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sujet; (OS) Le corbeau, honteux et confus, jura, mais un peu tard, qu'on ne l'y prendrait plus.

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(OS)  Le corbeau, honteux et confus, jura, mais un peu tard, qu'on ne l'y prendrait plus. Empty
Augustus RookwoodOut here in the fields I fight for my meals I get my back into my living I don't need to fight To prove I'm right I don't need to be forgiven


« Disparaissez de ma vue, j'en ai assez entendu. »

Augustus referma la porte du bureau du Magister avec le désir profond de pouvoir faire partie de toute cette plèbe bienheureuse capable de toujours oublier ce qu'il avait pu s'y dérouler.  A qui savait observer Rookwood, il était possible de remarquer qu'il se tenait trop droit, qu'il souriait trop finement, et qu'il n'était pas du genre à allumer une cigarette aussi vite dans les couloirs du Ministère. Sans un mot pour ses collègues qui se dispersaient après cette réunion du Cercle, il se dirigea droit vers son bureau du N9, n'adressant que quelques signes de têtes évasifs aux personnes désirant le saluer.
En temps normal, le trajet entre le bureau du Magister et le sien prenait au moins une demi-heure de salutations et simagrées sociales. Cette fois-ci, il se trouva en quelques minutes devant la silhouette disgracieuse d'une Ladah bien trop enceinte à son goût. Les femmes étaient si laides avec ce surplus, et déjà qu'il ne les trouvait que rarement attirantes... Le sourire d'Augustus était glacial lorsqu'il lui demanda de sa voix ronronnante : « Mlle Zaïtseva, vous sera-t-il possible d'effectuer parfaitement votre travail et d'indiquer à quiconque souhaite me voir que je ne suis pas disponible ? Vous seriez un ange. » Une fois cette platitude hypocrite susurrée avec assez de délicatesse pour en être presque insultante, il passa enfin la porte qui l'appelait depuis de longues minutes et la ferma soigneusement à double tour derrière lui.

Enfin seul, Augustus se permit de respirer. Se passant doucement la main sur le visage, il en retraça lentement les traits. Il avait la douloureuse impression d'avoir vieilli de dix ans lors de cette réunion, et lorsqu'on en avait déjà cinquante-deux, cela commençait à faire un peu trop. Dans le  même mouvement, il réajusta ses cheveux qui étaient pourtant parfaitement coiffés, avant se diriger vers le buffet où il conservait thé et brandy. D'un mouvement souple, il se servit un verre de ce dernier puis, rejetant sa tête en arrière, il en ingurgita le contenu dans un geste qui avait déjà perdu beaucoup de sa contenance. Il sentait déjà son esprit se clarifier grâce au coup de fouet de l'alcool. Il prit une nouvelle grande inspiration avant de regarder ses mains et de froncer les sourcils, surpris de ce qu'il y trouva. Ses mains étaient accrochées au buffet, et elles tremblaient. Il resta un instant interdit, puis leva sa main droite, curieux. La main, sa main, sans qu'il ne le réalise pleinement, était en train de bouger de son propre chef, ou plutôt de trembler. Cela lui arrivait parfois, avait-il déjà remarqué, lors des moments importants de sa vie ou de manière générale, ceux qui le touchaient un peu plus  qu'à l'accoutumée. Adèle lui avait déjà expliqué, lorsqu'il lui en avait parlé avec un brin d'inquiétude, que c'était très certainement son corps qui exprimait les émotions que son esprit ne prenait pas en compte. Cela lui avait paru assez obscur, avant d'interpréter ce genre de phénomène comme une conséquence du manque de sommeil qui rendait son corps moins efficace lorsqu'il devait gérer des informations trop importantes.
Curieux et un peu inquiet de voir son corps lui échapper, il se dirigea vers un miroir, où il dévisagea son visage. Il avait, effectivement, l'air d'avoir vieilli de dix ans. Sans public, il n'y avait plus ni sourire, ni douceur dans son regard sombre. Il était vide d'expression, mais sa mâchoire était particulièrement contractée, accentuant la sévérité de ses traits et, en regardant bien, il pu voir qu'un léger spasme agitait parfois le coin de son œil droit. Effaré par tant de signes de faiblesses, il se demanda si quiconque avait remarqué ces dérapages. Il leva des doigts encore un peu tremblants vers cet œil droit et appuya au niveau du spasme. Il appuya de longues minutes, sévère, empêchant ce visage traitre de le trahir.
Lorsque, enfin, ses mains arrêtèrent de bouger sans son accord, que son œil resta stable et qu'il réussit à figurer un sourire amical devant le miroir, le Directeur du Département des Mystères se permit d'aller s'installer à son bureau afin de commencer à analyser ce qu'il s'était déroulé durant cette réunion.




Augustus Rookwood n'était pas le genre d'homme à se montrer défaitiste. Au contraire, il se considérait comme un homme assez positif, cherchant toujours le meilleur de chaque situation et ne laissant jamais tomber avant d'avoir tout essayé. En vérité, il se trouvait même assez pragmatique pour toujours trouver la meilleure façon de se tirer de toutes les situations. De manière générale, disons surtout qu'il était prêt à tout pour réussir, et qu'il venait de loin.
Cependant, et malgré toute la bonne volonté que le mangemort pouvait être capable, il se considérait assez profondément dans la merde, comme ils disent.

Lentement, tout en jouant avec coupe papier, il fit le bilan du fiasco qu'était actuellement sa vie.

1° Mlle Zaïtseva était enceinte, et prendrait donc sûrement des congés maternités, et sauf si Rabastan lui prêtait le sien, il ne voyait personne pour la remplacer.
2° Le Murdock était absent, pour des raisons obscures, et il commençait à en avoir marre de devoir remplir un formulaire pour faire tuer quelqu'un en bonne et due forme.
3° Son fils unique se prenait pour un chevalier de l'ombre, le haïssait et ne semblait pas vouloir prendre une douche décente ou porter des vêtements normaux.
4° Adelaïde semblait incapable de garder un copain pendant assez d'heures pour qu'il puisse essayer de la faire se marier.
5° Adèle avait l'humeur d'un sang de bourbe dont on aurait tué toute la famille, pour une raison qui lui échappait.

Cette liste-là était la plus simple. Elle concernait son quotidien, les aléas de la vie, bref, toutes ces personnes qui comprenaient ce qu'on pourrait appeler son cercle social. Plus ou moins. S'il pouvait juste remplacer ces tas d'incapables par des personnes capables de faire les choses bien... Les choses se compliquaient avec le reste de la liste.

6° Son ancienne secrétaire s'était enfuie avec des documents importants l'année dernière.
7° Draco Malfoy était parti avec des informations importantes il y avait de cela quelques mois.
8° Keziah Campbell était parti il y a longtemps mais avait dernièrement trouvé le moyen de divulguer à la moitié de la stratosphère sorcière des informations importantes il y avait de cela quelques semaines.
9° Le Lord n'aimait pas cela du tout.
10° Lorsque le Lord n'aimait pas quelque chose, il avait tendance à  le faire comprendre, assez fort, et devant tout le monde.

Voilà, c'était assez simple, dit comme ça, mais concrètement, avec ces cinq petits numéros, Augustus avait le doigt sur la raison qui lui faisait craindre pour sa vie : il n'avait plus l'approbation du Lord.

Certes, peu de gens, dernièrement, pouvaient se targuer d'avoir l'approbation du Lord.
Le Cercle n'était qu'un ramassis de rescapés de prison qui ne pensaient qu'à leur retraite et qui avaient tous l'air d'avoir à dealer avec les quelques petits problèmes mentaux provoqués par quinze années à se faire aspirer tout ce qu'il reste de bon et de joyeux dans leurs crânes.
Le Lord, lui, n'avait plus ni la beauté ni la douceur qui les avait d'abord rejoints. Augustus se souvenait encore de la fascination qu'il avait ressenti devant cet homme charismatique lui susurrant des rêves d'ordre et de puissance, d'avènement de la Puissance réelle, de la destruction de toute faiblesse, etc, etc. Le sentiment d'amour, d'appartenance, d'importance se volatilisait de jour en jour alors que le Lord criait de plus en plus fort, de façon de plus en plus hystériques, sur ses disciples de plus en plus proches. Même Bellatrix commençait à sérieusement craindre pour sa position, et Merlin savait qu'elle faisait absolument tout pour rester dans les petits papiers du Maître.
Augustus, lui, n'était pas comme tous ces sales petits fils de chez qui la magie noire coulaient de source et qui pouvaient juste aller courir chez papa, maman, tonton et autres au cas où les choses ne marchaient plus. Augustus Rookwood était un Sang-Mêlé, comme on aimait le rappeler. Sa place dans l'Elite, il ne l'avait jamais véritablement méritée au sens noble et tendre du terme : il l'avait arrachée à ses ennemis jusqu'à ce que les gens le craignent assez pour se faire passer pour ses alliés. Sa famille ne le protégerait pas, au contraire, elle représentait ce fardeau dont il devrait un jour où l'autre se défaire si les choses venaient à se corser. Il n'était pas le genre d'homme à sacrifier sa vie pour celle des autres, cela se saurait.

Si Augustus Rookwood était ici, dans ce bureau, ce n'était pas grâce à ses capacités. Non. Tout cela était parce qu'il avait réussi à convaincre le Lord qu'il en valait la peine. Et si Lord commençait à douter de cela, il y avait une longue, bien longue flopée de ses « alliés » prêts à lui arracher tout ce qu'il avait pour le revendiquer pour eux-mêmes. Il savait que lui, en tout cas, à  leur place, le ferait sans hésitation.

Avec tout cela, on commençait à toucher à la raison pour laquelle Augustus était sacrément dans la merde.




Augustus était un homme au tempérament positif. Il était rare de le voir défaitiste et, lorsque cela arrivait, cela ne durait jamais bien longtemps. Ainsi, ce ne fut qu'à sa quinzième cigarette et son sixième verre de brandy qu'il sortit de cet état fort désagréable où l'on craint pour sa vie.

La solution, évidente pourtant, se déroula sous ses yeux alors qu'un sourire satisfait s'installait doucement sur ses lèvres. Elle tenait un fait très simple, et au final assez logique pour quiconque avait des yeux pour regarder la situation en face : le Lord allait perdre.
Un rire échappa au mangemort, fugace mais réel, et terriblement honnête. Il riait du ridicule de sa situation et de toutes les fois où il s'était aveuglé, pour quoi, de la loyauté pour le maître ? Pourquoi pas le prendre pour son père, pendant qu'on y était ? Oh s'il vous plait Maître, remplacez le père que je n'ai jamais eu ! C'était bon pour les Rabastan et autres Bellatrix tout ça. Rookwood était bien plus pragmatique que cela. Il était mangemort parce que c'était là que résidait le pouvoir et qu'influer le monde sans pouvoir était un rêve de hippie.

Il était du côté où résidait force et pouvoir et, malheureusement, ce côté s'éloignait de plus en plus du Lord.
Car qui était véritablement fidèle au Lord aujourd'hui ? Les lobotomisés qui commençaient lentement à sortir de leur endoctrinement ? Les rescapés d'Azkaban qui prenaient trois semaines d'absence pour un pauvre plafond sur leur crâne ? Ceux qui étaient dans le coma ? Ceux qui s'enfuyaient et rejoignaient l'ennemi ? Les seuls un minimum jeunes, motivés et mentalement entiers de l'Ordre ne connaissaient que très peu le Lord et ce n'était pas lui qu'ils suivaient. Les Nott et autres Mayfair se suivaient eux-mêmes, ou se faisaient influer par d'autres mangemorts. La lignée était interrompue.
A côté de cela, quoi ? L'Elite ? Enfermée dans sa prison dorée ? Ses enfants menacés de la Marque tous les quatre matins ? Terrifiée d'exploser à chaque coin de rue ? Le Lord croyait souder son régime en les menaçant, mais la noblesse sorcière était un animal susceptible, qu'il fallait arriver à charmer. Initialement, ils étaient peu à désirer se trouver sous le joug d'un adolescent en quête d'arc-en-ciel et de papillons. Mais quitte à choisir entre la peste et le choléra, Rookwood savait que ces enfants pourris gâtés choisiront celui qui ne leur collera pas des raffleurs aux basques.

En somme, c'était une mauvaise période pour être un fanatique du Lord, par les temps qui courraient, et il ne devait pas être le seul à s'en être aperçu.

Doucement, alors que son sourire s'agrandissait, Rookwood commença à faire le compte de tous ceux qui le suivraient sans même broncher, le moment venu. Il commença ensuite à faire le compte de ceux qu'il pourrait persuader de rejoindre la cause juste. Puis à énumérer tous ceux qui n'oseront pas se dresser contre un groupe ainsi constitué... et le bilan du calcul ne lui déplaisait pas.

Bien entendu, il était hors de question de détruire le Lord lui-même. Il tenait à sa vie. Il était juste question d'être lucide, d'assurer ses arrières, et d'être près à sauter du navire en dérive à temps. Vu l'amour que lui portait le Seigneur des Ténèbres dernièrement, il ne risquait pas d'être embêté par une quelconque attention sur sa personne. De toute manière, son Maître ne semblait se concentrer que sur le Malfoy dernièrement et cela était sûrement ce qui allait causer sa perte.

Se servant un dernier verre, Augustus Rookwood se promit de  ne plus jamais se laisser aller au défaitisme.
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(OS) Le corbeau, honteux et confus, jura, mais un peu tard, qu'on ne l'y prendrait plus.

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