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sujet; NIGHTSOLEM ⊹ after the last midtown show

WIZARD • always the first casuality
Nephtys Shafiq
Nephtys Shafiq
‹ disponibilité : dispo bitches
‹ inscription : 01/02/2015
‹ messages : 2013
‹ crédits : avatar : freesia / signature : whorecrux
‹ dialogues : #8FBC8B
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‹ liens utiles :
pansy parkinson ft. adelaide kane, nephtys shafiq ft. phoebe tonkin, kid o'faolain ft. richard harmon, maksim dolohov ft. tom hiddleston, amara bataglia ft. rowan blanchard

‹ âge : vingt-six
‹ occupation : musicienne, batteuse des Rotten Apple avant que le groupe ne se disloque. Autrefois elle était également une des boules de cristal ambulantes du gouvernement. Aujourd'hui, elle tente encore de créer mais passe surtout son temps à jouer pour les patients de Ste Mangouste.
‹ maison : serpentard
‹ scolarité : 1987 et 1994.
‹ baguette : fait 21 cm, elle est en saule et contient de la poudre de griffe de sphinge.
‹ gallions (ʛ) : 5426
‹ réputation : Traîtresse, lâche, infâme catin du gouvernement de Voldemort. Parce qu'elle a aidé en toute connaissance de cause le Lord et ses sbires, par ses visions et par sa musique, et parce qu'elle est longtemps restée fiancée à un mangemort même lorsqu'elle était libre de se défaire de la promesse, Nephtys est regardée de travers la plupart du temps. Son sang pur n'aide en rien.
‹ particularité : voyante, affublée à sa naissance d'un don lui provoquant dans son sommeil des visions sporadiques et imprévisibles mais particulièrement violentes.
‹ faits : Orpheline de mère, il lui reste son père, Aswad Shafiq, devenu fou après l'attaque d'Herpo Creek.
‹ résidence : dans un appartement miteux sous les toits, quelque part dans un immeuble peu rutilant de l'allée des embrumes.
‹ patronus : un chacal, symbole de clairvoyance dans l’Égypte ancienne. Elle n'arrive que rarement à en conjurer une forme corporelle.
‹ épouvantard : Tantôt, elle craint que l'on abrège les souffrances d'Aswad et panique. Parfois, elle se dit que ça serait pour le mieux, moins égoïste. A ce moment là, sa véritable peur prend le dessus. Elle voit les gros titres, "Mangemort appréhendé et abattu" et l'avis de décès de Nott quelques lignes plus bas.
‹ risèd : Theodore en sécurité, avec ou sans elle. Des nuits calmes. Du silence. Ne plus rien sentir, à défaut de l'avoir lui.
http://www.smoking-ruins.com/t1752-night-fury-i-be-a-fool-of-the
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after the last midtown show
it's a drunken midnight on the streets, brightly dusted
with the neon lights. we duck behind the corner store,
smoke your smokes while I keep a watchful eye.
(play)

« Wait, wait... et genre... wait, ça va venir, bouge pas... »

Allongée, le visage offert aux étoiles, elle avait les yeux fermés. De sa main gauche, elle tapait un rythme contre les tuiles du toit, ses phalanges heurtant la surface précaire dans des enchaînements savamment amenés, tandis que sa main libre filait jusqu'à sa bouche de façon sporadique, portant une cigarette à moitié consumée à sa bouche.

Nephtys était vautrée, sentant son sang bouillir dans ses veines tant les substances s'entrechoquaient en elle. Une fois de plus, elle avait abusé, trop ivre pour dreamer, trop perchée pour boire et surtout trop inconsciente pour accepter de monter sur le toit abîmé et dangereux du Royals en espérant que le bâtiment décrépis tienne jusqu'au lever du soleil. Mais au moins elle n'était pas seule, alors elle ne craignait rien, alors elle pouvait continuer ses conneries. Un sursaut de rire la secoua alors qu'elle lança : « J'peux pas réfléchir, tu fais trop de bruit, arrête de respirer » en filant un coup sur la jambe sous sa nuque. Comme trop souvent, Prendhal lui servait d'oreiller et à défaut de frapper le rythme sur lui, mêlant ses idées au battements cardiaques se manifestant sous sa peau, elle le martyrisait un peu, lutant contre un fou rire.

Soufflant longuement, comme pour se recentrer, elle fit un bruit ridicule avec ses lèvres et en se mordant l'intérieur de la joue, elle parvint à se forcer au calme. « So... » commença-t-elle, à nouveau, pour la énième fois. « Genre... » et pour la énième fois, les idées s'embrouillaient dans son crâne, brouillard incroyable qui valait mieux que la réalité. « Non rien, c'est nul à chier, j'allais faire rimer Rain et Pain, c'est tellement cliché... »

A nouveau, elle tira sur la cigarette avant de lever le bras pour porter le tube de nicotine à la bouche du jeune homme. Ils étaient posés là depuis longtemps, c'était du moins l'impression qu'elle avait. Dix minutes ou dix heures plus tôt, ils avaient quitté une soirée, titubants ensemble, se tenant l'un à l'autre... Elle avait titubé en tout cas, lui tenait mieux qu'elle, comme toujours et pour ça, elle le maudissait tout en le plaignant, trop contente d'avoir une porte de sortie accessible en quelques verres, quelques grammes d'Orvétian, peu importe le genre, prenant tout ce qu'elle trouvait du moment que ça venait de la poche de quelqu'un qu'elle connaissait. Sur un coup de tête, ils avaient décidé de venir vers le Royals. Ironiquement, l'endroit où ils avaient commencé à jouer pour un public autre que les camarades de chambrées de Poudlard était à présent une plaque tournante, un squat menaçant de s'effondrer. Depuis janvier, les choses partaient encore plus en vrille et la bâtisse reflétait ça, comme elle ressemblait à la déchéance des deux jeunes gens. Ils jouaient au Centuries, à présent, tout propre, tout neuf, mais les séquelles des abus étaient encore là, en dépit de la peinture. Bardée de cicatrices, Nephtys sursautait à chaque bruit et aurait pu jurer que Prendhal avait maigrit. Elle s'inquiétait, évidemment, mais ils étaient tous les deux trop fiers pour en parler, alors ils géraient autrement... Ils géraient en ne gérant absolument pas.

Avec la fraise incandescente, soufflant les dernières onces de fumée âcre qu'elle avait dans les poumons, la brune traça quelques arabesques au-dessus d'elle, reliant les étoiles avec une ligne imaginaire. Elles semblaient si proches qu'elle aurait pu jurer pouvoir les toucher, les bouffer. Elle n'essaya même pas, cependant, se contentant de fredonner, tout bas, d'une voix que seul lui pouvait entendre : « and if all that glitters isn't gold,  and beauty is in those eyes I behold, why is the night sky so full of hope, tell me how can the stars cope and do they shine to mock me or just to hide this misery ? » laissant ensuite le silence s'installer alors qu'elle cessait de taper le rythme pour la première fois depuis des heures.


L'espace d'un instant, elle tourna un peu la tête pour l'observer, notant l'angle de sa mâchoire, les tatouages qui pointaient sous son t-shirt, ses cheveux si noirs qu'ils se mêlaient à la toile nocturne derrière eux. Il faisait sombre, en dépit des lumières de la ville et pourtant, elle le connaissait assez bien pour savoir le tracer de mémoire, chaque marque, chaque signe distinctif. C'était ce qu'il se passait lorsqu'on commençait à faire de la musique, on passait trop de temps avec des gens insupportables au point de les connaître par cœur. Pire, elle avait une vue directe sur un bout de son âme et lui, lui pouvait voir ses blessures, ses peurs, ses angoisses. C'était le pire cauchemar de quiconque avec le moindre sens de pudeur mais elle n'aurait pas su s'en passer, pas maintenant qu'il connaissait ses secrets, en plus, pas maintenant qu'il savait. Finalement, elle se décida à briser le silence, sentant sa gorge se nouer un peu et n'aimant pas ça : « Shit, j'dois l'écrire ou ça n'vaut rien ? » siffla-t-elle, se redressant légèrement, puis finissant assise, de quoi attraper la bouteille dans son sac après avoir écrasé le mégot. Ils allaient rester là jusqu'à ce que le soleil se pointe, filant dormir ensuite, passant sûrement trop de temps collés à la hanche comme les siamois qu'ils n'étaient pas, s'irritant mutuellement, s'inspirant réciproquement aussi. Nepthys secoua doucement la tête, se sentant virer sentimentale, pleine de nostalgie et compagnie. Nope, elle ne pouvait pas s'offrir ce luxe. « Tu te défiles ou tu me suis ? » annonça-t-elle alors, bravache, tirant de quoi continuer cette anti-soirée qu'ils avaient commencé sur les toits et balançant le petit sachet sous son nez d'un air odieux, provocateur.
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- J'peux pas réfléchir, tu fais trop de bruit, arrête de respirer.
Il rit légèrement et se surprit à guetter les échos de son rire un peu rauque sur le toit de tuiles. Les sons accrochaient à ses oreilles et il lui semblait les discerner encore quelques secondes après qu’ils aient cessé de se faire entendre. C’était une impression étrange, au moins aussi surprenante que celle de l’air froid de la nuit se mélangeant aux bouffées chaudes de cigarettes qu’il prenait de temps en temps. Ce n’était pas désagréable, juste étrange.
Il attendit la suite patiemment, bien que ce ne soit pas son fort. Le contact de la tête de Nephtys engourdissait légèrement sa jambe, mais le poids lui était familier et lui donnait la rassurante certitude qu’il n’était pas seul, qu’en tendant la main, il pouvait toucher et sentir Nephtys sous ses doigts. Il n’aurait pas avoué à quel point il détestait la solitude. Elle lui rappelait les expériences dont son corps était le souvenir.

- Non rien, c'est nul à chier, j'allais faire rimer Rain et Pain, c'est tellement cliché...
Il ne prit même pas la peine de répondre, parce qu’elle avait raison. Au lieu de ça, il referma avidement ses lèvres sur la clope que Nephtys porta à ses lèvres et inspira longuement, comme pour faire rentrer un maximum de poison dans son organisme. Ce n’était pas comme s’il ne faisait pas ça tous les jours. La chaleur emplit ses poumons en même temps que la fumée et il resta quelques secondes à retenir son souffle, comptant les secondes dans sa tête. C’était un défi personnel stupide qu’il ne la lassait pas de faire, même si à chaque fois, il ne pouvait qu’un peu plus se rendre compte de la déchéance de son corps. Un, deux, trois, quatre, cinq. Il observa la main levée de Nephtys relier des étoiles aux noms inconnus dont il n’avait rien à faire. On aurait pu lui répéter tous les jours, tous les soirs les noms des constellations qu’il n’aurait jamais daigner les mémoriser. Il préférait son ignorance d’enfant, il préférait les imaginer comme des fées lointaines, des dieux morts ou des géants brillants plutôt que comme une suite de chiffres et de lettres vides de sens. Il préférait laisser son imagination galoper plutôt que de se dire que ce n’était que de vulgaires boules de gaz et que certaines étaient déjà mortes depuis des milliers d’années. Cette pensée le rendait étrangement mélancolique, il n’aimait pas ça.
Six, sept, huit, neuf, dix. Il eut envie de lui demander si elle croyait à la vie sur une autre planète. Lui en avait la certitude et il n’était pas rare que, porté par l’Orviétan et sous un ciel noir, il s’imagine la musique de cette autre civilisation. Onze, douze, treize, quatorze, quinze, seize.
Il souffla profondément et la fumée blanche s’échappa de ses narines, courant dans la nuit et disparaissant dans les vents. Il leva légèrement la main, comme pour saisir les dernières volutes encore visibles, mais déjà, il ne restait plus rien du poison qui avait envahi son corps, qui avait empoisonné ses cellules et qui fatiguait son organisme. Il était étrange de le voir se donner autant lors des concerts, arpenter la scène comme un lion en cage, dominer sa guitare (ou se faisant dominer, tout était question de point de vue) et jouer, jouer, jouer, comme si sa vie en dépendant alors que sur ce toit, il semblait au bord d’un gouffre. Mais la scène était ton exécutoire, là où rien ne l’arrêtait plus, là où tout était possible, là où il tenait les notes et leurs pouvoirs aux bouts de ses doigts, là où on l’adulait comme un dieu, bien inconscient de tout ce qu’il avait dû faire pour rester sous les lumières de la célébrité. La drogue devait aider et c’était une chose ironique quand il y réfléchissait : ce qui le faisait devenir invincible pendant les concerts causait sa lente déchéance derrière les rideaux prestigieux des Centuries.

- And if all that glitters isn't gold,  and beauty is in those eyes I behold, why is the night sky so full of hope, tell me how can the stars cope and do they shine to mock me or just to hide this misery ?
Il la sentit bouger sur sa jambe. Lui se contenta de regarder sa main qu’il n’avait pas laissée retomber contre la surface froide du toit qui les hébergeait. Il aimait, adorait ce lieu. Il les représentait bien, avec leurs défauts, leurs tares et leur folie. C’était peut-être ce qu’ils allaient devenir. Les Rotten Apple dans toute leur splendeur destructrice. Leur passion les tuait et ils en redemandaient. Il n’aurait pas su s’arrêter, pour rien au monde. C’était comme la drogue. C’était de la drogue. Même si le gouvernement infusait son poison dans leur air, même s’il tuait Nephtys et ce qui les avait réunis, avant ça il y avait eu Aspen, les petits concerts quand ils n’étaient pas connus, la lente ascension dans la popularité et pour ça au moins, il ne pouvait se détourner de la musique. Prendahl n’aimait pas rester attardé sur le passé, mais ça, il ne regrettait pas de s’en souvenir.
- Shit, j'dois l'écrire ou ça n'vaut rien ?
Il haussa les épaules et grimaça quand ses épaules raclèrent la surface irrégulière du toit. Il jura faiblement.
- Les fans peuvent se contenter de Pain et Rain quand ça sort de la bouche de Lilith, alors écris.
Il ajouta après une seconde de réflexion.
- J’aime bien.

Un sachet rempli d’une poudre blanche vint se balancer sous son nez. Un sourire de requin s’installa paresseusement sur ses lèvres. Promesse de paradis artificiel, portes grandes ouvertes sur l’univers tout entier, étoiles à leur portée, pensées à mille lieues de la terre, c’était ce que contenait ce petit sachet et sa poudre salvatrice. Un drogué, voilà ce qu’il était. Il l’assumait avec indécence.
- Tu te défiles ou tu me suis ?
Elle s’était relevée et le contact de sa tête avec sa jambe lui manquait déjà.
Il se contenta de pencher sa tête vers elle, sa joue frôlant les tuiles et de la regarder (elle ou ce qu’elle tenait en main ?) avec avidité pour lui donner sa réponse. Malgré lui, ses yeux dérivèrent sur la jeune femme et il se surprit à la détailler comme à la recherche de quelque chose. Il ne savait pas vraiment quoi, mais comme lui elle n’allait pas bien. Alors il guettait quelque chose qui le guiderait pour ne pas avoir à parler de leurs problèmes respectifs ou collectifs. Tout plutôt que les mots.
Il se concentra. L’Orviétan était à sa portée et sa dépendance, ses envies pulsèrent en lui. Ce n’était pas bon, ce n’était pas sain, mais qu’est-ce qui l’était dans sa vie ? En lui ?
- Je te déteste.
Le ton disait le contraire. Pas parce qu’elle avait de la drogue. Tout le monde pouvait en avoir et Prendahl n’aimait presque personne. Non, parce qu’elle était Nephtys, Fury, NightFury, parce qu’elle était avec lui sur ce toit et qu’elle ne blâmait pas son envie de dreamer.
Il se redressa sur ses coudes, la tête toujours penchée. Rapide coup d’œil vers les étoiles. Il était destiné à rester sur terre, sur cet Enfer permanent où les riches pervertis se mêlaient à la populace affamée dans « l’amour » de leur musique et ce pour le restant de sa courte vie. La poudre était sa fusée pour les rejoindre.
- Donne-moi ça. C’est moi qui ouvre le bal ce soir.
Il lui prit le paquet des mains et l’ouvrit.
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‹ occupation : musicienne, batteuse des Rotten Apple avant que le groupe ne se disloque. Autrefois elle était également une des boules de cristal ambulantes du gouvernement. Aujourd'hui, elle tente encore de créer mais passe surtout son temps à jouer pour les patients de Ste Mangouste.
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‹ réputation : Traîtresse, lâche, infâme catin du gouvernement de Voldemort. Parce qu'elle a aidé en toute connaissance de cause le Lord et ses sbires, par ses visions et par sa musique, et parce qu'elle est longtemps restée fiancée à un mangemort même lorsqu'elle était libre de se défaire de la promesse, Nephtys est regardée de travers la plupart du temps. Son sang pur n'aide en rien.
‹ particularité : voyante, affublée à sa naissance d'un don lui provoquant dans son sommeil des visions sporadiques et imprévisibles mais particulièrement violentes.
‹ faits : Orpheline de mère, il lui reste son père, Aswad Shafiq, devenu fou après l'attaque d'Herpo Creek.
‹ résidence : dans un appartement miteux sous les toits, quelque part dans un immeuble peu rutilant de l'allée des embrumes.
‹ patronus : un chacal, symbole de clairvoyance dans l’Égypte ancienne. Elle n'arrive que rarement à en conjurer une forme corporelle.
‹ épouvantard : Tantôt, elle craint que l'on abrège les souffrances d'Aswad et panique. Parfois, elle se dit que ça serait pour le mieux, moins égoïste. A ce moment là, sa véritable peur prend le dessus. Elle voit les gros titres, "Mangemort appréhendé et abattu" et l'avis de décès de Nott quelques lignes plus bas.
‹ risèd : Theodore en sécurité, avec ou sans elle. Des nuits calmes. Du silence. Ne plus rien sentir, à défaut de l'avoir lui.
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(play)

Elle bougea pour être à genoux, assise sur ses talons, ressemblant sans doute un peu à une gosse et allant jusqu’à mordre sa langue d’un air à la fois taquin et provocateur. Il n’était pas question de mauvaise influence, entre eux, quoi que c’était Prendahl qui l’avait initié au monde des dreamers. Elle avait été fêtarde avant de le croiser, avant qu’il n’entre dans sa vie, une gosse inconsciente aimant aller trop vite, trop fort, pour se sentir exister, pour se sentir un peu plus grande que les os qui l’enfermaient comme une cage. Il n’était pas question de mauvaise influence par qu’il n’y avait pas de ‘pire’ entre eux, ils étaient tous les deux en vrac, tous les deux nocifs, parfois de la même façon et parfois non.  Deux merdeux qui s’étaient trouvés et qui, dans une collision brutale, avaient trouvé le moyen de créer ensemble alors qu’une nébuleuse se formait autour d’eux. « Je te déteste. » siffla-t-il alors qu’il se redressait, appuyé sur ses coudes mais le ton la fit sourire d’avantage, quand bien même elle fronçait les sourcils pour la forme, hésitant à lui envoyer un coup dans l’épaule, se contentant d’hausser les siennes, amusée. Les injures ne valaient rien, n’étaient pas cruelles, pas quand sa voix restait si calme. Ils savaient s’engueuler, comme des chiffoniers même, se hurlant dessus encore et encore, elle envoyant ses baguettes à la tête du guitariste, rageant comme la peste qu’elle pouvait être lorsque les choses n’allaient pas dans son sens. Ils savaient s’engueuler, lorsqu’il était cynique et mauvais, lorsqu’elle tremblait de fatigue et partait en vrille trop facilement. Orages intenses et chaotiques laissant un goût de sang dans leur bouche. Ce soir, pourtant, ils n’étaient pas destinés à se bouffer le nez. Non, ce soir n’était pas fait pour les engueulades. Le ciel était trop clair, trop dégagé, les étoiles trop visibles. Aucun orage à l’horizon, assurément. « Donne-moi ça. C’est moi qui ouvre le bal ce soir » lança-t-il en lui piquant le pochon des doigts et elle secoua la tête en exhalant un sursaut de rire un peu moqueur, un peu tendre aussi. « T’as intérêt à m’en laisser alors, don’t be a greedy bitch » menaça-t-elle, l’observant un instant avant de plonger sa main dans son sac à la recherche d’une plume portative, de celles qui ressemblaient aux stylos des moldus à l’exception de la pointe, qui restait résolument sorcière. Trouvant enfin l’objet, elle se pencha un peu en avant et releva la manche de Dahl en lui attrapant le poignet, estimant qu’il pouvait bien se débrouiller avec une seule main. « Arrête de remuer putain » siffla-t-elle en lui jetant un regard sombre, relevant le nez pour le regarder, se faisant plus sévère avant d’éclater de rire. « J’ai pas de carnet, j’l’ai oublié chez… » commença-t-elle, retenant de justesse le nom de Théodore, préférant ne pas parler de tout ça, parce que c’était compliqué et qu’elle n’avait pas la tête à faire dans le compliqué. Pas une soirée pour une engueulade, se répéta-t-elle mentalement, comme une litanie, sachant pertinemment que le fait d’être fiancée à un jeune Mangemort, certes contre son gré, était le genre de sujet pouvant les emmener très loin, trop sans doute. « Arrête de bouger où je te signe le bras pour que les groupies pensent que j’ai marqué mon territoire » réitéra-t-elle, nez froncé, s’accrochant encore un peu à ce qu’elle avait pu sortir quelques instants plus tôt. « J’suis déjà en train d’oublier, c’est malin » et si le ton était accusateur, il était aussi léger, elle le charriait, traçant les mots balancés au hasard et stoppant de temps à autre pour regarder ce que le jeune homme faisait.

Elle avait des pastilles de Fabuleo dans son appartement mais ce qu’il tenait là, c’était des capsules de Navitas. Il restait assez à boire pour les faire descendre, mais elle était presque certaine d’avoir de quoi rouler un joint avec, tant qu’ils en étaient encore capable. Lâchant finalement la prise qu’elle maintenait sur lui, le laissant avec son tatouage temporaire, elle releva la tête pour croiser son regard, se retrouvant presque nez à nez avec lui, quelques mèches brunes barrant son front et s’installant entre eux. Elle était un peu avide, impatiente, comme une enfant attendant Noël, ou mieux, attendant d’aller à Pré-au-Lard pour remplir ses stocks de confiseries. C’était une issue de secours, des bonbons pour s’échapper, pour oublier, pour ne plus avoir mal, pour avoir l’impression de retrouver un peu de dignité dans tout ce bordel. « Hors de question que je sniff ce truc à nouveau, la dernière fois j’ai saigné du nez comme une conne » siffla-t-elle pour savoir comment il comptait consommer la substance. Ce n’était pas tant le fait de saigner du nez qui la gênait, c’était surtout de penser à toutes les fois où les sortilèges et potions qu’on lui imposait pour augmenter la fréquence et l’intensité de ses visions avaient eu raison de son organisme, la laissant tremblante et couverte d’une fine couche de sueur froide, ses narines tachées d’un liquide vermeil, son corps incapable d’encaisser le tout. Elle ne voulait pas penser à ces transes-là, autrement elle allait sauter du toit. Elle voulait de la liberté, des ailes greffées à son dos, les sensations lointaines du Quidditch ou d’une ligne de basse serrant ses entrailles. L’Orviétan pouvait lui rapporter tous les petits bonheurs d’avant, dans la crasse, dans cette beauté sale et vile qu’incarnaient les dreamers. Dahl avait des constellations entières dans les yeux lorsqu’il dreamait, elle l’avait remarqué rapidement et avait déterminé que c’était presque assez pour justifier tout usage. L’impression d’être de jeunes dieux que rien n’allait savoir atteindre, le soulagement oublieux, la grâce écorchée vive émanant de lui, combien il l’inspirait sans même le savoir lorsqu’il était comme ça. Une destruction programmée, magique, glorieuse, pour laquelle elle trépignait, lassée de devoir attendre.
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- T’as intérêt à m’en laisser alors, don’t be a greedy bitch.
- Moi, je ne t’en laisserai pas ?
Le ton dégoulinait d’ironie. Physiquement, consommer toute la poudre l’amènerait vers une mort certaine, un lent ralentissement des battements de son cœur, une accélération de sa respiration et l’apparition d’une fine couche de sueur sur son corps, comme pour souligner la cynique ressemblance avec ce qu’il était sur scène. Lui ne s’apercevrait sans doute pas de son agonie, tout heureux qu’il serait, à dreamer à des kilomètres de la terre. Sur le plan purement psychologique, Prendahl aurait tout à fait été capable de tout consommer, juste pour faire chier Nepthys, juste pour la mettre en rogne, juste pour la voir s’énerver, juste pour exploser en retour, juste pour entretenir cette relation fusionnelle, explosive qu’ils avaient. Mais Prendahl n’avait aucune envie de mourir minablement sur ce toit, aucune envie de mourir seul dans ses rêveries, aucune envie de mourir. Il voulait vivre, faire chier le monde, aller en concert, jouer de la basse, embrasser ses fans, lire les magasines à scandale pour en rire. Il voulait s’enivrer à en perdre connaissance, avoir des gueules de bois monstres, il voulait que Nephtys lui gueule à l’oreille pour se venger d’une soirée où il se serait foutu d’elle, il voulait envoyer bouler Alastar, s’en prendre une en retour, avoir mal et être vivant. Et sur ce toit, presque ivre, il voulait dreamer avec Nepthys, pas se prendre la tête avec elle, il voulait juste s’éclater et entretenir sa déchéance comme il savait si bien le faire. Pour cette poudre blanche, pure, simple, il avait vendu son âme et son corps, son esprit et son libre-arbitre. Pour cette drogue, il avait abandonné sa vraie liberté pour en embrasser une virtuelle, mais O combien plus puissante, plus jouissive, plus tangible, plus vraie, plus palpable et surtout plus excitante.

Alors qu’il allait commencer à verser la poudre sur la surface plane du toit, Nepthys lui prit la main, releva sa manche et le menaça de la pointe de sa plume.
- Tu fous quoi ?
- J’ai pas de carnet, j’l’ai oublié chez…
Chez Nott, mais comme elle, il préféra ne pas finir le reste de la phrase. Trop dangereux. Comme poser une mine sur le Chemin de Traverse. On est sûr que quelqu’un va marcher dessus, reste juste à savoir quand. Prononcer le nom interdit était comme annoncer qu’il voulait se prendre la tête. Et même s’il n’aurait pas dit non si elle l’avait fait, il n’avait pas envie ce soir, sous les étoiles et la lune, de s’avancer sur ce terrain glissant et dangereux. Un autre peut-être, mais pas celui-ci. Après tout, il était Prendahl Barbary, une engueulade ne le rebutait jamais. Certains en venaient même à se demander s’il n’était pas né pour ça. Pour créer les hurlements, les cris, les injures, la colère et la haine. Non, mais il en était le fruit et sa nature, si un jour elle avait été pure, s’était transformée pour faire de lui ce qu’il était. Un homme de vingt-cinq ans, musicien, adulé comme un dieu, perdu comme un gamin, accro comme un fou, vivant comme un zombi, attaché comme un chien. Des regrets dans son cœur ? Pas sûr.
- Arrête de bouger où je te signe le bras pour que les groupies pensent que j’ai marqué mon territoire.
- Mais je t'en prie. Nightsolem is real.
- J'suis déjà en train d'oublier, c'est malin.
Il reporta son attention sur l’Orviétan, ignorant les regards de Nephtys et plongea son index dans le petit sachet. Quand il l’apporta devant ses yeux, il put y voir sans soucis les quelques grains blancs collés à sa peau. Soufflant dessus, ils s’envolèrent pour la plupart, d’autres restants collés à cause de la transpiration de sa peau. Il avait chaud à cause de l’alcool coulant dans ses veines, mais n’était pas ivre, pas encore. Sur la bonne voie, les fans pourraient sans doute le retrouver titubant avant la fin de la nuit. Il se moquait toujours de Nephtys quand elle finissait ivre avant lui, mais une légère rancune et jalousie était cachée derrière les remarques. Il aurait aimé être comme elle. Il se demanda si un jour il l’avait été et si sa capacité à tenir l’alcool ne venait pas d’un entrainement de sa part, à force de boire, bière sur bière, verre sur verre, certaines fois sur un défi des autres, d’autres fois parce qu’il en avait besoin.

Il ne put s’empêcher de penser à ce qu’il voulait quitter et laisser derrière lui en consommant toujours plus. Il le savait au fond. Il fuyait, lâche, tout ce qu’il ne pouvait pas affronter. Ces cicatrices, son père adoptif, le rejet de son véritable paternel, l’hypocrisie de la société, ce qu’elle avait fait de lui et des filles, ce qu’elle faisait du monde. Il fuyait aussi la musique, leur musique que l’on transformait en monstre alors qu’elle devait être une galaxie, une étoile, un monde entier où l’on pouvait se réfugier. La maison Gryffondor l’avait accueilli pendant sept ans et on ne pouvait pas le qualifier de lâche. Mais devant ces choses sur lesquelles il n’avait aucune prise, sur ces choses qui le coulaient, le tuaient, l’empoisonnaient, il ne pouvait qu'avouer son impuissance, la contempler dans toute sa gloire malfaisante, dans toute son étendue destructrice, sa beauté pervertie.
Il fut tiré des pensées noires et perverses qui envahissaient son esprit de plus en plus souvent quand Nephtys arrêta de frotter sa peau de la pointe de son stylo. Il releva la tête et croisa son regard, trop près de lui pour qu’un inconnu voyant la scène n’ai pas des pensées déplacées en les observant. Lui ne put encore une fois pas s’empêcher de se demander si elle savait à quel point leur monde le tuait, à quel point il se trouvait dégradé et sale en se croisant dans le miroir tous les matins. Si elle savait les pensées qui l’habitaient, qui l’empoisonnaient. Dans un besoin purement égoïste, il espérait que oui, éprouvant l’envie viscérale de ne pas se savoir seul dans la dépravation de sa personne.
Il n’afficha qu’un sourire canaille et frotta son bras pour étaler l’encre et la faire chier après avoir posé le sachet. Il le reprit une fois assuré que l’écriture était encore visible et susurra, provocateur à souhait :
- On veut un baiser, mademoiselle Shafiq ?

- Hors de question que je sniff ce truc à nouveau, la dernière fois j’ai saigné du nez comme une conne.
Il grimaçât. Il aurait préféré sniffer la poudre. C’était simple, c’était direct et ça portait haut tout de suite. Les joints avaient des effets plus dilués, plus lents, que Prendahl appréciait tout autant, mais qu’il consommait moins.
- OK, Princess, comme tu voudras. J’ai pas envie d’aller chercher du PQ parce que t’as le nez fragile.
Il tendit le bras vers le sac de Nephtys et empoigna une bière qu’il eut du mal à ouvrir.
- No comment.
Finalement, il réussit à la décapsuler et avala avidement une gorgée du liquide ambrée qui paraissait sous la lumière blanche de la lune aussi noire que la nuit.
- Je fais descendre d’un coup, la flemme de faire un joint ce soir.
Cette phrase collait à tous les moments de la journée, il suffisait de changer la dernière partie. C’était peut-être pour ça qu’il ne fumait jamais l’Orviétan. A vrai dire, Prendahl trouvait quelque chose d’excitant (et de presque malfaisant) au fait de poser la pastille sur sa langue, de laper une gorgée d’alcool (associer Orviétan et alcool n’était d’ailleurs certainement pas intelligent, mais le mélange avait le goût de l’interdit et Prendahl aimait ça viscéralement) et de tout avaler d’un coup, d’attendre que les effets arrivent et de les sentir arriver, tel une mer déferlant au ralenti avant de tout emporter. Oui, assurément il aimait ça.
- Tu veux t'en rouler un ?
Puis après une seconde de silence.
- Grouille Fury, on n’a pas toute la nuit.
Pourtant, une fois que la drogue les aurait gobés, emportés et fait chavirer, une fois qu’elle les aurait attirés un peu plus profondément dans les méandres de la dépendance, une fois qu’ils seraient tout-puissants, ils auraient bien plus que la nuit devant eux, ils auraient le monde à leurs pieds et mieux encore, le leur.
Mais plus que ça, cette phrase qu’il avait lancée avec un mélange de hargne et de gentillesse (étrange mélange qui ne rendait jamais aussi bien que dans sa bouche), elle traduisait son envie toujours un peu plus pressente de dreamer, d’échapper à la réalité, à ce toit qui abritait un des anciens lieux de leur salut et de leur descente en enfers.

Il se rallongea en attendant que Nepthys roule son joint ou chope sa propre bière. Bien qu’il s’attendait plus à se faire voler la sienne dans tous les cas, il attendit impatiemment que Nepthys se décide à venir le rejoindre, ne la quittant pas des yeux, déjà prêt mentalement à s’enfoncer dans les délices de la capsule de Navitas qu’il faisait tourner entre ses doigts. Finalement, il replongea son regard dans les étoiles et se mit à fredonner :
- Now you get, what you want do you want more ? You think it's the end but it's just the beginning. Go down back-bitter, down back-bite, down back-bitter …

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