« Woaw… je… woaw un taré… et il est à la bpm ? Mais c’est inquiétant non ça ? » Kenna acquiesce vigoureusement. « C’est exactement ce que je me suis dit ! » Elle tape sur la table avec la paume de sa main. Elle espère que tous les employés de la police magique ne sont pas comme lui (bon, techniquement, elle sait qu’ils ne sont pas tous comme ça, elle est sortie avec deux policiers et ils étaient tout à fait normaux). Quoiqu’il arrive, les hommes sont souvent très différents en privé et dans l’exercice de leurs fonctions, donc elle essaie de ne pas trop se formaliser. Certains hommes ont l’air vraiment cools et normaux au premier abord… Si leur bizarrerie ou vulgarité s’arrête aux moments intimes, c’est acceptable. Même si du coup, elle ne souhaite pas vraiment être la personne qui partage cette intimité.

« Tu promets que tu ne te moqueras pas ? » Kenna hausse les sourcils. Elle est encore plus curieuse d’entendre ce que Daphné va dire, maintenant. Franchement, elle doute qu’il y ait des raisons de se moquer, et elle rassure donc son amie avec un : « Bien sûr que non ! » bienveillant. L’ancienne Serpentard n’a pas l’air particulièrement à l’aise avec cette conversation, et Kenna espère qu’elle ne lui a pas donné l’impression qu’elle était forcée de parler de choses qu’elle aurait préféré garder pour elle. « J’ai eu qu’une seule personne… well non deux du coup, mais on ne peut pas compter les amoureux de notre enfance. » Une moue attendrie s’étale immédiatement sur le visage de Kenna. Une seule personne. Peut-être que c’est pour ça que Daphné avait peur qu’elle se moque d’elle. Mais la jeune écossaise n’a absolument aucune envie de se moquer, non : elle trouve ça beau. Elle aurait aimé rencontrer une personne qui aurait vraiment changé les choses, à qui elle se serait donnée en sachant que ça voulait dire quelque chose, vraiment. Plusieurs de ses partenaires ont beaucoup compté pour elle, bien sûr… Mais toujours sur un plan amical, rien de plus poussé - même si certains auraient bien aimé plus.

Tout ça est vraiment beaucoup trop mignon. « C’était en quatrième année pendant le bal de Noël là. Je sais pas si tu le connais… probablement d’ailleurs, mais c’était Nazir. » Il lui faut beaucoup de sang-froid pour garder une expression normale. Elle ne sait pas si elle a envie de rire ou si elle a extrêmement honte. De toutes les personnes avec qui Daphné aurait pu sortir, c’est Nazir qui lui a offert sa première histoire. Wow. « J’ai toujours été attirée par ce genre de garçon, un peu bad boy et charismatique comme lui. » Ce que ressent Kenna est extrêmement conflictuel. D’un côté, elle est totalement d’accord avec cette description, et ça lui donne envie de sourire parce que ça lui rappelle de bons souvenirs… De l’autre… Elle est consciente qu’elles parlent d’un traître pour lequel elle ne devrait pas avoir une once d’affection. Pourtant, il y a quelques mois, Nazir était l’un de ses meilleurs amis. Même avant ça… Ils ont toujours été proches. Intimes, même. Qu’est-ce qui a pu se passer dans la tête du Petersen pour qu’il aille rejoindre la quête vaine des insurgés ? Elle n’arrivera jamais à comprendre. En tous cas, elle se sent un peu mal à l’aise, et décide de taire à jamais le fait qu’elle et Nazir ont partagé plus que de l’amitié.

« J’ai eu d’autres crushs d’ado, mais lui… c’est le premier à être venu me parler. J’ai jamais osé faire le premier pas de mon côté. » Kenna sourit. Elle imagine Daphné, toute petite,, toute timide, abordée par ce grand dadet. Elle aurait aimé qu’elles se connaissent mieux à l’époque. Elles se croisaient, sans aucun doute. Mais la différence d’âge et le fait qu’elles ne soient pas dans la même maison a fait qu’elles sont passées à côté l’une de l’autre pendant longtemps. Maintenant que Kenna sait ce qui a uni Daphné et Nazir, elle regrette encore plus qu’elles ne se soient pas parlé avant. Elle se serait peut-être retenue de faire de Nazir son sex friend de prédilection. « Voilà, c’est pas glorieux. Tu dois te dire que je suis la fille la plus chiante de l’univers. » Kenna lève les yeux au ciel. « Dis pas de bêtises. » Il y a un air un peu sérieux - presque triste dans ses yeux bruns. « C’est super beau. Ça se sent que… tu tenais beaucoup à lui. » Un léger sourire étire ses lèvres. « Tout le monde ne connaît pas ça, tu sais. Il est ce qu’il est maintenant, mais à l’époque, il était vraiment cool. Je préfère que tu aies eu une histoire avec lui qu’avec certains mecs dégueux de Serpentard, crois-moi. » Elle baisse les yeux sur son chocolat chaud, hésitante quant à ses prochains mots. Elle ne sait pas comment Daphné peut prendre ce qui va suivre, mais elle ne peut pas s’empêcher de lui faire confiance. « Nazir… Il était l’un de mes meilleurs amis, tu sais. Avant. » Elle pince les lèvres. « Parfois… J’ai du mal à comprendre pourquoi tous ceux que je croyais être mes amis ont choisi de suivre les insurgés. Je ne peux pas m’empêcher de me dire… Est-ce que je me suis trompée sur leur compte toute ma vie ? Est-ce que c’est juste la guerre qui leur a bousillé le cerveau ? J’aurais aimé pouvoir les faire revenir du bon côté de la barrière. » Elle hausse les épaules. « Parfois leur amitié me manque. Vraiment. » Elle ne se sent pas particulièrement fière de dire ça mais… Il fallait que ça sorte. « Si tu n’étais pas là, je ne sais pas ce que je serais devenue. » Elle est un peu émue en disant ça, et évite un peu le regard de son amie.