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sujet; (MAI 99) ROMES † my arms are tough, but they can be bent.

HERO • we saved the world
Rohan Helvar
Rohan Helvar
‹ disponibilité : dispo.
‹ inscription : 27/08/2016
‹ messages : 434
‹ crédits : shiya.
‹ dialogues : sandybrown (design foncé), darkgoldenrod (design clair).
(MAI 99) ROMES † my arms are tough, but they can be bent. 170119063913820709

‹ liens utiles :
fiche » RUN BOY RUN
marcus » ex-ff, prisoner mylan » angry & hungry midget shin » or is it nazir? salvatore » ff beater & international asshole sirius » the mighty godfather elliott » just another asshole fred » the lost twin.
‹ âge : 25 ans.
‹ occupation : il s'occupe de James à Storm's End et rattrape tout ce qu'il a manqué en n'allant pas à Poudlard avec les habitants du cottage.
‹ maison : il n'est jamais allé à Poudlard.
‹ gallions (ʛ) : 3547
‹ réputation : il est le filleul de la Ministre qui a subitement fait une réapparition après la guerre.
‹ particularité : un loup-garou, il a été mordu quand il avait dix ans.
‹ résidence : Storm's End.
‹ patronus : rien du tout, il n'a jamais appris à en faire un.
‹ épouvantard : James en train de rire avec ce type qui a tué Sarah.
‹ risèd : probablement lui, en uniforme d'élève de Poudlard.
http://www.smoking-ruins.com/t5023-rohan-stand-by-me
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Mai 1999 - la cabane près du lac
MY SKIN IS ROUGH, BUT IT CAN BE CLEANSED AND MY ARMS ARE TOUGH, BUT THEY CAN BE BENT, AND I WANNA FIGHT, BUT I CAN'T CONTEND.
Sarah est impressionnante. Ses plaies ne se sont pas infectées, mais le deuxième jour, sa fièvre est montée et elle a commencé à délirer. Il y a toujours un moment où la fièvre est plus forte, le corps subit d’énormes changements et il n’est pas si rare que ça qu’un sorcier ne survive pas à la Morsure s’il ne dispose pas de tous les moyens existants pour l’y aider. Alors une moldue, dans la forêt, sans son créateur… autant dire que ses chances de survie étaient minuscules. Et pourtant, elle s’est accrochée. De toutes ses maigres forces, elle a lutté comme une championne et elle a bluffé Rohan qui pour la première fois de sa vie, a adoré se tromper. Une fois que sa fièvre a complètement disparu, qu’elle a repris des forces, comme promis, Rohan et James lui ont tout expliqué. Elle les a pris pour des malades, a commencé à parler de vouloir rentrer chez elle, puis James a sorti sa baguette et d’un sortilège, lui a fait comprendre qu’ils n’inventaient rien. Elle est intelligente, Sarah. Elle a assimilé tout ça à une vitesse déconcertante. Rohan la soupçonne de se concentrer sur ça, pour ne pas penser au reste.
Il ne peut pas lui en vouloir. Elle n’a pas décroché un mot sur la nuit où sa famille a été massacrée, du moins pas à Rohan. Seuls ses cauchemars, qui la réveillent en hurlant et en pleurant, prouvent qu’elle a tout vu et qu’elle n’a rien oublié. Dans ces moments-là, elle finit accrochée à James et attend que l’épuisement la pousse à se rendormir. Les nuits sont à James, les journées à Rohan. Car une fois qu’elle est pleinement réveillée, elle fait tout pour s’occuper et il est incapable de lui refuser ça. Alors il lui apprend tout ce qu’il sait, tout ce qu’elle doit savoir.

Ça fait deux semaines qu’ils sont à la cabane de chasseur, près du lac. Rohan n’aime pas rester aussi longtemps au même endroit, mais même si Sarah a repris des forces, elle n’est pas tellement en état de passer ses nuits dehors. Elle a commencé à claudiquer à proximité de la cabane il y a trois jours et depuis ce matin, elle se débrouille encore mieux. C’est bon signe. James est parti. Pas pour toujours, hein, mais quand il est revenu de la chasse, Sarah lui a dit que James lui avait dit qu’il partait en ville et revenait dans pas très longtemps, parce qu’il a quelque chose à faire.
Ils ne se parlent plus. Enfin, James fait encore quelque chose de très bizarre, c’est-à-dire que quand il a quelque chose à dire à Rohan, il le dit à Sarah et par défaut… le blond l’entend. Lui en revanche, il ne lui parle plus. Enfin, il grogne et ici et là, pour dire qu’il a compris, qu’il est d’accord ou pas. Sarah lui a demandé ce qu’il se passait entre eux et il a refusé de répondre. Il a bien senti que ça l’avait frustrée, mais puisqu’elle n’a pas reposé la question et qu’elle s’est mise à les regarder un peu étrangement, Rohan s’est dit qu’elle était allée demander à James.

Qui lui a parlé, bien évidemment.
Ugh.

Il fait particulièrement beau aujourd’hui, alors il a aidé Sarah à aller au bord du lac, où il l’a laissée un moment tranquille pour qu’elle puisse se laver dans l’eau encore bien trop fraîche. Il a gardé une oreille attentive sur les clapotis, ses dents qui claquent et ses jurons, puis l’a retrouvée au soleil, emmitouflée dans un gilet de James dix fois trop grand pour elle. Ils ont préparé à manger ensemble, et elle a continué de poser des questions sur la magie, les loups-garous, toutes ces choses dont elle ignorait l’existence il y a deux semaines. Mais elle appartient à ce mon désormais et depuis quelques temps, il est devenu extrêmement dangereux, alors Rohan a bien l’intention de la préparer. Il la pousse déjà à faire attention à ses sens désormais plus développés. Il veut qu’elle soit capable de reconnaître leur odeur même s’ils sont loin d’elle, qu’elle puisse entendre une menace approcher alors qu’elle est encore suffisamment loin pour avoir le temps de se mettre à l’abri.
Elle n’est pas encore en état de marcher trop longtemps, mais dès qu’elle sera complètement guérie, il l’emmènera chasser. Si elle devait se retrouver seule, s’il devait arriver quelque chose à Rohan et à James, il veut qu’elle puisse survivre. Il s’en veut à présent, d’avoir pensé qu’elle ne survivrait pas. Il ne sait pas si c’est parce que James et lui se regardent à peine depuis deux semaines, mais il se sent déjà extrêmement proche d’elle. Il est un peu plus de midi, ils ont terminé de manger et Rohan est en train de montrer à Sarah comment fabriquer un piège à lapin quand la boule qui lui noue la gorge depuis ce matin commence à vraiment le déranger. Ça fait longtemps que James est parti.

Trop longtemps.

L’autre loup ne s’absente jamais plus qu’une ou deux heures. Et Rohan tente de se rassurer en se disant qu’il a peut-être besoin de passer un peu de temps tout seul, ce que ni l’un ni l’autre n’a eu l’occasion de faire depuis deux semaines alors que l’ambiance est plutôt… tendue. Mais il ne peut s’empêcher de se dire que James ne partirait jamais aussi longtemps, maintenant qu’il y a Sarah. « Il va bien, » fait la jeune fille et Rohan relève brusquement la tête, un peu confus. « James. Il va bien. » Il fronce les sourcils. Il n’a rien dit. Elle peut déjà sentir son inquiétude ? D’accord, il est impressionné. Vraiment impressionné. « C’est un idiot maladroit qui attire le danger, » marmonne-t-il d’un ton bougon. Sarah sourit. « Il prend juste son temps, ne t’inquiètes pas. » Rohan ouvre la bouche pour répliquer qu’il ne s’inquiète pas, oh non, quand la voix moqueuse de James vient le hanter. La prochaine fois que je vais voler quelque chose, je vais m'occuper de ça. Le blond serre les dents, pince les lèvres et la branche qu’il était déjà en train de maltraiter se brise en deux.
Ok, non, il ne va pas penser à ça. Pourquoi il penserait à ça ? Il s’en fiche. Rohan reprend ses explications et ils passent encore un moment là, à s’occuper pour ne pas penser à l’idiot qui met définitivement trop de temps à rentrer. L’après-midi s’étire, Sarah retourne dans la cabane pour aller faire une sieste. Elle a bien récupéré, mais elle se fatigue encore très vite. Et Rohan… Rohan s’assoit devant la porte et attend, la mine sombre.

Et s’il s’est fait attraper ?
Et s’il est blessé ?
Et s’il a besoin d’aide ?

Et s’il est…

Un grognement lui échappe et il se prend la tête entre les mains. Ça fait des heures que James est parti. Des heures et toujours aucun signe de lui. Sarah a tenté de le rassurer, mais il a bien senti que c’était aussi pour se rassurer elle-même. Quand il a jeté un œil sur elle toute à l’heure, elle était endormie en position fœtale, son nez pressé contre une manche du gilet de James. Rohan soupire. La gamine vient de perdre toute sa famille, son monde vient de s’effondrer et James et lui sont devenus ses seuls repères. Si l’autre loup disparaît lui aussi…

(C’est plus simple de penser à la peine que Sarah éprouverait, que de penser à celle qui le boufferait lui.)

Il est un peu en train de devenir dingue. Parce qu’il se fait les pires scénarios dans sa tête et il finit par tourner en rond, comme un lion en cage, devant la cabane. Il trace probablement des sillons dans la terre à force de faire des allers et retours, mais James.
N’est toujours pas.
Là.

Rohan ne peut même pas partir à sa recherche, parce qu’il ne sait pas où il est allé et de toute manière, il ne sait pas transplaner, alors il se sent inutile et il va devenir dingue. Ou il l’est déjà. C’est Sarah qui l’empêche d’aller probablement se perdre en forêt comme un con à la recherche d’un James qu’il n’a aucun moyen de retrouver. Elle finit par se réveiller et elle a autant besoin de s’occuper que lui alors elle parle. Elle lui explique le monde moldu, comme James et lui ont parlé du monde sorcier. Il ne sait pas s’il écoute vraiment, ou s’il se laisse juste bercer par sa voix, il ne retient probablement pas grand-chose. Quand la nuit tombe, ils n’ont pas vraiment d’appétit alors il grignote, et force quand même Sarah à manger un peu plus que lui, parce qu’elle ne peut pas se permettre de sauter le moindre repas.

James ne reviendra pas.

Et Sarah se dit probablement la même chose, parce que lorsqu’elle se retrouve à court de sujets qu’elle a envie d’aborder, Rohan voit brusquement ses traits s’effondrer et les larmes dans ses yeux et il panique. Parce que les larmes sont pour la nuit et les nuits sont à James, mais James n’est pas là. Il fait de son mieux, il attire la gamine contre lui et la garde là, il la serre fort, lui caresse les cheveux et lui promet qu’il ne va nulle part. Elle n’y croit qu’à moitié, James a fait la même promesse et pourtant…
Elle finit par se rendormir, épuisée d’avoir ainsi pleuré, les nerfs à vif, perdue. Rohan la fixe avec des yeux rougis de larmes qu’il se retient de verser. James ne reviendra pas. Ça fait une journée. Une journée entière. Il ne se serait jamais absenté aussi longtemps, il n’aurait pas—

Un craquement sonore retentit dehors, non loin de la cabane et Rohan sursaute, se lève d’un bond. Il lance un regard à Sarah qui ne semble pas avoir été réveillée – elle n’a pas encore l’habitude de devoir sursauter au moindre bruit – et sort de la cabane, prêt à se défendre s’il le doit et en même temps il ne peut pas s’empêcher d’espérer que—

James.

Il fait trop noir pour bien le discerner, mais il sait que c’est lui, bien sûr qu’il sait que c’est lui, il reconnaîtrait son odeur à des kilomètres et il—

Du sang.
Il est blessé.

Rohan se précipite vers lui et en s’approchant, il peut voir le sang qui macule ses traits et en une fraction de seconde, il oublie ce qu’il a promis de ne plus faire il y a deux semaines, ses mains prennent le visage de James en coupe. « James ? James, t’étais passé où putain, tu—qui-- » Il halète, suffoque, il tremble et il a les larmes aux yeux. Il n’arrive plus à les retenir, c’est pathétique, c’est juste… toute la pression, toute l’angoisse qui le libèrent et il se sent tellement, tellement soulagé. « On a cru—j’ai cru— » Il hoquète et ses bras entourent James, son visage s’enfouit dans son cou et il s’enivre de lui, de sa chaleur, de son odeur et il y a celle du sang mais son cœur bat et il est là et il ne l’a pas perdu. « Tu peux pas—putain, tu m’as fait peur, j’ai-- » Ok, ok. Faut qu’il respire. Faut qu’il se calme.
Rohan inspire, il écarte son visage, observe chaque trait de James comme s’il allait disparaître d’un moment à l’autre et renifle misérablement. Là, il se souvient et s’écarte brusquement. « Désolé, je sais, pas toucher, j’ai juste-- » Il tousse, se racle la gorge. « T’es blessé, » qu’il ajoute en essuyant ces stupides larmes.
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Mai 1999 - la cabane près du lac
it's become a habit, a way to start the day. i go through this before you wake up, so i can feel happier to be safe up here with you.
Sarah est merveilleuse. Cela fait deux semaines qu'elle est avec nous et à chaque étape du chemin, elle m'impressionne. Etais-je comme ça à douze ans ? Non, à cet âge j'étais un sale gamin pourri gâté qui faisait sa crise d'adolescence en essayant d'avoir des amis pendant que sa mère commençait à lui envoyer des beuglantes. J'ignorais Louise par jalousie puérile, je disais plus de conneries que ma bouche pouvait contenir, et je finissais mes devoirs à six heures du matin pour les rendre à la première heure. Sarah, elle, a vécu ce que j'ai eu du mal à supporter à vingt-et-un ans, et mieux que moi. Les regards de Rohan me font comprendre qu'elle essaye sûrement de compenser, mais je ne peux qu'être époustouflé par la gamine.
Ah oui, les regards de Rohan hein. Puisqu'il ne me parle plus, du tout. Je ne sais plus qui a commencé, sûrement moi, peut-être lui. Sûrement moi mais il avait du prendre sa décision dès le départ (ne nous leurrons pas, je parle bien plus que lui). Je ne suis jamais en colère longtemps, dès le lendemain après-midi de notre dispute, je n'étais plus énervé, je m'en voulais, je voulais présenter mes excuses et revenir comme avant... Mais non, parce que je ne suis pas rancunier mais qu'est-ce que je suis borné. Et si Rohan joue à ce jeu-là, et bien je peux le faire aussi. Il peut m'ignorer ? Et bien moi aussi ! Pour qui il me prends ? Pour qui il se prend ? Il croit que je vais venir ramper à ses pieds et le supplier de me relancer dans une relation salie par son homophobie latente ? Non, non, non. Hors de question. (Trop tard.) (Tu le réalises bien trop tard, mon petit James.)
Bien entendu, je tiens moins bien que lui. Rohan qui ne parle pas, boarf, ça change pas grand chose. J'ai le droit à quelques grognements, pendant que moi j'ai tellement de choses à dire que je passe par Sarah, de la façon la plus ridicule qui soit, pour communiquer. « Est-ce que tu pourrais demander à Rohan de me préparer la liste de ce qu'il a besoin ? » lui ai-je demandé ce matin, alors qu'il était à trois mètres. Il a grogné comme réponse. Il aime pas quand je fais ça. Je n'aime pas quand je fais ça. Et je n'aime pas la tête mi-amusée mi-inquiète que Sarah fait dans ces moments-là. J'aimerais tout résoudre pour elle, mais ce n'est pas si facile.

Bien sûr, Sarah se pose des questions. Bien sûr, la première fois, elle a demandé à Rohan. Elle pose à Rohan les questions, et elle me demande les histoires. Le jour elle est dans le futur, dans le loup-garou, dans ce nouvel être qu'elle semble vibrer de devenir. La nuit, dans ses multiples insomnies, lorsque nous sommes lovés l'un contre l'autre (je ne dors plus contre Rohan, plus du tout), je lui raconte mes histoires, mes rêves, mes blagues. Elle rit, puis pleure, puis rit, et parfois murmure ce dont elle se souvient. Je ne veux pas qu'elle oublie, comme Rohan a pu oublier. Je ne veux pas qu'elle perde pied avec ce qu'elle était avant, parce que je pense que si moi je perdais ça, si j'oubliais tout cela, je serai bien pire que Rohan. Je ne serai que le loup, et le loup me fait encore trop peur.
Rohan, bien sûr, ne lui a pas répondu. Alors la pauvre Sarah a eu droit à mes explications bancales. « Rohan et moi... on s'est... engueulé. » Je vois ses yeux s'agrandir et j'ajoute, précipité : « Pas à cause de toi ! C'est arrivé le soir de ton arrivée mais ce n'est pas à cause de toi ! Cela couvait depuis longtemps... ça... » Je déglutis, encore peu enclin à me remémorer tout ce que j'ai pu dire, faire, et ce qu'il a pu dire et faire. Mais Sarah a le genre de regard qui t'incite à continuer d'un simple haussement de sourcil, alors je fais un effort. « Pour faire simple... J'aime Rohan, je plais à Rohan, mais Rohan est un sale homophobe de merde qui est incapable de prendre une décision ? » Elle me regarde avec des yeux ronds, puis un sourire devant ma mine déconfite, et  a même l'air de vouloir rire devant un problème qui a l'air si trivial à côté de... je ne sais pas, voir toute sa famille mourir sous ses yeux ? C'est ce que je me dis, et je  me sens virer rouge de honte. « C'est tout ? » Je bafouille quelque chose, soudain atrocement intimidé par cette enfant. « Je crois... Je pense que ça ira mieux quand... quand on arrêtera d'être bornés. » Elle rigole, détendue, je crois qu'elle s'imaginait bien pire. Je murmure cependant : « Mais tu sais Sarah, je crois que je l'aime vraiment beaucoup. » Et je sens une main dans mes cheveux, et un sourire doux, et je me dis que  je suis vraiment un gros nul, d'aimer autant une gamine que je connais depuis si peu.
Cela doit être parce que Rohan ne me parle pas.
Oui, sûrement.




J'ai passé la dernière heure à finir les lettres que je compte envoyer à Leopoldine et Louise, pendant que Sarah regarde et écoute la forêt, comme Rohan le fait parfois. C'est terrible comment elle prend vite ses habitudes. C'est terrible comment elle écoute plus que moi toutes ces histoires de loup, alors que j'écoute vraiment attentive. Et je suis jaloux,  comme un con, d'entendre Rohan lui expliquer des trucs que j'écoute de loin en ayant l'air de m'en moquer. J'ai peur que Sarah devienne une louve, une vraie, et qu'ils finissent pas me dire qu'il faut que j'arrête de manger des légumes, ou juste qu'ils me laissent pour rejoindre une meute de loups, en sachant que je serai incapable de m'y intégrer. Et je suis jaloux, comme un con, parce que Rohan ne me parle plus. « Sarah ? » Elle sort de sa rêverie en sursautant, encore pas aussi alerte que notre petit blondinet. « Je vais aller faire le plein en ville, je devrais revenir d'ici quelques heures. » Elle sait que je vais voler, elle a finit par apprendre les détails de notre vie par Rohan, mais n'a rien dit. Ou en tout cas pas à moi. Elle hoche la tête et me souhaite mon bon voyage. « Tu... tu préviens Rohan ? » Elle acquiesce en souriant, mi-triste mi-tendre, j'ai hâte de régler tout cela, j'ai hâte que nous puissions parler tous les trois, autour du feu, j'ai hâte de...




Je commence, comme à chaque fois, par envoyer les lettres. Quelque chose en moi se précipite toujours vers la poste moldue, comme inquiet de ne pas pouvoir les envoyer à la fin de la journée. Il y a sûrement encore une lettre au chalet d'Autriche, que j'avais oublié dans le bureau le jour où j'ai été transformé en loup-garou. Et elle a failli n'être jamais envoyée. Et je ne veux plus de lettres qui finissent par ne jamais être envoyées. Alors j'envoie mon paquet de feuillets, une partie pour Leopoldine, avec plein de dessins qu'elle puisse montrer à Joshua, et une partie pour Louise, qui lui sera transmis dès qu'elle passera au Chaudron Baveur. Je leur raconte tout, sans rien leur dire. Je leur parle de Rohan, bien sûr, elles ont toutes les deux déjà du subir mes histoires de cœur et de cul qui n'en finissent pas. Je me demande si elles sentent à quel point, bizarrement, tout est différent. Je leur parle de Sarah, bien sûr, je la compare à Joshua, à Louise, à Rohan un nombre incalculable de fois. (Je n'ose cependant pas avouer à Leo comment le regard sévère que la petite a parfois  me rappelle le sien.) Je ne parle cependant pas de la forêt, des risques, du vol, de la lune ou du goût du sang lorsque je me réveille parfois nu au milieu de nulle part. Il y a des choses qui ne se racontent pas à l'écrit.




La cible du jour est une maison moldue qui me semble assez riche pour ne pas faire trop culpabiliser, mais trop pour éviter la sécurité supplémentaire. D'un Alohomora, j'ouvre la porte du jardin, et me laisse glisser dans l'ombre de la maison. Les odeurs de ses habitants m'assaille, les souvenirs de ma propre maison aussi, et encore une fois je rêve de revenir à  la civilisation. J'en rêve toutes les nuits, quand je ne rêve pas de l'autre bouffon. Puis je rêve des raffles, je rêve des lois qui deviennent n'importe quoi, et de né-moldus qui sont parqués depuis janvier. Et je m'imagine, un soir de pleine lune, à détruire la maison que j'ai pu construire. Et je me vois, hurler, seul, parce que Rohan ne quittera jamais la forêt.
Depuis quand est-ce que je n'arrive plus à prendre la moindre décision sans lui ?
James, tu deviens niais.
Concentre-toi sur ce que tu dois faire, bon sang, il est déjà quatorze heures, tu prends trop ton temps, et tu connais Rohan, il va s'inquiéter. En silence, mais il va s'inquiéter.

J'ai bien visé, la famille a un adolescent à la maison, et j'arrive à piquer quelques fringues pour Sarah. Bon, c'est pour garçon, mais on a plus vraiment la possibilité de faire nos fashion victim. Je fais aussi la réserve de bandages, d'alcool fort pour désinfecter, de gâteaux, et je me risque même à emporter leur jus de fruit. Je suis un peu con alors, d'un coup de baguette, je répare ce que je trouve, comme si ça pouvait rembourser ce que je pique. J'aimerais être chez des sorciers, prendre de quoi faire des potions, des charmes de protection, mais je prends déjà bien des risques à aller chez des moldus alors... Heureusement, Sarah est là, et je suis ses conseils lorsqu'il s'agit de comprendre ce que je fais, ce qui peut nous aider. Je fixe d'ailleurs comme un con la bibliothèque, et finit par même prendre des livres (Rohan déteste quand j'en prends trop, d'habitude il me file une liste très courte en me faisant promettre de revenir vite, de ne pas m'attarder, mais je fais toujours tripler la liste et il grogne et qu'il aille se faire foutre).
Je finis par arriver à bout d'inspiration en milieu d'après-midi et, plutôt que de me risquer à faire le chemin inverse, je transplane à  l'orée de la forêt.

Face à un homme et une femme, qui n'ont pas vraiment l'air moldus, qui me regardent avec des yeux ronds. On se fixe, un moment, en silence. Si ce sont des moldus, je me charge des sors d'oubli, et je rentre. Si ce ne sont pas des moldus... Le premier rayon magique en ma direction ne me laisse pas finir ma phrase. « Protecto ! » Je n'ai jamais été doué en duel, jamais. Je suis un sorcier du quotidien, qui a une liste d'informulés débiles longue comme le bras, le genre de mec qui fait tout à la magie mais qui ne pourra certainement pas survivre une fois sur un champ de bataille. Et moi, en deux contre un avec des rafleurs ? (Parce que c'est ce qu'ils sont, c'est évident maintenant.) Et bien je peux vous dire que je peux remercier mes instincts de loup pour éviter et courir, sinon je serais mort depuis longtemps.
Je tiens à peine quelques secondes contre leurs attaques avant de commencer à courir pour m'enfoncer dans la forêt, qui ressemble de plus en plus à ce qui me sert de maison. Bien entendu, je ne vais pas en direction du camp. Hors de question de les ramener vers Rohan et Sarah. Je lance des Confundo au hasard dans mon dos pendant qu'ils me poursuivent. Ils ne savent pas encore que je suis un loup-garou, je ne sais pas pourquoi ils m'ont attaqués aussi vite. Je réalise alors que je suis sale, mal habillé, mal coiffé, et que j'ai l'attirail parfait du rebelle en puissance. Merde. Merde. Merde.

J'arrive à les semer, un peu, jusqu'à ce que l'un d'eux transplane devant moi. Le con. Il essayer de me frapper, visiblement plus à l'aise au corps à corps qu'à la baguette, il doit me prendre pour un gringalet. Le loup en moi grogne, j'évite sans peine sa faible attaque, avant de lui enfoncer mon poing dans la mâchoire. Il ne se laisse cependant pas démonter, plus petit que moi mais plus large, et il vacille à peine avant de me sourire avec des dents rouge de sang. « Je vais te buter petit con. » Je panique, lève ma baguette, et lance un Confringo plus puissant que prévu contre lui. Il n'est qu'à deux mètres, et l'explosion me frappe, même si moins que lui. Je crie de douleur, le torse salement entamé, puis reste figé devant le... le... il... Je le fixe avec des yeux ronds, le rafleur, la panique me floue le regard et je n'ose pas aller tâter le pouls du corps inanimé. L'autre rafleuse approche, elle crie, elle a vu l'explosion, elle me met en joue.
Je transplane.




J'ai jamais été bon pour les duels, mais j'ai très vite compris que, transplaner, c'était mon domaine. Leopoldine dit que c'est parce que je suis un lâche et un trouillard. Louise réplique que c'est parce que je suis un être libre qui a besoin de mouvement. Je crois que, aujourd'hui, c'est surtout le truc qui me permet de rester en vie.
Je transplane à quelques kilomètres de là, en priant pour avoir réussi à conserver la totalité du sac avec moi. Le paquet de gâteau a du s'ouvrir sous le choc. J'essaye de me concentrer sur ça, sur l'inventaire du sac, pour essayer d'oublier que je schlingue le sang et la mort, je schlingue la mort. Je ferme les yeux, reprends ma respiration, essaye de me souvenir d'où je suis. Je n'ai pas la force de transplaner de nouveau, je risque la désartibulation. Je ne peux pas, non plus, me permette de rester là. Je vais devoir revenir à pieds.

Rohan, lui, aurait pu rentrer à pieds en se dirigeant avec le soleil, les étoiles, le flair, je ne sais quel autre super pouvoir. Je ne suis pas Rohan. Alors je sors ma baguette, bien qu'encore secouée de la force de mon sort, et je lui demande doucement de me guider jusqu'à la maison. Ce sort, initialement appris pour m'aider à rentrer chez moi après une soirée arrosée, me permet d'avancer pas à pas, malgré la douleur, la peur, et le choc, vers ce qui me sert de Meute aujourd'hui. Je veux juste être de retour auprès du feu, avec Sarah et Rohan, à les écouter se chamailler. Rohan peut bien rester silencieux avec moi, me haïr, me détester, avoir des grimaces de dégoût dès que je parle de ce que je ressens pour lui, tant que d'une manière ou d'une autre je peux rester sous leur protection.

J'ai mal putain, j'ai froid, j'ai faim, je vais avoir des ampoules vu mes chaussures de merde. Je me concentre sur ces plaintes qui horripilent Rohan, plutôt que de penser à autre chose et, surtout, plutôt que de devoir l'écouter, lui, le loup.

« Il t'aurait tué, il nous aurait tué, et tu le sais. »
« J'aurais pu faire autre chose, l'assomer, je ne sais pas... »
« Au moins la rafleuse sera trop occupée à s'occuper de lui plutôt que de te poursuivre. »
« Ou alors elle me poursuivra jusqu'à ma mort parce que j'ai tué son ami. »
« C'est pas un petit sortilège qui va... »
« Ce n'est pas un loup, ok ? Et tu as vu l'angle de sa tête ? L'état de ses jambes ? Pourquoi j'ai utilisé ce sortilège... »
« Parce que la Meute nous attend, qu'ils s'inquiètent, et que tu ne peux pas te permettre d'être encore plus en retard. »

Nous tombons enfin d'accord, et le silence s'ensuit. J'écoute la forêt, et je pense aux autres, et j'espère qu'ils ne s'inquiètent pas trop.
Rohan s'inquiète lorsque je mets quatre au lieu de deux.
Cela fait combien de temps que je suis parti ?
Trop longtemps. Je suis parti ce matin, la nuit commence à tomber.
Putain je suis encore ? Maudit sortilège, il devrait me dire combien de temps de marche il me reste...
Dès que je le vois, je lui présente mes excuses. Je lui dis que je suis désolé, que je suis con, que j'ai menti, que je l'aime, que je l'aime.
Non, il va grogner.
Que je les aime, Sarah et lui.
Voilà, ça c'est mieux.
Putain je suis fatigué.
Et si je m'arrêtais, juste un instant ?
M'adosser à cet arbre, là, attendre que la rafleuse me suive, la laisser me tuer.
J'ai juste envie de dormir.
Mais je n'ai pas envie de dormir n'importe où, et c'est ce qui me fait continuer d'avancer.




Lorsque je commence à reconnaître les environs du lac je me mets à courir, enfin, j'essaye de courir mais je me limite à une marche mi-rapide mi-trottinante. J'aperçois finalement la cabane de chasse, je sens mon cœur s'accélérer et bien sûr, bien entendu, il y a Rohan qui se précipite vers moi. Je n'ai jamais été aussi soulagé de voir sa tête de con, avec ses yeux paniqués et ses lèvres tordues. Même quand j'ai cru qu'il allait m'abandonner, j'ai pas ressenti ce soulagement immense d'être de nouveau à la maison.
Nous nous rejoignons, je sens ses mains sur mon visage et je suis si soulagé que je m'endormirais presque ici, là, maintenant. « James ? » Il me parle, il me parle, il me parle. C'est con, bien sûr qu'il te parle, tu sens le sang bouffon. « James, t’étais passé où putain, tu—qui--  » Il tremble, et il pleure, pendant que moi je suis une espèce de loque épuisée et immobile qui le fixe juste comme s'il était une vision que j'allais briser en articulant le moindre mot. « On a cru – J'ai cru –  » Moi aussi Rohan, moi aussi. Je n'ose pas lui dire et préfère me noyer dans les bras qu'il noue enfin autour de moi. Merlin que son odeur a pu me manquer. Je sens tous mes muscles se détendre, mon visage se réfugier instinctivement dans son cou, inspirer profondément sa chaleur. « Tu peux pas—putain, tu m’as fait peur, j’ai-  » J'ai envie de me moquer de lui, de ses hésitations, de ses mains tremblantes, de ses larmes que je sens dégouliner sur moi. Je n'ai jamais vu Rohan pleurer. C'est moi qui pleure, pas Rohan. Une part de moi est soulagée, en fait, d'arriver à le faire pleurer. Connard de James. Oh c'est bon, j'ai failli crever, je fais ce que je veux.

Soudain la chaleur, l'odeur, le contact s'en va, Rohan s'éloigne. Je suffoque, aussitôt. « Désolé, je sais, pas toucher, j’ai juste--  » Pas toucher rien du tout, crétin, crétin, arrête de m'écouter quand je mens. Ne te racle pas la gorge, ne me rejette pas, putain. « Tu es blessé. » Bravo Rowena Serdaigle. Ta gueule maintenant. Je retraverse la distance qu'il a osé mettre entre nous, me réfugie de nouveau contre lui, mais cette fois-ci je m'accroche, je passe mes bras dans son dos et m’agrippe à ses épaules, je noie mon visage épuisé dans son cou, je murmure, implorant : « Oublie ce que j'ai dit, oublie tout ce que j'ai dit ce soir-là, ne me lâche pas. » Pourquoi c'était si dur à dire hier, pourquoi il faut que je tue quelqu'un pour que ça sorte aussi facilement ? James la petite princesse, James la petite capricieuse, ah oui ça tu peux l'ignorer quand tout va bien mais dès que monsieur a besoin qu'on le rassure, qu'on le protège, qu'on le câline, tout de suite on fait tout ce qu'il faut, hein ? « J'ai été con, j'ai dit que des conneries, j'étais énervé, connement. Pardonne-moi, me laisse pas. »
Je me mets, enfin, à trembler, je n'arrive pas à pleurer. Je pleure toujours, devant la mort, mais là, là je suis juste tétanisé. « J'ai croisé des rafleurs. » finis-je enfin par lâcher, parce que je ne peux pas ne pas lui dire, parce qu'il faut qu'il sache. Je ne sais pas pourquoi j'en ai autant besoin, j'ai juste envie de me décharger de cela et qu'il me serre dans ses bras, et qu'il s'occupe de moi, et que tout aille mieux. « Je crois que j'en ai tué un, Rohan. » Il sait que j'ai déjà tué, durant la pleine lune. Il sait à quel point ça me bouffe. Il sait que jamais, je n'ai jamais tué ailleurs. Rohan tue nos ennemis, moi je les immobilise, les rend amnésique, et les envoie faire un somme. « Un sort m'a touché, au torse, mon sort  à moi, j'ai pas géré, ça a dérapé, je. » Je ne le regarde pas, je suis juste tremblant, choqué, collé à lui. Je ne veux pas le regarder en face. « Je suis désolé, je suis désolé. » Je suis désolé.


Dernière édition par James Rowle le Dim 30 Oct 2016 - 12:58, édité 1 fois
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HERO • we saved the world
Rohan Helvar
Rohan Helvar
‹ disponibilité : dispo.
‹ inscription : 27/08/2016
‹ messages : 434
‹ crédits : shiya.
‹ dialogues : sandybrown (design foncé), darkgoldenrod (design clair).
(MAI 99) ROMES † my arms are tough, but they can be bent. 170119063913820709

‹ liens utiles :
fiche » RUN BOY RUN
marcus » ex-ff, prisoner mylan » angry & hungry midget shin » or is it nazir? salvatore » ff beater & international asshole sirius » the mighty godfather elliott » just another asshole fred » the lost twin.
‹ âge : 25 ans.
‹ occupation : il s'occupe de James à Storm's End et rattrape tout ce qu'il a manqué en n'allant pas à Poudlard avec les habitants du cottage.
‹ maison : il n'est jamais allé à Poudlard.
‹ gallions (ʛ) : 3547
‹ réputation : il est le filleul de la Ministre qui a subitement fait une réapparition après la guerre.
‹ particularité : un loup-garou, il a été mordu quand il avait dix ans.
‹ résidence : Storm's End.
‹ patronus : rien du tout, il n'a jamais appris à en faire un.
‹ épouvantard : James en train de rire avec ce type qui a tué Sarah.
‹ risèd : probablement lui, en uniforme d'élève de Poudlard.
http://www.smoking-ruins.com/t5023-rohan-stand-by-me
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Mai 1999 - la cabane près du lac
MY SKIN IS ROUGH, BUT IT CAN BE CLEANSED AND MY ARMS ARE TOUGH, BUT THEY CAN BE BENT, AND I WANNA FIGHT, BUT I CAN'T CONTEND.
James est vivant. Rohan occulte tout ce qui n’est pas les battements de son cœur, affolés mais forts, si forts. Il s’est souvenu, un peu trop tard, de ce qu’il lui a dit il y a deux semaines mais il n’a qu’une envie, c’est de le serrer à nouveau contre lui, de ne plus jamais le lâcher de peur qu’il disparaisse. Il a besoin de toucher sa peau, ses cheveux, de s’enivrer de son odeur et d’entendre sa voix, il a besoin—Son souffle se coupe, quand James efface la distance entre eux et vient à nouveau se presser contre lui. Il ne sait pas quoi faire, quand il le sent agripper ses épaules et nicher son visage dans son cou.  « Oublie ce que j'ai dit, oublie tout ce que j'ai dit ce soir-là, ne me lâche pas. » Un hoquet lui échappe et Rohan referme ses bras autour de lui, plonge son visage dans ses cheveux, inspire profondément. Ça lui a tellement manqué, Merlin, tellement manqué. Il n’a jamais aussi mal dormi que ces deux dernières semaines, de savoir James aussi proche sans pouvoir le toucher ni même l’approcher. Il a cru qu’il pouvait effacer ce qu’il éprouve pour l’autre loup, stupide, stupide Rohan. Ça le terrifie mais il en a besoin, il en a peur mais il ne peut plus s’en passer, c’est trop tard, James l’a marqué. Ce n’est pas visible, comme la cicatrice qui a l’empreinte des crocs de son créateur sur son flanc, mais ça brûle, ça brûle autant.
« J'ai été con, j'ai dit que des conneries, j'étais énervé, connement. Pardonne-moi, me laisse pas. » Il ne peut pas parler, sa gorge est trop nouée et il sait que s’il dit quoi que ce soit, sa voix sera minuscule et toute cassée et pitoyable alors il resserre son étreinte dans un geste qui veut dire Non. Non, il ne le laisse pas. Il ne le laisse plus, il ne partira plus jamais, quoi qu’il arrive, quoi qu’ils se disent, quoi qu’ils fassent. Et il parlera, maintenant. Même s’il n’en a pas envie, même s’il ne sait pas comment le dire, même s’il a peur d’être ridicule, il parlera à James et même si ça le met en colère, il continuera et il lui fera comprendre.

Il le sent qui se met à trembler contre lui et Rohan a peur, parce qu’il s’est passé quelque chose et James est blessé et-- « J'ai croisé des rafleurs. » Un grondement inquiet lui échappe. C’est pour ça qu’il est blessé. C’est parce qu’il a croisé des rafleurs, c’est eux qui sont responsable pour le sang et les tremblements. Une colère sourde monte en lui, le genre de colère qu’il ne parvient à apaiser qu’après avoir lui-même fait couler le sang. Il écarte un peu son visage, juste assez pour pouvoir le regarder. Les yeux du brun sont secs et c’est étrange parce qu’il pleure pour un rien d’habitude mais là, il ne fait que trembler contre lui et il est pâle et Rohan sent que quelque chose cloche. Vraiment. « Je crois que j'en ai tué un, Rohan. » Oh. James n’a jamais tué. Le Loup oui, il le sait pour l’avoir parfois récupéré en train de vomir tripes et boyaux après avoir senti le goût du sang dans sa bouche, un lendemain de pleine lune. Mais James n’a jamais tué qui que ce soit, contrairement à Rohan.
Et ce n’est pas que Rohan est plus habitué, ce n’est pas qu’il ne se préoccupe pas des vies qu’il enlève pour sa survie, leur survie. C’est juste qu’il a appris à ne pas montrer à quel point ça le répugne, une fois que le Loup s’est repu du carnage et qu’il ne reste plus que l’Homme. Claevis détestait qu’il chouine devant un cadavre. Merlin, Clae aurait détesté James.

Mais Rohan aime le voir pleurer quand quelqu’un meurt. Il aime percevoir le dégoût de James lorsqu’une vie s’éteint par leur faute. Il aime qu’il soit incapable de s’habituer à ça et que même s’il sait que c’est pour leur survie à eux, ça ne rend pas la chose moins affreuse à ses yeux. Il aime que James soit si humain et qu’il l’empêche de devenir comme Clae et les autres. « Un sort m'a touché, au torse, mon sort  à moi, j'ai pas géré, ça a dérapé, je. » Et il tremble toujours, il tremble tant que le cœur de Rohan se serre. James n’est pas fait pour tuer et ça lui va parfaitement. C’est pour ça que c’est lui qui s’en charge. Il n’aime pas ça non plus, mais il a appris à gérer, il a appris à se répéter inlassablement qu’il n’avait pas le choix. Il a déjà les mains sales, de toute manière. Il aurait voulu empêcher que ça arrive, être là pour le faire à la place de James et lui permettre de pouvoir continuer d’être celui qui n’a jamais ôté la vie.
« Je suis désolé, je suis désolé. » Il défait ses bras pour pouvoir prendre le visage du brun entre ses mains. Il approche son visage et presse ses lèvres sur son front. « Shhh, » murmure-t-il doucement et si le Loup gronde Rohan l’ignore et le fait taire. He’s pack, he’s pack, shut up, you need this too. « Tu ne voulais pas le tuer. » Il le sait, parce que James fait toujours en sorte de se débarrasser de ceux qui les menacent sans avoir à les tuer. Il le sait, parce qu’il a pu paniquer et faire une erreur, mais James est incapable de tuer quelqu’un intentionnellement. « Tu ne voulais pas le tuer, mais lui l’aurait fait, tu t’es défendu. » Il ne lui dit pas que ce n’est pas grave, il ne lui dit pas que ce n’était qu’un accident, parce que ce n’est pas ce qu’il veut entendre. Tuer quelqu’un ne sera jamais qu’un accident, ce sera toujours grave pour James. Il ne lui dira pas non plus qu’il a bien fait, même s’il le pense, même si au fond de lui, James le sait probablement, ça ne rend pas la chose moins horrible à ses yeux. Et c’est ça qu’il aime, Merlin c’est ça qu’il aime tellement chez lui.

James aurait pu mourir, aujourd’hui. Il a failli ne plus jamais revenir et une seule journée passée sans lui a manqué de rendre Rohan complètement fou. Il ne pense plus à la peine que Sarah aurait éprouvée, il pense à la sienne, maintenant. Aux choses horribles qu’il a pensées en voulant se persuader qu’il n’avait pas besoin de James. A sa stupidité, d’imaginer une seule seconde qu’il pouvait se contenter de l’avoir à ses côtés sans lui parler, sans le toucher, sans même le regarder. Il pense à ces deux semaines horribles et à ce qu’il aurait éprouvé, si elles avaient été les deux dernières.
« Je suis désolé, » murmure-t-il avant de presser à nouveau ses lèvres sur le front de James. Puis sa tempe, sa joue, sa mâchoire. Son cœur s’emballe et ses mains tremblent un peu. Ses lèvres retracent son visage, son nez frotte contre sa peau, comme s’il cherchait à effacer tout, tout ce qui n’est pas James et rien que James. La peur, la panique, l’horreur, le dégoût, le choc, tout. « Je suis désolé. » Ses doigts glissent dans sa nuque, passent dans les boucles noires, ses pouces restent à la naissance de sa mâchoire. Il est désolé d’avoir été stupide, il est désolé de ne pas avoir été là, il est désolé qu’il ait dû tuer, il est désolé de ne pas avoir fait mieux, il est désolé de ne pas savoir, de ne pas comprendre. Alors il fait ce qu’il aurait dû faire au lieu de fuir. Ce qu’il aurait dû faire il y a deux semaines, quand James criait ces trucs affreux qu’il ne voulait pas entendre et qu’il ne pensait pas vraiment et disait pour le faire réagir, ce qu’il n’a pas compris. Mais il comprend, maintenant, qu’il n’a pas saisi ce qu’il pensait être un truc d’humain alors qu’il n’y avait rien de plus animal que la réaction de James. Il attaque quand il est blessé.

Et il était blessé, il est blessé par sa faute, parce qu’il aurait dû faire ce qu’il fait maintenant sans se poser de questions, sans écouter le Loup parce qu’il ne comprend pas mais Rohan s’en fiche. La minuscule distance qui les sépare est effacée et ses lèvres se posent sur celles de James. Le contact est bref, mais il suffit à confirmer ce qu’il avait aperçu la dernière fois.

Qu’importe que ça le terrifie et que le Loup ne soit pas d’accord et si c’est pas normal. Qu’importe, parce qu’il ne pourra jamais embrasser quelqu’un d’autre, quelqu’un qui ne soit pas James.

Il recommence. Encore, et encore, et chaque baiser, chaque pression de ses lèvres sur celles de James a un sens.

Je suis désolé.
Tu as fait ce qu’il fallait.
J’ai eu si peur.
Je suis là.
Je te tiens.
Je crois que—
Non.
Je sais.

Il s’attarde, cette fois. Il mémorise le contour de ses lèvres, leur texture. Il ne sait pas tellement ce qu’il fait, il ne sait pas s’il le fait bien, ou mal, mais son cœur bat la chamade et il a l’impression que tout son corps vibre et l’odeur de James l’obsède et quand leur souffle se mêle, il y a un son qui lui échappe et qui meurt contre les lèvres du brun et il ne sait pas si c’est un grognement, un gémissement ou un couinement, mais il n’arrive même pas à en avoir honte. Quand il se détache enfin, il a le souffle court et il ne peut pas s’empêcher de paniquer un peu, parce que peut-être que James n’avait aucune envie de ça et qui a envie d’être embrassé après avoir tué quelqu’un et il est vraiment stupide et il a très très envie de courir et d’aller se jeter dans l’eau glacée du lac.

Mais il ne bouge pas. Il a retenu la leçon. Quoi qu’il arrive, il ne fuit pas.
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Mai 1999 - la cabane près du lac
it's become a habit, a way to start the day. i go through this before you wake up, so i can feel happier to be safe up here with you.
Je suis désolé. Je suis désolé d'être aussi égoïste, et menteur, et con, et maladroit, de pas être capable de revenir un seul morceau, de t'inquiéter, de te faire faire des trucs qui te font mal, de ne pas pouvoir m'empêcher de m'accrocher à toi, d'être con, d'être si con. Je suis désolée d'avoir autant besoin de sa présence, d'être aussi heureux de le voir pleurer pour moi, d'être aussi satisfait de la tension avec laquelle il me serre contre lui, d'autant savourer le désespoir avec lequel il s'accroche à moi. Je suis désolé de l'avoir tué, d'être incapable de pleurer, d'être incapable de regretter. Je suis désolé de ne plus être aussi normal, aussi léger qu'avant. C'est pas mon rôle, ça. Je suis l'humain, le bouffon, celui qui rigole et qui apprend à Rohan comment oublier le meurtre, la lune, la violence et l'interdiction de pleurer. Mais me voilà, avec mes tremblements, avec mon sang, avec mes propres meurtres, qui viennent foutre la merde là-dedans. Si moi aussi, je m'y mets, il restera quoi à Sarah ? Deux monstres ? C'est cela qu'on veut lui apprendre ?
Il finit par me détacher de lui et c'est pas faiblesse que je me laisse faire, cependant incapable de le regarder en face, les yeux soudain fixés sur son t-shirt. Il y a du sang dessus, c'est le mien. Je l'ai taché dans notre embrassade, j'en ai mis partout et maintenant Rohan aussi a l'odeur du sang sur lui. Je ne voulais pas ramener ici, je voulais qu'on puisse oublier tout cette histoire ici. Mais même à la maison, même dans les bras de l'homme que j'aime, la mort ne s'en va pas, elle creuse son trou dans ton ventre et ne te lâche pas.
Je sens les mains de Rohan de nouveau sur son visage, ça me fait trembler et j'hésite à le rejeter, mais j'en suis incapable, au fond. Il m'embrasse le front, et il est si tendre que j'ai envie de pleurer mais il n'y a juste aucune larme, aucun liquide capable de sortir mes yeux. « Shhh » et c'est débile, c'est ridicule mais le son de sa voix calme mes tremblements. Je ferme les yeux, pour entendre mieux, pour me concentrer sur lui, sa proximité, et l'atroce relaxation que me procure sa présence. Je ferme les yeux, pour oublier le sang, partout, et je me concentre sur son odeur, à lui, oubliant le reste. « Tu ne voulais pas le tuer. » J'acquiesce d'un mouvement de la tête. Je ne voulais pas, ce n'était pas prévu, si j'avais pu... si j'avais su... j'aurais essayé... « Tu ne voulais pas le tuer, mais lui l'aurait fait, tu t'es défendu. » Je  m'en souviens, du sourire rouge du rafleur, de la joie avec laquelle il m'avait promis je vais te buter petit con. Mais je ne peux pas m'empêcher de me demander si lui aussi n'avait pas un Rohan, une Sarah, une cabane quelque part où retourner. Il était peut-être un monstre, mais je suis quoi moi ? Qu'est-ce qui me donnait le droit de... ?

« Je suis désolé. » Sans réfléchir, comme un écho, je réponds. « Je suis désolé. » Je ne sais même plus de quoi nous nous excusons. De quoi doit-il s'excuser Rohan, il n'a tué personne, lui. Puis je me souviens de la dispute, je me souviens que, lui non plus, n'a pas été le plus tendre et que, tout comme je suis parti toute une journée, lui aussi m'a abandonné. C'est pour cela, qu'il s'excuse ? Je ne comprends pas, puis je sens, de nouveau, ses lèvres sur son front. C'est débile, c'est débile que ça me calme autant. Et comme s'il m'entends, il embrasse ma tempe, ma joue, ma mâchoire. Sidéré, le souffle coupé, je garde les yeux fermés, comme si c'était un rêve dont il ne fallait pas se réveiller. Je me souviens, confusément, de la pleine lune, des nuits où nous sommes blessés, tous les deux, les loups, et de la façon qu'il a toujours de venir lécher mes plaies, pour les laver. Rohan est ce loup, ce loup est Rohan, et j'essaye, vainement, de prendre tout cela pour un geste de tendresse lupine. « Je suis désolé. » Cette fois je ne réponds pas, je le laisse juste faire, incapable de faire un geste, vibrant qu'il continue, qu'il lave tout, qu'il me fasse tout oublier. Une énième fois, ses doigts se glissent dans mes cheveux. S'ils l'obsèdent autant, je ne les couperai plus jamais, je les garderai lâches et longs, pour qu'il se retrouve piégé à y entremêler ses doigts. J'ai l'impression que tout tourne au ralenti, que quelque chose va se passer, je le sens étrangement dans son regard que je sens sans voir, les yeux fermés, garde les yeux fermés.

Ses lèvres sur les miennes me prennent de cours, me font presque sursauter, et j'ouvre les yeux comme un imbécile, incapable de supporter de laisser le rêve se dérouler sans vérifier, vérifier que... Oui, c'est bien Rohan. Évidemment que c'est Rohan, qui m'embrasse, moi. Que ce soit moi qui l'embrasse, je veux bien, c'est logique, je suis con, je ne retiens rien, je me laisse aller à mes pulsions et mes caprices. Rohan, lui, ne ment pas. S'il m'embrasse c'est que c'est vrai. Cela ne veut rien dire, mais en même temps c'est la seule façon d'expliquer l'étrange tension qui soulage et intoxique mon corps alors que j'essaye de réaliser ce qu'il s'est passé. Je n'ai pas le temps de nier, d'essayer de chercher un échappatoire qu'il recommence. Les baisers de Rohan sont maladroits, jeunes, inexpérimentés mais je crois que je m'en fous. Il y met tant de tension, d'affection, de compréhension... comment peut-il dire autant de choses avec un simple contact ? C'est parce que c'est un loup ? C'est parce qu'il ne parle pas ? Est que c'est parce qu'il a des crises magie ? C'est ça, ce qu'il se passe, il me fait une crise de magie ?
Je devrais pleurer de bonheur, crier de joie, remercier Merlin de m'avoir enfin fait capturer celui que je reste juste là, sidéré, suffoquant sous ses baisers, incapable de faire que ce soit tant je panique d'incompréhension, écrasé par la force de ce qui me troue le ventre d'émotions. Ce n'est que lorsque je l'entends, soudain, faire un bruit indescriptible que je prends comme du plaisir, ou de la joie, ou juste un ronronnement de loup que je sens tout mon être se lancer à son tour dans le baiser. Soudain je l'embrasse à mon tour, je savoure ces lèvres dont je n'arrivais à peine me souvenir, celles qui sont restées closes si longtemps, celles qui m'appartiennent. En l'embrassant, je me sens m'accrocher à lui, les poings serrés sur ses vêtements, sa peau, je sens le désir qu'il soit uniquement à moi grimper en flèche. Je ne suis pas possessif, je ne suis pas jaloux, mais soudain il y a quelque chose comme un loup qui marque sa proie et qui ne la laissera à personne d'autre. Il n'y a eu personne avant moi, il n'y aura personne d'autre, il est à moi, j'y veillerai, tant que je vis je veillerai à ce qu'il n'ose jamais regarder quiconque comme cela. Je suis subjugué par cette rage étrange, animale, qui me ressemble si peu.

Le contact se brise finalement et je pappillone un peu des yeux, presque paniqué de la force avec laquelle je me sens encore m'accrocher à ses bras. Je respire profondément, une fois, deux fois, essayant de me reconnecter à ce qu'il se passe, ne pouvant cependant détacher mon regard sur son visage qui semble soudain s'affoler. Cela m'arrache un sourire, tendre mais fatigué. J'arrive à détacher une main qui se lève vers son visage et, doucement, essuie les restes de larmes sur ses joues. Je tremble encore un peu, mais les secousses brutales de toute à l'heure se sont dissipées. Une voix éraillée et fragile qui doit être la mienne murmure dans un rire étouffé : « Si tu te mets à pleurer à ma place... » Parce que c'est ce qu'il a fait, de pleurer quand moi je ne pouvais pas. Je me dis, silencieusement, que quand même il vaut mieux qu'on retourne chacun à nos rôles. Il tue, je pleure, c'est quand même moins perturbant dans ce sens-là. Mes doigts s'attardent sur son visage, dans ce genre de mouvement que je n'avais pu me permettre jusque là. J'inspire, me retiens de lui sauter dessus, préfère plutôt finir ma phrase. « ... je vais me sentir obligé de te sauter dessus. » Et Merlin que j'en crève d'envie.
Mes yeux s'égarent cependant sur son torse, et son t-shirt, et les traces rouges que j'y devine encore. Mon regard descend encore sur moi, et mes propres vêtements en ruine, avec ces lambeaux de t-shirt qui me couvrent à présent. C'est plein de sang, y a déjà de la croute, et ça sent même un peu le brûlé. Ma main redescend et va attraper le tissu pour le redresser, dévoilant ma poitrine. Oups. On voit bien là où les flammes ont commencé à cramer la peau, et où le choc l'a fissurée, faisant quelques bonnes grosses entailles peu profondes mais sanguinolentes. « Je me suis vraiment pas raté... » réussis-je à articuler, tout à coup un peu effrayé de voir ce que ça a fait sur moi... je n'imagine même pas sur lui. Je prends une nouvelle grande inspiration, réalise que même ce mouvement-là réveille une vague de douleur, et relève de nouveau les yeux vers Rohan. Il fixe ma blessure, et il y a des tempêtes dans son regard qui me font vibrer de peur et de fierté contenue. J'ai un rire nerveux, comme souvent, et essaye de remonter le moral d'un sourire oblique : « Au moins ça me fera une cicatrice sexy pour aller avec les tiennes. » Cela ne le fait pas rire, sans surprise, mais je me sens déjà moins fragile. Son inquiétude me permet de commencer à m'en foutre. « T'inquiète pas on va s'en occuper. J'ai des bandages et de l'alcool fort dans mon sac, c'est rien de sérieux, et on a vu pire. » D'un mouvement je me défais de mon fardeau et le lui laisse, un sourire narquois aux lèvres : « Je vais retirer et laver ça, tu pourras mater autant que tu veux. » Et sa tronche vaut vraiment le coup d'oeil à cet instant.

Malgré mes bravades, c'est lentement et prudemment que je rejoins les restes du feu, que je ranime d'un coup de baguette. C'est délicatement que je retire ma veste et mon t-shirt, et c'est avec une grimace un peu dégoûtée que j'essaye de laver tout cela d'un Aguamenti léger. Cependant, le regard torturé de Rohan me force à rire et à lever les bras en l'air une fois tout cela fait, déclarant joyeusement : « Vous pouvez m'emballer monsieur ! »
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Rohan Helvar
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MY SKIN IS ROUGH, BUT IT CAN BE CLEANSED AND MY ARMS ARE TOUGH, BUT THEY CAN BE BENT, AND I WANNA FIGHT, BUT I CAN'T CONTEND.
Il y a un sourire sur les lèvres de James. Le genre de sourire qui fait un peu forcé parce qu’il est épuisé, mais il est là quand même et Rohan se dit qu’il ne lui en veut probablement pas, s’il sourit. Et c’est terrible, il en aurait presque honte s’il était en état de penser à quoi que ce soit d’autre, mais son regard est fixé sur ces lèvres qu’il a envie déjà envie d’embrasser à nouveau. Il veut les frôler et les caresser autant qu’il a envie de les mordre et il ne sait pas si toutes ces émotions sont à lui, ou s’il n’y a pas un peu de ce qu’il sent émaner de James et il ne sait pas non plus si ça lui fait peur ou si ça fait battre son cœur plus vite encore. Il ne sait plus grand-chose Rohan, sinon qu’il ne veut plus jamais le lâcher, sinon qu’il veut montrer à James qu’il ne le lâchera plus jamais. La main sur sa joue le ramène un peu à la réalité, un peu. Elle lui rappelle les larmes qu’il a versées et il y a cette part de lui qui est le Loup mais qui prend souvent la voix de Claevis dans sa tête, qui a honte de s’être montré faible devant quelqu’un d’autre, devant James surtout. Mais celle-là aussi il la fait taire. Il ne veut pas les entendre, pas ce soir, pas alors qu’il a failli le perdre. Il se fiche de tout, sauf de James. « Si tu te mets à pleurer à ma place... » Il ferme les yeux un instant, se laisse aller contre sa paume, savoure ce contact. « ... je vais me sentir obligé de te sauter dessus. » Et c’est stupide, vraiment. Parce que depuis que ses lèvres se sont posées sur celles du brun, il a des pensées et des images bien pires que ce que James vient de dire en tête et pourtant, ses joues se colorent et quand il rouvre les yeux, c’est pour lancer à l’autre loup le regard qu’il lui réserve à chaque fois qu’il dit ce genre de choses.
De la désapprobation, de la gêne. Mais cette fois, au lieu de la colère, il y a peut-être un peu de tendresse parce que James est un désastre ambulant, mais il ne voudrait pas qu’il soit autrement. Mais déjà, l’attention de l’autre loup s’est dirigée sur autre chose et quand Rohan suit son regard, voit le sang sur son propre t-shirt, il fronce les sourcils. Quand James soulève le lambeau de tissu qui lui sert désormais de haut, dévoilant la plaie en-dessous, c’est un grognement qui lui échappe. C’est peut-être son propre sort qui l’a touché, mais sans ces maudits Rafleurs, ça ne serait jamais arrivé et Rohan a de nouveau envie d’aller leur briser la nuque. C’est dingue, cet élan de colère, de rage sourde qui monte en lui, rien qu’en observant la blessure de James. « Je me suis vraiment pas raté... » Non, en effet et Rohan commence à être content d’avoir fait un bon stock de plantes depuis qu’ils ont trouvé Sarah.

« Au moins ça me fera une cicatrice sexy pour aller avec les tiennes. » Rohan lève un regard interloqué sur James. Ça n’a rien de sexy, non. Ça le met en rogne, salement en rogne. Il déteste qu’il soit blessé, il déteste encore plus l’idée que toute cette situation de merde dans laquelle ils se retrouvent laisse la moindre trace sur James. Parce qu’il sait que ce n’est pas son corps qui s’en retrouve le plus amoché. « T'inquiète pas on va s'en occuper. J'ai des bandages et de l'alcool fort dans mon sac, c'est rien de sérieux, et on a vu pire. »  Il prend ça avec beaucoup trop de légèreté. James prend beaucoup de choses à la légère – enfin, il prétend que c’est le cas, surtout – mais pas ses blessures. Oh non, d’habitude, il n’hésite pas à gémir et à couiner et à se plaindre jusqu’à ce que Rohan éprouve le besoin presque vital de l’assommer. Il devrait probablement être content de le voir aussi détendu, mais ça l’inquiète encore plus, pour être honnête. Il attrape le sac que James lui tend et regrette déjà qu’il s’éloigne. « Je vais retirer et laver ça, tu pourras mater autant que tu veux. » Cette fois, le regard désapprobateur et les rougeurs sont accompagnés d’un air un peu constipé.
Il ouvre le sac pendant que James rallume le feu et retire ses vêtements, avant de nettoyer la blessure pendant que Rohan se met à fouiller dans tout ce bazar. Il ne tarde pas à trouver les bandages et la bouteille de ce qui doit être de l’alcool, s’il en croit l’inscription. Il pose le sac à côté de James et se fige, en voyant très clairement la blessure sur son torse, maintenant que le feu diffuse de sa lumière sur sa peau.

Le rire de James retentit mais ce n’est pas le rire qu’il aime. « Vous pouvez m'emballer monsieur ! » Rohan fronce les sourcils et s’accroupit à côté de lui. D’un air curieux, il dévisse le bouchon de la bouteille qu’il approche de son nez avant d’avoir un vif mouvement de recul, le nez plissé dans une grimace de dégoût. Il a une quinte de toux et  manque même d’en faire tomber la bouteille, qu’il s’empresse de reboucher avant de la poser. Loin de lui. Et James voulait utiliser ça sur sa blessure ? Il lui lance un regard noir et grogne un « Bouge pas, » avant de se relever pour se diriger vers la cabane, en marmonnant des trucs qui ressemblent vaguement à Stupide, Inconscient, tout en se frottant le nez du dos de la main. Il a l’impression d’avoir littéralement bousillé son odorat en reniflant cette immondice. Il entre dans la cabane en faisant le moins de bruit possible, pour voir que Sarah est toujours endormie, roulée en boule sur le lit. Il se fige et son cœur se serre, pendant un instant, il envisage de la réveiller pour lui dire que James est rentré. Mais elle voudra le voir et il repense à la blessure sur son torse. Non. Il n’a aucune envie de l’exposer à plus de sang, d’abord il le soigne et lui fait mettre un t-shirt, ensuite ils pourront la réveiller.
Elle sentira probablement le sang, mais ils pourront lui dire que James a glissé et s’est juste un peu égratigné. Les Rafleurs, un autre sujet qu’ils vont devoir aborder avec elle et Rohan n’est clairement pas impatient. Il s’ébroue et cherche ce dont il a besoin, soit un restant d’onguent qu’il conserve dans une petite boîte pour pouvoir en appliquer sur la morsure de Sarah qui n’a toujours pas complétement guéri. Puis il récupère d’autres plantes, ainsi que de quoi les faire infuser et ressort.

Une fois de retour auprès de James, il pose tout son bazar sur le sol et s’installe de nouveau à côté de lui, pour observer minutieusement la plaie. « Les brûlures n’ont pas l’air trop grave. J’irai chercher de quoi les traiter demain. » Parce qu’il n’a rien pour s’en occuper tout de suite et il ne prendra pas le risque que ça s’infecte. Puisqu’il a déjà nettoyé la plaie, Rohan attrape la petite boîte et l’ouvre. Cet onguent-là ne contient pas d’Aconit, seulement des plantes qui accélèrent la cicatrisation et empêchent les infections, mais autant dire qu’il ne sent pas très bon. Enfin, rien ne sera jamais pire que cette chose que James a ramenée. Il en prend une bonne quantité au bout de ses doigts et commence à l’appliquer sur la plaie, en murmurant un « Désolé, » parce qu’il sait que ça fait un mal de chien. « Sarah a réussi à marcher jusqu’au lac, aujourd’hui. Je l’ai aidée, mais elle tient plus longtemps, » dit-il pour détourner son attention de la douleur. « Je l’ai laissée dormir, je me suis dit que ce serait mieux d’attendre qu’on en ait terminé, » ajoute-t-il en désignant la plaie. Quand il estime avoir tout recouvert d’une bonne couche, il s’empare des bandages et entreprend d’entourer soigneusement le torse de James avec.
Il s’assure que le bandage est bien fixé et si sa main s’attarde un peu trop longtemps sur son flanc, c’est juste parce qu’il a toujours un peu l’impression qu’il va disparaître. Rohan se racle la gorge et fouille dans le sac de James, pour en sortir un t-shirt et l’aider à l’enfiler, plus par besoin de le toucher encore un peu que par réelle nécessité. « Voilà, » dit-il enfin et maintenant, il ne sait plus trop quoi faire de ses mains, alors il les occupe en versant une bouteille d’eau qu’il a ramenée dans la casserole avant de la mettre sur le feu, pour préparer une infusion, la même qu’il fait à Sarah tous les soirs, pour l’aider à se calmer. Rohan lève les yeux sur James et étudie ses traits attentivement. « Ça va ? » demande-t-il, inquiet de ne pas encore avoir eu droit aux cris, aux larmes, au flot de paroles qui sont habituellement les symptômes d’un James blessé.
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Mai 1999 - la cabane près du lac
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Bien entendu, Rohan ne rigole pas. Rohan ne rigole presque jamais à mes blagues débiles, mais je les fais quand même, parce que d'une manière ou d'une autre ça le détend. Cela lui permet de me gérer, de prendre soin de moi en faisant semblant de le faire en se forçant. Ou alors peut-être qu'il se force vraiment. Je ne sais pas. Je dois avouer que je suis encore dans les petits nuages roses provoqué par ses baisers, il y a juste mon cerveau qui hurle quelque part ROHAN T'AIME ROHAN T'AIME ROHAN T'AS EMBRASSE DE SON PLEIN GRÈS SANS ALCOOL ET SANS ÊTRE ENDORMI qui ressemble atrocement à ce que je criais à mes quinze ans. Il y a aussi l'autre partie, que je tais, qui a mal, qui est fatiguée, qui se ressasse des trucs sales. Mais plus je dis des conneries, plus elle disparaît, alors je ne me gêne pas.
J'éclate de rire lorsqu'il débouche la bouteille d'alcool fort. Je sais depuis quelque temps que Rohan n'a vraiment eu aucun contact avec l'alcool, pour la fois où  j'ai essayé de ramener de la bière au camp. Il me fusille du regard, ce qui me fait avoir un autre rire, un peu bizarre, un peu hystérique, comme nerveux. Sauf que je ne suis plus nerveux, tout va bien, je suis détendu, je ne suis pas si blessé que ça, ce n'est rien de grave, rien de grave. « Bah quoi, ça sent pas assez la merde et les petites fleurs pour toi ? » Je le lui dis toujours, que ses onguents et ses cataplasmes sentent la bouse et les tisanes de grand mère. Mais il ne m'écoute jamais, comme là. « Bouge pas. » Je ricane encore, je sais déjà qu'il va aller chercher les trucs en lesquels il a confiance. Une vraie petite infirmière le Rohan, c'est grâce à moi ça, à force de lui faire s'intéresser à mes ampoules et lui faire retirer mes échardes. Il devrait me remercier, de me plaindre autant.

Je ne le retiens pas, je n'ose pas, mais son absence met un terme à mon sourire presque immédiatement. J'inspire, profondément, je sens les vagues de douleur et de culpabilité remonter. Je secoue la tête, je me concentre sur Rohan, son regard, la douceur de ses doigts, de ses lèvres. Le loup grogne. « Ta gueule. »  que je lui envoie, serrant les poings pour ne pas me remettre à trembler. J'ai faim, j'ai froid, je suis fatigué, très fatigué, et j'ai mal, vraiment mal. Je veux que Rohan revienne. J'ai quelques mouvements brusques de la tête pour empêcher le loup de prendre le contrôle, il est toujours à l'affut dès que personne n'est là. Je ne compte pas en parler à Rohan, je sais qu'il a bien assez de mal avec le sien comme ça.

Rohan revient, et avec lui mon corps se calme, mon sourire revient. Il a emmené tout son bazar avec lui et j'en ricane. « C'était une explosion Rohan, pas un bras en moins. » Mais il ne m'écoute déjà plus, se penchant sur ma plaie, avec le sérieux du guérisseur. Il n'a jamais autant fixé mon corps nu, ou en tout cas pas devant moi, et quand il le fait c'est pour avoir cet air professionnel quasi dégoûté ? « Les brûlures n’ont pas l’air trop grave. J’irai chercher de quoi les traiter demain.  » Qu'est-ce que j'avais dit ? Pas grave, pas grave tout ça. « T'es sûr que tu n'as pas juste envie de me déshabiller de nouveau ? » Bien sûr, Rohan ne réponds pas. Je soupire, lassé mais attendri, pendant qu'il approche la concoction de ma blessure. « Désolé. » Je hausse un sourcil, me demandant pourquoi il s'excuse encore, et si cela signifie qu'il va de nouveau m'embrasser. Puis je réalise que l'onguent tire en effet sur sa blessure. J'ai mal, mais c'est une douleur lointaine, étrange, avec celle de la brûlure et du reste, comme si cela ne m'appartenait pas. « Oh non, y a pas de soucis. » Je retiens une réflexion sur ses doigts, plus parce que je réalise qu'il doit s'inquiéter de ne pas me voir crier que par réelle timidité. Je ne sais pas pourquoi, aujourd'hui, je ne me plains pas. Je n'en ai peut-être pas le droit. Je suis en vie. J'ai Rohan.
« Sarah a réussi à marcher jusqu’au lac, aujourd’hui. Je l’ai aidée, mais elle tient plus longtemps. Je l’ai laissée dormir, je me suis dit que ce serait mieux d’attendre qu’on en ait terminé  » Cela m'arrache un nouveau sourire, ravi. « Tant mieux si elle va mieux, il manquerait plus que tu te retrouves tout seul... » à nous défendre contre la furie qui risque d'arriver « ... pour faire à manger. » Je ricane, et cherche une autre débilité à ajouter, sans succès. Je le laisse donc juste travailler en silence, en le fixant, cet imbécile borné. Il ne laisse échapper aucune tendresse, aucune caresse, aucun doigt malicieux, même pas un regard curieux. Il est travail, travail, travail. Mais il peut toujours nier, m'ignorer, je sais. Parce que Rohan ne ment pas. Il finit enfin et je vais pour lui attraper le bras, mais déjà il se racle la gorge et va vers mon sac... pour en sortir un t-shirt. « Hein ? Quoi, t'es sérieux ? » Il s'approche de moi, et j'ai presque un mouvement de recul. Il va vraiment me rhabiller maintenant ? Il va vraiment se contenter de ça ? Vraiment? Je le fusille du retard, sidéré, mais n'arrive même pas à le rejeter lorsqu'il m'aide presque tendrement à mettre quelque chose sur le dos. Une partie de moi en a effectivement marre de voir le souvenir de la bataille continuellement sous les yeux. Mais n'est-ce pas son travail, à Rohan, de me le faire oublier ? De me réchauffer, de me distraire, de- « Voilà. » Voilà que dalle troufion. Je le regarde, qui ne sait pas quoi faire de ses mains, je le vois hésiter mais non, il ne les posera pas sur moi, il se détourne et commence à faire du thé ? Mon odorat reconnaît sans mal la tisane qu'il utilise tous les soirs sur Sarah. Ok, alors maintenant je suis une pauvre enfant allitée qui a besoin qu'on la calme ? « Ca va ? » Non ?

Je lâche, calmement, avec juste un brin de malice : « Tu es loin. » Et je m'approche de lui, faisant attention de ne pas me faire mal, avant de m'asseoir, sans gêne, au milieu de ses jambes croisées. Les miennes trouvent leur place de chaque côté de lui, pour que je me retrouve juste sous on nez. Je lui lance un sourire carnassier. « On en était où sinon ? » S'il croit pouvoir m'échapper comme là, alors que je le tiens, il est en plein délire. J'attrape le bas de son t-shirt, l'empêche de bouger, de toute manière il a l'air complètement tétanisé, et ça m'arrange. J'approche mon visage du sien, insolent, ronronnant. « Tu me disais que tu étais désolé, et tu m'embrassais, il me semble. » Mes doigts se risquent sous le t-shirt, et je suis électrisé de sentir sa peau, la chaleur, même la tension qui le parcourt. Je lui fais tellement d'effet, c'est grisant. Mon sourire s'agrandit. « Il va falloir faire un peu plus que cela si tu veux que je te pardonne ton silence. » Je ne lui laisse pas le temps de répliquer quoi que ce soit, enfermant de nouveau ses lèvres entre les miennes, grognant de plaisir, maintenant qu'il y a moins de peur, de sang, de précipitation et qu'il y a la chaleur du feu derrière nous. Et puis j'en ai besoin, j'ai besoin d'oublier, et s'il y a bien quelque chose qui me fait oublier, c'est bien le sex- « FAKE WOLVES. » Je sursaute, je réalise que je me suis écarté d'un coup, et que j'ai crié cette horreur. Mes mains lâchent Rohan, montent à mes lèvres, mais ne retiennent pas un énième « FAKE WOLVES FAKE WOLVES » C'est lui c'est le loup, c'est ce bâtard d'enculé de merde qui essaye de me- « Ta gueule ! » m'écriais-je, complètement paniqué, m'écartant de Rohan, chutant de ses genoux pour avoir les fesses par terre, n'osant plus le regarder. Il n'est pas censé voir ça, il n'est pas censé savoir, le loup n'est pas censé se ramener quand il y a quelqu'un. « C'est comme ça que tu fais une meute, c'est comme ça que tu fais des louveteaux, tu me fais honte, tu me hais honte James ! » Ne dis pas ça, ne dis pas ça devant Rohan, moi je m'en fous, je m'en contrebalance de tes arguments mais pas- « Ta gueule, t'as rien à faire là, va te faire foutre, laisse-nous ! » Il ne se laisse pas faire, l'enculé. « Et après quoi ? Si je te laisse faire, tu vas juste pousser encore, encore, encore ! T'es dégueulasse !  » Sa colère me contamine, je hurle bientôt avec lui. « Ne dis pas ça maintenant putain ! Ne dis pas ça alors qu'il est là ! Ta gueule ! On en parlera plus tard ! » Il rigole, un ricanement cruel et moqueur qui me déforme la bouche alors que j'essaye vainement de le retenir. « Ah oui hein, tu n'aimes pas que je le dise ici hein, que je dise ce qu'il pense, ce qu'il sait que tu penses, que ça n'arrivera jamais à rien, jamais. » J'ai un grognement, violent, presque un aboiement contre cette voix qui est la mienne. « Je t'interdis de te mettre au milieu de ça, ça ne te REGARDE pas. Tu tues qui tu veux et je FAIS L'AMOUR A QUI JE VEUX. » Il grogne à son tour à cette idée et la gifle part, me barre le visage, me fait faire grimace. L'enculé. Mon autre main part, je le frappe, et il couine de douleur. Je le sens s'effacer, retourner dans son coin, cependant pas effrayé pour un son. Si j'en viens à le frapper, c'est que c'est vraiment grave, qu'il a vraiment touché juste. Il a fait les dégâts qu'il voulait. Il a eu ce qu'il voulait. Et moi j'ai tout perdu.

Je reste quelques seconde immobile, suffoquant, paniqué, les yeux fixés sur mes mains rougies par les gifles. La rage me quitte aussi vite qu'elle est montée lorsque mes yeux s'accrochent aux pieds de Rohan, juste en face de moi. Le feu me brûle, dans mon dos, je ne suis qu'à quelques centimètres maintenant, et je peux entendre l'eau bouillir, le bois crépiter, le vent souffler, et je peux entendre la respiration de Rohan, devant moi. Il est là, il a tout vu. Je finis, doucement, par relever la tête, terrorisé de l'expression que j'allais découvrir sur son visage.
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HERO • we saved the world
Rohan Helvar
Rohan Helvar
‹ disponibilité : dispo.
‹ inscription : 27/08/2016
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‹ crédits : shiya.
‹ dialogues : sandybrown (design foncé), darkgoldenrod (design clair).
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‹ âge : 25 ans.
‹ occupation : il s'occupe de James à Storm's End et rattrape tout ce qu'il a manqué en n'allant pas à Poudlard avec les habitants du cottage.
‹ maison : il n'est jamais allé à Poudlard.
‹ gallions (ʛ) : 3547
‹ réputation : il est le filleul de la Ministre qui a subitement fait une réapparition après la guerre.
‹ particularité : un loup-garou, il a été mordu quand il avait dix ans.
‹ résidence : Storm's End.
‹ patronus : rien du tout, il n'a jamais appris à en faire un.
‹ épouvantard : James en train de rire avec ce type qui a tué Sarah.
‹ risèd : probablement lui, en uniforme d'élève de Poudlard.
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Mai 1999 - la cabane près du lac
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« Tu es loin. » Rohan fronce les sourcils, regarde la distance qui les sépare. Pas tant que ça. C’est une bonne distance. Il n’est pas trop proche, parce que ce serait pas très raisonnable, vraiment, et il est quand même suffisamment près de lui pour percevoir tout ce qu’il préfèrerait ignorer un petit peu. Sauf que James se lève et c’est un peu hypnotisé qu’il le regarde approcher pour revenir brusquement à la réalité quand il s’installe entre ses jambes et passe les siennes de chaque côté. Oh- Oh. Ok. D’accord. Mais ça c’est vraiment très proche, quand même. D’une certaine manière, c’est plus proche encore que la manière dont il le tenait contre lui, un peu plus tôt. Rohan a un peu chaud, tout à coup. « On en était où sinon ? » Il lui demandait comment il se sentait ? Il sent James attraper le bas de son t-shirt et déglutit avec difficultés. Ah, avant ça, donc. « Tu me disais que tu étais désolé, et tu m'embrassais, il me semble. » Un peu précipitamment, un peu bêtement, il hoche la tête. Les doigts de James passent sous son t-shirt, tracent un sillon brûlant sur sa peau et un frisson parcourt l’échine de Rohan qui ose à peine respirer. « Il va falloir faire un peu plus que cela si tu veux que je te pardonne ton silence. » Un peu plus ? Mais il n’a jamais… un peu plus. Il ne sait même pas comment… un peu plus. Bon, d’accord, c’est un mensonge, il a une bonne idée de ce qu’il a très envie de faire un peu plus à James, mais… il est blessé ? Il est blessé et ce n’est vraiment pas le moment de—
C’est pas très difficile de faire taire toutes ces voix, en fait. James n’a qu’à l’embrasser comme il le fait et hop, plus personne. Le grognement qu’il émet contre ses lèvres lui traverse tout le corps et Rohan perd un peu la tête. Ce son, là, il en veut plus. Il veut en entendre plus. Il veut en provoquer plus. Alors il bouge enfin, il répond au baiser et lève ses bras pour entourer James, mais ce dernier s’écarte aussi brusquement qu’il s’est jeté sur ses lèvres. Un grondement de frustration échappe à Rohan qui fronce les sourcils et-- « FAKE WOLVES. » Quoi ? « FAKE WOLVES FAKE WOLVES » Pourquoi il dit ça ? Pourquoi il dit ça maintenant ? Il ne peut pas lui dire une chose pareille, il n’a pas le droit, pas maintenant, pas alors que— « Ta gueule ! » s’écrie brusquement James avant de s’éloigner de lui comme si Rohan l’avait brûlé.

Lui reste planté là, pâle et incapable de prendre la moindre inspiration, alors qu’il comprend. Il a l’impression qu’on lui a versé un seau d’eau glacée sur la tête et le feu brûle toujours à côté d’eux, mais Rohan est frigorifié, tétanisé. Devant lui, James s’exclame et se débat et grogne et maudit et lui ne peut que regarder. Alors enfin, il est . Après tout ce temps, après avoir donné des dizaines d’occasions à Rohan de se demander s’il était le seul à lutter, le seul à subir le désaccord de son Loup, il se révèle, se fait entendre. Il commençait à se dire que s’il n’y avait que lui alors il pouvait l’ignorer, il pouvait le repousser. Il commençait à se dire que si son Loup était le seul que ça dérangeait, alors il lui apprendrait à faire avec, pour James oui, il pouvait bien faire ça pour James.
Mais il n’est pas le seul. Il n’est pas le seul à entendre cette voix qui crie que ce n’est pas normal, que ce n’est pas naturel. Que s’il veut s’amuser c’est une chose mais que ce n’est pas comme ça qu’on créé une meute, qu’on noue des liens, que ce n’est pas lui qu’il doit aimer.

« T’es dégueulasse ! » Rohan a l’impression qu’on l’a frappé. Il sait, il sait, mais il n’a rien demandé lui, il n’a jamais voulu tout ça. Il les voit lui lancer ces regards mauvais, ces regards dégoûtés, il les entend grogner et il les sent le mépriser et il veut se recroqueviller sur lui-même et supplier qu’ils arrêtent et qu’ils se taisent et qu’ils le laissent tranquille. Il a du mal de respirer. Il voudrait se lever et lui dire d’arrêter, lui dire de se taire, il voudrait l’attraper, refermer ses doigts autour de sa gorge et le plaquer à terre et l’ECRASER LA ET LUI DIRE DE FERMER SA GUEULE. La colère monte, inonde ses veines et le bruit de la gifle le fait se lever d’un bond. Il y a ce Loup de pacotille qui ne se décide à se dresser que maintenant et qui ose, qui OSE ! Il ne l’entend pas beaucoup, mais maintenant que ça le dérange vraiment, il se manifeste ? Qui est le Faux Loup ? QUI EST LE FAUX LOUP ?
L’autre gifle le ramène à lui et Rohan se fige, alors que James regarde ses mains d’un air perdu, paniqué, malade. Lentement, il relève la tête vers lui et il déteste la terreur dans ses yeux et en même temps, une part de lui est contente de la voir là parce que ça veut dire qu’il n’y a pas que lui.

Mais s’il n’y a pas que lui, alors—
Alors il avait raison.

Et ça c’est pire que tout, parce que Rohan ne voulait pas avoir raison, Rohan aurait terriblement préféré se tromper, Rohan a envie de vomir. Il s’approche de James et c’est difficile de le toucher à nouveau après ça, mais il l’attrape quand même pour le relever et l’éloigner du feu. Dès qu’il est debout, il le lâche, comme si c’était douloureux de le toucher. Il y a un Loup satisfait en lui et le blond le déteste et pour la première fois depuis des années, il voudrait qu’il disparaisse. Il voudrait qu’il n’existe pas, qu’il le laisse tranquille, qu’il les laisse tranquille. « C’est pour ça que je suis parti, » croasse-t-il d’une voix minuscule. « Parce que c’est—c’est pas possible. Je peux pas le faire taire éternellement et toi—toi non plus. » Il déglutit avec difficultés, lève un regard désespéré vers James. « J’ai passé des années à faire en sorte que l’humain et le loup cohabitent et s’entendent et veuillent les mêmes choses et—et ça a pris du temps parfois et ce n’est pas toujours parfait mais ça fonctionne. » Sa voix se brise. « Mais ça—ça je sais pas si c’est possible, je sais pas si-- » Non, il le sait déjà, le Loup n’acceptera jamais. Il se taira si Rohan insiste et il fera probablement mine de ne rien voir, mais à l’approche de la pleine lune ?
Ce qui lui fait vraiment peur, c’est qu’il se venge. C’est que si Rohan décide de le mettre de côté pour être plus humain que loup parce qu’il veut être égoïste, parce qu’il veut James, le Loup décide de lui faire payer. Il le fera. Il le sait. Et il sait aussi très bien sur qui il se vengera. Avec qui il sera infecte, qui il blessera, quand l’emprise de la lune sera trop forte et que le Loup parlera et agira à sa place. « James, je crois que c’est impossible, » murmure-t-il finalement d’une voix à peine audible.

Le Loup a un grondement satisfait et Rohan serre les poings, ferme les yeux.
Il le hait, comme jamais il ne l’a haï.
Et ça fait mal, Merlin, ça fait mal.
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Mai 1999 - la cabane près du lac
it's become a habit, a way to start the day. i go through this before you wake up, so i can feel happier to be safe up here with you.
L'expression de Rohan m'est indéchiffrable. L'odeur est quelque chose d'incroyable mais, face à quelque chose de plus complexe que la peur, la colère, la force, la faiblesse, la tendresse et le désir, elle n'est pas très utile. Même ma connaissance de Rohan a ses limites, tant nous avons des sujets où le non-dit reste omnipotent, tant il a parfois ce silence borné qui me fait toujours enrager. On dirait juste qu'il a envie de vomir. On dirait juste qu'il veut s'en aller. Il n'a pas l'air content, en somme. Ce n'est pas exactement une surprise, je voudrais juste savoir, simplement, à quel point. Je reste muet, attentif à chacune de ses expressions alors qu'il se rapproche, j'espère, vainement, quelque chose, un câlin, un geste tendre. Encore une fois, avec lui, c'est le pratique qui l'emporte et je le sens, du bout des doigts, me relever et m'éloigner de la chaleur brûlante du feu. Je n'avais même pas remarqué avoir été si proche. Il ne l'aurait pas fait que je n'aurais pas fait la différence. Pourquoi s'occupe-t-il toujours autant de moi ? Je suis quoi, un louveteau ?
Il finit par le lâcher, et j'ai un tremblement qui n'a rien à voir avec le froid. Il va parler, je sais qu'il va parler, et je n'ai jamais autant souhaité qu'il ferme juste sa gueule. Ne le dis pas, pas maintenant, pas ici, pas alors que je suis dans cet état et que je veux juste... que je voulais juste... « C'est pour ça que je suis parti. » Il a une petite voix, une toute petite voix, ce n'est pas la voix de Rohan ça. La voix de Rohan, c'est un lourd grognement alors qu'il me reprend sur mon énième bétise, c'est les bégaiements offusqués lorsque je le taquine, c'est ce ronronnement indescriptible lorsqu'il est content. Pas ce filet de voix tremblant qui s'échappe actuellement de ses lèvres, je ne veux pas l'entendre, je ne veux pas l'entendre. « Parce que c'est-c'est pas possible. Je peux pas le faire taire éternellement et toi-toi non plus. » Ne me lance pas ce regard désespéré, ne me dit pas cela avec tant de peine, parce que je ne te laisserai pas faire ça. « Il se tait d'habitude, je te jure qu'il se tait. Dès qu'il y a quelqu'un il me laisse tranquille, et je peux le gérer quand on est que tous les deux. Tu gères bien... toi... » Ma propre voix est un filament nerveux montant et descendant dans les graves et les aigus, pour finir dans un murmure, qui n'ose pas véritablement se finir, de peur qu'il démente. « J'ai passé des années à faire en sorte que l'humain et le loup cohabitent et s'entendent et veuillent les mêmes choses et-et ça a pris du temps parfois et ce n’est pas toujours parfait mais ça fonctionne.  » Alors apprends-moi, moi aussi je peux le faire, je suis un bébé loup, ça fait quoi deux ans, comment on dit chez toi ? Vingt-quatre lunes ? « Mais ça—ça je sais pas si c’est possible, je sais pas si--  » Je déglutis, n'ose plus le regard et fixe silencieusement la tache de sang sur son t-shirt. Je veux revenir juste, quelques minutes en arrière, à trembler entre ses bras, faible mais avec lui.
Je sais ce qui m'attends. Ce n'est pas la première fois, sûrement pas la dernière que l'on me rejette. Ce n'est pas possible, James, tu es trop absent, trop inconséquent, tu n'es pas sérieux, tu ne m'aimes pas vraiment, je ne te fais pas confiance, je ne peux croire ce que tu me dis. Arrête de mentir James. Arrête de rire James. On me les a toutes faites, on reste ami, je te déteste, va crever, ne me quitte pas je t'aime, ah bon bah on se reprendre un verre plus tard ? Mais se faire cockblock par un loup ? Ca jamais. L'espèce de boule grosse comme le poing qui me bloque la gorge ? Jamais non plus. Je les sens venir, les ruptures, les gifles, les rejets, ils se sentent à des kilomètres et j'ai déjà un pied sur le seuil de la porte quand cela commence. Cette fois aussi, je l'ai venu venir, on l'a tous les deux venir. Alors qu'est-ce que je fous à m'accrocher à lui de façon aussi désespérée ? Passe à autre chose, mon vieux, trouve-toi une louve solitaire, va draguer Leo comme le loup te le hurle, fais comme tu l'as dit et trouve-toi quelqu'un quand tu voles. Je ne sais pas, fais quelque chose.
Abandonne. Tu es doué pour abandonner, James, tu les abandonnes tous, autant qu'ils sont. Tu as abandonné ta mère, tu as oublié ton père, tu as laissé Louise seule, tu n'as jamais fait partie de la vie Joshua, tu as confié à Leo la gestion de ta conscience, tu as lâché tous tes amis, tu les as abandonné dans ce petit chalet autrichien. Ce n'était pas ta faute mais il n'empêche que tu en es revenu, et pas eux. Ni Dan, ni Clem, ni Sarah, ni tous les autres. Tu abandonnes toujours tout, James, alors fais un effort, et lâche-le.
Ça doit être le loup, je suis bizarrement plus courageux depuis que je suis loup.
C'est vrai que tu n'as pas réussi à abandonner Sarah.
Avant ça, combien de fois ais-je raté ma chance avec lui ?
Tu n'es peut-être plus fait pour quitter ce qui t'importe.
Ou alors c'est lui qui m'est trop important.
Plus important pour toi que Joshua ?
Ce n'est pas pareil. Je ne veux pas, je ne peux pas faire de mal à Joshua. Il n'aura pas un père loup-garou.
Et Rohan, tu peux juste lui en faire du mal ?
Oui.

Finalement, Rohan arrive à articuler ce que je suis incapable de faire. Je reste bouche close, fixant le tissu taché. « J'ames, je crois que c'est impossible. » Voilà, quelqu'un l'a dit. Wow, merci Rohan, merci pour ce moment, c'était sympa, à la prochaine.
Qu'est-ce qui me prends ? Je savais que ça finirait comme ça. Je savais qu'il ne fallait pas s'approcher comme ça, l'embrasser comme ça, aller jusque là avec les loups si proches, alors que j'étais si fatigué, et que je savais que l'autre rôdait si proche. Bravo James, tu voulais tout envoyer en l'air, tu voulais te faire bien mal, tu voulais te punir de ce que tu avais fait. C'est réussi, tu as vraiment réussi à tout perdre.
Si seulement le loup pouvait juste partir, se casser, me laisser vivre comme je veux. Te laisser fuir comme tu veux, plutôt. Je ricane, sombre, sans bouger. Toute cette situation est ridicule. « Parce que tu penses que l'inverse est possible ? Parce que je ne me sens pas capable de t'abandonner, Rohan. » Je lève enfin les yeux vers lui, vibrant de quelque chose entre la nausée, la colère et la peur. Je secoue la tête, un sourire écoeuré au visage, riant de notre situation impossible. « Je ne te forcerai pas, Rohan, je ne t'embrasserai plus, si c'est ce qu'il te faut, je ne m'accrocherai plus à toi, si c'est ce qui est nécessaire. Mais tout cela ne va pas juste... s'évaporer. » Pas comme les autres, et je ne comprends toujours pas pourquoi.
J'inspire, profondément, sans arriver à me détendre, mais quelque part soulagé d'avoir réussi à clarifier cela. Mon corps reprend enfin vie, et j'essaye, vainement, de recoiffer des cheveux qu'il a dérangé. Mes joues ont eu le temps de se remettre du choc, après tout ce n'est rien à côté du nez que m'a un jour cassé le loup.
Ce n'est pas la fin du monde, Rohan, tant que tu ne te mets pas à fuir loin pour ne jamais revenir, on en est pas à la fin du monde.

Je suis épuisé, j'ai mal, tout mon corps crie au sommeil. Je ne sais pas si je peux dormir, je sais que je ne peux pas dormir seul. Je sais que je ne peux pas laisser Rohan seul. Je ne peux pas aller me réfugier contre Sarah, alors que je vais si mal, alors que je ne compte pas lui parler de ce qu'il s'est passé aujourd'hui. Je retrouve une contenance, le regarde avec un air mi-navré mi-implorant, articulant : « Par contre, j'aurais un service à te demander. » S'il croit que je vais juste le laisser m'oublier, m'abandonner, il peut crever. S'il croit que parce que le loup grogne il ne m'appartient pas, il se trompe cruellement. « Dors avec moi, s'il te plait. » Et la réaction que je sens à travers tout son être me terrifie de satisfaction. « Je ne ferai rien, je te le promets. Je ne peux pas juste dormir seul, et je ne peux pas infliger cela à Sarah. » Et je ne peux pas te laisser seul. « Malgré tout cela, j'ai toujours besoin de toi en tant que... frère de meute. » Cela m'arrache un sourire effaré, abasourdi que tout ce que je puisse dire ai vraiment un sens, un semblant de vérité. C'est risible, comment malgré tout, il reste avant tout ma meute. Il reste le loup qui comprend, qui m'apprend, qui me protège. « Je ne te mens pas, » il n'y a que moi pour savoir que je peux mentir, je crois que Rohan n'en a toujours pas conscience, « je ne ferai rien et j'en ai- je pense que j'en ai vraiment besoin. » Et je me déteste, un cours instant, d'utiliser ainsi le fait qu'il ne pourra pas me le refuser maintenant.
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HERO • we saved the world
Rohan Helvar
Rohan Helvar
‹ disponibilité : dispo.
‹ inscription : 27/08/2016
‹ messages : 434
‹ crédits : shiya.
‹ dialogues : sandybrown (design foncé), darkgoldenrod (design clair).
(MAI 99) ROMES † my arms are tough, but they can be bent. 170119063913820709

‹ liens utiles :
fiche » RUN BOY RUN
marcus » ex-ff, prisoner mylan » angry & hungry midget shin » or is it nazir? salvatore » ff beater & international asshole sirius » the mighty godfather elliott » just another asshole fred » the lost twin.
‹ âge : 25 ans.
‹ occupation : il s'occupe de James à Storm's End et rattrape tout ce qu'il a manqué en n'allant pas à Poudlard avec les habitants du cottage.
‹ maison : il n'est jamais allé à Poudlard.
‹ gallions (ʛ) : 3547
‹ réputation : il est le filleul de la Ministre qui a subitement fait une réapparition après la guerre.
‹ particularité : un loup-garou, il a été mordu quand il avait dix ans.
‹ résidence : Storm's End.
‹ patronus : rien du tout, il n'a jamais appris à en faire un.
‹ épouvantard : James en train de rire avec ce type qui a tué Sarah.
‹ risèd : probablement lui, en uniforme d'élève de Poudlard.
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Mai 1999 - la cabane près du lac
MY SKIN IS ROUGH, BUT IT CAN BE CLEANSED AND MY ARMS ARE TOUGH, BUT THEY CAN BE BENT, AND I WANNA FIGHT, BUT I CAN'T CONTEND.
« Il se tait d'habitude, je te jure qu'il se tait. Dès qu'il y a quelqu'un il me laisse tranquille, et je peux le gérer quand on est que tous les deux. Tu gères bien... toi... » Oui il gère, pour l’instant. Pour la première fois depuis des années, Rohan a peur de son Loup. Il a peur parce qu’il est incapable de prévoir sa réaction. Il a peur de ce qui arrivera, s’il continue de le faire taire, d’ignorer ses avertissements. La dernière chose qu’il souhaite, c’est blesser James. Réellement le blesser. Et il a l’impression que le chemin qu’ils voudraient emprunter ne les mènera qu’à ça. Que s’ils continuent, s’ils franchissent ce cap-là, ils ne sauront pas s’arrêter et ils en souffriront. Elle est vicieuse, la voix qui lui rappelle que c’est trop tard, que maintenant qu’il sait ce que ça fait d’embrasser James, de toucher James, il ne cessera jamais d’en vouloir encore et toujours plus. Mais il la chasse elle aussi, parce qu’il ne peut pas penser à ça maintenant, il doit être raisonnable, il doit penser à James avant de penser à lui-même. Ça lui fait mal d’être ainsi incapable d’envisager une solution différente, une solution moins pénible. Mais Rohan n’est pas du genre à expérimenter, à essayer en attendant de voir ce qu’il se passe. Pas quand les enjeux sont aussi importants.
Il préfère éviter les issues désastreuses en contournant le problème. C’est lâche ? Peut-être, sûrement. Mais perdre un peu James, c’est mieux que de le perde complètement, non ? Ne pas vraiment l’avoir, c’est mieux que de ne pas l’avoir du tout, pas vrai ? « Parce que tu penses que l'inverse est possible ? Parce que je ne me sens pas capable de t'abandonner, Rohan. » Lui non plus, Merlin lui non plus. Il a essayé pourtant. Mais qui est l’idiot qui a fini par revenir et demander le pardon de James ? Alors il le sait, qu’il ne peut pas l’abandonner non plus, il le sait qu’il ne partira pas. Il en est incapable.

« Je ne te forcerai pas, Rohan, je ne t'embrasserai plus, si c'est ce qu'il te faut, je ne m'accrocherai plus à toi, si c'est ce qui est nécessaire. Mais tout cela ne va pas juste... s'évaporer. » Et elle est encore plus vicieuse, cette voix qui dit fais-le. Embrasse-moi, accroche-toi jusqu’à ce que je ne puisse plus être raisonnable, jusqu’à ce que j’oublie complètement ce qu’on risque, jusqu’à ce que je ne puisse plus penser qu’à toi, toi, toi. Elle est cruelle, cette voix qui crie qu’il n’attend que ça, réellement, qu’il veut arrêter de réfléchir, arrêter de craindre les représailles, qu’il veut juste penser à James, se perdre avec lui et qu’importe tout le reste. Il a envie de l’écouter, il a terriblement envie de l’écouter et de le dire à James, de lui dire je t’en prie, pousse un peu, rien qu’un tout petit peu, je suis juste au bord du gouffre, une toute petite impulsion et je saute, je saute James je te jure.
Mais il ravale ces mots, il les ravale et c’est amer, ça lui brûle la gorge et il suffoque un peu. Il ne peut pas lui dire que c’est ce qu’il lui faut, parce que c’est faux. Il ne peut pas lui dire que c’est nécessaire, parce que ça l’est, oui ça l’est, mais il s’en fiche au fond. Il ne peut pas lui dire qu’il ne veut plus qu’il s’approche, qu’il l’embrasse, qu’il le touche, parce que c’est un mensonge si gros qu’il n’arriverait même pas à le prononcer, alors avoir l’air crédible… Il peut juste se taire.

Se taire de toutes ses forces pour ne pas dire oublie tout ça, pour ne pas dire on s’en fiche, j’arrêterai jamais de te vouloir. « Par contre, j'aurais un service à te demander. » Rohan accroche son regard à celui de James et il redoute, il anticipe. « Dors avec moi, s'il te plait. » Oui. Oui, oui, bien sûr, évidemment. « Je ne ferai rien, je te le promets. Je ne peux pas juste dormir seul, et je ne peux pas infliger cela à Sarah. » Sarah, bien sûr, il n’arrive même pas à être déçu, il s’en fiche des raisons, tout ce qu’il veut c’est l’avoir près de lui. « Malgré tout cela, j'ai toujours besoin de toi en tant que... frère de meute. » Bien sûr, bien sûr, lui aussi, toujours. « Je ne te mens pas, je ne ferai rien et j'en ai- je pense que j'en ai vraiment besoin. » Rohan hoche vivement la tête, il ne l’écoute déjà plus, bien sûr qu’il ne ment pas, il le croit d’accord, bien sûr qu’il le croit. Lui aussi il en a besoin, tellement besoin.
Le feu est éteint avec l’eau qui était en train de bouillir et c’est toujours un peu tremblant qu’il rassemble les affaires pour jeter le sac sur son épaule. Sans un regard, il tend la main derrière lui et attrape le poignet de James. Le toucher à nouveau lui tire un frisson et il reste immobile quelques secondes, le temps de faire taire ces voix différentes qui s’élèvent et qui ne veulent pas les mêmes choses. Shut up, he’s pack, et It has to be enough sont ses réponses, alors qu’il se dirige vers la cabane. A l’intérieur, Sarah dort et James se fige un moment pour la regarder pendant que Rohan se débarrasse du sac qu’il pose dans un coin. Il a l’air d’hésiter, mais se ravise. Il a probablement peur de la réveiller et de devoir lui expliquer, le blond comprend qu’il ne se sente pas d’attaque, alors il se contente de le regarder et d’attendre.

Son t-shirt est toujours tâché par le sang de James alors Rohan le retire et le roule en boule avant de le mettre au fond de son sac, il s’en occupera demain. Ses chaussures sont ôtées et quand il se retourne, James est déjà allongé, recroquevillé sur lui-même, les yeux grands ouverts. Rohan s’étend à côté de lui après avoir attrapé une couverture, pour la mettre sur le brun – cet idiot oublie toujours de se couvrir et après, il a froid et vient se coller contre lui, ou alors c’est fait exprès, tout bien réfléchi, c’est probablement fait exprès – et il ne lui laisse pas le temps de se rapprocher. Il se met sur le côté, passe un bras autour de lui et le ramène jusqu’à effacer la distance qui les sépare. Son autre bras calé sous sa tête, il va nicher son nez dans la tignasse noire de James et ce n’est pas suffisant, ça ne sera jamais plus suffisant, mais c’est mieux que rien.
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