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sujet; (SOLO) Growing in numbers, Growing in peace |
| North of England People they come together, People they fall apart. No one can stop us now 'Cause we are all made of stars.23 Septembre • Coco sait que quelque chose ne va pas. Elle le sent, sans trop savoir comment, au bruit dans les rues, à la rupture dans les voix. Elle est dans une petite maison abandonnée d'un village du nord de l'Angleterre. Petite souris discrète, elle regarde par la fenêtre. Elle s'est fait réveillée, au milieu de la nuit, sans trop savoir par quoi. Dehors, il y a une espèce de fourmillement inquiétant, elle voit des gens passer devant sa fenêtre, murmurant, habillés comme des moldus mais sentant le sorcier. Il se passe quelque chose. Nerveuse à son tour, Coco cherche à avoir des informations mais elle a cassé sa radio, elle n'ose pas utiliser la baguette un peu capricieuse donnée par Ron, il n'y a pas de journaux et elle n'ose pas sortir. Elle espère, vainement, réussir à assez entendre les conversations de la fenêtre pour ne pas avoir à se risquer dehors. Bien sûr, rien n'arrive jusqu'à ses oreilles. Elle revient là où elle s'est installée, avec son sac de couchage, quelques affaires et un réchaud. Elle sort, une énième fois, la radio et la baguette de son sac. Elle pose le premier en évidence sur la table et elle tient fermement la deuxième, sentant doucement l'électricité magique la traverser. Elle inspire, expire, et lance fermement : « Reparo ! » Un petit crachat échappe de la baguette, sans résultat. « Reparo ! » La table se redresse un peu, mais la radio reste imperturbable. « Reparo ! » La petite tige a l'air un peu plus droite et solide, mais elle reste silencieuse. « Reparo ! »Elle insiste, encore, une, deux, trois fois. « Reparo ! » Finalement, elle sent que quelque chose a marché. Elle respire enfin et attrape la machine avant de se réfugier dans son sac de couchage. Doucement, elle allume l'appareil, qui commence à crachoter du bruit bizarre. Elle baisse le son au minimum audible, pour que personne ne l'entende ou ne la voie. Elle est très prudente ce soir, la Coco, sans qu'elle arrive à savoir ce qui l'inquiète autant. Fiévreuse, elle triture les boutons, faisant défiler les chaînes de radio à la recherche d'une explication, un message, n'importe quoi. De la musique, de la musique, un récit pornographique, mais rien de ce vrombissement inquiétant qui parcourt le pays. Finalement il y a un dialogue entre un psychologue et un homme infidèle à la recherche de conseils et de pardon, et même si rien n'est dit, elle sent, encore, que quelque chose ne va pas. Elle n'arrive pas à capter Potter Watch et cela, plus que tout le reste, finit de l'inquiéter.
Coco a appris, au fil de sa fuite, qu'elle est toujours en sécurité en mouvement qu'immobile. Elle se met donc à soigneusement ranger ses affaires. Elle refuse de céder à la panique, et elle prend le temps de bien plier ses vêtements avant de le ranger dans son sac. Finalement, fin prête, elle glisse vers l'arrière de la maison et s'immisce dans l'obscurité du village. Le froid l'arrête un instant à la sortie, l'été se termine et son short devient de moins en moins de saison, malgré sa résistance aux températures. Elle frissonne, malgré elle, de froid ou d'inquiétude. Elle se permet quelques inspirations profondes, puis s'enfonce dans la nuit. Il doit être cinq heures ou six heures du matin, les gens devraient commencer à se lever à présent, mais le silence et l'obscurité règnent encore. Doucement, Coco commence à chercher des Traces qui lui permettraient de comprendre un peu plus ce qu'il se passe. Il y a des Traces de peur, d'inquiétude, de précipitation aussi, et elle se perd un moment à suivre des pistes où elle se plonge un peu trop. Visiblement, il y a quand même une communauté sorcière assez importante dans ce village d'apparence moldue. Cette communauté craint pour sa survie, et a en même temps une drôle d'excitation...
La jeune fugitive finit par arriver, au fil de ses errances, dans un petit parc public dont elle enjambe la clôture fermée d'un saut. Elle espère pouvoir s'y arrêter un instant, n'y sentant aucune présence, et ne craignant pas assez les moldus pour y réfléchir à deux fois. Loin des odeurs, loin des bruits inquiétants de la ville, elle arrive à se détendre en inspirant profondément l'air presque frais, sentant ses baskets s'humidifier doucement de rosée. Elle commence même à fredonner un petit air lorsqu'elle s'arrête, figée par une Trace subite, mais vieille, bien vieille, provenant du banc à sa droite. Sa respiration s'accélère, son instinct lui hurle d'aller voir et, tremblante, elle se concentre sur l'étrange sensation qu'a laissé un sorcier avant elle. (...) Elle sort de la Trace, fébrile, ressentant encore les restes de panique pure et de détresse intense qu'elle vient de quitter. C'est un enfant. Un enfant, seul, visiblement, et Coco connaît trop les craintes qu'ont les enfants seuls la nuit dans les parcs pour ne pas se mettre à courir immédiatement dans la direction indiquée. Elle doit vite fouiller dans les buissons et, finalement, elle tombe sur sa cible au détour d'un arbre.
Le garçon doit avoir huit ou neuf ans, une tignasse châtain informe, des grands yeux curieux. Dès qu'il voit Coco, il a un mouvement précipité à côté de lui, et elle peut voir qu'il serre contre son flan une petite fille, peut-être cinq, voire six ans, au regard plein de larmes et de peur. Lui, fixe l'intruse avec autant de peur que de rage, et elle sent aussitôt qu'il a la détermination de celui qui doit survivre. Elle étouffe, immobile, tétanisée, ramenée des années en arrière lorsque Patch avait fait tant de fois la même chose avec elle, lorsque des hommes étranges voulaient lui arracher un sourire. Ils ne disent rien, tous les trois, un petit moment, puis finalement Coco s'accroupit, puis s'assoit en tailleur devant eux, essayant d'avoir l'air le moins menaçant possible. Puis elle pose un regard qu'elle cherche à rendre le plus calme et le plus bienveillant possible vers le petit garçon : « I am Coco. I run too. » Il y a un flottement, et la petite semble tirer sur la manche du garçon qui, lui, fronce les sourcils. Il la fixe intensément, sévère, avant d'articuler finalement d'une voix froide : « Coco who ? » Elle met un petit temps avant de comprendre qu'il lui demande son nom de famille. Sa langue s'empâte dans sa bouche, parce qu'elle ne se sent pas de lui mentir. Il n'a pas les yeux de quelqu'un qui pardonne facilement. « Coco Nothing. Coco No One. No family. » La petite ouvre grand les yeux, le plus grand les rétrécit encore. Elle sent sa méfiance sans avoir à le Tracer. Elle se demande ce qu'il a vécu pour se méfier autant des jeunes femmes blondes à la voix douce.
« I'm Andreas, she's Lucy. We don't have a family either. Where are you from ? » Elle sent bien qu'il pèse soigneusement ses informations, mais pourtant elle se sent déjà sourire de le sentir lentement s'ouvrir. Elle devrait peut-être les laisser en paix. Malheureusement, elle est incapable de laisser des enfants seuls. Elle en a bien trop vu, elle en a bien trop laissé seuls, elle ne veut plus avoir à le refaire. « France, Paris, then London, then I run. And you, where are you from ? » Elle commence à comprendre qu'elle ne saura rien d'eux sans qu'ils sachent la même chose d'elle. « We are from here. This is our village but it isn't our home anymore. Who are your running from ? » Elle se sent déglutir et baisser les yeux un instant, avant de les remonter, décidée à s'ouvrir en toute honnêteté à ces enfants. « Maksim Dolohov. Death Eaters. Snatchers. You ? » A ces mots, la petite Lucy émet un couinement contre son frère, et Andreas fronce les sourcils, sondant une nouvelle fois la jeune femme. Il a l'air de se demander comment elle a pu énerver quelqu'un d'aussi précis que Maksim Dolohov. Elle ne l'en blâme pas. Après un peu de réflexion, il rouvre la bouche : « Our uncle. His wife. Death Eaters. Snatchers. And Social Services. » Elle a un petit rire à ce dernier et terrible groupe, qu'elle a elle aussi craint à une époque. Il la regarde avec suspicion, il n'a vraiment pas l'air de rire beaucoup. Ni qu'on se moque de lui. Il crispe la mâchoire avant d'enchaîner. « Where are you going ? » et sa façon de le dire est assez agressive. Alors elle réfléchit, doucement, le regardant avec sérieux, cherchant comment formuler sa réponse :
« I not know. Somewhere safe. You want coming ? »
Il doit avoir déjà pris sa décision depuis longtemps, puisqu'il hoche la tête presque immédiatement. Elle sourit et se relève. Elle comprendra plus tard ce qu'il se passe, d'abord il faut leur trouver un endroit plus sûr que morceau de parc. |
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| North of England People they come together, People they fall apart. No one can stop us now 'Cause we are all made of stars.26 Septembre • Andreas est en train de faire à manger. Coco le regarde, assise sur le canapé défoncé, Lucy entre les jambes. Cela fait trois jours qu'ils courent ensemble, qu'ils fuient ensemble, et elle ne sait toujours pas quoi penser de ces enfants. Ils se sont expliqués, à demi-mot, les uns les autres, ce qu'ils faisaient là. Elle a fini par comprendre ce qu'il s'était passé, pour qu'ils en soient là. Ils vivaient avec leurs parents et un oncle et une tante, visiblement. Une famille maladroite, dissonante mais soudée. Appauvrie par la crise, des tensions sont nées, des rancunes, certains voulaient collaborer, d'autres se rebeller. Coco a pu voir la peur dans leurs yeux quand ils parlaient de leur oncle. Elle ne peut, ensuite, que faire des suppositions. Leurs parents ont du partir pour le front de Pré-au-Lard, l'oncle a du vouloir les dénoncer et, les enfants au milieu, ont pris peur de devoir rejoindre les rafleurs et les mangemorts.
Coco ne se souvient pas de son enfance. Rien. Le vide complet. A part quelques sentiments, parfois, flous, de déjà vu, elle n'arrive pas à se souvenir de ce que cela avait pu faire, d'être enfant. Certes, elle n'avait que dix ans, mais vivre dans la rue puis dans un bordel, ce n'est pas ce qu'on appelle vivre son enfance. Certains disent encore que Coco n'a jamais grandi, qu'elle n'est qu'une gamine, et pas une once de maturité en elle. C'est vrai qu'elle n'a pas vraiment changé, depuis ses neuf ans. Mais elle était bien trop mûre pour son âge, à ses neuf ans. Adulte-enfant, enfant-adulte. Elle n'a jamais grandi, la Coco. Alors les enfants, les vrais, la fascinent toujours. Andreas a le sérieux et la sévérité du grand frère né pendant la guerre. Celui qui n'a pas eu le droit de faire de caprices, et qui n'a même pas pu commencer à rêver d'aller à Poudlard. Il est sérieux, mais aussi facilement paniqué, et elle peut le voir se braquer dès que quelque chose ne va pas. Il n'est pas encore habitué à faire des erreurs. Il se déteste dès qu'il rate quelque chose. Cela le rend plus fort, plus mature que les autres, mais Coco se demande si c'est bien normal, de grandir comme ça. Lucy, elle, est la petite fille qui ne s'est pas gênée. Elle a voulu être comme les autres, même malgré la guerre, les privations, les peines. Elle est capricieuse, peureuse et affectueuse. Elle suit son frère comme un petit caneton et Coco les regarde toujours avec tendresse en se rappelant, sans savoir pourquoi, de Patrick. Passé le premier jour, où Lucy refusait même de regarder la jeune française, elle a fini par s'accrocher à elle comme jamais. Andreas a bien des qualités, mais il ne sait pas câliner les petites filles. Alors Coco la berce, la choie, la coiffe, l'embrasse et la garde contre elle, très souvent.
Elles aiment observer Andreas. Elles rigolent de ses grimaces, de sa façon de jurer (Coco ne le reprend pas) dès qu'il rate quelque chose. Là, il a les yeux très froncés en fixant le riz qui cuit. Il l'a raté la veille et a insisté pour en refaire, pour réussir. Coco mange tout, donc elle s'en fiche, mais Lucy est diablement capricieuse. Coco la soupçonne d'aimer embêter son frère avec ça. C'est vrai qu'Andreas est drôle quand il se vexe. Finalement, l'enfant approche avec ce qu'ils ont pu récolter dans les placards de la maison abandonnée. « It's ready and I think I did it this time. You tell me ! -I sure you did it ! -I am sure. » Coco grimace. Andreas n'arrête pas de corriger son anglais. Il a commencé hier, après qu'elle lui ai demandé pourquoi il fronçait autant les sourcils quand il parlait. Il lui a alors demandé depuis combien de temps elle était arrivée en Angleterre. Bientôt quatre ans. Alors il lui a expliqué que cela n'allait pas, de parler aussi mal depuis aussi longtemps. Parce qu'elle comprend bien, Coco, mais la grammaire, ça la dépasse. Et elle s'en fout. Elle s'en fout beaucoup. Mais pas Andreas. Andreas n'aime pas devoir réfléchir pour la comprendre. Andreas veut qu'elle soit une adulte responsable. Et c'est déjà trop tard, Coco veut déjà plaire à Andreas et Lucy, et qu'ils aient besoin d'elle, et s'accrocher à eux. Même si elle sait que, la guerre finie, il faudra qu'elle les rende à leurs parents. |
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