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HERO • we saved the world
Emily Callaghan
Emily Callaghan
‹ inscription : 10/08/2015
‹ messages : 907
‹ crédits : mathy, et tumblr pour les gifs
‹ dialogues : #ff9966.
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‹ âge : vingt-trois ans
‹ occupation : perdue sans but dans la vie.
‹ maison : Gryffondor
‹ scolarité : septembre 1992 et mai 1998.
‹ baguette : est celle de ma mère. Elle est en bois de bouleau, contient un crin de licorne et mesure 26,5 centimètres.
‹ gallions (ʛ) : 4327
‹ réputation : je suis une petite poupée abîmée, malmenée et détruite.
‹ faits : je suis d'origine irlandaise et de sang-mêlé. J'ai un tempérament de feu, suis énergique, loyale et parfois possessive.
J'ai fait partie de l'AD, ai combattu pendant la bataille de Poudlard, ai été rebut, ai participé à la reprise de Poudlard et à la bataille finale et suis maintenant un héros de guerre.
Je manie également parfaitement une dizaine d'armes blanches et maîtrise le combat rapproché.
‹ résidence : dans ma maison d'enfance mais y passe très peu de temps. Le plus souvent vous me trouverez dans des bars ou des boîtes de nuit à tenter d'oublier ce qu'est ma vie.
‹ patronus : un panda mais il m'est encore très difficile d'en produire un
‹ épouvantard : l'oubli. Visuellement cela se traduit par un voile noir qui l'enveloppe.
‹ risèd : ma famille réunie autour de moi pour fêter mon diplôme d'auror.
http://www.smoking-ruins.com/t2937-emily-chaos-and-the-calm
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Ses dents mordillaient machinalement sa lèvre inférieure. Cette manie qu’elle avait gardée de ses plus jeunes années à Poudlard ne réapparaissait que lorsqu’elle se concentrait sur une tâche qui nécessitait patience et minutie. Deux mots qui ne semblaient pourtant pas se référer à Emily … Elle, la fille boute-en-train, tout feu, tout flamme, prête à se mettre dans les pires galères pour défendre ses amis et ses idées, entraînée pour prendre des risques, courir partout et se jeter dans le vide s’il le fallait. Pourtant, tout cela n’était pas incompatible avec la Emily que tout le monde connaissait. Une chose, une unique chose arrivait à la mettre dans un état de transe et la déconnectait complètement de son hyperactivité usuelle : le dessin. Passion, née de nulle-part mais dans laquelle elle avait trouvé tout ce qui lui manquait pour être heureuse. Son échappatoire, sa porte de sortie. La plume qui courait sur la feuille de parchemin, l’encre qui se liait en des courbes fluides et harmonieuses, les ombres qui apparaissaient et disparaissaient au prix d’une réalité incertaine. D’un rien naissait un tout, un tout alternatif, un tout abstrait qui n’avait de sens et de beauté qu’à ses yeux. La vérité, la réalité, elle dépeignait ce qu’elle voyait, elle dessinait ce qu’elle imaginait, ses œuvres et son art n’étaient pour elle qu’une façon de communiquer. La profondeur de ses émotions et de ses pensées naissait sur le papier, là où la parole n’avait pas suffi. A l’époque, le dessin n’était qu’une flèche à son arc, une passion parallèle, un supplément à sa personne. Cependant, la vie avait eu raison d’elle et son intellect s’était éteint dans un mutisme profond. Elle ne parlait pas de ce qu’elle avait vécu, elle le représentait à sa manière. L’homme patient saurait reconnaître en ses œuvres une volonté de partage, mais l’amateur ne verrait que les tracés et les esquisses. Elle se taisait face à celui qui ne savait pas recevoir, et offrait tout à celui qui essayait de comprendre. Son silence, elle le dessinait …

Ses doigts caressaient doucement le papier, rugueux aux endroits où l’encre ne l’avait pas encore entaché. Le refuge des insurgés était éteint dans un silence oppressant et pesant, mais Emily avait réussi à trouver l’endroit parfait pour retrouver sa liberté. Assise dans un coin du camp et partiellement déconnectée de cette lourde atmosphère, elle s’était éprise de la représentation éphémère du lever du soleil. Son œuvre esquissait le paysage qu’elle avait retenu et ses yeux se fermaient parfois pour récupérer l’essence d’un souvenir gravé sur ses paupières. Ses dessins suintaient d’émotions, et lorsque son cœur n’était plus capable de le supporter, elle avait deux solutions : déverser sa rage dans un lancer de couteaux haineux ou attraper sa plume et tracer quelques lignes sur le parchemin. Aujourd’hui, elle avait choisi l’art de la patience plutôt que celui de l’impulsivité. Elle était fatiguée, épuisée par la colère et la culpabilité, torturée par le manque – celui de la potion d’Alecto – mais déterminée à en finir avec cette dépendance. Cette volonté, aussi profonde et dissimulée était-elle, se reflétait à travers les couleurs et les traits assurés que l’on pouvait observer sur son œuvre actuelle. Sa concentration se lisait dans la manie qu’elle avait de caresser sa joue avec le bout de sa plume. Elle n’était cependant pas totalement insensible au milieu dans lequel elle se trouvait, et lorsqu’un regard pesait sur elle, elle savait parfaitement comment réagir. Sa plume se fixait derrière son oreille, sa feuille de dessin était dissimulée sous une esquisse de carte et ses doigts tapotaient ses lèvres pour donner l’impression qu’elle travaillait vraiment sur la mission qu’on lui avait confiée. Et puis, comme un appel furtif de l’espion, elle jetait un coup d’œil dans sa direction et guettait l’instant où il cesserait son inspection. Son attention s’attarda, cette fois, sur le petit Aidan qui jouait seul avec un paquet de cartes qu’elle avait réussi à lui dénicher. Baissant sa garde en ces petits instants volés, elle fut surprise de sentir la présence impromptue d’une personne derrière elle qui regardait par-dessus son épaule. Elle vit volte-face, fusilla l’intéressée du regard et lâcha sèchement. « Qu’est-ce que tu veux ? » Aucune amabilité, aucune sympathie, elle ne donnait plus sa confiance, tout ce qu’elle en faisait, c’était l’entretenir avec ceux qui la méritaient. Elle préférait être froide plutôt que de risquer de blesser quelqu’un qu’il soit innocent ou non …
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Harper n’aimait pas le campement principal des Insurgés. Elle devait pourtant y passer, avec Fred, ou seule. Il n’y avait que là qu’elle était certaine de croiser des personnes susceptibles de l’aider. Mais l’attente interminable de nouvelles (de bonnes nouvelles, elle ne voulait surtout pas en entendre d’autres) combinée au silence pesant de l’endroit le lui rendaient profondément hostile. Ce n’était pas tant qu’elle avait besoin de faire du bruit –même s’il était exact que le bruit, c’était un peu sa vie, simplement que l’endroit respirait la mort, la peur. L’espoir qu’elle voyait dans certains regards n’était pas perceptible à cet endroit. Il y avait de la colère, il y avait de l’amertume. Mais pas d’espoir. Et c’était pourtant ce qu’elle s’entêtait à venir chercher. Peut-être hallucinait-elle et cette perception n’était-elle que le reflet de ce qu’elle ressentait. Ce jour-là, il lui semblait qu’une chape de plomb pesait sur tous les cœurs. L’Américaine n’avait pas apporté son appareil photo pour essayer de s’extraire de ce ressenti et se confronter aux images. Peut-être lui auraient-elles renvoyé tout autre chose. Et elle en aurait eu bien besoin. C’était l’avantage de la photographie par rapport au dessin. Un cliché ne mentait pas. Une esquisse, en revanche …

Ses yeux glissaient sur les gens, cherchant l’informateur du jour, qui tardait à se montrer. Piaffant d’impatience, elle louvoyait entre les personnes jusqu’à ce qu’elle pose les yeux sur une plume sur un parchemin, à pic par rapport au flot de ses pensées. Cette plume était maniée par une main, qui appartenait à … Of course … Callaghan. Une des nombreuses Insurgées avec lesquelles elle avait pris un très mauvais départ. Seulement celui-là n’avait absolument pas été volontaire. Elle s’était contentée de capturer l’expression du moment avec son appareil … et elle avait déchaîné les Enfers. Elle aurait tout aussi bien pu lui tirer dessus, le résultat aurait sans doute été le même. Harper n’avait pas hésité à répondre aux insultes, après tout c’était un petit jeu auquel elle excellait mais avait eu beaucoup de mal à comprendre ce qu’elle venait de déclencher et pourquoi. Ce n’était qu’après coup qu’on lui avait raconté et qu’elle avait « compris ». C’était un bien grand mot, ce n’était toujours qu’une photographie mais certes, après tout, chacun avait sa sensibilité. Elle ne l’avait pas recroisé depuis et s’était dit qu’elle ferait amende honorable la fois d’après. Elle n’avait absolument pas voulu lui nuire et elle n’avait pas besoin d’ennemis pour rien. Et, quoi que les mauvaises langues en disent, elle n’était pas une harpie ou en tous cas, pas gratuitement.

Ravalant un soupir, elle n’était pas vraiment douée pour les excuses, elle essaya de chercher une dernière fois celui qu’elle attendait. En vain. Pas d’excuses. Allez. Un murmure pour se motiver et elle était partie. La jeune femme lui tournait le dos, ce qui lui permit d’apercevoir son travail avant de se faire fusiller du regard. Qu’est-ce que tu veux ? Et il était vrai qu’elle était douée. Beaucoup plus qu’elle, sans aucun doute. D’ailleurs la preuve en était qu’elle n’avait pas à se cacher, elle. Mais elle s’égarait. Revenant aux yeux de la jeune femme, elle esquissa un sourire narquois avant de s’incliner légèrement : Bonjour à toi aussi … Peu de mots dans cet endroit, elle n’allait pas pouvoir servir des discours ironiques comme elle savait si bien le faire. Son attention revint au parchemin d’Emily. Elle donna un coup de menton en direction du dessin avant de déclarer : Te proposer de revenir à un partout. Haussement d’épaule nonchalant, elle posa les mains sur ses hanches avant de la regarder : Dessine-moi. Qu’on soit quittes. Et ça mes amis étaient quasiment des excuses à la Anderson. Enfin, presque. Mais on allait gentiment y venir. Quoi, le début vous semblait déjà suffisamment cash ? En même temps, avec le silence comme règle d’or et une nana semblant vouloir aller droit au but, il ne semblait pas vraiment y avoir d’autre choix …
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‹ âge : vingt-trois ans
‹ occupation : perdue sans but dans la vie.
‹ maison : Gryffondor
‹ scolarité : septembre 1992 et mai 1998.
‹ baguette : est celle de ma mère. Elle est en bois de bouleau, contient un crin de licorne et mesure 26,5 centimètres.
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‹ réputation : je suis une petite poupée abîmée, malmenée et détruite.
‹ faits : je suis d'origine irlandaise et de sang-mêlé. J'ai un tempérament de feu, suis énergique, loyale et parfois possessive.
J'ai fait partie de l'AD, ai combattu pendant la bataille de Poudlard, ai été rebut, ai participé à la reprise de Poudlard et à la bataille finale et suis maintenant un héros de guerre.
Je manie également parfaitement une dizaine d'armes blanches et maîtrise le combat rapproché.
‹ résidence : dans ma maison d'enfance mais y passe très peu de temps. Le plus souvent vous me trouverez dans des bars ou des boîtes de nuit à tenter d'oublier ce qu'est ma vie.
‹ patronus : un panda mais il m'est encore très difficile d'en produire un
‹ épouvantard : l'oubli. Visuellement cela se traduit par un voile noir qui l'enveloppe.
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Emily ne détestait pas, elle méprisait, insultait, évitait, frappait même parfois, mais elle ne détestait pas. L’ancienne Emily était comme ça. Ses parents lui avaient appris à être celle qu’elle était devenue, ils avaient construit en elle cette conviction inébranlable qu’il y avait du bon en tout le monde et qu’il suffisait de creuser un peu pour le trouver. Durant toute la première partie de sa vie – son histoire, son passé – elle y avait cru. Elle parlait à tout le monde, apprenait à connaître chacune des personnes qui croisaient sa route, ne tenait pas compte de l’âge, de l’origine ou du sang, elle ne faisait pas d’amalgames, pas de différences, elle croyait en l’éclectisme, elle croyait aux idéaux de ses parents. Mais à présent, elle savait que leurs certitudes les avaient menés à leur perte et cela la rendait malade. Incapable de se détacher d’un certain remord, elle n’arrivait plus … Elle avait peur de laisser une chance à la mauvaise personne, peur de laisser n’importe qui entrer dans sa vie, peur de se mettre en danger. Cette peur, elle la cachait derrière une façade glacée et impénétrable. Elle était désagréable, ne perdait pas de temps à essayer de connaître quelqu’un qui pourrait mourir dans les heures qui suivaient. Cet environnement de noirceur, de violence et de combat l’avait transformée. Plus rien n’avait d’importance que sa propre personne, que sa propre douleur … Elle ne craignait pas sa mort, mais elle redoutait celle des autres. Elle avait peur de perdre, peur de la faiblesse, peur du regard des autres. Elle voulait qu’on puisse la dépeindre telle qu’elle voulait paraître et non comme elle était vraiment. Force, vaillance et courage. Tout ce qu’elle n’avait pas, mais feignait de posséder. Elle refuserait toujours de l’admettre, mais elle serait toujours et à jamais la marionnette d’Alecto. Elle ferait mal même lorsqu’elle ne le voulait pas, elle serait solitaire, renfermée et une excellente actrice.

Entre Harper et elle, le conflit avait été immédiat. A qui la faute ? Emily répondrait Harper, Harper répondrait sans doute Emily, mais en réalité, tout portait à croire que l’ex-rebut portait une grande responsabilité dans la dispute qui avait suivi un acte aussi anodin puisse-t-il être. Une photo … La capture d’une expression volée, d’un regard voilé de mélancolie. Voilà la cause de cet affront. Une simple photo. Un morceau de papier. Mais c’était son instant, son visage, sa photo. Elle n’assumait plus ce qu’elle était, n’acceptait pas ce qu’elle était devenue à cause d’Alecto, elle ne voulait pas qu’on puisse la regarder, l’observer, conserver une image de celle qu’elle ne devait pas être. Conserver un tel souvenir signifierait qu’une telle personne aurait existé, et Emily refusait que cela puisse être vrai. Elle n’était pas ce monstre … Ce déni la rongeait de l’intérieur et l’avait rendue odieuse face à Harper. Pourtant, encore aujourd’hui, elle n’avait aucun remord. Elle ne regrettait pas ses paroles, ses gestes ou sa colère. On ne lui volerait pas tout ce qui faisait encore d’elle une femme vivante et sensible : l’espoir.

« Bonjour à toi aussi … » Les politesses n’étaient pas de rigueur face à une personne que l’on souhaitait voir disparaître. Elle soutint donc le regard de l’insurgée avec une obstination sans faille. Elle ne lâcherait pas, n’abandonnerait pas. Elle savait pertinemment que ce n’était rien, mais elle s’imaginait prouver sa valeur et sa force par une telle action. « Te proposer de revenir à un partout. » Un rire moqueur menaçait de s’échapper de sa gorge, mais elle avait la sensation qu’elle offrirait ainsi à Harper une porte de sortie alors qu’au contraire, elle désirait l’enfoncer. « Dessine-moi. Qu’on soit quittes. » De mieux en mieux. Voilà que l’autre lui proposait de la dessiner. Elle arqua un sourcil et lança un regard moqueur à la jeune américaine. « Je ne sais pas ce que tu cherches à faire. Mais te dessiner n’est pas vraiment le divertissement qui égaierait ma journée. » Elle se retourna et reposa son attention sur ses esquisses de carte. « Tu ferais peut-être mieux d’y aller. Avant qu’on en vienne à nouveau aux mains et qu’on se fasse toutes les deux virées du camp. Il se pourrait que je sente une pointe de culpabilité si cela arrivait. » Sarcasme maîtrisé, elle pinça les lèvres et poussa un long soupir.
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Je ne sais pas ce que tu cherches à faire. Mais te dessiner n’est pas vraiment le divertissement qui égaierait ma journée. Dix répliques parfaites se bousculèrent instantanément sur les lèvres de Harper. Elle n’était pas spécialement méchante mais mieux ne valait pas trop la titiller. Contrairement aux Anglais avec leurs manières éculées et leur thé servi avec des scones et du lait (ce qui n’était pas mauvais, il fallait bien l’avouer), les Américains avaient plutôt l’habitude de dire tout ce qui leur passait par la tête et de faire ce qu’ils voulaient, quand ils voulaient. Donc insulter des gens étaient un peu un sport national dans lequel elle avait sans doute gagné une bonne douzaine de médailles, seulement pendant les dix premières années de sa vie (sans exagération aucune). Cependant, elle se retrouva à les ravaler. Il fallait être silencieux et si elle commençait à envoyer des piques, cela allait se finir en éclats de voix, voire pire. Et il n’était pas question de donner encore plus de grain à moudre à ses détracteurs - pas pour elle, qu’on dise après tout ce qu’on voulait d’elle, mais pour Fred, pour n’aille pas encore l’emmerder avec les frasques de « son rat de compagnie ». Tu serais bien la première à dire ça. Fais attention, c’est une offre unique, se contenta-t-elle de glisser, enfouissant les mains dans les poches de son jean. Humour, quand tu nous tenais … pourquoi pas hein, après tout elle était prête à tout essayer. Mais si elle restait hermétique, elle laisserait tomber l’affaire. Elle n’était pas du genre à poursuivre des quêtes perdues d’avance. Elle avait autre chose à faire.

Tu ferais peut-être mieux d’y aller. Avant qu’on en vienne à nouveau aux mains et qu’on se fasse toutes les deux virées du camp. Il se pourrait que je sente une pointe de culpabilité si cela arrivait. Chérie, si on venait à se battre, il n’y aura même pas match, ne put-elle s’empêcher de faire remarquer en détaillant la jeune fille. Ce n’était pas comme si elle pouvait rivaliser, Harper avait bossé dans des bars où elle avait remis deux ou trois ivrognes en place - mais après, peut-être Emily cachait-elle bien ses talents de lutteuse. Elle extirpa les mains de ses poches pour les lever dans un signe de reddition : Ne te sens pas obligée de me montrer, hein. J’ai du business à faire ici et toi, apparemment, tu aimes faire la tête entourée de monde. On ne se refaisait pas. Jamais. Nouveau regard alentour, son informateur n’était toujours pas là. Ce qui voulait dire qu’elle avait encore un peu de temps. Prenant son temps, elle fit deux pas, et se posa en face de la jeune femme, croisant les mains derrière sa nuque, l’air de dire « l’espace est public, j’attends où je veux ».

Ca l’intriguait, quand même. Et puis elle n’avait pas encore usé toutes ses cartouches non plus. Si elle pouvait avoir une autre personne chez les Insurgés qui n’ait pas envie de lui arracher la tête ou se méfie d’elle, ce pourrait être un progrès indéniable. Ses yeux dérivèrent sur les lignes tracées par la jeune femme. Et elle devait avouer, pour ce qu’elle y connaissait - c’était à dire pas grand chose à part ce qu’elle-même dessinait en cachette - que ce n’était pas mal du tout. Au bout de quelques minutes, elle haussa une épaule : T’as un sacré coup de crayon en tous cas. Je persiste à penser qu’un portrait de moi serait beaucoup plus gracieux que tout ça. Léger mouvement du menton. Non, elle ne laisserait pas tomber, pas tout de suite. Puisque ce n’était pas son jour de chance … un petit coup de pouce du destin ? Allez, le karma, elle n’avait pas été si insupportable, ces derniers temps. Elle finit par soupirer, se redressant. Le point sur son menton, coude en équilibre sur son genou, elle plissa les yeux en regardant la jeune femme : Ca me coûtera quoi, que tu arrêtes de me sauter à la gorge ? Qu’on la déteste pour une bonne raison, passait encore mais pour ça, c’était vraiment stupide : Je suis désolée, ok ? La prochaine fois je demanderai la permission à ton agent avant de commencer le shooting, plaisanta-t-elle avec un demi-sourire. Avant de terminer : Je peux te donner le cliché, si tu veux. Il n’est pas mauvais. Et c’était vrai. L’expression de la Callaghan était parfaite à ce moment-là. Un mélange de fragilité et de force qu’elle avait réussi à retranscrire sur la pellicule. Ce serait cependant dommage qu’elle le lui offre pour qu’elle le brûle …
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