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sujet; Mama, we all go to hell - Zobel (fin Mai 2003)

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Mama, we all go to hell - Zobel (fin Mai 2003) Empty
Zoran Travers & Abel Burke

Mama, we're all go to die.
Mama, we're meant for the flies.
And right now they're building a coffin your size,
Mama, we're all full of lies.
Le visage d’Isaac est rouge de colère. Il pointe sur Abel un doigts accusateur, il veut dire quelque chose, mais sa mâchoire est tellement crispée qu’il n’arrive même pas à ouvrir la bouche. Tout son corps est tendu sous la pression de la rage qu’il est en train de contenir. Il ne sent pas la douleur au niveau de son arcade sourcilière fracturé mais ça ne va pas tarder. Rarement dans sa vie Isaac Burke n’a autant haït son frère et pourtant ils a eut un paquet de raisons de lui en vouloir au cours des trente dernières années.

Abel connait son cadet par coeur. Depuis qu’il est né, il a emmagasiné la moindre de ses émotions, il a apprit à connaitre les très fond de l’esprit d’Isaac probablement mieux que lui-même: il sent quand Isaac va perdre le contrôle avant même que ça n’arrive. Son frère a toujours été son sujet d’expérimentation préféré. Et là il sait que la crise est passé. « Tu devrais aller prendre l’air petit frère. » Lançe Abel sur un ton calme en levant les mains en signe de coopération pour inciter le personnel de l’hôpital à le lâcher. D’un geste brusque, Isaac se dégage de l’emprise du vigile, jete un dernier regard haineux à son ainé et fit demi-tour pour disparaitre à l’angle du couloir. La pression retombe un peu autour d’Abel. Il s’essuie la lèvre d’un revers de la main et une tache pourpre apparait sur le bord de sa chemise. Et merde. Il fait lui-même demi tour dans la direction opposé à celle qu’avait prit Isaac, la petite foule de personnel soignant, de patients et de visiteurs qui se sont regroupée pour assister à la scène s’écarte sur son passage. « Monsieur Burke, vous devriez aller au urge- » « Non merci. » Il coupa court aux protestation de l’infirmière. Il y a beaucoup trop de monde ici, il faut qu’il se calme. Tout le long du couloir, ça chuchote derrière lui, le bruit va se répandre comme une trainée de poudre. C’est la faute de son fils ainé si Cassandre Burke est dans le comas.

Abel passe la porte de la cage d’escalier de service et commence à dévaller les marche. Il avait vaguement espéré que le départ d’Isaac calmerait la rage qui l’habitait et qu’il attribuait avant tout à son frère, mais ce n’est pas le cas. Ce constat l’énerve encore d’avantage: il déteste se rendre compte qu’il est passé à côté de ses propres émotions, qu’il a perdu le fil et tout mélangé, qu’il n’a pas comprit qu’il n’y avait pas que Isaac qui était en colère. Il fallait qu’il se calme.

Il aurait du s’en douter, il n’avait jamais supporté Sainte Mangouste. Cet endroit était probablement celui qu’il excécrait le plus sur toute la planette. Le lieu le plus difficile à supporter. La première fois qu’il y avait mit les pied il avait trois ans et c’était pour venir voir Isaac et sa mère juste après sa naissance. Ils s’était mis à pleurer avant même d’avoir mis un pied dans l’hôpital. On avait pas réussit à l’arrêter. Le gamin pleurait, pleurait, pleurait. C’était bien des années plus tard qu’il avait compris que son empathie n’était pas en mesure de supporter un endroit pareil. Bien sur il avait apprit à contrôler, mais même après plusieurs dizaines d’années il répugne toujours à venir ici et fuit cet endroit comme la peste. C’est pour ça qu’il n’est pas venu à l’inauguration de la nouvelle aile et qu’il a décliné l’invitation, laissant à sa mère le soins de se charger de ses obligations sociales. Mais il ne pouvait pas bordel, ce n’était pas de sa faute. Bien sûr que s’il avait su il ne l’aurai pas laissé y aller. Bouffon d’Isaac. Ferme là, tu sais pas de quoi tu parles.

Ses pas le mènent jusqu’à la morgue et il sent que ça se calme autour de lui au fur et à mesure qu’il passe les couloir. Si on lui demandé quel est son coin préféré dans l’hôpital il n’hésiterait pas à répondre que c’est celui là. Les morts ne ressente pas, ils sont mort c’est tout. Ils sont vide. Dans cet partie de Sainte Mangouste, il y à beaucoup de corps mais il n’y a personne. Et plus Abel s’isole plus sa colère prend le crontrôle de son esprit. Il hait l’empathie. Quand il est en présence des autres il doit gerer leur émotions à eux et quand il est seul il est tout autant dévoré par ses émotions à lui, tu parles d’un don.

Il arrive devant la porte du Legist en Chef. Zoran est là, rare être vivant facile à détecter au milieu de tous ces morts. Et il est seul alors Abel ne prend pas la peine de frapper avant de pousser sa porte. « Salut. » Il fait un signe de tête à son amis assis à son bureau qui le regarde d’un air surpris. « Tu veux un scoop ? Mon frère est un gros con.» Il ouvre un placard ou il sait que Travers range une bouteille d’hydromel et sort deux verre qu’il s’empresse de servir. Puis il se tourne vers Zoran en pointant son doigt sur son propre visage pour lui montrer sa paumette ensanglantée. « Explique moi comment on peut perdre son sang froid comme ça en public ? Non mais je te jure, j’ai envie de l’emplatrer des fois ! » Il boit une gorgée. «  D’ailleurs c’est ce que j’ai fais, il a un coquard, pour colorer sa belle gueule. » Encore un peu d’hydromel. «  Il va encore allé chouiner au près de Caractacus cet enfoiré. » Alcool, navitas et expression verbale aidant, la colère s’atténue un peu.

Abel se tourne vers Zoran. Il y quelque chose qui ne vas pas avec Zoran. « Qu’est ce que t’as ? » Il n’y a pas grand monde à qui Abel pose cette question aussi directement. Il n’est pas du genre à demander au gens comment il vont, parce qu’en général il le sait déjà (ou alors c’est juste pour donner le change au cours d’une conversation cordiale) ; et encore moi à leur demander des détails sur la réponde à la première question, parce que généralement il s’en fou. Mais pas pour Zoran. Quand quelque chose ne va pas chez Abel, Zoran écoute toujours et Abel lui à toujours rendu la pareille.
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Mama, we all go to hell

fin mai 2003 &
hôpital Ste Mangouste

Quelques semaines ont passé. La vie, et le travail, continue. Pourtant, tout semble différent à l'hôpital depuis que la nouvelle aile a été ravagée par l'attentat orchestré par les insurgés. Un acte ignoble, meurtrier, gratuit, auquel les seules victimes auront été de simples médecins, des civils, des innocents. Ils voulaient atteindre le Seigneur des Ténèbres, mais sont seulement parvenus à toucher des collègues et des amis. A toucher Vanja, présente sur les lieux. Tu es allé la voir à plusieurs reprises, pendant sa convalescence, jonglant alors entre un travail devenu asphyxiant et de courtes visites à ta sœur. Des visites devenues de plus en plus rares à mesure que les cadavres étaient identifiés, à mesure des rapports remplis destinés au conseil d'administration. Causes de la mort, blessures externes et internes, tout devait être explicitement écrit sur les parchemins, afin d'aider autant que possible les expérimages dans leurs recherches de solution face aux perturbations magiques ayant frappé les survivants.

Jamais, tu n'aurais imaginé avoir autant de travail en si peu de temps. Combien pouvaient-ils être dans cette salle pour qu'autant de personnes finissent dans ton service ? Par dizaines, ils sont arrivés à la morgue, dans l'attente d'être identifiés. Ses deux ne suffiraient pas à compter toutes les victimes de l'attentat qui a frappé l'hôpital, il y a quelques semaines. Et même après tout ce temps, toutes n'ont pas trouvé de nom ou de famille. Une surchage de travail que tu as réussi plus ou moins bien à gérer. Avec une machine bien huilée, épargnée du désordre et du chaos que peuvent subir les autres, vous avez avancé rapidement, vous êtes parvenus à étiqueter la quasi-totalité des corps. Mais elle s'enraille. Elle commence à tousser, alors que tu sembles te perdre ailleurs, loin de ton travail, de tes responsabilités. Des erreurs de plus en plus nombreuses, des choix que n'aurais pas fait en temps normal. Tu es perturbé, tu le sais. Oui, ça tu le sais parfaitement Zoran. Mais tu n'arrive pas à te défaire de cette désagréable sensation qui te serre le cœur. Ça te tord le ventre, te noue l'estomac. Tu te perds, te trompes parfois de nom sur les rapports que tu dois écrire, classes les fichiers au mauvais endroit, oublies certains détails sur les blessures des patients. Rien ne va plus dans cette tête qui se refuse obstinément à se concentrer exclusivement sur le travail. Tu n'y arrives pas, tu peux pas. Tu n'es pas comme les autres, tu n'es pas comme Vanja, tu n'es pas capable de faire passer tes propres sentiments au second plan, de les oublier même l'espace de quelques heures. Surtout lorsqu'il s'agit de ta mère, cette mère que tu aimes malgré tout. A croire que tu es le seul à y penser encore, à ne pas la croire morte. Elle ne peut pas l'être. Il faut juste la retrouver. Pourtant, depuis sa disparition, tu ne parviens pas à réfléchir correctement, à travailler dans les standards qui étaient encore les tiens il y a quelques jours. Stressé, avec cette impression d'être constamment sur un fil duquel tu pourrais tomber à tout moment, tu ne parviens pas à expliquer les raisons d'une disparition aussi brutale. Et tu ne comprends pas plus le manque de réaction de ta sœur et, dans une moindre mesure, de ton père. Auraient-ils déjà abandonné l'espoir de la revoir vivante ? S'y intéressent-ils seulement ? Partagé entre la crainte de la perdre et la colère de voir que rien n'est fait pour la retrouver, tu passes d'avantage de temps à imaginer des dizaines de scénarios morbides qu'à t'impliquer dans son travail. Et c'est plus fort que toi. Ta mère reste bien plus importante que n'importe lequel de ces morts que tu ne connais pas.

Mais si un jour, tu finissais pas la retrouver sur l'une des tables d'autopsie ? Comment pourrais-tu réagir, toi,  vieux gosse fragile qui se refuse à l'idée de la voir morte ? Un soupire s'échappe de tes lèvres, chassant avec lui ces idées macabres et totalement impossibles. Tu poses un instant la tête contre tes mains, fermant les yeux pour tenter de se reconcentrer, en vain. « Salut. » Tu relèves la tête, surpris de voir Abel dans ton bureau. Depuis combien de temps est-il là ? Tu as perdu la notion du temps, comme bien souvent dans cette aile de l'hôpital où aucun rayon solaire ne vient cramer tes rétines. « Tu veux un scoop ? Mon frère est un gros con. » Tu ne réagis pas immédiatement, alors que le sorcier se dirige vers ton armoire pour y sortir de l'hydromel et des verres. Encore assis sur ton fauteuil, tu n'as pas le temps d'esquisser le moindre mouvement ou de prononcer la moindre parole. Tu es simplement là, presque impassible face au monologue d'Abel. Tu fais tout de même mine de t'intéresser à la main ensanglantée qu'il te présente. Tu le laisses parler, encore et encore, tandis qu'il descend son verre à une vitesse folle. Ses mots t'effleurent à peine. Comme si tu n'étais pas réellement assis sur ce fauteuil. Comme si tu étais ailleurs. Mentalement à la recherche de ta mère. « Qu'est ce que t'as ? » Tu relèves la tête vers Abel, affichant d'abord un regard surpris. Avant de te souvenir de son empathie. Évidemment. Il est capable de sentir tes émotions Zoran. Les tiens, ceux de son con de frère et ceux du reste du monde. Et il le fait horriblement bien. Capable de voir, alors même que tu n'as rien dit, que quelque chose te tracasse. Mais que peux-tu dire après le monologue du sorcier ? Lui annoncer comme ça, de but en blanc, que ta mère est portée disparue, que ta sœur ne semble pas tellement pressée de la retrouver, que ton père n'y prête guère plus d'attention ? Que tu es le seul à t'inquiéter jusqu'au sang pour la santé de ta mère, de l'endroit où elle pourrait être ? Que tu crains de la voir un jour arriver sur l'une des tables de ton service ? Que tu as peur de la savoir entre les mains de quelques dégénérés prêts à tout dans cette guerre qui a bien trop duré ? Comment pourrais-tu le dire à une époque où les morts arrivent par palettes entières, à une époque où les disparitions sont monnaie courante. Alors même que la mère d'Abel est toujours plongé dans le coma ? Mais tu ne te vois pas lui mentir. Pas à lui, non. « Ma mère a disparu. » Tu fais simple. Parce qu'il n'y a rien de compliqué au final. Elle n'est pas rentrée depuis plusieurs jours. Point. Fin de l'histoire. Tu prends ton verre avant de boire une longue gorgée dans un silence presque gênant. Tu le reposes, les prunelles fixées dessus, lui trouvant un soudain intérêt inexplicable. La mâchoire serrée, tu finis par relever le regard sur Abel. « Voilà. » Voilà. Voilà tu n'as rien de plus à ajouter, voilà tu brises comme tu le peux ce silence ridicule. Vous êtes pourtant proches, de vieux amis d'enfance, vous connaissez vos histoires respectives presque par cœur. Et pourtant …. et pourtant ce n'est toujours pas simple de t'ouvrir à lui. Par pudeur, par respect. Et parce que de toute façon il sent mieux que personne ce que tu peux ressentir. Au point que vous préférez vous éviter lors de tes grands moments d'angoisse. Parfois il a besoin d'explication, parfois non. Et parfois tu aimerais qu'en plus d'être empathe, il puisse aussi lire dans tes pensées. Juste pour t'abstenir de te justifier à voix haute.
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