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sujet; His art is death. He’s about to paint his masterpiece.

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Into a shut mouth flies fly not.

Les rues étaient encore encombrées de débris et de gravas, les façades des demeures calcinées laissaient entrevoir les vestiges d'une vie que les propriétaires avaient dû abandonné sous l'assaut des insurgés. Les travaux n'avaient pas encore commencé, on estimait encore les dégâts avant de se lancer dans cette vaste entreprise de reconstruction, et sur les chemins pavés de la ville résonnaient à l'unisson les doutes ainsi que les peurs. Les insurgés en l'espace d'une nuit avaient perdu leur statut de sauveurs, et le culte, pas tellement secret mais silencieux que les sorciers avaient forgé autour de l'élu  Harry Potter, avait perdu de son éclat. Les journaux à la une assassine voletaient sous le vent, s'écrasant sur les pavés noircis de poussière avant de continuer leur chemin sur les pieds des passants. Des passants qui regardaient leur rue d'un œil méfiant, passant loin des murs détruits, craignant quelque part que ceux-ci finissent de s'effondrer sur eux ; ils discutaient à voix basse de ce qui était arrivé, ils parlaient même, pour une fois, de l'attitude quasi héroïque de certains mangemorts. C'était un curieux renversement de situation que l'attitude des insurgés avait-elle-même engendré.

Dans l'obscurité naissante d'un recoin, une silhouette encapuchonnée observait la situation. Un demi-sourire sur les lèvres dévoilait à peine une dentition parfaite alors qu'il observait telle une ombre incrustée dans les ténèbres tout ce qu'il n'avait pas contribué à faire mais qui faisait tout de même sa joie. La désolation, le désespoir, la colère nourrissait la bête qui somnolait en lui, lui donnait d'avantage de forces et le rendait d'autant plus heureux à l'idée que son maître, lui-même, saurait apprécier de voir pareil spectacle. Sur cette pensée, il s'emmitouflait un peu plus dans son large et sombre manteau, tentant de garder sa chaleur au milieu du temps automnal qui, désormais, avait prit le pas sur la chaleur de l'été. Chacun de ses pas étaient accompagnés d'un souffle chargé de sa chaleur qui se manifestait par une haleine blanchie de fumée, et sans crier gare, alors qu'il marchait d'un pas sourd sur les pavés de l'allée des embrumes, il disparu.

Pour ne réapparaître qu'à des kilomètres de là, à Pré-au-Lard. Contrairement au Londres sorcier, il n'y avait pas eu tant d'ébullitions en ces lieux, pas plus qu'il n'y avait eu réellement de dégâts notables. La vie semblait continuer son morne court sans que de biens grands changements de ne se soient opérés ; il n'y avait jamais que les affichettes montrant les sorciers recherchés qui s'étaient multipliées, comme pour montrer à quel point le gouvernement en place souhaité les voir emprisonnés ou mieux tués. Curieuse, la silhouette encapuchonnée observait le moindre de ses visages avec un grand intérêt, gravant dans sa mémoire mainte fois retournée et triturée, les visages qu'ils devraient retrouver parmi les insurgés qu'il pouvait côtoyer. La plupart lui apparaissait comme étant d'illustres inconnus qui rendait ainsi compte de l'état de son immersion, et celle-ci ne semblait dès-lors pas encore complète.

Sagement, il finissait par se détourner des photographies mouvantes qui montraient toutes, ou presque, le visage ravagé par la folie de leur propriétaire. Charmant tableau qui avait tout pour rassurer une communauté déjà fortement ébranlé. Il continuait son chemin jusqu'à faire son entrée dans la taverne de la tête de sanglier, il n'y était pas retournée depuis des lustres, et de tout cela il ne se souvenait que trop vaguement. Il y avait parfois autour de ses souvenirs comme un voile des plus opaque qui l’empêchait de véritablement réfléchir à ce qu'il avait pu faire et surtout de comment il s'était retrouvé à agir ainsi. Pour l'heure, il se contentait d'agir comme il le lui avait ordonné, machinalement sans aucune réflexion, juste comme une machine dont les rouages auraient été savamment monter.

Sans se défaire de son long manteau, il demandait alors à l'homme qui se situait de l’autre coté du comptoir à ce qu'on lui donne les clés d'une chambre, et en échange il faisait tomber quelques noises sur le bois mal verni du comptoir. Les clés en main, il montait en vitesse les marches, et insérait une clé qui semblait être trop grosse pour la serrure dans le chat de celle-ci et l'y faisait tourner. Un cliquetis significatif résonnait au creux du bois de la porte vermoulue, et lui laissait le passage libre. La chambre n'avait rien de spacieuse, pas plus qu'elle n'était accueillante ; elle était à l'image même de ce qu'il avait pu voir en rentrant dans l'auberge : terne, triste, miteuse et sale. Quiconque aurait souhaité passer une nuit en ces lieux auraient été traité de fou, mais pour un ancien prisonnier que l'on faisait désormais dormir dans les bois sur de vieux lits de camps, cette chambre avait pourtant un avant-goût de paradis.

Les mains engourdies par le froid, il venait les réchauffer face à la cheminée qui crépitait dans un coin de la chambre, et une fois leur agilité retrouvée il se permettait de venir défaire les lacets qui retenaient autant sa capuche que la longue cape qui recouvrait tout son être. Là, il la pendait au porte-manteaux sans âge qui se trouvait lui-même être fixé à la porte de la chambre, et s'asseyait sur une chaise proche de l'unique fenêtre de la petite chambre. De là, il observait le soleil se coucher derrière l'horizon tout en attendant sans jamais bouger d'un quelconque centimètre que son maître daigne arriver. Peu lui importait le temps que cela prendrait, peu lui importait l'état dans lequel il arriverait, il ne faisait qu'attendre le retour de son maître comme un chien le ferait.
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❝Iurare in verba magistri  ❞
  Gabriel & Loup
Ta marque te brûle. Comme de l’acide qui ronge la peau pour en faire jaillir le muscle et les tendons : de la plaie qui suinte à l’os qui craque. Percevoir le fracas de l’Atrium et ne pas daigner sortir. Le Lord ne te demanderait pas de compte pour cela car tu as un projet bien plus important à lui offrir. Ton œuvre, ta création. Ta vie, peut-être.  Tu n’as jamais été un homme de terrain, tu préfères opérer dans l’ombre, faire venir à toi, dans ta nasse, dans tes pièges les plus naïfs, les plus innocents, les plus indomptables aussi. Tu es l’araignée qui dévide son fil, le chat qui guette, le serpent qui sécrète. Si la France n’a su voir ton potentiel, le Magister t’as reconnu comme sien, faisant pour une fois fi de la pureté relative de ton sang. Cela t’importe peu finalement. Est asservi celui qui le souhaite. Est détruit celui qui se laisse détruire. Si les britanniques n’ont pas eu la décence de combattre en masse contre les périls qui se lèvent, c’est qu’ils méritaient l’esclavage et le pouvoir d’une tyrannie cruelle. Soumettre les faibles pour les guider. Tu repenses aux longues soirées passées auprès de ton père à apprendre les grades de la citoyenneté. A comprendre les responsabilités qui t’incomberaient lorsque tu serais en âge de reprendre sa place au Conseil. A sa mort, ils t’ont tout pris. Ta famille. Ta dignité. Ton rang. Et ton honneur, jeté aux orties de l’oubli et de la honte n’a eu de cesse de demander réparation. Le Royaume Uni peut bien brûler, les cadavres s’entasser devant ta porte, les enfants hurler dans des geôles sinistres, tu n’en as cure. On se souviendra de toi. Tu marqueras l’Histoire et le Monde par tes découvertes.

Alors, c’est sans un regard que tu passes à côté des cheminées éventrées, de l’Atrium saccagé, que tu respires la poussière et que tu t’abreuves des pleurs. La peur est une mauvaise conseillère mais, tu l’as appris sous le couvert des bois de Brocéliande, un excellent moteur. Bientôt les indécis bêleront à vos portes pour que vous les protégiez et vous pourrez exactement tout leur demander en échange. Le goût du pouvoir écrasera le reste, comme de la rouille chaude sur ta langue.  Un long frisson d’extase parcourt avec une lenteur presque douloureuse ta colonne vertébrale.  Dans un craquement, tu transplanes. L’odeur de la pluie te frappe les narines. Le premier sens. Celui de la mémoire. Tes yeux s’ouvrent enfin sur une rue déserte. Tout le monde s’est enfermé chez lui avec l’espoir fou d’être en sécurité. Bétail innocent qui se parque dans l’antre du Loup. La peur est partout, c’est elle qui vous pousse à vous battre, à fuir, c’est elle qui vous parle dans le creux de la nuit, lorsque tout est silencieux, c’est la silhouette sombre près de votre armoire, sous votre lit. Elle se camoufle dans le craquement du bois, dans le craquement des os, dans le craquement de ta voix lorsque tu murmures,  dans les fissures et les fêlures de ton âme. Celui qui la maîtrise, maîtrise le monde.

La tête de Sanglier offre une vue déprimante et les émanations de choux et de bière te frappe lorsque tu franchis la porte, baissant au passage ta capuche sur ton visage blême et fatigué. Un port noble, des mains fines, des manières polies, voilà que le tenancier rougeaud t’offre un regard en biais. S’il savait ce que tu es capable d’infliger à son âme, il se méfierait peut-être un peu plus du jeune homme propre sur lui qui vient d’entrer dans son établissement. Tu demandes à rejoindre la chambre du Chien et il t’offre en échange un regard plein de sous-entendu détestable. Si ta cousine a préféré salir sa branche avec une sexualité déviante, ce n’est absolument pas ton cas.  Plus tard, tu songeras à lui régler son compte. La douleur est une boisson qui se savoure jusqu’à la lie et tu sais à quel point tu prendras ton temps pour la lui faire boire. Ton chien attend près de la cheminée. Tu ne dis rien, observant la puissance de ses muscles jouant sous sa peau. C’est une créature magnifique. Dressé pour combattre au cœur des milieux les plus hostiles. Un fourbe portant le visage d’un ami. Le traître parfait. Tu es fier de ton œuvre. « Approche, Gabriel. » Ta voix est douce et paisible comme à l’accoutumé. La colère n’appartient qu’à ceux qui ne savent pas se contrôler. Qu’à ceux qui n’ont pas fait de l’épouvante une compagne fidèle.  « Je tenais à te dire à quel point j’étais heureux de te compter parmi nous. Tu nous fais honneur. Toutefois, il nous faut effectuer quelques tests de dernières minutes. » Tu lui fais ouvrir la bouche comme on le ferait à un cheval pour vérifier ses dents. Apposer le sceau marquant le début du silence. « Is qui tacet non fatetur, sed nec utique negare videtur, Répète Gabriel. Il est le garant de notre sécurité. Il t’empêchera de parler. »

Wolfdog # 1
 
© Pando
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Into a shut mouth flies fly not.

Assis sur sa chaise il attend que le temps passe, que cela soit long ne semble avoir aucune importance, et le soleil pâle s'effondre davantage derrière l'horizon, laissant descendre dans la chambre les sinistres ombres qui finissent par s'effacer dans l'obscurité. Les ténèbres l'engloutissent, le noient, l'asphyxie, mais immobile il reste, respectueux de ce maître qui pourtant le fait attendre, attentif à cet ordre qu'il lui a donné et obéissant comme jamais. Il fait fi de cette peur irrationnelle d'être enfermé, fait semblant de se moquer de cette solitude qui l'enrobe pour mieux le faire mourir à petit feu. Il se tue et se taire dans ces frayeurs infernales qui ne font que remonter en lui cette vague nauséeuse de dégoût profond. La dualité reste, mais l'allégeance prend le pas sur tout le reste, faisant enfermer cette petite voix qui lui susurre sans cesse de bouger, de reprendre le contrôle de sa vie, et de cesser de prétendre être ce qu'il n'est pas. Seulement, aucun geste ne vient trahir ses nouvelles convictions, et pas un mot ne vient trahir les préceptes enseignés par ce maître absent.

Pourtant, à l'intérieur il hurle. Il hurle à s'en arracher la gorge, mais la voix de cette conscience révoltée est enfermée dans une toute petite boîte qu'on a scellé dans son esprit. Perdu dans les méandres d'une folie éveillée qu'on aurait façonné à l'image d'un golem hébraïque et qui attendrait sagement l'ordre de son créateur. Nul être ne peut désormais le sauver, lui retirant cette boue qui l'accable, il est le seul à pouvoir s'en défaire. Il est le seul à pouvoir se défaire ses entraves. Seulement la volonté lui manque, et son esprit reste embrumé alors qu'il cherche à écouter les mots lointains qui résonnent en lui dans un brouhaha assourdissant.

Ce n'est pas aujourd'hui qu'il sera délivré, pas plus que demain. Et la poignée de la chambre tourne sur elle-même, laissant entrer sur son passage un filet ténu de lumière qui vient frapper en plein visage le rebut patient. Il se lève, courbe l'échine face à l'homme qui vient de faire son entrée, mais pas un mot ne franchi la barrière de ses lèvres charnues. Les muscles sous sa peau se font douloureux à force de ne pas être assez exploités, ils tirent sous cette abondance de paresse, et lui arracheraient un gémissement si on lui accordait le droit de s'exprimer.

« Approche, Gabriel. », paroles divines accordées au doux agneau autant qu'au loup caché dans cette chambre, ordre soufflé avec douceur qui ne souffre d'aucune désobéissance car déjà, d'un pas léger, il s'approche de son maître. Il ne quitte pas un seul instant ses yeux clairs cernés de sombres taches rouges presque violacées.  « Je tenais à te dire à quel point j’étais heureux de te compter parmi nous. Tu nous fais honneur. Toutefois, il nous faut effectuer quelques tests de dernières minutes. », l’obéissance est maîtresse, mais la mémoire du corps ne peut empêcher le frisson de lui parcourir l'échine sous le geste qu'on lui ordonne. La mémoire flanche, mais le corps se souvient à chaque instant de l'insoumise douleur qu'il a du endurer, et dont il porte encore les stigmates à même sa chair. Seulement il obéit, sentant des ficelles invisibles faire se mouvoir son corps sous l'impulsion de l'ordre, il s'approche encore ouvrant sa bouche comme un lion le ferait pour les yeux de son dresseur. Mais les yeux, toujours les yeux, se fondent dans les deux bleus ne quittant jamais cette lueur macabre qui y luit.

L'autre, dans sa prison en perçoit aussi l'éclat. L'autre le regarde aussi dans les yeux et se dit que ce n'est qu'un homme. Qu'il n'a aucun droit sur ce corps qu'il vient à traiter comme sa création la plus parfaite et légitime, qu'il n'est rien si ce n'est un foutu manipulateur, un illusionniste de renom, dont les yeux sont le reflet d'une âme assombrie. L'autre sait que les yeux d'un homme sont le miroir de son âme, qu'ils trahissent les sentiments et les motivations de chaque individu. Joie, rire, affection, la pupille s'ouvre. Peur, colère, haine, la pupille se ferme. Mais pas les siennes. Elle restent fixes, figées dans le temps et l'espaces. C'est un regard qui n'accueillent pas la lumière, qui ne fait que la repousser pour mieux savoir s'abreuver des ténèbres. Il peut y lire tout les noirs desseins, il peut sentir que rien ne l’arrêtera jamais si ce n'est la mort. Cette pensée le traverse, et il se met à ébranler les parois de sa prison, y laissant la marque de ses points ensanglantés sans que jamais elle ne cède alors que déjà Gabriel répète chacun des mots qui scelleront son esprit autant que ses mots. « Is qui tacet non fatetur, sed nec utique negare videtur. »

Le sceau apposé vient brûler le dessous de sa langue, traversant celle-ci d'une douleur aussi lancinante qu'accablante qui fait monter à ses yeux des larmes qu'il ravale comme pour ne pas exposer cette soudaine faiblesse à la face de son maître qui le juge. Il lui faudra un instant pour s'en remettre, pour récupérer de ce fourmillement qui lui engourdi tout le bas du visage et retrouver l'usage de la parole. Il ne vient pas même demander ce qu'il a le doit ou non de dire, ce sont des détails qui n'ont eu de cesse d'être répéter alors qu'on faisait de lui cet animal qu'il est aujourd'hui, mais il se rend compte que ce n'étaient là que des répétitions avant ce grand jour. Bientôt on lui rendra sa liberté, lui demandant d'accomplir réellement ce pour quoi il a été créé. Le temps de l'observation est désormais écoulé. « Je les ai vu. », ose-t-il d'abord timidement avant de cesser tout mouvement, de ne plus émettre le moindre soin, pas même celui de sa respiration. Mais rien ne vient, et cela ne fait que l'encourager à continuer. « Je les ai observé durant l'attaque de l'allée des embrumes. J'ai pu voir qu'ils étaient aussi organisés qu'ils pouvait s’avéraient désorganisés. Je pense... », car il en était encore capable, « qu'ils ne sont pas encore au sommet de leur barbarie, qu'ils n'ont fait là que montrer au magister toute la puissance de leur détermination. », la voix de Gabriel est traînante, elle n'est pas enjouée comme elle l'était à l'époque de ses jeunes années de rebelle, elle n'est pas non plus encré dans la fermeté dont il devra faire, elle n'est que monotonie. Une monotonie qu'il accompagne d'un dodelinement de la tête qui bat le rythme d'une mélodie qui se joue à l’intérieur de sa tête pour ne pas entendre le tumulte de l'autre qui l'habitude. « Certains sont reconnaissables grâce aux affiches qui se trouvent dans la rue, mais d'autres n'y sont pas. Il sera plus facile de remonter la piste grâce à ceux que personne n'a encore su identifier, et d'ainsi rejoindre le camp des insurgés.», il s'humecte les lèvres de cette langue douloureuse avant d'ajouter dans un dernier mot. « Ordonnez et j’exécuterais. »
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