't was fun, mh ? La louve lâche comme un ronronnement, repue de courses et de cavalcades sous les étoiles. Et Blair ne peut pas s'empêcher de penser que ça n'était pas si mal en effet. Au contraire de la Pleine Lune précédente qui sentait la pierre humide et la pourriture, elle a encore le nez plein des odeurs de givre et d'écorce. Sous ses coussinets doigts, s'attardent encore la fraîcheur d'une rosée, la souplesse de la mousse. Should do it again with she. Marmonne-t-elle indistinctement quand elles sombrent tous les deux, au petit matin, sur une terre encore glacée. Would have been better with a littl' hunt, tho' Mais Blair ne répond pas, elle entend à peine, déjà endormie, recroquevillée pour garder sa chaleur, son corps de gamine trop grande et trop maigre, trop blanc sur la terre sombre.
❝ 't was fun, huh? ❞
C'est presque une surprise, après l'endormissement paisible, de se retrouver dans ce corps qui grince, qui craque et pleure. Un rayon de soleil est venu taper sur sa pommette et en se retournant dans son sommeil, ce ne sont pas seulement les draps qu'elle a dérangés, mais aussi toute sa sérénité qui s'est explosée au sol dans un grand fracas. « Mmm » Elle gémit ni de plaisir, ni de contentement cette fois, mais d'une douleur qui résonne dans ses os ; et ça fait tellement mal que les larmes lui viennent au coin des yeux. Par réflexe, Blair tourne la tête vers le côté, prête à boire les potions apaisantes que son frère ne manque jamais de lui donner quand elle est convalescente. Mais cette fois, rien ne vient et l'évidence la frappe avant même qu'elle n'ouvre grand les yeux. Ici, tout est différent. De la sensation des draps contre elle (plus doux que ceux, abîmés, dans lesquels elle dort) jusqu'aux pas qu'elle entend en bas (et il n'y a pas d'en bas chez eux), en passant par les odeurs.
Elle n'est pas à la maison. La panique qui grimpe en elle (est-ce qu'il l'a rattrapée ? est-ce qu'elle est de nouveau captive, réduite au silence ?) (non non non non) est plus forte que la douleur qui grippe toute sa mécanique. Dents serrées, Blair ravale un nouveau gémissement en s'extirpant du lit, forçant ses articulations à bouger, ses jambes à la porter. Par réflexe, elle cherche sa baguette contre sa cuisse, là où elle la porte normalement, jamais très loin de sa main, mais elle ne touche que la toile d'un pantalon qui n'est pas à elle. Respire respire, sermonne-t-elle quand son souffle s'emballe et que son cœur bat trop fort - elle se force à se souvenir des doigts brisés d'un insurgé dans une poignée de mains pas assez humaine, des objets cassés à cause d'une force qu'elle ne maîtrise pas encore : tu peux t'échapper. Son regard croise la fenêtre et il ne lui faut que quelques pas pour s'en approcher. Sous ses doigts impatients, le bois du bord craque, Blair manque d'arracher la fenêtre hors de ses gonds qui grincent trop fort contre le mauvais traitement qu'elle leur applique.
Et la rouquine a déjà une jambe passée par la fenêtre quand Andromeda entre. Automatiquement, réflexe de fuyard, son regard tombe sur la baguette de la femme brune - un instant, un très court instant, Blair évalue ses chances de prendre la baguette par la force. Sans doute que ça l'aiderait dans sa fuite, même avec les lacunes qu'elle a accumulées pendant sa captivité ... et elle compte les pas, elle compte et elle sait qu'elle n'arrivera jamais assez vite sur la femme pour s'éviter un sort alors qu'elle est désarmée. Alors sans quitter l'inconnue des yeux : « Je ne veux pas y retourner ! » prévient-elle, la voix trop aigüe et pleine de défi, quand elle bascule son corps vers l'extérieur.
Dernière édition par Blair Hughes le Lun 12 Sep 2016 - 22:06, édité 6 fois
▪▪▪ S’illll te pllaiiiiittttttt Mamidaaaaaaaaaaaa ! ▪▪▪ Non Teddy ! ▪▪▪ Mais juste la voir… Je la réveille pas, je vais juste la voir ! ▪▪▪ Non Teddy ! Tu la laisses tranquille, on y ira plus tard. Elle doit se reposer ! ▪▪▪ Mon petit fils boudait, les bras croisés sur la poitrine comme si je venais de lui faire la pire interdiction de la vie mais fallait dire que c’était très rare qu’on ait quelqu’un à la maison donc il avait envie de voir qui c’était. Et, à vrai dire, moi non plus je ne savais pas qui était cette demoiselle… Teddy avait passé la nuit chez un copain hier soir, ce qui était aussi très rare mais il s’était fait un vraiment bon ami depuis qu’on était ici et, bien que je sois morte de trouille de le laisser sans ma surveillance, je m’étais dit qu’il fallait bien lui faire plaisir parfois. Mais du coup, impossible pour moi de trouver le sommeil aussi je m’étais changée en renard pour aller me balader un peu dans la foret et espérer me fatiguer assez pour dormir une bonne fois pour toute. Inutile de préciser que, sous cette forme, j’avais aussi surveillé que tout se passait bien comme la maison des parents du petit Chris était près de la foret. J’avais par contre oublié que c’était la pleine lune mais ne m’en étais pas inquiétée comme j’étais sous forme animale. Je n’avais donc pas mis longtemps à sentir l’odeur d’un loup et m’étais un peu enfoncée dans la foret pour découvrir une louve… Voir un louveteau vu son comportement et je reconnus assez rapidement ce qu’elle était comme je me souvenais d’une ou deux transformations de Remus. A peine m’avait-elle aperçu qu’elle m’avait sauté dessus pour jouer. J’avais ressenti la jeunesse et aussi la solitude de cette longue nuit sous une lune douce mais inaccessible. J’avais donc décidé de courir et me balader avec elle. C’était rare que je sois sous ma forme de renard ces derniers temps ou, si je l’étais, je surveillais tout le temps Teddy pour qu’il se concentre et garde sa forme. Du coup je ressentais juste une immense liberté à pouvoir jouer comme si j’avais encore 14 ans et que j’étais réellement un renard roux. Je n’en oubliais pas mon petit fils pour autant mais je me lâchais un peu… Oubliant tout ce qui me mettait sur mes gardes normalement.
Et ce matin Teddy était rentré pour découvrir que quelqu’un dormait dans ma chambre, une jeune fille que j’avais croisé hier soir dans la foret, une louve. Je ne voyais pas pourquoi je lui mentirais car son papa était un loup aussi et il le savait donc je lui avais expliqué la situation simplement. Depuis il voulait absolument aller la voir et cela faisait bien une demi heure que je l’empêchais de disparaitre discrètement de la cuisine où je préparais le petit déjeuner pour la jeune femme, mon petit fils et moi. Quand j’entendis du bruit à l’étage j’avais fini de préparer tout ça et je me dirigeais vers les escaliers. Le bruit du bois qui se brise me fit presser le pas car je croyais savoir le soucis. Quand j’ouvris la porte la jeune femme avait déjà passé une jambe par la fenêtre. Je vis la peur dans son regard et surtout son regard sur ma baguette. Je me contentais alors de faire apparaitre le plateau du petit déjeuner qui se posa doucement sur son lit et rangeais ma baguette dans mon dos. ▪▪▪ Je ne veux pas y retourner ! ▪▪▪ Tu n’as rien à craindre ici ▪▪▪ me contentais je de lui répondre sachant que je ne pouvais rien y faire si elle décidait de fuir tout de suite. Quand elle était tombée endormie au petit matin je n’avais pas eu le cœur de la laisser ainsi, au cœur d’une foret glacée aussi je l’avais ramené à la maison, habillée avec quelques affaires à moi qui étaient trop grandes pour elle et je l’avais couché dans mon lit. Mais, en ces temps troubles, sa réaction me paraissait normale et je lui adressais un doux sourire alors qu’une petite tête blonde apparaissait à droite de moi, serrant ma cuisse mais trop curieux pour ne pas jeter un coup d’œil à ce qui se passait. ▪▪▪ Pourquoi elle a peur Mamida ?! ▪▪▪ Parce qu’elle ne nous connait pas Teddy. ▪▪▪ Mais on n’est pas méchant nous ! ▪▪▪ Alors il la regarda… ▪▪▪ Ma mamie et moi on n’est pas méchant. Mamie t’a ramené après que tu sois revenue une fille parce qu’elle est gentille ma mamie tu sais ! ▪▪▪ Il n’avait pas lâché ma cuisse pour autant et je ne l’aurais pas laissé s’approcher de toute façon. Après tout elle restait un loup garou et je ne connaissais pas toutes ses réactions encore.
Sans qu'elle ne puisse s'en empêcher, une lueur d'envie flashe dans son regard quand les victuailles viennent chatouiller son odorat trop fin, et Blair sent la faim lui faire monter l'eau à la bouche. Ca fait longtemps (presque comme dans une autre vie) qu'elle n'a pas vu de plateau aussi garni pour aussi peu de gens. Et pourtant, défiante et défieuse, elle s'exclame qu'elle n'y retournera pas (jamais). Elle préfère encore mourrir de faim chez les insurgés, plutôt que de devoir se taire, plutôt que de devoir rejouer du violon. « Tu n’as rien à craindre ici. » Assure pourtant la femme, sans se démonter, avant de lui sourire. Blair la fixe, incertaine. Est-ce qu'elle doit la croire ? Sur l'inconnue, elle croit reconnaître une odeur familière, rencontrée la nuit dernière. 'tis hers, marmonne la louve, somnolente. Mais la rouquine n'a pas le temps de demander que la troisième odeur se manifeste dans une touffe de cheveux blonds et la plus enfantine des curiosités. « Pourquoi elle a peur Mamida ?! » Par réflexe, la moue se peint, les joues se gonflent et vexée, Blair veut protester qu'elle n'a pas peur du tout. « Parce qu’elle ne nous connait pas Teddy. » « Mais on n’est pas méchant nous ! » Screugneugneu. Blair n'en sait rien, elle ! Elle a encore le souvenir d'autres élèves lui lançant le doloris pour s'entraîner quand ce n'était pas pour rire - tout ça parce qu'elle avait un papa moldu. « Ma mamie et moi on n’est pas méchant. » Répéte-t-il comme si elle n'était pas dans la pièce la première fois. « Mamie t’a ramené après que tu sois revenue une fille parce qu’elle est gentille ma mamie tu sais ! » Les sourcils se froncent, lui donnant des airs de gamine mécontente, bien plus jeune que son âge. « Je suis toujours une fille. » Parce que c'est tout ce qu'elle veut être : une sorcière et une adolescente. No, you're a wolf, proteste la louve avec comme un ricanement, poussant Blair à insister avec entêtement : « Une fille normale. » Pas question d'être autre chose (et surtout pas un monstre comme tout le monde lui a trop souvent dit, soit à cause de ses origines, soit à cause de sa toute récente morsure). La grande rousse n'aspire qu'à ça, la normalité, et est prête à tout pour l'avoir. Alors pour appuyer un peu plus son propos, elle pose les poings sur les hanches, relève le menton avec défi vers les deux inconnus tout en gardant de justesse son équilibre contre le rebord de la fenêtre. Jusqu'à ce que l'estomac se manifeste bruyamment, tourmenté par les douces odeurs du plateau qui la nargue depuis le lit. « Une fille qui a faim. » Admet-elle, le froncement de sourcils redevenu une moue tandis qu'elle rougit brusquement jusqu'aux oreilles pour cet aveu honteux. Le regard s'égare une fois de plus vers la nourriture, l'émail d'une dent venant mordre avec envie la lèvre inférieure pour s'empêcher de demander si elle peut manger. Et, à la place, elle demande, hésitante : « Vous n'allez pas me renvoyer chez lui, pas vrai ? ses doigts viennent gratter la plaie suintante de magie noire qui lui marque toujours la nuque, sous la masse de cheveux roux, puis elle avoue : Je ne veux pas redevenir rebut. Je veux juste être une fille normale, s'il vous plaît ... je ne fais de mal à personne. »
Dernière édition par Blair Hughes le Lun 17 Oct 2016 - 23:50, édité 2 fois
▪▪▪ Je suis toujours une fille. Une fille normale. ▪▪▪ Bah non tu es un loup comme mon papa ! ▪▪▪ Teddy ! ▪▪▪ Quoi ? C’est vrai elle est une fille et un loup ! Comme moi je suis un petit garçon et un renard ! ▪▪▪ Mais elle ne choisit pas ses transformations Teddy, elle les subit comme ton papa les subissait, et préfère qu’on en parle pas. ▪▪▪ Ah d’accord ! Désolée… ▪▪▪ fit-il en baissant la tête comme si je venais de le gronder alors que j’avais passé mon temps à lui dire de ne jamais juger son papa parce qu’il était. Je me baissais pour l’embrasser tendrement et le serrer dans mes bras. Je lui murmurais à l’oreille. ▪▪▪ C’est bien de vouloir lui faire comprendre qu’on l’accepte telle qu’elle est mais elle est un loup plus jeune que ton papa alors faut du temps pour accepter. Et ton papa avait des amis pour l’aider. ▪▪▪ Mon petit fils me serra sans ses bras avant de regarder de nouveau Blair et de lui dire ▪▪▪ Eh bah moi je veux bien être ton copain ! ▪▪▪ Un grand sourire naquit sur ses lèvres à la suite de cette déclaration et il sortit rapidement de la pièce pour je ne sais quoi faire mais j’espérais qu’il nous laisse un petit peu tranquille. Je me mis à rire tendrement avant de reporter mon attention sur la jeune femme. ▪▪▪ Je suis désolée. J’ai appris à mon petit fils à ne pas avoir peur des différences et il a la franchise d’un enfant. Il ne voit pas le mal à dire ce qu’il pense. ▪▪▪ Je l’invitais d’un mouvement de la main à venir manger si elle le désirait mais restais appuyée contre le chambranle de la porte pour lui montrer que je ne comptais pas m’attaquer à elle.
Cela faisait bien longtemps que je n’avais pas croisé un loup… Moi qui étais devenue animagus pour pouvoir tenir compagnie à mon petit fils si jamais il avait les mêmes gênes que son père. Mais il ne semblait pas être né loup et je restais vigilante au cas où cela se déclare un peu plus tard comme on ne savait rien sur cela après tout… Et aujourd’hui mon animagie me servait à autre chose que fuir et je venais de récupérer une jeune fille qui me semblait trop jeune pour subir tout ça mais le guerre était ainsi, elle fauchait tout ce qui passait à portée d’elle… ▪▪▪ Vous n'allez pas me renvoyer chez lui, pas vrai ? ▪▪▪ Je ne sais pas de qui tu parles donc ça ne risque pas. Ici tu ne crains rien, je ne te ferais aucun mal. ▪▪▪ Je ne veux pas redevenir rebut. Je veux juste être une fille normale, s'il vous plaît ... je ne fais de mal à personne. ▪▪▪ Tu n’as rien à craindre de mon petit fils et de moi. Ce que tu es ne m’inquiète pas je connais… Installes toi et manges un bout, tu es la bienvenue dans notre petite famille et tu es sous ma protection. ▪▪▪ Ce n’était pas grand-chose mais, après tout, cela faisait quand même 5 ans que j’arrivais à nous protéger, mon petit fils et moi-même. Et cette maison avait assez de protection dessus pour qu’on soit tranquille. Au pire j’avais une solution de repli de toute façon donc je n’étais pas inquiète. ▪▪▪ Je m’appelle Andromeda. Et toi ? ▪▪▪ demandais je pour établir un contact un peu plus rassurant et ne cherchant pas à mentir sur mon prénom pour une fois comme je voulais établir une relation de confiance entre nous deux. ▪▪▪ As-tu besoin de soin ? ▪▪▪ Une médicomage remarque toujours les gestes ou mouvement de douleurs et j’avais vu le geste qu’elle venait de faire vers sa nuque. ▪▪▪ J’étais médicomage avant… ▪▪▪ Avant tout ça… Avant la guerre, avant les rebuts… Par Viviane elle était si jeune pour être une rebut !!! Cela me fit penser quelques instants à ma June mais je repoussais cette pensée car ce n’était pas le moment de s’attrister. Si on en venait à parler je lui demanderais si elle la connaissait mais on verrait plus tard.▪▪▪
« Bah non tu es un loup comme mon papa ! » Si la louve ronronne, contente de croiser un humain qui les juge à sa juste valeur ; Blair, elle, a quasiment le grognement qui vibre au creux de la gorge. Elle est même prête à aboyer qu'il a tort, mais la femme intervient avant qu'elle n'en ait le temps, rappelant à l'ordre le stupide petit garçon ('tis one clever 'ttle human, s'amuse la louve). Non. Juste non. Les sourcils se froncent plus fort, la moue se plisse encore quand il annonce, content de lui : « Eh bah moi je veux bien être ton copain ! » Et elle veut lui dire qu'elle, elle refuse ; elle ne veut pas être amie avec quelqu'un qui voit une louve en elle, et pas une fille normale. « Je suis désolée. J’ai appris à mon petit fils à ne pas avoir peur des différences et il a la franchise d’un enfant. Il ne voit pas le mal à dire ce qu’il pense » « Ouais, bah - il devrait apprendre à tourner sa langue dans sa bouche. » De sa part, c'est un peu l'hôpital qui se fout de la charité, mais peu lui importe, elle continue. « Les mots, c'est blessant. » Marmonne-t-elle, boudeuse, ignorant l'invitation d'Andromeda à profiter de la nourriture offerte et les gémissements de son estomac affamé. Au delà du petit garçon vexant et ennuyant, Blair n'est tout simplement pas certaine qu'elle ne risque rien ici ; et l'adrénaline court dans ses veines, estompant les fatigues et les douleurs de la nuit dernière, pour crisper les muscles dans un début de fuite. « Tu n’as rien à craindre de mon petit fils et de moi. Ce que tu es ne m’inquiète pas je connais… Installes toi et manges un bout, tu es la bienvenue dans notre petite famille et tu es sous ma protection. » Les doigts sont toujours fermement accrochés au bord de la fenêtre, le corps semble peu décidé à répondre à la nouvelle invitation comme si la méfiance était désormais codée dans ses os et ses nerfs. Et pourtant, c'est de plus en plus souvent que ses yeux dérivent vers le plateau, et une fois encore, l'estomac grogne son impatience. Doucement, le poing se replie contre le ventre, par dessus le vêtement, comme pour dire à la faim de la fermer (c'est pourtant pas si compliqué, avoir faim, elle a l'habitude, non ?) « Je m’appelle Andromeda. Et toi ? » « B-Betthany. » ment-elle, espérant qu'elle ne s'est pas mise à rougir quand elle a buté sur le prénom. « As-tu besoin de soin ? » « Pourquoi ? » La question fuse aussitôt, se fait aggression, rude et mordante. Est-ce que c'est une façon discrète pour l'examiner, trouver la cicatrice de son tatouage de rebuts, et la renvoyer à lui ? Mais Andromeda ne semble pas se démonter face à son hostilité soudaine et répond simplement : « J’étais médicomage avant… » « Oh ... comme mon frère. » Ca explique. « Fin- mon frère, c'est lui qui soigne la cicatrice. » Rapidement, les doigts se dépêchent de cacher la blessure réouverte sous la masse de cheveux roux, Blair ne montre pas ses cicatrices, celle-ci moins que les autres (et d'ailleurs, elle n'en parle pas non plus, elle se tait comme il lui a appris). « Je lui demanderai de regarder mais y a rien à faire. » Ca n'a jamais voulu guérir malgré les dons de soigneur de Finley. « Je peux vraiment ? » demande-t-elle soudain, faisant deux pas vers le lit et les victuailles, autant pour changer de sujet que pour satisfaire un estomac bien trop vide. Et une dernière fois, elle demande, pour être bien certaine qu'Andromeda essaie de l'aider : « Pourquoi vous m'aidez ? » Parce que les gens qui ont encore des maisons, ça n'aide pas les gens comme elle (les rebelles, les fuyards, les sans-maison). Blair les déteste tous, d'ailleurs, d'avoir su préserver leurs vies - bien que devant un tel petit déjeuner comme elle n'en a pas vu depuis longtemps, sa résolution de haine a tendance à faiblir dangereusement.
Teddy ne comprenait pas pourquoi la jeune fille réagissait ainsi et je préférais qu’il arrête de la mettre mal à l’aise même s’il était un petit enfant qui ne pouvait comprendre ce qui était en train de se passer. ▪▪▪ Ouais, bah - il devrait apprendre à tourner sa langue dans sa bouche. Les mots, c'est blessant. ▪▪▪ C’est un enfant jeune fille. Et vous ne savez pas non plus ce que nous avons vécu tous les deux donc ne le jugez pas trop vite vous non plus. ▪▪▪ la corrigeais-je avec douceur et fermeté en même temps. Je l’avais ramené pour qu’elle ne soit pas en danger au milieu de la foret et je voulais qu’elle soit à l’aise mais je n’allais pas non plus la laisser médire sur mon petit fils qui était la prunelle de mes yeux et qui avait ses raisons pour réagir ainsi. Il fallait que tout le monde y mette du sien dans ce monde en chute libre. Je l’invitais à manger mais elle restait sur le rebord de la fenêtre et je n’allais pas la prier non plus donc je tentais une dernière approche car j’avais peur qu’elle se fasse repérer et puis, c’était dans ma nature, j’essayais toujours d’aider au maximum mon prochain. ▪▪▪ B-Betthany. ▪▪▪ Enchantée. ▪▪▪ La réponse avait été trop hésitante pour être vraie mais je m’en moquais, moi aussi je mentais souvent quand je rencontrais quelqu’un que je ne connaissais pas à l’extérieur de la maison. Je ne fis pas attention à sa posture agressive et essaya d’établir un dernier contact. ▪▪▪ Oh ... comme mon frère. Fin- mon frère, c'est lui qui soigne la cicatrice. Je lui demanderai de regarder mais y a rien à faire. ▪▪▪ Je vois. C’est bien si quelqu’un prend soin de toi. ▪▪▪ Je ne regarderais pas si elle ne le désirait pas de toute façon donc ça me rassurait de savoir qu’elle n’était pas toute seule.
Appuyée contre le chambranle de porte je la laissais rentrer dans la chambre pour se diriger fébrilement vers le plateau repas que je lui avais fait. Je me doutais que c’était une occasion en or si elle était une jeune femme recherchée car anciennement rebut. J’avais la chance d’avoir trouvé une façon de vivre qui me permettait de bien manger et surtout d’offrir à mon petit-fils une vie presque normale. Normale aurait été avec mes enfants à nos côtés mais je ne pouvais pas revenir en arrière. ▪▪▪ Je peux vraiment ? ▪▪▪ Bien sûr. ▪▪▪ Ce n’était pas juste pour regarder et c’était avec plaisir que je la verrais manger un bout et prendre le temps de se ressourcer avant de prendre sa fuite. ▪▪▪ Pourquoi vous m'aidez ? ▪▪▪ Parce que je sais ce que c’est d’être en fuite. ▪▪▪ répondis-je avec franchise en la laissant reprendre place sur le lit. ▪▪▪ Mon petit fils et moi sommes recherchés pour être exécutés. Je vis sous une autre identité et je change souvent de villes pour qu’on ne nous retrouve pas. J’ai donc l’occasion de croiser des personnes qui sont comme toi ou nous et si je peux aider, cela me fait plaisir. ▪▪▪ Elle n’était pas la première personne que je croisais depuis cinq ans. Nous n’avions pas un signe de reconnaissance mais, à force de fuir et de se protéger, tu finissais par avoir un sixième sens pour reconnaitre les personnes qui adoptaient les mêmes subterfuges que toi. Je n’aidais pas sur le front donc j’essayais au moins d’aider les personnes que je croisais. Avec mon âge et mon petit-fils on me faisait facilement confiance et cela faisait longtemps que j’avais peaufiné notre fuite donc c’était facile de me poser quelques mois dans un village mais pour beaucoup comme Betthany, ce n’était pas aussi facile. ▪▪▪ J’ai connu quelqu’un qui a été rebut aussi. J’espère qu’elle a pu s’enfuir comme toi… ▪▪▪ confessais-je sans pouvoir m’empêcher de penser à June. J’espérais que ma fille de cœur avait pu s’en sortir et qu’elle était aujourd’hui au milieu de gens qui pourraient la protéger, ce que j’étais bien incapable de faire aujourd’hui.
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