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sujet; what a plague love is - imachus
MessageSujet: what a plague love is - imachus   what a plague love is - imachus EmptyDim 13 Nov 2016 - 21:57

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what a plague love is
The plague, more cruel and more pitiless than war, descended upon us. A pestilence, that would leave half of our kingdom dead. Where did it come from? What carried its germ. The priests told us it was God's punishment. For what sin? What commandment must we break that could earn this? No, we knew the truth. This was not God's work, but devilry. Or witchcraft. But our task, to hunt down a demon, was God's cure.
an de grâce 1351 La Peste Noire ravage l’Angleterre depuis plusieurs décennies, sillonnant les terres dévastées de ta patrie. Partout, on voit fleurir bûchers collectifs qu’orchestrent des médecins de la peste masqués comme des oiseaux de mauvais augure. Tu les regardes d’un œil suspicieux, ces hommes de sciences ; toi, l’homme d’Eglise tout juste rentré dans les ordres.

« On dit que dans les plaines reculées à trois jours de chevauchée de la ville, un village au milieu des marais ne décompteraient aucune perte. » Tu mâchonnes ton pignon de pain d’un air perplexe, l’enjoignant par la-même à être plus clair. Satisfait d’avoir capté l’attention de la tablée, Rastaban continue, ménageant un air de mystère sur sa face burinée. « On dit que parmi eux vit une sorcière qui les protège de cette malédiction… » Prenant ton courage à deux mains, tu demandes « Pourquoi cette mine sombre ? on ne devrait pas être content pour eux ? » L’assemblée te juge si fort que tu en avalerais de travers. « Petit naïf ! Heureusement pour toi que ton veuvage vient de te faire rentrer dans les ordres, auquel cas je te clouerai au trou moi-même ! » Ta gorge se serre à l’idée que ton supérieur remette le drame de la perte de ta jeune épouse sur le tapis avec un culot désarmant. « Tu ne comprends donc pas ? Ce fléau nous a été envoyé par Dieu lui-même pour nettoyer la terre des impies ! Cette sorcière va à l’encontre de Ses agissements ! » Rastaban pointe de son doigt ganté de cuir la voûte du plafond. « Raison pour laquelle nous partons dès ce soir pour l’empêcher de nuire davantage ! » La table se met à s’ébrouer, tandis qu’on rassemble ses affaires pour se préparer au départ. Docile, tu les imites. Cependant, Rastaban oriente vers toi un index accusateur « Et crois-moi, petit rigolo, que je t’aurais à l’œil ; j’espère donc que tu ne feras pas de zèle à lui mettre la main dessus ! »

Le voyage a duré plus longtemps que prévu. En chemin, vous avez abandonné quelques camarades succombant à leurs infections. Et, à chaque fois, c’était au bizut –et donc à toi- de te charger d’abréger leurs souffrances. Tu venais à peine de jurer de brandir le fer et la bannière pour le Très-Haut que tes mains étaient déjà rouges du sang de tes camarades. Quelle douce et amère ironie.
Toutefois, on ne te donnait pas le temps de te laisser aller à tes états d’âme.
Au cinquième jour, on te tire de ta couche de fortune. « Du nerf, maroufle, le village ne doit plus être très loin. » Tu marmonnes pour toi-même que ça fait deux jours qu’on vous répète la même chose, enfiles ton plastron de cuir en prenant soin de serrer plus que nécessaire les sangles sous tes bras et tes cuisses, dans un grognement peiné.

Tu rejoins ta monture, le ventre vide.
« Et rappelez-vous d’ouvrir l’œil ; d’après les registres des dernières chasses aux sorcières, on rechercherait une femme, sûrement très âgée, bien plus qu’elle n’y paraît, à la crinière rousse. Cependant, prenez garde, grâce à ses pouvoirs, elle pourrait aussi bien emprunter une toute autre forme ! » siffle Rastaban lorsque les barricades vermoulues du village se profilent enfin dans votre champ de vision.
Sur vos gardes, vous vous attendez à être accueillis par des flèches ou des pierres. Cependant, alors que vous évoluez sur les pontons sillonnant le village pour l’empêcher de prendre l’eau, vos chevaux tenus en bride, les habitants sortent silencieusement de leurs masures, le teint frais quoiqu’un peu livide.

Tu es envahi d’une sensation étrange. Tu te dis que c’est de ne voir aucun cadavre joncher les rues, de n’avoir à chasser aucune mouche que les petits insectes peuplant naturellement les marais. Quelque chose fourmille dans le bout de tes doigts, remontant jusque dans ton dos, comme un frisson magique. Ils ne sauront jamais. Il ne faut pas qu’ils apprennent pour toi. Pour ça. « Murtagh, ton arme ! » grince-t-on à ton intention. Tu refermes ta main engourdie sur la garde de ton épée, tandis que votre chef appelle à rencontrer le leur.


Dernière édition par Bacchus Murdock le Dim 20 Nov 2016 - 19:08, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: what a plague love is - imachus   what a plague love is - imachus EmptyLun 14 Nov 2016 - 21:43

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God is gone, I am not
I won't believe in heaven or hell, no saints, no sinners, no devil as well. You're always letting us humans down, the wars you bring, the babes you drown. The Father, Son and Holy Ghost, is just somebody's unholy hoax. If there's one thing I don't believe in, it's you dear God.
Dans la pénombre de son atelier, elle prépare une fois encore la potion – pardon, médicament – qui lui fait tant défaut. Une histoire de dosages, d'ingrédients difficiles à trouver. Elle est sur le point de réussir. Elle retient son souffle en faisant tomber les gouttes de sang de salamandre. Un mauvais calcul peut provoquer l'effet inverse de celui escompté. Une. Deux. Trois. Elle soupire. Elle a réussi.
La deuxième étape est la plus difficile. Pas en pratique, mais parce que si quelqu'un était témoin de ce qu'elle est sur le point de faire, sa petite vie tranquille ne serait plus qu'un lointain souvenir. Elle revérifie que la porte est fermée. Le temps presse.
Elle se place devant le chaudron en jetant quelques coups d’œil à la porte. Le parchemin entre les mains, le liquide de couleur étrange, indéfinissable, s'agite sous les mots qu'elle récite, ces mots qui ne voudraient rien dire pour un humain ordinaire, sauf un signe d'hérésie.

Elle verse le liquide dans une petite fiole et range immédiatement tout ce qui pourrait paraître suspect aux yeux de tous les autres. Quelques secondes plus tard, des coups retentissent à la porte.
Un petit gueux lui tend la main avec insistance. Elle dépose la petite fiole entre ses doigts sales.
« Dis à ta mère de se badigeonner les pieds avec ce liquide ce soir. Demain elle aura moins mal. »
Sans demander son reste, le petit pose une pièce par terre et détale comme un lièvre. Elle ramasse la pièce et la contemple un instant avant de la fourrer dans sa bourse. L'occasion de faire des emplettes.
Elle attrape un petit panier, sa cape et elle sort de l'obscurité de sa tanière.

Elle traverse le village en adressant quelques sourires. C'est grâce à elle si le village est empli de vie. Cette maladie, la peste, il était hors de question qu'elle la laisse les atteindre. Elle a fait ce qu'il fallait.
Ils ne savent pas. Ils ne sauront jamais.
Ils vivent sans savoir que leurs vies reposent entre ses mains. Ils vivent avec la certitude que Dieu les a épargnés. Sans savoir que leur dieu, c'est elle.
Elle ne se sent pas pour autant supérieure. Elle sait bien que si un jour où ils découvrent la vérité, elle sera brûlée sur la place publique sans que personne ne s'y oppose. Certains diront qu'ils l'ont toujours su, ces mêmes gueux qui lui lancent des sourires à son passage.
Et elle hoche la tête en souriant. Ils lui doivent la vie comme elle leur doit la sienne.

Des éclats de voix retiennent son attention. Un paysan montre grossièrement du doigt le bout de l'allée. Elle ne comprend pas tout de suite.
« C'est eux ! Les messagers de notre Seigneur tout Puissant ! »
Certains sortent de leurs maisons pour prier. Elle tombe les genoux au sol et lève les mains au ciel pour les imiter. Elle a entendu parler d'eux. De ces chevaliers qui tuent, pillent et ravagent sous couvert de la religion. Elle sait ce pourquoi ils viennent. Pour elle. Parce qu'elle n'a pas laissé la mort entrer, et ils ont soif de violence. Et devant ces barbares qui viennent pour lui nuire, elle s'agenouille. Un jour ou l'autre il faut payer.
Pourtant, elle sent quelque chose de différent. Plus ils sont proches, plus elle le sait, et ça l'atteint comme en plein cœur. Elle pose la tête au sol pour ne pas laisser paraître son trouble. Quelle ironie. Parmi eux, il y a quelqu'un de différent. Il y en a un... qui est comme elle.
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MessageSujet: Re: what a plague love is - imachus   what a plague love is - imachus EmptySam 3 Déc 2016 - 22:45

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what a plague love is
The plague, more cruel and more pitiless than war, descended upon us. A pestilence, that would leave half of our kingdom dead. Where did it come from? What carried its germ. The priests told us it was God's punishment. For what sin? What commandment must we break that could earn this? No, we knew the truth. This was not God's work, but devilry. Or witchcraft. But our task, to hunt down a demon, was God's cure.
an de grâce 1351 Vous progressez lentement dans l’allée centrale. Ça a quelque chose de solennel, de les voir tous se jeter à vos pieds. Vous n’êtes pas dupes, pourtant ; vous savez qu’ils ont quelque chose à se reprocher : qu’ils se sont détournés de Dieu. Vous êtes loin de vous imaginer qu’ils ne sont eux-mêmes pas au courant qu’une sorcière les protège en secret, et par la même occasion, les condamne. Car ceux qui ne se laissent pas aveuglément guider par la main du Seigneur sont tôt ou tard condamnés à errer sans but aux Enfers. Et, quand bien même tu avais toi-même souffert de nombreuses pertes autour de toi -et en particulier la récente mort de ton épouse-, tu donnerais plus encore pour ne pas finir à leur place. Il fallait mieux faire face que de vivre dans l’ignorance…

Vous vous attroupez sur la place centrale. Le silence est pesant, le fond de l’air est tendu. Sous tes gantelets, tes jointures doivent blanchir à force de trop serrer la garde de ton épée, sans pour autant que tu ne sois autorisé à la sortir complètement de son fourreau, sous peine d’attiser la tension.
Votre chef s’avance un peu, et le leur en tarde pas à fendre à son tour la foule. Les villageois se relèvent sur son passage, un peu engourdis par la surprise, comme si on les réveillait après une hibernation tranquille. Ils étaient méfiants, naturellement ; ils ne savaient pas quel sombre présage vous leur apportiez.

Tu n’écoutes pas trop ce que vos deux têtes de cortège racontent. Tu savais suffisamment pourquoi vous étiez là, et te doutais de la tournure qu’allaient prendre les événements dans les jours à venir. L’enquête à mener discrètement, tout en maintenant une cordialité de surface et une autorité religieuse. Et tout ça dans le confinement étouffant d’air purifié de cette petite bourgade.
Tu restes immobile au possible, à inspecter chaque villageois, à la recherche de ce qui pourrait se rapprocher sensiblement d’une vieille sorcière. De pauvres bougres qui n’avaient rien demandé ; peut-être même des croyants. Des hommes courtauds, des vieillards, des femmes trimballant des enfants aux joues rouges. Peu de jeunes personnes… hormis cette fille. Ton regard trébuche sur elle et a du mal à s’en défaire, comme si elle voulait attirer ton attention depuis le début. C’est peut-être à cause de ses interminables cheveux blonds qu’elle a coiffé de façon pragmatique. C’est peut-être sa peau presque transparente. Ou l’étrange air de ressemblance qu’elle a avec ta défunte épouse.
Non, c’est le deuil qui veut ça ; qui veut que tu la projettes partout où ton regard s’attarde.

Les autres chevaliers commencent à s’ébrouer et finalement, tout porte à croire que vos deux camps aient convenu d’un arrangement, puisque vos rangs se rompent. On vous installe dans l’église abandonnée. Des curieux vous suivent, vous empêchant de faire un premier point sur vos impressions. Le soir-même, un repas est donné pour votre arrivée. Vous décidez donc de vous disperser parmi les habitants attablés autour d’un immense feu -qui ne va pas sans rappeler les bûchers. Tes pas te mènent naturellement vers la jeune femme qui, malgré sa discrétion, attire à présent toute ton attention. Tu poses ta gamelle et t’assois à côté d’elle, l’air de rien. Tu mets un temps à chercher comment entamer le dialogue -tu n’as plus vraiment l’habitude, endeuillé jusqu’au cou que tu étais. « Vous auriez dû voir la beuglante que mon commandant a poussé quand il a vu l’état de votre église. » Ouais, bah pour l’humour, on repassera, hein -nul sur vingt. « Vous n’avez pas de prêtre ici ? Ce n’est pas très bien vu, vous savez… » Toi non plus, tu vois pas très bien. Seulement ce que tu veux voir.
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MessageSujet: Re: what a plague love is - imachus   what a plague love is - imachus EmptyMer 28 Déc 2016 - 17:30

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God is gone, I am not
I won't believe in heaven or hell, no saints, no sinners, no devil as well. You're always letting us humans down, the wars you bring, the babes you drown. The Father, Son and Holy Ghost, is just somebody's unholy hoax. If there's one thing I don't believe in, it's you dear God.
Isolt est face contre terre, le cœur battant et les mains jointes. C'est tellement ironique. Et c'est aussi tellement triste. Si elle se fait prendre, elle sera condamnée par l'un des siens. Elle entend les murmures et les suppliques des villageois des alentours sans parvenir à les imiter. C'est tellement triste.
Un peu hésitante, Isolt se relève et lève timidement les yeux vers la troupe d'hommes qui se mouvent comme des bêtes à l'affût. Isolt se méfie naturellement de la gente masculine, elle avait appris la leçon autrefois, mais ceux-là sont plus impressionnants encore que tous ceux qu'elle avait vus dans sa courte vie. Grands, massifs, les sourcils froncés et la main alerte, ils semblent prêts à tous les massacrer au premier signe suspect.

Les autres commencent à se relever petit à petit en s'interrogeant du regard. Car si la présence de ces hommes était un miracle il y a quelques minutes, leur air peu engageant relève davantage de la menace à présent.
Isolt regarde avec attention chaque visage, toujours avec la sensation d'une présence magique au milieu des rangs. C'est une tentation irrésistible, comme si on essayait de la tirer avec une corde. Autrement dit, capituler tout de suite. Elle fait un pas en arrière en signe de résistance. Et si c'était un piège ?
Elle doit se retenir de sursauter quand elle croise le regard de l'un des leurs. Est-ce qu'il a remarqué ? Il détourne le regard, presque avec colère. Isolt baisse les yeux. Ils ne sauront jamais. Elle se l'est promis.

Quand les rangs se séparent, le sort qui semblait s'être abattu sur le village se dissipe. La journée peut reprendre son cours. Isolt regagne son atelier en ignorant les éclats de voix des soldats près de l'église abandonnée. Elle ferme sa porte et fait mine d'étudier son grimoire, alors qu'en réalité elle fait la liste dans son esprit de tout ce qui pourrait l'inculper. C'en est ainsi jusqu'au soir.

La vieille Hildegarde vient frapper à porte, ce qui tire Isolt de ses pensées. Elle lui rappelle le dîner organisé pour leurs nouveaux arrivants. Cela fait tellement longtemps que personne n'est venu au village qu'elle a presque oublié les coutumes.
En sortant, elle remarque à quel point tout a changé depuis leur arrivée. La peur et l'adoration envahissent les rues et les allées du village d'habitude paisibles. Isolt peut sentir en elle ce grouillements d'émotions grandir, son instinct lui ordonnant de partir et sa curiosité de rester. Ils ne sont là que depuis le début du jour, mais déjà la jeune femme sait que sa vie ne sera plus jamais la même, qu'elle s'en sorte ou pas.

Déterminée à faire profil bas, elle s'assoit à sa table habituelle. Elle ne s'habitue pas à cette présence magique qui semble prendre de plus en plus d'ampleur.
Elle doit se forcer pour garder toute sa contenance quand l'un d'eux s'assoit juste à côté d'elle. C'est lui, le soldat qui la regardait tout à l'heure. Et s'il avait des soupçons ?

Elle fait comme de rien, mimant une prière en joignant ses mains vers le ciel. C'est devenu tellement automatique qu'elle se dit qu'un jour ou l'autre elle finira par croire comme tous les autres. Elle a une pensée pour son père avant de faire le signe de croix. Au nom du Père, de la Fille et du Saint Sacrilège.
Il commence à essayer de lui faire la conversation. Elle lui jette un regard furtif en attrapant son bol, essayant de deviner s'il est assez stupide pour ne pas être une menace.
« Vous n’avez pas de prêtre ici ? Ce n’est pas très bien vu, vous savez… »
Elle déglutit avant de lui répondre.
« Nous célébrons notre foi sans l'aide d'un prêtre, nous sommes peu nombreux et le curé est mort il y a des années... »
Oui il est mort, elle le sait mieux que personne.
« Qu'est-ce qui vous amène chez nous ? »
Elle se mord la joue en attendant la réponse.
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MessageSujet: Re: what a plague love is - imachus   what a plague love is - imachus EmptyLun 20 Mar 2017 - 20:48

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The plague, more cruel and more pitiless than war, descended upon us. A pestilence, that would leave half of our kingdom dead. Where did it come from? What carried its germ. The priests told us it was God's punishment. For what sin? What commandment must we break that could earn this? No, we knew the truth. This was not God's work, but devilry. Or witchcraft. But our task, to hunt down a demon, was God's cure.
an de grâce 1351 Tu mets la troublante attirance que tu ressens à son égard sur la ressemblance qu’elle présente avec ta défunte épousée. Rien de plus. Elle lui ressemble énormément, avec ses longs cheveux blonds et ses yeux lascifs. Ce sont ses yeux qui lui ressemblent, et ça n’est certainement pas pour ce que tu y lis, pour ce qui y grouille, que tu te sens irrémédiablement attiré par elle. Ou peut-être parce qu’elle était l’une des seules jeunes personnes du village et qu’en cela, elle faisait une cible idéale pour savoir ce qui s’augurait ici. En effet, peut-être qu’il était encore temps, avant qu’elle ne se détourne elle aussi du Seigneur.

« Tu n’as pas une petite idée ? » lui retournes-tu. Tu laisses planer un silence lourd, alors que tu ingurgites le contenu de ta gamelle sans un mot de plus. Si elle était aussi prudente qu’elle en avait l’air, elle ne répondrait rien. Après tout, tu étais on ne peut mieux placé pour savoir que la parole des jeunes âmes était souvent discréditée en société. Si tu savais, qu’elle était loin d’avoir ton âge, et devait peut-être même existé avant que le village ne soit construit.

On disait que les sorcières vivaient très longtemps. De fait, on avait tendance à les chercher dans de très vieux visages et une très grande sagesse. Avec ses grands yeux ronds comme des billes, elle avait l’air au moins aussi futée que toi.
Si t’avais su.
En même temps, tu aurais dû te douter que la curiosité allait au-delà de ses yeux et de la couleur de ses cheveux. Qu’elle aurait pu avoir n’importe quelle apparence que tu n’aurais pu la lâcher des yeux. Comme si tu y trouvais enfin quelque chose que tu n’avais jamais rencontré jusque là. Quelque chose que tu avais redouté. Quelque chose qui dormait en toi, une force, une faiblesse, que tu ne laissais échapper qu’accidentellement. Ça pulsait d’un coup, comme un coeur qui s’est trop longtemps retenu de battre. C’était un accident. Sa mort était un accident, pas vrai ? Des causes inexpliquées et inexplicables, mais un accident. De la sorcellerie, que t’avais entendu, à son enterrement.
Mais il n’y avait pas de sorcière, dans votre village. Seulement toi, et tes accès d’humeur tenus secrets, bien au chaud, ronronnant sous ton armure.

Tu avais laissé ton plastron à l’église, afin de ne pas effrayer les villageois. Tu te sentais presque à nu, après avoir voyagé avec, et si vulnérable, face à cette fille dont le regard allait par-delà le tien, comme à l’intérieur du tien, et on dirait que vous voyiez par les mêmes yeux.
C’est simplement parce qu’elle ressemble à Wilda, n’est-ce pas ?

Tu mets fin à son supplice, avec une mine concernée. « C’est la peste qui nous amène. » D’instinct, tu te signes à l’évocation du fléau. « Elle est partout… sauf ici » tu ne peux t’empêcher de jeter un regard suspicieux autour de vous deux. « C’est un fléau envoyé par Dieu ; s’il n’a pu arriver jusqu’ici, c’est que quelque chose cloche » Tu ignores pourquoi tu te sens obligé de lui en révéler tant. Ce n’est par bêtise ; tu n’as jamais été aussi conscient de ce que tu étais en train de raconter, un peu comme si elle lisait dans ton esprit. « Alors soit vous êtes vraiment chanceux… soit vous êtes maudits... » Le ton de ta voix est feutrée, comme si tu essayais de lui faire peur. Elle est encore jeune, tu as peut-être des chances de t’attirer sa sympathie, voir même de l’encourager à te révéler si quelque chose de louche se produisait en ces lieux, sans avoir la moindre idée qu’elle puisse en être à l’origine, comme tu avais pu l’être. Les sorcières ne sont pas des hommes, autant que les sorcières ne sont pas des jeunes filles aussi paisibles. Ce n’est pas ce qu’on vous avait raconté. De fait, tu mettais sur le compte de quelque intervention divine tous les phénomènes un peu hors du commun qui se produisaient dans ton existence. Et tout portait à croire que ta rencontre avec la jeune femme en faisait partie.
« Si quelque chose d’étrange se produisait, tu viendrais me le dire ? » S’il s’avérait que j’étais aussi étrange que toi, tu viendrais me le dire ?
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