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sujet; (2003/02) FLINTSON • Take it out on me |
| Marcus So I took you to the city for the night To dance under dizzy silver lights But for a moment, you were wild With abandon like a child, just a moment. But wasn't it you who said I was not free And wasn't it you who said I needed peace And now it's you who's floored by fear of it all. And it's alright Take it out on meAOUT 2003 • « Je n'arrive pas à croire que tu ai réussi à me convaincre de faire ça... » maugréa Rocket tout en se frayant un chemin dans la forêt, s'éloignant enfin du campement des soldats français. Doxy (ou Cormac McLaggen pour son identité civile) n'arrêtait pas de la tanner depuis une semaine sur ces campements, qu'ils pourraient les aider, et pourquoi pas récupérer quelqu'un de neuf dans le groupe. Rocket ne faisait pas confiance aux étrangers. Pas qu'elle soit raciste, mais elle doutait de leur motivation et conviction profonde de résoudre le conflit. Une partie d'elle ne comprenait juste pas ce qu'ils venaient faire dans tout ça. Malgré tout, comme d'habitude, Doxy avait eu raison d'elle et elle avait fini par craquer, et pas l'accompagner, au camp dont ils avaient finalement récupéré les coordonnées. L'accueil avait été houleux à partir du moment où ils avaient compris qui ils étaient : les terroristes. Visiblement, les Phoenix ne les présentait plus que comme cela... parfait. Est-ce qu'elle allait partout, elle, en les appelant les lâches, les trouillards et les couilles-molles ? Non ! Certes, elle le faisait en privé, mais n'allait pas faire de la publicité négative auprès des potentiels alliés. Merlin qu'elle en avait marre de tout cela... Heureusement, elle n'avait pas complètement perdu son temps, et après avoir compris que Doxy parlait beaucoup moins bien français que ce qu'il prétendait, elle pu avoir un véritable débat dans un franglais maladroit avec un des leader. Il lui promis que, au pire des cas, pourquoi pas, peut-être, ils pourraient s'échanger des informations, voire des ressources. Elle avait voulu foutre le feu à Poudlard après ça, mais finalement un certain Paul était venu les voir et avait demandé s'il pouvait les rejoindre un petit peu. Il était visiblement curieux et avide de combat... Ce n'était pas ce qu'elle espérait à la base, mais Paul leur emboîta vite le pas vers la sortie du camp.
Elle voulait juste sortir de la forêt où les français s'étaient dissimulés, avant de transplaner. Elle préférait toujours le faire à ciel découvert, et le transplanage laissait bien trop de traces magiques, il valait parfois mieux juste marcher. Elle grommelait donc toute seule, pendant que Doxy et Paul essayait de faire connaissance derrière elle. Elle fut coupée dans ses grognements lorsque, la première, elle les vit. Des rafleurs. Bordel de merde. Les avaient-ils suivi ? Avaient-ils trouvé le campement par d'autres moyens ? Etaient-ils là par hasard ? Elle leva aussitôt une main en signe d'arrêt pour les deux autres, et elle les entendit se taire aussitôt. Ils étaient à une heure de marche des français, il fallait les prévenir, et au moins ralentir les ennemis pour qu'ils puissent préparer les défenses, sinon partir. Au moment où elle commençait à poser la main sur son miroir, elle comprit qu'elle n'en aurait pas le temps alors que l'un d'eux les repéra. Aussitôt, le groupe d'insurgé se mit en branle. Elle savait déjà que Doxy lançait un Protego pour que le français puisse prévenir ses alliés, sans même avoir à vérifier derrière elle. Quant à elle, elle brandit aussitôt sa baguette qu'elle pointa sur le premier des rafleurs qu'elle avait repéré, et qui l'avait aussi repéré, d'une voix impérieuse elle lança son : « Avada Kedavra ! »
L'éclair vert traversa les arbres, éclairant au passage un visage voisin qu'elle n'avait pas remarqué. Marcus Flint. Depuis quand ne l'avait-elle pas vu ?
MARS 2002 • « Je n'arrive pas à croire que tu ai réussi à me convaincre de faire ça... » marmonna Angelina, se fixant dans le miroir de l’ascenseur, essayant de remonter sa robe sur son décolleté. Elle ne fit que recevoir un regard blasé de Katie, « Ce soir, tu oublies le travail, tu t'amuses et tu parles avec d'autres gens que moi, compris ? » Angelina grommela encore quelque chose qui ressemblait à un accord, alors qu'elles arrivaient enfin à destination. La fête de victoire des Falmouth Falcons, une de ses équipes favorites, elle avait toujours voulu les rejoindre, à l'époque où elle pensait encore devenir joueuse pro. Avant de comprendre qu'elle détestait la célébrité et qu'elle préférait largement bidouiller des balais. Elle travaillait donc pour Nimbus, et pendant ce temps, Marcus Fucking Flint avait rejoint les Falmouth Falcons. Comment un bouffon pareil avait pu faire partir de son équipe de rêve lui échappait. C'était juste tellement injuste, parce qu'elle ne pouvait plus hurler de joie comme elle le voulait quand c'était Flint qui marquait. Bon elle le faisait quand même, mais un peu moins fort que d'habitude. Sans oublier que Goyle y était aussi maintenant. Comment en étaient-ils arrivés là ? Katie avait beau dire qu'ils étaient mieux, et compétents, et tout ce qu'elle voulait... Angelina refusait d'y croire. Nimbus était un très gros investisseur chez les Falmouth Falcons, et toute l'équipe était équipée de leurs balais (dire qu'à l'époque, elle avait postulé là notamment pour ce genre de raisons...), et elle les avait donc plus fois croisés. La première fois qu'elle avait vu Flint à une de ces soirées professionnelles, elle lui avait offert un sourire glacé en le complimentant sur son nouveau dentier ce qui avait suffit à lui faire comprendre de ne pas espérer s'en faire une amie.
Ainsi donc, la première réaction d'Angelina en entrant dans la pièce surchauffée et surparfumée (les stars...) ne fut pas d'aller chercher son ancien camarade d'école, mais plutôt d'essayer de repérer la chevelure rousse d'Henry, le journaliste sportif avec qui elle espérait se détendre ce soir-là. Il était drôle, gentil, et il avait assez de caractère pour ne pas se faire bouffer complètement par le caractère enflammé d'Angelina. Elle l'aimait bien. Il faisait partie de ces hommes avec qui elle aimait bien oublier qu'elle n'avait aucune chance avec Kat- Bien entendu, Henry n'était pas là. Après avoir fait trois fois le tour de la salle, quatre fois le tour des buffets, et avoir descendu quatre verres de champagne, elle se résolu à parler, comme d'habitude, avec un des réservistes des Falmouth Falcons. Même s'il fixait vraiment trop ses seins. Elle en avait marre que l'on fixe ses seins ce soir. Même McLaggen serait une compagnie agréable en comparaison, lui au moins fixait son reflet dans le miroir.
A peine une heure après son arrivée, Angelina trouva une excuse bidon pour aller prendre l'air. Elle n'en pouvait plus de se forcer à sourire en se répétant qu'elle était au travail et qu'elle devait être agréable avec ses clients. Elle n'avait jamais avoir à convaincre les autres qu'elle avait raison pour les faire rejoindre son équipe. D'un air rageur, elle débloqua la porte de secours, inspirant enfin l'air frais de la nuit, commençant enfin sentir les effets de l'alcool la priver de tout sens des responsabilités. Malheureusement, elle qui pensait enfin pouvoir être seule, fut accueillie par trois paires d'yeux sidérés. Des filles. Angelina réprima une grimace, mais les ignora, restant dans l'encadrement de la porte pour respirer profondément loin de toutes ces paillettes. Mais les filles étaient là, la fixaient, avaient l'air d'attendre que... « Qu'est-ce que vous voulez ?! » finit-elle par aboyer, lançant un regard noir à ce qui avait bien l'air d'être des fans. Même elle n'avait jamais osé faire le pied de grue devant la sortie de secours d'une soirée des Falmouth Falcons. Et pourtant Merlin savait quelles conneries elle avait pu faire à son époque. Finalement, la plus blonde et la plus décolletée des trois lui dit avec une petite voix : « Heu... on voulait juste... on voudrait juste pouvoir dire bonjour à, à, à Marcus Flint ? » Elle papillonna des yeux sous le regard effaré d'Angelina. De tous les bons joueurs de l'équipe, elles voulaient Marcus Flint ? Elle du se forcer à se rappeler que tout le monde ne se souvenait pas de sa dentition scolaire, et préféra voir cela comme une opportunité. Ainsi, ce fut un avec un large sourire qu'elle s'écarte de la porte, sachant pertinemment qu'elle envoyait sûrement le pire type de fan aux courses de l'ancien Capitaine des Serpentard. « Mais bien sûr, allez-y, je l'ai justement entendu dire à quel point il avait envie de compagnie ce soir. »
Dernière édition par Angelina Johnson le Mer 30 Nov 2016 - 20:54, édité 2 fois |
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PRISONERS • bloodstains on the carpet Marcus Flint | angelina johnson So I took you to the city for the night To dance under dizzy silver lights But for a moment, you were wild With abandon like a child, just a moment. But wasn't it you who said I was not free And wasn't it you who said I needed peace And now it's you who's floored by fear of it all. And it's alright Take it out on meAOUT 2003 • Et le revoilà paumé dans une forêt à la con. Sauf que cette fois, il n’est pas avec Bagshot et c’est une bonne chose parce que leur progression est silencieuse pour une fois. En revanche, il est un peu moins ravi de se retrouver avec Oaken et Spears qui sont aussi stupides qu’ils en ont l’air et venant de Marcus, c’est dire à quel point ils ne brillent pas par leur intelligence. Autant dire qu’il aurait préféré être avec Murdock, mais ce dernier semble toujours occupé ailleurs ces derniers temps. Même Bagshot lui semble être un partenaire bien plus efficace depuis leur affaire avec le Nundu. Mais non, il semblerait qu’on aime lui refiler la fine fleur de la Ruche. Surtout qu’ils sont là pour traquer des sorciers étrangers, alliés des Insurgés, qui seraient venus se planquer ici. Marcus est assez curieux de savoir ce qu’ils feront, s’ils tombent véritablement à trois connards sur un groupe d’une quinzaine de rebelles français. Autant dire qu’il n’est pas très pressé et que si les deux abrutis marchent loin devant lui d’un pas décidé, Marcus traîne un peu. Ça sent mauvais. Et il ne dit pas ça uniquement parce qu’il préfèrerait être bien tranquillement chez lui plutôt qu’ici, il pense vraiment que la situation n’est pas à leur avantage. Déjà, cette forêt est trop silencieuse. C’est pas censé être bruyant ? Ils devraient probablement entendre des oiseaux, ce genre de choses. Mais ils n’entendent rien du tout. Est-ce que c’est parce qu’ils les perturbent, ou parce qu’autre chose déjà présent avant eux les font taire ? C’était pareil la dernière fois avec Bagshot, y avait pas un bruit et ils se sont fait tomber dessus par un Nundu alors ouais, il est devenu un peu méfiant depuis. « Y a quelque chose par ici ! » fait la voix de Spears qui s’est arrêté près d’un arbre et pointe dans une autre direction. Oh super, ils ont enfin repéré quelque chose. Marcus les rejoint avec l’enthousiasme de celui qui n’a aucune envie d’être là et se fige en apercevant en effet, trois silhouettes qui évoluent entre les arbres, plus loin.
Parfait, il y a bel et bien des gens qui se planquent ici. Mais ils ne sont que trois, ou les autres sont cachés un peu plus loin ? Oaken s’apprête à s’avancer, alors Marcus le rattrape par le col de son uniforme et le ramène vers lui. « On f’rait mieux d’rentrer et d’revenir avec plus de gars, maint’nant qu’on sait qu’ils sont là, » siffle-t-il entre ses dents. Oaken le regarde comme s’il était stupide et Marcus resserre sa prise sur son col. « Si on y va et qu’ils sont plus que trois, on f’ra quoi ? On devra s’tirer et ils auront l’temps de décamper. Si on rentre maint’nant et qu’on revient avec plus de monde, on pourra leur tomber d’ssus avec suffisamment de gars pour tous les arrêter ! » C’est quand même pas compliqué bon sang ! « Qu’est-ce qu’elle a la starlette, elle veut pas s’salir les mains ? » réplique Spears avec un rictus moqueur. Oh putain ce qu’ils peuvent être cons. Ils pensent vraiment qu’il a peur d’apparaître dans le dos de trois rebelles pour leur régler leur compte avant même qu’ils aient eu le temps de le voir ? Ce qu’il veut, c’est éviter d’avoir à retourner crapahuter en forêt demain parce que ces gros cons auront foncé dans le tas et laissé les trois quarts des cibles s’échapper ! C’est quand même pas compliqué, si ? Oaken se dégage de sa prise et lui et Spears commencent à s’avancer sous le regard ébahi de Marcus, qui hésite sincèrement à les tuer tous les deux, pour être certain de ne plus jamais se retrouver sur le terrain avec eux. Non, ce qu’il va faire, c’est les planter là et faire ce qu’il avait prévu, soit aller chercher des renforts et— « Là ! » s’exclame Oaken qui semble avoir retrouvé les Insurgés et peut-il être encore moins discret ce con ?! Marcus lâche un juron et tire sa baguette alors que les premiers sorts de ses deux partenaires viennent se heurter à un bouclier créé par un des rebelles.
Il n’entend pas le sort, car c’est déjà le bordel et Marcus envisage toujours de les planter là pour leur connerie, mais il voit l’éclair vert qui se dirige droit sur Oaken et il a à peine le temps d’ouvrir la bouche. Le sort le frappe de plein fouet et il s’effondre, raide mort. Flint lâche un juron, pas que la mort de ce débile le touche plus que ça, mais c’est deux contre trois à présent. Il a le temps d’attraper Spears et de le tirer en arrière pour qu’il ne se prenne pas un sort lui aussi. « T’es content ? Essaye d’être efficace au moins ! » aboie Marcus avant de le repousser en avant. S’ils veulent avoir une chance, faut qu’ils les séparent. Alors il s’élance à son tour, enchaînant différents sortilèges en espérant pouvoir briser leur défense. C’est là qu’une des silhouettes cesse de lui sembler simplement familière et qu’il la reconnaît véritablement. « Johnson ? » fait-il en se figeant. Au même moment, Spears pousse une exclamation victorieuse et du coin de l’œil, Marcus voit qu’il a réussi à ouvrir la gorge d’un des deux autres gars, qui s’est effondré et tente sans trop de succès d’empêcher le sang de s’écouler en se raclant la peau de ses doigts.
Sauf que ce con est trop content de son œuvre et ne prend pas la peine de se protéger du sort que Johnson lui envoie, se retrouvant avec le même sourire sanguinolent sur la gorge. Marcus ne jure pas cette fois, il déglutit avec difficultés parce que c’est du deux contre un, et il n’a jamais brillé en duels.
MARS 2002 • Marcus adore ce genre de soirées. D’abord parce qu’il y a toujours quelqu’un avec qui parler Quidditch, ensuite parce que la bouffe est bonne et l’alcool coule à flot. Et enfin, parce que c’est souvent l’endroit idéal pour finir la nuit en bonne compagnie. Il y a toujours quelques journalistes pour pourrir un peu l’ambiance avec des questions à la con, mais il sait comment les gérer, depuis le temps. Et puis, rien ne saurait diminuer sa bonne humeur ce soir. Ils ont fait un super match, qui a duré plusieurs heures et qui a été très serré, jusqu’à ce que leur Attrapeur s’empare enfin du Vif d’or. Autant dire qu’ils sont tous vannés, mais que ça ne les empêche pas de célébrer leur victoire comme il se doit. Après une douche plus que nécessaire après un tel match, les joueurs des Falmouth Falcons sont allés troquer leur uniforme de Quidditch pour une tenue de soirée et à son arrivée, Marcus n’est pas très surpris de trouver Greg déjà bien affairé avec une énorme pinte de bière, entouré de leurs autres coéquipiers. Il ne tarde pas à se servir la même et à les rejoindre. Les conversations sont légères, enjouées. Ils ne peuvent pas s’empêcher de revenir sur le match et de pinailler sur des détails, ou s’enthousiasmer du super move d’un tel. Ils continuent comme ça un moment, jusqu’à ce que Adams lâche un « Oh putain cette paire, » qui les fait tous chercher du regard de qui il parle. En apercevant Johnson qui s’accroche à sa flute de champagne comme si sa vie en dépendait un peu plus loin, Marcus comprend bien vite que c’est elle. En effet, sa robe laisse très peu de place à l’imagination, que ce soit concernant sa poitrine ou sa chute de reins. Il ne pensait pas la voir un jour dans une telle tenue. Il a toujours trouvé qu’Angelina était jolie – il faudrait être aveugle pour ne pas le voir – mais ce soir, elle est… wow. « T’as aucune chance, Adams, » lance Marcus en reprenant une gorgée de bière. « Parce que toi oui ? » réplique-t-il et il manque de s’étouffer avec sa bière. Ça lui remonte un peu dans le nez et pendant trente secondes, il a l’impression qu’il va crever sous les regards hilares de ses coéquipiers. Quand il arrive à respirer correctement à nouveau, il lance un regard dépité à Adams. « Premièrement, Johnson ne m’intéresse pas. Deuxièmement, tu crois que c’est en complimentant sa paire que tu vas la faire succomber à ton charme ? » ricane-t-il. L’autre insiste qu’il a toutes ses chances, qu’il est un joueur des Falmouth Falcons après tout et part en direction de Johnson avant que Marcus ne lui rappelle qu’il n’est même pas titulaire.
Flint soupire, mais regarde quand même du coin de l’œil Adams qui part causer avec l’ancienne Gryffondor. Il a l’air de vouloir plonger dans le décolleté de Johnson et semble s’en rapprocher dangereusement à chaque fois qu’il fait un geste enthousiaste pour raconter quelque chose. Marcus a presque de la peine de la voir sourire aimablement alors qu’il sait qu’elle a probablement très envie de lui en coller une. Johnson a toujours eu un sale caractère, elle lui a confirmé la première fois qu’ils se sont croisés à une de ces soirées. Finalement, elle s’éclipse et Adams revient vers eux avec un large sourire, visiblement content de lui. C’est d’une oreille distraite que Marcus l’écoute dire qu’encore un peu et c’était dans la poche.
Bien sûr, oui.
« J’vais pisser, » finit-il par déclarer en se débarrassant de sa deuxième pinte vide. Il traverse la foule, puis le couloir plus calme qui le sépare des toilettes où il se dépêche de faire de la place pour les autres litres d’alcool qu’il a bien l’intention d’ingérer ce soir. Une fois prêt à concurrencer Greg dans sa descente de bières, Marcus ressort des toilettes et se fige en voyant trois filles à l’air un peu perdu avancer dans le couloir. « C’est juste là, » fit-il en désignant les toilettes des femmes, en face. C’est probablement ce qu’elles cherchent, les nanas aiment bien faire ça en bande. « Par Merlin, c’est lui ! » s’écrie l’une d’elles et Marcus les reconnaît. Alors il tente son sourire le plus sympa. « Ah, les filles. Vous n’avez pas le droit d’être ici, vous le savez, » dit-il aimablement. Il en entend une couiner quelque chose qui ressemble à Il nous a reconnues ! et se retient de leur dire qu’il ne peut pas tellement oublier les trois hystériques qui semblent le suivre absolument partout depuis quelques mois. « On nous a laissées entrer ! » s’exclame la blonde avec la poitrine à moitié dehors en s’approchant un peu plus. Marcus a un mouvement de recul et fronce les sourcils. Tout le monde ici sait qu’il ne faut surtout pas laisser entrer des gens qui ne sont pas sur la liste des invités. « Qui ça ? » « Une fille, » réplique-t-elle en haussant les épaules. « C’était Angelina, tu sais, celle qui était à Gryffondor ? » s’exclame joyeusement la rouquine du groupe. Elle est pas sérieuse, là ? « On lui a dit qu’on voulait vraiment te voir et elle nous a laissées entrer, elle est trop sympa ! » s’exclame la deuxième blonde. Ok, super, merci Johnson. « Et bien Angelina n’aurait pas dû, » marmonne-t-il en se passant une main sur le visage.
Evidemment, c’est là qu’elles en profitent pour l’attraper par les bras et littéralement lui piailler dans les oreilles à quel point il a été brillant lors du match d’aujourd’hui, et tout un tas d’autres trucs impossibles à comprendre tant elles parlent fort et en même temps. Parce qu’il ne peut pas tellement les frapper et clairement pas accéder à sa baguette, Marcus tente de se défaire de leur poigne en bafouillant qu’elles doivent vraiment le lâcher et sortir d’ici avant qu’il n’appelle la sécurité, mais elles n’écoutent rien. La blonde lui grimpe presque dessus en pressant sa poitrine contre lui et Marcus croit comprendre qu’elles sont toutes les trois dispos s’il en a envie et… Okay, se faire trois gonzesses en même temps, ça fait partie des images qui feraient court-circuiter beaucoup de cerveaux et il en fait partie, mais pas avec ces trois-là. Très franchement, elles le terrifient plus qu’autre chose. Avec l’énergie du désespoir, il parvient à se défaire de leur emprise et il ne cherche même pas à attraper sa baguette, rien, il se met juste à courir. L’idéal aurait été de partir en direction de la salle principale, mais elles étaient un peu sur sa route, alors il s’enfonce plus dans le bâtiment et finit par débouler dans les cuisines dont il referme brutalement la porte. Son regard s’arrête alors sur nulle autre que Johnson, qui semble occupée avec une énorme bouteille de champagne et un tire-bouchon. « Toi ! » s’exclame-t-il en s’avançant vers elle, furibond. Puis il les entend crier dans le couloir et s’accroupit aussitôt derrière un des plans de travail, un peu pâle. « Dis-leur que j’suis parti, » siffle-t-il entre ses dents et quand il la voit arquer un sourcil l’air de dire et pourquoi j’ferais ça ? « Oh bordel, j’t’en prie Johnson, dis-leur que j’suis parti ! J’ferai tout c’que tu vou-- » Il entend la porte s’ouvrir et se tait aussitôt, sans lâcher Angelina du regard. |
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| Marcus So I took you to the city for the night To dance under dizzy silver lights But for a moment, you were wild With abandon like a child, just a moment. But wasn't it you who said I was not free And wasn't it you who said I needed peace And now it's you who's floored by fear of it all. And it's alright Take it out on meAOUT 2003 • Rocket ne se laissa pas démonter par la vue de Flint. Il n'était rien pour elle, pire elle ne l'appréciait pas. Surtout maintenant qu'elle savait qu'il faisait partie des rafleurs. Son Avada Kedavra toucha sa cible et le premier des trois rafleurs tomba à terre sous son regard sévère. Derrière elle, elle entendait Doxy qui criait : « Rocket ! Recule ! Il faut les prévenir, il faut se replier ! » Bien entendu, Rocket ne l'écouta pas. Elle n'était pas là pour prévenir des sales franchouillards même pas capable de reconnaître des alliés quand ils en voyaient. Que Paul s'occupe de les prévenir, elle avait des rafleurs à exterminer. Un tombé, plus que deux. Rapidement, après le premier sort de mort, elle entra dans une danse de sortillège contre Flint et l'autre rafleur pendant que, derrière elles, ils continuaient d'essayer de contacter les français. Ces sales prétentieux ne savait plus reconnaître le bon côté d'un miroir ou quoi ? Distraitement, elle comprit que Flint la reconnaissait. Elle croisa son regard et fut surprise du choc que cela lui faisait. « Johnson ? » Elle n'avait pas souvenir de jamais lui avoir vraiment parler, pourquoi il se mettait à se préoccuper de sa présence ? D'un mouvement rageur, elle voulu lui faire payer son inattention, mais un cri l'arrêta. « PAUL ! » Un regard en arrière, et Rocket vit que le français était tombé. Elle grinça les dents et, comme un ressort, infligea au rafleur le même sort. Pour tous les morts qu'ils feront de leur côté, elle se vengera du leur. Elle tuerait pour tous les phoenix qui n'osaient pas. Elle charcuterait, exploserait, et torturerait, pour tous ceux qu'ils avaient perdu. Sans la satisfaire, sans lui arracher un sourire, chaque mort de l'autre côté de la barrière la soulageait d'un poids. Un en moins, plus que tout le reste.
Dans son dos, Doxy s'était approché de Paul, essayant visiblement de vérifier sa mort. Rocket ne prenait plus la peine. Elle ne vérifiait plus. Elle les laissait là, sauf lorsqu'ils faisaient partie de ses proches. Elle en avait assez vu pour ne plus pleurer à chaque décès. Elle n'avait même pas réussi à pleurer pour Georges, pourquoi prendre la peine de faire semblant avec les autres ? Elle tenait Flint en joue, l'air sévère, jaugeant de son attention avant de lancer un sort qu'elle espérait fatal. « Rocket, je le ramène, je les préviens, puis je reviens te chercher. Tu t'occupes du dernier ? » Elle hocha la tête, toujours concentrée. « J'te le finis en cinq minutes max. » Et elle se permit même un petit sourire. Doxy finalement parti, Rocket s'approcha de son ancien camarade de classe. « Alors Flint, on s'est perdu ? » Elle lança un premier sort, qu'il para. Elle sentait sa nervosité, elle sentait sa mauvaise prise sur sa baguette. Elle en lança d'autres, toujours parés, mais cela suffit pour qu'elle remarque la gêne dans ses mouvements. Oh oh. Qui devait-elle remercier pour avoir handicapé Flint ? « En tout cas c'est pas avec ses petites jambes là que tu vas m'échapper ? » Encore quelques sorts, il arrivait à résister, mais plus longtemps, et cela lui arracha un sourire satisfait. « Et ne pense même pas à transplaner, tu seras mort avant même d'avoir réussi à te remémorer ton adresse. » Elle avait réussi à l'aculer contre un arbre, elle exultait, elle le voyait résister, véritablement essayer de vaincre, il devait avoir si peur, le pauvre petit Flint. A combien de personnes avait-il fait peur comme ça, comme elle lui faisait peur ainsi ? Elle se souvenait comme, au début, elle avait tremblé de se retrouver face à ce monstre de quatre ans de plus qu'elle. Aujourd'hui, il était à sa merci.
Elle s'approcha encore, le couvrant de sorts, subjugant ses protections. Puis elle la vit, la Marque. Il avait la Marque, il n'était pas rafleur, il était Mangemort. La surprise la prit à la gorge, sans qu'elle puisse définir son origine. Elle arriva à se dire que, si c'était un mangemort, ce n'était pas juste une patrouille, et qu'ils avaient donc visé l'endroit. Mais surtout, il y avait quelque chose dans sa tête qui tournait au rond autour de cette idée. Flint est mangemort. Et elle ne savait pas pourquoi cela la dérangeait autant. Soudain, elle sentit sa baguette lui échapper des mains. Son inattention avait suffit pour que l'autre la prenne au dépourvu, et la désarme. Elle serra les points, essayant de revenir dans la bataille, le fixant de toute sa haine, de tout son dégoût. Il fallait juste qu'elle tienne le temps que Doxy revienne, au pire elle le laissera l'achever. Elle essaya de ne plus y penser, mais les premiers mots qui passèrent ses lèvres furent : « Sympa le nouveau tatouage Flint. Un cadeau de ton papa ? » Elle ne savait même pas pourquoi elle lui parlait de son père, pas comme si elle avait jamais eu une assez longue discussion avec le type pour savoir quels rapports il avait avec son père. Non ?
MARS 2002 • Angelina se sentait assez satisfaite de son petit tour. Elle regarda les trois minettes s'enfoncer dans les locaux et, inspirant encore un peu dehors, referma la porte. Elle chantonna même un peu en se frayant un chemin vers le centre de la fête, se dandinant un peu en attrapant une nouvelle coupe et quelques petits fours. Elle n'eu pas à attendre longtemps pour que le remplaçant de l'équipe revienne lui parler. Adams, si elle s'en souvenait bien ? Il était mignon, Adams, même s'il était moins bon joueur que Flint (et comme cette idée lui écorchait l'esprit), il était clairement moins con. Et plus drôle. Surtout que les coupes se vidaient de plus en plus, qu'elle riait de plus en plus facilement, et qu'après tout, si Henry avait décidé de ne pas se pointer, était-ce véritablement une raison pour se priver ? Elle allait regretter de ne pas assister en direct à la réunion entre Flint et ses fans mais, après tout... Adams lui parlait, visiblement, mais elle ne l'écoutait qu'à moitié, sondant la pièce non pas pour sa victime, mais bien pour son bourreau. Où était Katie ? Sirotant toujours son verre pour se donner uen contenance, elle manqua de s'étouffer en la voyant dans un coin, touchant négligemment le bras d'un homme qu'Angelina ne reconnu pas. Il était, certes, attirant, mais méritait-il vraiment Katie ? Toussant pour retrouver l'usage de ses poumons, elle sentit Adams lui mettre une main dans le dos pour l'aider, visiblement relativement inquiet. Angelina, elle, se remémorait qu'elle avait promis à Katie de ne pas lui parler de la soirée. Qu'il fallait qu'elle se fasse d'autres amis ? Ah oui ? Qui se faisait d'autres amis actuellement, hm ? Et bien Angelina aussi, elle en était parfaitement capable ! Piqué au vif dans sa jalousie et dans sa fierté, elle se pencha sur Adams pour lui murmurer : « Il y a trop de bruit ici pour parler tranquillement, rejoins-moi dans dix minutes dans les cuisines. » Angelina la Frigide allait apprendre à Miss Bell ce qu'il se passait lorsqu'elle voulait se détendre.
Le cœur battant, tremblante de quelque chose qui ressemblait à de la colère mais qu'elle essayait d'endiguer, Angelina fit irruption dans les cuisines, désertes. Sans réfléchir, elle se précipita vers les bouteilles restantes. Elle avait besoin d'alcool pour faire ce qu'elle comptait faire et elle n'avait définitivement pas assez bu pour pouvoir oublier cette soirée de merde. Même le visage déconfit de Flint ne saurait la réjouir actuellement. « Toi ! » La vie, cependant, adorait lui jouer des tours, et elle ne pu s'empêcher de sourire en voyant débouler Marcus dans la pièce, furieux. Il avait du recevoir son cadeau. Elle voulu lui lancer une question narquoise, mais tout à coup, il se jeta à ses pieds. Elle recula d'un pas, yeux ronds, avant de comprendre qu'il se... cachait. « Dis-leur que j'suis parti. » Oh vraiment ? Elle était au bord de l'hilarité. Pourquoi l'aiderait-il alors que c'était elle qui les avait fait rentrer ? « Oh bordel, j’t’en prie Johnson, dis-leur que j’suis parti ! J’ferai tout c’que tu vou- » La porte s'ouvrit sur les fans et pourtant Angelina garda un instant les yeux fixés sur ceux de Flint. Elle ne l'avait jamais vu supplier qui que ce soit. Elle n'aurait pas pensé ça possible. Une voix, lointaine, essaya de lui rappeler comment Katie lui avait dit que Flint était moins con. Elle fut vite évincée, alors qu'elle redressait les yeux vers ses invitées, à qui elle offrit un large sourire. « Bah alors les filles, vous êtes perdues ? » Elles étaient essoufflées. C'était ridicule. « Heu... on cherche Marcus Flint ? Tu l'aurais pas vu passer par hasard ? » Angelina était bien trop amusée et bien trop alcoolisée pour laisser échapper quelque chose d'aussi drôle, aussi vite. « Flint ? Pourquoi vous le cherchez dans les cuisines ? » Elles se lancèrent un regard un peu intrigué, visiblement troublées la question, pendant que, tranquillement, Angelina glissait la bouteille et le tire bouchon à Flint à ses pieds. « Oh bah on l'a vu courir par ici du coup... » Angelina leva un sourcil étonné, la bouche en cœur de surprise. « Courir ? Pourquoi il aurait couru dans les cuisines ? Vers les toilettes, je veux bien, il a une petite vessie mais... » Elle rigola un peu, mais fut la seule à rire. Bizarrement. « Qu'est-ce que... on le suivait et... tu... Tu l'as vu oui ou non ? » Malgré sa main tendue sous le plan de travail, sa bouteille ne revenait pas dans sa main, au grand désespoir d'Angelina... qui lança donc un coup de pied à l'aveugle dans le corps recroquevillé à ses pieds. Quelques secondes plus tard, elle sentit le contact du verre dans sa main. Merci Flint. Elle porta la bouteille à ses lèvres, en prenant quelques gorgées satisfaites, avant d'envoyer un large sourire aux filles : « J'l'ai pas vu, pas croisé, pas senti, mais vu tout le temps que vous avez passé ici, il doit être loin maintenant. » Les trois gamines virèrent au rouge de honte et de colère sous son rire presque hystérique. Elles quittèrent la salle en catastrophe, laissant Angelina reculer pour laisser remonter Flint, agitant le goulot de la bouteille dans sa direction. « Ta popularité te perdra Flint, je sais pas ce qu'elles te voulaient mais- » Elle s'arrêta, en entendant la voix d'Adams dans le couloir, qui avait du croiser les filles, qui avait du se faire bousculer, et qui s'engueulaient maintenant.
Il allait arriver. Comme prévu. Avec les attentes prévues. Mais merde, Angelina, qu'est-ce qu'elle avait encore foutu ? Son rire fut coupé net, et elle eu même un hoquet de surprise. Elle en voulait pas d'Adams. Elle ne voulait pas... « Putain putain putain. » Les pas s'approchèrent et dans un souffle, elle lança à Flint : « Je ne suis pas là. Ok ? » Et elle lui lança un regard noir, lui laissa la bouteille, et se planqua à son tour sous le plan de travail. Bon, pour le coup, c'était elle qui était à sa merci. |
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PRISONERS • bloodstains on the carpet Marcus Flint | angelina johnson So I took you to the city for the night To dance under dizzy silver lights But for a moment, you were wild With abandon like a child, just a moment. But wasn't it you who said I was not free And wasn't it you who said I needed peace And now it's you who's floored by fear of it all. And it's alright Take it out on meAOUT 2003 • Johnson vient de tuer deux gars sous ses yeux et ce n’est pas qu’il ne la pensait pas capable de s’en prendre à des Rafleurs pour sauver sa propre vie, il sait qu’elle est plus maligne que ça et que si elle doit se défendre, elle le fera. Ce qui le perturbe, c’est la colère froide sur son visage, la lueur glacée dans son regard. Il ne pensait pas voir un jour quelqu’un comme Angelina Johnson abattre deux hommes en braquant sur eux un tel regard. Comme s’ils n’étaient rien. Peut-être que c’est sa façon à elle de gérer le fait qu’elle met fin à des vies, innocentes ou non là n’est pas la question, tuer reste un acte qui marque. Ça fait courir un frisson peu agréable le long de la colonne vertébrale de Marcus, de la voir comme ça. « Alors Flint, on s'est perdu ? » lance-t-elle en même temps qu’un sortilège qu’il parvient à parer sans trop de mal. Il ne répond pas, concentré sur les autres sorts qu’elle continue de lui envoyer et qui deviennent de plus en plus difficiles à contrecarrer. Il manque de souplesse, il manque de rapidité, il n’a jamais été particulièrement brillant en duel, mais c’est encore plus compliqué quand on a des difficultés à maintenir un jeu de jambes efficace. « En tout cas c'est pas avec ses petites jambes là que tu vas m'échapper ? » Il se fatigue trop facilement et surtout, il n’a aucune envie de se battre contre Johnson. « Arrête de-- » Il pare un autre sort. « Putain, Johnson, tu-- » Encore un. Il recule, il recule parce qu’il ne fait qu’éviter ses sortilèges, ne cherche pas à répliquer. « Et ne pense même pas à transplaner, tu seras mort avant même d'avoir réussi à te remémorer ton adresse. » Mort ? Parce qu’elle compte vraiment le tuer comme ça, sans une once d’hésitation ? Ce n’est… pas ce à quoi il s’attendait, pour être honnête. Marcus lâche un autre juron en réalisant qu’il est acculé contre un arbre. Il ne peut pas continuer comme ça, elle va finir par percer sa défense et l’atteindre. Il faut qu’il l’arrête, l’empêche de continuer à lancer des sortilèges, sinon elle va l’avoir. Soudain, elle s’arrête, ça ne dure que quelques secondes, mais c’est suffisant pour qu’il lance un Expelliarmus. La baguette quitte les mains d’Angelina et vient aussitôt s’enfermer entre ses doigts. Là, « Sympa le nouveau tatouage Flint. Un cadeau de ton papa ? » Marcus baisse les yeux sur son avant-bras, où la Marque dépasse de ses manches relevées. Aussitôt, il grimace et détourne le regard, pour le poser sur Angelina. « Oh oui, et tu sais bien à quel point ça m’enchante, » crache-t-il en levant les yeux au ciel. Ils ont eu cette conversation, complètement pleins sur un toit il y a quoi ? Un an ?
Marcus soupire et pince les lèvres. Il est seul et si l’autre s’est tiré, il ne doute pas qu’il ne va pas tarder à revenir. Et si c’est facile de ramener au Ministère des gens qu’il ne connaît pas histoire de ne pas trop se faire gueuler dessus, ça l’est beaucoup moins quand il s’agit de personnes qu’il connaît depuis Poudlard. De personnes qui, s’il ose aller jusque-là, il apprécie, même. Il y a cette petite voix qui lui rappelle ce qu’est Johnson. Avec qui elle est. Il s’est juré d’arrêter les Insurgés, pour ce qu’ils ont fait en mai, pour ce qu’ils lui ont fait. Mais il ne voit pas Angelina faire un truc pareil, elle n’irait pas jusqu’à faire exploser un hôpital, elle ne peut pas en être arrivée à ce point.
Il ne pensait pas non plus que Douglas serait un jour capable de faire un truc pareil.
Mais c’est différent, pas vrai ? Douglas est un loup-garou il paraît, c’est ce qu’il a entendu dire, c’est probablement ça qui lui a fait péter un plomb, le gars qu’il a connu à Poudlard aurait pas fait sauter un hôpital.
Et la Angelina de Poudlard n’aurait pas tué deux types sans sourciller.
Marcus plonge son regard dans le sien et lentement, articule : « Dis-moi que t’étais pas à Ste Mangouste et j’me tire. » Et il le pense, il le pense réellement.
Mais si elle y était… si elle y était…
MARS 2002 • D’accord, il n’est absolument pas en position d’exiger quoi que ce soit de Johnson, même si c’est elle qui a permis aux trois hystériques d’entrer, ça ne vaut pas tellement toutes les saloperies qu’il a pu lui faire quand ils étaient encore à Poudlard, alors… C’est pour ça qu’il s’abaisse à supplier un peu. Il espère qu’elle soit un peu Serpentard, ne serait-ce qu’un tout petit peu, et qu’elle décide de saisir l’opportunité de pouvoir lui demander n’importe quoi, parce qu’il ne peut compter que sur ça. « Bah alors les filles, vous êtes perdues ? » demande-t-elle aux gonzesses qui sont entrées et Marcus continue de lui lancer ce regard suppliant. « Heu... on cherche Marcus Flint ? Tu l'aurais pas vu passer par hasard ? » Sois cool Johnson, par pitié sois cool. « Flint ? Pourquoi vous le cherchez dans les cuisines ? » Mais bordel elle peut pas juste leur dire qu’elle l’a pas vu ? Qu’il s’est tiré ? N’importe quoi pour qu’elles se tirent ! Quand elle lui passe la bouteille et le tire-bouchon, Marcus s’en empare sans se poser de questions, mais il sort la baguette et lance un sort qu’il connaît bien pour avoir vu Greg l’utiliser de nombreuses fois. Le bouchon se volatilise sans un bruit, si Gargoyle s’en sert pour déboucher ses alcools sans se fatiguer, lui vise plus la discrétion. « Oh bah on l'a vu courir par ici du coup... » Il a très envie de boire une grande rasade, mais il doute qu’Angelina apprécie alors il se contente de serrer les dents et de prier pour qu’elle ne décide pas de le balancer. « Courir ? Pourquoi il aurait couru dans les cuisines ? Vers les toilettes, je veux bien, il a une petite vessie mais... » Oh bon sang mais elle peut pas juste les envoyer chier ? « Qu'est-ce que... on le suivait et... tu... Tu l'as vu oui ou non ? » Elle tend la main, probablement pour récupérer la bouteille et Marcus la garde, sa façon de dire silencieusement FAIS LES PARTIR ET JE TE LA DONNE BORDEL mais le coup de pied manque de lui tirer un grognement sonore qu’il contient de justesse, alors il lui fourre la bouteille dans la main. « J'l'ai pas vu, pas croisé, pas senti, mais vu tout le temps que vous avez passé ici, il doit être loin maintenant. » En revanche, le soupir de soulagement, il n’arrive pas à le retenir. Il les entend clairement se précipiter hors de la cuisine, la porte claquant derrière elle et se relève d’un bond.
« Ça devait te prendre tout ce temps ? » siffle-t-il entre ses dents. Ok, faut qu’il apprenne à dire merci plus efficacement. « Ta popularité te perdra Flint, je sais pas ce qu'elles te voulaient mais- » Elle s’interrompt aussitôt et Marcus fronce un peu les sourcils, tend l’oreille. Ah. Oh. Elle a l’air vachement déstabilisée tout à coup et il ne peut pas nier que ça l’amuse beaucoup de la voir dans le même état que lui un peu plus tôt. « Putain putain putain. » Le regard noir de la jeune femme lui tire un ricanement, c’est plus fort que lui. « Je ne suis pas là. Ok ? » Il attrape la bouteille et du coin de l’œil, la regarde se cacher exactement comme lui. Il porte la bouteille à ses lèvres et en descend quelques gorgées, lorsque Adams entre dans la cuisine, avec son grand sourire de benêt aux lèvres. Il a l’air surpris de le voir là, et son sourire disparaît. « Yo Marc. » Il déteste quand Adams se permet de l’appeler comme ça. « T’aurais pas vu Angie ? » Marcus détache la bouteille de ses lèvres et arque un sourcil. « Oh c’est Angie maintenant ? » susurre-t-il avec un sourire en coin. L’autre tanche prend un air supérieur qui lui donne très envie de lui en mettre une. « J’t’avais dit que j’avais toutes mes chances, elle m’a dit de la retrouver ici, » annonce-t-il et Marcus est un peu surpris à ça. Adams invente ? Non, elle était là, après tout. Alors quoi, elle a changé d’avis, finalement ? Enfin, c’est pas ses affaires. Il hausse les épaules. « De toute évidence, elle n’est pas là, » lance-t-il d’un air détaché. Adams fronce les sourcils. « Les trois filles dans l’couloir m’ont dit qu’elle était là, t’es sûr de pas l’avoir croisée ? » insiste-t-il. « Maintenant que tu l’dis, j’crois l’avoir vue filer en direction des toilettes. Elle avait pas l’air en forme, trop de champagne peut-être ? » Il fait mine de grimacer. « Tu devrais aller voir si Angie a besoin qu’on lui tienne les cheveux pendant qu’elle vomit. » Cette fois, c’est Adams qui a l’air dégoûté et qui semble hésiter tout à coup. « Ouais, je—je vais faire ça. » Marcus lui adresse un large sourire. « Embrasse-la pour moi ! » chantonne-t-il gaiement en levant la bouteille en guise de salut, tandis que son coéquipier sort de la cuisine.
Il s’écarte pour laisser Johnson se redresser et va pour lui tendre la bouteille, avant de se raviser. « Quoi que, t’en as probablement assez eu pour ce soir, » fait-il en plissant le nez. « Adams, sérieux ? J’lui ai dit qu’il avait aucune chance, me fais pas un coup pareil ! Faut que t’arrête les bulles, Johnson. » Il pose la bouteille de champagne sur le plan de travail et semble réfléchir. « Ok, j’t’en dois une, laisse-moi t’proposer autre chose à boire et un endroit plus sympa pour le faire, » lance-t-il brusquement. |
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| Marcus So I took you to the city for the night To dance under dizzy silver lights But for a moment, you were wild With abandon like a child, just a moment. But wasn't it you who said I was not free And wasn't it you who said I needed peace And now it's you who's floored by fear of it all. And it's alright Take it out on meAOUT 2003 • Rocket n'était pas censée apprécier Flint. Elle n'était même pas censée le considérer comme quelqu'un digne d'estime. Elle n'était pas censée s'étonner qu'il soit mangemort. C'était un membre de l'Elite, un sang pur, un fils de riche. Un Serpentard. Une brute. Depuis l'enfance, elle avait haï toute sa caste et, avec Turner, elle avait fait passer un sale quart d'heure à nombre d'entre eux. Elle continuait, à ce jour, à le faire. Elle avait juste des moyens un peu plus élevés. Cependant, doucement, alors qu'elle se confrontait à l'intensité du regard du mangemort, elle sentit quelques souvenirs rejaillir. Elle se souvint d'une soirée, une de ces multiples soirées qu'elle avait passé complètement torchée. A l'époque elle n'arrivait jamais à rester sobre dans ce genre d'endroit, trop coupable de s'amuser sûrement, cherchant à oublier qu'elle ne devait pas être là, qu'elle n'avait pas le droit d'être heureuse et que sa place était avec les autres, dans les ombres, à se battre pour leur liberté. Et elle se souvint qu'elle avait,effectivement, croisé et parlé à Flint à au moins une d'entre elle. De quoi, exactement, avaient-ils parlé ? Elle se souvenait d'avoir bien ri. A ses dépends, ou avec lui ? Etait-ce pour cela qu'il la regardait avec autant de choc ? Etait-ce pour cela qu'elle était persuadée, au plus profond d'elle-même, qu'il ne devait pas être mangemort ? « Oh oui, et tu sais bien à quel point ça m'enchante. » Elle aurait voulu lever les yeux au ciel avec lui, mais elle ne pouvait pas détacher son regard de son visage, gardant toujours les deux baguette en vue, attendant juste un moment de faiblesse de sa part pour bondir en avant et reprendre le dessus. Et comment ça, elle savait bien ? Elle déglutit, soudain mal à l'aise, cherchant désespérément dans ses souvenirs le moindre indice de ce qu'il avait pu se passer avec Flint. Elle aurait du le tuer en premier.
Cette conviction se rafermit alors qu'elle sentit le regard sombre du sang pur se fixer enfin sur elle. Il avait l'air, jusque là, assez faible et paniqué. A présent, elle pouvait sentir dans ses yeux le même genre de froide conviction qui lui était devenue si familière. « Dis-moi que t’étais pas à Ste Mangouste et j’me tire. » Sa première réaction fut un sourire, un sourire amusé, narquois. Comme si elle voulait qu'il se tire. Non, non, elle avait encore quelques minutes à le faire tenir avant que Doxy ne vienne lui régler son compte. Même si elle n'avait plus sa baguette, au pire, elle se sentait capable d'éviter quelques sorts pour lui foncer dessus et le désarmer manuellement. Elle ne comptait pas le laisser partir. Sa deuxième réaction fut une pointe d'exaspération, parce qu'elle en avait marre qu'on lui mette toujours Ste Mangouste à la figure. Oui, elle avait fait sauter un hôpital. Un hôpital qui faisait des expériences sur des Vélanes, et surtout, durant une cérémone où Voldemort était. L'objectif n'avait pas été de tuer des enfants. Elle avait cependant compté avec satisfaction mais sans joie les morts dans l'Elite. Elle avait été fière de savoir que Rabastan Lestrange avait mis au moins une semaine à s'en remettre. Cette explosion avait été un moindre mal pour un plus grand bien, et elle n'en pouvait plus qu'on la traite de barbare pour cela. Et maintenant, un mangemort se permettait de lui faire une leçon de morale ? Sa dernière réaction, fut un froncement de sourcil et une étrange inquiétude commençant à lui glacer la colonne vertébrale. Quelque chose lui disait que ce genre de phrase n'était pas le genre de Flint. Il n'était pas censé lui parler comme ça, la menacer ainsi et la fixer de cette façon. Quelque chose clochait, sans qu'elle sache quoi. Sa copine était morte dans l'explosion ou quoi? Elle réalisa, enfin, qu'elle était restée silencieuse assez longtemps, à le fixer, à ne pas savoir répondre. Elle se demandait s'il pouvait sentir son hésitation et ses doutes, ou si son masque de froide colère trônait encore fièrement sur son visage sévère. Elle n'arrivait plus à exprimer quand chose dernièrement, et elle devait parfois forcer ses traits pour s'arracher un sourire. Elle se demandait, parfois, jusqu'où elle irait, ainsi, à devenir de moins en moins humaine chaque jour. « Mais c'est quoi cette question de merde... » arriva-t-elle à cracher, cherchant à raffermir sa position de puissance, son absence d'hésitation. « Qu'est-ce que ça peut te faire, si j'y étais ou non ? Si je n'y étais pas, on va tout à coup s'entendre de nouveau et aller se boire un verre ? » Elle aboyait presque, et avec une hargne qu'elle n'attendait pas d'elle-même. Quelque chose en elle ne voulait pas lui dire. Elle ne savait pas si c'était de fierté ou de honte. Comme toujours devant ce genre de problème, elle décida de foncer droit devant pour faire comme si tout était bien plus simple qu'il n'y paraissait. « J'y étais. » Doxy allait la buter s'il apprenait qu'elle lâchait ce genre d'infos au premier venu. « Et toi ? » Parce qu'elle pouvait se mentir autant qu'elle voulait, il n'y avait pas beaucoup de façons de se détruire le corps aussi profondément que Flint.
MARS 2002 • Angelina n'était pas censée apprécier Flint. C'était juste un pauvre con qui avait bizuté tout ce qu'il avait pu à Poudlard, et qui avait de nombreuses fois abusé de sa jeunesse et de son inexpérience pour bien la bousculer durant les matchs. Elle avait de nombreuses fois souhaité sa mort, et la souhaiterait sûrement encore beaucoup. Cependant, ce soir-là, sous ce plan de travail, à remonter les genoux pour ne pas dépasser, à fixer le grand dadais, elle espéra plus que jamais que ce soit un mec bien. Voire même, quelqu'un de mieux qu'elle. Elle sentait bien, depuis quelques années, qu'elle devenait de plus en plus comme les personnes qu'elle avait tant haï durant sa scolarité. Elle était mesquine, hargneuse et toujours, toujours en colère. C'était toujours plus simple d'être en colère contre le monde lorsque rien ne marchait et qu'on n'était pas censé être là. Elle n'était pas censée être là, en robe rose, à boire du champagne, avec des stars. Elle devait galérer dans la boue pour défaire Voldemort. Et pourtant, elle restait là. « Yo Marc. » Elle ne comprit d'abord pas de qui il parlait, avant de réaliser que Marc, c'était Flint. Aussitôt, elle se plaqua la main sur la bouche pour ne pas s'étrangler dans un rire. « T'aurais pas vu Angie ? » Cette phrase-là, par contre, lui arracha une grimace, tout en coupant Flint dans sa descente de champagne (comment osait-il lui piquer sa bouteille?). « Oh c'est Angie maintenant ? » Elle ne l'aurait pas mieux dit... Si Flint l'appelait encore Johnson, ce n'était pas pour qu'un semi-inconnu et un coup d'un soir l'appelle de la même façon que Katie. Cette simple idée lui donnait des envies de violence. « J’t’avais dit que j’avais toutes mes chances, elle m’a dit de la retrouver ici, » Non mais pourquoi ne pas lui donner la couleur de son soutif aussi ? Pas qu'elle lui aurait soufflé, poussée par les influences de l'alcool mais... si ? Elle grimaça de nouveau, encaissant au passage la surprise apparente de Flint. Si Adams se mettait à raconter ce genre de truc à Flint, il allait falloir qu'elle le tienne bien loin de Katie... Elle ne voulait vraiment pas que cela remonte aux oreilles de son amie, même si cela n'aurait sûrement fit ni chaud ni froid à celle-ci. Pire, elle aurait pu la féliciter. Elle ne voulait pas du soutien de Katie. Pendant ce temps, les deux autres se crêpaient le chignon pour savoir si elle était là ou non. Et Flint était beaucoup moins mesquin qu'elle dans cette tache. Il était même carrément efficace. Il arrivait à la faire se sentir coupable d'avoir été aussi sadique avec les autres débiles. Elle songeait même à lui présenter ses excuses lorsqu'elle entendit un « Tu devrais aller voir si Angie a besoin qu’on lui tienne les cheveux pendant qu’elle vomit. » qui lui arracha presque une exclamation d'indignation. Sans réfléchir aux conséquences de ses actes, elle donna un rapide coup de talon dans le pied de Flint en face d'elle. Non mais oh. « Ouais, je—je vais faire ça. » Au moins cela semblait être efficace, et elle manqua de nouveau de s'étouffer dans son rire en entendant son sauveur (erk) lui lancer avec un grand sourire : « Embrasse-la pour moi ! » Plutôt rouler un patin au crapaud de Longbottom.
Finalement, elle sentit la porte se refermer et Marcus s'écarter, la laissant se relever face à lui, mi-hilare mi-énervée. « Tu t'es senti obligé de me présenter sous mon meilleur jour hein ? » lança-t-elle, narquoise, tendant déjà la main pour récupérer sa bouteille... qui lui fut soudain refusée. « Quoi que, t’en as probablement assez eu pour ce soir, » Elle ouvrit une bouche offusquée. « Hey ! » Il pouvait parler, il puait la bière jusqu'ici ! Avec ses talons, elle était exactement à sa hauteur, et leurs regards pouvaient se confronter sans qu'aucun d'entre eux n'aie à baisser le regard, cette fois. « Adams, sérieux ? J’lui ai dit qu’il avait aucune chance, me fais pas un coup pareil ! Faut que t’arrête les bulles, Johnson » Elle se sentit de nouveau rire, secouant la tête d'un air atterré, non mais il se prenait pour qui ? « Mais qu'est-ce que ça peut te faire Flint ? C'est un remplaçant pour les Falcons, pas moche, et je suis sûre que ses dents sont vraies, moi je me trouve plutôt bien lotie. Il y avait clairement pire, crois-moi. » Elle eu un mouvement de la main évasif, beaucoup plus expressive avec l'effet de l'alcool qui continuait de monter. « Et ma consommation de bulles se porte très bien merci... » Elle essaya de récupérer sa bouteille, sans succès, mais sans véritablement insister. Elle se demanda, distraitement, si elle arriverait à battre Flint... ils étaient tous les deux bien amochés... bon elle avait ses talons mais elle pouvait toujours s'en servir comme arme... Elle réfléchissait vraiment à l'idée de lui sauter dessus pour lui prendre la bouteille de force lorsqu'il l'étonna. Il faisait cela un peu trop dernièrement. « Ok, j’t’en dois une, laisse-moi t’proposer autre chose à boire et un endroit plus sympa pour le faire. »
Amusée, elle haussa un sourcil intrigué, se laissant même aller à un sourire intéressé. « Oh oh, c'est que Monsieur Flint est un grand seigneur. » Ce n'était pas normal, qu'il soit gentil. C'était sûrement l'alcool. Cela devait aussi être l'alcool qui la faisait considérer véritablement la question. Il fallait qu'elle se rende à l'évidence : elle ne voulait pas retourner à cette foutue fête. Par deux fois, elle l'avait fui. Elle le referai. Parce qu'elle ne voulait pas regarder Katie pendue au bras d'un autre de l'autre côté de la pièce, ou regarder toute cette jeunesse dorée se la coller, et elle avec, pendant qu'Alicia vivait l'enfer. Elle voulait juste être ailleurs, et jusque là elle aurait pu se contenter d'Adams mais là... Là, elle était curieuse de ce que Flint avait à lui offrir. A quel point un connard pareil pouvait-il devenir supportable ? « J'pense que tu sais qu'à la moindre entourloupe t'auras plus jamais d'enfant, alors j'pense qu'on a un deal. » Elle le défia du regard de la contredire avant de commencer à vourir placards et frigos autour d'elle. « Par contre si on doit se faire la malle, on l'fait pas les mains vides. » D'une main, elle attrapa un paquet de gâteaux apéros, puis une assiette de ce qui semblait être des mini-pizza puis des... trucs... avec du... poisson cru et du riz ? Oh bah, pourquoi pas, elle trainait bien avec Flint, elle n'était plus à ça prêt niveau expérience absurde non ? Les bras chargés, abandonnant tout ce qu'elle avait pu garder de cette allure de jeune fêtarde de haut rang pour récupérer ses vieilles habitudes de sportive fêtant une victoire dans l'alcool et le gras avec ses potes. « Bon du coup, c'est quoi ton plan ? Avant qu'une bande de journalistes ne débarque et qu'on finisse tous les deux sous la table. » |
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PRISONERS • bloodstains on the carpet Marcus Flint | angelina johnson So I took you to the city for the night To dance under dizzy silver lights But for a moment, you were wild With abandon like a child, just a moment. But wasn't it you who said I was not free And wasn't it you who said I needed peace And now it's you who's floored by fear of it all. And it's alright Take it out on meAOUT 2003 • Quand elle affiche ce sourire narquois à sa question, Marcus sent ses entrailles se tordre et sa gorge se nouer. Elle sait forcément ce qui s’est passé, elle ne peut pas réagir comme ça alors que des gens sont morts là-bas. Alors il y avait probablement des Mangemorts, Marcus n’en doute pas, mais il y avait surtout des civils qui n’avaient rien demandé, des gens qui depuis le début, ne prennent le parti de personne, des gens terrifiés. Il y avait probablement tout un tas de gosses aussi, des gens malades, blessés. Il n’a jamais voulu lire le bilan des morts et blessés, après tout il a tout fait pour laisser ça derrière lui, mais il sait qu’ils sont nombreux. Il sait qu’il n’y a pas que lui, que la vie a été ruinée après ces attentats. Alors elle ne peut pas sourire ainsi, comme si ce n’était rien. La Angelina Johnson dont il se souvient n’aurait jamais réagi avec aussi peu d’humanité face à un tel carnage. Alors par Merlin, qui se tient réellement devant lui ? Les gens changent, il le sait ça, mais peut-elle réellement avoir changé à ce point ? Elle est censée être du côté des héros, non ? « Mais c'est quoi cette question de merde... » Marcus resserre sa prise sur sa baguette et continue de la fixer d’un air sombre. Qu’elle réponde à la question, qu’elle y réponde tout de suite et qu’ils en finissent. « Qu'est-ce que ça peut te faire, si j'y étais ou non ? Si je n'y étais pas, on va tout à coup s'entendre de nouveau et aller se boire un verre ? » Si elle n’y était pas, il lui rend sa baguette et il s’en va. Ce n’est quand même pas compliqué, il vient de lui dire. Si elle n’a pas pris part aux attentats, alors elle repart de son côté, lui du sien, et il espère ne plus jamais la croiser tant qu’elle aura cette hargne dans le regard et lui cette maudite marque sur l’avant-bras. Si elle n’y était pas, alors il peut être content de l’avoir croisée et d’avoir vu qu’elle était toujours en vie. Si elle n’y était pas, il peut même lui conseiller d’emmener ses potes très loin d’ici parce que ces bois sont en train d’être quadrillés par des patrouilles de rafleurs et il n’aucune envie que Johnson se fasse prendre.
Si elle y était en revanche…
« J’y étais, » lâche-t-elle alors et Marcus est presque reconnaissant d’avoir cet arbre juste dans son dos, qui l’empêche probablement de vaciller. Il s’est juré de tuer tous ceux qui ont pris part aux attentats. De les tuer lentement, de les faire souffrir pour ce qu’il a enduré lui par leur faute. La décision n’a pas été difficile à prendre et il ne la regrette pas aujourd’hui. Il rêve de croiser Douglas pour lui faire payer. Mais Marcus ne s’attendait pas à tomber sur Angelina Johnson. Il ne s’attendait pas à l’avoir un jour au bout de sa baguette et l’entendre dire clairement qu’elle est la raison pour laquelle sa vie est ruinée. Que c’est à cause d’elle qu’il a cette marque sur l’avant-bras et qu’il sert des personnes qu’il méprise. Et elle le sait. Elle sait à quel point il les méprise tous parce qu’il a été suffisamment stupide pour tout lui raconter ce soir-là. Parce qu’il avait si bu qu’il en a oublié qu’il devait garder tout ça pour lui, parce qu’en parler était trop dangereux. Elle sait qu’il n’a jamais voulu être un Mangemort, qu’il n’a jamais voulu être un tueur.
Mais c’est ce qu’il est devenu, parce qu’elle y était.
Il s’est juré de les massacrer et le voilà qui pointe sa baguette sur elle d’une main tremblante, le regard vide et la gorge serrée par un haut-le-cœur. « Et toi ? » Il pourrait rire, s’il n’était pas aussi choqué. Au lieu de ça, il cligne des yeux plusieurs fois et fixe son regard sur Angelina. Et il a l’air complètement déchiré, en cet instant. Parce qu’il ne sait pas s’il veut hurler sa haine et réduire son beau visage en bouillie, ou s’il veut pleurer et lui demander comment elle a pu faire une chose pareille. Il se sent trahi, Merlin pourquoi se sent-il trahi par Johnson ? Ils ont peut-être partagé plus qu’ils n’avaient prévu ce soir-là mais ils ne sont pas pour autant devenu amis.
Peut-être parce qu’il a toujours eu beaucoup d’estime pour elle, même avant ça. Peut-être parce qu’Angelina a toujours été quelqu’un pour lui.
Elle l’a bousillé. Elle l’a complètement, et s’il écoute les médicomages, irrémédiablement bousillé. Et elle ose se tenir devant lui avec le menton levé de celle qui assume ce qu’elle a fait, de celle qui n’en a pas honte. Il sait ce qu’il doit dire. Crucio, ou même un simple Avada s’il ne veut pas perdre son temps, s’il veut régler ça rapidement. Il n’est peut-être pas brillant en sortilèges mais ceux-là, il les connaît bien. Sa bouche s’ouvre, mais ce n’est pas une formule qui s’en échappe. Juste.
« Pourquoi ? »
MARS 2002 • « Mais qu'est-ce que ça peut te faire Flint ? C'est un remplaçant pour les Falcons, pas moche, et je suis sûre que ses dents sont vraies, moi je me trouve plutôt bien lotie. Il y avait clairement pire, crois-moi. » C’est devenu plus facile d’ignorer ce genre de piques avec le temps. Gamin ça le plongeait dans un désespoir terrible. Les remarques sur ses difficultés pour lire et sur son physique lui tiraient des larmes que seule sa mère parvenait à sécher avec ses paroles tendres et rassurantes. Adolescent, ça le plongeait dans une colère noire, terrifiante. Ça l’a transformé en brute pendant des années où il était devenu plus simple de chasser tout le monde, de faire peur aux gens. Parce qu’il était persuadé que s’ils le craignaient, alors ils n’oseraient pas se permettre de telles remarques. Ça lui a valu d’être bien seul, au final, mais il se disait que c’était mieux que d’être une victime. En vérité, il détestait tous ceux qui parvenaient à se faire accepter avec aisance et s’en prenait tout particulièrement à eux, parce qu’il était maladivement jaloux. Etre bon au Quidditch, se faire accepter dans une équipe qui se fichait pas mal de tout le reste tant qu’il faisait son boulot correctement, ça lui a ouvert une porte qu’il pensait avoir fermée pour toujours à Poudlard. Ça a pris du temps bien sûr, il ne s’est pas calmé du jour au lendemain et le coach des Falmouth Falcons s’est retrouvé obligé de lui remettre les idées en place plus d’une fois au début. Mais il n’est plus l’ado qui répliquait toujours avec ses poings parce qu’il ne savait pas comment se défendre autrement. Il n’est plus le jeune en colère qui bouffait les gens en pensant que ça le protégeait. Ça fait longtemps qu’il ne se vexe plus quand on lui fait une sale remarque, parce qu’avec le temps, il a appris qu’il valait quelque chose et que tant qu’il avait bien ça en tête, rien ne pourrait réellement l’atteindre. Alors oui, c’est devenu plus facile d’ignorer Johnson quand elle se permet de telles remarques. Surtout qu’il a parfaitement conscience qu’il n’a jamais rien fait pour qu’elle ne se sente pas attaquée dès qu’il ouvre la bouche. Grandir et mûrir un peu, ça permet aussi de bien se rendre compte quand on a été un vrai con et par Salazar, ce qu’il a pu l’être avec elle. Il ne s’excusera jamais d’avoir été dur avec elle sur le terrain, même si elle avait quatre ans de moins. Parce que le Quidditch est un sport violent et si elle avait été mauvaise sur un balai, il ne lui aurait jamais accordé le moindre regard. Mais Johnson était douée, elle était plus jeune que lui et déjà, elle volait avec aisance et s’accordait bien avec le reste de son équipe sans efforts apparents. Ça l’avait mis en colère mais surtout, ça l’avait poussé à tout faire pour lui mettre des bâtons dans les roues.
Il ne s’excusera jamais d’avoir pensé qu’Angelina était une menace sur le terrain, parce que Marcus estime que c’est probablement la plus grande marque de respect qu’il puisse accorder à quelqu’un. En revanche, il n’était pas obligé d’être un tel connard en-dehors des matchs, il peut le reconnaître à présent. Et ce n’est pas qu’il ressent un besoin pressant de faire dans la rédemption, ni de prouver quoi que ce soit à Johnson, mais il n’est tout simplement plus comme avant, alors il se dit qu’il ne risque rien en faisant un pas vers elle. « Oh oh, c'est que Monsieur Flint est un grand seigneur. » Il ricane à cela. Oh oui, c’est tout à fait lui. Il sent bien qu’elle est étonnée et intriguée par sa proposition, qui ne le serait pas ? Mais il n’a pas l’intention de l’emmener dans un coin tranquille pour l’assassiner, si c’est ce qu’elle se demande. « J'pense que tu sais qu'à la moindre entourloupe t'auras plus jamais d'enfant, alors j'pense qu'on a un deal. » Un nouveau rire. « J’en ai jamais douté, » répond-il, amusé. « Par contre si on doit se faire la malle, on l'fait pas les mains vides. » Bien évidemment. Il la regarde attraper tout ce dont elle arrive à se charger, principalement de la nourriture et hoche la tête avec approbation. Il se charge de fouiller à son tour les cuisines pour dégoter deux bouteilles d’un très bon vin et—oh, un whisky. Ça devrait faire l’affaire. Il coince une bouteille sous chaque bras, tient la dernière à la main et avec celle qui est libre, attrape un autre plat contenant de la nourriture.
On ne picole pas le ventre vide.
« Bon du coup, c'est quoi ton plan ? Avant qu'une bande de journalistes ne débarque et qu'on finisse tous les deux sous la table. » Marcus esquisse un sourire en coin. « Tu verras, » lâche-t-il joyeusement avant de se diriger vers la porte du fond de la cuisine. Il l’entrouvre et vérifie que personne n’est là, avant de faire signe à Johnson de sortir. Ensuite il l’entraîne silencieusement dans les couloirs avant d’arriver à l’ascenseur qu’il appelle d’un coup de coude un peu maladroit. « Après vous ! » fait-il avec une courbette ridicule. Une fois dedans, il répète l’opération. « T’en fais pas, on monte, j’t’emmène pas à la cave, » plaisante-t-il tandis que l’appareil se met en branle. Ils montent jusqu’au dernier étage où ils n’ont plus qu’à traverser quelques couloirs, ouvrir une porte, grimper des escaliers et se battre avec une dernière porte pour enfin se retrouver dehors, sur le toit. L’air bien frais de la nuit lui fait un bien fou et il attend qu’Angelina franchisse la porte pour la refermer d’un coup de talon. Ils sont encore en mars alors il est loin de faire chaud mais au moins, il ne pleut pas. Marcus s’approche du bord et se déleste de ses bouteilles avant de se tourner vers Johnson avec un sourire en coin. « Pas mal, non ? » fait-il en désignant la vue. En revanche, ses sourcils se froncent un peu quand il avise les bras nus de la jeune femme dans sa robe incroyablement rose. Il retire sa veste de costume qu’il lui jette – un peu pour vérifier si elle a toujours de bons réflexes d’ancienne poursuiveuse, oui, parfaitement. « Pas qu'la vue soit pas plaisante, mais attrape pas la mort, c’est moi qu’on accuserait, » lâche-t-il avant de s’asseoir sur le rebord du toit. Il attrape la bouteille de vin et la débouche d’un sort, avant de la tendre à Johnson. |
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| Marcus So I took you to the city for the night To dance under dizzy silver lights But for a moment, you were wild With abandon like a child, just a moment. But wasn't it you who said I was not free And wasn't it you who said I needed peace And now it's you who's floored by fear of it all. And it's alright Take it out on meAOUT 2003 • Il ne répondit pas à sa question. Elle resta là, en suspens, dans le vide, pendant qu'il semblait encaisser le coup. Et elle pouvait se mentir autour qu'elle voulait, la raison était évidente. Oui, il y était. Quelque chose, en elle, espéra stupidement que sa mère n'y avait pas été. C'était ridicule, parce qu'elle ne regrettait pas, elle ne regrettait en rien ce qu'elle avait fait. Elle n'en était pas spécialement fière, mais cela avait été nécessaire. Elle n'aimait pas tuer des innocents. Elle n'avait juste plus le luxe de s'en préoccuper. Pourtant, dans sa tête, tournoyait des questions. Pourquoi y était-il allé ? Avec qui ? Connaissait-il des morts ? Combien de temps était-il resté sous les décombres ? A quel point avait-il été blessé ? Etait-ce pour cela qu'il n'était plus sur le terrain ? Depuis qu'elle avait appris que Katie était avec Zach, elle évitait comme la peste toutes les chaînes sur le Quidditch, toutes les annonces, tous les scandales, de peur d'y entendre des nouvelles qu'elle ne saurait pas supporter. Rocket avait tiré un trait sur le Quidditch, un trait définitif, le jour où elle avait laissé son balais derrière elle en rejoignant les insurgés. Le Quidditch, c'était un truc d'Angelina, de celle qui riait à gorge déployée, celle qui était droite et fière, celle qui taquinait parfois un peu trop, celle qui ne pensait qu'à ça, ne vivait que par ça. Elle ne méritait plus le Quidditch. Et actuellement, elle espérait juste s'être assez informée pour savoir pourquoi il avait arrêté. Flint n'avait jamais été mauvais sur un balai. La seule chose à laquelle il n'avait pas été mauvais, ça avait toujours été de tenir sur ce foutu balai, quitte à en faire tomber d'autres. C'était étrange, de le voir dans cet état, de sentir qu'il avait mal. Elle préférerait qu'il lui crie dessus, qu'il essaye de la tuer, et qu'elle puisse l'achever sans un remord. C'était un mangemort. C'était l'ennemi. Elle n'avait rien à se reprocher.
« Pourquoi ? »
Elle voudrait en rire, de cette question, elle voudrait la lui cracher au visage et l'égorger avec. Elle resta cependant bloquée au creux de sa gorge. Elle en avait des milliards, des réponses à cette question. Elle avait expliqué un milliard de fois à quel point elle en avait marre de rester les bras croisés, qu'elle ferait tout pour mettre un terme à cette guerre. Des diatribes entières sur l'Elite, les mangemorts, la bourgeoisie, les riches, les cons, les civils, les lâches. Elle s'était toujours sentie dans son bon droit, en répondant ainsi à leurs questions. Sauf que Flint ne lui parlait pas de politique, il ne lui demandait pas pourquoi elle était insurgée, elle savait qu'il comprenait pourquoi elle l'était. Il demandait quelque chose, elle le savait, et elle haïssait comprendre aussi bien ce qu'il cherchait à savoir. Et elle détestait le fait qu'il mérite qu'elle lui explique pourquoi. « Parce que v- » Elle s'étrangla un instant, se heurtant au regard de Flint, réalisant qu'elle n'arriverait pas à finir cette phrase. « Parce qu'ils m'ont tout pris. Ils ont tué Fred et Georges, ils ont transformé Alicia en esclave, ils ont transformé Katie, ils ont... » Elle ne savait pas comment elle arrivait à dire leur nom avec calme. Elle n'arrivait pas à reconnaître cette femme qui pouvait expliquer tout ce qu'on lui avait pris avec cette froide résolution. Pourtant la fin de la phrase, évidente, ne venait pas. « Parce que ça fait longtemps que je ne joue plus. Je ne cherche plus à avoir raison. Je veux juste tuer leur Magister, et tous ceux qui le soutiennent, et tous ceux qui ne se dressent pas contre lui. » Et tous les autres, s'il le faut. Même cela, elle le disait avec cet étrange calme, ce détachement cruel, alors qu'elle lui expliquait sans sourciller que oui, elle le tuerait. Elle ne sait pas comment, mais elle le tuerait. Elle réalisa, brusquement, que ses mains tremblaient. Elle ne baissa pas les yeux pour les regarder, regard toujours figé sur lui et surtout sa baguette. Elle ne pouvait pas se permettre d'être émotive, elle ne pouvait pas se permettre de lui dire que-
« Putain Marcus ils ont- » Elle ne savait pas d'où venait ce prénom, pourquoi il venait si facilement, mais ce ne fut pas cela qui l'arrêta. Elle s'arrêta parce que quelque chose en elle refusait encore d'articuler les mots qu'elle devait lui dire, sinon il ne comprendrait pas. « ... Mon père. » Enfin, une émotion se trahit dans sa voix, quelque chose comme un sanglot d'enfant réprimé, ravalé, renfoncé au fin fond de la gorge jusqu'à ne jamais en sortir. « Ils ont eu mon père, durant l'exécution. » Elle détestait lui dire cela, elle détestait les mots qui coulaient, qui dévalaient de sa bouche et qui allaient trop loin. « Il est de leur côté, maintenant. » Il chantait des hymnes en l'honneur du Lord, pour tout ce qu'elle en savait. Pourtant cela, les gens le savaient, elle leur crachait, à la figure, la liste de leurs victimes, de toutes les personnes qu'on lui avait arraché, et qu'elle devait venger, mais ce n'était pas cela qui faisait que Rocket n'était plus rien.
« Et c'est de ma faute. » Parce que celle-là, de victime, ce n'était pas la leur. C'était la sienne.
MARS 2002 • Il ne répondit pas à sa question. Enfin si, il lui répondit, mais avec insupportable sourire en coin, avec la joie de l'enfant malicieux. « Tu verras. » C'était que Flint la Brute les optimisait, ses nouvelles dents. On aurait dit un gamin, à sourire autant, à la faire sourire autant. Elle lui emboîta le pas, intriguée et amusée, et affreusement lente à cause de sa robe trop étroite et de ses talons trop hauts. Elle haussa un sourcil à son « Après vous ! » définitivement trop aimable. Elle essaya de voir quel étage il demandait, mais vu arrêtée par son sourire toujours, toujours affreusement joyeux. Qu'est-ce qu'elle avait fait, pour le mettre d'humeur comme ça ? Ou alors, il avait juste l'alcool joyeux ? Oui, disons cela. « T’en fais pas, on monte, j’t’emmène pas à la cave, » rajouta-t-il, devinant définitivement un peu trop ses pensées. Elle ne pensait pas être si prévisible. « Dommage, je vais plus difficilement dissimuler son corps une fois que j'en aurai fini avec toi. » Ce qui lui arracha, encore, un rire, et quelques moqueries bien senties alors qu'ils montaient jusqu'au septième étage. Quoi ? Il avait une suite là-haut ou quoi ? Elle continua de le suivre, cependant, intriguée de le voir si à l'aise, comprenant qu'ils devaient sûrement fêter assez souvent leurs victoires ici. Est-ce qu'il s'échappait aussi souvent ? C'était quoi, le coin préféré du Flint pour se pinter la gueule ? Etait-elle entraînée dans son antre secrète, ou juste là où il les guidait toutes ? Wow, son esprit éméché allait clairement beaucoup trop vite.
Elle fut coupée dans ses questionnements sans queue ni tête par la dernière porte qui la propulsa, soudain, sur le toit. Angelina se précipita presque en avant, inspirant l'air frais, savourant son contact brusque sur ses joues, souriant comme une enfant d'être enfin dehors. Elle leva le nez vers le ciel un instant, profitant des rares étoiles qu'ils pouvaient apercevoir malgré les lumières de la ville. Il faisait peut-être froid, mais le ciel était si dégagé et le vent si doux, qu'elle ne s'en formalisa pas. C'était une merveilleuse idée. Elle avait l'impression d'être de retour au Stade. Bien entendu, il était hors de question de l'avouer à Flint, même si son sourire devait cependant la trahir. Encore un peu dans les nuages, elle le suivit jusqu'au bord du toit (pas un instant, elle n'avait imaginé se mettre ailleurs) pour se débarrasser de son fardeau. « Pas mal, non ? » Et si elle aurait voulu nier, l'alcool laisse trop déborder son enthousiasme dans un lumineux : « Parfait ! » Elle n'était pas censée faire des compliments, la Johnson. Surtout des compliments aux idées de Flint.
Elle sursauta, lorsqu'il lui lança soudain quelque chose. L'instinct prenant le dessus sur la méfiance, elle l'attrapa d'une main, découvrant avec un froncement de sourcil interrogateur sa veste. Qu'est-ce que- « Pas qu'la vue soit pas plaisante, mais attrape pas la mort, c’est moi qu’on accuserait. » Pardon ? Flint n'était pas censé être gentil. La preuve, il était incapable de dire gentiment qu'il faisait quelque chose de gentil. Il était censé être le mec qui l'avait poussée, bousculée, insultée, méprisée durant toute leur scolarité commune. Le mec trop grand, trop large, trop laid, qui en avait toujours beaucoup plus pris en conséquence. Combien de fois Fred s'était-il acharné sur lui parce que Flint s'était encore mis en tête de lui laisser un immense bleu sur le bras ? Elle ne comptait plus. Elle l'avait toujours haï, sans même réfléchir, par simple réflexe. Elle n'avait jamais voulu croire en sa reconversion subite. Elle s'était même dit, au début, qu'il cherchait juste à se taper Katie, que c'était pour ça qu'il était gentil avec elle, et elle l'avait encore plus haï pour cela. Pourtant, ce soir-là, il était différent, et c'était effrayant comme, soudain, avec cette veste, elle comprit ce qu'il était en train de faire. Il essayait de se faire pardonner. Il ne cherchait pas à la draguer, ni même à l'amadouer, il voulait... s'excuser. Elle le regardait, abasourdie, avec son air de s'en foutre à moitié et elle se voyait, elle-même, incapable de présenter ses excuses à qui que ce soit mais faisant toujours des pieds et des mains pour se faire pardonner, par des moyens détournés, comme si elle ne faisait pas exprès. Jusqu'à ce jour-là, elle n'avait jamais trouvé ce comportement attendrissant. « T'inquiète, je crois que personne ne peut se douter qu'on passe la soirée ensemble. »
Et avec cette piètre excuse pour un merci, elle s'assit à côté de lui, laissant pendre ses pieds dans le vide, savourant la vue tout en prenant la bouteille qu'on lui tendait, et en descendant une longue rasade. Ni l'un, ni l'autre, n'avait songé à prendre de verre. Elle lui renvoya la bouteille et commença à se servir des gâteaux apéro qu'elle avait posé à ses côtés. « Bon alors, Marcus, dis-moi tout, ça t'arrive souvent de sécher tes propres fêtes de victoire ? » Elle avait lâché son prénom d'un air goguenard, commençant doucement à se dire, en fausse gryffondor qu'elle était, qu'il cherchait effectivement à se faire pardonner, elle pouvait se permettre toutes les indiscrétions. Sur ces mots, elle commença à lancer une mini-pizza en l'air, la faisant atterrir dans sa bouche d'un agile mouvement du cou. « Moi j'ai des choses à fuir et on s'en fout, mais toi t'es payé pour être ici non ? » Elle rit tout en lançant une autre mini-pizza qui, d'un mouvement malencontreux, fini un peu plus en arrière que prévu et hop, Angelina se retrouva allongée au sol, pizza en bouche et gorge hilare. D'une impulsion des abdomens elle se redressa, jetant une œillades aux bouteilles toujours à côté de Marcus : « Allez renvoie les bulles, on est à une célébration, pas un enterrement. » |
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PRISONERS • bloodstains on the carpet Marcus Flint | angelina johnson So I took you to the city for the night To dance under dizzy silver lights But for a moment, you were wild With abandon like a child, just a moment. But wasn't it you who said I was not free And wasn't it you who said I needed peace And now it's you who's floored by fear of it all. And it's alright Take it out on meAOÛT 2003 • « Parce que v- » Elle ne finit pas sa phrase et elle fait bien. Elle fait bien de s’interrompre de justesse, avant de dire quelque chose qui finirait par pousser Marcus à se servir de sa baguette qu’il tient toujours pointée sur elle. Elle n’a pas le droit de l’accuser, de l’envelopper dans ce vous qu’elle a été à deux doigts de lâcher. Parce que sans Ste Mangouste, il n’aurait jamais eu cette marque sur l’avant-bras, sans les attentats, il se mêlerait toujours de ses affaires et ne serait pas dans cette forêt à chercher des traîtres pour les livrer au Ministère. Parce que sans Ste Mangouste, ils n’auraient pas à être ennemis. « Parce qu'ils m'ont tout pris. Ils ont tué Fred et Georges, ils ont transformé Alicia en esclave, ils ont transformé Katie, ils ont... » Les sourcils du jeune homme se froncent, alors qu’il se retient de lui cracher un et alors ? au visage. Ce n’est pas pour minimiser sa peine, pour prétendre que tout ceci n’est rien, mais ça ne justifie pas d’avoir fait exploser un hôpital qui contenait plus de civils et d’innocents que ces ils à qui elle en veut autant. « Parce que ça fait longtemps que je ne joue plus. Je ne cherche plus à avoir raison. Je veux juste tuer leur Magister, et tous ceux qui le soutiennent, et tous ceux qui ne se dressent pas contre lui. » Alors c’est ce qu’elle est devenue ? Quelqu’un qui tue sans réfléchir, qui n’éprouve aucun remord à l’idée d’éliminer des gens qui n’ont rien demandé tout ça pour tuer un homme ? Marcus n’avait pas pris parti parce qu’il ne voulait pas rejoindre les Mangemorts et il se voyait mal rejoindre les Insurgés, il n’avait pas pris parti parce qu’il ne voulait pas se battre, contre qui que ce soit. Des tas de gens restent silencieux parce qu’ils ont peur, parce qu’ils ont une famille à protéger, pour des tas de raisons que Johnson ne peut juste pas balayer comme ça, en les traitant de lâches, finalement. Marcus se fiche pas mal de ce qu’on peut penser de son refus de choisir un camp, mais certains n’ont pas d’autre choix que de conserver une certaine neutralité pour un tas de raisons que personne ne peut se permettre de juger. Si Johnson a les couilles de tout abandonner pour mener une vie de misère qu’elle risque chaque jour de perdre, tant mieux pour elle. Marcus n’est pas comme ça et il n’est pas le seul.
« Putain Marcus ils ont- » Il serre les dents quand elle prononce son prénom parce qu’elle a perdu ce droit. « … Mon père. » Et il aurait pu compatir, avant, il aurait pu comprendre, avant. « Ils ont eu mon père, durant l'exécution. Il est de leur côté, maintenant. » Pendant un instant, il a cru qu’elle voulait dire qu’ils l’avaient tué. Mais il n’est pas mort non, il respire toujours et s’il se doute pour avoir vu Daphne et Greg le faire, que ce doit être pénible de voir son père acclamer le Magister, Marcus est incapable d’éprouver quoi que ce soit d’autre que du dégoût. Alors c’est ça, son excuse ? Parce qu’ils ont retourné le cerveau de son père, elle a décidé de faire exploser un hôpital ? Marcus a envie de vomir. « Et c'est de ma faute. » Un rictus mauvais vient déformer les traits du jeune homme qui secoue la tête. « Si tu me racontes ça pour que j’verse une larme sur ton triste sort c’est loupé, Johnson, » siffle-t-il entre ses dents. « Ils ont lavé le cerveau de ton papa alors tu t’es dit que t’allais leur faire payer ? En faisant exploser un hôpital ? Tu croyais quoi, qu’une petite explosion allait vraiment tuer le Magister ? » Il ricane, d’un rire un peu fou, parce qu’il n’en revient pas, il ne réalise juste pas ce qu’il a devant les yeux.
« Oh please, si ça pouvait lui régler son compte, tu te dis pas que ça ferait pas cinq ans qu’on est dans la merde ? Vous les Insurgés, vous vous placez en martyrs, comme si vous étiez les seuls à morfler dans cette guerre. T’as la moindre idée de nombre de morts que vous avez faits ? Du nombre de vies que vous avez ruinées ? Oh mais on l’a cherché pas vrai, puisqu’on ne se dresse pas contre le Magister ? » Pourquoi est-ce qu’il lui parle encore ? Pourquoi est-ce qu’il ne met pas juste un terme à tout ça, en la massacrant ici et maintenant ? « Leur lavage de cerveau, il tient même pas la route mais ça, t’as pas attendu d’le savoir avant d’aller massacrer des gens, hein ? Tu sais quoi, j’espère que ça tiendra sur Bell et ton père, ça leur évitera de voir que t’es devenue pire que ceux que tu prétends combattre. » Il a une grimace, puis désigne son propre avant-bras. « Cette Marque, c’est toi qui devrait la porter, vu comme tu leur rends service, » crache-t-il amèrement. Combien ont-ils décidé de s’engager, après les attentats ? Combien ont fini par se dire que les Insurgés étaient probablement pires encore que le Magister et les Mangemorts à cause de ce qu’ils ont fait ? Combien, comme lui, ont perdu tout ce qu’ils avaient et n’ont eu d’autre choix que de signer à leur tour ?
C’est de sa faute, oui.
MARS 2002 • Marcus sent bien qu’elle est choquée par son attention. Il s’attend un peu à ce qu’elle refuse à vrai dire et qu’elle lui balance qu’elle est une femme libre et indépendante et qu’elle n’a pas besoin de son aide et blabla, bla. Alors il se tient prêt à lui dire de poser son cul et d’mettre cette veste avant d’tomber malade et qu’il fait ça parce qu’il est sympa, pas parce qu’il pense qu’elle a besoin d’être sauvée. Mais elle semble ravaler tout ça ou décider tout simplement qu’elle peut accepter son geste et Marcus esquisse un mince sourire satisfait. « T'inquiète, je crois que personne ne peut se douter qu'on passe la soirée ensemble. » Et ça le fait rire, parce qu’elle a raison. Tous ceux qui les connaissent un minimum savent que leur relation n’avait rien d’amical à Poudlard et qu’aujourd’hui encore, c’est déjà beaucoup s’ils se traitent cordialement. Elle finit par s’asseoir à côté de lui, ses pieds dans le vide et sa veste sur les épaules. Marcus la laisse attraper la bouteille, un peu satisfait d’avoir quelqu’un avec lui qui sait picoler. Ça le change des gonzesses qui sont à ce genre de soirées habituellement, et qui ne font que tremper les lèvres dans un peu de champagne. Marcus récupère la bouteille quand elle en a terminé et semble préférer taper dans la bouffe. Il en profite pour boire à nouveau, savourant l’alcool qui le réchauffe un peu parce que ça pèle quand même un peu, sur ce toit. « Bon alors, Marcus, dis-moi tout, ça t'arrive souvent de sécher tes propres fêtes de victoire ? » L’emploi de son prénom lui fait hausser un sourcil et il lance un regard en coin à la jeune femme, qui semble s’amuser comme une petite folle à se lancer des petits fours qu’elle attrape agilement. « Moi j'ai des choses à fuir et on s'en fout, mais toi t'es payé pour être ici non ? » Des choses à fuir, hein ? Soudainement, Marcus est curieux. Quelque chose lui dit qu’elle ne parle pas seulement d’Adams.
Il l’observe s’allonger pour récupérer sa mini pizza qu’elle lance un peu trop loin d’un regard un peu moqueur. « Allez renvoie les bulles, on est à une célébration, pas un enterrement. » Et il lève les yeux au ciel, attrapant quelques petits fours qu’il jette dans sa bouche avant de rincer le tout avec une nouvelle gorgée d’alcool. « Ok alors je sèche pas mes fêtes de victoire d’habitude, parce qu'il se trouve que j'aime gagner et j'aime fêter ça. Sauf que ce soir, quelqu’un a décidé d’laisser entrer trois hystériques à ladite fête, » lâche-t-il avant d’attraper une autre bouteille, d’aviser l’étiquette et d’la déboucher avant de la tendre à Johnson. Le champagne c’est pas son délire, elle peut garder cette bouteille. Alors il récupère la sienne et se tourne vers la jeune femme. « Ça t’dit quelque chose, Angelina ? » fait-il avec un sourire en coin. Il se tourne vers la vue cette fois, prenant le temps de l’admirer avant de descendre un peu plus sa bouteille. « J’aime bien finir la soirée ici en général, c’est tout. » Ça permet de remettre les idées en place et puis souvent, Greg a besoin de prendre un peu l’air alors Marcus l’emmène ici avant qu’il se retrouve à gerber devant toute l’assemblée parce qu’il picole trop. « Et toi Johnson, qu’est-ce que tu fuis ? » demande-t-il en se tournant vers elle, les sourcils froncés. « Me dis pas que t’avais peur de briser le cœur d’Adams ? » ricane-t-il avec une petite grimace.
Angelina Johnson, diplomate et délicate ? Naaaaan. Ou alors, elle a encore plus changé que lui, ces dernières années. |
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| Marcus So I took you to the city for the night To dance under dizzy silver lights But for a moment, you were wild With abandon like a child, just a moment. But wasn't it you who said I was not free And wasn't it you who said I needed peace And now it's you who's floored by fear of it all. And it's alright Take it out on meaout 2003 • Un rictus mauvais vint déformer les traits de Flint et c'était absurde comme cela finit d'éclairer sa mémoire et de la faire se souvenir de la totalité de cette soirée passée ensemble. Elle se souvint, brusquement soudain, des détails que le flou de la soirée alcoolisée ne l'avait pas laissé garder. Le démon se trouve toujours dans les détails. Et le démon se trouvait là, dans un sourire mauvais qui aurait du être rieur. Elle se souvenait de sa maladresse, de ses petites blagues, de la façon qu'il avait eu de lui envoyer sa veste. C'était ridicule, comme détails. Elle fut juste frappée de ce qu'il avait été. De ce qu'il aurait du être. Ce que, au fond, elle avait apprécié chez lui. Et cela lui écorchait la mémoire, de se souvenir à quel point elle l'avait apprécié Marcus était censé être un chic type. Et maintenant il la regardait avec toute la haine du monde et pointait sa baguette vers elle. Où est-ce qu'ils avaient foiré ? Où est-ce qu'elle avait foiré ?
« Si tu me racontes ça pour que j’verse une larme sur ton triste sort c’est loupé, Johnson. » Elle fronça les sourcils, bêtement vexée. Elle ne voulait pas de sa pitié. Elle voulait juste qu'il comprenne. Ou quelque chose comme cela. Elle ne savait pas vraiment. Tout s'embrouillait et elle avait la gorge nouée. Elle n'arrivait plus à oublier, maintenant, la vue qu'ils avaient partagé un soir, et leurs rires qui avaient empli le ciel. « Ils ont lavé le cerveau de ton papa alors tu t’es dit que t’allais leur faire payer ? En faisant exploser un hôpital ? Tu croyais quoi, qu’une petite explosion allait vraiment tuer le Magister ? » Elle aurait bien voulu l'y voir, tiens. Il proposait quoi, lui, pour tuer le Magister ? Rien. Ils ne proposaient jamais rien. On lui disait toujours de ne pas faire ceci, ou cela, de se calmer, de réfléchir, mais réfléchir n'amenait à rien. Au moins elle avait l'impression d'agir. Et puis ils avaient bien ralenti le Ministère, tout de même. Mais Flint ne semblait pas le comprendre. Elle se sentait se tendre, de plus en plus, se charger de colère teintée de quelque chose, d'étrange, d'inhabituel et d'inconnu. Elle serrait les poings, le visage légèrement rougi des insultes. Et de le voir dans cet état, soudain, face à elle. « Oh please, si ça pouvait lui régler son compte, tu te dis pas que ça ferait pas cinq ans qu’on est dans la merde ? Vous les Insurgés, vous vous placez en martyrs, comme si vous étiez les seuls à morfler dans cette guerre. T’as la moindre idée de nombre de morts que vous avez faits ? Du nombre de vies que vous avez ruinées ? Oh mais on l’a cherché pas vrai, puisqu’on ne se dresse pas contre le Magister ? » Tant mieux, s'ils avaient morflé. C'était tout ce qu'elle leur souhaitait. Tous sauf ses proches, ils pouvaient tous crever, pour ce que ça lui faisait. La vérité, c'était que Rocket s'en moquait tellement, de la politique. Elle avait juste nié l’existence de tout le monde, sauf de ceux qui comptaient, et qu'elle avait décidé qu'elle pouvait tuer les autres. Elle s'était dit, tout simplement, que tant qu'elle était prête à risquer sa vie pour la cause, elle pouvait risquer celle des autres. Tant qu'elle niait jusqu'à son prénom, elle n'était pas humaine. Tant qu'elle n'était pas humaine, elle n'avait pas de remords. Mais elle était face à quelqu'un qui, brusquement, se trouvait être quelqu'un qu'elle appréciait. Quelqu'un qui ne méritait pas ce qui lui arrivait. Et c'était de sa faute. Elle s'en foutait, que les autres crèvent, souffrent, brûlent. Mais Flint, tout à coup, faisait partie de ceux qui n'étaient pas censé faire partie des victimes. Il n'était pas censé souffrir autant. Qu'il la haïsse, elle était habituée. Elle avait Fred pour cela. C'était juste que Marcus n'était pas aussi doué qu'elle pour ne rien montrer et que sa douleur était une agression, bien plus que les insultes sous lesquelles il la noyait. Elle n'avait rien à répondre. Elle ne savait pas quoi lui dire. Lui, par contre, semblait savoir. « Leur lavage de cerveau, il tient même pas la route mais ça, t’as pas attendu d’le savoir avant d’aller massacrer des gens, hein ? Tu sais quoi, j’espère que ça tiendra sur Bell et ton père, ça leur évitera de voir que t’es devenue pire que ceux que tu prétends combattre » Les yeux grands ouverts, bien plus choquée qu'elle ne l'aurait voulu, elle faisait face à cet homme qui lui souhaitait soudain tout le malheur du monde. Il savait qui était Katie pour elle. Il l'avait, au moins, deviné. Il disait tout cela en connaissance de cause. Et c'était cela, plus que tout le reste, qui lui faisait comprendre à quel point elle avait foiré. « Cette Marque, c’est toi qui devrait la porter, vu comme tu leur rends service. » C'était bête à dire, mais ce genre de phrase, on lui avait déjà dit. On lui avait déjà craché, avec hargne, qu'elle ne valait pas mieux qu'eux. Elle le savait. Elle ne le niait même pas. Elle avait décidé depuis quelques temps, maintenant, de combattre à armes égales. Elle ne cherchait pas à être éthiquement correcte. Elle ne cherchait pas à avoir raison. Elle voulait juste se venger. Toujours sous le choc, son regard dériva, quitta les yeux de Flint, se perdit sur le tatouage sur son bras. Oui, elle méritait ce tatouage. Pas lui. Elle lui aurait bien pris. Elle l'aurait bien porté à sa place, tout comme elle aurait aimé être rebut à la place d'Alicia, lobotomisé à la place de son père, destituée à la place de Katie. Le monde pouvait bien tout lui faire. Juste pas à eux.
Elle n'avait rien à lui dire. Elle se sentit, soudain, prête à lui demander de l'achever. Elle s'en serait presque sentie soulagée. Elle ouvrit la bouche, prête à le faire. Après elle le méri- CLAC. « ROCKET ! » Le cri de Doxy la réveilla soudain. C'était le cri de guerre. Celui qui relançait la machine. Alors que Flint tournait le regard vers la gauche pour cherche le nouvel arrivé du regard, Rocket chassa Angelina, reprit sa place, et commença l'attaque. Le poing trouva le menton. Le genou trouva l'entre-jambe (indémodable). La main libre fonça vers la baguette de cerisier qui lui appartenait. Elle fit volte face, un pied levé qui alla trouver son chemin contre sa mâchoire, finissant de lui faire perdre équilibre. Elle avait gagné. Juste comme ça. En profitant de la surprise d'un handicapé. Elle se tenait debout, au dessus de lui, terrible et victorieuse. Doxy s'approcha en courant, baguette en main, encore ignorant de l'ambiance étrange qui régnait. « C'est bon ils sont tous partis, bah alors tu l'as pas fini ? Tu- » Il s'arrêta, en voyant le regard que posait Rocket sur le mangemort. Il suivit son regard, soudain silencieux.
Elle pourrait le tuer, dès maintenant. L'achever sur le champ. Elle aurait le faire avant. Elle aurait du l'éventrer en premier, au lieu de se laisser le temps de se souvenir de ce maudit regard rieur qu'elle avait elle-même détruit. Le sentiment étrange et inconnu revint lui tordre les entrailles. C'était de la culpabilité, comprit-elle soudain. Elle se sentait coupable. Et la sensation était assez abominable et assez insoutenable pour qu'elle veuille juste le fuir. « Tu me tueras la prochaine fois, Flint. » C'était une promesse, un fait, elle ne le savait pas. Elle sentit juste que, la prochaine fois, elle le laissera l'achever. Ce jour-là, cependant, elle avait Doxy, vers qui elle se tourna. Il la regardait comme si elle était une étrangère. « On y va. » Et elle lui attrapa le bras, avant de transplaner. Rocket était connue pour ne jamais laisser de survivant. Elle était devenue tristement célèbre pour cela. Elle espérait juste qu'il n'irait pas se vanter d'avoir eu la vie sauve, sinon il allait juste se faire choper. Il allait juste crever bêtement. Il pouvait pas crever bêtement. Pas après avoir enfoncé un tel couteau dans le ventre d'Angelina Johnson.
Elle voulait juste oublier cette traque. Tout oublier, et ne plus jamais revoir ces maudits yeux.
MARS 2002 • Ce bouffon l'imitait. Elle ricana en le voyant lancer les petits fours dans sa bouche ouverte. Elle attrapa elle-même un des trucs asiatiques avec du poisson dessus, et en goba hein. C'était fade, mais rigolo. Et consistant. Elle aurait peut-être du penser à prendre du chaud, quitte à réchauffer à la baguette. « Ok alors je sèche pas mes fêtes de victoire d’habitude, parce qu'il se trouve que j'aime gagner et j'aime fêter ça. Sauf que ce soir, quelqu’un a décidé d’laisser entrer trois hystériques à ladite fête, » C'était étrange parce que, à sa place, Angelina aurait été incapable de dire cela avec humour. Elle aurait cherché à se venger. Elle ne se serait jamais laissé aller à ce qu'on la traite ainsi. Mais Marcus, lui, en riait. Et cela la fit éclater de rire. « Ça t’dit quelque chose, Angelina ? » Le maki, qui prenait son envol vers sa bouche, fut surpris par le hoquet qu'eut la jeune femme en entendant son prénom. Il percuta son nez, puis chuta dans la vite, terminant sa course sur le sol. Elle laissa échapper un petit cri indigné et lança un regard indigné à Flint, presque prête à le lui reprocher. Elle se percuta à son sourire. Il riait d'elle, sans se moquer vraiment. Sans être méchant. « Oh c'est bon, on fait ce qu'on peut pour s'amuser hein. » Elle récupéra sa bouteille et commença à la descendre de plusieurs longues gorgées. Elle adorait se saouler. Elle adorait tout oublier. Elle aimait n'être qu'une boule de rire et d'humour et de tendresse lorsqu'elle se noyait dans ce genre de fête. « J’aime bien finir la soirée ici en général, c’est tout. » Elle ne savait pas s'il est aussi fait qu'elle. Elle n'arrivait pas à se rendre compte si c'était normal, pour lui, de parler aussi gentiment. Pour elle, ça ne l'était pas, plus maintenant. « J'peux carrément comprendre, y a une putain de vue. » Et elle parlait bien du panorama sous leurs pieds. « Et toi Johnson, qu’est-ce que tu fuis ? » Et laissa échapper un ricanement, un peu nerveux, à cette question. « Me dis pas que t’avais peur de briser le cœur d’Adams ? » Le ricanement se transforma en rire. Le cœur d'Adams ? Et pourquoi pas celui de Mal, pendant qu'on y était ?
« Oh non. Le bon vieux Adams s'en trouvera une autre, ne t'inquiète pas, et une mieux que moi. » Elle leva les yeux aux ciels, sidérée elle-même de ce qu'elle disait. Elle était trop honnête quand elle buvait. « Je fuis quoi ? Je fuis quoi ? Je fuis tout mon cher Flint. La guerre, les conneries, Voldemort, Katie qui se tape quelqu'un d'autre, les rebuts, mon père qui veut que je me case, le stress du boulot, la connerie des riches et l'impression continuelle de ne pas être où je devrais être. » Elle se mit à lever les doigts en énumérant toutes ces choses qui la terrifiaient. Elle en riait. Il n'y avait que bourrée qu'elle pouvait en rire. « Mais tu dois pas connaître toutes ces conneries toi. T'es un sang pur, champion de quidditch, je suis sûre que dès que tu rentres chez toi tu as cinq domestiques qui viennent astiquer tes belles dents et te débarrasser de tes chaussures. » Elle rit encore à l'image, bu encore à sa santé, se goinfra encore pour essayer de compenser. Elle perdait pied, complètement. Tellement pied qu'elle ne le traitait même plus de riche avec mépris ou haine. Juste avec ce quelque chose de jaloux de la gamine qui n'a jamais eu d'argent et qui ne touche au luxe que durant ces soirées où elle vide le champagne par réflexe. Parce que c'est la boisson la plus chère. Et la discussion continua, perdura, s'éternisa. Elle l'écouta, peut-être bien plus qu'elle n'aurait du. Elle lui parla, aussi, de beaucoup de choses, beaucoup trop peut-être. Elle descendait sa bouteille tout en riant à gorge déployée. Elle lui lança, à un moment donné, des makis dans la bouche. « Allez Marcus, t'es un joueur pro oui ou merde ? Alors attrape-moi ce cognard au saumon avec la bouche je te prie, et plus vite que ça ! » Elle ne savait jamais quoi dire. Marcus, Flint, l'insulter, le remercier, le compliment, le détester. Elle se montra affreusement honnête. Elle qui enfermait tout.
Ils parlèrent trop longtemps, beaucoup trop longtemps. Surtout qu'elle se prit dans l'idée de lancer ses talons sur des passants. Elle les rata, bien entendu. Elle insulta Katie de ne pas l'avoir laissée embarquer des baskets de rechange. Elle insulta beaucoup Katie d'ailleurs. Trop pour être discrète. Puis il y eu le jour, et il y eu leurs regards sidérés d'avoir parlé aussi longtemps. Gênés, aussi. « J'te raccompagne, » qu'il lui a dit. Elle a pas osé dire non. Impossible de dire pourquoi. A ce stade, il savait déjà qu'elle n'avait pas l'argent ni le courage de vivre ailleurs que chez son père. Il savait déjà qu'elle vivait à l'entrée du Chemin de Traverse. En bref, il savait trop de choses. Il fallut récupérer les talons en bas de l'immeuble. Enfin plutôt les restes de talons, vu qu'ils s'étaient rompus sur la route. Katie allait la tuer. Tant mieux. Elle n'en pouvait plus de jouer aux gentilles avec elle. Qu'elles s'engueulent sur les chaussures, plutôt de s'engueuler sur ce qui pouvait compter vraiment.
Finalement, il y avait eu la porte de chez elle. Elle lui avait présenté tous ses voisins sur le chemin. Et il avait rit de ses idioties. Elle en savait assez, bizarrement, pour savoir ce qui le ferait rire. C'était simple, de comprendre Flint. Elle ne savait pas pourquoi. Il y avait eu la porte de chez elle. Et c'était bizarre, parce qu'elle aurait déjà baisé avec un autre que lui sur un toit ou dans les chiottes. Elle l'aurait fait par instinct, par habitude. Mais elle avait trop voulu l'entendre rire, et savoir pourquoi il était aussi amer, et comment il avait pu devenir comme ça, après avoir été... Flint. Elle préférait Marcus. Elle voulait l'appeler Marcus d'ailleurs. Cela lui faisait oublier tout ce qu'ils avaient pu s'envoyer à la gueule à Poudlard. « Bon bah, bonne journée hein. Merci pour... tout. » Elle rit encore, parce qu'elle sentit que cela allait être le dernier. Et parce qu'elle était gênée, de soudain dé-saouler un peu, et de se sentir moins honnête que toute à l'heure. Mais en tout cas assez honnête pour lui attraper soudain le col, et l'embrasser brusquement, absurdement, avec un sourire triomphant. Elle sourit encore plus largement de son visage sidéré. « A la prochaine, » murmura-t-elle, comme promesse.
Le chemin jusqu'à sa chambre se passa comme sur un nuage. Elle tomba plus qu'elle ne s'allongea sur son lit. Elle souriait encore. Elle savait qu'elle avait beaucoup bu, mais elle espéra, naïvement, ne surtout pas oublier ce qu'il s'était passé. Ne pas oublier que Flint était un type bien. Ne pas oublier qu'elle lui avait dit qu'elle allait essayer d'aller voir son match, la prochaine fois. Lui rappeler de lui repayer des chaussures. Arrêter de se moquer de ses dents. Elle voulait, surtout, ne pas oublier que Marcus Flint était capable de sourire comme cela. |
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PRISONERS • bloodstains on the carpet Marcus Flint | angelina johnson So I took you to the city for the night To dance under dizzy silver lights But for a moment, you were wild With abandon like a child, just a moment. But wasn't it you who said I was not free And wasn't it you who said I needed peace And now it's you who's floored by fear of it all. And it's alright Take it out on meAOÛT 2003 • Il assène, il frappe là où il sera que ça fera mal parce qu’il en a besoin. Parce qu’il réalise alors que la raison pour laquelle il ne la tue pas tout simplement, c’est parce que ça ne suffira pas. Non, Marcus a besoin qu’elle souffre. Comme il a souffert à passer un mois dans ce lit d’hôpital, le corps en miettes, alors qu’ils tentaient de le réparer sans pouvoir lui donner quoi que ce soit contre la douleur. Comme il souffre depuis s’il a le malheur de vouloir ralentir sa consommation de Navitas. Et surtout, comme il souffre là maintenant, de l’avoir en face de lui, de l’entendre dire sans même hésiter une seule seconde que oui, elle était à Ste Mangouste, que oui, elle a décidé de faire exploser l’hôpital, qu’elle est à l’origine de tout ça. Comme il souffre de se sentir à ce point trahi. Douglas était une gifle, Johnson est un coup de poignard qui lui fend l’abdomen, la poigne glacée qui lui arrache les tripes. Elle ne sait même pas ce qu’elle a réellement fait, pas vrai ? Elle ne se rend pas compte qu’à cause d’elle, il est cloué au sol, que par sa faute, il est redevenu le bon à rien, celui dont on se moque parce qu’il est si maladroit, si pataud, si inutile quand il ne vole pas. Elle ne réalise pas que s’il a cette marque infâme sur l’avant-bras, c’est parce qu’elle est à l’origine de l’évènement qui l’a condamné à ne plus avoir d’autre choix. Elle ne sait rien de tout ça et Marcus n’a même pas envie de lui énumérer tout ce qu’elle lui a enlevé, il veut juste qu’elle morfle à son tour. Et dire qu’il s’est inquiété pour elle. Ils ont passé cette unique soirée à boire, à s’empiffrer et à se raconter tout un tas de trucs beaucoup trop personnels, des trucs que Marcus n’avait encore dits à personne. Ils ont ri comme des bouffons et il s’est excusé d’avoir été un abruti avec elle à Poudlard, il a découvert quelqu’un qui lui ressemblait peut-être plus qu’il ne l’aurait pensé, elle l’a embrassé avant de filer avec ce sourire stupide aux lèvres et lui il a passé des jours à se demander s’il avait rêvé ça. Il s’est inquiété pour elle. Il a espéré que tout allait bien pour Johnson, s’est surpris à réaliser que le son de son rire alcoolisé lui manquait. Il a gardé un œil sur Bell pour elle, il s’est mis à éplucher la Gazette, lui qui déteste ce torchon, en espérant ne pas y trouver le nom de Johnson parmi les morts.
Pendant ce temps, elle fabriquait des bombes avec ses copains Insurgés, pour faire exploser un hôpital et détruire sa carrière. Pendant ce temps, elle l’avait probablement complètement oublié, s’en fichait complètement et Marcus en vient à se dire que si elle avait su qu’il se trouvait dans cet hôpital, elle l’aurait fait quand même. Parce que si ce qu’ils ont échangé ce soir-là a signifié quelque chose pour lui, s’il en a compris qu’ils avaient enterré la hache de guerre et qu’elle était même prête à lui laisser une chance de prouver qu’il avait changé, de toute évidence, ils n’étaient pas sur la même longueur d’onde. De toute évidence, elle n’en a jamais rien eu à foutre et ça lui laisse un goût amer en bouche. Il voudrait la voir elle, piégée sous les décombres de Ste Mangouste, le corps en miettes, avec pour seules compagnes les ténèbres et la douleur en attendant de crever. Le pire, c’est qu’elle ne dit rien. Elle se contente de le regarder, avec cet air choqué et horrifié qu’elle affiche quelques secondes, avant que son regard ne s’attarde sur la marque sur son avant-bras.
C’est de ta faute, si elle est là.
Quand elle ouvre enfin la bouche, Marcus ne sait pas vraiment ce qu’il attend. Des excuses ? Non, Johnson ne s’excusera pas et de toute manière, ça ne changerait rien, à vrai dire, ça l’énerverait peut-être plus encore. Mais elle n’a rien le temps de dire, car c’est à ce moment qu’un craquement sonore retentit, suivi d’un « ROCKET ! » qui tire complètement Marcus de ses pensées et lui arrache un sursaut. Aussitôt, il cherche d’où ça vient, mais le cri a autant réveillé Johnson que lui et il n’a juste pas le temps d’esquiver le coup de poing.
Parce que ses réflexes, elle les a bousillés.
Un grognement sourd lui échappe, alors qu’il se mord violemment la langue à cause du coup, le goût du sang lui envahissant immédiatement la bouche. Il n’a pas le temps de s’attarder sur cette douleur-là, parce que le coup d’après le plie en deux sous la douleur, lui arrache un cri étranglé, l’humilie, lui donne envie de gerber. Il sent qu’on lui arrache la baguette de la main et il n’a même pas la force de se battre pour la conserver. Enfin, le coup de pied achève de le jeter au sol et Marcus ne cherche même pas à se relever.
Elle n’a qu’à l’achever. Terminer ce qu’elle a commencé.
Après tout, elle lui a déjà enlevé tout ce qui lui permettait de se sentir vivant, alors elle peut bien parfaire son œuvre en y mettant le point final, pas vrai ?
Marcus n’a jamais voulu se battre, de toute manière.
« Tu me tueras la prochaine fois, Flint. »
Et comme ça, juste comme ça, ils disparaissent tous les deux, ne laissant plus que lui, recroquevillé par terre, le souffle court, les derniers fragments de sa dignité piétinés.
Il ne la tuera pas, non. Il la fera ramper.
MARS 2002 • C’est un son agréable, le rire d’Angelina Johnson. Il n’en avait jamais été à l’origine, du moins pas intentionnellement et ça lui tire un sourire en coin, amusé mais un peu content de lui, aussi. Il se doute que l’alcool aide un peu mais Marcus prend ce qu’on lui donne, alors il s’estime plutôt satisfait. « Oh non. Le bon vieux Adams s'en trouvera une autre, ne t'inquiète pas, et une mieux que moi. » Il fronce un peu les sourcils à cela, parce qu’il ne voit pas trop comment Adams pourrait finir la soirée avec quelqu’un de mieux qu’elle. Quoi ? Il n’est pas aveugle et Johnson est particulièrement séduisante ce soir. Et puis, elle a toujours été beaucoup plus intéressante que la plupart des filles qui fréquentent ces soirées, habituellement. D’un autre côté, une fille intéressante n’est probablement pas ce qui intéresse le plus Adams, alors peut-être qu’elle a raison. « Je fuis quoi ? Je fuis quoi ? Je fuis tout mon cher Flint. La guerre, les conneries, Voldemort, Katie qui se tape quelqu'un d'autre, les rebuts, mon père qui veut que je me case, le stress du boulot, la connerie des riches et l'impression continuelle de ne pas être où je devrais être. » Il a une grimace quand elle prononce ce nom, plus un réflexe qu’autre chose, parce que c’est quelque chose d’ancré. Il est un peu surpris par son honnêteté, même si la quantité d’alcool qu’elle a ingurgité depuis le début de la soirée est probablement ce qui la pousse à parler autant. Marcus se tourne vers elle avec un haussement de sourcil, parce qu’il la voit peut-être un peu différemment. Bell, hein ? Elles ont toujours été proches à Poudlard, mais il n’a jamais pensé que c’était comme ça. « Mais tu dois pas connaître toutes ces conneries toi. » Il ne peut pas prétendre avoir déjà eu un crush sur… quoi ? Sa meilleure amie ? Il n’en a pas, alors ça règle vite le problème. « T'es un sang pur, champion de quidditch, je suis sûre que dès que tu rentres chez toi tu as cinq domestiques qui viennent astiquer tes belles dents et te débarrasser de tes chaussures. » Cette fois, il rit franchement, bruyamment, tant ce qu’elle dit est ridicule et absurde. « On appelle ça des elfes de maison, Johnson et hélas, » déclare-t-il avec un soupir faussement dramatique. « Je n’en ai qu’un. » Il prétend vraiment être affligé par cette révélation, allant jusqu’à afficher une moue triste, le genre qu’il pouvait tenter d’adresser à sa mère quand il était gosse pour obtenir quelque chose. « Et il est vieux et à moitié sourd. » Ding a déjà bien du mal d’accomplir toutes ses tâches au manoir sans risquer la colère de son père pour sa lenteur, alors même si sa mère insiste régulièrement pour que l’elfe de maison passe s’occuper de son appartement, Marcus a plus souvent tendance à le renvoyer en assurant qu’il est capable de se débrouiller tout seul.
L’alcool continue de descendre et si la langue de Johnson est déjà bien déliée, la sienne semble également se mettre à parler sans qu’il semble avoir le moindre contrôle. Il lui parle d’abord de Quidditch parce que c’est un sujet qu’il maîtrise, un sujet qui le fait presque paraître intelligent, intéressant. Forcément, ils finissent par parler de Poudlard et entre deux gorgées d’alcool, alors qu’elle lui met dans les dents qu’il avait été un sacré gros con sur le terrain, Marcus lâche finalement un « Eh, t’étais putain d’bonne sur un balai, pourquoi tu crois que j’passais mon temps à vouloir t’en faire tomber ? » qui semble lui griller quelques neurones au passage. Alors il se remet à rire et la conversation part sur autre chose. Il ne sait pas pourquoi il lui parle de sa mère qui l’a toujours encouragé et qui aujourd’hui encore, assiste à la plupart de ses matchs, de son père qui n’en a jamais vu un seul. Il ne sait pas pourquoi il lui dit qu’il trouve la situation aussi pourrie qu’elle. Quelque part dans tout ça, il lui dit aussi qu’il est désolé pour Weasley, parce qu’il ne l’a peut-être jamais apprécié, mais il sait qu’il comptait pour elle et pour pas mal de gens. Ils parlent, comme jamais ils ne se sont parlé, parce que tout n’était qu’insultes et regards sombres à Poudlard. Ils parlent, peut-être aussi parce qu’ils en ont besoin et parce qu’ils ont cette sensation d’être seuls au monde sur ce toit. Quand elle se met à vouloir balancer ses talons sur les passants, Marcus tente tant bien que mal de l’arrêter, parce que ça ne se fait pas ! s’écrie-t-il d’un air outré mais elle se fiche complètement de ce qu’il raconte et les jette quand même, ratant sa cible. Alors il rit encore plus, lui dit qu’elle est rouillée et que si elle avait visé aussi bien sur un terrain de Quidditch, il l’aurait envoyée en faire plusieurs fois le tour en courant.
Lorsque le jour se lève, Marcus prend vaguement conscience de tout le temps qu’ils ont passé là et ça semble le réveiller un peu. Quand ils se sont enfin décidés à se lever, chancelants, maladroits – surtout elle, désormais pieds nus sur le sol froid – c’est sans hésiter qu’il a marmonné « J’te raccompagne. » Il ne lui a pas laissé le choix, parce qu’on lui a appris qu’on ne laissait pas quelqu’un rentrer tout seul après avoir bu autant. Alors ils ont quitté le toit, oubliant complètement les traces de leur petite soirée et sont redescendus au rez-de-chaussée, où Marcus a constaté que la plupart des invités étaient déjà rentrés chez eux, que d’autres bavardaient encore, complètement pleins, affalés sur des chaises. Alors ils se sont vite éclipsés et quand elle a récupéré ses talons complètement fichus, Marcus s’est encore marré, d’un ricanement encore beaucoup trop alcoolisé pour ne pas être parfaitement ridicule. Marcher lui a fait du bien, lui a permis de chasser un peu les vapeurs d’alcool, de se rappeler de tout ce qu’il a dit, de tout ce qu’elle a dit. Enfin, ils arrivent devant chez elle et Angelina se met à lui présenter tous ses voisins, à raconter des anecdotes dont Marcus devrait se foutre complètement, mais qui l’amusent terriblement. Quand on vit dans un manoir, on n’a pas tellement de voisins et quand on passe plus de temps à voyager pour les matchs, à s’entraîner et à faire tout un tas d’autres choses plutôt que de rester dans son appartement, on ne les croise pas beaucoup. Alors ça l’amuse ouais, parce que c’est des trucs qu’il connaît pas vraiment. Enfin, ils se sont arrêtés devant chez elle et la gêne a brusquement remplacé les rires parce que Marcus ne sait pas trop quoi faire, quoi dire. « Bon bah, bonne journée hein. Merci pour... tout. » Elle rit encore et il n’y a rien de drôle, mais il la suit, parce que l’entendre rire lui donne envie de faire pareil. Il ouvre la bouche, pour lui dire quelque chose comme Tu tiens vraiment pas les bulles, Johnson, mais elle l’attrape par le col et la seconde d’après, les lèvres d’Angelina sont sur les siennes.
Le temps qu’il comprenne ce qu’elle est en train de faire, elle s’est déjà éloignée et lui adresse un grand sourire. « A la prochaine. » Le murmure lui arrache un grognement un peu confus, parce qu’il n’est pas tellement capable de dire autre chose et il revient sur terre quand la porte de son appartement se referme.
Il se dit que si son cœur cogne aussi fort dans sa poitrine après un simple baiser, c’est à cause de l’alcool.
Il réalise aussi qu’elle a gardé sa veste et c’est pas grave, il en a plein des vestes, mais ça lui tire un sourire. « Ouais, à la prochaine, » confirme-t-il à la porte close, avant de se décider à rentrer chez lui. |
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| | | | | (2003/02) FLINTSON • Take it out on me | |
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