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Ces gueux de la ruche avaient essayé de t’éloigner de l’affaire Lukombo. Ils voyaient bien que ça t’affectait plus que de raison et ne voulaient pas risquer de te voir leur péter entre les doigts. De fait, ils avaient saisi au vol l’excuse des compétitions de Quidditch démarrant avec la belle saison pour te flanquer au service de sécurité des membres des Holyhead Harpies. En temps normal, tu aurais piaillé d’excitation – comme on pouvait piailler avec une voix aussi rocailleuse que la tienne – sauf qu’en ce moment, l’humeur n’y était pas trop, puisque le cœur n’y était pas non plus. Tu n’en étais pas réduit au point de dire que tout dans les matchs de Quidditch te rappelait le bon vieux temps, mais presque.
Et puis, professionnellement parlant, il fallait voir le bon côté de la chose : ton air maussade et sévère refroidissait plus d’un fan hystérique.

Mais pas tous, apparemment, alors que tu mets la main sur un énième supporter un peu trop euphorique, suite à la victoire écrasante de l’équipe, en ce début de saison. Le bougre était parvenu à passer la barrière de sécurité et tendait fébrilement une plume et un parchemin en direction de l'une des poursuiveuses de la team.
Tu lèves les yeux au ciel alors qu’il t’implore de le lâcher, et avortes le réflexe que tu avais de porter ta main à l’étui de ta baguette attaché à ton ceinturon –sachant que tu l’avais perdue dans l’incident de ste-Mangouste.  Un malaise – même quand on est nul en lancer de sort, c’était toujours plus intimidant de braquer l’individu avec sa baguette. Le fan se montre même menaçant alors qu’il était à peine plus large que ton bras droit « écoute, des comme toi, j’en bouffe tous les matins au p’tit déj ; alors tu déguerpis sur-le-champ, où j’te fais moi-même la dédicace bien profond dans ton c… » que tu siffles entre tes dents, peut-être un peu plus à fleur de peau que d’habitude.

Toutefois, il en aurait fallu plus que ça pour entamer la bonne humeur des sportives qui se frayaient un chemin dans la foule grouillante pour aller fêter leur victoire dans un pub branché. A première vue, on aurait pu croire que c’était la partie la plus agréable de la soirée puisque tes consommations étaient aux frais de leurs sponsors, mais la vérité était moins reluisante. Parce que c’était précisément à ce moment-là que ça commençait à se corser. Les joueuses commençaient alors à s’éparpiller dans la salle, aux bras des premiers et premières venus, et la biéraubeurre coulait à flot, et tu ne savais plus où donner de la tête, et on pensait que tu étais aussi un membre de l’équipe en te tâtant les bras, et on t’offrait à boire pour te dérider, et puis parce que depuis le temps qu’tu nous suis, Murdock, tu fais partie de la famille désormais !
Alors tu répétais toujours la même rengaine, refusais, plus ou moins poliment, plus ou moins distinctement, et à chaque fois, il fallait expliquer ce que tu faisais là, pourquoi on assurait tant les arrières des joueuses, depuis les incidents du printemps, et il fallait encaisser les regards et les hochements de tête compréhensifs du serveur, et les soupirs d’incompréhension face aux exactions des insurgés, avant de t’offrir de nouveau un verre, comme pour fermer les yeux sur vos exactions à vous, histoire que tu ne reviennes pas plus tard dans la nuit pour enlever sa femme et son fils.

Craignant que ton barman n’éclate en sanglots à force de refus, tu finis par céder en maugréant, afin qu’il te fiche la paix. Te creusant une place, accoudé au bar, tu peux enfin surveiller du regard tes innombrables petites protégées qui batifolaient avec d’autres clients s’improvisant fans à leurs heures perdues. Tu t’obstines à examiner leurs moindres faits et gestes afin que ton esprit ne s’égare pas dans les méandres de tes souvenirs encore tièdes, si bien que tu n’as tout d’abord pas remarqué la jeune femme qui s’est glissée juste à côté de toi. « Hm, qu’est-ce que tu veux ? » que tu finis par lâcher, le verre au bord des lèvres et les yeux fixés sur un petit groupe un peu trop bruyant pour être honnête.
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[quote="Anthea Moriarty"]
ain't youth meant to be beautiful?
bacchus murdock


Des mains se tendent sur son chemin, tentent d'entrer en contact avec elle. Des fans surexcités tentent de se frayer un passage à travers le dispositif de sécurité, en vain. Alors que l'ambiance générale n'est clairement pas à la fête, ces gens trouvent quand même la force de venir fêter la première victoire des Holyhead et ce, hors de leurs terres. Chez l'adversaire londonnien, Anthea peut pour la première fois constater que la ferveur autour des Harpies n'a pas baissé d'un iota en dépit des récents résultats plus que décevants. Sans doute le fait que l'équipe ne soit constituée que de femmes y joue sans doute beaucoup, même si la poursuiveuse espère bien pouvoir montrer à tous que leur sexe ne doit pas être la seule attraction d'une équipe qui vise encore et toujours le titre, malgré les déboires des saisons passées. Derrière elles, elles ne consituent aujourdh'ui qu'un douloureux souvenir pour les joueuses déjà présentes durant ces quelques années de galère. Mais Anthea, elle, n'a jamais connu ça. Toujours bien positionnée – allant jusqu'à obtenir le titre tant convoité – en Ligue américaine, elle n'a jamais connu la déception du ventre mou, des espoirs dévorés par la férocité de la compétition au fil des semaines. Pour elle, seule la victoire existe, et c'est en partie pour ça que les Harpies l'ont maintenue dans leur viseur depuis sa révélation aux Sweetwater All-Stars.

Alors qu'elle serre quelques mains parvenues non loin d'elle, Anthea se sent tirée en arrière. Eloignée des supporters par une poigne ferme, mais qui ne se veut aucunement violente. La capitaine la ramène parmi le troupeau, évite soigneusement de la laisser seule aussi près de la  foule. « Je sais pas comment ça se passe de l'autre côté de l'océan, mais ici, vaut mieux pas rester aussi près des gens. On sait jamais, des fois qu'un fou se mette à lancer des sorts à tout va. » La guerre, la tension constante que traverse le pays. Si les gardes du corps sont là, ce n'est effectivement pas pour rien. Ici, les choses sont bien différentes, beaucoup plus contrôlées qu'aux États-Unis où les supporters pouvaient sans aucun suci approcher leurs idoles, leur serrer la main, ou encore se faire photographier. Ici au Royaume, en cette époque troublée, signer un autographe en pleine rue tient d'avantage de l'exploit, se prendre en photo une mission impossible. « Allez viens, y a un pub bien sympa pas loin. » Dans un silence presque religieux, la jeune femme suit sa capitaine, entourée d'hommes prêts à dégainer leur baguette au moindre mouvement un peu trop euphorique. Quelle tristesse, de devoir en arriver à un tel point. Mais les choses sont ainsi, et rien ne peut vraiment entamer la joie omniprésente chez les joueuses. Premier match à l'extérieur, première victoire. Et quelle victoire, avec deux cent quatre points d'écart. Autant dire que le match a été une ballade de santé, avec en guise de cerise sur le gâteau la capture du vif d'or, ce petit objet si rapide, si imprévisible, que Thea n'est jamais parvenue à en attraper un au cours de ses nombreux entraînements. Lui faisant à l'époque rapidement abandonner l'idée d'obtenir un jour le poste tant convoité d'attrapeuse, lui faisant se contenter d'une place de poursuiveuse. Un choix qu'elle ne regrette aujourd'hui absolument pas, maintenant qu'elle semble être enfin reconnue à sa juste valeur.

Après plusieurs minutes de marche, l'esprit toujours festif que durant les quelques minutes qui ont suivi la victoire, les joueuses entrent enfin dans un pub d'apparence normal. Un pub qui, de l'extérieur, semble faire grise mine. Mais qui dévoile ses secrets à qui ose tout de même franchir le pas de la porte. Rapidement, les joueuses se séparent en divers petits groupes. Certaines, seules, se laissent sans hésitation aucune, offrir des boissons et autres cadeaux. D'autres, en groupes, s'éloignent du centre de la pièce pour rejoindre un coin de table, à l'abri des supporters présents en nombre. Anthea, quant à elle, après avoir laissé Harlow faire le tour du pub, se dirige vers le comptoire, prête à s'offrir les meilleures boissons proposées, et pas mal de butterbeer, histoire de profiter un maximum d'une soirée qui se veut exceptionnelle, étincelle de vie dans un paysage sombre, sans aucun espoir,
S'installant sur un tabouret au niveau du comptoir, Anthea jette instinctivement un regard vers sa gauche, prête à invectiver ce fan un peu trop bruyant. Son garde du corps se tient juste à côté d'elle, les doigts enroulés autour d'une bière. Elle reste ainsi quelques secondes, avant qu'il ne remarque finalement la précense de la poursuiveuse. [color=#bbae98]« Ce que je veux... ? » Elle tente une moue de réflexion, sans doute bien aidée par l'alcool, avanrt de finalement trouver une idée qui, dans sa tête à elle, semble étranfgement géniale. « Tu devrais te dérider un peu, Murdock. On est qu'en début de saison, essaie de pas trop te streesser en attendant que les choses commence.. »


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Tu plisses un peu les yeux afin de mieux comprendre ce qui se passait dans le fond de la salle. T’avais tendance à mal interpréter les rapprochements intempestifs, surtout depuis qu’on t’avait mis la petite Rowle entre les pattes que tu couvais comme un paternel jaloux et encombrant. Un peu plus et t’aurais foutu une paire de baffes au type qui venait d’en prendre une lascivement par la taille.
Afin de t’en faire passer l’envie, tu avises la jeune femme à côté de toi ; des yeux clairs et pétillants de cocktail, une crinière savamment décoiffée, des lèvres pleines comme celles des filles genre Shacklebolt ou L*kombo, pas bien grande, ni bien épaisse, vive et faussement attentive à ce que t’allais pouvoir lui grogner.
Mouais, on était loin des joueuses de Quidditch de votre équipe à l’école qui, afin de rivaliser avec les brutes épaisses que vous constituiez adolescents, devaient au moins vous égaler en robustesse, si ce n’était pour celles qui vous éclataient au bras de fer. T’as un haussement de sourcil de doute, remettant presque en question sa capacité à grimper sur un balai et à se manger un ou deux cognards dans le pif – y’en avait d’ailleurs un qui t’avait explosé le nez en troisième année -, sachant que t’aurais pu toi-même lui péter un bras d’une seule main.

De quoi elle se mêlait, cette gourgandine ? Tu fronces un sourcil, l’air un peu détaché et un peu con, comme si t’avais pas compris ce qu’elle venait de te souffler comme un petit courant d’air frais un peu imbibé d’alcool.
Soudain, t’alignes les crocs dans un monstrueux rictus qui voudrait s’assimiler à un sourire, mais qui s’évanouit aussitôt.
« Ch’uis pas payé pour m’dérider, ma grande, alors va plutôt t’enjailler avec tes p’tites copines » que tu désignes d’un vague mouvement du menton « plus vite vous s’rez torchées, plus vite on pourra rentrer » t’avales une gorgée de bièraubeurre pour faire passer l’amabilité morte et enterrée en cette nuit estivale, rip.
T’appuies ton regard sur elle comme on voudrait écraser une mouche. Mais la gueuse ne semble pas décider à déguerpir. « Comment veux-tu qu’je stresse pas avec c’qui s’est passé y’a pas trois s’maines ? » t’as encore un léger pansement sur le lobe d’oreille, toujours pas de nouvelle baguette et le check-up de Rookwood encore en travers de la gorge et des lèvres « ces enflures d’rebelles ont eu les couilles de s’en prendre à un hosto » tes narines palpitent alors que tes doigts se resserrent un peu trop autour de ta chope de bière –fais gaffe, t’as la fâcheuse tendance à péter la vaisselle, comme si ça t’empêchait de tordre le cou aux personnes autour de toi, sacrifice nécessaire pour le bien public. « alors j’imagine qu’ils auront aucun scrupule pour un stade de Quidditch ou un pub branché »
Tu te masses l’arcade sourcilière, tendant les muscles fatigués de ton cou puissant et de tes épaules affaissées. « Alors disons qu’j’ai mes raisons d’tirer une tronche de troll grincheux » t’as pourtant l’air moins empathique que tout à l’heure, comme si cracher le morceau t’avait soulagé d’un gravier de poids « c’est pour toi et tes copines que j’dis ça » tu pointes ton index dans sa direction pour appuyer ton propos.

A distinguer ton visage fatigué dans les méandres de fumées multicolores qui s’évaporent langoureusement des bouteilles et des cigarettes, on pourrait facilement croire que t’es beaucoup plus vieux qu’elle, alors qu’à peine trois années vous séparaient. Trois années et plusieurs meurtres à ton actif, effectivement, ça te rajeunissait pas. T’avais pris le pli de ton éreintant quotidien, et en ces temps de trouble, ça risquait de ne pas s’arranger.
Au fond, la demoiselle, elle avait peut-être raison, tu devrais p’t’être profiter de ta bière tant que t’avais encore tous tes doigts et tout ton visage.
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bacchus murdock


Installée à côté de lui, elle appelle le barman pour se commander un nouveau verre. Se voir offrir toute consommation par ses sponsors n'a clairement aucun mauvais côté, et Anthea entend bien en profiter jusqu'à tomber par terre, et tout oublier de cette soirée. Peut-être prendra-t-elle même un peu d'orviétan. Pourquoi pas, après tout. Les temps sont durs, dit-on, et tous les moyens sont bons pour oublier ne serait-ce que durant quelques minutes ou quelques heures toutes les horreurs vécues ces derniers mois. L'attaque sur l'hôpital, les retrouvailles aussi étranges que gênantes avec Édouard. Et tout le reste. Il n'y a désormais que peu de place pour le eu et la fête, en dehors des soirées mondaines organisées par les plus puissantes familles et auxquelles la famille Moriarty est régulièrement invitée. Des soirées qui n'ont évidemment rien à voir avec celle de ce soir, où coulent à flot alcool et autres boissons diverses. Tous profitent, s'amusent. Sauf lui, cette armoire à glace  l'expression émotionnelle aussi développée qu'une huître. Peut-être est-ce même son patronus. Muette et pas si intelligente. Mais s'il ne semble de prime abord pas nécessairement d'agréable compagnie, et même s'il ne fait pas partie de l'équipe – puisque choisi par le gouvernement lui-même, Anthea tient pourtant à le dérider un peu, à l'intégrer à une fête tout ce qu'il y a de plus banal, sans nécessairement penser aux risques d'incidents ou d’attentats. Ce qu'il est visiblement incapable de faire, à l'opposé d'une Anthea profitant autant que possible de cette ambiance positive, de toutes ces personnes se jetant presque à ses pieds.

« T'as vraiment pas de chance, Murdock. C'est qu'on en met, des heures, à devenir torchées. » Sans un mot de plus, elle récupère le verre ramené par le barman avant d'en boire une gorgée. Ne pas se laisser emmerder par les états d'âme d'un simple garde du corps, ne pas se laisser... Elle se répète intérieurement ces quelques mots, comme pour se persuader qu'il n'y a rien à tirer de lui, qu'elle ferait mieux d'aller voir ailleurs. Voir quelqu'un prêt à faire la fête, à se retirer le balais coincé dans le fondement. Et pourtant, elle reste là, silencieuse. Et c'est finalement lui qui le brise, en mentionnant l'hôpital et l'attentat des insurgés. Comme s'il lui apprenait quelque chose... Elle y était, dans cet hôpital, au moment des faits. Elle a vu le visage des responsables. Elle a parlé à l'un d'entre eux. Mais elle se garde bien de le dire. L'avouer à quelqu'un comme lui, quelqu'un qui semble aimer le gouvernement bien plus que de raison, serait une erreur fatale de sa part. Une erreur suffisante pour l'amener à Azkaban ou, pire, la faire disparaître sur le chemin du retour. Elle n'a de toute façon pas le temps d'en placer une que le rafleur enchaîne en parlant d'un stade de Quidditch ou d'un pub branché. Des lieux capables d'attirer énormément de monde dans un espace réduit. Des lieux idéaux pour des attentats. Seraient-ils capables d'une telle chose ? Certainement. Pourtant c'est bien le gouvernement qui a parqué des centaines d’individus dans un stade, à attendre comme des idiots sans aucune nouvelle du monde extérieur. Anthea a eu les échos de cet événement par sa sœur. Par son frère. Des gens discrètement emmenés à l'abri des regards indiscrets, des oreilles baladeuses. Ce ne sont pas les insurgés qui ont fait ça. Mais bien ce gouvernement que défend Bacchus.

« T'es pas obligé d'être aussi pénible pendant ton boulot. Mais dis-moi, troll grincheux, tu fera quoi s'ils nous attaquent là, maintenant ? Comment tu pourra nous défendre ? J'ai pas souvenir d'avoir vu de baguette sur toi. Tu la cache ? C'est étrange, pour un homme qui doit au contraire exposer le danger qu'il représente, non ? » Un garde du corps inutile, en somme. Tout juste bon à exhiber les poings. Malheureusement, une telle chose ne servirait à rien face à des sorciers absorbés par la volonté de tuer et de détruire. Des poings contre des baguettes, ce ne serait même pas un combat. Juste une boucherie sans nom. « Peut-être qu'on devrait simplement demander à avoir un garde du corps un peu plus fiable. Qui ne se soûle pas pendant le boulot, par exemple. » Et cette fois, Anthea se redresse du tabouret. Tous les gardes sont-ils aussi cons ? La question peut être posée, mais une chose est certaine ; celui-là semble l'être. Dommage. Dans une fausse révérence, elle s'éloigne à petits pas, avant de faire demi-tour, cherchant quelqu'un digne d'intérêt, capable de s'amuser. C'est tout ce qu'elle demande ce soir.


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A ce moment précis de l’histoire, t’aurais sûrement mieux fait d’apprendre à lire dans les pensées, toi aussi, comme ça t’aurais pu savoir que la demoiselle à qui tu faisais de futiles remontrances en aurait mérité de plus sévères, sachant qu’elle fricotait avec des insurgés. Et plus précisément avec celui qui avait fait sauter l’hosto. Incident au cours duquel tu avais perdu ta baguette. Donc en résumé, si on effectuait une grossière équation, c’était de sa faute à elle si tu étais actuellement désarmé. Hé ouais, ça marchait comme ça.
A ceci près que, bah, tu savais pas lire dans les pensées. Fort heureusement pour ses dents.  
T’en étais pas non plus réduit à la paranoïa de Lestrange quand il avait perdu sa propre baguette, bien que cet incident soit bien entendu resté secret aux yeux du reste du Ministère. En effet, t’avais pas besoin de ça pour rester constamment sur tes gardes, tout le corps en tension et les sens aux aguets ; comportement jugé adéquat quand on avait pour patron de fortune l’imprévisible Rookwood.

A défaut de l’envoyer faire un tour par les interrogatoires mangemorts, tu brandis ton poing sous son nez « Mes poings ont sûrement buté davantage de gens que ta baguette, ma jolie » la bougresse ne se laisse pas pour autant démonter et va même jusqu’à clore la discussion avec toi ; c’était tout à son honneur, parce que t’étais franchement pas le meilleur compagnon de beuverie qui soit, en cette soirée. Il fut un temps où c’était tout le contraire, pourtant… mais ça, c’était avant que vos propres rafleurs ne s’amusent à vous tourner le dos comme elle le faisait actuellement, te gratifiant d’une hypocrite courbette qui te fait voir rouge.
Cependant, il aurait été du plus mauvais goût que de lui sauter à la gorge. Parce que t’étais pas non plus payé pour ça, si ce n’est même menacé de licenciement. T’avais déjà eu à faire le baby-sitter d’une jeunesse dorée sang-pur, il en fallait plus pour te faire sortir de toi.
Néanmoins, il n’était pas stipulé dans ton contrat que tu devais sempiternellement te laisser marcher sur les pattes.

Un regard sur ta choppe à moitié vide –ou à moitié pleine selon les humeurs- et c’est une absurde idée de génie du mal qui germe dans ton crâne de piaf. Tu fermes un œil comme si tu calculais la distance qui vous séparait désormais. Et, profitant que le barman ait le dos tourné –de toute façon, ce soir-là, tu étais sans aucun doute le plus costaud de l’établissement -, tu lances la bière dans sa direction, prenant soin de ne pas la viser plus précisément que ça, histoire que le verre ne se brise pas sur son crâne. Ton tir était alors réajusté de sorte qu’il lui passe juste au-dessus de la tête, et qu’il lui vomisse toute la bièraubeurre dans les cheveux.
La choppe se fracasse un peu plus loin contre un mur et quelques clients se taisent, bouche bée, retraçant le chemin inverse du projectile pour remonter jusqu’à toi, redressé sur ton tabouret, la poitrine gonflé comme un coq fier.
Le temps qu’elle se retourne, tu hausses les épaules, badin « désolé, y’a qu’en foutant une bonne leçon aux gamines dans ton genre que j’arrive à m’dérider ; tu m’en voudras pas, hein, ch’uis désarmé après tout » tu ouvres les bras pour prouver ta bonne foi, et au passage, prendre les autres personnes à témoins – ce qui est, avouons-le, un peu naïf de ta part puisque, dans un combat t’opposant à la jeune fille, ses petites camarades aussi bien que les piliers de bar louchant sur son derrière auraient tôt fait de choisir leur camp-, même si ton visage se fend alors d’un rictus s’apparentant à un sourire mauvais.

Un coup d’œil sur le côté, pour aviser le reste du comptoir, et de tout ce qui pourrait te servir de projectiles, ou au contraire, de bouclier. T’espérais seulement – et un peu trop tard- qu’elle n’était pas du genre à balancer des Impardonnables comme d’autres éternuaient.
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