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sujet; (ELLINOR)The only easy day was yesterday. |
| Ellinor Ava Løseth feat Jaime Alexander • crédit Javelot | ❝ We're running in circles again ❞Hunted ; Inventé☇ pseudo complet & surnom(s) ; Løseth, patronyme ancien, patronyme oublié au sein des terres vierges et inviolées de Laponie. Løseth, le sang pur, le sang fier, le sang digne, souillé par le sang sauvage, indompté, indomptable, celui de sa mère moldue Israélienne, celle qu’elle n’a que trop peu connu. La bataille qui fait rage dans ses veines, qui s’efface sur ses lèvres quand vient l’instant où elle se doit de révéler son identité –elle n’est qu’une Abelson alors, passe-partout, commun. Car des identités, des masques à porter, elle n’en manque pas, elle s’y fond jusqu’à en oublier le nom qui lui fut donné à sa naissance. Ellinor, la compassion, la douleur. Ava, hébraïque, doux sur la langue, trop peut-être. Mais elle efface, elle oublie, lorsqu’elle pose un pied dans l’arène, où elle n’est plus rien que Freyja, comme la première des Valkyries. Le surnom ignoble choisi par celui qui fut son maître, scandé par la foule avide de voir couler le sang des impurs, le sang des traîtres. Freyja la combattante. Freyja la mortelle. ☇ naissance ; Trente-et-un Mars 1969, dans un hôpital moldu au nom sans grand interêt, non loin de la colossale et magnifique capitale Française, Paris.☇ ascendance; Le sang le plus pur qui se mêle au sang le plus impur dans ses veines. Née de l’union interdite, passionnée, entre un sang-pur déjà promis à une sorcière de sang-pur qu’il n’a jamais aimée et une moldue qui hante certainement encore son cœur, son âme. La petite sang-mêlée Ava, la bâtarde Ellinor, comme seule preuve tangible de cet amour réprouvé par les traditions de l’ancestrale et noble famille Løseth.☇ métier ; Aux yeux du Magister, dans ceux des Anglais, elle n’est qu’une énième sang-mêlée qui a fait taire le rugissement de la magie dans ses veines pour s’échapper dans le monde moldu (fuir le régime, donc elle avait quelque chose à cacher n'est-ce pas ?), se consacrer à une vulgaire carrière de boxeuse, vivant de boulots sorciers minables et sous-payés. Pour d’autres, elle est encore tellement d’autres choses… Les boucliers dont elle se parait, les identités qu’elle enfilait comme des gants et s’appropriait d’une main sûre et ferme, pour les besoins du métier, pour l’information (avant de tomber entre les griffes du Magister et de disparaître complètement). Car même s’il n’y a aucun registre où son véritable nom est inscrit, même si elle n’a fait qu’évoluer dans le secret, au sein des dangers de la non-existence, elle sert sa patrie la France comme Bouche Cousue officiant pour l’Ordre des Ombres du Roi.☇ camp ; La Rébellion dans chaque goutte de son sang, parce qu’il a fallu choisir, parce qu’elle a échoué, parce qu’elle est tombée. ☇ réputation ; Avant de devenir une Rebut, elle n’avait pas d’existence –pas vraiment. Maintenant, ceux qui furent un jour attirés par les combats organisés par les propriétaires de Rebuts la connaissent sous le nom de Freyja. Ils se souviennent de cette machine mortelle qui se battait comme une chienne enragée, qui entrainait ses adversaires dans une danse destructrice dont elle ressortait bien souvent victorieuse, au plus grand plaisir de son propriétaire. Ils se rappellent de ce corps outrageusement tatoué qui se mêlait aux autres, aux siens, pour les broyer, les briser, sans la moindre once de pitié, faire couler le même sang impur et dégueulasse qui coulait dans ses veines. Elle s’est sûrement faite tuée avec tous les autres, au fond, qu’en ont-ils à faire ? Sauf que le nom qu’elle portait alors est devenu murmure jusqu’aux oreilles des rebelles, des Insurgés, que son visage est devenu synonyme de douleur pour ceux qui l’ont combattue et qui ont réussi à s’en sortir. Pour l’instant, elle n’est qu’une fuyarde de plus, qu’une âme marquée qui est parvenu à se libérer de ses chaînes, mais pour combien de temps encore ?☇ état civil ; Célibataire. Les nuits qui succédaient autrefois entre les bras des hommes et des femmes qui étaient sources d’informations ou d’oubli. Sorcier, moldu, sang-pur, cracmol, aucune différence. Un corps, une âme, s’oublier dans le désir des inconnus, s’éteindre puis revivre dans le plaisir gravé sur les traits auxquels elle associait un parfum, un timbre de voix, mais bien trop peu souvent un nom. La vérité, c’est qu’elle s’attache bien plus souvent aux demoiselles qu’aux damoiseaux, et que ses véritables relations ne se comptent que sur les doigts d’une main et lui semblent à présent bien loin.☇ rang social ; Ancien rebut sur les routes. On the run. Donc hors-la-loi, même si elle cherche petit à petit à se rapprocher des Insurgés, l’envie de se battre, d’agir grondant furieusement dans ses veines.☇ baguette ; Trente centimètres et trois millimètres de longueur, en bois d'ébène, composée d'une plume de phénix. Particulièrement fidèle à son possesseur (elle est sa toute première baguette et elle ne s'en est jamais séparé depuis ses onze ans, s’est employée à la cacher dans un endroit sûr avant d’être raflée), elle l'entretient très régulièrement et en prend le plus grand soin. Des runes de couleur argentée, écrites dans un langage oublié, sont finement gravées dans le bois. Plutôt rude en main, exigeante, elle est adaptée aux sortilèges vifs et aux informulés plutôt qu'aux incantations complexes. D'après d'autres sorciers qui l'auraient eu en mains, son contact serait étrangement chaleureux mais éveillerait également une impression d’infériorité –comme s’il fallait s’en montrer digne. Elle lui a longtemps fait des misères avant qu'elles ne s’entendent bien et s’accordent. Malheureusement, Ellinor n’a pas encore eu l’occasion d’aller la récupérer, elle évolue donc avec la baguette qu’elle a volé à un jeune mangemort un peu trop imprudent qui était sur ses traces et qui elle est en bois de houx. Vingt-sept centimètres, avec un crin de licorne.☇ épouvantard ; L'obscurité. L'humidité. L'éclat lugubre des barreaux de fer. Les chaînes qui tuent sa liberté -sa liberté d'agir mais aussi sa liberté de penser.☇ risèd ; La silhouette d'une femme, floue, mal dessinée, sans visage, sans âge. Et à ses côtés, une fillette aux yeux jade, aux cheveux corbeaux, qui se retourne vers elle, les yeux pétillant de joie de vivre et d'amour.☇ patronus ; Un Malinois, la loyauté dans les veines, le dévouement dans le sang. Féroce et intrépide ; insoumis. Ou du moins était-ce sa forme la dernière fois qu'elle a formulé le sort. Depuis, il s'est passé bien des choses et elle ne se sent pas prête à exécuter à nouveau ce sort par curiosité avec cette baguette qui n'est même pas sienne.☇ particularités ; la demande est à faire obligatoirement avant la fiche.☇ animaux ; Elle possédait un faucon crécerelle pour qui faisait office de messager, mais il s'est heureusement enfui quand elle a été raflée. Elle sait bien qu'il faudrait un miracle pour qu'elle le retrouve -elle espère juste qu'il a regagné la France ou à défaut a pris son envol pour retourner dans des contrées sauvages et inhabitées. En traînant dans les rues à!les qu'elle fuyait après sa libération, elle est tombée sur un chat errant. Un chat de gouttière, tout sale, minuscule et maigre comme un clou, avec lequel elle a partagé son maigre repas. Finalement, il l'a suivie lorsqu'elle a repris la route et du coup, elle a décidé de le prendre avec elle -entreprise périlleuse comme il restait plutôt sauvage et peureux. ☇ miroir ; // |
☇ Avis sur la situation actuelle ; exécution des rebuts / intervention des insurgés, comportements étranges au sein de la population (fanatisme soudain de personnes qui, à peine quelques semaines plus tôt, se plaignaient du gouvernement), dégâts, propagande anti-insurgés sur la base des dégâts qu'ils causent...
☇ Infos complémentaires ; Ellinor est une sorcière plutôt douée, comment en aurait-il pu être autrement avec la formation qu’elle a reçu et l’expérience qu’elle traine derrière elle ? Mais c’est dans tout autre chose qu’elle se distingue, grâce à son entrainement dans l’armée qui ne s’arrête en rien à la seule maîtrise de la magie (vous pensiez que les ceux qui travaillent pour les renseignements étaient sans défense une fois sans leur baguette ? ) Un domaine qui n’a rien à voir avec la magie. Le combat à mains nues. Redoutable avec une baguette, elle devient mortelle lorsque son seul corps devient une arme. L'entraînement et l’expérience ont fait d’elle une sorcière habile à l’exercice de sa profession mais également un être impitoyable, doté d’instincts, de réflexes qui lui ont souvent sauvé la vie, et qui est bien loin d’être inoffensif une fois désarmé. Au contraire. • Sauf que voilà. Les réflexes, cela peut mener l’existence difficile, surtout quand on revient à la vie “civile”. Elle ne supporte pas qu’on la surprenne par derrière, encore moins qu’on la touche sans qu’elle ait pu appréhender le geste auparavant. Surprise et instincts font souvent mauvais ménage. Cela la rend extrêmement tendue et particulièrement prompte aux réactions défensives qui peuvent avoir des conséquences douloureuses pour autrui. Elle se sent rarement en sécurité lorsqu’elle est très entourée, ou qu’on pénètre son espace de confort et les endroits où elle parvient à relâcher un peu la pression parce qu’elle les juge sûrs sont très peu nombreux. Et vivre comme ça tout le temps, sur le qui-vive, c’est éreintant, psychologiquement parlant. Elle ne se souvent même pas de la dernière fois qu’elle a connu un sommeil tranquille dans une planque sûre. Et cela ne risque pas de s’arranger maintenant qu’elle est en fuite. • Ellinor est terriblement persévérante. Dans tout ce qu’elle entreprend. Elle aime et a besoin d’aller au bout des choses. Elle s’acharne, elle se dédie corps et âme, jusqu’à atteindre son but. • Un très gros problème pour faire confiance à autrui (et cela ne date pas d’hier…) qui ne s’est en rien arrangé avec la situation actuelle. Une tendance naturelle à être sur la défensive quand elle se sent menacée, jusqu’à repousser les gens, même ceux qui veulent l’aider (ça non plus, ce n’est pas bien nouveau). Et un penchant très accentué (et potentiellement suicidaire) pour la provocation lorsqu’elle se trouve en position de faiblesse face à l’ennemi (combien de fois son maître lui a-t-il fait payer ce qu’il qualifiait d’insolence ? Peut-être qu’au fond, elle la cherchait un peu la punition, la douleur la mort qu’il aurait pu lui offrir dans un excès de rage.). Elle a tissé sa vie dans les secrets et les mensonges, jusqu’à parfois en oublier qui elle était véritablement, quelle créature se cachait au fond de ses entrailles et de son coeur. Parfois elle ressemble juste à un animal sauvage, blessé, et ça la rend malade. • Elle est tatouée. Pour le plaisir, par nécessité. Un peu partout -même si elle tend à utiliser un glamour pour les masquer aux yeux trop curieux, parce que c’est un peu trop repérable quand elle est légèrement vêtue. Tatouages moldus exclusivement -si on oublie celui apposé par son maître, à un endroit un peu trop intime et dont elle sera obligée de supporter la vue toute sa vie durant (même si elle doit avouer que c’est bien pratique de pouvoir le dissimuler sans effort aucun pour ne pas avoir l’étiquette “Ancien rebut” collée au front). Certains trouveraient ça outrageant, toute cette encre, toute cette noiceur sur sa peau claire -surtout de confection moldue. Ce n’était étrangement pas le cas de son maître dont les yeux un peu trop brillant d’une curiosité malsaine et fascinée ont trop de fois écorché sa peau encrée. À vrai dire, la plupart de ces tatouages recouvrent des cicatrices récoltées au fil des missions, avant même cette guerre -les marques du supplice dans son dos, les lacérations au creux de ses cuisses, les deux entailles qui marquent la naissance de son bas-ventre, preuve qu’elle ne sera jamais capable d’enfanter, qu’on lui a arraché ce rêve, cet espoir, ce désir incandescent de pouvoir un jour porter la vie. • Des rumeurs, elle en a connu lors de sa scolarité à Beauxbatons. Au début, pas vraiment. Les murmures insipides dont n’importe qui pouvait être victime, la méchanceté gratuite des gosses entre eux, lors de ses cinq premières années. Banal et sans intérêt. En France, aucune attache à la pureté du sang, sauf peut-être quelques camarades issus de famille “conservatrices” disons, qui avaient par ailleurs vite compris que malgré le nom qu’elle portait, elle ne partageait en rien ces idéaux qui n’avaient aucun sens à ses yeux -il s’agissait de ceux de la famille de sa belle-mère et de cette dernière, pas ceux de son père, ni les siens. Sauf que sa jeune soeur, son adorable soeur a fini par rentrer à l’école. Le teint de craie des gens du Nord, les yeux océan, les cheveux aussi roux (comme sa mère) que les siens étaient noirs (héritage de sa génitrice moldue). Et les questions ont fini par se poser. Les murmures qui se répandaient, les bâtarde qui accompagnaient ses pas. Il n’avait fallu que quelques héritiers rancuniers -ceux qu’elle croisait bien trop souvent, à son plus grand désespoir, dans les réceptions de grandes familles sorcières- pour semer le trouble. Sauf que les autres n’en avaient que faire, sauf que les insultes glissaient sur elle sans réellement l’atteindre -joli masque d’indifférence qui n'était que ça, un masque- jusqu'à ce qu’ils dépassent les bornes, jusqu’à ce qu’ils insultent sa mère une fois de trop, jusqu’à ce qu’elle leur réponde. Un éclat de colère après des mois et des mois à tout encaisser, jusqu’à l’explosion de magie. À la clé, un renvoi de plusieurs semaines, les cris indignés de sa belle-mère (comme si elle y portait attention), les regards déçus de son père (ça, c’était déjà beaucoup plus douloureux). Une dernière année mouvementée où elle passa presque autant de temps en colle pour son comportement qu’en cours (ils s’en prenaient à sa soeur de douze ans à peine, qui ne voulait ni en parler à la maison, ni aux adultes, par peur, pae honte, parce qu’elle pensait que ça finirait par passer, comment Ellinor était-elle censée laisser passer cela ?). • U.C. ❝ Nothing compares to you ❞Deux mots sur l'IRLAppelez-moi Javelot (ou Alex). J'ai bientôt vingt-ans, je viens de France et j'ai connu le forum via un partenariat. Si tout va bien vous me verrez connecté(e) 7 jours sur 7. Pour les membres désirant être parrainés uniquement : rendez-vous dans cette catégorie et postez dans le sujet "être parrainé" . Un dernier mot ? Blood must have blood. (J'aime votre banque à smileys. )
Dernière édition par Ellinor A. Løseth le Mar 1 Mar 2016 - 20:16, édité 5 fois |
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| titre début titre suite ss-titre, ss-titre, ss-titre ici ❝ Life and death are always so mixed up together, in the same way some beginnings are endings and some endings become beginnings. ❞Correspondances entre 1976 & 199123 Avril 1976. Résidence familiale des Løseth. Côtes-d'Amor, Bretagne.Chère maman, Tu me manques. Maëlle m’a regardée bizarrement quand je lui ai demandé si elle pouvait poster une lettre pour moi. Je crois qu’elle sait pas ce que c’est la poste. Quand je lui ai expliqué de c'était une boite jaune où on met les lettres, elle m'a dit que je parlais "moldu". C'est quoi ça ? Une langue ? On dirait un prénom de vers de terre. Moi, je parle Français et Hébreux, mais je lui ai pas dit. De toute façon je l’aime pas. Elle veut pas que je joue avec Ania, tu sais ? Pourtant, Ania est gentille, et toute petite. Et elle aime jouer, elle a 2 ans. J’ai demandé à papa pour la lettre. Il m’a dit que les hiboux allaient jusqu’au ciel et que je pouvais donner ma lettre à Hubert. Il est joli, Hubert. Il est tout noir. Il est vraiment très gros, donc il doit être très fort et voler très haut. Je pense que c’est pour ça que papa voulait que je lui donne à lui et pas aux autres hiboux. Donc j’espère que tu recevras cette lettre au ciel. Je comprends pas pourquoi tu reviendras pas. Je veux bien rester avec papa en attendant, mais c’est pas pareil ici. C’est pas comme à la maison. On dirait un château, y’a plein de petits gens bizarres qui font le ménage et préparent à manger, ils sont gentils mais ils ont des drôles de têtes. Y'en a un qui s'appelle Eva. Presque comme moi. On dirait les nains de Blanche Neige, je te jure maman. Et papa, il est pas souvent là, mais il me lit toujours des histoires le soir, et il fait des tours de magie aussi. Mais Maëlle, elle est tout le temps là, mais elle veut jamais jouer avec moi. Tu me manques. La maison me manque. Caty et Amélie me manquent. Même ma maitresse me manque. Je t’aime. Elli. 31 Août 1980. Résidence familiale.Chère Maman, Demain, c’est le grand jour. La rentrée à Beauxbâtons. Je suis strop stressée. Et pressée aussi. En fait, là, je devrais dormir, mais à la place je t’écris, peut-être que ça m’aidera un peu à trouver le sommeil. Sinon, je devrais compter les moutons sur mon plafond. Il y en a vraiment, tu sais. Mais c'est chiant à faire et ça marche pas. J’ai tellement hate d’apprendre à me servir de ma baguette ! Elle est en bois d’ébène, comme celle de Papa (mais la sienne est plus petite, et elle contient des crins de licorne). Il n’arrête pas de me dire qu’il est fier de moi. Je crois qu’il avait un peu peur que mes pouvoirs ne se manifestent jamais. Même s’il m’a dit qu’il m’aimait, cracmole ou pas. Maëlle, par contre… Elle m’ignore depuis que j’ai reçu ma lettre. Enfin, c’est pas comme si ça changeait de d’habitude. Elle ne me prête attention que lorsque Anja est avec moi. Elle est tellement adorable. Ça me rend un peu triste de la laisser toute seule à la maison, même si elle sera pas vraiment seule. Mais elle finira par me rejoindre là-bas, dans cinq ans. C’est pas si loin. Sa magie se manifeste déjà. Elle est géniale, si tu savais. J’aurais aimé que tu sois là. Papa aussi, je crois. Je t’aime. Ton Elli. 14 Mars 1987. Beauxbâtons.Papa, Tu ne verras sûrement jamais cette lettre (par contre, tu recevras sûrement une lettre de la Directrice pour t’avertir que j’en suis à… ma vingtième heure de colle à cause de mon « comportement ». M’en veux pas trop.). Je préfère écrire pour évacuer, avant que je ne finisse vraiment par casser le nez de quelqu’un, et de préférence, celui de Louis. Il m’énerve. Si tu savais comme il m’énerve. Il se pense intelligent à s’attaquer à plus faible que lui ? Ouais, bravo, vraiment, mon gars, t'as tout compris, t'es qu'un lâche purée. Anja n’a que treize ans. Elle ne sait même pas ce qu’implique les idéologies sur la pureté du sang. Bien sûr, elle ne te dira pas qu’elle se fait harceler. Elle me l’a déjà pas dit à moi, j'ai dû deviner avec l'aide de ses copains... Elle ne veut pas non plus que j’en parle aux profs. Donc j’ai pris la situation en mains, tu m’excuseras, hein. Je ne vais certainement pas les laisser l’atteindre. Elle ne mérite pas ça. (Personne ne mérite ça.) Heureusement, elle s’est fait une bonne bande de copains de son âge qui la défendent aussi. Et heureusement, Louis et ses débiles de potes pro-sang-pur seront partis l’année prochaine, comme ils sont de ma promo. Je te jure, ça va pas le faire si on fait notre service au même endroit. Non, en fait, je retire ce que j’ai dit. Je vais pouvoir leur botter le train en toute légalité, sans être menacée de colle (bon peut-être quelques pompes, mais ça vaut le coup). La belle vie, vraiment. J’espère que tu ne travailles pas trop. T’as aussi besoin de dormir de temps en temps, tu sais ? Tu n’aimes pas rester à la maison, j’avais bien compris (pas la peine de le cacher, je sais bien que ça fait des années que tu fais chambre à part avec Maëlle, parfois je me demande même si tu l’as un jour un peu aimée. Enfin, excuse l’égoïsme, mais ça veut dire que Maman est encore dans ton cœur. Et je préfère ça.). Mais repose-toi un peu quand même. Et je sais même pas pourquoi j’écris ça sur un bout de papier que tu verras jamais. Enfin, comme il me reste encore une demi-heure à rester dans cette salle vide toute seule (à croire que j’ai tellement fait d’heures supplémentaires qu’ils savent plus comment m’occuper ? Je rêve.), je vais t’écrire une vraie lettre. Sois pas trop fâché. Sois pas déçu non plus, s'il te plait. Je travaille bien, promis. Je ne fais pas que des heures de colle. Bon, la métamorphose c’est pas encore ça mais j’ai des bonnes notes en DCFM. Et ailleurs aussi. Mais surtout en DCFM. C’est déjà bien non ? Je t’embrasse. Et je t’aime. Ton Ava. 1 Mars 1988. Batîment de l'armée française. Localisation inconnue.Salut Papa, Sois pas surpris par le changement de hiboux. C’est celui de Justin, il a été super sympa de me le prêter. Je crois que Maëlle a un peu trop tendance à repérer Hubert, et vu le peu de réponse que j’ai de toi, je commence un peu à la soupçonner de lire mes lettres. Encore, ça pourrait passer si j’avais pas l’impression qu’elle ne te les donnait pas ensuite. (Non, je ne suis pas parano. Ne sois pas blessé, mais ce n’est pas une nouvelle qu’elle ne n’aime pas. C’est à peine si elle me supporte quand je suis là…) Enfin, heureusement, elle n’a aucune prise sur ma correspondance avec Anja… Je rentre à la maison dans une semaine. Fin du service militaire, je serai enfin adulte au regard de la loi, whouhou ! Je compte sur toi pour ramener une bouteille de champ’ (oui, j’ai l’âge légal pour boire Papa, et ne t’en déplaise, je ne t’ai pas attendu pour ça. Ne t’inquiète pas, je ne suis pas aussi « rebelle » en service. Pas du tout même.). Il faudra qu’on parle de ce que je veux faire ensuite. Je ne pense pas que ça te fasse particulièrement plaisir, mais essaye de te souvenir que c’est ma vie, et que je veux vraiment faire ça. C’est ce qui me plait et ça fait longtemps que j’y réfléchis. Puis hey, tu penses pas que l’uniforme m’irait plutôt bien ? Je t’aime. Ton Ava. 16 Décembre 1990. Base militaire française. Localisation inconnue.Hey Anja ! C’est Papa qui t’a dit que je n’arrivais pas à orthographier ton prénom correctement quand j’étais petite ? Le traitre. Je n’ai pas trop de temps (bah oui, je suis bien occupée, c’est une vocation à plein temps d’être dans la Cohors Urbana, tu sais ?) mais j’ai réussi à joindre un paquet de Chocogrenouilles. T’auras un vrai cadeau quand je rentrerai, promis. Au fait, tu n’as pas mentionné Valentin dans ta dernière lettre. Tu lui fais la tête ? Ou bien il a oublié de t’inviter pour le bal de Noël ? Tu peux tout me dire tu sais. Je ne suis pas sûre de pouvoir te consoler et encore moins arranger les choses, mais ça fait du bien d’écrire. J’écrivais beaucoup quand ma mère est morte. Je lui écrivais des lettres. D’ailleurs, je me demande parfois où elles ont atterri. (Ouais, te moque pas, je les envoyais vraiment, j’étais petite. J’étais persuadée que les oiseaux faisaient la liaison entre le ciel et la terre. Peut-être que c’est Papa qui les a. Faudra que je lui demande un jour.) Bon, sur une note plus joyeuse, tu ne m’as toujours pas dit de quelle couleur était la robe que tu allais porter à la réception familiale de Noël. Je n’y serais pas (Merlin soit loué ! Désolée la frangine, mais je crois que tu as compris que je détestais ça. En plus, Louis est toujours invité. (Comment ça, j’ai l’air d’une sale gosse capricieuse ?) Je sais que sa famille est importante blah-blah-blah mais je ne peux juste pas le voir en peinture. Son sourire de gosse trop poli me donne des envies de meurtre. Il joue tellement le jeu devant les autres, ça me dégoute. BREF.) Bro code, soeurette. Tu dois me dire ce que tu vas porter. Ou m’envoyer une photo. J’aurai un peu l’impression d’être avec toi comme ça. Je pense à toi, et je t’embrasse. PS : Fais un bisous à Papa pour moi. PS² : Si tu croises Fenrir à la réception, dis-lui de m’envoyer un hiboux et que je ne l’ai pas oublié (contrairement à lui). C’est bien le seul que je vais regretter de manquer (avec toi et Papa bien sûr). PPS² : Je serai bientôt déployée à Paris. Bon, je ne peux pas trop te dire ce qu’on va y faire (en fait, je ne peux rien te dire du tout à part qu’on y sera), mais j’essaierai de te rapporter quelque chose. Ta soeur préférée (comment ça, t'en as qu'une ?). ❝ Once you go down that road, there’s no looking back.❞Correspondances entre 1991 & 19933 Janvier 1991. Base militaire française. Localisation inconnue.Maman. J’ai tué un homme aujourd’hui. Un sorcier, lors d’une prise d’otages. Il allait tous les tuer. Il avait déjà commencé. On ne pouvait rien faire pour l’arrêter. J’ai vu une ouverture, une faille, j’ai lancé le sort. Je le vois encore s’écrouler, dès que je ferme les yeux. Je ne parviens pas à m'en défaire. La scène est inscrite sur mes rétines, gravées sous mes paupières. Je sais que j'ai pris la bonne décision. Le décision juste. Que si nous n'avions pas agi, il les aurait tous massacrés. Que la moindre chance de le mettre hors d'état de nuire était à saisir pour empêcher de carnage. Je sais que c'était la seule solution, parce que les négociateurs avaient échoués, parce qu'on avait déjà tout tenté pour le ramener à la raison, pour l'encourager à abaisser sa baguette. Je sais tout ça. Pourtant, quelque part, je sens que ça ne me suffit pas. Je crois que je vais vomir. 8 Février 1991. Base militaire française. Localisation inconnue.Anja, Comment ça, ta mère te parle de mariage ? Tu n’es même pas encore sortie de Beauxbatons qu’elle essaye déjà de te coller un mec dans les pattes ? Non mais je rêve. Et Papa, il en pense quoi ? Réponds vite. Ton Elli (furieuse mais prudente, promis). 24 Février 1991. Base militaire française. Localisation inconnue.Papa, Fais pas comme si tu ne recevais pas mes lettres. Vu tous les hiboux différents que j’ai employés pour te harceler, il n’y a pas moyen que Maëlle les ait toutes interceptées. En plus, je suis certaine que la plupart d’entre elles te sont parvenues au travail. Le 28, 19h, cheminée de ton bureau privé. On va l’avoir cette discussion à propos du futur d’Anja. Que tu le veuilles ou non. Il est hors de question que tu me laisses en dehors de ça. Ne me force pas à me déplacer. Je n’ai jamais demandé de permission exceptionnelle et ils se sentiraient bien trop obligés de me l’accorder. C’est ta fille, mais c’est ma soeur aussi. Ellinor. 25 Février 1991. Base militaire française. Localisation inconnue.Je crains qu’il ne soit arrivé malheur à la lettre transportée par ton hiboux, Maëlle. J’imagine qu’elle contenait mon invitation à la soirée de fiançailles de ma soeur. Je serai très heureuse d’y assister, je te remercie d’avoir pensé à m’y convier. C’est bien trop d’honneurs pour la bâtarde que je suis. Ava Levi. 26 Février 1991. Base militaire française. Localisation inconnue.Papa, Dis-moi que tu n’es pas comme ça. Dis-moi que tu ne vas pas imposer à ta fille ce qu’on t’a imposé à toi aussi. Et puis Louis, sérieusement ? Sais-tu seulement qu’il la harcelait quand elle était en deuxième année ? Certainement par ma faute (enfin, entends par là, par là, parce que je n’étais pas une enfant née dans les liens du mariage et que mon statut de sang a longtemps été caché, et peut-être aussi parce que je lui avais mis au tapis en cours de duel une ou deux fois.), d’accord. Mais il faut que tu le saches. C’est un connard extrémiste. Oui, lis bien ces mots, parce que je les pense, parce qu’ils sont vrais, et parce que tu as besoin d’un peu de franchise crue de temps à autres. S’il-te-plait, Papa. Pense à maman, juste aujourd’hui, juste cette fois. Souviens-toi de votre rencontre qu’elle a cru hasardeuse dans son échoppe de fleuriste, alors que ça faisait des semaines que tu passais devant et que tu l’observais à la dérobée en espérant qu’elle te remarque. Souviens-toi de ce que tu ressentais avec elle. Tu étais libre, Papa. Libre d’être qui tu voulais avec elle, libre d’être qui tu es vraiment, et pas ce que tes parents ou les castes attendaient de toi. Est-ce que tu veux vraiment enfermer Anja dans un mariage de convenance qui va la rendre malheureuse (parce qu’elle est amoureuse, figure-toi, d’un gentil garçon qui saura la rendre heureuse et qui n’a d’intérêt ni pour son héritage ni pour la pureté de son lignage, et quand bien même il ne serait pas l’amour de sa vie, souviens-toi de toi et maman) ? Est-ce que tu veux vraiment répéter avec elle les erreurs que tes parents ont commis avec toi ? Est-ce que tu n’aurais pas aimé que ton père ou ta mère s’oppose aux traditions familiales et comprenne que ton coeur était libre d’aimer qui tu voulais ? Réfléchis bien. On en parle dans deux jours. Ton Ava. 27 Février 1991. Base militaire française. Localisation inconnue.Anja, Bien sûr que non, je n’ai pas blessé le pauvre Flibustier. Il n’est coupable de rien, ce n’est pas de sa faute s’il est le messager attitré de ta mère. Par contre, j’ai reçu la lettre et je l’ai brûlée. Si tu veux savoir, ta mère me sommait de me tenir loin de tes fiançailles. Tu veux que je te dise ? Elle me donne encore plus envie de me battre pour toi. J’arrive dans quelques jours, ne perds pas espoir. Et je te rappelle que tu es majeure. Si tu veux passer quelques jours chez Valentin en attendant que je débarque, tu le fais. C’est tout. Je suis certaine que ses parents seront ravis de t'accueillir. Crois-moi, vu le nombre de fois qu’ils m’ont vu ramener mes fesses avec Fenrir parce que je ne supportais plus l’ambiance à la maison quand tu n’étais pas là, ils ont l’habitude. Ton Elli. PS : Je serai à Paris dans les prochains jours, je pense que j'aurai le temps de passer à Gilbert. Envie d’un roman moldu en particulier ? 13 Mars 1991. Base militaire française. Localisation inconnue.Papa, Je voulais juste te dire que je suis fière de toi. Je suis fière d’être ta fille. Je sais que ce n’était pas un choix facile et que tu as sacrifié beaucoup pour ça. Mais le sourire d’Anja, ça vaut bien tout ça, tu ne crois pas ? Ton Ava qui t’aime. 1er Mars 1992. Hôtel Parisien. Neuvième arrondissement sorcier.Fenrir, Regarde par la fenêtre de ta boutique de sucreries demain. Vers 14h. Tu pourrais avoir une surprise. (J’ai promis à mes frères d’armes que tu vendais les meilleurs dragibus explosifs. T'as intérêt à avoir du stock, ils sont sur les dents.) Elli. 18 Novembre 1992. Appartement Parisien. Cinquième Arrondissement Sorcier.Salut Papa. Tu ne liras jamais cette lettre. C’est sûrement mieux comme ça. A vrai dire, je vais la brûler quand j’aurai fini de l’écrire. Comme ça je serai sûre et certaine que personne ne puisse poser les yeux dessus. Surtout d’autres personnes que toi. Aujourd’hui, j’ai rencontré des Bouches Cousues. Ou plutôt, elles sont venues à ma rencontre. Comme ça, en plein Paris sorcier, au milieu de la foule et de personne en même temps. Je ne les ai même pas reconnues. Bon, d’accord, j’aurais dû m’y attendre, c’est leur métier après tout. Mais rien, pas un seul détail qui aurait pu éveiller mes instincts –on m’y a entrainé, putain. Rien du tout. C’était aussi terrifiant qu’excitant sur l’instant –et très confus aussi, je n’ai vraiment pas compris pourquoi ils venaient m’aborder en civil, comme ça. On ne peut pas faire confiance à des gens comme eux. Ils sont impossibles à cerner. C’est très déstabilisant, très déroutant. Et ça l’est devenu encore plus quand ils m’ont fait une offre, au milieu de leurs compliments intéressés sur mon parcours militaire. Bouche Cousue, Papa. Ils m’ont proposé de devenir Bouche Cousue. J’ai l’impression d’être à la croisée des chemins. D’un côté, je peux continuer ma carrière dans l’armée régulière. Je sais que c’est ce qui me plait, ce que j’aime faire. Et de l’autre ça. Le grand inconnu. Le challenge. Je sais que si je m’engage, je ne pourrai pas faire demi-tour. Pas cette fois. Parfois j’aimerais que Maman soit là, avec toi, pour que vous puissiez me conseiller. Me rassurer peut-être. Parce que devenir Bouche Cousue, c’est une perspective aussi effrayante qu’attirante. L’information et la désinformation, le coeur du système, des enjeux diplomatiques, militaires, économiques. C’est une opportunité inouïe. Et aussi de gros sacrifices personnels. Je crois que je vais accepter. Je sais que je vais accepter. Ava. ❝ The ultimate defense is to pretend.❞Correspondance entre 1993 & 199828 Juillet 1994. Centre de formation des Bouches-Cousues. Localisation inconnue.Anja, Joyeux anniversaire frangine. Vingt ans, ce n’est pas rien quand même. J’espère que tu recevras cette lettre à temps, Spock est beaucoup plus rapide qu’Hubert mais… Qu’importe quand tu la recevras, au fond. Sache juste que je n’ai pas oublié ton anniversaire, et que je pense à toi et à Papa aussi. Qu’importe où je suis. Qu’importe ce que je fais. Je ne pourrai pas être là pour l’anniversaire de Papa. Et je ne peux même pas te dire pourquoi, à part que c’est bien en relation avec mon travail. J’essaierai de passer à la maison un peu après. Ça fait presque un an et demi qu’on ne s’est pas vues. Je crois que ça n’était jamais arrivé avant. J’espère avoir très vite de tes nouvelles. Elli. PS : Petit cadeau en avance, pour toi et Valentin, dans la seconde enveloppe. Pensez à prendre des photos moldues avec Mickey et Minnie. 7 Septembre 1994. Centre de formation des Bouches-Cousues. Localisation inconnue.Papa, Tu sais bien que je ne peux pas te dire grand chose. Et je sais bien que ça t’inquiète. Mais ce que je fais me plaît et je suis prudente. Aie confiance. J’essaierai de passer dès que j’aurai un moment. Les attributions de permission changent quand on monte en grade, plus de responsabilités, plus de boulot, tu sais. Dis tu aurais une photo récente de toi et Anja, que tu pourrais m'envoyer ? Entre ses études de médicomagie à Paris et ton boulot je me doute bien que vous ne devez pas vous voir bien souvent, mais pensez quand même à vous retrouver un peu. C’est important. Même si ça inclut Maëlle. C’est sa mère tout de même. Je sais qu’elle lui en veut toujours pour le mariage, mais à défaut de pardonner elle pourrait essayer de comprendre ? Je t’aime. Ava. 3 Février 1995. Résidence familiale. « Putain, j’ai l’air d’être une fille. Je ne sais franchement pas comment tu as réussi cet exploit, Doddy. » Cette femme dans le miroir, ce n’était pas elle. Ce n’était pas vraiment elle. Ou au contraire, c’était un peu trop elle. Elle se fit violence pour ne pas toucher ses cheveux emprisonnés dans ce chignon serré, peu habituée à les porter aussi longs. Elle avait fait exprès de les laisser pousser (avec l’aide de quelques potions) pour ce jour spécial. Pour faire plaisir à sa jeune sœur, qui se plaignait tout le temps qu’ils soient coupés si court –était-ce sa faute si c’était plus pratique ainsi ? Sa jeune sœur qui allait se marier dans à peine quelques heures. Se lier à un homme, par amour. Les entrailles compressées par l’angoisse, l’estomac noué, Ellinor avait sincèrement l’impression que c’était elle qui allait devoir marcher jusqu’à l’autel aux côtés de son père, sous le regard de plusieurs centaines d’invités. Mais non. C’était Anja. Anja et Valentin. Elle tira par réflexe sur la manche droite de son uniforme militaire, comme pour l’ajuster un peu, le sentiment de malaise grandissant, avant de se faire réprimander par l’elfe de maison qui avait toujours pris soin d’elle, dès le jour où elle avait pour la première fois posé un pied dans cette maison –ce manoir, ce château, whatever. Sa meilleure alliée contre Maëlle, sa délicieuse belle-mère. Ellinor se raidit par réflexe, au garde-à-vous, effleura les rubans colorés qui ornaient sa poitrine, les souvenirs au bord des lèvres, avant de se retourner vivement vers la porte qui s’entrouvrait, sur le qui-vive –le réflexe incontrôlable, incontrôlé. Mais seule la figure souriante de son père apparut dans l’embrassure, ses yeux verts –les mêmes que les siens- éclairés par une lueur qu’elle avait mis du temps à comprendre, à saisir vraiment, alors qu’elle avait pourtant toujours été là : la fierté. Aussitôt, ses épaules se relâchèrent et un mélange de tristesse et de joie étreignit violement son cœur affolé. Lui donna l’impression d’étouffer. Parce que cet uniforme qu’elle portait avec fierté, pour lequel elle avait tant donné, tant sacrifié, qu’elle s’était toujours promis d’honorer avec dignité et abnégation, dévotion et loyauté, cela faisait à présent deux ans qu’elle l’avait abandonné. Et que jamais cet homme qu’elle admirait et aimait tant ne le saurait. 24 Avril 1996 Appartement Parisien Premier Arrondissement sorcier.Maman, C’est un soulagement que tu ne lises jamais cette lettre. C’est horrible de penser ça, je sais. Parce que je vais l’écrire quand même. Parce que j’ai besoin de te le dire. Parce que je ne pourrai jamais m’ouvrir ainsi à Papa ou à quiconque d’autre d’ailleurs. Je n’y suis pas autorisée –c’est une magnifique excuse, très pratique, qui sert beaucoup mes intérêts, mes peurs tu sais ? Et puis je crois qu’une part de moi à honte, peut-être parce que je ne me pensais pas capable d’aller aussi loin pour une mission. Pour obtenir des informations. J’ai peur de ce que cette part de moi pourrait m’infliger. J’aimerais la voir disparaître, l’anéantir. Elle finira par m’empêcher de faire ce que je fais. Je le sais. Je ne peux pas continuer à officier sous couverture si je ne suis pas capable de faire ce qui est nécessaire pour mener à bien mes missions. Peut-être que l’habitude finira par avoir raison d’elle. Et d’un autre côté, je suis terrifiée à l’idée de ne plus ressentir ça. De ne plus ressentir ce dégoût de moi-même. De ne plus m’indigner de mes propres actions. Parce que ça voudra dire que je ne suis plus vraiment moi. Que je ne suis plus vraiment celle que tu aurais pu regarder avec fierté –que Papa regardait avec fierté, six mois plus tôt, alors qu’elle était déjà couverte par les mensonges et le secret. La vérité, c’est que la pente glissante, je l’ai empruntée il y a trop longtemps pour pouvoir reculer, pour pouvoir faire demi-tour. Dès le premier jour où j’ai pris cette identité, où je suis devenue une autre. J’ai senti l’ouverture, la faille, et je m’y suis glissée. Parce que c’est ce qu’on nous apprend –apprend l’autre pour pouvoir l’exploiter à ton avantage. Alors j’ai fait semblant de me laisser avoir, j’ai fait semblant de m’être empêtrée dans son piège. J’ai laissé le charme opérer, jusqu’au moment où je l’ai poussé à changer de direction, à se rendre compte que je n’étais pas comme toutes celles qu’il avait vu passer. J’ai assassiné le masque de l’innocente pour devenir l’inatteignable, l’intouchable –l’effarouchée. Parce qu’il avait rencontré trop peu souvent la résistance, parce qu’il avait trop confiance en son charme pour s’intéresser à celles qui lui succombaient en un soupir, parce qu’il avait un penchant certain pour la candide innocente et intouchée. Pour susciter son intérêt, l’éveiller. C’était comme un tango. La brûlure du désir, l’incandescence de l’envie. La violence du rejet, l’air glacial par la distance. Le loup qui se change petit à petit pour amadouer la vierge effrayée, tiraillée entre cette envie d’être dévorée et la peur d’être attrapée, déchirée. Sauf qu’il pensait être le loup, et que je me devais d’être la vierge à ses yeux. Et qu’au final, je ne suis plus certaine de ce que je pensais être et de ce j’étais véritablement. C’était le chaud, le froid. La confiance dans les mensonges, les secrets qu’il me dévoilait sans même le savoir, petit à petit. Au fur et à mesure que les mains se baladaient un peu trop, que les lèvres se faisaient de plus en plus aventureuses, intrépides. Jusqu’à clamer un territoire qu’il pensait sien, qu’il imaginait sien, que je faisais sien. J’ai eu mal la première fois. J’ai vomi aussi. Je n’osais même pas me regarder dans le miroir quand j’ai regagné cet appartement miteux à Prague. Mais j’ai recommencé, Maman. J’ai recommencé. Autant de fois que c’était nécessaire. Jusqu’à ce qu’il soit sec des secrets qu’il refermait, jusqu’à ce que j’obtienne ce qu’il me fallait. Puis j’ai été exfiltrée, j’ai fait mon rapport, je suis retournée à Paris, l’affaire à été bouclée –quelques morts pour que bien d’autres puissent vivre en paix. J’ai peur qu’à trop vouloir devenir d’autres, je finisse par me perdre, m’oublier. J’ai peur de devoir recommencer. Et pourtant, je sais que je le ferai quand même. Ellinor. 1er Décembre 1996 Localisation précise inconnue. Rome.Anja, Je suis heureuse d’apprendre cette nouvelle. Tu feras une mère merveilleuse, tu sais. Tu as ça dans le sang, crois-moi, quand on te voit avec des enfants, on n’en doute pas une seule seconde. Je comprends que tu sois effrayée et tu as sûrement plein de questions. J’aimerais être capable de te rassurer, mais ne crois-tu pas que ta mère soit la mieux placée pour ça ? Je sais que tu lui en veux encore pour avoir arrangé un mariage dont tu ne voulais pas. Mais regarde, tu n’as pas cédé. Tu t’es mariée avec un homme que tu aimes, tu vas avoir un enfant. N’est-ce pas le bon moment pour enterrer la hache de guerre ? Oui, je sais que ce que tu vas me dire. « T’es gonflée d’écrire un truc pareil alors que tu la détestes. » Mais qu’importe ce que je peux ressentir à son égard. Cette distance entre elle et toi la rend malheureuse, mais surtout, elle te rend malheureuse. Tu crois que Papa ne m’écrit jamais, ni même Valentin ? Et ce qui m’importe, c’est ton bonheur à toi. Essaye de faire un pas vers elle. Tu verras bien. (Oui, je vais bien, ne t’inquiète pas.) Ellinor. 13 Novembre 1997 Localisation précise inconnue. Luleå (Suède).Maman, Ça devient plus facile, tu sais. Changer d’identité, devenir totalement quelqu’un d’autre. On en oublie la honte, le dégoût de soi, parce que ce n’est pas réellement moi. C’est une autre peau, c’est une autre personnalité. On en oublie de se regarder dans le miroir aussi, plus qu’on ne se voit pas, on ne se voit plus. Je crois que je suis douée pour ça. Je sais que je suis douée pour ça. A la fin, il n’y a que les cicatrices qui restent et qui se souviennent. Ellinor. 6 Mai 1998. Localisation précise inconnue. Bretagne.Docteur, vous n’avez pas le droit de me cacher de genre de choses. Vous le savez très bien. Je dois repartir dans à peine quelques jours, et je ne sais pas quand j’aurai l’occasion de vous revoir, donc j’attends une réponse très rapidement, même si c’est pour me dire que vous voulez me voir en tête à tête. Je n’aime pas les hôpitaux, même si les militaires ont ma préférence, mais si vous vous obstinez à ignorer mes requêtes et mes lettres j’irai voir un praticien moldu. Et croyez-moi, je n’aurai aucun scrupule à le faire, bien au contraire. Vous avez l’obligation de me dire ce que l’on m’a fait. Ce que l’on m’a pris. Et je me fiche de savoir que vous avez des ordres contraires. Vous ne rendez des comptes qu’à moi, parce qu’il s’agit de mon corps, parce que vous êtes mon médecin. J’attends une réponse dans la journée. Passé ce délai, vous n’entendrez plus jamais parler de moi. Sergent Ellinor Ava Løseth, Septième division, Cohors Urbana. 14 Juillet 1998. Banlieue de Glasgow. Royaume-Uni.Salut Elli, Je ne sais même pas si tu recevras cette lettre. J’ai toujours pensé qu’Hubert saurait te retrouver, où que tu sois. Mes lettres ne reviennent jamais, mais tu ne réponds pas. Est-ce que tu les lis ? Est-ce que tu n’as pas le temps de répondre ? Est-ce qu’elle ne te parvienne pas ? Où es-tu ? J’ai joins une photo de Nathanael. J’espère que ça te fera plaisir. Il joue énormément avec le balai magique qu’il a reçu de ta part pour Noël. Et il adore tripoter la médaille que tu m’as donnée (oui, je la porte tous les jours) : je crois que les couleurs le fascine, ou bien est-ce l’emblème du Roi, va savoir. Papa s’inquiète, tu sais. Pour toi. Moi aussi. Tu nous manques. A chaque fois que je passe à la maison, je trouve Doddy occupée à aérer ta chambre et faire ton lit. Je crois qu’elle veut que tout soit parfait au cas où tu te pointerais à l’improviste un jour. Tu es tellement douée pour ça. Et pour repartir tout aussi vite, sans prévenir personne. Parfois, je te déteste pour nous garder dans cette ignorance. Le silence, c’est douloureux, Ellinor. Quand est-ce que tu le comprendras un jour et que tu arrêteras de dire que tu vas bien alors que tu ne nous parles pas, jamais, et qu’à chaque fois qu’on te voit, on te reconnait à peine ? Réponds. Même un tout petit mot. Même un mensonge, putain. Tu peux même passer un coup de fil, Papa a installé un téléphone chez lui et chez nous. Arrête de faire comme si tu n’existais pas pour nous. Anja. ❝ This ain't no place for no hero... ❞Correspondance entre 1998 & 2000 Planque Londonienne20 Avril 1998Maman, Je me permets une minute pour me plaindre. J’aime pas le Royaume-Uni. On y mange mal (de la gelée en yaourt ? Excuse me ? Le fait d’être Française a-t-il vraiment rendu mon palais délicat ?). Il pleut tout le temps (pire que Paris ET la Bretagne réunis, tu te rends compte ?). Et j’aime pas cette planque pourrie qu’on est obligés de se partager (certainement parce qu’à Londres, tout est trop cher, même dans les quartiers moldus, no offense hein.). Par contre, on va y faire du bon boulot. Ce sera certainement ma plus longue mission, parce qu’on est plusieurs sur le coup, et que les objectifs étaient très vagues tout en restant très clairs à la fois (même si on n’a pas tous eu les mêmes. Je suis la seule Ombre ici.). Renseignement pur et dur, infiltration sur le long terme, observation, filature. Oui, je sais, ça ne change pas beaucoup de ce que l’on fait d’habitude. Sauf qu’avec le climat politique qui règne, ça va être un véritable travail d’orfèvre. Ce pays est sur le point de basculer dans une guerre terrible. Terrible car silencieuse. Puis boxeuse amatrice ? Please, je vais embrasser la charmante créature qui s’occupe de nos couvertures. Je l’ai déjà rencontrée, et je n’ai aucun doute : elle sera délicieuse. Elli. 14 Juillet 1998Chère Inconnue, Je vous remercie d’avoir pris soin de Spock. Vous devez avoir beaucoup de talent avec les animaux, parce qu’il ne laisse pas du tout approcher –c’est ce qui le rend si fiable, après tout. Effectivement, je me plais à penser que je suis d’un naturel prudent. Quel genre de personne êtes-vous ? La propriétaire de Spock. 22 Août 1998Anja, As-tu songé à quitter le Royaume-Uni pour retourner en France ? Ta famille y serait bien plus en sécurité. Ellinor. 11 Septembre 1998Maman, Lyam est mort. Tombé sur le terrain. Je vois encore son sourire complice quand nous avons exécuté nos patronus pour la première fois lorsque de notre formation. Un Malinois et une panthère noire. Les antipodes. Pourtant, nous étions toujours partenaires sur le terrain –et on fonctionnait à merveille ensemble, même nos supérieurs s’accordaient sur ce point. C’était une belle personne, tu sais. Vraiment. Comme on en croise trop peu souvent. C’est le quatrième frère que je perds. Et le premier auquel je ne pourrai rendre hommage lors de son enterrement. Je déteste tellement ce job parfois. Elli. 29 Septembre 1998Esther, Je ne sais pas s’il s’agit de votre véritable prénom (j’espère pour vous que non, ce serait bien imprudent, surtout après avoir pris tant de précaution pour protéger vos écrits), mais saviez-vous qu’il signifie « étoile » en hébreu ? C’est très joli. « Curieuse et passionnée » ? C’est ce qui vous a poussé à écrire cette première lettre, la curiosité ? Vous vous demandez quelles sont les propriétés du sort que j’utilise pour empêcher que mon courrier ne tombe entre des mains qui ne lui sont pas destinés n’est-ce pas ? Je suis désolée (enfin, pas vraiment), mais je vais garder ce petit secret pour moi. Vous êtes intriguante. Et vous connaissez Star Trek. Plutôt team Spirk ou McKirk ? Ava. 28 Décembre 1998Anja, Ton statut de sang te met peut-être hors de sa portée maintenant, mais ça ne durera pas éternellement. Tu as réellement envie de voir grandir Nathanael dans un environnement aussi dangereux et malsain ? Il ne fait que commencer. Et il ne s’arrêtera pas, Anja. Les gens comme ça ne s’arrête jamais. Ellinor. 16 Janvier 1999Esther, Il est dans votre intérêt de garder cela secret. Je ne voudrais pas en savoir plus sur vous que vous n’en savez sur moi, ce ne serait guère équitable. Néanmoins, j’espère un jour savoir si vous êtes vraiment allée à Poudlard. Et si j’ai eu raison en vous devinant à Gryffondor. Dans quelle maison m’auriez-vous répartie ? A vos côtés, chez les lions intrépides et courageux ? Chez les serpents rusés et ambitieux ? Ou plutôt chez les érudits ou même les loyaux ? Nourrissez-vous un intérêt particulier pour le septième art, ou bien est-ce juste un loisir ? J’ai vu Titanic, oui. Surprise ? Kate Winslet y est divine, ce serait dommage de se priver de sa performance. Et le jeune DiCaprio est prometteur. Que vous répondrais-je si vous me révéliez votre statut de sang ? Que je n’en ai que faire. Nous ne nous rencontrerons jamais. Je peux donc être très honnête sur ce point là avec vous et sur bien d’autres encore, tant que nous évitons les sujets trop personnels ou politiques. Vous pourriez être une simple moldue que vous seriez toujours aussi intéressante à mes yeux. Pourquoi une telle insécurité de votre part ? Vous a-t-on beaucoup jugé à cause de cela ? Ava. 30 Janvier 1999Anja, Tu ne peux éviter cette guerre silencieuse, parce qu’elle est inévitable. Regarde autour de toi. Regarde comme son influence grandit de jours en jours. Regarde comme les gens tombent peu à peu tous entre ses mains –par conviction, par contrainte. Cette guerre, soit tu la fuis, soit tu combats, soit tu péris. Ellinor. 25 Février 1999Maman, Parfois, je me demande où je trouve la force de ne pas m’abandonner à mes instincts. Je ne pensais pas qu’il serait un jour si douloureux de se battre contre soi-même. Mais c’est juste insupportable de les entendre mépriser les nés-moldus, les rabaisser au même rang que celui de la vermine et en rire. Se vanter d’en avoir attrapé (parce qu’il s’agit d’une chasse, une chasse aux sorcières, comme celle de Salem il y a des siècles, sauf qu’on s’extermine entre nous) et d’en avoir retiré quelques dizaines de gallions. Ils traquent des enfants terrorisés, complètement perdus, qui n’ont que trop peu de moyens pour se défendre. Aucun honneur, aucune compassion. Mais je souris et je leur sers une nouvelle pinte de bière. A la première occasion, leurs visages odieux iront dire bonjour au bitume. Elli. 27 Avril 1999Esther, Je ne faisais que dire qu’être répartie à vos côtés serait flatteur. C’est sincère. Vraiment. Mais oui, je l’avoue, je vous fais un peu la cour. Pas parce que cela m’amuse, mais parce que j’aime votre esprit. Est-ce que cela vous gêne ? Je pense que l’ascendance importe peu, au fond. Bien sûr, l’éducation que nous donnent nos parents ainsi que l’école nous influence. Mais au final, il y a toujours moyen d’ouvrir les yeux, de se rendre compte qu’on a fait une erreur, grâce aux épreuves de la vie, grâce à nos propres expériences. La question est de savoir si on finit par s’en apercevoir à temps ou bien trop tard. C’est très ironique de constater que tant de sang-purs se disent supérieurs aux moldus alors qu’ils font preuve d’une discrimination envers les nés-moldus similaire à celle qui existait (et existe toujours dans certaine régions du monde) entre les caucasiens et les personnes de couleur. Ava. 18 Novembre 1999Maman, Mes crises d’angoisse reprennent. Je n’ai jamais autant souhaité être seule dans cette putain de planque. Malgré les sorts de silence et de rafraîchissement, il n’y a rien de plus horrible que de vomir ses tripes et ensuite devoir supporter tous ces regards inquisiteurs. Ces regards qui savent, et pourtant ce silence qui pèse. Je crois que je vais découcher ce soir. Souffler quelques heures. Et combler un peu cette solitude qui me donne des crampes à l’estomac. Elli. 3 Juin 2000Anja, Je ne m’excuserai pas pour avoir été aussi crue dans mes dernières lettres. C’est la vérité. Tu le sais. Vous avez une vie au Royame-Uni, des relations, une routine, des habitudes, je comprends. Mais ce n’est pas une vie si elle est vécue dans la peur. Fuie, Anja. Je t’en conjure. Elli. ❝ In the end, we’re all alone, and no one is coming to save you.❞Correspondance en 2000 Sur les routes anglaises. 28 Octobre 2000Papa, Je brûlerai cette lettre dés que j’aurai apposé le dernier point. Elle sera sûrement la première d’une longue liste de lettres que tu ne liras jamais, car elles ne seront jamais envoyées, car elles disparaîtront aussitôt écrites. Mais j’en ai besoin. J’en ai trop besoin pour ne pas l’écrire. Ce n’est pas le bon moment, putain. Si tu savais. J’écris ce truc à la va-vite puis je ficherai le camp d’ici. Mais c’est le seul moyen pour que je me pose cinq secondes et que je réfléchisse –la panique, il n’y a jamais rien de bon qui en sort. Je ne pensais jamais dire ça, mais cette planque est horriblement triste maintenant qu’elle est vide. Je crois que d’une manière ou d’une autre j’avais réussi à l’apprécier, grâce à la vie qui y grouillait tout le temps. C’était presque comme les dortoirs avec les compagnons d’armes à l’armée –la confiance mutuelle en moins. Mais la mauvaise humeur de Blondie de bon matin va me manquer. Tête-de-nœud aussi. Même les grognements de Tatiana quand elle se retrouvait à faire de la paperasse. Mais la situation est devenue trop critique. Le Roi rappelle tout le monde –nous compris. Alors les autres ont pris tout ce qu’on avait avec eux –des mois et des mois d’informations rassemblées- (je te dis pas le foutoir sur le moment, les sorts qui volaient partout dans l’appart’ pour transporter tout ce bordel) et ils ont rejoint notre patrie en premier –assurer la mission, toujours. J’ai couvert nos traces, je leur ai dit que je les rejoindrais plus tard. J’ai menti. Je ne reviens pas, Papa. Pas tout de suite. Notre travail n’est pas fini ici. Appelle ça de l’acharnement si tu veux, de l’obstination, mais on n’a pas fait tout ça pour tout planter maintenant. Mais surtout, je n’ai aucune nouvelle d’Anja. Je dois être sûre qu’elle a regagné le pays avec Val et Nat’. Ensuite, je terminerai ce pour quoi on m’a envoyée ici en premier lieu. On ne laisse pas les siens derrière. Je ne suis peut-être plus dans l’armée à proprement dit, mais on ne cesse jamais d’être un soldat. C’est inscrit dans mon sang ; c’est quelque chose que rien ne pourra jamais m’enlever –même si je me perds dans d’autres vies, que j’adopte d’autres visages et personnalités. Comme dirais les Marines aux US : Semper fidelis. Et j’espère encore que tu pourras être réellement fier de ça, à défaut du reste. Ton Ava. 4 Novembre 2000Papa, Sache qu’écrire à la bougie, ça craint putain. Sérieusement, ils faisaient comment au Moyen-Âge ? Bon, la bonne nouvelle, c’est que j’ai enfin réussi à atteindre Glasgow. Je me suis faite discrète parmi les moldus pour passer inaperçu –franchement, je fais une moldue tellement crédible que même moi j’y crois. Profil bas, quasiment pas d’usage de la magie. La mauvaise nouvelle, c’est que j’ai croisé une des cibles avec laquelle j’avais pris contact et qu’elle m’a plus ou moins reconnu. Pour l’instant, ça l’a juste intrigué et il se demande certainement où il a pu me croiser, mais j’ai déjà trop attiré son attention. Il a fallu que je tombe sur le seul rafleur que j’étais chargée de surveiller mais aussi le plus observateur. Il a trop contemplé mes mains quand je lui servais son whiskey pur-feu, je crois. Ça craint pour une Bouche Cousue quand même. Je suis certaine qu’il a reconnu le tatouage que je porte à la main. J’ai tellement l’habitude d’évoluer parmi les moldus que j’ai oublié de le camoufler –l’erreur de débutante, due à la fatigue certainement, j’ai dormi trois heures en tout ces dernières quarante huit heures. L’angoisse. Un peu de paranoïa. Et un peu trop de cauchemars aussi. Ça m’apprendra à tomber en rade de polynectar, tiens. Mais je suis certaine qu’ils surveillent les potionnistes de près et bon, je n’ai pas franchement un mois de tranquillité devant moi pour préparer la soupe, hein. Demain, je serai chez Anja. J’espère qu’elle n’y sera pas. Et pour de bonnes raisons. 5 Novembre 2000Papa, On récapitule : Anja n’était pas chez elle. La maison était complètement vide, ce qui indique qu’ils ont fait leurs bagages et qu’ils ont fui (ce qui coïncide avec les dires des voisins aussi). Ça, c’est le point positif de la journée. Le problème, c’est que je suis sur leurs traces et qu’on est sur les miennes. Si je veux garder la piste fraîche, je dois la suivre à pieds et forcément, ça m’expose beaucoup plus. J’espère qu’ils sont du genre à ne pas baisser les bras facilement. Parce qu’ils ne savent vraiment pas qui ils viennent de prendre en chasse. 14 Décembre 2000Papa, Je suis à la frontière –épuisée, à deux doigts de m’écrouler, mais j’y suis arrivée. Anja est partie –par moyens moldus, elle est maligne (merci les caméras de surveillance moldues). J’imagine qu’elle est avec toi à présent, avec Val et le petit. Je pense que c’est la dernière fois que je toucherai une plume avant un bout de temps. Ils sont trop proches. Je n’ai plus qu’à passer sous le radar, devenir ma couverture. Je me suis toujours demandé à quoi ressemblait Azkaban à cette époque-là de l’année. (ok, mon sens de l’humour est pourri, je te l’accorde.) Ton Ava. ❝ Yu gonplei ste odon.❞Année & Lieu Legi, Patres colendissimi, in Arabum monumentis, interrogatum Abdalam 1 Sarracenum, quid in hac quasi mundana scaena admirandum maxime spectaretur, nihil spectari homine admirabilius respondisse. Cui sententiae illud Mercurii adstipulatur: Magnum, o Asclepi, miraculum est homo 2. Horum dictorum rationem cogitanti mihi non satis illa faciebant, quae multa de humanae naturae praestantia afferuntur a multis: esse hominem creaturarum internuntium, superis familiarem, regem inferiorum; sensuum perspicacia. Legi, Patres colendissimi, in Arabum monumentis, interrogatum Abdalam. ❝ Survival isn't who you are. It's who you become. ❞Année & Lieu Legi, Patres colendissimi, in Arabum monumentis, interrogatum Abdalam 1 Sarracenum, quid in hac quasi mundana scaena admirandum maxime spectaretur, nihil spectari homine admirabilius respondisse. Cui sententiae illud Mercurii adstipulatur: Magnum, o Asclepi, miraculum est homo 2. Horum dictorum rationem cogitanti mihi non satis illa faciebant, quae multa de humanae naturae praestantia afferuntur a multis: esse hominem creaturarum internuntium, superis familiarem, regem inferiorum; sensuum perspicacia. Legi, Patres colendissimi, in Arabum monumentis, interrogatum Abdalam.
Dernière édition par Ellinor A. Løseth le Lun 29 Fév 2016 - 22:22, édité 11 fois |
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| Quel joli pseudo ! J'espère que je ne t'empêche pas de poster un autre message, et bienvenue ici ! |
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WIZARD • always the first casuality Amara Bataglia | | | | |
| Blood must have blood Ce vava, ce pseudo Ces origines ! Bienvenue parmi nous et bon courage pour ta fiche |
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PRISONERS • bloodstains on the carpet Draco Malfoy | BIENVENUUUUE parmi nous avec ce perso qui commence vachement bien tu vas faire des heureux en soutenant les vilains rouges toi :siffle: j'ai hâte d'en lire plus sur ton perso, en attendant n'hésite pas à nous faire signe si tu as des questions ! bon courage pour ta fiche (btw, c'est un détail mais si le père d'Ellinor est sang-pur elle est de sang-mêlé, pas sang-de-bourbe ) |
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WIZARD • always the first casuality Anna Grimaldi | Ton personnage me fait rêver ! Rien que le début de ta fiche est juste divin ! J'ai hâte de découvrir la suite ! S'tu veux on te traînera chez les insurgés ! bienvenuuuue en tout cas ; et bon courage pour finir ta fiche ! |
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