☇ Infos complémentaires ;
Avant toute chose, Peter est un bon acteur. Il a une certaine facilité à se mettre dans la peau de personnages, et à incarner quelqu’un d’autre, tant et si bien qu’il aurait été vraiment redoutable s’il était né Métamorphomage. Ainsi, s’il emprunte une identité, Peter fera de tout son possible pour se comporter comme elle, parler comme elle, mais aussi ressentir comme elle, ce qui en fait un agent remarquable d’efficacité dans ses missions de couverture, mais qui a aussi son revers de médaille. Parfois, il se perd au point de ne plus savoir qui il est vraiment, à force de passer temps de temps à se convaincre être une personne qu’il n’est pas. La folie n’est jamais bien loin du jeune homme, et elle le guette déjà avec ses yeux avides.
Peter évolue plutôt dans le pragmatisme et le concret. La réalité du monde étant ce qu’elle est, il s’arme d’une bonne dose de cynisme et de sarcasme pour y faire face, et n’a aucun scrupule à provoquer à outrance, disant des choses qu’il ne pense pas juste pour s’amuser et voir blêmir ses interlocuteurs. Il n’en reste pas moins très à l’aise socialement, capable de s’adapter à un grand nombre de personnes et de situations, et sait se tenir quand la situation l’exige.
Le jeune irlandais étant joueur, il s’amuse beaucoup à répondre par semi vérités, ce qui le fait bien souvent s’indigner quand on le traite de menteur. « Manipulateur oui, menteur non », se plait-il à dire avec un demi-sourire.
Très intelligent, Peter sait analyser rapidement une situation pour en tirer le meilleur parti. Trop confiant parfois dans ses capacités, il lui arrive parfois de tomber dans les filets de plus malin ou dangereux que lui, à son grand regret, mais il s’en est toujours sorti sans trop de séquelles, ce qui a malheureusement tendance à le conforter dans sa foi en sa personne.
Quand il était à Poudlard, Peter s’est beaucoup battu, mais bien plus souvent à cause de sa baguette pyromane que par réelle envie. Devenant de moins en moins apprécié à chaque fois par une partie des élèves, ces derniers multipliaient les attaques physiques ou verbales contre le Serpentard, qui passa donc une bonne partie de sa scolarité à subir des situations qu’il ne souhaitait pas. Ce n’est que récemment qu’il comprit que ces nombreux combats lui avaient donné le goût de battre, pour son adrénaline probablement, et qu’il devenait de plus en plus adepte des situations dangereuses. Malgré cela, Peter sait que ses missions priment sur le reste, et qu’il doit savoir se contenir et maîtriser sa baguette s’il ne veut pas très vite se retrouver six pieds sous terre.
Pour finir, Peter a un sens de l’honneur assez peu développé. L’honneur, pour lui, est une invention de la bourgeoise et de la noblesse pour se donner du crédit vis-à-vis du reste du peuple, mais qui n’a aucune valeur concrète réelle. L’honneur impose des règles qui freinent fatalement, et une personne qui veut vraiment atteindre son objectif doit savoir en faire fit.
Paradoxalement, car Peter est quelqu’un de profondément paradoxal, le jeune homme est un individu sensible, altruiste et utopiste, du moins se considère-t-il comme tel. Peter aime la beauté du monde, il aime le bruissement pourpre des vagues sur le sable fin, la profondeur vertigineuse des yeux d’une jolie fille, et son cœur s’élance bien souvent à la vue de telles beautés. Il sait au fond de lui qu’il est prêt à mourir si sa mort peut sauver des vies qui valent la peine d’être vécues. Et il croit en une société plus libre et plus juste, pour laquelle il risque sa peau tous les jours. Bon, aussi pour le plaisir, mais passons.

❝ Nothing compares to you ❞Deux mots sur l'IRL
Appelez-moi Peter. J'ai 23 ans, je viens de Bourgogne et j'ai connu le forum via Ma mémoire me manque. Si tout va bien vous me verrez connecté(e) 5 jours sur 7.
Approuvé par le Ministère de la Magie

❝ Premiers pas ❞1976 - 1982 à Inverness
Peter est né un après-midi d’hiver, sous les nappes de brumes épaisses des Loch écossais, dans la petite ville d’Inverness. Fils unique, il avait été tant attendu par ses parents que sa venue donna lieu à une véritable liesse familiale. Bien entendu, la grande question en suspens était de savoir si, oui ou non, il avait hérité des pouvoirs de sa mère, et si oui, dans quelle mesure. Ses parents ayant adopté le mode de vie moldu, ils avaient espoir que leur fils puisse suivre leur trace. Leon, le père de Peter, aurait aimé le voir suivre ses traces, et travailler la matière, peu importe laquelle. Sa mère, fascinée par son apprentissage précoce et méticuleux du langage, voyait en lui un futur intellectuel brillant et admiré.
Il n’en fut rien, car Peter manifesta assez vite, vers l’âge de cinq ans, des dons qui n’étaient pas ceux que l’on voit habituellement chez les Moldus. Tout d’abord, cette relation étonnante avec son environnement et les mots qu’il employait pour parler de la musique émanant des vieux vinyles de ses parents, ou des clapotis de la pluie sur les vitres de sa chambre. Fasciné par la couleur, il en parlait tout le temps, chantait d’étranges mélodies devant une peinture abstraite ou une photo, et il était capable de reconnaître parmi tous certains bruits, comme les pas de sa mère sur les marches en pierre qui menaient à son antre, ou la manière particulière qu’avait son père de se rouler des cigarettes. On apprit un peu plus tard, grâce à certains spécialistes, qu’il ne s’agissait de rien de particulièrement anormal pour des moldus : Peter avait simplement une vision différente du monde. Cela rassura ses parents, un temps, jusqu’à ce qu’ils découvrent leur fils incendiant un livre dans un accès de colère, comme par magie.
Résignés, ils finirent par prendre du recul et mirent tout en œuvre pour que leur fils ne manque de rien et puisse vivre au mieux sa transition avec le monde magique. Sa mère l’avait vécu après tout, il lui serait plus facile de s’y adapter que s’il venait d’une authentique famille moldue. On installa une salle « magique » dans la cave, lieu dans lequel il pourrait commencer à percevoir ce que ses camarades de classes ne verraient jamais.

❝ Apprentissage ❞1987-1994 à Poudlard

Poudlard, c’était un peu le château de ses rêves, avec des tas d’enfants qui, comme lui, n’étaient pas tout à fait normaux. Peter était plus que ravi d’y arriver enfin ! Et puis, il avait une baguette toute neuve, qui rouspétait parfois en crachant azur, mais qui devait aussi pouvoir lancer des sorts, non ? Ah, et puis il y avait Godot, son hibou, qui hululait joyeusement dans sa petite cage et à qui il allait pouvoir raconter ses aventures !
S’il avait une certitude en franchissant une première fois les massives portes d’entrée, c’était qu’il ne serait pas envoyé à Serpentard. Cette Maison était connue pour être à cheval sur la noblesse magique du sang, et à sa connaissance, il n’en avait pas l’étoffe. Gryffondor ne l’accueillerait probablement pas, il n’avait jamais été très courageux, même s’il aurait bien aimé. Restait donc Serdaigle et Poufsouffle, et il aurait préféré rejoindre les aigles aux blaireaux, simple histoire de préférence animalière disons. Le Choixpeau en décida autrement, et l’expédia à Serpentard, contre toute attente. Il faudra à Peter de nombreuses années avant de comprendre ce choix.
Du reste, que dire de la scolarité de Peter ? Elève brillant s’il en est, à l’aura changeante : parfois apprécié par ses camarades, quelle que soit leur Maison, parfois détesté car jugé trop prompt à provoquer en sortant sa baguette, et pas assez solide pour rester à sa place et ne pas réagir aux provocations. Ainsi, si Peter pouvait apporter un nombre conséquent de points à sa Maison, il pouvait les faire retirer aussi vite, ce qui pouvait agacer. Et pourtant, il arrivait toujours à se faire pardonner, à faire rire et à être admiré aussi, parfois.
Utopiste, il se serait bien vu Auror, et il en avait les capacités. Son Directeur, Severus Rogue, était d’ailleurs le premier à l’appuyer dans ce choix. Peter obtint de bonnes notes à ses ASPICs, et se présenta au Bureau des Aurors avec la ferme intention d’obtenir une inscription à la très difficile formation qui devait faire de lui un chasseur de mages noirs. Le Destin est joueur, car il fallut que ce jour-là, un Auror très particulier soit présent dans ce bureau, et sa présence devait changer la vie de Peter à tout jamais. Il s’agissait d’un des plus grands Aurors de son temps, le très célèbre Maugrey-Fol-Œil.

❝ Le choix ❞ Juillet 1994 à Londres

« Tu as un don avec les gens, Peter. Tu peux servir autrement qu’en traquant des gens dans la boue glacée. Réfléchis-y, mon garçon ». Ces dernières phrases, il les ressassa des centaines de fois en tournant en rond dans sa chambre d’enfant, où tout n’était que le reflet d’un temps révolu. Maugrey s’était renseigné sur lui, et il connaissait ses forces et ses faiblesses. Il savait qu’il viendrait ce jour-là présenter sa candidature. Et il savait aussi que si le monde devait changer, en mal, il aurait besoin non seulement de bonnes baguettes sur lesquelles s’appuyer, mais aussi de personnes intelligentes pour le renseigner. Maugrey voulait faire de lui un informateur, un espion en quelques sortes. Peu de sorciers évoluaient en cette qualité au Ministère d’après lui, la Guerre étant finie depuis des années, et peu parmi cette poignée avaient du talent. Il voulait Peter à ce poste. Il n’y avait pas de formation à proprement parler, mais une sorte d’apprentissage sur le terrain, d’après lui. Malgré tout, il lui laissait une semaine pour faire un choix entre cette proposition ou son projet initial. Bien entendu, il ne pouvait en parler à personne. A cette période, Peter se souvient d’avoir été frustré. Frustré de devoir faire un tel choix quand cela faisait des années qu’il avait décidé de devenir Auror. Frustré qu’on se soit aussi bien renseigné sur lui à son insu. Frustré d’avoir l’impression d’être un pion avec lequel on jouait. Mais sans pouvoir vraiment s’expliquer pourquoi, il avait l’impression qu’on lui ouvrait une porte cachée vers sa voie, vers ce qu’il devait être. C’était moins glorieux qu’un poste d’Auror. Il devrait mentir à son entourage, et cela ne lui plaisait pas. Mais s’il pouvait vraiment être utile en tant que tel, cela pouvait se tenter.

❝ Mise à l’épreuve❞ 1994 – 1997 à Londres

Les années qui suivirent furent sans conteste les plus difficiles qu’il eut à vivre jusque-là. Peter avait l’habitude que le succès soit à portée de main, et s’il avait dû travailler auparavant, il n’avait jamais vraiment galéré pour obtenir quelque chose.
Pendant ces années de formation, Peter n’existait pas, aux yeux du Ministère. Il ne travaillait nulle part, du moins, n’habitait nulle part. De temps en temps, on le présentait comme auror stagiaire et il intégrait la promotion des futurs aurors pour suivre certains cours importants, et il devait se fondre dans son rôle et leur faire croire qu’il avait déjà une longueur d’avance sur eux alors qu’il n’avait pas suivi un dixième de leur formation. Mais ce n’était rien à côté du programme aux petits oignons que lui avait concocté Maugrey. Peter passait des heures à lire des dossiers sur des sorciers d’apparence insignifiants pour trouver des signes qui pourraient laisser penser qu’ils ne l’étaient pas. Il devait élargir sa culture générale sur un maximum de sujets pour être toujours le plus crédible possible, qu’il s’agisse des règles de bienséance lors de l’élaboration d’un plan de table ou des propriétés des cornes de dragon en médicomagie occidentale.
Quand il eut assez progressé aux yeux de son professeur, Peter commença la pratique. Il dût commencer à travailler la couverture en se faisant passer pour quelqu’un d’autre. A jouer un rôle, avec ou sans polynectar. Et tenter de convaincre l’Auror le plus paranoïaque qu’il lui fut donné de connaître. A chaque faux pas, ce dernier lui lançait un maléfice, et Peter en expérimenta un certain nombre.
Le jeune sorcier ne sortit pas indemne de ces trois années de test permanant. Il avait commencé enfant, idéaliste et plein d’entrain, et en sortait adulte désabusé, las. Et conscient qu’il allait devoir faire face à une terrible menace : le retour du plus grand mage noir de l’histoire du Royaume-Uni.

❝ La chute ❞1er Août 1997, Ministère de la Magie

« Rosie, tu dois m’envoyer sur le terrain. On doit découvrir ce qu’ils préparent ». Rosie, c’était cette sorcière obstinée qui lui tenait lieu de chef. La cinquantaine, les cheveux gris et courts, des cernes marquées autour des yeux, le visage pâle, l’air soucieux. Une allure qu’avaient tendance à prendre de plus en plus les employés du Ministère depuis le meurtre de Dumbledore. Assise en face de lui, les bras croisés, elle le toisait sans piper mot, pensive. « Tu sais que David et Ed’ sont déjà sur le terrain, je ne peux pas envoyer tous mes indics dans la gueule du loup, surtout si ça a déjà mal tourné. » Sa voix, calme et posée, ne trahissait aucune émotion, mais Peter savait qu’elle bouillonnait intérieurement. Rosie avait toujours recruté les informateurs du Ministère, et elle n’avait pas aimé qu’on lui colle quelqu’un de force entre les pattes. Cela faisait trois mois maintenant, et Peter n’avait eu que des tâches secondaires à effectuer, alors que la situation était plus critique que jamais. « Si tu refuses de me donner l’autorisation, tu sais que je vais le faire sans ton aval », siffla-t-il entre ses dents.  Rosie se leva d’un bond, prête à en découdre. Le son de sa voix fut couvert par des cris, remontant tout droit de la cour, en dessous d’eux. Les deux sorciers firent volte-face, recherchant la cause de ce mouvement de panique.
Des dizaines de silhouettes noires encerclaient la cour, des jets de lumière fusaient dans tous les sens, heurtaient les murs de pierre en crépitant dans un vacarme sans nom, plongeant les sorciers sur place dans le chaos le plus total. Sans plus attendre, Rosie transplana pour prêter main forte aux Aurors et Tireurs d’Elite qui apparaissaient petit à petit. Peter sentit une vague d’angoisse s’emparer de lui, lui comprimer les poumons. Si le Seigneur des Ténèbres avait décidé qu’il était temps que le Ministère tombe, leurs forces ne seraient pas assez nombreuses : ils couraient au massacre. Auror, il aurait probablement écouté son devoir et se serait lancé dans la mêlée, mais il ne l’était pas, et ses années de formation lui intimaient de prendre quelques secondes de recul. Si le Ministère tombait, les Mangemorts auraient plein accès à toutes ses ressources et tous ces dossiers. Ce qui signifiait que ses collègues et lui-même seraient aussitôt fichés et recherchés, et qu’il en serait fini du renseignement anti-Voldemort. Pétrifié, Peter expira une longue bouffée d’air et transplana à son tour.
L’espace se stabilisa autour de lui. Il ouvrit les yeux, scruta les longues allées désespérément silencieuses des archives, et s’élança. La seconde allée à droite, trois embranchements, à gauche, le portique était devant. « Nom, fonction et habilitation s’il vous plait Monsieur », demanda impassible Erkverk, le Gobelin chargé des contrôles. « Eeeuuuh oui… Peter Beckett, Service de Coopération Magique, habilité au secret magique ». Erkverk leva ses yeux globuleux vers lui, puis se dirigea lentement vers son bureau pour s’emparer de sa liste. « Le Ministère est en train de tomber vous savez, c’est urgent. » « Oh oui, et moi je suis la princesse d’Edimbourg », répondit-il, un sourire carnassier se dessinant sur son visage anguleux. Peter savait qu’Erkverk n’avait jamais aimé les sorciers, qu’il détestait son poste au Ministère, mais il fallait bien avouer que dans des situations comme ça, il ne faisait pas franchement d’efforts pour que l’entente soit meilleure. Des bruits de pas commencèrent à se faire entendre. On venait de pénétrer dans la salle des archives. Erkverk releva la tête, les oreilles aux aguets, puis annonça, comme à regret « C’est bon Monsieur Berett, vous pouvez-y aller. Un seul document à la fois ».
Peter franchit la barrière magique, et tenta de se remémorer où étaient entreposés les dossiers sur les employés du renseignement. Des bruits de lutte derrière lui lui signifièrent qu’il n’avait plus beaucoup de temps. En désespoir de cause, Peter commença à ouvrir les tiroirs à la chaîne, priant Merlin pour qu’un d’entre eux lui fasse un signe. Un crissement particulier lui résonna dans les oreilles. « C’est ça, c’est le tiroir rouge », murmura-t-il à lui-même. Il renversa le contenu par terre et l’incendia d’un geste rapide. Les pas se rapprochaient. L’intrus devait être tout prêt, à un ou deux embranchements tout au plus. Peter transplana.
Le jeune sorcier se retrouva nez-à-nez face à une silhouette encapuchonnée. Il n’eut pas le temps de réagir que l’homme l’avait désarmé, et se tenait la baguette pointée sur lui. « Le Ministère est tombé. Vous êtes ? ». « Désolé d’être en retard », marmonna Peter entre ses dents.

❝ Nouveau départ ❞ 1er Aout 1997 - 2 Mai 1998 au Ministère de la Magie

Pendant les mois qui suivirent, Peter resta au Ministère et emprunta la couverture qu’ils avaient élaborée lors de son arrivée à son poste. Il s’appelait Gregor MacCallahan, venait de Poufsouffle, et n’avait d’autre but ultime que de servir son pays. Il vivait dans une petite chambre du Londres moldu, pas très loin de Soho, et y collectionnait les objets d’art celtes, sa passion. Gregor était nerveux, il ne savait jamais comment occupé ses mains et se dandinait quand on lui posait une question. Son chapeau melon ne le quittait jamais, tout comme sa vieille veste en velours qui lui venait de son père. Il buvait beaucoup de café, avec un nuage de lait, et trois morceaux de sucre, et posait beaucoup de questions, comme un besoin compulsif de parler pour meubler le silence. Oui, il détestait le silence. Au travail, il était méthodique et ordonné pour tenter de pallier à son incroyable capacité à oublier ce qu’il devait ou venait de faire.
Gregor était un sorcier intègre, et plutôt apprécié par ses collègues, qui s’amusèrent rapidement à lui confier des ragots, sachant alors que ces derniers allaient se répondre dans le Ministère comme une trainée de poudre. Quand Gregor rencontrait Peter, en fin de journée, ce dernier notait soigneusement dans ses carnets les informations qui pourraient lui être utile en les classant en deux grandes catégories. Tout d’abord, il listait tout ce qu’il pouvait sur ses collègues et les membres importants du Ministère, qu’il s’agisse de leur boisson préférée ou des détails de leur cercle familial, tentant d’élaborer une fiche précise sur chacun. Ces informations pourraient toujours être utiles un jour où l’autre, et il les gardait pour lui, dans un petit carnet relié en cuir jaunit par le temps. Quand il parvenait à avoir des informations un peu plus importantes, comme une probable intervention mangemorte à tel ou tel endroit, ces dernières étaient notées dans un second carnet, beaucoup plus banal, et étaient recopiées sur un rouleau de parchemin qu’il faisait parvenir au plus vite à Mondigus Fletcher, sous une seconde couverture, Yves Lakray, receleur en objets d’art. Mondigus était ensuite chargé de communiquer ces informations sensibles à un membre de l’Ordre.
Peter, Gregor et Yves cohabitèrent pendant neuf mois, jour pour jour. Jusqu’à ce que Poudlard ne tombe dans les mains du Seigneur des Ténèbres et que de nombreux membres de l’Ordre du Phénix ne soient tués, dans une opération qu’ils n’avaient pas pu anticiper. Amers, ils disparurent tous les trois, ne laissant derrière eux que souvenirs et questions.

❝ L’exil ❞ Mai 1998 - Mars 2003

Désabusé, persuadé que la guerre était perdue, Peter décida de disparaître tout simplement du monde sorcier en partant s’installer à Portree, petit village moldu sur les côtes de l’île de Skye, en Ecosse. Il y trouva rapidement un travail de barman, et coupa tout lien avec le monde magique, préférant la compagnie du vieux whisky écossais à celle de sa baguette et de son vieux compagnon Godot. Etait-ce de la lâcheté ? De la peur ? Il n’aurait su dire. A ce moment-là, se sentant en partie responsable des évènements survenus à Poudlard, il n’était probablement simplement plus prêt à faire face à un ennemi toujours plus fort, plus présent. A quoi bon se débattre quand on est attaché à un boulet qui coule ? Il savait que la lutte devait continuer, mais se refusait d’y penser.
Cette période de brouillard permanant dura plus de deux ans, et laissa ses marques sur le jeune sorcier, qui en parle en mentionnant un songe sans fin, pendant lequel on ne parvient pas à bouger, où tout est terne, même les habituels océans de couleurs des chants d’oiseau ou la caresse amicale de la brise.
Paradoxalement, ce sont les moldus qui parvinrent à leur sortir. Le soutien du vieux pêcheur, à la barbe si drue qu’on aurait pu croire qu’il ne l’avait jamais rasée, et ses mains râpeuses qu’il venait serrer contre les siennes avec un mot d’encouragement. La jolie fille blonde qui passait parfois, et dont les joues de pêche se tentaient inlassablement quand elle plongeait ses yeux d’un bleu très clair dans les siens. Les enfants enfin, qu’il voyait jouer derrière la grande vitre du bar et grandir avec le temps, portant avec eux les espoirs d’une génération naissante. Quels espoirs laissait-il aux enfants sorciers de leur âge ? N’allaient-ils pas grandir dans un monde fermé, plein de haine, s’il restait ainsi ? P’t’être que sa baguette ne serait pas de trop au final.
Cette prise de conscience le réveilla lentement de sa torpeur, et Peter se remit au travail. Il revint plusieurs fois à Londres pour se procurer les journaux, découvrit les traques des rebuts et  les déboires des insurgés, et élabora son plan à venir. Il n’aurait, dans son état, aucun mal à intégrer un groupe de rafleurs. Il devrait se salir les mains, c’était sûr. Mais il pouvait en apprendre bien plus et se montrer utile le moment venu.
Peter participa aux rafles pendant des mois, tentant de collecter des informations. Il éprouvait de la pitié pour ses victimes et de violentes envies de casser la gueule à ses camarades, mais savait que c’était un mal pour un bien. Quand il pouvait, il en laissait filer une, surtout si elle avait un joli minois et risquait de passer un sacré sale quart d’heure en leur compagnie. Enfin, un soir, un vent de panique secoua ses camarades, rassemblés autour d’un feu de camp. C’était l’occasion pour lui de sortir de l’ombre.

❝ La lute ❞ 25 Mars 2003 - Aujourd'hui à Poudlard

Poudlard avait été repris. Les rafleurs qui l’accompagnaient tués ou en fuite. Et le chaos s’était installé partout. Peter se retrouvait à présent prisonnier du château en compagnie d’une bande de rebelles qui, au mieux, le regardaient de haut, au pire voyaient en lui le dernier des opportunistes. Mais malgré toutes ces galères, il avait le sentiment d’être à sa place, même s’il s’amusait à laisser planer le doute parmi ses nouveaux camarades de fortune. Pour une fois dans sa vie, il avait agi héroïquement, s’était battu aux côtés des autres au lieu d’être en retrait et il avait enfin l’impression d’être utile à une cause.
Aujourd’hui, Peter a repris du service, suivant les directives des membres de l’Ordre du Phénix sans toujours poser trop de questions. Il a un peu de mal quant au fait de ne pas être invité aux réunions, mais n’est définitivement pas prêt à faire le Serment Inviolable envers une cause toujours si fragile. Seul l’avenir dira s’il a raison.