Wander my Friend [ft. Snape]

Wander my friend

Février 2003 • Ste-Mangouste, 1er étage • Severus T. Snape & Basel G. Travers

Purple rooms

C'était bien connu, le premier étage de l'hôpital de Sainte-Mangouste était presque aussi bruyant, si ce n'était plus, que le rez-de-chaussée. Les blessures causées par les créatures magiques étaient sûrement celles qui faisaient le plus de bruit. Aux potions, chez cette miniature qui prétendait gérer l'étage, c'étaient plutôt gémissements et vomissements. Aux sortilèges... eh bien sûrement un mélange des deux. Et au dispensaire, il y avait encore davantage de patients. Basel évitait d'y mettre les pieds autant que possible.
Dans les chambres pourpres du côté gauche du couloir, on entendait faiblement le chant des sirènes qui décoraient les lits des blessés. Ici, un jeune attaqué par un essaim de Scrouts à Pétard, là une femme d'âge mûr malmenée par des créatures aquatiques (qui va se baigner à cette époque de l'année, franchement?)... Le quotidien tranquille de Travers. Les cris et les pleurs ne lui faisaient plus rien depuis des années. Pas ici en tout cas. C'était évidemment une autre affaire quand il s'agissait de ceux que poussaient ses cobayes. Ces cris-là... étaient complètement différents aux oreilles du Mangemort et y sonnaient agréablement.
La musique d'ambiance essayait de couvrir tout ceci mais y parvenait à peine, les vocalises puissantes des blessés teintant étrangement la musique classique. Travers retirait un dard de la cuisse d'une femme ravissante au teint cependant olivâtre et strié de marbrures blanches. Elle, était silencieuse, les lèvres scellées en un plissement douloureux. L'expérimage en chef glissa l'appendice animal dans un tube qu'il referma précautionneusement. Cette charmante dame avait donné son accord pour qu'on testât sur elle quelques remèdes inédits qu'il avait développé en étudiant la créature (et les différents effets de potions et autres substances sur des cobayes infectés). Après tout, il ne s'occuperait probablement pas d'elle si elle ne l'avait pas fait. Après tout, même s'il avait une formation de médicomage – il fallait bien en passer par là – ce n'était plus exactement son métier. Il leva rapidement les yeux vers l'horloge qui cliquetait sans lui être vraiment audible sur le mur au-dessus de la porte. Le Mangemort ne savait pas exactement à quelle heure Snape devait arriver. Un hibou l'avait prévenu de la visite de son collègue et supérieur, qui supervisait les expérimages au service du Seigneur des Ténèbres.
Travers glissa le tube dans l'une des profondes poches de sa blouse et sortit de la chambre, laissant les stagiaires bander la blessure et administrer des soins à la blessée. Il passa voir rapidement les autres patients, dont environ un quart recevait ses traitements particuliers. Tous semblaient bien gérer les substances et faisaient partie des allongés silencieux.
Se retournant pour retourner à son bureau, il avisa la silhouette sombre et silencieuse du Directeur de Poudlard. Il avala distraitement sa salive et retira ses lunettes de son nez pour les nettoyer de l'extrémité de sa manche avant d'approcher.
« Professeur, fit-il d'un ton calme de sa voix basse, par ici. » ajouta-t-il en tendant son bras vers la droite pour le guider vers son bureau.

Chief's office

Ouvrant la porte, Travers laissa entrer le Mangemort en premier avant de faire de même et de refermer derrière lui. Récupérant le tube dans sa poche, il le glissa dans un porte-tubes à côté d'autres et retira sa blouse pour l'accrocher sur le porte-manteau. Quelques missives et notes de département s'empilaient soigneusement sur un coin de son bureau en acajou. Il invita Snape à s'assoir en face de lui et s'installa dans son fauteuil confortable.
Personne n'était censé vraiment savoir les raisons de la venue du Directeur de l'école de magie, mais il était relativement certain que les gens parleraient dans leur dos s'ils l'avaient vu passer. Qu'ils parlent ! après tout, les temps où il leur fallait se cacher étaient révolus. Travers esquissa un sourire.
« Puis-je vous offrir une tasse de thé ? » Sa femme l'aurait fait cracher des limaces pendant toute la nuit s'il ne s'était pas montré un parfait hôte jusque dans son bureau.
L'expérimage observa un instant son supérieur dans la hiérarchie mangemorte tandis qu'il mettait de l'eau à chauffer. Avait-il bien connu son frère avant que ce dernier ne décédât l'année passée ? Il avait après tout fait partie du Cercle, lui aussi... Si c'était le cas, peut-être que la présence du taciturne et sombre sorcier pourrait lui être davantage utile qu'un simple rapport d'activités...

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FÉVRIER 2003 - Basel & Severus

L'enthousiasme des effarouchés qu'il encadrait n'était pas vraiment source de complaisance. Et pourtant le sorcier s'appliquait à rester indifférent aux recherches, se montrant même parfois exigeant. S'il ne s'était agit que de lui tout aurait cessé en un claquement de doigts. Bien trop de personnes meurtries à son goût, un règne de terreur ne pouvait excuser de tels objectifs. Toujours plus de blessures, de tortures, physiques, psychologiques, tout y passait grâce au potentiel infini des sortilèges et potions. Les nouveautés étaient d'ailleurs le sujet de sa visite. Un devoir à accomplir, son Maître lui demandait des comptes alors, Severus s'efforcerait de rester professionnel. Et puis, il s'agissait de son univers de prédilection et lorsqu'il mettait de côté la cible des créations il s'extasiait intérieurement. N'était-ce pas lui qui avait inventé le sanglant Sectumsempra? A la différence près que les expérimages n'avaient que faire des contre-sorts. Sa venue à Sainte-Mangouste lui permettrait ainsi de remettre un point d'honneur sur la mise au point de créations complètes et sécuritaires .

Le Seigneur des Ténèbres avait récemment demandé à son bras-droit de plus amples informations sur l'avancée de ses équipes d'expérimages. Chargé de faire un bilan il avait été convenu d'un rendez-vous entre Severus et Travers. Le directeur arriva donc en fin d'après-midi après s'être occupé de quelques incidents scolaires imprévus. De toute façon Basel ne pourrait l'accuser de retard. D'une part car aucune heure n'était indiquée sur le parchemin qu'il était censé avoir reçu. Et puis tout simplement car il était son supérieur et qu'il n'avait de comptes à rendre à personne hormis son Maître. Dans le hall le sorcier fit tout pour rester le plus discret possible. Nul besoin d'ébruiter sa visite, le mangemort n'était pas là pour stigmatiser les foules. Seulement préparer la pire des potions pour leurs infliger bien plus qu'un Doloris. L'affichage de Sainte Mangouste était efficace et il ne mit pas longtemps avant d'arriver dans le couloir principal du département des blessures par créatures magiques. Il y croisa rapidement Travers et vint à sa rencontre. Ce dernier le salua respectueusement et l'invita vite à rejoindre son bureau. Un coin plus tranquille pour parler. En réponse Snape hocha de la tête, silencieux et suivit silencieusement l'expérimage. Son hôte se mit à l'aise, se débarrassant de sa blouse et de ce qu'elle contenait. Puis ils s’installèrent tous deux de part et d'autre de l'imposant bureau. La pièce était richement décorée, contenant ici et là des dossiers et parchemins. Une chaleur bien différente de celle qu'il pouvait ressentir dans son bureau à Poudlard. « Puis-je vous offrir une tasse de thé ? » « Avec plaisir. » Eut-il à peine le temps de répondre avant que le sorcier ne mette de l'eau à chauffer. Quiconque avait déjà rendu visite à Severus connaissait sa passion pour le thé mais aussi l'importance qu'il donnait à la sélection des meilleurs feuilles et compositions. Il n'osa faire le difficile à demander une décoction spécifique ayant de toutes façons bien d'autres pensées en tête. « Cela fait depuis quelques temps que les travaux n'ont pas été mis à jour. Le Seigneur des Ténèbres souhaite avoir au plus vite un résumé complet des avancées des équipes. Nous allons avoir beaucoup de travail pour lui soumettre le document le plus complet. » Grossière erreur d'avoir attendu aussi longtemps pour faire un bilan. Chacun était très occupé mais de leurs côtés les expérimages ne chômaient pas. Même si Severus avait tendance à les dénigrer, la plupart d'entre eux étaient des génies secrets dans leurs domaines. Le Magister n'allait de toute façon s'encombrer d'incapables. En débutant ainsi leur discussion, Snape espérait faire comprendre au Travers que la tâche s'avérerait conséquente et qu'elle ne laisserait aucune place à l'imprécision.

« Un petit groupe que j'encadre en ce moment travaille sur une potion pour annihiler les sens, vue, ouïe, odorat, goût et toucher. La difficulté résidant à faire coïncider les phases de suppression. Auriez-vous des expérimentations comparables en cours? » Le questionna-t'il calme et investit dans son propos. Severus laissa le temps à la réflexion et en profita pour sortir un parchemin et une plume de sa large robe de sorcier. « Bien évidemment le toucher reste encore quasiment inaccessible et tout est mis en œuvre pour y remédier. » Annonça-t'il naturellement espérant ne pas surprendre l'expérimage dans son propos. Si ce dernier était aussi bon et productif qu'il se disait dans le monde étroit de la création alors Travers devrait bien comprendre l'obstacle qui les ralentissait. Sa manière à lui de le sonder. Le directeur ne faisait jamais confiance en les rumeurs et réputations préférant bien souvent apprécier les talents de chacun de sa propre personne.

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Février 2003 • Ste-Mangouste, 1er étage • Severus T. Snape & Basel G. Travers

Chief's Office

Travers observa le Directeur de Poudlard tandis que l'eau pour le thé chauffait à son rythme. Il y avait un certain plaisir à la laisser monter en température à mesure que la théière chauffait à son tour. Beaucoup de sorciers utilisaient simplement des tasses magiques où l'eau y venait et restait à la température parfaite pour l'infusion des feuilles soigneusement préparées puis à une chaleur raisonnable pour que le liquide si apprécié des britanniques pût être bu.
Avec tout le soin de quelqu'un qui n'était pas complètement ignare sur la question, Travers plaça quelques feuilles dans des boules à thé. Il n'achetait pas cela n'importe où et prenait à son tour grand soin de vérifier la provenance des plantes. En ce moment, il buvait des infusions à l'arrière-goût fumé avec cette rudesse toute slave qui leur provenait de leur lieu d'origine. Son épouse, Oksana, avait fait venir les décoctions de son pays d'origine et était elle-même ravie d'en servir à ses collègues féminines lors de leurs réunions fréquentes. Si sa femme et lui-même buvaient ce thé noir, les invités y ajoutaient souvent miel et/ou sucre.
« Du sucre ou du lait ? » demanda-t-il justement à son supérieur, plus par une habitude courtoise que pour autre chose : il se doutait fortement que la réponse serait négative pour l'un comme pour l'autre.
Snape vint cependant vite au sujet de sa venue, et le Mangemort ne pouvait aucunement lui en vouloir de n'accorder que peu de temps aux politesses légèrement désuètes en un tel contexte. Ils n'étaient pas à une réception mondaine, après tout. Basel servit donc les deux thés et s'assit derrière son bureau. Il aimait lui aussi en venir au fait, même si cela n'empêchait pas son esprit de vagabonder ailleurs, vers d'autres travaux à la fois. Evidemment, il se concentrait cependant sur les motifs de la visite de son supérieur, cette fois-ci. Il repoussa donc bien vite l'idée que le Mangemort en face de lui avait dû avoir sa fille en cours, une élève plus que brillante – d'une manière tout à fait logique vu son ascendance – mais qui faisait gagner ainsi des points à Poufsouffle plutôt qu'à Serpentard. Qu'en avait-il pensé ? Tous deux savaient la présence de la Marque sur l'avant-bras de l'un et de l'autre depuis la première ascension du Seigneur des Ténèbres... Si Snape ne s'était ne serait-ce qu'un peu intéressé aux descendants de ses collègues mages noirs, il avait dû être aussi surpris que les parents-mêmes de la demoiselle.
Mais pour le moment, ce n'était pas la question.
« Cela fait depuis quelques temps que les travaux n'ont pas été mis à jour. Le Seigneur des Ténèbres souhaite avoir au plus vite un résumé complet des avancées des équipes. Nous allons avoir beaucoup de travail pour lui soumettre le document le plus complet. » Travers hocha la tête. En effet, on ne lui avait pas demandé de rapport depuis bien des lunes à présent. Mais le gouvernement avait été particulièrement occupé également. Peu au courant des travaux de ses compères, il espérait pour leur fonctionnement à tous qu'ils tenaient des rapports réguliers de leurs expérimentations. Tout bon scientifique se devait de le faire, quelque fût son degré de génie fou. Le Mangemort but une gorgée de thé.
« Mes entrées de journal n'ont plus qu'à être résumées et je pourrais vous les faire parvenir par hiboux express au plus vite. » L'avantage d'utiliser une plume à papote (un peu modifiée pour éviter l'aspect d'exagération de son écrit) en travaillant : la prise de notes se faisait sans tâches et de manière automatique.

Snape continua cependant : « Un petit groupe que j'encadre en ce moment travaille sur une potion pour annihiler les sens, vue, ouïe, odorat, goût et toucher. La difficulté résidant à faire coïncider les phases de suppression. Basel laissa son esprit vagabonder un instant sur la question, déroulant mentalement ses dernières expériences. Auriez-vous des expérimentations comparables en cours ?
Il hocha la tête rapidement.
– J'ai en effet quelques études sur les effets de poisons et de morsures de créatures qui peuvent provoquer des modifications perceptives...
Travers regarda distraitement le Directeur de Poudlard sortir une plume et un parchemin et ce dernier le devança avant qu'il pût ajouter quelque chose :
– Bien évidemment le toucher reste encore quasiment inaccessible et tout est mis en œuvre pour y remédier.
À nouveau, il acquiesça et reposa sa tasse.
– C'est ce que j'allais ajouter. Dans mon domaine également, et ça ne me surprend aucunement chez les autres, puisque beaucoup d'expériences tant en potions qu'en sortilèges s'inspirent souvent des choses observables dans la nature... Je n'ai pas encore rencontré de créature qui se soucierait d'inhiber le toucher de sa proie. Cela signifierait presque automatiquement d'en supprimer la douleur et je n'en vois pas l'intérêt pour le genre de prédateur que j'étudie... Il passa sa main sur le bas de son visage et se frotta pensivement le menton. La paralysie est cependant assez commune dans les possibilités offertes par les créatures et pourrait potentiellement être liée à l'annihilation du toucher. L'engourdissement électrique causé par certaines espèces pourrait aussi être une piste douée de sens dans ce domaine. »
Travers fit venir à lui un calepin et y jeta un coup d'oeil rapide.
« Je peux me faire facilement livrer des spécimens de ces espèces... en revanche les cobayes sont plus délicats à obtenir maintenant que nous n'avons plus de rebuts... » Comme souvent, ses pensées l'étoilaient en arbres complexes de liens et de possibilités innombrables, mais son attention se reporta sur le Mangemort en face de lui. Il semblait presque plus vieux que lui-même, alors qu'il était de presque dix ans plus jeune... Mais il n'avait pas non plus vécu les mêmes épreuves de la vie que lui. Sans compter sur l'exigence constante du Magister qui devait être plus pressente sur ses épaules. Il allait presque lui proposer de lui communiquer la provenance du thé s'il l'appréciait mais jura mentalement contre sa femme qui le contaminait avec ses bonnes manières... qui n'étaient pas forcément à l'ordre du rendez-vous. Si Snape désirait en avoir davantage, il lui demanderait très certainement.

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FÉVRIER 2003 - Basel & Severus

Se percevant de préférence comme un scientifique, le cadre de cet entretien lui parût propice à une bonne rencontre. A la condition évidente de faire abstraction du fond de sa visite. Faisant disparaître les ordres du Magister de son esprit, Snape se satisfaisait à s'évader pour quelques minutes du contexte actuel de guerre. Deux simples expérimages à la découverte des plus récentes avancées en termes de sortilèges et potions. Que demander de plus pour se sentir dans son élément? Sans oublier que derrière les utilisations barbares se cachent des ressources aux progrès inestimables. Chaque avancée même négative en apparence, renferme bien plus que de l'horreur. « Du sucre ou du lait ? » En réponse, l'homme trempa le bout de ses lèvres dans le breuvage dans l'optique de ne pas se brûler. La saveur prononcée de l'infusion irradia sa gorge et Severus y reconnu un thé noir de grande qualité. Y ajouter un quelconque agent dénaturant se révélerait être une insulte pour un véritable amateur. Le directeur se contenta alors d'entrer dans le vif du sujet. Son interlocuteur comprendrait bien assez vite qu'il n'y avait nul besoin de plus pour le complaire. Basel s'installa à son bureau et lui faisant face hocha la tête à la découverte de l'ordre du jour. Loin de paraître décontenancé ou démuni face à la charge de travail requise il lui répondit pleinement. « Mes entrées de journal n'ont plus qu'à être résumées et je pourrais vous les faire parvenir par hiboux express au plus vite. » Enfin! Severus venait de poser la main sur un sorcier de sérieux. Non pas qu'il se lassait de ses jeunes protégés mais être en présence d'un homme mûr et à la tête sur les épaules sans élan gratuit de folie lui faisait définitivement du bien.

Pourquoi ajouter une quelconque remarque à ses dires alors qu'il n'y avait pas de doutes à propos de sa parole? Le directeur recevrai au plus vite les documents attendus, c'était certain. Le Travers hocha de nouveau la tête alors que la bras-droit du Lord lui expliquait la tournure de ses plus récentes expériences. « J'ai en effet quelques études sur les effets de poisons et de morsures de créatures qui peuvent provoquer des modifications perceptives... » Esprit vif. Action. Réaction. La spécialité de l'homme pour les créatures magiques ne le rendait que plus intéressant. Effectivement la majeure partie du travail de Snape puisait ses ressources dans la botanique même si quelques pattes d'acromentules, cornes de bicornes et peaux de serpents se retrouvaient indispensables. Une collaboration de fond entre les deux sorciers serait sûrement très productive... Malheureusement Severus ne pouvait se dévouer à sa passion de toujours. Sa place dans cette guerre était essentielle, un peu trop à son goût d'ailleurs, mais voilà ce que devenait votre vie lorsque vous endossiez un rôle d'agent double. L'erreur d'avoir prêté allégeance aux deux plus puissants sorciers de ce siècle et à une femme morte il y a bien longtemps.

« C'est ce que j'allais ajouter. [...] Cela signifierait presque automatiquement d'en supprimer la douleur et je n'en vois pas l'intérêt pour le genre de prédateur que j'étudie... » Dire que Severus commençait à vraiment apprécier son comparse ne serait de trop dans son regain de passion qui l'animait actuellement. Habitué par le passé à diriger des groupes de jeunes expérimages, tout prenait une saveur différente dans ce bureau. Talentueux mais surtout dénués de libre-arbitres ce qui agaçait le mangemort bien trop souvent. Discuter avec un véritable chercheur et non des écervelés avides de connaître la gloire avec le prochain Doloris 2.0. « Il est vrai que supprimer le toucher peut paraître surprenant mais l'objectif est bel et bien la perdition d'un potentiel détenu. L'empêcher ainsi d'obtenir ne serait-ce qu'une bribe d'information sur son environnement entre des phases d'interrogatoires ou de distractions. Il s'agirait là d'un véritable avantage et d'une porte ouverte vers la folie si vous voulez mon avis. » Snape ne s'étend pas plus sur la question étant donné que le Travers semble avoir d'autres pistes de recherches à revendre. La paralysie par l'engourdissement électrique, en voilà une indication pour contourner le problème. Au final l'idée ne serait peut-être pas concluante mais ça valait le coup d'approfondir. « Je peux me faire facilement livrer des spécimens de ces espèces... en revanche les cobayes sont plus délicats à obtenir maintenant que nous n'avons plus de rebuts... » Le directeur dissimula sa crispation soudaine derrière une écriture plus hâtive alors qu'il prenait en note chaque proposition d'avancée. Se montrer compréhensif. Endosser le rôle de mangemort n'est pas bien compliqué après tant d'années de pratique. Severus n'en oublit pas pour autant l'essentiel, les rebuts alignés sur l'estrade des enchères n'étaient que des sorciers avec de l'avenir. Confiscation d'un futur, de sa nature d'individu. Qui aurait alors pu se voir attribuer la dénomination de cobaye? C'était certainement les mangemorts déséquilibrés qui méritaient de plus amples expertises et études approfondies de leurs états. « La discrétion est de mise et je n'ai pas besoin de vous préciser que la recherche de potentiels sujets est des plus complexes. » Snape devait cependant conserver son rôle de collaborateur. Il réfléchit donc quelques secondes à la manière de la satisfaire tout en lui offrant le moins de victimes possibles. « Combien en aviez-vous à disposition par le passé et quelles étaient vos critères de sélection? » En vérité il lui aurait bien proposé de s'entourer de plus d'expérimages en formation prêts à tout pour se faire bien voir du Lord. Les convaincre de tester quelques potions en échange de gallions supplémentaires pourrait suffire. Mais est-ce que cette proposition pourrait être perçue avec sérieux de la part du Travers? Il le prendrait sûrement pour un fou mais avait-il d'autres propositions plus réalistes? Un vrai scientifique sait se sacrifier pour sa cause.

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Février 2003 • Ste-Mangouste, 1er étage • Severus T. Snape & Basel G. Travers

Chief's Office

Basel n'avait finalement que rarement à faire aux autres expérimages au service du Magister et en savait donc relativement peu sur leurs méthodes de travail et sur le sujet de leurs expériences. S'il aurait pu, malgré tout, en rencontrer régulièrement lors des soirées mondaines organisées par sa femme ou d'autres représentantes féminines de la haute sphère de l'élite, il ne côtoyait réellement que son neveu, qui n'était en fait pas tout à fait un expérimage non plus. Sur l'instant, il se demanda quel était le profil des autres, et qu'est-ce qu'avait dû subir le Mangemort en face de lui au fil de ses visites professionnelles. Rien, en tout cas, ne laissait deviner les pensées du Directeur de Poudlard qui buvait tranquillement son thé de l'autre côté du bureau de bois précieux.

Travers savait que Snape était davantage orienté vers les potions, leur confection, utilisation et invention, plus que l'utilisation pleine et entière des capacités des créatures magiques, mais le Mangemort ne doutait pas une seconde que ce domaine de spécialisation n'était pas intéressant. À vrai dire, certaines plantes pouvaient tout aussi bien être des êtres extrêmement dangereux qu'il ne fallait pas prendre à la légère... des fois même, Basel se faisait la remarque que les plus sournoises d'entre elles pourraient presque rentrer dans sa catégorie d'expertise, mais évidemment, leur catégorisation scientifique ne le permettait pas.
Quoi qu'il en était, le Directeur continuait de lui exposer le sujet de sa visite et des nouvelles recherches entreprises pour le Seigneur des Ténèbres et les mots de Snape renvoyaient de nombreux échos sous sa boîte crânienne, se référant à des souvenirs de ses propres expériences passées et de ses précédentes recherches. Les sens étaient un aspect particulièrement important dans tout ce qui touchait la modification d'autrui par des sorts ou des potions.
« Il est vrai que supprimer le toucher peut paraître surprenant mais l'objectif est bel et bien la perdition d'un potentiel détenu. L'empêcher ainsi d'obtenir ne serait-ce qu'une bribe d'information sur son environnement entre des phases d'interrogatoires ou de distractions. Il s'agirait là d'un véritable avantage et d'une porte ouverte vers la folie si vous voulez mon avis. » se contenta de répondre le Mangemort et Travers hocha pensivement la tête. D'autres choses lui venaient encore, à mesure que les idées faisaient leur chemin dans sa cervelle.

Il laissa cependant le temps à Snape de rédiger ce qu'il lui disait, comblant le bref silence par une gorgée de thé toujours chaud. Des tasses magiques, évidemment. « La discrétion est de mise et je n'ai pas besoin de vous préciser que la recherche de potentiels sujets est des plus complexes... Combien en aviez-vous à disposition par le passé et quels étaient vos critères de sélection? » avait rebondit le Directeur de Poudlard en finissant de prendre notes.
Basel, de son côté se laissa un petit temps de réflexion, se perdant un instant dans quelques calculs rapides. Discrétion mais efficacité. Cela voulait aisément dire qu'il lui faudrait réduire au maximum le nombre de cobayes, mais qu'en contre-partie, il lui faudrait des individus résistants. Pas forcément à la douleur, puisque l'on voulait supprimer la connexion entre les nerfs sensitifs et le cortex...
Retournant une dernière fois la formulation exacte de son supérieur dans son crâne, il décida qu'il était désuet de songer à ce qu'il avait pu avoir par le passé, car il lui suffisait presque de se servir quand il avait besoin d'une paire de jambes à piquer... Il finit par reposer doucement sa tasse avant de prendre la parole : « Cinq individus robustes devraient faire l'affaire pour commencer. C'est assez pour que je puisse tester suffisamment de pistes simultanément, comme la paralysie, de manière à trouver ce qui agit sur le système nerveux dans les sécrétions des créatures, et l'amplitude nécessaire aux chocs électriques pour provoquer l'engourdissement. Je crois par ailleurs me souvenir que l'un de mes collègues médicomages de l'hôpital avait conduit des recherches d'anesthésiant au début des années 90, mais il a été interrompu et tué lors des évènements de la fin de la décennie. Basel fit une courte pause pendant laquelle il fronça à peine les sourcils. Il doit m'être possible de retrouver ses rapports dans les archives et, s'ils ne concernent pas, ou pas exclusivement, des recherches par le biais d'études de créatures, je vous les ferais parvenir pour que les Expérimages plus expérimentés dans ces possibles domaines tentent d'aboutir ses recherches... »
Oui, il était finalement fort probable qu'en se mettant tous ensemble, les Expérimages du Lord finiraient aisément ou presque par trouver la solution à ce petit problème passager.
« Il n'est, d'ailleurs, pas improbable que ma fille saura apporter des idées dans ce domaine. Après tout, son domaine étant principalement l'épiderme, l'arrivée de tous ces fameux nerfs, je parierai fort qu'elle ait au moins un avis sur la question. » Irina aurait été fière de lui, il impliquait sa fille directement auprès d'une des proches du Seigneur des Ténèbres...
Que dire d'autre... ? Il laissa planer un léger silence, finissant sa tasse de thé pour voir si Snape voulait ajouter quelque chose à son tour. Après tout, c'était lui le chef.

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