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sujet; ALISAN // where have you been? |
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Susan est déjà venue à Storm’s End, plus d’une fois. Elle ne peut pas prétendre connaître cet endroit aussi bien que certaines des personnes qui s’y trouvent actuellement… Mais depuis qu’elle a été faite gardienne du secret, elle s’est familiarisée avec les lieux, assez bien pour s’y sentir à l’aise. Mais quand elle descend les escaliers du cottage, la main glissant sur la rambarde, elle se sent bizarre. Tout a changé, en l’espace d’une nuit. Et tout l’endroit semble avoir absorbé le changement d’atmosphère. Quand elle arrive au rez-de-chaussée, elle retourne dans la cuisine, où elle discute un peu avec Elijah qui est occupé à laver des linges tâchés de sang. Susan détourne les yeux. Ce n’est pas son genre, pourtant, à elle la médicomage, à elle la soigneuse. Mais son meilleur ami sait très bien, il comprend pourquoi elle est si réticente à regarder le sang qui se déverse dans l’évier. Cette nuit n’a rien à voir avec ce à quoi ils ont dû faire face jusqu’à aujourd’hui, et les personnes concernées par le drame sont des personnes à qui elle est attachée. Notamment Ginny. La médicomage revient tout juste d’une longue discussion avec la petite rousse, et elle ne se sent pas très bien. Alors elle reste là, dans la cuisine, à apprécier la présence silencieuse de son meilleur ami, à regarder par la fenêtre le paysage qui s’étend, paisible. La journée suit son cours doucement, de manière un peu irréelle. Susan décide de ne pas repartir tout de suite pour Poudlard, désireuse de donner un petit coup de main aux rares personnes relativement indemnes qui circulent comme des fantômes dans le cottage. Il y a un peu de ménage à faire, des discussions à avoir, une main à laisser traîner sur un bras, juste le temps de soustraire un peu de douleur, discrètement, malicieusement. Susan sait qu’il ne faut pas abuser, mais la situation est extraordinaire, alors elle peut bien donner un peu d’elle-même, même si ça veut dire qu’elle va dormir deux jours d’affilée en rentrant à l’infirmerie. Elle parcourt le cottage doucement, évitant bien sûr d’ouvrir les chambres dans lesquelles se reposent les habitants actuels de l’endroit. Elle remarque des tâches de sang qui persistent dans la baignoire, et se charge de les faire disparaître, même si les sorts ont du mal à montrer leur efficacité au premier abord. Ce sont des petites choses, mais Susan connaît l’importance des petites choses, surtout dans les moments les plus difficiles. Les étoiles commencent à apparaître dans le ciel, et elle n’a croisé qu’Elijah et Amelia de la journée, quand elle décide d’aller faire un tour du côté du garage. Elle sait qu’Édouard garde une voiture, et elle a bien envie d’aller jeter un coup d’œil. Les voitures lui rappellent toujours son père, moldu, qui passait son temps à vouloir lui expliquer comment elles fonctionnaient et à lui apprendre à reconnaître les logos de chaque marque. Il lui manque, parfois. Ses parents lui manquent beaucoup, en fait. La soigneuse est bien heureuse qu’ils n’aient pas à voir ce que le monde est devenu, et qu’ils n’aient pas à subir le fait que leur fille soit recherchée, mais… Elle aimerait tellement avoir les conseils de sa mère, parfois. Pouvoir se blottir dans les bras de son père comme elle le faisait quand elle était encore une petite fille. Les souvenirs lui serrent le cœur, mais elle a un petit sourire sur les lèvres, quand elle pousse la grande porte du garage et allume la lumière d’un coup de baguette. Il y a bien la voiture, au milieu de la pièce, mais ce qu’elle remarque surtout, Susan, c’est cette silhouette endormie près des roues. Immédiatement, elle se met en position, lève sa baguette devant sa poitrine, prête à en découdre au cas où la personne serait un intrus. La silhouette gémit, sûrement à cause du bruit. Susan se rapproche, tâchant de ne pas faire beaucoup de bruit, mais quand elle arrive à un mètre de l’homme endormi, elle reconnaît des traits familiers, au milieu de la masse de cheveux. L’intrus ouvre les yeux, et la clarté de ceux-ci confirme ses doutes. Elle hausse les sourcils, surprise. « … Alix ? » Elle baisse légèrement sa baguette. « Alix Blackwood ? »
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Il ne pensait qu'il y arriverait... Mais la preuve était là : le semblant de coussin qu'il avait sous la tête, la couverture qui le protège du froid qui traverse les murs mal isolés du garage... etc. Tout était là pour lui prouver qu'il était maintenant sorti d'affaires et qu'il n'aurait plus affaire à la meute Thurisaz - du moins, pour l'instant. Rohan et son ami, Edouard, avaient acceptés de l'héberger pour un temps. Mais pas dans à l'intérieur, non pas à l'intérieur. Ils ont dit qu'il n'y avait pas de place mais Alix savait la vraie raison : Rohan le pensait dangereux, il ne lui faisait pas confiance et refusait qu'il soit au même endroit que lui. Mais le brun avait accepté sa décision : il se réjouissait déjà bien trop de s'être enfuit sans s'être fait attraper. Que lui aurait fait Rick s'il avait découvert sa désertion avant qu'il soit trop loin de lui ? Mais surtout, qu'aurait fait Morgana ? Il eut un frisson à cette idée et se pelotonna un peu plus dans la couverture. Parfois être un loup avait ses avantages : il ne savait pas s'il aurait supporté le froid de cet endroit autrement.
Mais malgré tout, il avait désormais plus l'habitude de dormir dehors, sur le sol, c'est pourquoi il avait décidé de prendre la couverture et l'oreiller pour dormir par terre. Le lit de camp qu'ils lui avaient donné était spartiate mais trop moelleux encore pour lui. Il n'avait plus l'habitude... Morgana le faisait toujours dormir dans sa chambre à elle, par terre au pieds de son lit, "comme le chien que tu es", répétait-elle souvent. "Mon chien". Il pouvait encore entendre la femme répéter cette phrase. Encore et encore. Il ferma les yeux posant ses mains sur ses oreilles, espérant faire taire sa voix, en vain. Finalement, le grognement que commença à pousser son loup fit disparaître la voix et soupira de soulagement. Oui, il s'en était sorti, c'était l'important.
Il sentit son loup se réveiller avant que lui ne le fasse. Il poussa un gémissement, se demandant pourquoi son alter ego s'énervait ainsi. Puis, il la vit, la lumière. Il gémit, essayant de se battre contre son loup qui griffe à l'intérieur de son crâne, prêt à en découdre avec l'intrus. Mais avant qu'il ait pu réagir, il vit un visage au dessus de lui, comme un souvenir du passé qu'il a oublié. « … Alix ? » La jeune femme baissa légèrement sa baguette. « Alix Blackwood ? » Il écarquilla les yeux et, sous le coup de la surprise, son loup prit le contrôle et sauta sur la jeune femme. Il la fit tomber sur le sol, se trouvant au dessus d'elle, menaçant. Déjà, il sentit ses dents s'allonger alors qu'un grognement s'éleva du fond de sa gorge. La mâchoire se rapprocha du cou de la jeune femme, prêt à trancher sa chair, faire d'elle un corps sans vie. « NON ! » Il reprit le contrôle et se projeta dans un coin de la pièce, loin de Susan. Sa chère Susan qu'il n'avait plus revu depuis le soir maudit de sa transformation. Il se recroquevilla sur lui-même, prenant de longues inspirations afin de calmer les tremblements qui parcouraient son corps provoqués par l'adrénaline et la colère de son loup. « Pitié, calme toi... Elle n'est pas dangereuse pour nous. C'est mon amie. » Son alter ego eut un dernier grognement avant de se cacher au fond de son crâne, aux aguets et prêt à réagir à n'importe quelle menace. Alix poussa un soupir de soulagement avant de tourner son regard vers Susan, s'excusant silencieusement. « Est-ce que ça va ? » Sa voix était faible et il se recula encore un peu, de peur que s'ils étaient proches à nouveau son loup prenne ça pour une agression. Stupide loup sauvage qui ne savait pas se tenir en société...
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Bien sûr que c’est lui. Susan n’a même pas de doute à avoir. Plusieurs années se sont écoulées depuis qu’ils se sont vus pour la dernière fois, mais elle reconnaît les traits d’Alix sans le moindre doute. Le jeune homme ouvre les yeux et les écarquilles, tandis que la soigneuse sourit, enthousiaste. Mais rien ne se passe comme prévu. Une seconde plus tard, Susan est allongée par terre, sa tête a violemment heurté le sol et elle a lâché un gémissement de douleur. Au-dessus d’elle, Alix la retient prisonnière de tout son poids, et sous les yeux écarquillés de surprise – et un peu de panique – de Susan, ses dents s’allongent. Si elle n’était pas aussi terrorisée, la brune laisserait bien échapper un cri glaçant. Les dents s’approchent de sa gorge et elle tente de se débattre, des larmes lui montent aux yeux, à cause de la peur et de la douleur. « NON ! » fait une voix au-dessus d’elle. Pendant une seconde, elle se dit que quelqu’un est venu à sa rescousse, mais non. Ils ne sont toujours que tous les deux, et Alix la libère en un dixième de seconde. Elle reste tétanisée pendant quelques secondes, souffle doucement pour reprendre ses esprits. Sa baguette a volé dans la confrontation, elle n’a aucune idée d’où elle est. Bordel. Quand elle parvient à se calmer un peu, elle se redresse sur ses coudes, avec les dents serrées parce que sa tête la lance de douleur, et elle se rend compte qu’Alix est recroquevillé dans un coin du garage, tremblant. Bien sûr, elle comprend tout de suite ce qui se passe. « Pitié, calme toi... Elle n'est pas dangereuse pour nous. C'est mon amie. » Il semble se jouer un drôle de combat intérieur en lui, tandis que Susan se redresse, doucement, une main sur l’une de ses tempes. Elle a besoin de l’aide de la voiture à côté d’elle pour se remettre sur ses pieds. C’était un sacré coup, qu’elle a pris. Elle va bien dormir ce soir. Elle aussi est toujours tremblante après le choc, mais l’adrénaline commence à retomber, et sa respiration ralentit un peu. Et puis Alix lui lance un regard si désolé… Susan pince les lèvres. « Est-ce que ça va ? » demande-t-il d’une voix inquiète, et elle sourit, penchant légèrement la tête sur le côté. « Oui. Mal à la tête, mais ça va. » dit-elle en riant légèrement. Puis elle hausse un peu les sourcils. « Je vois qu’il y a de la nouveauté, depuis la dernière fois où on s’est vus, tous les deux… » dit-elle en pinçant un peu les lèvres. « Vu comment il s’est jeté sur moi, je pense que j’ai une touche avec ton loup. » dit-elle avec un jeu de sourcils pervers. Alix saura bien interpréter sa tentative de détendre l’atmosphère. Ils se connaissent bien, tous les deux. Du moins ils se connaissaient bien, et quoi qu’il soit arrivé depuis, il n’aura pas de mal à reconnaître en elle la Susan d’autrefois, toujours prête à le taquiner affectueusement. Elle se doute qu’ils ont beaucoup de choses à se dire, tous les deux. « En tous cas, je suis contente de te voir. C’est pas que tu m’as manqué mais… Un peu quand même. » Alix a été l’un de ses plus proches amis pendant plusieurs années, même s’ils avaient quelques années de différence. Elle a été dévastée, quand il a disparu du jour au lendemain. Le fait qu’il soit là, en vie, à Storm’s End, c’est inespéré, et ça redonne à Susan foi et espoir au milieu de toute l’atmosphère horrifiante qui règne sur le cottage.
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Susan est debout et, malgré sa grimace de douleur, elle a l'air d'aller bien. Elle doit s'aider de la voiture pour se relever mais ce n'est pas étonnant : son loup n'a jamais été du genre délicat et ce n'est pas près de changer vu la relation chaotique qu'entretient Alix avec lui. Ils ont toujours eu une relation d'affrontement. Peu importe ce qu'ils se passaient, son loup a toujours été agressif alors que lui... Lui a toujours tenté d'être invisible, se faire petit au milieu de cette meute étrangère et méfiante à son égard. Après tout, il n'était que le punshing-ball de Morgana, rien de plus. Il n'avait jamais vraiment fait partie à part entière de cette "famille". Pas qu'il ait vraiment essayé... La sienne était morte depuis longtemps. Susan était une part importante de son passé. Elle avait été son mentor pendant le peu de temps où il avait étudié la médicomagie et il se retrouvait aujourd'hui. Beaucoup de choses avaient changé : sa transformation, ses parents morts... etc. Il ne savait plus à quoi ressemblait le Alix qu'elle avait connu. Saurait-il encore se comporter normalement avec les personnes ? Il était joueur, taquin avec elle avant. Mais c'était bien avant.
Susan lui sourit, penchant légèrement la tête sur le coté. « Oui. Mal à la tête, mais ça va. » Elle prit la parole en riant légèrement et ce son permit au jeune homme de se détendre un peu. Elle ne lui en voulait pas. Elle en aurait pourtant eu le droit mais non, la jeune femme a toujours été quelqu'un de compréhensif, gentil, surtout avec lui. Elle était un bon mentor : patiente, pédagogue, professionnel sans pour autant être froide. Elle avait toujours été quelqu'un de chaleureux et savait rendre les gens à l'aise à son contact. Alix espérait qu'elle jouerait de nouveau de sa magie sur son loup. Il souffrait ne pouvoir être à nouveau proche de quelqu'un à cause de lui. Mais, d'un côté, il n'en voulait pas à ce dernier car il savait très bien que son alter ego était un animal blessé, notamment par les traitements de Morgana et donc qu'il était sûrement en mode "survie", cherchant juste à se protéger de tout et tout le monde.
Elle haussa un peu les sourcils avant de reprendre la parole. « Je vois qu’il y a de la nouveauté, depuis la dernière fois où on s’est vus, tous les deux… » Oui, beaucoup de nouveauté et elle n'avait encore vu que le sommet de l'iceberg. Si elle savait... Mais Alix n'était pas sûr d'avoir le courage de tout lui raconter. Pas maintenant, tout du moins. « Vu comment il s’est jeté sur moi, je pense que j’ai une touche avec ton loup. » Elle eut un jeu de sourcil pervers et le jeune homme lui répondit avec un petit sourire, la remerciant d'un geste de la tête d'essayer de détendre l'atmosphère. Au fur et à mesure qu'il entendait sa voix, il se sentait mieux, comme si sa poitrine n'était plus comprimée, comme s'il pouvait à nouveau respirer sans cette gêne dans sa poitrine. Il prit une grande inspiration et soupira, soulagé. Ce que ça faisait du bien... Susan était comme un lien avec le passé qui lui manquait tant et il avait l'impression de le retrouver un petit peu à travers elle. « En tous cas, je suis contente de te voir. C’est pas que tu m’as manqué mais… Un peu quand même. » Elle aussi. Elle lui avait tellement manqué. Il ne s'en rendait compte qu'à l'instant mais c'était une évidence maintenant qu'il la voyait, qu'il entendait sa voix. Ça le soulageait d'un poids, comme s'il pouvait respirer à nouveau après avoir gardé beaucoup trop longtemps la tête sous l'eau.
Il posa son regard sur ses mains qui se tordaient en des gestes nerveux. « Tu m'as manqué aussi... » Sa voix était faible mais il savait qu'elle l'avait entendu. Le silence de la nuit ne gardait aucune de leurs paroles secrètes. Il se redressa légèrement mais laissa tout de même une certaine distance entre eux. « Je suis désolée pour... » Il indiqua sa propre tête d'un doigt et se rendit compte que sa voix était rauque d'avoir trop peu parlé ces derniers temps. Il se racla la gorge avant de jeter un coup d'oeil autour de lui, cherchant quelque chose pour aider la jeune femme avec sa blessure. Il pouvait sentir le sang d'ici, très peu mais assez pour qu'il en détecte la fragrance. Il enleva son t-shirt et le tendit à la jeune femme, le posant dans sa main. « C'est pour ta tête. Je... Je sens d'ici que tu es ouverte. Je sais que ce n'est pas grand chose mais ce n'est vraiment pas l'endroit pour te soigner. » Il s'éloigna à nouveau avant de tendre aussi la couverture vers elle. « Je ne ressens pas particulièrement le froid, mais je sais que toi si, alors si tu as besoin... » Il la déposa à ses pieds comme une offrande, un signe de paix et il se fit l'effet d'un chien qui avait fait une connerie et s'excusait auprès de sa maîtresse. Il sourit à cette idée mais pas son loup qui lâcha un grognement sonore. Il s'éloigna à nouveau, retournant dans son coin et croisa ses bras, mal à l'aise. Revoir la jeune femme... C'était si bien et en même temps, il ne savait pas comment réagir. « Oui, beaucoup de choses ont changés... Beaucoup trop. » Le ton de sa voix se fit triste alors qu'il repensait aux cadavres de ses parents. « Qu'est-ce qui s'est passé ? Après ma disparition, je veux dire... » Il avala difficilement sa salive et se resserra sa prise sur ses biceps. « Est-ce que tout le monde pense que je les ai tués ? » Sa phrase se termina dans un sanglot. Il redressa son regard vers elle et le plongea dans le sien. « As-tu pensé que je l'avais fait ? » Son corps se tendit dans l'attente de sa réponse. Il ne voulait pas qu'elle croit que c'était lui. Il l'estimait et tenait à elle, il ne voulait pas qu'elle croit tous les racontars que tout le monde n'avait sûrement pas hésité à dire sur lui...
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Il lui fait étrangement penser à un animal sauvage qu’on a essayé de garder en cage trop longtemps. Qui ne sait plus vraiment comment se comporter, qui est effrayé par l’extérieur. Le genre qui se recroqueville dans le fond de sa niche quand on lui dit qu’il peut enfin sortir. Ses mains tremblantes, ce dilemme qu’il semble être en train de vivre… « Tu m'as manqué aussi... » Elle sourit légèrement. Ça la rassure, qu’il dise ça. Au moins, il ne la repousse pas, c’est bon signe. Après toutes ces années, il aurait pu vouloir se distancer complètement de ce fantôme de son passé qu’elle représente sans le moindre doute. Il aurait pu aussi la rejeter à cause du fait qu’elle est simple humaine. Elle a vu ce comportement chez des loups auparavant, en tant que médicomage mais aussi en tant que chef guérisseuse de la résistance. Parfois, ils deviennent très difficiles à gérer, et refusent le contact des humains, ne laissant que leurs pairs les approcher. C’est déjà pas mal, qu’Alix l’humain l’accepte. « Je suis désolée pour... » Il s’est un peu redressé, et montre sa tête du bout des doigts. Susan soupire un peu et hausse les épaules. « Tu sais ce qu’on dit : rien de mieux qu’un bon coup sur la tête pour se remettre les idées en place. » Bon, techniquement, il va quand même falloir qu’elle demande à l’un de ses collègues de l’ausculter en rentrant, histoire de vérifier que tout va bien. Elle n’a pas l’impression que ce soit grave, mais elle a appris à ne jamais sous-estimer une petite blessure. Alix hésite un peu, enlève son t-shirt sous le regard surpris de la brune, et le lui tend. Elle hausse les sourcils, légèrement amusée. « C'est pour ta tête. Je... Je sens d'ici que tu es ouverte. Je sais que ce n'est pas grand-chose mais ce n'est vraiment pas l'endroit pour te soigner. » Elle accepte le tissu et le presse en grimaçant légèrement contre le dos de sa tête. En effet, elle saigne, vu les tâches rouges qui parsèment le tissu quand elle le retire. Au bout de quelques secondes, elle lâche quand même, fidèle à elle-même : « Nice abs. » Elle lui envoie un petit clin d’œil amusé. Alix trouve une couverture, un peu plus loin. « Je ne ressens pas particulièrement le froid, mais je sais que toi si, alors si tu as besoin... » Elle sourit, reconnaissante, tandis qu’il dépose le plaid à ses pieds, refusant le contact physique ou même de trop s’approcher d’elle. Elle ne lui en veut pas. Elle a assez eu d’expérience avec les loups pour savoir qu’il ne faut jamais forcer un lycan à faire quelque chose qu’il n’est pas prêt à faire. Ça peut très mal finir, surtout quand l’humain et le loup ne sont pas parfaitement en harmonie. Et visiblement, Alix a vraiment du mal avec le sien. Susan se saisit de la couverture et la met autour de ses épaules comme un gros châle, avant de s’appuyer contre le capot de la voiture, histoire de ne pas trop se fatiguer. « Oui, beaucoup de choses ont changés... Beaucoup trop. Qu'est-ce qui s'est passé ? Après ma disparition, je veux dire... » Susan baisse les yeux par terre. « Est-ce que tout le monde pense que je les ai tués ? » Elle relève les yeux et rencontre les siens, tristes. Ça lui brise un peu le cœur de le voir dans cet état, comme si son cœur très maternel n’avait pas déjà été assez brisé aujourd’hui avec Ginny. « As-tu pensé que je l'avais fait ? » Il lui fait tellement de peine… Si le loup ne se mettait pas entre eux, elle lui aurait sûrement déjà passé une main sur l’épaule, réconfortante. Mais elle ne peut pas se le permettre. Décidément, aujourd’hui, elle est clairement frustrée, entre lui et la petite rousse qui se remet doucement au premier étage du cottage. « Je ne vais pas te mentir. Ils sont beaucoup à l’avoir dit. Beaucoup ont juré à qui voulait l'entendre que tu avais sûrement perdu les pédales, tu imagines le type de discours. » Elle lui envoie un regard contrit. « Je leur ai toujours dit que je n’y croyais pas. Qu’il y avait forcément une explication différente. Qu’on n’avait pas tous les détails. » Elle hausse les sourcils. « Déjà à l’époque on me traitait d’utopiste aveugle. » s’amuse-t-elle. « J’ai essayé de te joindre, de retrouver ta trace mais… Tu vois bien, les choses sont devenues compliquées. » Elle baisse un peu les yeux, resserre sa couverture autour de ses épaules. « Je me suis toujours doutée que quelque chose de terrible était arrivé, mais je n’ai jamais pensé une seule seconde que tu puisses être coupable, je te le promets. » Elle fait un tout petit pas en avant, sans brusquer le monstre pour autant. « Dis-moi comment tu es arrivé là, à Storm’s End ? Je n’arrive pas à croire que tu sois là… Quelles étaient les chances pour qu’on se tombe dessus ? Littéralement en plus ? » dit-elle avec un sourire, espérant faire s’évaporer un peu la brume dans les yeux du jeune homme. « C’est Édouard qui t’a accueilli ? »
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Il sentit bien qu'elle avait envie de venir le voir, de le réconforter : c'était tellement le genre de Susan, si gentille, si compatissante. Mais c'était bien mieux qu'elle se retienne : elle avait l'intelligence de savoir qu'il ne valait mieux pas approcher un loup-garou, surtout un humain qui n'étais pas en accord avec son alter-ego. Difficile de manquer le fait qu'il ne s'entendait pas avec son loup, sans compter le fait qu'il l'avait attaqué... Il tourna son attention vers elle, essayant de ne pas s'échapper dans ses pensées moroses. « Je ne vais pas te mentir. Ils sont beaucoup à l’avoir dit. Beaucoup ont juré à qui voulait l'entendre que tu avais sûrement perdu les pédales, tu imagines le type de discours. » Oui, il imaginait très bien. Il savait très bien que les langues acérés de la population sorcière n'ont pas hésité un seul instant à se jeter sur la rumeur qui courait sur ce jeune homme disparu dans des circonstances mystérieuses, laissant les corps sans vie de ses parents derrière lui. Il ne le savait que trop bien car il avait fait partie de cette population. Il n'avait jamais cherché à les côtoyer mais quand on était un serpentard, on était forcément au contact de ce genre de personne. Il n'avait aucun doute que les rares élèves l'ayant connu n'avaient pas hésité un seul instant à tourner à leurs avantages des souvenirs qu'ils avaient de lui.
Il poussa un soupir, fatigué et peiné de savoir ce qu'on avait pu dire sur lui. Ce n'était même pas pour lui qu'il avait de la peine mais surtout pour la mémoire de ses parents qui avaient dû être trainé dans la boue. Mais le regard contrit que lui lança Susan lui réchauffa un peu le cœur. « Je leur ai toujours dit que je n’y croyais pas. Qu’il y avait forcément une explication différente. Qu’on n’avait pas tous les détails. » Elle haussa les sourcils et Alix acquiesça. Oui, il y avait bien plus derrière tout ça. « Déjà à l’époque on me traitait d’utopiste aveugle. » Elle s'amusait de la situation. Il pouvait l'entendre dans sa voix. « J’ai essayé de te joindre, de retrouver ta trace mais… Tu vois bien, les choses sont devenues compliquées. » Elle baissa un peu les yeux, resserrant sa couverture autour de ses épaules. Comment aurait-elle pu le retrouver ? Jamais elle n'aurait réussi : Morgana s'en était assurée et elle était très douée à ça, Alix avait pu s'en rendre compte. Alors même si elle avait essayé, ça n'aurait pas été très efficace. « Je me suis toujours doutée que quelque chose de terrible était arrivé, mais je n’ai jamais pensé une seule seconde que tu puisses être coupable, je te le promets. » Elle se rapprocha de lui, juste un petit pas mais il le remarqua. Son loup s'éveilla à ce mouvement, les oreilles aux aguets mais calme. Elle savait comment réagir, elle savait comment se comporter face à un loup-garou, ça se sentait et son alter ego et lui se sentirent rassurer par ce constat. « Dis-moi comment tu es arrivé là, à Storm’s End ? Je n’arrive pas à croire que tu sois là… Quelles étaient les chances pour qu’on se tombe dessus ? Littéralement en plus ? » Elle eut un sourire, essayant de détendre l'atmosphère et il lui répondit, ouvert. « C’est Édouard qui t’a accueilli ? »
Il plongea son regard dans le sien avant de se détourner, gêné. Il n'avait pas la force de lui balancer toute son histoire. Il venait à peine de s'en sortir et tout lui dire d'un coup, ce serait trop pour lui. Il n'avait pas envie de se replonger dans les souvenirs qu'il avait de la meute mais surtout de Morgana. « Édouard m'a accueilli, d'une certaine manière. » Il eut un petit rire désabusé en pensant au fait qu'il lui avait surtout jeté un oreiller et une couverture au visage en lui disant de ne pas bouger du garage tant qu'ils n'auraient pas décidé quoi faire de lui. « Disons plutôt que c'est surtout Rohan qui m'a trouvé. Enfin, je suis plutôt tombé sur lui. » Il repensa au visage fermé du jeune femme quand il l'avait reconnu dans la forêt interdite. Il n'était clairement pas ravi de le revoir. Mais ce n'était pas étonnant. « Je n'ai pas vraiment... envie d'en parler mais disons que je me suis enfui de ma meute. » Il l'observa, cherchant à voir ses réactions, décoder ses regards. Il n'y vit rien d'hostile alors continua. « Ma meute... Les Thurisaz... Ils voulaient attaqués les gens de Storm's End. Leur plan... Je... Je ne voulais pas y participer. Alors je me suis enfui, j'ai voulu prévenir les résistants mais... Mais... » Il se recroquevilla un peu plus sur lui-même en pensant à toutes les personnes qui n'avaient pas pu être sauvées à cause de son retard. S'il était parti plus tôt, s'il avait eu le courage de partir plus tôt : peut-être aurait-il pu mieux les aider. « Je suis arrivé trop tard. » Puis, il murmura pour lui-même. « Comme pour mes parents... » Il redressa un regard brillant vers la jeune femme, osant affronter son jugement. Il se sentait tellement responsable, tellement coupable de tout ça. C'était pathétique... « Je suis tombé sur Rohan en m'enfuyant et un autre garçon, Samaël, tu le connais ? Il a accepté que je reste ici, du moins pour l'instant. Je sais que mon sort est en sursit, Édouard et Rohan ne sont pas encore sûr de ce qu'ils vont faire de moi. » Il fixa son attention sur ses mains, se concentrant sur la bague que ses parents lui avaient offertes, jouant avec. Foutus réflexes de nervosités... Il ne pouvait jamais cacher ce qu'il ressentait, pas qu'il essayait vraiment en fait...
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« Édouard m'a accueilli, d'une certaine manière. » Susan fronce les sourcils. Comment ça, d’une certaine manière ? « Disons plutôt que c'est surtout Rohan qui m'a trouvé. Enfin, je suis plutôt tombé sur lui. » Cette fois, elle hausse les sourcils. Il est aussi tombé sur Rohan littéralement ? Décidément… Il y a une tristesse dans le regard d’Alix quand il mentionne le blond, et Susan commence à se demander si ces deux-là ne se connaissaient pas avant. Après tout, elle ignore complètement de quoi a été faite la vie de son ancien assistant depuis le drame de sa famille… Tout, absolument tout, peut être arrivé. « Je n'ai pas vraiment... envie d'en parler mais disons que je me suis enfui de ma meute. » Susan s’installe mieux sur le capot de la voiture contre lequel elle s’est adossée, prête à écouter ce qu’Alix a à lui dire, quoi que ce soit. Elle se doute bien qu’il ne lui parlera pas de tout. C’est un peu tôt, un peu inattendu, tout ça. Et puis ils ont besoin d’un endroit plus calme et rassurant que cette grange pour aborder les sujets difficiles, si Alix décide de les aborder un jour. « Ma meute... Les Thurisaz... Ils voulaient attaquer les gens de Storm's End. Leur plan... Je... Je ne voulais pas y participer. Alors je me suis enfui, j'ai voulu prévenir les résistants mais... Mais... » Les fameux Thurisaz. Les différents points se connectent dans l’esprit de la médicomage. Alix s’est donc retrouvé dans cette meute aux mœurs barbares. Combien de temps est-il resté auprès d’eux ? L’a-t-il fait de son propre chef, ou a-t-il été victime d’une quelconque sorte de pression ? Susan sait très bien qu’une morsure peut changer une vie, un caractère même, parfois. Mais elle doute grandement que Alix ait été capable de perpétrer des monstruosités comme les autres membres de la meute de sa propre initiative. La preuve, il s’est enfui. « Je suis arrivé trop tard. Comme pour mes parents... » Susan penche légèrement la tête sur le côté. Elle peut littéralement lire la douleur sur son visage. La jeune femme a terriblement envie de s’avancer et de le prendre dans ses bras. Il lui faut toute la volonté du monde pour se rappeler qu’elle ne peut pas se le permettre. « Je suis tombé sur Rohan en m'enfuyant et un autre garçon, Samaël, tu le connais ? Il a accepté que je reste ici, du moins pour l'instant. Je sais que mon sort est en sursis, Édouard et Rohan ne sont pas encore sûr de ce qu'ils vont faire de moi. » Susan acquiesce, signe qu’elle comprend parfaitement la situation. « Ne t’inquiètes pas. Ça va aller. » fait la médicomage avec un sourire rassurant. « Édouard est un peu… sur les nerfs en ce moment, et puis… Je ne sais pas ce qui s’est passé entre toi et Rohan, mais bon… Ça va aller. » Elle descend du capot et s’approche un peu d’Alix, bien qu’elle prenne tout de même soin de garder une distance certaine entre eux. « Je pense qu’il est important que tu restes ici à Storm’s End, tu y seras plus en sécurité. Même si les garçons ne sont pas fans de l’idée, je ferai en sorte qu’ils comprennent que c’est important et qu’il faut qu’ils te traitent bien. » Elle lui lance un nouveau sourire malicieux. « Techniquement, je peux même les forcer. » Elle espère bien qu’elle n’aura pas à le faire, qu’elle saura convaincre les autres sans proférer de menaces. « Ils t’ont relégué dans la cave, sérieusement ? Quelle bande d’idiots. » soupire Susan. « Est-ce que je peux faire quelque chose pour toi ? »
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Susan n'avait pas bougé pendant son long monologue. Elle était restée sagement assise sur le capot de la voiture, bougeant uniquement afin d'assurer sa position sur le véhicule. Son loup fut rassuré face à ça. Il n'était pas forcément à l'aise mais les grognements sont terminés et il resta juste sur ses gardes au fond de son esprit. Alix poussa un soupir de soulagement. Avoir son alter-ego au bord de sa conscience l'avait toujours fatigué. Il devait se battre plus que nécessaire dès que son loup voulait prendre le contrôle. Pas qu'il le contrôle réellement habituellement, d'ailleurs..., pensa-t-il amèrement. Mais c'était toujours plus facile quand il ne se débattait par contre son hôte. « Ne t’inquiètes pas. Ça va aller. » Susan lui fit un sourire rassurant et le jeune homme lui en renvoya un penaud. Il aimerait la croire... Il aimerait tellement la croire. Mais il n'était pas naïf. Il connaissait Rohan et surtout, il avait vu leurs regards à Edouard et lui. Ils étaient loin d'être content de sa venue et feraient tout pour qu'il parte le plus rapidement possible - ou qu'il ne parte plus jamais d'ailleurs... « Édouard est un peu… sur les nerfs en ce moment, et puis… Je ne sais pas ce qui s’est passé entre toi et Rohan, mais bon… Ça va aller. » Sur les nerfs ? C'est le moins que l'on puisse dire. Alix était sûr qu'ils allaient le tuer vu les regards peu amènes qu'ils avaient eu. Et Rohan... Non, les choses n'allaient pas "aller" entre le jeune homme et lui. Il savait que Susan ne pensait pas à mal en disant tout ça, qu'elle n'avait que des bonnes intentions en disant tout ça mais le brun ne voulait pas croire à ses paroles. La croire l'amenait à espérer et il ne pouvait pas se donner le luxe d'espérer.
Ses yeux furent attirer par un mouvement. La jeune femme s'approcha, juste légèrement, mais assez pour que son loup relève la temps, observant chaque geste avec attention. Le grognement se fit à nouveau entendre au niveau de sa poitrine. Alix recula, d'un pas, pour s'éloigner de la brune. Il ne pouvait pas se permettre - à son loup - d'attaquer à nouveau. Son sort était en sursis et il serait condamné s'il ne blessait ne serait-ce qu'un peu son amie. Cette pensée était égoïste, bien sûr, mais ce n'était pas sa seule motivation. Il ne voulait pas blesser la jeune femme : c'était sûrement la seule personne qui lui restait maintenant. La seule à l'accepter, à l'aimer, la seule qui était encore là et sur qui il pouvait compter... « Je pense qu’il est important que tu restes ici à Storm’s End, tu y seras plus en sécurité. Même si les garçons ne sont pas fans de l’idée, je ferai en sorte qu’ils comprennent que c’est important et qu’il faut qu’ils te traitent bien. » Elle lui lança un sourire malicieux et celui qu'Alix lui renvoyant fut reconnaissant. Son cœur se réchauffa et il se dit que, peut-être, il avait trouvé un endroit où il serait en sécurité, tant que Susan y serait tout du moins. « Techniquement, je peux même les forcer. » Le brun eut un petit rire en l'imaginant menacer ces montagnes de muscles. Mais il n'avait aucun doute sur le fait qu'elle le ferait. Elle y arriverait sûrement d'ailleurs car il se souvenait très bien que la jeune femme savait se faire respecter dans leur service. Elle avait toujours un côté "Robin des bois" à secourir les plus faibles, Alix l'avait toujours respecté pour ça bien qu'il la taquinait souvent à ce propos. « Ils t’ont relégué dans la cave, sérieusement ? Quelle bande d’idiots. » Elle poussa un soupir et le jeune homme observa l'endroit où il dormait. Ce n'était pas du luxe mais, au moins, il avait un toit au dessus de sa tête, ce qui était déjà mieux que rien.
« Est-ce que je peux faire quelque chose pour toi ? » Alix haussa les épaules, incertain, tandis que sa main frottait sa tempe et que ses yeux se fermaient. Il poussa un soupir quand le grognement s'arrêta. La présence du loup se fit moi présente mais il pouvait sentir l'atmosphère oppressante encore présente. « Le fait que tu sois là est déjà énorme, tu sais. » Il lui lança un petit sourire. « Ma situation n'est pas enviable, clairement, mais au moins j'ai un toit sur la tête, même si c'est un peu sale. » Il eut un petit rire, essayant vainement de détendre l'ambiance et surtout de calmer son loup, de l'habituer à la présence de la jeune femme pour qu'il ne soit plus sur ses gardes. Il baissa la tête afin d'observer le sol. « J'aimerais que les choses redeviennent comme avant. Te retrouver le matin afin de boire un café, tranquillement, avant le travail. » Il releva la tête, plongeant son regard triste dans celui de la jeune femme. « Mais ce n'est pas possible, n'est-ce pas ? » Il laissa un silence entre eux s'installer avant de pousser un soupir. « N'en veux pas trop à Rohan et Edouard. Au fond, je les comprends. Je suis un étranger pour eux et surtout un loup instable. » Son loup grogna légèrement à la mention des deux jeunes hommes avant de replonger. Il observa sa bague, jouant un peu avec. « Je sais que tu as peur de moi aussi, enfin de mon loup, et je ne t'en veux pas. » Il eut un petit rire sans joie. « Moi-même, j'ai peur de voir ce qu'ils pourraient faire. Je ne le contrôle pas à cent pour cent, voir quasiment pas. » Il savait être un danger pour les autres. Il n'était pas naïf au point de croire qu'il était sûr pour les autres de le côtoyer. Il s'était parfois dit que plus personne ne l'attendait chez lui et, avec la vie qu'il menait à cause de Morgana, il ne voyait pas l'intérêt de continuer. Il savait que c'était une décision égoïste. Il inspira, retenant ses larmes. Il se secoua avant d'appliquer un sourire sur son visage quand il plongea son regard dans celui de Susan. « Excuse-moi... Ces derniers moi n'ont pas été des plus simples. » Il pencha la tête sur le côté, observant la jeune femme de haut en bas. « Mais j'ai l'impression que ça n'a pas été le cas pour toi non plus. Que t'est-il arrivé, Susan ? Comment t'es-tu retrouvé ici ? Je peux le voir. Tu as changé. » Ce n'était pas une critique, juste une simple constatation. La brune dégageait une énergie nouvelle, plus mature, moins innocente sur la vie. Mais n'était-ce pas ce que faisait la guerre ? Il plongea ses mains dans les poches de son jeans afin de se donner une contenance. « Je ne sais pas si tu as envie de parler de tout ça. Mais sache que mes sentiments pour toi n'ont pas changé. Je serais toujours là pour toi, tout comme tu l'as toujours été pour moi. Si tu as besoin d'aide ou de quoique ce soit, je ferais tout ce que je peux. » Il était sérieux à propos de tout ça. La jeune femme avait été son mentor mais avait surtout été une amie précieuse et rien n'avait changé pour lui. Elle était et resterait toujours un membre de sa famille recomposée et imparfaite.
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« Ma situation n'est pas enviable, clairement, mais au moins j'ai un toit sur la tête, même si c'est un peu sale. » fait Alix, confirmant sans vraiment le vouloir à Susan que les dernières années ont été encore plus rude que ce qu’elle imaginait déjà. La médicomage jette un coup d’oeil à la grange ; cet endroit est dans un sale état, Édouard n’a pas vraiment eu le temps de prendre soin de tout ça, sûrement, mais quand même… Un petit effort aurait besoin d’être fait. Avec une baguette, tout est réglé si rapidement. Elle peut même le faire elle-même, tiens! Elle lève sa baguette et murmure du bout des lèvres le sortilège adéquat. En quelques secondes à peine, la grange a meilleure allure. Ce n’est pas parfait, mais c’est déjà plus acceptable comme résidence temporaire. « J'aimerais que les choses redeviennent comme avant. Te retrouver le matin afin de boire un café, tranquillement, avant le travail. » Susan pince les lèvres. Elle aimerait, elle aussi. Avoir un chez-soi, s’inquiéter de choses débiles, comme les courses à faire ou le changement de ses horaires. Ne pas savoir si elle prend sa douche le matin ou le soir. Elle soupire un peu. Elle a envie de retrouver ses soirées tranquilles à regarder des films moldus sur la vieille télé de son père. Elle a envie de retrouver ses apprentis, son travail, elle a envie de retrouver la présence rassurante de Murtagh. « Mais ce n'est pas possible, n'est-ce pas ? » La brune baisse les yeux, hausse les épaules. Non, ce n’est pas possible. Ce quotidien ne reviendra peut-être jamais. Parfois, Susan a l’impression que tout cela appartient à une autre vie. « N'en veux pas trop à Rohan et Edouard. Au fond, je les comprends. Je suis un étranger pour eux et surtout un loup instable. » Elle n’en veut pas aux garçons, très franchement. En effet, ils ne connaissent pas Alix et son loup. Elle aurait juste aimé qu’on vienne la voir pour gérer la situation. « Je sais que tu as peur de moi aussi, enfin de mon loup, et je ne t'en veux pas. » Elle sourit, reconnaissante. « Je commence à être habituée aux loups… » dit-elle dans un demi-rire. Elle n’est entouré que de ça, depuis quelques mois. Elle en vient à ne plus être surprise par leurs comportements et leurs habitudes. « Moi-même, j'ai peur de voir ce qu'ils pourraient faire. Je ne le contrôle pas à cent pour cent, voir quasiment pas. » Elle acquiesce. Elle comprend. Ça prend du temps, surtout quand on est pas entouré des bonnes personnes. Mais Alix est au bon endroit pour faire des progrès. Elle fera tout pour qu’il soit dans un bon environnement. « Excuse-moi... Ces derniers moi n'ont pas été des plus simples. » Susan penche la tête sur le côté. « Ne t’excuses pas. » Trop de gens s’excusent à la résistance, Susan aimerait que ce soit banni. « Mais j'ai l'impression que ça n'a pas été le cas pour toi non plus. Que t'est-il arrivé, Susan ? Comment t'es-tu retrouvé ici ? Je peux le voir. Tu as changé. » Bien sûr, qu’elle a changé. Plus qu’elle n’aimerait l’admettre. Elle portait beaucoup de responsabilités déjà, à Sainte Mangouste… Mais à la résistance, c’est tout autre chose. « Je ne sais pas si tu as envie de parler de tout ça. Mais sache que mes sentiments pour toi n'ont pas changé. Je serais toujours là pour toi, tout comme tu l'as toujours été pour moi. Si tu as besoin d'aide ou de quoique ce soit, je ferais tout ce que je peux. » Elle le remercie du regard. « C’est la même chose de mon côté. Le plus important, Alix, c’est que tu prennes le temps de te remettre. Après ça, si tu en as envie, je serais ravie de t’avoir à mes côtés à l’infirmerie de la renaissance du Phénix. On manque de monde, mais pas de travail. » propose-t-elle. Mais il faut d’abord qu’il se retape un peu. « Il faut que tu saches… » Il n’y a pas de bonne manière de dire les choses. « Notre service… Ils ont tous été tués. » Elle se cramponne à ses propres avant-bras, la douleur est toujours là, la culpabilité toujours aussi vive. « C’est à cause de moi. J’ai aidé lors de la bataille de Poudlard, en 1998. Quelqu’un m’a dénoncé. Ils ont voulu me couvrir et ont tous payé le prix fort. Je suis la seule à avoir réussi à m’enfuir, ce soir-là, grâce à eux. Ils se sont sacrifiés pour moi et pour… tout ça. » Pour que la résistance s’organise, pour que le monde devienne meilleur, pour que le Magister et ses sbires tombent de leur piédestal. « Je suis désolée que tu l’apprennes comme ça. Mais je préfère que ce soit de ma bouche. Je suis désolée, vraiment désolée Alix… J’ai voulu les sauver, j’ai voulu- … Je ne me le pardonnerai jamais. » Ses yeux sont un peu trop brillants pour qu’elle puisse cacher son émotion. « Ils me manquent. Et je me bats tous les jours pour que leur sacrifice ne soit pas vain. » Elle ne peut pas laisser tomber, il faut qu’ils gagnent cette guerre.
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