Hannah ne devrait pas être là, coincée entre les quatre murs du manoir de Lysander Selwyn dès le matin. Quel matin? Elle serait incapable de dire dans quel jour, quel heure elle se situe. La notion du temps commence peu à peu à ne plus exister dans son cerveau de rebute. Dans dix ans, elle sera peut-être convaincue d'être toujours âgée de vingt-et-un ans. Ce n'est pas sans doute ce qu'il y a de pire dans sa vie actuelle. Elle devrait faire une liste des conséquences et choses horribles de sa nouvelle existence et choisir laquelle est la pire. Perdre la notion du temps, le temps qu'elle passe à s'occuper d'elle le matin qui a réduit s'il existe encore, le désespoir qui se creuse en elle, la haine qui bouillonne dans son coeur, son innocence et sa joie perdues, sa solitude, les personnes qu'elle aime et ne reverra jamais, sa servitude à un sorcier de sang-pur. Certaines sont plus horribles que d'autres mais c'est un tout, ce tout qui est en train de la détruire. Elle ne devrait pas être là, c'est peut-être ça le pire. Elle ne s'est pas faite attrapée par un mangemort ou par un rafleur qui l'a pourchassée pendant de longues heures dans une forêt, elle s'est laissée faire, elle a glissé dans ce piège comme une souris appâtée par un bout de fromage et qui ne comprend pas comment elle a pu atterrir dans cette trappe. Elle devrait être elle-ne-sait-où, cachée, en liberté, dans la rébellion, à combattre, pas cloîtrée et quasi-tremblante après de celui qui est devenu son maître. Lysander Selwyn, voir son visage et ses yeux qui lui semblent remplis de cruauté, creuse quelque chose dans le coeur d'Hannah, entre un cri de désespoir et de haine. Elle aimerait enfoncer ses deux pouces dans les yeux du sang-pur jusqu'à ce qu'ils saignent et explosent, lui enlevant la capacité de voir, sans yeux c'est pas facile. Elle ne pourra jamais le faire, ça ne marcherait jamais. A peine qu'elle s'approcherait de lui pour mener son action, qu'il sortirait sa baguette pour calmer ses ardeurs de courage et de vengeance. Malgré tout, Hannah va continuer de planifier des meurtres et des évasions qu'elle ne mettra jamais à exécution, mais elle a l'impression que ses plans sans la moindre signification lui permettent de rester la surface, de rester une insurgée rebelle. A moins que ce ne soit qu'une illusion en laquelle en veut croire de toutes ses forces Elle le hait et le jour de sa mort sera le plus de a vie d'Hannah Peut-être pas, en fait. On la revendra peut-être - même surement - à un autre sorcier, ce qui n'empêche pas qu'elle chérira ce jour, bien qu'en terme de meilleur jour d'une vie, on peut faire mieux. Le servir, ne pas avoir d'autres choix que de se plier à chacun de ses volontés, être son esclave. Il n'y a rien de plus déroutant. Elle se glisse dans la cuisine pour lui servir café, thé ou elle-ne-sait-plus-quoi. A force de mettre le même liquide dans une tasse tous les matins, on ne fait plus attention à ce que c'est. Elle avance en direction de son monstre. Si elle était une jeune fille de vingt-et-un parmi tant d'autres - banale - elle pourrait le trouver beau. S'il l'est, ce n'est que d'une beauté cruelle, froide, glaciale qui n'a - en fait - rien de beau. A quelques pas de son maître, Hannah penche la tasse vers le bas par inadvertance et le liquide qu'elle contenait tombe sur le sol. C'est un acte accidentel. A moins que non, à moins qu'elle l'est fait exprès, à moins qu'elle aime mettre les nerfs de Lysander à vif. « Oups. » Elle baisse la tête. Déjà, pour être certaine de ce qu'elle a fait, qu'elle ne l'a pas imaginé. Elle voit une petite flaque. C'est réel. C'est satisfaisant. Ensuite, aussi, par soumission, pour éviter le regard de Lysander, l'acte et le petit oups n'ont pas dû lui plaire. Elle n'a pas encoré croisé le regard de son tyran. Pourtant elle le sent sur elle, sur son cou. A moins que ce soit l'existence de cette marque en forme de lys - symbole de son esclavage - trônant sur son cou qui l'irrite, la rempli de haine envers Lysander. Parfois, elle pense à prendre un couteau et à découper la l'endroit de sa peau où la marque apparaît. Mais quelque chose lui fait douter que cet acte puisse être une bonne idée. Elle relève la tête et finit par croiser son regard. Pas le genre de regard qu'on a envie de croiser mais Hannah n'est pas faite pour être une soumise. « Il faudra que quelqu'un nettoie ça. » Un elfe de maison serait peut-être ravi de nettoyer la tâche. Hannah a entendu dire qu'ils avaient pris l'habitude de servir et qu'ils avaient fini par aimer ça, ce qui est loin d'être le cas d'Hannah. Lysander aurait dû se prendre un elfe de maison, moins difficile à discipliner. Mais Hannah devrait, tout de même, apprendre à se taire. Un jour, elle va se tuer, Lysander Selwyn va la tuer. Sauf qu'avant ça, elle va lutter, ne pas se laisser marcher dessus, autant qu'elle le peut. Elle le voit mal se baisser et nettoyer lui même les frasques de sa rebute. Ce serait drôle, s'il le faisait. Le seul fait qu'elle n'ai pas nettoyé pourrait être drôle. Ce n'est pas drôle, ça va encore faire mal mais elle préfère prendre des coups que de rester dans un silence soumis.
Lysander doit faire un effort surhumain pour garder son calme, quand cette sotte d’Hannah Abbot renverse le contenu de sa tasse sur le sol. Elle l’a fait exprès, il en est certain. Et plus encore, elle ose le provoquer. A-t-elle conscience de s’adresser à un Selwyn, descendant de Salazar Serpentard, de la royauté, à un sang-pur parmi les plus purs ? Certainement pas. Elle ne doit pas beaucoup tenir à la vie pour le provoquer de la sorte. Hannah lui fait pitié, un peu, pas tous les jours. Quand son regard est voilé par la tristesse et que ses épaules s’affaissent à cause de la lassitude. Mais les jours comme aujourd’hui, il l’exècre et rêve de la frapper jusqu’à ce qu’elle le supplie d’arrêter. La seule chose qui l’en empêche, c’est de se dire que réduire à néant un si beau visage serait du gâchis. Lentement, Lysander se lève de son fauteuil et s’approche d’elle de son pas gracieux de prédateur. Sa cape sombre glisse à ses pieds, tandis que son regard se fait dur, inquisiteur. Constamment vêtu de noir, ses cheveux bruns aux reflets d’or lui donnent un air paradoxalement angélique et monstrueux. Le mal derrière un regard couleur de ciel. Il lève la main vers le visage d’Abbott, serre ses doigts fins autour de sa mâchoire et l’oblige à le regarder. Ses yeux gris caressent la marque dans son cou, qu’il effleure de sa main libre. « Hannah … » murmure-t-il. Son visage est si près du sien qu’il sent son souffle sur ses lèvres. Ses prunelles céruléennes s’ancrent dans les siennes, alors qu’il continue : « As-tu donc si peu de considération pour ta propre vie ? » L’étau se resserre autour de sa mâchoire, son regard s’assombrit encore. « Tu vas nettoyer ça au plus vite, et me faire le plaisir de ne plus jamais recommencer. » Sa main cesse de caresser la peau marquée de son cou pour se perdre dans la cascade de ses cheveux blonds, dont il s’empare avec violence pour basculer sa tête en arrière. « Est-ce que tu as oublié à qui tu avais à faire ? Tu n’es rien, Hannah Abbott. Tu auras pu passer ta vie à Azkhaban, mais JE t’ai sauvé de cet enfer. Tu me dois le respect et l’obéissance. Alors sois une gentille fille, dépêche-toi de nettoyer. Et apporte-moi une autre tasse. » siffle-t-il en la relâchant avec rage. Lysander tourne les talons pour retourner s’asseoir dans son fauteuil, sur lequel il a abandonné la Gazette du Sorcier. Chaque jour, le schéma se répète : elle lui apporte à boire alors qu’il lit les nouvelles du jour. Un moment intime et simple, tant qu’elle est sage. Il ne saurait dire si elle l’est de plus en plus ou de moins en moins. Quelle erreur monumentale que de l’avoir achetée ! Néanmoins, Lysander prend un plaisir certain à essayer de la dresser. Le jeune homme est bien décidé à faire ce qu’il faut pour qu’elle devienne la rebute dont tout le monde rêverait. Le challenge est excitant, bien plus encore quand leurs yeux se croisent et qu’il lit dans ses prunelles la froideur et la haine, et surtout la peur. Lys espère y lire un jour la dévotion et l’admiration. La frapper n’est pas le plus grand de ses plaisirs. Il n’aime d’ailleurs pas faire le mal, physiquement. Ce n’est pas dans sa nature ; il ressemble davantage à sa mère qu’à son père. L’art des mots aiguise les maux, c’est bien là l’arme que Lysander apprécie au-delà de tout le reste. Ecorcher une âme, piétiner un cœur. Voir l’étincelle de rébellion et d’espoir s’éteindre dans un regard. Pourtant, la violence fait aujourd’hui partie de son quotidien. Hannah le pousse à devenir comme son père. Elle le pousse dans ses retranchements, à ressembler à cet homme régi par ses instincts bestiaux, primitifs. Finie la diplomatie, son corps parle pour lui. Quand sa main s’abat sur sa joue, il a envie de plus. De beaucoup plus. D’être certain qu’elle souffre de ses propres erreurs, que sa considération d’elle-même choit plus bas que terre. Et Lysander la déteste pour cela. Il faut que cela cesse. Qu’elle devienne obéissante. Qu’ensemble, ils trouvent l’équilibre parfait entre un maître et sa rebute. « Ne sois pas en colère, Hannah … Qu’y a-t-il de mal à être utile à quelqu’un ? Tu devrais être heureuse de ta condition de rebute … Ainsi, tu sers à quelque chose. » ajoute-t-il de sa voix éternellement douce. Lysander a cette noblesse qu’ont les grands hommes, cette froideur et cette pudeur qui sied à ceux qui veulent garder une image à la fois mystérieuse et parfaite dans un monde où plus rien ne l’est. Être un Selwyn est un don et une malédiction. Être un Selwyn implique d’être meilleur que les autres, meilleur que ses ancêtres, meilleur que ses frères. D’écrire son nom dans l’Histoire pour qu’un jour, ils retrouvent leur grandeur d’antan et accèdent aux plus hautes sphères du pouvoir. En tant qu’héritier principal des Selwyn, Lysander ne peut pas faire honte à son père comme il l’a fait par le passé. Et il ne peut pas laisser Hannah briser cette carapace idéale d’homme parfait qu’il s’évertue de maintenir en place. Il ne supporterait pas de voir la déception briller dans les yeux de son géniteur. Qu’il lui fasse mal, comme lorsqu’il le frappait sans retenue, dix-neuf ans plus tôt. Ses yeux ne se détournent pas de la jeune femme, pour s’assurer qu’elle remplit correctement la tâche qui lui incombe, prêt à lui faire regretter la moindre tentative d’insubordination. Cette relation est malsaine, dérangeante ; ils se brûleront les ailes avant que l’un d’eux touche terre. Les jours sont comptés, les minutes dangereuses. Comme deux bêtes sauvages prises aux pièges dans les filets d’un chasseur, qui ne seront libérées que lorsque l’une d’elle tombera, libérant l’autre de son poids infernal et détestable.
Dès qu'elle a fait le choix de renverser cette maudite tasse, Hannah a su que Lysander la punirait, la blesserait et l'humilierait, comme il pouvait lui arriver de le faire. Mais ne fois qu'elle fut renversée, Hannah eut envie de s’élever et d'oublier sa pathétique condition. Dès que le regard de l'héritier des Selwyn se pose sur la rebute et qu'il pense à se lever pour s'en prendre à elle, Hannah commence à reculer de quelques pas, comme si elle avait la moindre chance de s'en sortir contre lui. Elle n'a aucune chance de s'en sortir. Son dos n'a pas le temps de toucher le mur qu'il lui attrape la mâchoire avec ses longues mains froides. Hannah n'aime pas comment il la tient, comment leurs visages sont si près, comment il passe une main sur la marque de l'inférieure mais elle préfère que ses doigt se serre sur sa mâchoire que sur sa gorge. Malgré les apparences, Hannah tient à la vie, elle veut lui survivre pour pouvoir se venger. Elle se débat, un peu, contre Lysander. Hannah ne se sent pas aussi forte aussi forte et sauvage qu'autrefois. Parfois, elle est fatiguée de se battre pour une cause qui semble l'avoir oubliée mais elle doit tenir, elle le doit, pas pour les insurgés encore en liberté, pas pour ses - anciens - amis, pas même pour Neville mais pour elle. C'est tout ce qu'il lui reste d'elle, de la Hannah qu'elle a été, la lutte. Alors, elle se débat, si faiblement et pathétiquement que Lysander doit en jouir. Le processus est en route. Un jour ou l'autre, Hannah n'aura plus la force de se battre, et elle a l'audace d'espérer que lorsque ce jour viendra, elle ne sera plus rebute, même si une partie d'elle sait que c'est impossible. Et puis, pendant un instant, un petit, un minuscule instant, elle revoit le visage de Neville, l'aimant passant une douce main dans les cheveux de la jolie blonde. Sauf qu'à la seconde d'après, Hannah se réveiller de ce - trop - court rêve, sentant que sa tête est poussée vers l'arrière, Lysander tirant brutalement sur sa chevelure. Elle a failli tomber mais elle s'est retenue sur ses deux pieds, comme elle se retient pour ne pas montrer sa faiblesse. Lysander Selwyn se comporte avec moins de brutalité quand elle se sent comme une petite chose fragile, détruite par la violence et la cruauté du monde dont elle fait partie. Elle ne veut pas de la pitié de son maître. Si elle lui fait pitié lorsqu'elle a l'air d'être l'ombre d'une ombre, c'est uniquement par sa faute. Elle va chercher un torchon, suivant les ordres, il ne faut jamais pousser trop loin l'insoumission, suffisamment loin pour faire naître un agacement chez son maître mais pas assez pour se faire tuer par ce dernier. Elle s'agenouille et commence à frotter, comme l'esclave qu'elle est. La tâche colle. Hannah aurait dû se débrouiller pour faire tomber quelque chose qui ne soit pas irritant à nettoyer. « Vous m'avez sauvé d'un enfer pour m'emmener dans une autre. Quel héroïsme! » Elle n'est pas restée très longtemps à Azkaban. La famille Abbot, sa famille, ceux qui l'ont capturée l'en ont fait sortir assez rapidement pour que d'une certaine manière, elle serve ce gouvernement. On attend d'Hannah qu'elle soit reconnaissante alors qu'elle ne le leur pardonnera jamais. Mais ça ne signifie pas qu'elle a oublié ce qu'était Azkaban et ne souhaiterait jamais y retourner. Sa situation est désespérée. Être enfermée à vie à Azkaban ou être la rebute à vie de Lysander sont les deux seuls choix de vies qu'on lui a laissée. Deux enfers, pour simplifier. Les yeux brûlés par la colère, elle ne cessera jamais de la haïr, elle n'est pas dressable. A entendre son maître, elle ne sait s'il faut rire ou pleurer, avec ses principes de mangemort qui croit que tout rôle est bon tant que - lui - reste un mangemort. Si Hannah imaginait que sa vie devait avoir un sens, qu'elle devait servir à quelque chose, elle n'aurait jamais ou pensé qu'elle se retrouverai à servir les moindres désirs d'un sorcier, à être son esclave. Il n'y a rien de pire - sauf peut-être Azkaban - que la situation de rebute. Lysander ne sait pas - il semble qu'il ne saura jamais - ce que ça peut être. Même si Hannah ne se rebellerait plus, que Lysander ne serait plus violent envers elle, elle devrait vivre avec l'humiliation de s'être fait dompter et de s'être soumise, ce qui - ça - lui donnerait envie de mourir. « Je ne voulais pas être utile de cette manière. » Qui le voudrait? Ysolde et Tiger en rebuts soumis semblent l'être. Ils ne sont peut-être pas les seuls. Hannah ne les comprendra jamais. Il lui arrive de rester silencieuse, d'avoir l'air soumise, brisée et détruite mais, au fond d'elle, Hannah ne cesse jamais de faire hurler sa rage. Il faut simplement qu'elle trouve le courage suffisant pour la hurler à haute voix, à chaque instant, à Lysander. Mais courageuse, jamais elle ne l'a été. Pourtant, ne voyant pas ce qui pourrait lui arriver de plus, des bouffées de courage peuvent arriver jusqu'à elle. « J’espérais être utile en liberté, en combattant des mangemorts, comme vous. » A-t-elle si peu de considération pour sa propre-vie? Elle se pose cette question, souvent, sans jamais être capable de déterminer la réponse. Elle va peut-être trop loin, c'est plus fort qu'elle. Toujours agenouillée, elle n'est pas allée chercher une autre tasse à Lysander. Elle n'en a pas - pas vraiment - l'intention. Elle veut continuer à lutter.
Lysander lâche un rire amusé quand Hannah déclare qu'elle préférerait être utile autrement. Sait-elle qu'il est dangereux d'ouvrir son cœur à son bourreau ? Que ça lui donne davantage encore l'occasion de la détruire ? Anéantir ses rêves et ses espoirs pour mieux l'achever elle, voilà ce qu'il compte faire. Pauvre biche prise au piège, elle lui donne mal au cœur. Lui aussi a des rêves, des espoirs. Il ne comprend que trop bien ce qu'elle peut ressentir, et c'est bien là le pire dans cette histoire. Mais Lysander ne traitera jamais Hannah comme une personne banale, et encore moins comme son égale : elle est et restera son esclave tant qu'il le décidera. Tout juste bonne à obéir à ses ordres – quand elle ne se rebelle pas – et le faire passer avant tout le reste. En d'autres circonstances, l'héritier Selwyn pourrait considérer la relation d'un maître et son rebut érotique. Tant que ça n'implique pas cette fille aux yeux trop bleus et son tempérament insupportablement brise-nerf. « Combattre les Mangemorts n'a d'autre intérêt que perdre la vie trop jeune. Est-ce vraiment ce que tu veux, Hannah Abbott ? Il semblerait que tu aies un attrait malsain pour les situations qui te mettent en danger. » constate Lysander en la regardant frotter le sol avec une indifférence presque insultante. Avant de devenir une fugitive, puis une rebute, elle avait tout pour être heureuse, puisqu'elle venait d'une famille de sang-pur. Lysander a d'ailleurs beaucoup de respect (ou peut-être pas) pour son frère, grâce à qui Hannah a été capturée. « Beaucoup de choses m'échappent, chez toi. Comment une sang-pur dans ton genre a-t-elle pu tomber aussi bas ? C'est une insulte à la nature même des sorciers. Il fallait réfléchir avant de te comporter comme une idiote persuadée qu'elle pouvait sauver le monde du haut de ses vingt-et-un ans. » Le ton de sa voix est calme, presque doux. Lysander a cette déconcertante facilité de balancer un tas d'horreurs comme s'il était en train de raconter une histoire à un enfant. Pas besoin de se montrer agressif, les mots eux-mêmes font assez mal comme ça. Il passe sa main dans ses cheveux et soupire, baissant brièvement les yeux vers le journal qu'il tient entre ses mains. Les noms de ceux qui sont devenus des ennemis publics couvrent une page entière ; Hannah pourrait être parmi eux. Mourir du jour au lendemain, ou pire. Mais non, elle a un toit, une sécurité garantie, et elle continue de se comporter comme une ingrate. Que lui faut-il de plus ? Qu'attend-t-elle pour lui apporter ce qu'il lui a demandé ? Lysander relève ses yeux gris des pages du quotidien pour la regarder elle. « Hannah, ma belle, ne m'oblige pas à te répéter d'aller me chercher cette foutue boisson parce que la prochaine fois, je ne suis pas certain de me montrer aussi patient et compréhensif avec toi. » Imperceptiblement, le jeune Selwyn fait tourner sa baguette d'orme entre ses doigts, montrant ainsi qu'il est prêt à s'en servir si cela devient nécessaire. Bien loin de lui l'envie de lui lancer un sortilège d'impero, il en sera pourtant obligé si Hannah ne coopère pas, car il n'a nullement envie de se déplacer et lui offrir cette victoire. Jamais Hannah ne sera victorieuse face à lui, Lysander en fait le serment. « Il n'y a aucun mal à être rebut, regarde ma chère … cousine, Ysolde Yaxley. Elle est parfaitement heureuse de sa condition et Siwan Ollivander le lui rend bien. Moi aussi, je pourrais être plus … Avenant, avec toi. » Il esquisse un sourire oscillant entre le mystère et la provocation. Ces paroles ne changeront guère l'état d'esprit de la jeune femme, sa cousine Ysolde est une exception. Lys la méprise, comme tous les autres, et peut-être plus encore parce qu'elle partage son sang. Pourtant, il la respecte pour le don qu'elle fait d'elle-même à Siwan, et pour sa docilité. C'est une façon maligne de protéger sa vie, tout le contraire de ce que fait Hannah avec lui. Il replie lentement le journal qu'il pose à côté de lui, sur l'accoudoir du fauteuil. Ses prunelles bleutées ne quittent pas la demoiselle, à genoux devant lui. Voilà exactement où est sa place : plus bas que terre, soumise à sa volonté. C'est comme ça qu'il arrive – non sans difficulté – à l'apprécier. La fleur de lys dans son cou lui arrache un frisson de satisfaction. Toute sa vie elle devra afficher son appartenance à la famille Selwyn, assumer le fruit de ses erreurs, ne brillant plus que par le prestige de celui qui a bien voulu d'une fille comme elle comme esclave. S'attirer la reconnaissance de cette dernière risque d'être aussi difficile que de la dompter, voire impossible. Elle ne comprend pas, l'imbécile, que vivre chez lui est la manière la plus sûre de survivre en ce monde par les temps qui courent. Qu'il lui apporte protection à sa manière et que personne à part lui, et peut-être son père ou Yselia quand cette dernière sera devenue sa femme, n'a le droit de l'affecter physiquement ou mentalement. Hannah ne pourrait pas rêver meilleure cachette. Vouloir se battre contre le gouvernement ne la fera que courir à sa perte, voir les siens tomber et tomber à son tour. Ah cette fille, elle l'amuse et elle le dégoûte. Lysander esquisse une moue lasse, fatigué de devoir se battre contre elle et ses pulsions autodestructrices.
rise and fall + Sometimes in life you feel the fight is over. And it seems as though the writings on the wall. Superstar you finally made it. But once your picture becomes tainted. It's what they call. The rise and fall ~ MONSTER.
Hannah anciennement fille adorable, désormais rebute insupportable. Elle est devenue une sale malédiction pour Lysander, une malédiction qu'il a choisi. Mais elle n'a pas toujours été ainsi. Parfois, il lui arrive de se souvenir et de regretter l'époque où elle était cette douce jeune fille qui ne détestait jamais personne. Cette Hannah-là n'existe plus, et ce, depuis qu'elle s'est rendue compte qu'aimer ne lui serait pas toujours favorable, loin de là. Son frère. Elle l'a aimé. Il a été celui qui a commencé la destruction de la jeune blonde, Lysander - lui - l'a poursuivie sans le moindre remords. Il n'a jamais essayé de la comprendre, de chercher pourquoi Hannah se rebellait aussi ardemment. Ce n'est pas son devoir, ce n'est pas ce qu'on attend de lui alors Lysander Selwyn n'a jamais vu Hannah Abbot comme autre chose qu'une stupide gamine énervante et elle, elle ne l'a jamais vu autrement que comme l'homme cruel et violent à qui elle fait face chaque jour de sa nouvelle vie car il ne lui a jamais montré un autre visage que celui-ci et que rien n'aurait pu faire croire à la rebute qu'il puisse en exister un autre. Elle le hait. Plus que personne d'autre. Il n'est peut-être pas le tout premier coupable à sa condition mais ça ne l'a pas dérangé le moins du monde de l'acheter comme du bétail et c'est à lui qu'elle se doit d'être confronté, personne d'autre. Elle le hait et ne lui appartiendra jamais véritablement, elle l'espère. Et s'il faut faire tomber la boisson matinale de son maître pour le lui montrer, elle n'hésitera même si Hannah sait que cette simple boisson peut lui coûter cher. Mais c'est un sacrifice qu'elle est prête à faire pour combattre le mangemort qu'est son maître. Il aimerait qu'elle se laisse faire, qu'elle ne veuille plus combattre les mangemorts. Mais n'est-ce pas à cause de ça qu'elle s'est retrouvée rebute, pour avoir cherchée à combattre les mangemorts? Elle ne peut pas abandonner, ça lui est impossible. Pour Susan. Pour Ernie. Pour Professeur. Pour tous les insurgés. Pour Neville. Elle veut se battre, pour eux, ou pour elle. « Il me semble que je l'ai déjà perdue, mon maître, trop jeune. » La vie d'Hannah s'est arrêtée le jour où Lysander l'a achetée. Et le jour où Hannah n'aura plus un attrait malsain pour les situations qui la mettent en danger, ce sera le jour où elle aura abandonnée, où elle n'aura plus la force de combattre Lysander, où elle lui appartiendra pour de bon. Ca ne peut pas arriver, jamais, elle ne le veut pas. Peut-être vaut-il mieux perdre réellement la vie trop jeune qu'atteindre un stade de servitude totale. Hannah et son insulte à la nature des sorciers. Hannah ne s'est jamais occupée de la foutue pureté de son sang. On ne lui a jamais dit de le faire. Et puis, du jour au lendemain - au retour du seigneur des ténèbres - ses parents affirmaient qu'il n'y avait rien de plus important que le sang-pur de leur famille. Lâches! Elle ne l'a pas dit, à l'époque, peut-être même pas pensé mais aujourd'hui, c'est le premier mot qui lui vient à l'esprit pour décrire sa famille. Lâches! Et elle, alors? Vaut-elle mieux qu'eux? N'est-elle pas cette gamine qui a voulu sauver le monde, pour reprendre les mots de son bien aimé maître? Naïve! Naïve! Naïve! Elle pourait passer toute une vie à se cracher ce mot en pleine figure, comme celui-lui qu'il lui a tout pris. Il y a mieux à faire. Peut-être. Elle n'arrive pas toujours à différencier le mieux du pire. « Je ne voulais pas sauver le monde, maître. Je voulais sauver mon monde. Ce monde joyeux de la gamine idiote que j'étais, je voulais essayer de le sauver. Je n'aurais jamais pu faire partie de votre monde de terreur, même si je l'avais voulu. » Mais elle ne l'a jamais voulu. Elle n'était pas faite pour vivre dans ce monde. En tant qu'insurgée, elle s'en sortait, restant la même, auprès de Neville qui ne la reconnaîtrait plus, sa Hannah, s'il la reverrait. Et puis, la petite Hannah trop naïve s'est faite attrapée par son frère. Et, il a signé l'arrêt de mort de la Hannah de Poudlard. Ma belle. Réjouie de savoir que le Cendrillon moderne qu'elle est devenue satisfait les yeux de Lysander, qui est - par conséquent - la méchante belle-mère du conte, à moins qu'il soit une des affreuses demi-sœur. Rien de bon pour lui et sa réputation. A méditer. Après cette réflexion, le regard d'Hannah tombe sur sa baguette, à lui. La rebute n'a pas tenu de baguette depuis bien longtemps, elle n'est pas certaine qu'elle saurait, se rappellerait comment s'en servir si on lui remettait une entre les doigts, ce que Lysander n'est pas prêt de faire. Alors, elle a peur, vraiment, Hannah. Lysander lui fait peur, toujours mais elle persiste à le cacher et à ne pas se l'avouer à elle-même. Elle recule. D'un, deux, trois pas. Elle se sent trembler, presque craquer. La baguette ne la met pas en confiance. Parfois, elle n'a plus envie de se battre contre lui, mais elle n'en a jamais envie. C'est simplement une question de principe. Elle ne veut pas lui donner ce plaisir. Elle aimerait simplement lui faire Pitié! Ne me faîtes pas de mal! et espérer qu'il prenne pitié d'elle et se montre clément mais Hannah ne compte pas trop dessus. Alors, elle puise la force et la haine qu'elle peut trouver en elle. De la force, c'est un miracle qu'elle puisse encore s'en procurer. De la haine, elle n'a plus que ça. « Lysander, mon... » beau qu'elle pensait avoir la force de dire jusqu'à e quelque chose coince. Elle ne prononce jamais son nom, jamais. Pourtant, là, elle l'a dit, jouant au jeu dangereux de l'insoumission. Idiote! Lysander est son Voldemort, désormais. Il n'a jamais instauré disant qu'elle ne peut se permettre de former son nom, à voit haute, en sa présence. Pourtant, elle ne l'a jamais fait, se contentant de l'appeler maître, mon maître, elle ne l'a même jamais tutoyé. Quant-à Lysander, il l'appelle par son prénom, la tutoie. Il lui est supérieur. Elle le sait. Dans le cas contraire, elle aurait continué sa phrase, sans faiblesse. La soumission, cette chose affreuse qui lui tourne autour et qui attend qu'elle cède. Elle se relève, n'aimant pas vraiment être à genoux de cette manière puis disparaît, peut-être face à la soumission, presque obéissante, à préparer cette saleté de boisson, cinq, dix, une éternité de minutes. Puis, elle est de retour, face à son maître, à seulement quelques pas de lui. Sa boisson lui brûle les doigt. Elle pourrait la poser sagement sur la table comme la rêve Lysander mais Hannah l'insoumise l'habite toujours, suggérant qu'en préparant sa boisson, elle a atteint un stade d’obéissance suffisant pour qu'il puisse ranger sa baguette sans blesser sa rebute. Elle aimerait rejouer la même scène, refaire tomber accidentellement la tasse par terre en s'écriant oups avec innocence. Pas certain que c'est quelque chose qui plairait beaucoup à Lysander. « Si vous me permettez une remarque maître, vous êtes plutôt dépendant de moi. Je suis certaine que vous ne seriez pas capable de vous préparer cette fameuse boisson par vous-même. Ce n'est pas bon pour un sorcier de votre rang et de votre âge, d'être dépendant d'une petite traître à son sang comme moi. Vous ne croyez pas? » Elle est comme ça, Hannah. Si pendant un instant - même extrêmement court - elle se montre faible, ensuite, elle devra avoir l'air forte, maligne, voire supérieure même si elle ne l'est jamais comparé à son monstre. Elle rit, à l'idée d'un Lysander avenant. Un rire nerveux, étouffant, qui lui brûle les entrailles et doit bien faire jouir Lysander tant il est ridicule. Hannah aime bien Ysolde, elle est son amie, elle apprécie leurs échanges postales mais elle ne souhaite pas adopter le même comportement que cette dernière. Lysander la méprise probablement plus que ce qu'il veut montrer à sa blonde. Une cousine rebute, il a des meilleurs éléments dans sa famille, à commencer par son pas très charmant paternel. « C'est réellement ce que vous pensez? Vous croyez que si je posais le genou à terre, que si je vous appelais votre altesse, que si je devenais totalement soumise, vous serez plus...avenant? Vous vous trompez. Vous êtes un homme violent et ce n'est pas une éventuelle servitude de ma part qui y changera quoique ce soit. » Hannah la rebelle prend du poil de la bête. et ne lâche pas la boisson des mains. Ce n'est qu'une boisson. Comment peut-elle être l'objet d'une rébellion ou des futures souffrances que Lysander peut faire subir à Hannah? L'idée de devoir la lui servir, de devoir la servir tout simplement la dégoutte, lui donne envie de vomir.
Lysander écoute Hannah sans l'interrompre. C'est peut-être la première fois depuis qu'il l'a achetée qu'ils ont un semblant de conversation. Et même si ça ne mènera à rien d'autre qu'une nouvelle mésentente, fatalement, ça a un côté plutôt agréable. Même si son impression qu'elle est idiote se confirme réellement : pourquoi se confie-t-elle ainsi à lui en sachant qu'il s'en servira contre elle ? Ceux qui se considèrent comme les « gentils » de cette guerre ne sont qu'un ramassis de naïfs qui croient encore qu'avec quelques mots d'amour, le monde peut être sauvé. Lysander est agacé mais n'en montre rien ; sa main serre sa baguette avec plus de force. « Lysander, mon... » Il se fige, Hannah aussi. Depuis quand se permet-elle de prononcer son prénom ? Il profite de son absence dans la pièce et du silence retrouvé pour se demander si oui ou non il apprécie qu'elle l'appelle par son nom, et pas « maître ». N'y voit-il pas là une certain forme de … Rapprochement ? Pas que l'héritier Selwyn ait clairement envie de se rapprocher de cette moins que rien, mais avec un peu de chance, la demoiselle gagne confiance en lui, à moins que ce ne soit qu'une preuve de plus de son insoumission. La faire disparaître serait sans doute la meilleure chose à faire. Ce serait une affaire réglée, et Lys ferait une croix sur les rebuts, à moins d'en trouver un aussi docile que l'absurde créature que son père a acheté. Il n'a pas davantage de temps pour se poser la question de quoi faire pour régler une bonne fois pour toute cette situation qu'Hannah revient vers lui avec la boisson. Enfin! a-t-il envie de crier en la secouant, mais il se contente de l'écouter une fois de plus avec calme incroyable. N'est-ce pas là une preuve de sa bienveillance, à laquelle la jeune femme ne semble pas croire ? En voyant qu'elle ne lui tend pas sa boisson, Lysander se lève une nouvelle fois, avec souplesse, avant d'ôter sa cape qu'il laisse choir sur le dossier du fauteuil. Puis il se tourne vers elle et s'approche lentement, de son éternel pas de prédateur. Ses doigts courent sur le poignet de la jeune femme avec lenteur, alors que son regard plonge dans le sien. « Hannah … » sussure-t-il au moment où ses doigts se referment sur la tasse qu'elle tient fermement dans sa main. Il lui arrache sans se départir de son apparente douceur, qui le caractérise si bien ; tout chez Lysander est toujours doux, élégant, bien différent de la façon dont la rebute le voit, et surtout le pousse à être. « Ton arrogance n'a pas lieu d'être. » souffle-t-il en portant la tasse à ses lèvres, sans la lâcher des yeux. Il boit lentement, par pure provocation. Lys sait qu'Hannah ne partira pas, et ne détournera pas le regard. Elle déteste abdiquer, reconnaître son infériorité. Quelque part, le jeune Selwyn apprécie cette mentalité. Parce qu'il est pareil. Mais elle n'est qu'une sale rebute, une esclave, et elle doit accomplir la tâche qui est sienne. Si elle voulait regarder les gens dans les yeux, il fallait qu'elle coopère. Elle a choisi le camp des perdants, et maintenant elle doit assumer. Finalement, Lysander continue : « Te crois-tu si indispensable à ma vie ? Comment penses-tu que j'aie vécu, avant de t'acheter ? Tu n'es qu'un jouet, un pantin, Hannah Abbot. Le mien, et celui de tes idéaux stupides qui te conduiront à ta perte. » Le prédateur tourne autour de sa proie, entortille une mèche de cheveux autour de son doigt tandis qu'il se colle à son dos et approche ses lèvres de son oreille. « Tu te penses irremplaçable, mais tout le monde l'est. Surtout les femmes. » Discours typiquement machiste d'un homme qui ne l'est pas. C'est seulement un constat affligeant sur leur société : son père n'a-t-il pas dit qu'il est courant de tromper son épouse, quand l'on vient d'une famille de sang-pur ? Un rebut n'est-il pas qu'un objet que l'on peut changer quand on se lasse du précédent ? Lys n'est pas comme ça. Il ne veut pas tromper sa femme, et pas remplacer sa rebute. Mais le fait est qu'on n'a pas toujours le choix, et la jeune femme ne semble pas le comprendre. « Tu sais, Hannah … Je suis profondément blessé que tu n'arrives pas à voir en moi le gamin idiot que j'étais. Moi aussi j'ai parcouru les couloirs de Poudlard en riant, j'ai eu des moments de doute et de joie, j'ai été amoureux, j'ai pleuré, j'ai détesté le monde entier. Est-il si difficile à concevoir qu'un Mangemort puisse être un être humain comme les autres ? Il faut faire des sacrifices pour devenir quelqu'un, et les Ténèbres ne sont pas le pire d'entre eux. » Lysander écarte quelques mèches de cheveux blonds de son cou, à l'endroit où le tatouage du Lys royal strie sa peau pâle. Il le parcourt de ses doigts sensuellement, conclue dans un murmure : « Un lien qui unit un maître et son rebut est fort, Hannah Abbot. Je suis prêt à te protéger, à te traiter correctement, à te donner une vie décente. Je ne demande pas que tu te traînes à genoux devant moi et m'appelle Votre altesse, même si cette perspective a quelque chose de jouissif. Non, tout ce que je veux, c'est que tu deviennes irremplaçable. Que tu cesses de désobéir, de me prendre pour le monstre que je ne suis pas. Non, je ne suis pas violent, Tu me pousses à l'être. Je déteste tuer, je déteste faire souffrir, je déteste le sang. Mais tes provocations me rendent fou. Tu comprends n'est-ce pas, Hannah ? Il n'y a aucune raison que je lève la main sur toi si tu ne m'y pousses pas. Je veux pouvoir compter sur toi. Que tu te rendes utile, et redore un peu ton nom que tu as largement sali. » Ses lèvres quittent son oreille pour glisser le long de sa mâchoire, sans jamais toucher sa peau. Elles en dessinent l'arrête, trouvent refuge dans son cou quelques secondes durant. Il s'enivre de sa fragrance, s'amuse de son cœur qui bat trop vite, sans doute à cause de la peur ou du dégoût. Puis Lysander s'éloigne comme si de rien n'était pour terminer sa boisson qui commence déjà à tiédir. Il fait quelques pas dans la pièce, le regard perdu dans le tableau au dessus de la cheminée. Un ancêtre de la famille dit-on, vêtu de vêtements nobles, dont les yeux sont semblables à bien des Selwyn : d'un bleu glacial, profond, intense, dur. Lys prend appui contre la cheminée éteinte, termine sa boisson, croise les bras sur son torse. Il lève les yeux vers Hannah et esquisse un sourire amusé : « Par ailleurs, je t'autoriserai à m'appeler Lysander le jour où tu cesseras de te rebeller et de me tenir tête. En attendant, ma douce Hannah, permet toi une telle familiarité une fois encore et je te coupe la langue. » Son sourire s'élargit, angélique, contrastant trop largement avec ses propos. Enfant aux reflets d'or, aux yeux gris-bleu, fine barbe sur les joues et cheveux en bataille, dans sa tenue entière noire, entièrement sombre, entièrement Mangemort. Lysander était beau, quand il était à Poudlard. Encore vêtu de couleurs, sourire constant aux lèvres, son rire s'élevant dans les couloirs de ce qui fut sa véritable maison. Au bras des filles, sur un balai, perché au dessus d'un chaudron. Il l'est encore, malgré le sang qui tâche ses mains, malgré sa haine féroce envers ce monde et envers lui-même, et surtout envers Hannah Abbot. Sa beauté est froide, fatiguée, désespérée. Pet-être parce qu'il l'est lui-même.
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Dès que les lettres L à R du prénom Lysander passent les lèvres d'Hannah, cette dernière sait que les événements à suivre ne prendront pas de bonne tournure. En aucun cas, ils ne l'auraient pu. Mais avoir eu l'audace de prononcer ce prénom est l'erreur qu'elle risque de regretter. Elle tente de faire comme si de rien était, espérant que Lysander oublie l'erreur commise par sa rebute. Il n'oubliera pas ou ne fera pas semblant. Lysander ne doit rien à Hannah, ni la protection, ni la vie sauve, juste la terreur et la souffrance. Rien d'autres. Elle va le regretter, elle le sait même si la rebute ignore exactement quel sera le prix de son insolence, ce qui ne devrait pas durer. Il va la battre, surement, ou pire, il lui a déjà fait pire. Elle reste immobile, ne tremble pas, ne laisse rien paraître quand il avance à grandes enjambées envers elle. Les doigts de Lysander se referment près de ceux d'Hannah, autour du même objet. La rebute baisse les yeux puis les redresse aussitôt. La boisson. Elle maintient sa prise, elle ne veut pas lâcher prise. Une fille de la corpulence d'Hannah n'a aucune chance contre la force d'un homme comme Lysander. Il finit par obtenir ce qu'il désire, sa foutue boisson. Elle le regarde boire, lentement, apparemment satisfait d'avoir le dessus sur une esclave. Son père lui donnera peut-être une médaille pour cet exploit. Il la provoque comme il lui arrive, à elle, de le faire souvent mais leurs rangs sont trop différents pour que qui que ce soit les croient égaux. Hannah ne dit rien mais bouillonne. L'arrogance, dit-il. Il y a une époque, celle de la liberté et du bonheur où l'idée d'une Hannah arrogante n'aurait traversé le cerveau de personne. « La patience n'est pas votre plus grande vertu, maître. » Son visage n'a pas produit le moindre rictus, signe de sourire, prouvant qu'elle serait fière de ses sarcasmes et de sa soit-disant arrogance qu'elle ne devrait pas se permettre mais qu'elle continuera de se permettre car, malgré les apparences, elle ne sera jamais son esclave, jamais elle ne lui appartiendra, jamais elle ne sera son objet. La voix de Lysander est du poison. Elle ne supporte pas l'entendre prononcer son nom alors que le sien ne pourra jamais sortir de la bouche d'Hannah, elle n'aime pas qu'il la décrive comme rien de plus qu'un pantin, elle n'aime pas qu'ils définissent ses idéaux comme stupides alors que les siens ne se résument à rien de plus que torturer et tuer des innocents. Hannah pourrait cracher sur Lysander pour lui montrer la grandeur de son désaccord avec le venin qu'il sort de sa bouche. Sauf que cracher sur son maître fait partie de la liste des choses qu'il est déconseillé qu'Hannah fasse, juste histoire de ne pas se faire tuer par Lysander ou - au moins - pas punir. Hannah a, néanmoins, pris l'habitude de commettre les actions de cette liste, sans se poser de question sur les conséquences. Renverser la boisson matinale et prononcer la prénom de son maître en faisant partie. Ca lui fait déjà deux infractions à la liste en bien peu de temps. Elle garde le crachat pour une autre fois, un autre jour. « J'imagine que vous aviez un elfe de maison, avant. Avec les sang-pur de votre genre, tout n'est qu'une question de mode. La mode disait qu'avant, il fallait avoir un elfe de maison. Maintenant, la mode dit qu'il faut un rebut. C'est vraiment stupide comme façon de fonctionner. Vous comprenez? Vous savez, c'est comme avec les... balais. Elle lève les yeux au ciel, désapprouvant ses propres dires. Au début, tout le monde voulait le nimbus 2000 puis, ensuite, ça a été l'éclair de feu. Totalement stupide. » Elle a la voix ferme, cassante, les deux. Peut-être parce qu'il lui tourne autour, à la manière d'un vautour autour d'un animal mort. Sauf qu'Hannah n'est pas morte, elle n'a pas fini de créer des problèmes au vautour Lysander Selwyn, elle continue de se battre pour ne pas être dans un état proche de la mort que Lysander rêve de lui voir adapter. Ou peut-être pour s'être elle-même comparée un objet, un balai - sur lequel elle n'a jamais été capable de voler. Comment a-t-elle pu venir à s'y comparer? L'esclavagisme, sans doute. Mais c'est ainsi que Lysander la voit, comme un balai, un pantin, un jouer ce qu'Hannah ne pourra jamais supporter. La rebute sent quelque chose collée contre son dos, lui. Si près d'elle, trop près d'elle. Elle ne le dégage pas mais ce n'est pas tellement l'envie qui lui en manque. Surtout les femmes? Hannah fronce les sourcils. Elle pourrait donner une liste plus grand qu'un bras des nombreux défauts de Lysander - qu'ils dépendent ou non du jugement de la rebute - le machiste n'en faisant pas parti. Elle se retourne pour vérifier que l'ancêtre Charles Selwyn n'est pas apparu derrière eux. Mais il n'y a personne d'autre que Lysander et Hannah. Elle refait rapidement dos à lui. « Les femmes, vous dîtes? Je me demande ce que penserait votre fiancée si elle vous écoutait. Mais j'imagine que votre père serait rempli de fierté. » Cette façon de pensée est répugnante, devrait répugner toutes les femmes. Pourtant, certaines - Yselia - laissent ces hommes se croire supérieur au monde entier - dans un premier temps - parce qu'ils sont d'un sang soit-disant plus purs que les autres sorciers et - dans un deuxième temps - parce qu'ils sont des hommes. Répugnant. Il y a de quoi vomir. « Vous pensez que vous me traiteriez avec plus de respect si j'étais un homme? C'est ridicule. » Elle n'y croit pas. Garçon ou fille, elle reste rebut qui n'acceptera jamais sa misérable situation. Redore un peu ton nom que tu as largement sali. Lysander aurait pu inventer des milliers de raison pour tenter de faire entendre raison à Hannah, pour la rendre obéissante et utile. Rester en vie, garder ses amis sauf, servir à quelque chose dans le nouveau gouvernement, avoir une place dans la société. N'importe quoi. Bien évidemment, ça n'aurait jamais convaincu Hannah mais ça ne l'aurait pas autant irriter que redorer son nom qu'elle a largement sali. Ce nom qui la dégoutte, peut-être encore davantage que celui de Lysander dont les mains semblent prendre plaisir à se balader sur la petite rebute. « Redorer mon nom? Vous êtes sérieux? Si vous être utile, vous obéir signifie redorer mon nom, vous pouvez être certain que jamais je ne le ferais. » Corde sensible touchée. Il peut être fière de lui. Il n'y a rien de plus terrible qu'eux. Son nom, ses parents, Thomas. Des monstres. Les monstres d'Hannah qui la hanteront - sans doute - jusqu'à la fin de sa vie. Elle les hait. Elle les tuerait si elle les avait en face d'elle. Mais elle n'a que Lysander, les lèvres proches de l'oreille d'Hannah qui n'aime pas cette façon de communiquer, elle le sent supérieur. Il se détache d'elle, elle s'en sent soulager. Pas pour longtemps. La douche froide arrive rapidement. Hannah reste silencieuse, quelques secondes, surprise. Elle pourrait répéter bêtement me couper la langue pour vérifier que les mots de Lysander ne viennent pas de son imagination. Mais Hannah n'irait jamais imaginé ce genre de menaces. Elle n'a pas encore perdu la tête. « Vous ne feriez jamais ça. » Pour le coup, elle a beaucoup de conviction, peut-être trop. Après tout, pourquoi pas? Il doit penser que la punition est à la hauteur du problème qui lui pose Hannah. Même si son maître arrivait à cette extrémité, sa rebute se débrouillerait toujours pour le lui faire regretter, pour le pousser à bout. Aussi, comment s'y prendrait-il? Prendrait-il un couteau en forçant Hannah à faire sortir sa langue? « Comment vous vous y prendrez pour...me couper la langue? Il existe vraiment des sorts pour ça? Je n'en connais pas. Mais je n'ai surement jamais été assez malsaine pour m'y intéresser. » Hannah reste droite, froide, sans sentiment même si la peut n'est pas loin. Elle ne se sent pas très excitée par l'idée de se faire couper la langue. Mais Lysander n'en viendrait probablement jusque là. Probablement. « Si je dois perdre un de mes sens par votre faute, je préférerais autant que vous m'arrachiez les yeux. Vous ne pouvez pas imaginer la douleur qu'est celle de vous voir, chaque jour. Atroce! » Même Lysander se doit de l'admettre, sa rebute n'a pas froid aux yeux ce qui finira surement par la tuer. « Pour quelqu'un qui prétend détester le sang et faire souffrir, vous prétendez avoir l'intention de faire des choses bien...sanglantes. A moins que ce ne ne soit que des paroles en l'air dans l'espoir de me terroriser. » Hannah sans peur devant l'idée de se faire couper la langue. Elle pourrait presque elle-même y croire. Lysander pourrait y croire. « Je n'ai pas peur de vous » C'est une jolie pensée que celle de n'avoir jamais peur de lui, celle de ne jamais voir en lui un monstre prêt à tout pour la faire souffrir. Une très jolie pensée irréelle.
« Vous ne feriez jamais ça. » L’apparente confiance en elle que dégage Hannah arrache un sourire à Lysander qui esquisse un sourire amusé. Sans doute pas. Il s’ennuierait peut-être, même. Pourtant, la jolie blonde ne comprend pas qu’elle dépasse constamment les limites à sa provocation qu’il peut supporter. Si Hannah s’en était tenue à cette simple phrase, Lysander serait juste amusé. Or ses propos emplis de venins qui ne s’arrêtent jamais finissent par l’agacer. Voilà pourquoi il brûle de lui couper la langue, afin que cela cesse. La jeune femme creuse sa propre tombe sans s’en rendre compte. A moins qu’elle ne le fasse sciemment. Lysander décide de changer de stratégie avec elle ; c’est lui qui la poussera à bout. « Si tu penses pouvoir me pousser à bout avec ta voix de crécelle et tes provocations d’ado gâtée, c’est raté. » lance-t-il en passant ses doigts fins dans ses cheveux. « J’ai autant de sagesse que toi de courage, ce qui semble bien ironique dans les deux cas. Sagesse ne rime pas avec ténèbres, et courage n’est pas frère de traître à son sang. » Selwyn esquisse un sourire radieux. Rares sont les gens à savoir qu’il était autrefois prédestiné à Serdaigle autant qu’à Serpentard. D’un pas gracieux, il s’en retourne à son fauteuil sur lequel il s’assoit, mains jointes sur son ventre. Tout cela commence sincèrement à le fatiguer et bientôt, Lysander en aura franchement assez. Pas de quoi la torturer, mais presque. Jamais encore il n’a utilisé le sortilège de Doloris avec Hannah et il n’espère pas en arriver là un jour. Hannah est la responsable de sa maltraitance et de la froideur de son maître : elle repousse sans cesse, par fierté sans doute, ses maigres tentatives d’arranger les choses entre eux. Ses propositions de se montrer plus clément à son égard sont réelles, c’est bien là la chose à laquelle il aspire le plus. Mais non. Non, Hannah ne veut pas le comprendre. Elle préfère refuser et aggraver son cas. « Qu’est-ce qui pourrait rendre ton asservissement moins pénible, Hannah Abbot ? » demande-t-il alors, avec tout le sérieux du monde, ne trahissant aucune émotion particulière. « Tu ne veux pas faire de tâches ménagères ? Je ne peux pas te proposer de chambre plus grande, naturellement, puisqu’elles seront pour mes enfants. Mais la tienne peut être réaménagée. Qu’est-ce qu’il faut faire, hein, pour que tu sois un peu moins sauvage ? » Lysander n’est pas dupe, il sait que ça ne marchera pas comme ça. Qu’elle peut exiger et ne pas être plus docile pour autant. Le jeune homme n’est pas à l’aise avec ces gens-là. Hannah le met dans une situation inconfortable. Il ne sait définitivement pas quoi faire d’elle. Quelque chose l’empêche de la tuer, peut-être l’humanité – trop grande pour quelqu’un de son rang – qu’il possède en son cœur. Ou peut-être à cause de Ysolde, ou de Helle. Ces rebutes qui lui permettent de les voir un peu différemment, avec un peu plus de compassion. Au fond, qu’est Hannah en dehors d’une gamine de vingt ans traitre à son sang qui a perdu toute sa famille en prenant les mauvaises décisions ? Qui a perdu ses amis, sa liberté, et tout ce qui lui était cher ? Quel foutu gâchis. Une Sang-Pur. Ce n’est pas toujours aisé d’y croire, surtout lorsqu’elle a l’air triste et perdu et qu’elle ne rechigne devant rien. D’une manière ou d’une autre, les choses doivent changer. Qu’il lui fasse assez peur pour qu’elle se calme, ou qu’il soit assez doux pour qu’elle soit un peu moins virulente. Pourtant, Hannah n’a pas peur de Lysander et elle n’accepte aucune forme de douceur. Alors que faire ? Où qu’il regarde, il n’y a que brouillard et doutes. Aucune échappatoire possible, ils sont perdus sur les routes sinueuse d’une incompréhension mutuelle et d’une fierté qu’aucun des deux n’est clairement prêt à laisser de côté. Et s’il la laissait partir, tout simplement ? Selwyn y songe, parfois, dans ses pires moments de doute. L’idée n’est pas si mauvaise, jusqu’à ce qu’il se rappelle qu’Hannah le déteste et n’hésiterait pas à ramener tous ses amis insurgés pour lui faire la peau. Le jeune homme ne peut plus prendre de tels risques maintenant qu’il est sur le point de se marier et de devenir père. « Que tu le crois ou non, je n’ai aucune envie de te faire du mal, pas plus que je n’en ai fait à mon Elfe de Maison, avant sa mort. J’aime le calme, le silence, et que chacun fasse ce qu’il a à faire. » De nouveau, ses doigts se perdent dans ses cheveux bruns aux reflets d’or, en bataille. Un tic un peu nerveux, signe qu’il commence à perdre franchement son calme. « Cette conversation commence à tourner en rond et me fatiguer, Hannah Abbot. » Il détache chaque syllabe de son nom, pour lui rappeler qui elle est. Lysander sait que son nom de famille est un point sensible. « On peut bien passer notre temps à cracher notre venin au visage de l’autre toute la journée, ça ne servira à rien et je pense que tu es assez intelligente pour le savoir. » Lysander rouvre son journal, signe qu’il ne rajoutera rien de plus pour le moment. Il a atteint les limites de sa patience. Sa baguette n’est pas loin, à portée de main. A défaut de lui couper la langue, il peut toujours utiliser un maléfice de Bloclangue sur elle. C’est efficace, et moins douloureux.
rise and fall + Sometimes in life you feel the fight is over. And it seems as though the writings on the wall. Superstar you finally made it. But once your picture becomes tainted. It's what they call. The rise and fall ~ MONSTER.
Hannah qui se rebelle, Lysander qui la puni. C'est le même cirque tous les jours, un train-train quotidien désagréable autant pour l'un que pour l'autre. Ils tournent en rond. Ils tournent en rond. Ca dure, ça peut durer encore et encore mais ça finira par s'arrêter, ça devra s'arrêter même si Hannah ne le veut pas. Le jour où ce manège s'arrêtera, ce ne sera pas le jour où la rebute sera devenue soumise et obéissante, ce sera le jour où Lysander cherchera vraiment à lui faire regretter de ne jamais avoir accepté sa condition d'esclave. Le doloris, voire la mort. L'un et l'autre finiront par lui arriver. Elle ne pourra rien faire contre. Lysander reste le maître d'Hannah, ça ne risque pas de changer. Il est le maître de sa vie et de sa mort. Ce n'est pas entre Hannah et Lysander. C'est entre Lysander et Lysander. Il serait peut-être plus simple de se montrer sage, d'être obéissante. Elle y a déjà pensé, à se laisser dévorer par ce morbide train de vie. Elle ne le peut pas. Pas encore. Peut-être que le jour où elle aura perdu tout espoir - ce jour viendra - elle acceptera - sans se débattre - d'être le jouet de Lysander. Mais ce jour n'est pas encore venu. Pour l'instant, elle se bat. Elle ne sait pas quand il viendra, dans plusieurs mois, plusieurs années, lorsqu'elle ne trouvera plus rien à se raccrocher, même si elle ne sait pas elle-même à quoi elle peut bien réussir à se raccrocher. En attendant, elle reste plus ou moins à la surface avec cette idée de liberté qui ne quitte pas son esprit. Elle réussira à s'enfuir. Pas par les insurgés - s'ils ont essayé - ont échoué à la mission de la libérer et dont elle doit oublier l'existence, pas par Lysander bien qu'elle ne comprenne pas pourquoi il ne la jette pas dehors et pourquoi il ne la remplace pas par un autre rebut si elle lui est tellement détestable. Par elle-même, peut-être, un jour, même s'il y a peu de chances. Sans doute pas, en fait. Il y a ce problème de marque qui l'empêche d'aller très loin et dont Hannah serait ravie de se débarrasser, en même temps que Lysander. « Il n'y a rien que vous pussiez faire, maître. Je ne veux pas que vous aménagiez ma vie si lamentable de rebute. » La voix, les yeux, le coeur; plus froids que la glace. Il ne peut pas jouer à ça, au gentil mangemort qui tente de rendre les conditions de vie de son esclave meilleures. Il l'a choisie. Il n'est pas le gentil. Il s'est donné le mauvais rôle. Elle le hait de contrôler son existence depuis qu'il l'a acquise. Elle le hait de faire comme s'il voulait rendre la vie d'Hannah moins horrible alors qu'il est celui qui l'a fait entrer dans cet enfer. Elle ne le laissera pas gagner à ce jeu. Il est le méchant de l'histoire d'Hannah, le dictateur diabolique qui oppresse une jeune fille innocente dont le seul crime a été d'avoir donné sa confiance à des traîtres et des menteurs et, aujourd'hui, elle paie cette erreur au prix fort. Toutes les tentatives du maître - invisibles aux yeux de la blonde - pour lui être moins haïssable, pour la rendre moins rebelle sont vouées à l'échec car la seule chose qu'elle puisse désirer - à l'heure actuelle - jamais il ne la lui donnera. « Je ne veux pas m'habituer à cette vie et finir par penser qu'elle est finalement acceptable. Elle ne l'est pas. Il n'y a qu'une chose que je puisse désirer. Je ne veux plus être votre esclave, je veux que vous me rendiez ma liberté, je veux être libre. » Ils sont dans une impasse. Elle ne lui donnera pas l'obéissance qu'il attend d'elle et il ne lui donnera pas la liberté qu'elle attend de lui. Ca risque d'être compliqué. Combien de temps sera-t-elle encore capable de se battre contre lui? Combien de temps sera-t-il encore capable de la supporter? Hannah n'est pas idiote. Elle sait qu'elle n'obtiendra pas sa liberté en la demandant gentiment à Lysander. Le fait de le savoir la rend forte. Elle s'approche à petites enjambées, plus ou moins confiante, un peu hésitante, poussée par une rage bouillonnante et une liberté attendue, puis s'arrête à deux pas de son maître. « Je ferais de votre vie un enfer, comme vous en avait fait un de la mienne jusqu'à ce que je sois libre. » Comme si une menace et un besoin de vengeance pourrait convaincre Lysander de lui rendre tout ce qu'il lui a pris. Rien ne le peut. Elle restera sa prisonnière, son esclave, sa rebute. « Je suis suffisamment intelligente pour savoir que cette conversation ne mènera rien, que vous ne me rendrez pas ma liberté et j'ose imaginer que vous avez assez de neurones pour savoir que je ne vous serez jamais asservis. » Elle lance un regard à la baguette de son maître. Hannah aimerait pouvoir en pointer une sur son maître, pouvoir décider de s'en servir contre lui mais elle n'a pas ce pouvoir. Elle ne peut que subir et espérer qu'un jour, ce sera au tour de Lysander d'espérer qu'elle ne lui fera rien. Mais si la rebute possède, un jour, l'occasion de tuer Lysander, elle ne la laissera pas passer.
Lysander n’a pas la violence dans le sang, ça non, mais il l’a apprise durant son éducation. Et Hannah vient de dépasser les limites de sa patience, provoquant en lui un flot de rage qu’il retient douloureusement : il ne peut pas réduire ses efforts à néant. Pourtant, son être entier brûle d’abattre sa main sur sa joue, de la faire plier genou devant lui en lui tenant fermement les cheveux, de briser ses os un à un jusqu’à ce qu’elle promette de ne plus jamais se dresser contre lui. Lysander l’écoute sans broncher, de son visage éternellement indifférent et froid. Quand la jeune femme s’approche – dans un élan de colère également – Lysander perd un peu son sang-froid. Il brise une nouvelle fois la distance qui les sépare en se levant du fauteuil et enfonce légèrement sa baguette dans la gorge d’Hannah, avant de poser ses lèvres sur son front. La dominer en taille également est une bonne chose ; elle paraît si faible, à côté de lui ! Si fragile ! Il se répugne de devoir en arriver là avec une enfant de Venus. « Tu n’as aucune idée de ce qu’est l’Enfer. Tu as vécu une enfance heureuse, tu as grandi avec tes deux parents et un frère aimant, et je te traite bien en dehors des punitions que tu reçois quand tu me désobéis. Ne parle pas d’Enfer quand certains de tes amis sont quotidiennement torturés et n’ont pas eu la chance de naître Sang-Pur. Au moins par respect pour eux. » murmure-t-il contre sa peau, sans éloigner ses lèvres. Puis il s’écarte, retire sa baguette et croise les bras sur son torse, sans la lâcher des yeux. « Tu as raison, cette conversation est stérile et dénuée d’intérêt. » Il se tait, joue avec sa baguette entre ses longs doigts fins pour faire perdurer le silence oppressant qui les entourent. Que veut-il ? A quoi joue-t-il ? Que pense-t-il ? Lysander a bien d’autres manières que la violence pour semer le trouble et la panique dans le cœur des Hommes. Sa froideur est la plus tranchante des lames, son regard et sa tendresse une arme excitante et facilement maniable. Ça, il l’a dans le sang. L’on dit que Selwyn ressemble à feu Madame Yaxley, sa mère. Qu’elle-même était d’une patience d’or et d’une douceur menaçante. Lysander se plaît à savoir qu’il a quelque chose d’elle, alors même qu’il ne l’a jamais connue. « Nous reprendrons cette conversation plus tard. Je ne désespère pas de te faire retrouver la raison sans user de violence. » A ces mots, Lysander esquisse un grand sourire ravi, presque enfantin. « Ne dit-on pas que l’Espoir fait vivre ? » Parle-t-il pour lui ou parle-t-il pour elle ? Qu’elle que soit l’issue de leur relation, l’un ou l’autre tombera. L’Espoir fera place au désespoir, si tenté que l’un ou l’autre soit encore en vie pour subir l’humiliation de la défaite. Mais tout cela n’est pas une compétition, pas un jeu, pas un concours. « Une fois de plus, je n’attends pas de toi l’asservissement. Cesse de te victimiser, Abbot. Ce que je veux, c’est ta loyauté et pouvoir compter sur toi. Que tu fasses le ménage ou m’apportes à boire m’importe peu, j’ai des jambes et une baguette pour le faire et une Sang-Pur, même traitre à son sang, vaut mieux que cela. » surenchérit Lys, qui esquisse un sourire mystérieux, à peine visible. Il accroche sa baguette à sa ceinture et revêt sa cape noire abandonnée sur le dossier du fauteuil. Ses doigts courent dans ses cheveux en bataille et son regard s’attarde sur le portrait au-dessus de la cheminée. Las de ces querelles incessantes, il préfère aller prendre l’air avant d’aller travailler. Avant de s’enfermer dans les sous-sols du Ministère de la Magie à faire des recherches à propos de choses dont jamais personne ne connaîtra l’existence, ce qui semble bien absurde. Mais ça lui plaît, en attendant de faire mieux. Lysander compte bien prendre le poste de directeur du Département des Mystères. Et de Ministre de la Magie, mais il a encore du temps avant d’y parvenir. Ses prunelles glaciales se posent sur la jolie blonde. « Réfléchis-y, Hannah Abbot. Ce que je te demande n’est pas sorcier, pardonne l’humour. » A ces mots, il passe à côté d’elle et tapote son épaule pour quitter la salle de séjour de son manoir, bien trop silencieux. Il lui arrive parfois – dans les moments de grande solitude – d’attendre avec impatience le jour où le rire de ses enfants viendront troubler la quiétude des lieux. S’ils sont assez heureux pour rire. Lysander y compte bien, il ne veut pas répéter le schéma de ses ancêtres. Les élever strictement oui, mais les priver d’amour, non. « Sois sage, Hannah ! » lance-t-il dans une ultime provocation en faisant un petit signe de la main sans pour autant se tourner vers elle, et Lysander quitte la pièce d’un pas rapide et gracieux.
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