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sujet; castle of glass (Gregory)
MessageSujet: castle of glass (Gregory)   castle of glass (Gregory) EmptyDim 31 Jan 2016 - 21:13

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FIANÇAILLES : Promesse mutuelle de mariage, faite avec une certaine solennité. « L'amour, même en dehors du mariage, est toujours moral ; un mariage sans amour est toujours immoral. »

1998

L’IMPENSABLE venait de se produire : on l’avait fiancée. À un inconnu, à un étranger, et plus jeune qu’elle de surcroit. Elle n’avait pas voulu y croire lorsque sa mère, cette femme aussi douce que lointaine, le lui avait soufflé, la préparant mentalement à l’annonce officielle qui aurait lieu le soir même durant le souper familial. Le souffle lui avait manqué, mais les larmes n’étaient pas venues, dociles perles salées qui n’avaient nullement leur place dans le quotidien de la jeune femme qu’elle était devenue. Sa génitrice s’était montré compatissante, quelques instants, avant de déclarer qu’elle-même n’avait pas épousé Igor Gregorovitch par amour, mais bel et bien par devoir. Ainsi en serait-il pour leur unique fille, l’unique représente féminine de la première branche familiale. Elle aurait l’honneur de faire un bon mariage avec un bon parti, c’était tout ce qui importait. Et pourtant, l’idée même d’être promise à un inconnu la révoltait. L’idée d’être fiancée bien plus encore. Avait-elle espéré y échapper ? Assurément, utopie trop courte dans le songe, réveil brutal dans un monde réel qui n’attendait d’elle qu’une chose : qu’elle tienne son rôle jusqu’au bout. Et sous les mots d’un père méprisé, elle avait levé son verre de vin, à l’image de ses frères, conservant le silence. Elle connaissait suffisamment la sentence qui lui serait attribuée si elle osait élever la voix pour protester ou marquer son refus catégorique d’épouser un étranger. Goyle. Gregory Goyle, tel était le nom de l’homme auquel elle serait mariée. Un cousin des Esterházy, lui spécifiait-on, sans qu’elle ne réponde autrement que par un hochement de tête. Que pouvait-elle bien dire de toute manière ? Si elle acceptait les fiançailles imposées, n’en demeurait pas moins qu’elle s’insurgeait contre l’idée, ses projets tout autres, loin de l’idée de la fidélité maritale, de l’enfantement et autres devoirs d’une épouse envers son mari. Elle avait des rêves. Des rêves qui ne demandaient qu’à être exaucés, mais qu’on l’empêchait d’accomplir par tous les moyens. Il y avait peu de temps, son père ne lui avait-il interdit de continuer de danser, sous le couvert d’un prétexte farfelu, l’incitant plutôt à se concentrer sur d’autres sujets bien plus intéressants, tels que l’art de la Magie Noire pour lequel elle était bonne élève, ou l’éducation d’une fille de bonne famille pour ne jamais décevoir les siens. Obéissante, elle avait rangé ses chaussons au placard, jusqu’à ce que son demi-frère ne les ressorte du placard, couvrant ses escapades au risque de la voir dépérir sous l’ennui. Mais là, qui pourrait bien la sauver d’une telle trahison familiale ? Aucun de ses frères assis à cette table. Elle en était bien consciente, noyant son chagrin pernicieux dans l’alcool rouge. De toute manière, la rencontre n’aurait lieu qu’en décembre. Ce qui lui laissait du temps pour se rendre à l’évidence, pour s’habituer au fait de devenir Mrs Goyle.


Et pourtant, la rencontre arriva bien trop tôt, incitant chaque membre de la famille à se montrer sous son meilleur jour. Ce n’était qu’une question de prestige, la benjamine le savait fort bien, laissant sa génitrice choisir pour elle la tenue qu’elle devrait porter ce jour, la coiffure qui la rendrait plus attirante encore qu’à l’accoutumée. Mais quelle parure pourrait enjoliver la colère qu’elle portait intérieurement ? Il n’en existait aucune. Aussi fit-elle son apparition dans une longue robe dorée, la chevelure de jai libre sur ses épaules dénudées, prête à accueillir la délégation Goyle pour ce qui se voulait être une entrevue libre sur les détails d’un mariage à venir, sur la présentation officielle du caractère des fiançailles… Et quand bien même l’avait on averti de se montrer polie et avenante, son regard acier se fit plus dur tandis qu’elle jugeait le jeune homme qui deviendrait bientôt son époux. Massif, un regard bleu vif, mais le reste du faciès absent. Comment Raspoutine, pouvait-on la lier à un tel être badaud ? Même Viktor Krum aurait été moins encombrant comme époux, bien que son esprit brillait par son absence. « Enchantée de faire ta connaissance Gregory. » lâcha t’elle finalement, déposant un simple baiser sur ses lèvres, signe traditionnel de bienvenue, de paix. Déroger aurait été un signe évident de son aversion pour l’alliance à venir. « Viens, notre elfe a préparé du thé dans le petit salon, afin que nous puissions faire connaissance. » quand bien même l’idée de se retrouver seule avec lui la répugnait. Ce n’était pas tant lui qui la dérangeait, seulement l’idée de devenir un jour sa femme, sans qu’elle n’ait eu le choix d’accepter de son propre gré.


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MessageSujet: Re: castle of glass (Gregory)   castle of glass (Gregory) EmptySam 1 Oct 2016 - 22:23

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Le regard de la mère pèse sur lui, lourd et étouffant. « Tu le feras pour ton père et moi. » Tu le feras pour ton père. Tu le feras.
Actarus Goyle, bouffé par les vers. Maja, toujours bien vivante, à en croire la main qu’elle pose sur son épaule pour le convaincre ; toujours bien vivante, pourtant à l’agonie. Il sent l’odeur de la mort autour d’elle, elle se laisse dépérir et ça devrait lui briser le cœur mais il n’attend qu’une chose, que ce soit fait. Il veut pas de cette union, il l’a signalé plusieurs fois, mais personne n’a écouté. Ni la génitrice devenue amère ni les Esterházy persuadés de lui faire une faveur, de l’intégrer dans leurs rangs. Il veut intégrer les rangs de personne, ceci dit, il est très bien où il est. C’est ce qu’il a dit à Crabbe, plusieurs fois, souvent autour d’un verre ou de dix, tandis que ce dernier ricanait et lui demandait comment elle était. Il en savait rien, et s’en foutait complètement, contrairement à Vince. On échange quand tu veux, qu’il lui a balancé un soir, et ils ont vaguement pensé à vraiment le faire, que ce soit son comparse qui se présente début décembre, le jour fatidique. Goyle a imaginé la tête que tirerait Maja, et rien que pour ça, rien que pour ça ; il aurait pu le faire. Mais il y avait Actarus, où qu’il soit, et la promesse faite sur sa tombe. Il y avait Actarus et il avait secoué la tête en écoutant l’autre décrire Ladáh Zaïtseva, ses cheveux bouclés, blonds, retombant en cascade sur ses épaules, ses hanches bien dessinées et sa poitrine menue, il avait saisi une pomme en rigolant de son rire gras avant d’éviter de justesse le poing de Gregory. Puisqu’elle allait être sa femme, personne n’avait le droit d’imaginer quoique ce soit à son sujet. Pas même Crabbe. Surtout pas Crabbe et son regard de pervers, renforcé par l’air idiot qu’il prenait la majorité du temps quand il avait bu un verre de trop. Des deux, Greg était le plus brillant, et c’était pas spécialement un compliment. Il s’en formalisait pas, cependant, plongeant à pieds joints dans ses réflexions ridicules et ses plaisirs coupables. Ils ont conclu par une répétition ridicule, où son double prétendait être sa future épouse pour lui apprendre comment parler aux femmes. Omettant, de ce fait, un détail crucial : aucun d’eux n’en avait aucune foutue idée.

Le temps est passé trop vite, il lui a échappé, il a presque oublié. Le jour est venu sans qu’il l’attende, le jour est venu et il est arrivé chez sa mère en retard, censé arriver avec plusieurs heures d’avance pour qu’elle s’occupe de lui (quoique cela puisse vouloir dire), il sentait l’alcool et l’euphorie crasse d’une soirée passée à se rouler sous les tables. Elle n’a rien dit. S’est contentée de le regarder de haut en bas, l’air dépité, et il a vu dans ses yeux la silhouette du père, il a rentré les épaules et est allé se laver puis se changer. Les Goyle ne parlaient pas beaucoup entre eux ; entre le silence glaçant et les hurlements incompréhensibles, ils avaient jamais su choisir leur camp. Lui non plus. Quand il est redescendu, elle l’attendait, assise dans le salon devant un thé chaud. Il s’est fait la réflexion qu’elle avait l’air malade, et eut la nausée, légère mais tenace, à l’idée de devoir s’en occuper, plus tard. Vague culpabilité, qui l’a submergé aussitôt, et il lui a octroyé un sourire forcé en allant la rejoindre. « Dépêche-toi, on va être en retard. » Elle s’est levée sans même l’avoir laissé toucher à son thé à lui, et il s’est dit que c’était mieux comme ça, pas certain que son estomac l’aurait supporté. Un portoloin plus tard, ils y étaient, les Esterházy, du moins certains d’entre eux, présents eux aussi, sans doute pour soutenir Maja, qui ressemblait plus à un fantôme qu’à une cheffe de famille. Embrassades désagréables et courbettes ridicules, l’envie de gerber qui s’amplifie et le rire nerveux au bord des lèvres, on lui demande s’il est prêt et il l’est pas du tout, il hoche la tête et pense aux cheveux blonds, à la poitrine menue et aux hanches larges, ’faut faire passer un bébé, le ricanement de Crabbe dans son crâne et son oncle lui dit qu’il est blanc, complètement blanc, il veut s’arrêter et vomir dans un buisson, il ne peut pas, on avance et on y va. La main de la mère se replace sur son épaule, comme si elle avait toujours été là, légère pression, les ongles qui rentrent dans sa peau et le font grimacer. Il n’a pas besoin de se retourner pour savoir que son regard le transperce alors qu’ils franchissent la porte d’entrée.

Et elle est là. Il ne l’a pas reconnue directement – ses cheveux n’étaient pas blonds, le reste il a pas osé vérifier –, mais elle est là. Son regard est aussi dur que celui de sa génitrice, il songe à prendre ses jambes à son cou mais il reste bien fixe et c’est la curiosité dans ses pupilles à lui, la curiosité sans doute teintée d’un peu d’horreur, mais il fait du mieux qu’il peut pour la camoufler. « Enchantée de faire ta connaissance Gregory. » Et sur ce, elle se penche et ses lèvres effleurent les siennes. Il se fige, pas franchement coutumier de la chose ; ses nausées reprennent de plus belle et un rire, nerveux mais silencieux, le secoue à l’idée de vomir sur la belle robe dorée de sa nouvelle fiancée. Crabbe aurait trouvé ça fantastique. Il tente de lui adresser un sourire, sans doute de travers, ne dit rien jusqu’à ce que la pression de la main maternelle se fasse une nouvelle fois sentir. « Tout le plaisir est pour moi, Ladáh. » Les mots sortent difficilement, il parle pas comme ça et Maja le sait, tout le monde le sait, Merlin. Chaque syllabe, plus difficile que celle d’avant, il trébuche presque sur son prénom mais s’en sort suffisamment pour que son chaperon décide de retirer sa paume. Il respire mieux. « Viens, notre elfe a préparé du thé dans le petit salon, afin que nous puissions faire connaissance. » Merde. Ils allaient se retrouver seuls ? Maintenant ? Probable qu’il ait l’air un peu paniqué, à présent, alors que les deux familles se rassemblent, se saluent, se dirigeant vers une autre pièce pour discuter des modalités du contrat qu’ils s’apprêtent à signer. Ils n’avaient pas besoin d’être là, pour ça, évidemment, il aurait dû s’en douter. P’tête qu’il voulait simplement pas imaginer, le déni comme plus proche allié. Par Salazar, pourquoi c’est pas Crabbe à sa place ? Ou même Malfoy. Il aurait échangé de bonne grâce sa place avec Malfoy. Il déglutit douloureusement, hoche simplement la tête et la suit dans le petit salon, comme elle a dit. En s’éloignant, il croise pour la dernière fois le regard de Maja. Tiens-toi bien, et si tu n’es pas sûr d’y arriver, tais-toi. Elle le lui répète depuis des mois, persuadée qu’il va tout foutre en l’air. Elle a sûrement raison.

« C’est une très jolie maison. » Il lâche, une fois installé en face de la petite table. Un elfe de maison verse du thé dans la tasse en face de lui, et il l’observe longuement, histoire de regarder quelque chose. Quelque chose d’autre. Pas trop le courage de recroiser son regard, à elle. « Le salon est soigneusement décoré. » Par Merlin, ferme-la. Il parle pas beaucoup, Goyle, d’habitude. Là, pourtant, il se sent obligé. L’impression que ça se fait, de complimenter les lieux. L’elfe s’éloigne et il s’abîme dans la contemplation des murs, cherchant ce qu’il pouvait dire sur eux. C’est un très joli motif que voilà, très chère Ladáh ? Mauvaise idée. Son sourire revient à la charge, un sourire idiot, penaud, et il s’arrache finalement à son inspection minutieuse pour se tourner vers sa promise. Sa promise. Merlin. Trouver quelque chose à dire. Il s’empare de sa tasse de thé pour se donner contenance, se crame, jure entre ses dents, se trouve con. À quelques centimètres de ses lèvres, il ne veut pas y toucher, certain que son estomac ne s’en remettrait pas. Il la repose. Il a cet air intensément absent qu’il aborde souvent, quand il réfléchit. Bientôt, il aura un mal de crâne. Les secondes s’étirent, et ça ne doit même pas faire une minute depuis qu’il est installé, mais il a l’impression que ça fait des heures, et il doit bien dire quelque chose, la robe de Ladáh l’aveugle un peu, il parcoure avec plus d’intérêt la silhouette de la jeune femme, se rend compte qu’elle doit le voir aussi et toussote. « Sur une échelle de un à dix, à quel point t'veux pas être ici ? » Au moins, il a trouvé quelque chose à dire.
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