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sujet; AURILL x I wanna do bad things with you |
| Il y avait, sur le visage de Kirill Motchaline, ce que la plupart des gens appelleraient sommairement une beauté hors du commun. La plupart du temps, Augustus approuvait ce genre de déclaration, s'il n'en était pas déjà à l'origine. Cependant, en cette délicieuse de fin d'avril, Augustus avait une terrible envie de dessiner de quelque chose d'extrêmement offensant sur le visage de la statue grecque. Plusieurs raisons à cela, la plupart conjoignant un fait assez simple : Kirill Motchaline, qui se révélait être humain, était actuellement en train de dormir.
Pour le bienfait de l'histoire, nous tairons la potentialité que Kirill soit en train de ronfler. Il est impossible que Kirill soit en train de ronfler. Nous prétendrons donc que l'être surnaturel gardait toute sa grandeur et sa classe jusque dans les plus hautes strates du sommeil, là où toute personne normale aurait la bouche ouverte, le ventre à l'air ou les jambes dans une position particulièrement absurde. Ainsi donc, nous représenterons ainsi l'individu, la cible, la victime d'Augustus. Il était important de souligner qu'Augustus appréciait Kirill. Il l'appréciait pour des raisons diverses, allant de son apparence physique (toujours un détail agréable et à noter, voire souligner, voire marteler), son intelligence physique, son intelligence tout court, sa politesse, la pureté de son sang et la glaciale impartialité qui en faisait quelqu'un d'assez facile à comprendre pour le mangemort. Et comme toute personne qu'Augustus appréciait, Kirill pouvait parfois se trouver la cible de quelques petites taquineries de la part de son supérieur. Et il était sûr d'avoir vu quelque part que dessiner sur le visage d'une personne endormie était une chose presque obligatoire à faire envers quelqu'un que l'on aimait taquiner. Celui qui ne se soumettait pas à cet impératif social était complètement has been. En tout cas c'était ce qu'il avait lu dans un des magazines absurdes d'Adelaïde. En soit, Augustus aimait bien dessiner. Il se disait au passage que cela permettrait d'extérioriser son exaspération. Pourquoi était-il exaspéré ? C'était très simple, parce qu'il attendait depuis maintenant cinq minutes que l'homme se réveille. Et s'il était ici, dans le laboratoire de son employé, à huit heures quarante-cinq du matin ce dimanche, ce n'était pas pour partager un thé et quelques mondanités. Il avait besoin de Kirill. Sauf qu'il était visiblement résolu à rester endormi. Ceci était donc la première raison de son exaspération, et la troisième justification de son subit désir de lui dessiner sur le visage. La dernière et pas des moindres était tout simplement le fait que Kirill était endormi. Il était endormi comme il détestait que les gens soient endormis. Paisible, serein, profond. Il dormait comme un enfant, comme un imbécile, comme un bienheureux. Il ressemblait à Bacchus pour cela, même s'il n'oserait jamais proférer une telle comparaison devant qui que ce soit. Kirill dormait à poings fermés et la jalousie tiraillait Augustus comme à chaque fois qu'il devait regarder quelqu'un dans cet état paisible qu'il ne connaissait plus.
Augustus avait donc toutes les raisons du monde de dessiner une petite moustache sur le visage fin du mangemort. La seule chose qui le retint, après y avoir songé plusieurs longues minutes, ce fut le souvenir du tatouage de murène.
Ainsi donc, Augustus se résolu à allumer une cigarette et à déambuler dans le laboratoire. Il y était après tout relativement chez lui, et il était particulièrement curieux d'analyser les recherches que son collègue avait pu effectuer avec son cher Dorian... Il réussit à s'occuper encore une dizaine de minutes. Puis, n'y tenant plus, il attrapa la carafe d'eau, se servit un verre et, avec une délicatesse exemplaire, s'appliqua à envoyer des pichenettes d'eau dans le visage endormi du mangemort. On pourrait presque croire qu'il y prenait du plaisir, vu son sourire amusé.
Enfin, il se réveilla, accueilli par le regard doux et le sourire tendre d'Augustus. « M. Motchaline. Je suis navré de vous réveiller ainsi, mais j'ai besoin de votre aide. Auriez-vous l'amabilité de vous lever ? » |
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Il dort. Il dort comme une enclume et c'est un fait que peu de gens pensent possible lorsqu'il s'agit du grand, de l'impérieux et glacial Kirill Moltchaline. La plèbe a souvent l'idée galvaudée voulant que les grands génies, grands fous ou personnes brillantes soient privées de sommeil par mère Nature, comme une cruelle compensation à leur intellect hors du commun. Comme souvent la plèbe à tord, car Kirill dort. Souvent. Beaucoup. Il fait partie de ces personnes capables de s'endormir pour une poignée de minutes ou un tour complet de cadran, dans une cage d'escalier ou un lit hors de prix, et de se réveiller parfaitement frais et dispos après une micro-sieste d'un petit quart d'heure. Kirill dort pour archiver, pour classer les informations harcelant son esprit, et ses songes sont depuis longtemps un monde entièrement à part, dans lequel il éprouve le besoin de se réfugier, alors que son cerveau sépare l'utile du superflu. Combien de fois a-t-il fallu à sa mère toute sa patience pour le réveiller? A son frère des cris et des sauts sur son lit pour le voir ouvrir les paupières? Lorsque Kirill se sent dans une zone de confort, son sommeil se fait profond et totalement imperturbable, d'autant que sur sa peau d'une pâleur peu commune, Murano, son tatouage de Murène aux dents acérées, veille sur le repos de son humain. Il n'y a que Murano pour garantir à Kirill un tel sentiment de sécurité. Il sait que tout geste agressif à son encontre sera contrecarré par dents acérées de la créature d'encre magique, qui sortira de sa peau à demi, juste assez pour arracher une poignée de doigts et pourquoi pas, une main si affinités? Il sait également que la vue d'une baguette levée la fera réagir, et que la murène le réveillera à l'aide d'une redoutable décharge d'adrénaline.
Alors pourquoi s'inquiéter? Logée dans le cou de Kirill, Murano veille. Et alors que son terrestre rêve d'un monde qu'elle peut entrevoir, et qu'elle ne comprend pas, elle surveille l'homme aux yeux doux qui fixe Kirill. Elle ne le lâche pas des yeux, suivant chaque mouvement, chaque déambulation. Il n'a pas l'air agressif et il est connu de son esprit. Il est un terrestre aux grands pouvoirs, un terrestre respécté du sien. Mais que penser de ce comportement? La murène le regarde se servir de l'eau. Rien à signaler. Puis le voilà qui se met à lancer sur Kirill des gouttes d'eau, une fine pluie qui fait fuir la murène d'agacement, de dépit méprisant. Elle va retrouver sa place habituelle sous la poitrine de Kirill alors que ce dernier s'éveille, ses yeux s'ouvrant et cliquant une ou deux fois. La voix qui accueille le médecin est douce, un véritable plaisir pour les oreilles. Il n'y a que Rookwood pour réveiller ses employés à l'aide d'un ersatz de pluie avant de les caresser dans le sens du poil pour faire passer la pilule.
« M. Motchaline. Je suis navré de vous réveiller ainsi, mais j'ai besoin de votre aide. Auriez-vous l'amabilité de vous lever ? »
-M. Rrookwood. Bonjourrr à vous. Je suis à vous dans un instant.
Et sans se presser, Kirill se redresse, s'étire discrètement, remettant en place des mèches blanches sortie de son impeccable coiffure. Puis, il se lève et se saisit de sa veste de costume noire, posée et pliée sur l'accoudoir du canapé avant de la revêtir et de nonchalament en boutonner le bas, ajustant sa cravate et retrouvant son aspect hors du temps. C'est un sourire poli et même cordial qu'il offre à son patron avant de lui demander, avec une patience que certaines mauvaises langues pourraient même définir comme très, très légèrement ironique:
-Je vous écoute. Quelle affairrre requièrrre donc mon attention en cette agrrréable jourrrnée?
Il semble soudain se reprendre et son sourire s'élargit:
-Suis-je bête, je manque à tous mes devoirrrrs. Je n'ai pas même pensé à vous prrroposer un thé. Vous qui ne manquez jamais de m'en offrrrirr une tasse.
Il ouvre le meuble derrière lui, maître des lieux et de tout ce qui s'y trouve avant d'envoyer tout le nécessaire à thé se poser sur la table basse d'un coup précis de baguette. Un autre charme, et c'est la théière qui se met à dodeliner dans les airs avant de délicatement s'immobiliser en suspension devant augustus, une flammèche en chauffant le fond.
Kirill s'assied face à son patron et le fixe dans les yeux, appréciant de nouveau la teinte presque mordorée ou sylvestre des iris offertes aux siennes. C'est devenu une habitude entre les deux hommes, ce jeu de regard, ce ballet -puisqu'un combat serait un mot bien trop vulgaire pour deux créatures de douceur vénéneuse comme eux-, ces...préliminaires à toute discussion.Rookwood utilise son effarante cordialité comme un archer décoche des flèches, Kirill la reçoit avec la supériorité assurée et le détachement d'un félin de race, acceptant les caresses parce qu'elle lui flattent le flanc mais tout à fait ignorant et désintéressé par les besoins de celui qui les donnent. Voir d'autres membres du département tomber dans les filets de ce serpent roi qu'est Rookwood a toujours fait sourire Kirill en demi-teinte, lui qui aime le velours de cette voix sans y perdre son âme et sans rechercher à la frôler. Comment Rookwood pourrait il flatter une créature persuadée d'être la meilleure, convaincue de son intrinsèque supériorité sur le reste de ses colègues. Kirill est lisse comme un mur de glace et y accrocher un piquet pour atteindre le sommet se révèle toujours trop compliqué pour l'énorme majorité des gens. Seul Dorian, seule personne depuis longtemps à avoir compris comment faire fondre la glace, et Irina, sa tante, véritable déesse de froid elle aussi, parviennent à comprendre et à éviter que le blizzard ne les tue durant leur montée, ne les fasse tomber comme de malheureux et empotés premiers de cordée.
Rookwood lui, jauge le mur de glace, le touche de temps en temps, semble encore incertain quant à son ascension. Kirill attends, il le surveille et ils sont de nouveau là à se regarder, affables, presque langoureux dans leur duel silencieux et sportif.
-Le Thé doit êtrrrre chaud. Perrrmettez moi de vous servirrr, si vous le voulez bien.
Il s'éxécute avec diligence, tendant une soucoupe et la tasse à son supérieur, avant de lâcher, langue de vipère sous une peau blanche:
-Je vous prrrie de me parrrdonner pourrr la position dans laquelle vous venez de me trrrouver. Je dois malheurrreusement confesser que lorrrsque le sommeil me saisit, j'en suis l'esclave et il est forrrt difficile de lui fairrre relâcher son emprrrrise. Je suppose que cet excès est un vice comme un autrrrre.
Il sourit, et demande:
-Je suis vérrritablement flatté que vous ayez prrris la peine de vous déplacer jusqu'à mon burrreau pourrr y discuter en perrrsonne. Quelle prrréoccupation vous amène? Je ferrrai au mieux pour vous en libérrrer, dans la mesurrre de mes moyens, bien évidemment.
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| Augustus suivit le délicat ménage du Motchaline avec la patience des hommes résolus. Toute conversation entre les deux hommes avait son cadre, et pour avoir ce cadre il fallait une lente et minutieuse préparation. Il ne prit donc même pas la peine de commencer à répondre à la première question de Kirill, sachant très bien ce qui allait suivre, et qu'ils ne commenceraient véritablement à parler affaire qu'une fois bien installés. Il attendit donc tranquillement qu'on lui propose du thé et accepta gracieusement d'un : « C'est une délicate attention M. Motchaline, permettez-moi d'accepter. » Et sur ces mots il s'installa sur le canapé abandonné quelques instants plus tôt par son propriétaire. Lui, cependant, était parfaitement éveillé, comme toujours, et ce depuis plusieurs longues heures durant lesquelles il avait notamment réfléchi à qui il devait confier la mission qu'il avait actuellement en tête. Son esprit s'était vite arrêté sur le choix du russe, bien assez discret et bien assez dépourvu de morale pour correspondre au profil. Il n'y avait qu'une chose qui le gênait dans ce choix.
La mission qu'il désirait lui confier était délicate, et profondément personnelle. Il avait même hésité à véritablement la lancer, encore hésitant sur son utilité. Mais l'histoire le harcelait, le poursuivait, et il semblait donc nécessaire de la régler. Augustus n'aimait pas à être poursuivi par les fantômes du passé, et il lui fallait quelqu'un pour chasser ses doutes. Il ne pouvait pas être celui qu'il cherchait. Augustus n'en avait aucune envie. Il avait abandonné cette quête, il aurait voulu abandonner cette quête. Mais puisqu'il fallait la ressortir, encore une fois, de l’abime des morts et des disparus, alors il le ferait, il le ferait à travers Kirill. Et ce même s'il n'aimait pas l'idée de partager des détails de sa vie privée, et d'autant plus une vie privée datant d'avant Azkaban, avec cet homme qui n'était pas sous son charme et sous ses ordres de velours. Il était son allié, sans fascination, et cela rassurait et inquiétait Augustus. Car il le comprenait, et le respectait, et qu'il n'aimait pas dévoiler ne serait-ce qu'une once de faiblesse devant les hommes qu'il respectait autant.
« Faites donc, M. Motchaline, je ne me permettrais pas de vous prendre ce droit. » Il lui sourit en récupérant la tasse du bout des doigts. « Ne vous inquiétez donc pas, je comprends que je ne viens pas vous rendre visite à une heure bien habituelle. Je n'ai malheureusement qu'une conscience confuse des heures à laquelle la plupart des gens dorment, et je me retrouve souvent à m'imposer à des heures indues, lorsque cela est pour moi une heure normale pour être debout. » Il y avait-il vraiment des heures pour être couché, à ses yeux ? Il ne prenait même pas la peine d'adopter une posture horizontale lorsqu'il arrivait enfin à trouver le sommeil. « Et laissez-moi vous conseiller humblement de savourer une relation aussi fusionnelle avec le sommeil, il peut se montrer bien plus capricieux avec le reste des mortels. » Et il sourit simplement, comme s'il était l'homme normal et Kirill le détraqué, et qu'il était du côté trivial de la relation au sommeil.
Enfin, il sembla arriver un temps raisonnable pour commencer à parler des choses qui importaient vraiment. Face à face, chacun muni de son thé, chacun réveillé et arborant chacun ce sourire caractéristique que la plupart des gens ne savaient décrypter. S'ils savaient à quel point ces deux images de la tranquille efficacité étaient différentes, au fond. Augustus prit cependant le temps de goûter et d'apprécier le thé qui lui avait été offert avant de débuter le préambule à sa demande. « Ne soyez pas flatté, il m'a semblé évident de vous demander ce service. Je ne connais personne disposant de votre discrétion et de votre sens de la mesure. » Ou de la démesure, ou même le moindre sens du saint et délicat art de la torture. « C'est une affaire assez complexe qui engendrera potentiellement d'assez nombreuses questions de votre part. Je vais essayer de la faire commencer de la meilleure des manières, afin que nous restions dans l'efficacité, et pas dans le simple partage de ma vie privée. » Il s'arrêta de nouveau, sachant que Kirill avait déjà commencé à comprendre ce qu'il désirait pas ces quelques insinuations. Il prit la peine de boire encore un peu de thé et de s'avancer davantage dans le canapé, comme un homme qui se prépare à dire quelque chose d'assez important. « Veuillez comprendre que ce serait un service que je vous demanderais humblement. Elle n'engage en rien ni le Lord, ni le Ministère, c'est quelque chose qui a à voir avec mes problèmes et mes quêtes personnelles. Inutile de vous dire que ce contexte requiert encore plus de discrétion qu'à l'accoutumée, ou de vous préciser que je ne partagerais pas ce genre de chose avec vous si la nécessité ne m'y forçait. » Il le laissa répondre, un regard droit figé sur lit, son sourire comme une humble décoration au sérieux dans lequel il s'enveloppait actuellement, tel un pudique voile. Enfin, il déclara : « Je souhaiterais à avoir des informations précises et exactes sur l'identité de Tiago Blacksmith. »
Et il savait déjà qu'avec ces quelques mots, le cerveau de son collègue et employé avait déjà commencé à fonctionner à plein régime. |
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Kirill le regarde -fait étonnant- alors que Rookwood lui expose les raisons de sa venue. Kirill regarde peu les gens, tout simplement parce que leur accorder un regard signifierait qu'il leur voue un quelconque intérêt, ce qui n'est pas le cas. Pourtant, il regarde toujours Rookwood lorsqu'il lui parle, par respect pour ce brillant intellect et pour cette politesse feutrée qui ne manque jamais de trancher avec le reste de ce ministère de yaks en costumes mal ajustés.
Le ton, l'attitude, la gestuelle...tout montre à quel point le mangemort choisit ses mots, les pèse et les calcule pour ne rien laisser échapper qu'il n'ait choisit de montrer. C'est un virtuose du dialogue qui parle en ce moment en face de lui et Kirill se délecte de cette maîtrise, tout en réfléchissant silencieusement aux indices qui lui sont dévoilés, jusqu'à ce que vienne la phrase qui comme un bouquet final, conclut ce magnifique discours tout en demi-teinte et en sous-entendus:
"Je souhaiterais à avoir des informations précises et exactes sur l'identité de Tiago Blacksmith."
Tiago Blacksmith. Le nom évoque à Kirill un parfum de tabac et de criminalité. Il n'a que rarement entendu ce nom, car c'est rarement celui que les gens connaissant le personnage utilisent. Tout le monde, au contraire, toute personne ayant fréquenté un tant soit peu le milieu sombre de la pègre anglaise, connait le Bâtard. Un fils de rien, un enfant de personne, agissant toujours dans l'ombre et tuant les indésirables comme d'autres enseignent l'arithmancie ou vendent des livres. Il était un maître de l'assassinat, ce qui était on ne peut plus surprenant quand on avait rencontré l'individu, ou du moins, qu'on l'avait vu de loin, d'un endroit sombre d'une taverne. Blacksmith était un homme à l'apparence prédatrice et aux traits inamicaux, taillés au scalpel, qui étaient à la fois beaux et terrifiants, cette sorte de beauté qui ne peut plaire à tous, mais qui ravit ceux en quête d'exotisme, ceux qui préfèrent les tigres aux chats. Il avait les manières d'un chien d'attaque et la drôle d'habitude de lire dans son coin, en attendant les clients. Toujours des ouvrages écornés. Analphabète cherchant à se donner un style ou homme à l'intelligence inhabituelle et non-conventionnelle? dur à dire, du moins pour le quidam moyen.
Kirill a quant à lui son avis sur la question, et ne tient pas à le partager, jugeant tout à fait inutile voire dangereux de donner son opinion dans une situation comme celle çi. Il écoute attentivement, recoupe, isole et analyse.
«...afin que nous restions dans l'efficacité, et pas dans le simple partage de ma vie privée. » «Veuillez comprendre que ce serait un service que je vous demanderais humblement. Elle n'engage en rien ni le Lord, ni le Ministère, c'est quelque chose qui a à voir avec mes problèmes et mes quêtes personnelles... »
Quel âge exactement avait Augustus Rookwood? 50 ans? 52 ans? Combien de frères et soeurs avait-il eu, avaient-ils été plus âgés? plus jeunes? Combien étaient encore en vie, et dans quel état? La réputation de la lignée Rookwood n'était plus à faire, et les membres vivants qui la composaient, surtout les enfants, étaient une denrée plus précieuse encore que l'or...c'était du moins ce que l'on disait. La folie et la mort avaient depuis longtemps gangrené cette famille dont l'homme en face de lui portait pourtant si fièrement le nom. Les Rookwood n'étaient-ils au fond qu'une dynastie plus exigeante que les autres, ne laissant en vie que les membres les plus durs et les plus aptes à supporter les affres du monde? Les génies, les manipulateurs perspicaces, les tueurs? Peut-être. Mais là encore, son opinion n'est pas désirée, et Kirill prend un certain plaisir à ne pas partager ses théories, dont certaines commencent à toucher un terrain glissant, sombre, aqueux et visqueux. Il y a une menace dans ces yeux bruns qui le regardent, et il rend cette menace polie et douce avec un sourire aimable. Puis, il se lève et va chercher son paquet de cigarettes avant d'en allumer une et d'en proposer à son patron d'un geste discret, qui consiste à poser le paquet devant lui.
Il se rassoit, jauge l'homme en face de lui et déclare:
-N'ayez aucune inquiétude surr ma discrrrétion. Ce qui se passe dans l'enceinte de ce burrreau ne concerrrne que vous et moi. Notrrre seigneurrr et maîtrrre, bien que puissant, ne doit pas êtrrre embarrrassé de nos...quêtes perrrsonnelles, comme vous dites.
Il sourit de nouveau, son visage disparaissant à demi derrière les volutes argentées de sa cigarette. Son sourire peut-être deviné. Mais pas avec certitude. C'est toujours ce qui le définit. Le manque de certitude, chez son interlocuteur, que tout ira bien. Il joue dessus, il s'en délecte, il apprécie de savoir que l'autre doute un peu, tout en ayant parfaitement confiance en ses capacités.
-Je peux d'orrrs et déjà vous donner quelques inforrrmations sur ce merrcenairrre bien que je ne doute pas de votrrre capacité à les obtenirr vous même. Voyiez juste cela comme...une manifestation de mon perrfectionnisme.
Tapotant le bout de sa cigarette sur le bord du cendrier en métal posé sur la table basse entre eux il dit lentement:
-Tiago Blacksmith est connu dans le milieu de la crrriminalité pourrr êtrrre de loin le meilleurrr tueurrr à gages et homme à tout fairrre du Rrroyaume Uni. Cerrtains pensent que ces rrrésultats sont dus à sa violence, ou à son carrractèrrre...farrrouche. Je serrrais pourrrtant étonné si cela était le cas. J'ai en effet eu l'occasion de le voirrr, une fois, alorrrs que je venais de poser le pied en Angleterrre et avait été dépêché en mission d'obserrrvation. Obtenirrr un burrreau ne se fait qu'en rrrendant de menus serrvices quand vous venez de l'étrrranger.
Un sourire éclaire son visage et il poursuit:
-Je me souviens encorrre de ce soirrrr là...il est assez étonnant d'aperrcevoirr un homme de cet acabit, attablé au fond d'une taverrrne avec un livre. Un livrrre moldu, j'en conviens, mais nous savons tous les deux la complexité de cerrtains auteurrrs, tout dénués de magie qu'ils soient. Il lisait un cerrtain...Victorrr Hugo, avec une concentrrration qui m'a intrrriguée. Je ne serrrais pas étonné que nous ayons affairrre à un homme né dans le mauvais milieu. Une belle mécanique intellectuelle, mal entretenue. Cela expliquerrrait en grrrande parrrtie ses rrésultats. Les idiots ne font pas long feu dans le monde qui est le notrrre. On m'a dit que cet homme avait parrrfois des manièrrres de s'exprrrimer légèrrrement...inadéquates, quand on connaît les eaux dans lesquelles il nage. Trrrop complexes. Acquis ou inné? je vous laisse en juger, je ne me rrrisquerrai pas à répondrrre à cette question.
Kirill sourit de nouveau, amusé par la tournure des évènements, par cette mission impromptue, qui aura sans le moindre doute le mérite de lui faire quitter le ministère momentanément et de faire fonctionner quelque peu ses neurones parfois ankylosés par la fréquentation trop assidue des autres. Rookwood sait qu'en lui demandant ce service il lui devra une faveur, mais Kirill est bien trop policé pour le lui faire remarquer. Il n'a besoin de rien que le mangemort puisse lui apporter, pas pour l'instant. En outre, le simple plaisir du jeu, du mystère non-résolu, suffit à le lancer sur les traces de cet assassins aux pommettes si tranchantes et à la voix rauque, désagréable pour ceux n'ayant pas conscience de la beauté qu'il y a dans la brisure.
Il remplira sa mission, ne dira rien, taira les plus noirs secrets découverts le long de cette péripétie, gardera en mémoire les visages et les noms pour jalousement profiter de son savoir. Il va lui rendre ce service oui. Et avec grand plaisir. Il y a toujours une sorte de joie, de déléctation à sentir que les gens sollicitent ses talents. Il n'est pas flatté mais il apprécie. C'est déjà beaucoup.
-Avez vous des exigences parrrrticulièrrres dont je devrrrais avoirrr connaissance? Une association de parrenté à recherrrcher? un objet? un nom?
Il ressert Rookwood en thé, et continue de le regarder. Privilège dont le mangemort a sans le moindre doute conscience.
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| Kirill le regardait, et un autre qu’Augustus Rookwood aurait sûrement été inquiété d’être ainsi fixé par cet individu. Le regard, poli mais incroyablement détaché, avait le don de mettre mal à l’aise lorsqu’il se posait enfin sur quelqu’un. Augustus, en bon narcissique qu’il était, appréciait cette attention feutrée. Il fallait l’avouer, il n’était pas vraiment habitué à ne pas être regardé lorsqu’il parlait, sauf lorsque sa victime était trop effrayée ou intimidée pour le faire, ce qui pouvait être aussi flatteur que certaines pupilles adoratrices. Kirill le regardait, et réfléchissait, et Augustus le laissait faire tout en buvant son thé et en acceptant avec un sourire reconnaissant la cigarette élégamment proposée. Il l’alluma discrètement et ils furent bientôt tous deux enveloppés de cette fumée argentée si caractéristique de l’étranger. Il est toujours assez divertissant de goûter les cigarettes des autres, de se retrouver dans leur fumée, leur goût, et de pouvoir commencer à imaginer ce qu’ils peuvent ressentir en le faisant. Augustus, bien qu’il ne soit jamais aussi sentimental, apprécie parfois de goûter au train de vie des autres. Ainsi, cette cigarette, bien qu’appréciable, ne lui convient pas exactement. Mais il peut être parfois agréable de se souvenir d'à quel point on dispose d’une vie qui nous correspond absolument et que, au final, l’herbe n’est absolument pas plus verte de l’autre côté. Finalement, Kirill semble avoir abouti dans sa réflexion et, en se laissant entourer de cette étrange fumée, relance la danse. " N'ayez aucune inquiétude surr ma discrrrétion. Ce qui se passe dans l'enceinte de ce burrreau ne concerrrne que vous et moi. Notrrre seigneurrr et maîtrrre, bien que puissant, ne doit pas êtrrre embarrrassé de nos...quêtes perrrsonnelles, comme vous dites. " Augustus sourit d’un air appréciateur à cette réponse qui le satisfait amplement. Il savait que Kirill l’aurait compris. Et bien que l’homme n’évoque que les oreilles du Lord – qui étaient en effet au centre de ses inquiétudes – Augustus savait qu’il prenait aussi en compte toutes les autres, presque aussi néfastes. Il ne manquerait plus qu’un Lestrange, un Avery ou, pire, un Murdock n’entende parler de cette sombre histoire. Lorsqu’on était un homme comme Augustus, c’était toujours les personnes les plus proches, les plus utiles, ou les plus familières qu’il fallait le plus éloigner de ses problèmes personnels. La réaction du Murdock, par exemple, l’insupportait d’avance car il pouvait déjà imaginer dans son regard l’éclat destructeur de la jalousie. Il savait bien pour quelles raisons M. Nott n’était pas revenu entier de son stage de raffleur. Et il ne voulait pas perdre son chien préféré dans un conflit avec un rustre qui ne lui était peut-être même pas apparenté. " Je peux d'orrrs et déjà vous donner quelques inforrrmations sur ce merrcenairrre bien que je ne doute pas de votrrre capacité à les obtenirr vous même. Voyiez juste cela comme...une manifestation de mon perrfectionnisme. " S’en suivi la précise et pernicieuse description de ses connaissances de l’animal. Augustus le laissa faire, ne faisant pas de remarques lorsqu’il insinuait ce qu’il ne pouvait pas encore démentir, frissonnant parfois intérieurement de sentir ses problèmes pensées en écho dans la bouche du monstre nacré, appuyant ses craintes. Il avait espéré, sans y croire, que son subconscient avait effectué des conclusions hâtives sur le comportement du tueur à gages, s'assimilant trop facilement à la personne qu'il ciblait. Il aurait préféré faire preuve d’un écart de sentimentalisme que d’avoir raison. Il finit son thé durant la narration, la gorge un peu sèche. Serait-il nerveux ? Il contempla la question un instant puis choisit de s’en détourner, la jugeant inadéquate à la situation.
" Avez vous des exigences parrrrticulièrrres dont je devrrrais avoirrr connaissance? Une association de parrenté à recherrrcher? un objet? un nom?" Les questions de Kirill arrachèrent un sourire à Augustus. Elles signaient le retour de sa parole sur la scène, et le moment où il commençait à développer les tenants et aboutissants de la situation. Prenant la peine de déloger les cendres de sa cigarette, il reposa son regard sur Kirill, souriant, poli, mesuré, avant de répondre : « En effet, il y a quelques détails que je vais devoir vous transmettre. Veuillez m’excusez si je m’épanche sur cette histoire, c’est que je ne sais pas ce qui pourra vous être utile sur votre route et je ne voudrais pas vous handicaper par faute de pudeur ou de n’avoir pas pris le temps de le faire. » Il laissa trotter la cigarette sur ses lèvres un instant, le regard un peu pensif, cherchant visiblement par où commencer l’histoire. « Il y a de cela trente-cinq ans, alors que je finissais mes études à Poudlard, j’étais très proche d’une jeune fille espagnole, Mlle Esperanza Della Rovere, dont la famille vous est peut-être connue. J’ai découvert à cette période qu’elle était tombée enceinte, de moi, et qu’elle souhaitait se séparer du bébé, d’une manière ou d’une autre. » Il expliquait tout cela avec une certaine désinvolture, comme on se souvient d’un petit sourire d’enfance, sans véritable profondeur. Il cherchait visiblement à se souvenir de certains détails, car il hésitait parfois. Mais avec le Rookwood, il était compliqué de savoir s’il ne simulait pas, parfois, d’avoir une mémoire faillible. « Je pense que vous connaissez certaines de mes circonstances familiales, et je pense que je vous comprendrez que, n’ayant plus véritablement de famille où retourner, j’étais fervent d’en reconstruire une. Cela fut une des multiples raisons de mon refus que l’on se débarrasse de l’enfant, et le désir de profiter de nos fortunes respectives pour l’élever, une fois nos études terminées. » Toute cette histoire sonnait comme une terrible mésaventure d’un roman pour sorcière au foyer. C’est qu’il taisait certains détails, encore à cet instant, plus parce qu’il les jugeait anecdotiques que parce qu’il cherchait à les dissimuler. Lorsqu’on était un sang-mêlé homosexuel, on prenait rarement la peine de soigner une relation avec une sang pure que les parents de celle-ci désapprouvait complètement. « La suite, je le crains, est assez tragique. Perturbée par des pressions familiales et une santé mentale, malheureusement, assez fragile, elle commit l’irréparable. » Surtout lorsque l’on découvre que son parfait petit ami est prêt à l’enfermer plutôt que de la laisser avorter, mais encore une fois, ceci était un détail fort peu harmonieux dans son histoire. Et il ne doutait pas que Kirill n’entende tout ce qu’il n’était pas nécessaire de formuler exactement. « Alors que je la retrouvais enfin après l’avoir cherchée » ou plutôt traquée « à travers toute l’Angleterre, je finis par la retrouver, visiblement déjà très perturbée, malade et fragilisée. Elle se donna la mort en me jurant que je ne verrai jamais mon fils. » La voix s’échoua sur la fin de cette phrase, comme brisée par l’émotion, sans être assez poignante pour être jugée déplacée dans le cadre de la conversation. La gorge d’Augustus était plus sèche que d’habitude suite à ce taux de parole. Il remarqua avec plaisir que sa tasse était de nouveau pleine et en prit quelques gorgés, retrouvant rapidement le fils de son explication. « Depuis, je ne sais où est cet enfant, qui doit avoir dans les trente-quatre ans, et même s’il est encore en vie. Je n’ose imaginer ce que, dans son état, elle a pu lui faire subir. » Et il était, en effet, profondément persuadé des soucis mentaux de la femme dont il n’avait toujours pas compris les agissements, même s’il pouvait appréhender sa colère envers lui. « Je sais cependant qu’elle souhaitait l’appeler Tiago, comme son père, s’il s’avérait être un garçon. » Il se sentit, un instant, ridicule de réaliser qu’il avait déplacé tant de montagnes en suivant cet unique et ridicule petit indice. Il soupira, posant quelques doigts sur sa tempe, d’un air fatigué, presque affligé. « Et depuis, et je vous prie de ne pas rire du ridicule de cette situation, je me retrouve à espérer des folies à chaque trentenaire répondant à ce prénom. » Il s’arrêta de nouveau, avant de replonger son regard dans celui de Kirill. « Je pense, cependant, que vous serez d’accord pour dire qu’il se passe quelque chose avec cet homme. » Il raffermi sa voix pour la suite, car il n’aimait véritablement pas dévoiler ainsi sa vie privée : « Et soyez assuré que, même s’il se révélait ne pas être celui que je cherche, toute information me sera extrêmement utile pour la suite du traitement de mon contrat professionnel avec lui. » En effet, même si Rookwood finissait à savoir qu’il n’était pas son fils, il ne lui coûtait rien d’essayer de faire croire au meurtrier l’inverse. C’était typiquement le genre d’approche qui pouvait lui permettre de perturber et, ainsi, contrôler un sorcier de cet acabit. |
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C'est presque comme être au cinéma moldu, devant un acteur oscarisé, répétant un de ses rôles de maîtres. Augustus Rookwood sait jouer en sourdine et en pianissimo toute la gamme des expressions et émotions humaines, toujours avec un vibrato assez ténu pour que le spectateur se sente profondément touché par ce qu'il voit. Et que voit le spectateur à ce moment? Un homme au passé trouble, qu'il préfère garder secret. Mystère. Un homme à la famille déchirée, ayant vainement tenté d'en construire une nouvelle. Pitié. Un homme trahi par la femme dont il ne voulait qu'élever l'enfant. Compassion. Un homme terriblement seul et deséspéré par une quête jusque là sans résultat, mais déterminé à retrouver son fils perdu sans jamais, jamaisquitter son séduisant pragmatisme. Admiration.
Kirill en aurait presque envie de rire, s'il n'avait pas autant de respect pour Rookwood et ses talents dignes de la Comedia dell'Arte. Ils savent tout deux que ce n'est qu'un acte dans leur interminable représentations de faux semblants, mais que derrière le jeu il y a parfois une pointe de vérité. Zaïtseva et Murdock peuvent bien chercher toute la sainte journée, ils ne trouveront jamais, mais pour Kirill c'est un jeu. Trouver la note juste, l'étincelle ténue d'honnêteté qui souvent lui dit "j'ai confiance en vous", "ne me décevez pas", "vous m'intéressez", "vous m'amusez". Rookwood amuse aussi le médecin russe qui derrière chaque sourire, chaque "r" roulé lui dit "votre confiance est entre de bonnes mains", "vous ne me flattez pas mais merci, "je sais que vous mentez" ou pire encore... "je sais que vous dites la vérité".
Il écoute attentivement l'histoire de son patron -qui pour d'autres est presque devenu un seigneur et maître- avant de reposer sa tasse et d'éteindre sa cigarette. Pensif un moment, il reprends la parole du ton qu'il préfère : très posé, quelques décibels seulement au dessus du murmure, comme pour instaurer entre lui et son interlocuteur une sorte de connivence qui est d'ordinaire refusée au commun des mortels:
-Je comprrrends parrfaitement votrrre volonté de garrrder cette affairrre prrivée. Je suis également grrrandement rrassurrré parrr l'identité rrelativement...exceptionnelle de la mèrrre de votrrre fils. Les Della Rovere ne sont forrt heurrreusement pourrr nous pas inconnus au bataillon des grrrandes lignées. Le comte Tiago Alejandro Della Rovere est connu pourrr son carrractèrrre peu amène et ses frrrréquentes incurrrsions en territoirrre slave. C'est un afficionado de culturrrre rrrusse. Bien que je ne l'ai jamais rrrencontrrré en perrrsonne j'ai entendu parrrler de lui et des siens...ils possèdent d'immenses terrres dans les anciens territoirrres de l'Al Andalus, et l'idéal serrrait désorrrmais de savoirr quelles tarrrres ou signes distinctifs cette famille porrrte avec elle...il se pourrrait que votrrre fils, s'il est toujourrrs en vie, en ait hérrrité.
Il se lève et avec précaution, va s'asseoir à son bureau avant de prendre sa plume et d'inscrire quelques symboles en pattes de mouches sur une feuille blanche.
-N'ayez crrrainte, la crrryptographie est un de mes passe-temps...moi seul sait déchiffrrrrer ce que j'inscrrris pourrr moi même.
Puis, il fait tourner sa plume entre ses doigts, lentement.
-Je ne vous apporterrrrai que les rrrésultats que je juge moi même perrtinent, je doute que nous ayons tout deux le temps de nous pencher surrr les rrumeurrrs de comptoirrr. Bien évidemment je suppose avoirrrr la perrrmission d'ôter du paysage en toute discrrétion toute perrrrsonne entrravant mes rrrecherrches?
Ce n'est pas vraiment une question, plus une affirmation et une demande de validation pour un accord tacite. Hochant la tête avec un léger sourire, il se tourne vers Rookwood et croise les jambes:
-Considérrrez cette affairrre comme trrraitée.
En vérité, et bien qu'il se refuse à lui faire part de son avis personnel sur la question, Kirill a déjà une opinion sur la question de ce bâtard. Les pommettes taillées à la serpe, les yeux, et surtout cette teinte de bleu entre le cobalt et le céruléen, si particulière -tout comme la teinte des cheveux entre le blond et le brun- ne trompent pas. Le petit fils est le fidèle reflet du grand-père, mais en bon scientifique, le médecin se refuse à des conjectures hasardeuses. S'il doit pour s'assurer de ses théories, emprunter le laboratoire d'un établissement moldu et supprimer la moitié du personnel soignant, il n'hésitera pas. Quelle étrange situation, celle de voir Rookwood et d'imaginer que derrière ce sourire et cette expression de maîtrise absolue, quelque chose, quelqu'un lui a échappé. Un tout petit bébé, devenu un homme aujourd'hui, et certainement capable de se montrer aussi dur que son géniteur, par la force des choses. C'est presque une déléctation d'imaginer les détails de l'affaire, la différence entre l'acquis et l'inné, de se demander à quoi ressemble vraiment, comment parle et comment agit le fils d'Augustus Rookwood, directeur du département des mystères et mangemort de renom. Kirill peine à contenir son impatience. Cette enquête va de très loin être la plus palpitante stimulation intellectuelle qu'il aura recue depuis bien longtemps. Et la faveur que lui devra Rookwood restera elle aussi profondément ancrée dans sa mémoire, jusqu'au moment opportun. La science nourrit certes son homme, et la loyauté également. Mais il faut toujours veiller à ne jamais négliger les petits extras qu'apporte un peu de zèle.
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| | | | | AURILL x I wanna do bad things with you | |
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