés. Parfois, simplement une oreille pour quelqu'un qui n'a personne pour le soutenir. » Si le médicomage ne les aide pas, ils ont aussi la possibilité de se faire suivre par un psychomage – mais dans quelle dimension se trouve-t-il ? Depuis quand la préoccupation principale des sorciers concerne un organe vital ? L’amour est une connerie qu’on réinvente quand on s’ennuie, ce n’est pas réel. Le mariage est réel : un mariage dans les traditions des sang-purs.

Mais il se garde bien ses pensées acerbes pour lui, acquiesce de temps à autre pour signifier qu’elle a toute son attention. Il est en partie ravi de la voir si passionnée par son métier – qui est plus une occupation, selon Arsenius, qu’autre chose – et de la savoir intelligente malgré ses préjugés. « La seule chose difficile – et c'est plutôt heureux, comme difficulté – est de voir tous ces sorciers se marier, alors que je reste désespérément célibataire. Nyssandra en est déjà à son troisième fiancé. Je commence à croire que je suis le problème. » Bingo. Elle a dévié la conversation précisément là où il voulait : le mariage. Il se retient pourtant de la contredire car bien évidemment elle n’est pas le problème, c’est lui : trop lent, trop sélectif, trop réfléchi. Ça lui a pris plusieurs mois – voire années ? – avant de faire son choix sur Eris, surveillant ses prétendants de loin. Il continue de manger, sans se retenir le sourire satisfait. « À quand ta prochaine exposition ? J'ai beaucoup aimé ta série Pommes de pin, comme tout le monde sans doute, et j'étais bien évidemment aux premières loges de Pattes et carottes. J'attends impatiemment de pouvoir contempler tes nouvelles œuvres. Il y a une telle sensibilité, en elles... D'ailleurs, s'il te reste une photographie de Pommes de pin à vendre... je serais preneuse. » Lorsqu’elle lui parle de son occupation à lui, il ne peut que relever le regard de son plat pour le poser sur elle. Sensibilité ? Par Merlin, de quelle sensibilité parle-t-elle ? Voit-elle autre chose qu’un sapin ou un lapin ? Il la toise discrètement, tentant d’y déceler une trace de mensonge. Peut-être qu’elle se joue de lui. Elle ne peut pas sérieusement trouver ses œuvres sensibles, surtout que tout ce qu’elles crient c’est « je suis plus malin que vous, vous ne m’attraperez pas ». Mais soit. « En effet, j’ai en ma possession deux œuvres non-vendues, si tu le souhaites, après le dîner on pourra passer chez moi pour que tu choisisses laquelle tu préfères ? » Note pour plus tard : ne pas oublier de lui offrir la photographie en cadeau et une promesse qu'il y en aura d'autres. « Pour une prochaine exposition… Je ne suis pas sûr d’y arriver. J’ai envie de fonder une famille d’abord. Mais comme toi, j’ai l’impression d’être le problème. Étrange que l'on se retrouve dans la même situation, n’est-ce pas ? » Absolument pas. Arsenius n’est certainement pas le problème : il a un physique attrayant, a une mémoire eidétique, parle plusieurs langues. Et il a de belles rouflaquettes. C’est le monde qui est problématique, pas lui – pas elle.
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Arsenius peut bien chercher dans son ravissant visage une quelconque moquerie, ou un mensonge : il n'en est rien. Eris rêve depuis déjà longtemps d'afficher une des photographies mélancoliques de la série Pommes de pin sur un des murs de son appartement, mais il faut dire qu'il est rare qu'elle investisse son argent dans autre chose que des vêtements, des vêtements et encore des vêtements. Et de l'alcool, évidemment. Elle est bien au courant de la flemme proverbiale d'Arsenius, ainsi que de son caractère hautain, mais elle a réellement trouvé quelque chose d'envoûtant dans ses photographies. Une sensibilité bien au-delà des airs que se donne le Lestrange. « En effet, j’ai en ma possession deux œuvres non-vendues, si tu le souhaites, après le dîner on pourra passer chez moi pour que tu choisisses laquelle tu préfères ? Oh, absolument ! » Il ne peut la rendre plus heureuse, ce soir ! Ce dîner est une réussite indéniable, mais le clou sera sans aucun doute de partir de l'appartement de son voisin du dessous avec une œuvre.

Le serveur, après avoir rempli leurs coupes, disparaît et vient déposer leurs plats principaux devant eux, les délestant de leurs entrées. Un charme, vraiment, et quelle discrétion ! Tout à fait ce qu'elle apprécie d'un restaurant. « Pour une prochaine exposition… Je ne suis pas sûr d’y arriver. J’ai envie de fonder une famille d’abord. Mais comme toi, j’ai l’impression d’être le problème. Étrange que l'on se retrouve dans la même situation, n’est-ce pas ? Sa gorgée de vin est interrompue : elle ne peut qu'approuver vivement ce que vient de déclarer son compagnon. Étrange ? Inacceptable ! » L'illumination la frappe soudainement et elle s'en redresse sur sa chaise, comme foudroyée. Mais évidemment ! Pourquoi n'y a-t-elle pas pensé plus tôt ? Arsenius a besoin d'elle. Arsenius a besoin de Miss Eris, ce soir, et protocolaire comme il est, il n'a pas su lui demander autrement, ni se faire passer pour un lecteur anonyme du Sorcière Hebdo. Pourquoi lui aurait-il posé des question sur sa vision de l'amour, sinon ? Il veut être certain que ses conseils seront avisés ! Sa voix se fait enthousiaste et elle doit même poser sa coupe sur la table, pour ne pas renverser du vin partout sur la nappe et sa robe au décolleté aussi profond que peu rempli, se désintéressant complètement de l'assiette qui attend uniquement d'être entamée. « Est-ce pour ça que tu voulais me voir, ce soir ? As-tu besoin de conseils ? D'une liste exhaustive des meilleurs partis et de leurs qualités ? Ou as-tu déjà quelqu'un et tu... Arsenius, est-ce que tu as déjà quelqu'un en vue, dis-moi ? Oh, mais bien sûr ! Ça ne peut être que ça ! Il a déjà une dame en vue – il veut fonder une famille, il l'a dit ! – et il ne sait comment l'atteindre, comment lui signifier son galant intérêt ! Oh, le pauvre homme, si désespéré devant les choses de l'amour. Une chance qu'elle est là, par Merlin, pour l'épauler et l'orienter dans le chemin de la vie. La Burke se penche vers lui, entrant dans la confidence déjà, les yeux pétillant de cette nouvelle exclusive qu'elle est peut-être -vraisemblablement- sur le point d'apprendre. Est-ce que je la connais ? »

Bien sûr qu'elle la connaît, elle connaît tout le monde, c'est une question purement rhétorique – jamais, cela dit, elle ira imaginer que l'élue en question est... elle.
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