sujet; [SOLO] Bad or good news ?
MessageSujet: [SOLO] Bad or good news ?   [SOLO] Bad or good news ? EmptyMar 26 Avr 2016 - 16:39

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GROSSESSE :  nom féminin ;  terme employé lorsqu’une femme a un fœtus qui grandit en elle, la plupart du temps dans l’utérus. « Être enceinte, c'est vivre à deux dans un même corps, au même rythme. »

AVRIL 2003
ANGOISSE NAISSANTE, à mesure que les secondes, les minutes et les heures s’écoulaient, stériles et achevées. Les jours s’étaient souvent succédés de la même manière ces dernières semaines, venant accroitre l’incompréhension dans l’esprit de Ladáh dont l’humeur n’était plus à faire, se manifestant par un regard soucieux, mille et un pas en travers de sa chambre, parfois des nausées incompréhensibles et subites. Insouciante, ou peu concernée, l’enfant russe avait reporté la faute sur un aliment qui n’était pas passé, une indigestion passagère, la manifestation naturelle du rejet de son estomac au travers de la danse. Trop de nourriture ingérée alors qu’elle n’en possédait pas l’habitude pouvait être commun, et elle ne pouvait continuer à dévorer de la sorte alors que la danse exigeait qu’elle soit dans une forme physique particulière. Et depuis quelques temps, elle mangeait plus que d’accoutumée, une gourmandise éveillée subtilement, toutefois générée par un événement ponctuel mais répété depuis plusieurs mois. Devait-elle blâmer l’homme qui lui ouvrait ses bras une à deux fois par semaine ? Depuis qu’elle le côtoyait, les nuits s’achevaient sur de longues fringales dont elle ne possédait en aucune façon l’habitude. Ladáh rejeta l’éventualité d’une telle pensée, comment pouvait-on blâmer une autre personne pour des faits aussi futiles ? Elle ne pouvait que s’en prendre à elle-même si elle mangeait plus que d’accoutumée, à s’en faire vomir, son corps n’y était pas habitué, voilà tout.  Pourtant, l’inquiétude ne se calmait pas, ces quelques pensées n’étaient pas rassurantes, mais plus angoissantes encore que d’habitude, mêlées à d’autres soucis qu’elle avait mit de côté, persuadée du manque d’importance de ces derniers, mais préoccupants quand même. Un coup léger à sa porte, comme un coup de vent, l’indication que le petit déjeuner était prêt, et que toute la famille était en train de se réunir dans la salle à manger. Elle pouvait entendre les pas étouffés derrière sa porte, les paroles russes de ses frères et cousins. Repoussant une mèche à l’arrière de son oreille, elle se précipita pour terminer de se préparer, se sentant pourtant aussi nauséeuse que la veille, calant une main sur son ventre, comme si ce simple geste pouvait apaiser le reflux gastrique qui menaçait de jaillir d’entre ses lèvres.

Ce ne fut qu’en sortant que le cataclysme se déclencha, bousculée par son plus jeune frère qui ne l’avait sans doute pas fait exprès, mais dont l’attitude eut tôt fait de mettre l’héritière plus à fleur de peau que jamais, les lèvres hurlant à la maisonnée son mécontentement, elle qui pourtant était d’ordinaire bien plus calme et plus discrète.  « Eh ! У Вас есть свой период или что? Eh ! T'as tes règles ou bien ? » Non, tel était l’autre problème, ajoutant à son humeur aléatoire. Cela faisait bien deux mois qu’elle n’avait vu de sang tâcher ses sous-vêtements, un détail qu’elle avait mit sur le compte de sa maigreur, une fois encore. Il n’était pas inhabituel pour des danseuses de ne pas avoir leurs périodes… Mais ce fait-ci allait en totale contradiction avec le fait qu’elle mangeait plus qu’à l’accoutumée. Le doute était permis, profondément installé, sans qu’elle ne veuille pourtant aller dans le sens vers lequel tous ses symptômes pointaient. Une flèche clignotante n’aurait pas même changé la donne. Le regard noir et un geste de dédain, Ladáh planta le sang de son sang dans le couloir, disparaissant dans l’escalier pour rejoindre les siens, déjà attablés. Il ne lui fut jeté qu’un bref regard, mais la tablette de chocolat posée à côté de sa tasse de thé semblait en dire long sur l’intérêt que tous portaient à l’avoir dans ses bonnes grâces. En cela, Ladáh aimait chacun d’entre eux, et s’enorgueillait de les voir aussi facilement soumis à ses désirs. Mais cet éclat de fierté ne dura qu’un instant, alors qu’elle tentait de retenir la grimace naissant sur son visage tandis qu’elle sirotait son thé. Il portait sur son estomac. Un carré de chocolat peut-être ? Ce fut pire. Aussi, sans un mot, elle quitta la table, emportant la tablette de chocolat avec elle, remontant avec dignité les escaliers pour mieux s’enfermer de nouveau dans sa chambre et rejoindre les cabinets. Cette fois, ce n’était plus un doute, mais une conviction effrayante. Assise au sol, l’éventualité qui se présentait à elle était aussi déconcertante que terrorisante. « ULLAAAA ! » cria t’elle dans l’espoir d’être entendue de l’elfe de maison qui était à leur service depuis des années maintenant. Un simple murmure aurait sans doute suffit, mais n’aurait sut ternir la terreur qui la prenait aux tripes. Profitant du temps que l’elfe parvienne jusqu’à elle, elle se rendit rapidement à son secrétaire, griffonnant quelques mots sur une feuille de parchemin qu’elle scella dans une enveloppe. « Mademoiselle Ladáh ? » L’elfe ne prenait jamais la peine de frapper, seulement de manifester sa présence derrière la porte. Se précipitant vers cette dernière, l’héritière cala la lettre dans les mains de l’elfe, fébrile, mais tentant de paraître aussi assurée que possible. « Мне нужно, чтобы перейти к аптекарю , дать ему это, и принести мне все, что , как только у вас есть под рукой . Это очень срочное право ? J’ai besoin que tu ailles chez l’apothicaire, donne lui ceci, et amène-moi le tout dès que tu l’as en main. C’est très urgent Ulla, d’accord ? » Mais même avec le mot urgence, l’attente serait longue, horriblement longue.

Et il lui sembla qu’une éternité s’était écoulée jusqu’à ce qu’on lui annonce l’arrivée de l’elfe au département. Elle ne pouvait pas attendre d’être chez elle, aussi arracha t’elle le paquet des mains du petit serviteur, elle s’excuserait plus tard, lorsque ses doutes seraient balayés, lorsque tout irait mieux. Les commodités du département feraient l’affaire, s’y enfermant, s’y faisant fébrile. Il n’y avait pas de quoi avoir peur, ce n’était qu’une indigestion, tout au plus, un aliment qu’elle ne supportait tout simplement plus. La petite fiole posée sur le rebord du lavabo, elle se prit d’hésitation, la peur contrôlant ses entrailles, déchirant ses certitudes. Il ne fallait qu’une goutte de sang, une seule pour être assurée d’une réponse infaillible. Si le liquide demeurait transparent, cela confirmerait ses pensées, mais s’il virait au noir de nuit… Non, ce ne serait pas le cas. Une piqure à l’aide de sa broche, et le destin fut sceller, insistant sur la pulpe pour faire perler la goutte carmin, l’incitant à se laisser tomber dans le liquide neutre. Attente insupportable, l’esprit qui trépigne et fais ses cent pas. Rien, la transparence demeure, et c’est un soulagement qui délasse ses épaules. Pensée trop rapide, alors que son regard cligne et se fige sous le trouble, sous le noir qui commence à envahir le flacon. « О мой… oh mon… » Elle était enceinte.

Et les ennuis ne faisaient que continuer…
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