«
Tu mens, Dorrrian. Arrrête de me prrrendre pour une idiote. ». L'angoisse te revient, te colle aux reins. Et tu te noies dans la peur, dans l'horreur. «
Tu me trrrompes ! Avoue-le par Merlin ! AVOUE ! ». Tu te sens partir, englouti dans le noir, les yeux verts t'observant avec du mépris, du déni. La haine évolue, se métamorphose, devenant laide, devenant elle. Le beau visage te revient, source de toutes tes rages, de tous tes carnages. «
Je ne te laisserrrai jamais parrrtirrr. », et ton cœur blessé, brisé s'agite, crépite sous la douleur, les horreurs. La sueur dégouline de ta trempe, souille tes vêtements. «
Pi-Pitié, Leona. Je n'ai jamais voulu ça. ».
Je n'ai jamais voulu de toi. Tu n'as jamais voulu d'elle, en prince cruel. Tu n'as jamais pu l'aimer, la désirer. Tu n'as fait que la blesser. Et le visage explose, implose dans une traînée de sang, éclaboussant tes vêtements. Les traits se déforment, se reforment & dans le bleu de tes prunelles, tu le vois apparaître, assassin, divin. «
Tu n'es qu'un jouet cassé, un héritier raté, Dorian. Tu n'es qu'une déception. ». Un gémissement s'extirpe de tes lèvres, de tes rêves. «
Œuf, réveille-toi, sss. Tu fais de mauvaissses écailles. », la tète froide glisse contre ton cou, le museau tape contre ta joue. Le souffle se réduit, s'épaissit. Tu trembles. Tu n'es rien. Rien de rien. «
I-Ils vont me tuer … Couines-tu, les yeux papillonnant, palpitants.
Pas sssi je les tue avant, sss. », Denerys semble se moquer d'un sifflement alors que tes doigts paressent sur sa robe d'écailles & de détails noirs. Ce n'était qu'un mauvais rêve, qu'
un autre mauvais rêve sur tes lèvres sèches. Les yeux un peu vide, tu observes le réveil :
Quatre heure trente du matin.
(...)
D'un geste maîtrisé, quasi parfait, tu fais glisser le lait dans la pâte. Et en douceur, en lenteur, les ingrédient se fondent, se confondent ne laissant que la tendresse sucré d'une pâte aimée. Tu es stressé, angoissé. Et les tensions s’agglutinent, te subliment sur le bord de ton fouet. Monstre, tu sais que tu ne devrais pas te réfugier dans la cuisine, dans tes dénis, dans tes interdits. Peut-être qu'il vaut mieux ne pas en parler, peut-être qu'il ne faut pas le formuler. Tu en as pourtant assez de les rêver, de cauchemarder. Et tu as l'impression d'être piégé, capturé. «
Papa ! Tu clignes des yeux, lançant un regard tendre à la petite brune délicate.
Tu fais trop à manger. », elle sourit un peu tendrement, un peu lentement alors que tu rougis, te trahis. «
C-Ca me calme. », murmures-tu en baissant les yeux, en signant vos aveux. Et peut-être que tu titubes un peu, que tu te dessines dans tes chagrins, dans tes cernes griffonnées de noir, cerclées d'espoirs. Tu sais que tu te tisses, te brises dans les promesses avortées, pressés à même le cœur, au creux de tes douleurs.
«
Mmh, la bouche pleine. Tu l'observes, les yeux sont fermés, les traits tirés dans une expression de bonheur intense, dans sa si grande innocence.
Ché bon. Papa fait bien les chartes au chitron. ». Un sourire frémit sur ta bouche, coupant tes réflexions, tes questions. Tu es un bon père, non ? «
Ne mange pas tout. C'est le gâteau préféré de ton frère. ». Un sourire & tu remues la pate doucement, tendrement. «
Enfin, il l'aimait petit. ». Tu revois les grands yeux pétiller, les petites dents mordre le gâteau moelleux, acidulés. Peut-être que c'est là une de tes plus grandes fiertés. Tu as toujours voulu lui plaire à chaque anniversaire, à chaque cadeau léger, confectionnés avec amour & tendresse. Mais il y a toujours eu l'ombre, cette ombre orageuse, rageuse. Il y a toujours eu ses falaises de malaises dont le récif te tranche le cœur, dont le précipice te tend les bras. Il y a toujours eu les regrets brisés, saccagés. Tu racles le saladier pour y verser son contenu. Et tu sais que tu as tous les tords, qu'il n'y a plus que des remords.
Tu sais que tu as échoué.
Et tu continues de t'échouer. «
Papa ? Mh. Tu ne comptes pas accueillir Tobias comme ça, si ? Tu t'observes dans le reflet du four, encore en pyjama. Sur ta joue court un peu de farine.
C'est vrai que-Je surveille le gâteau, vas t'habiller. ». Tu lui offres un sourire navré. Au moins, elle, elle t'aime. Et tu gravis les escaliers pour laisser l'eau glisser sur ton corps, te laver des regrets & des promesses brisés. De la serviette, tu te sèches doucement & lentement, enfilant une chemise & un jean noire pour redescendre. Et le silence te fauche, t'échauffe. «
Madelyn ? ». Pas un bruit. Et si il avait tenu ses promesses ? Si il te l'avait enlevé ? D'un geste lent, tu sors ta baguette. (
Dangereux ? Tu es parfaitement inutile & imbécile, Dorian. Tu n'es qu'un enfant raté. Tu sais mais tu ne peux pas juste renoncer.). Tu te diriges vers la cuisine & dans un souffle, tu ouvres la porte. Et tu le vois dresser près de Madelyn qui rit. Elle est là,
tout va bien. Inspiration. Expiration. «
'Pa, ça va ? O-Oui, mon ange … J-J'ai juste cru que ... ». Les yeux se posent sur Tobias, le dévisagent, te ravagent. Il a tellement grandi, vieilli. Il n'est plus cet enfant,
ton enfant. Et les mots se formulent sur tes lèvres sans oser s'exprimer, braver ;
J'ai cru qu'il t'avait pris à moi.