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sujet; Dans le silence tamisé d'un cocon de douceur [Lysander]

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Un cocon de douceur
Et je suis là près d'eux, vivant encore un peu, tuant le temps de mon mal, tuant le temps de mon mieux.
Gracieusement la fée esquissait les pas conquis d’une guerrière céleste, sa robe de jet opaline sur ses chevilles trop courtes, ses manches légères telles les ramées de guis que la colombe encensée dans son feuillage immaculé rapportait aux déshérités, ses pieds toujours nus sur le béton rouillé d’une rive humidifiée. Il pleuvait des larmes incandescentes sur les précipices terribles des barbares agenouillés sur les stèles hymne frigorifiées à la gloire du malin ; les marques envahissaient le ciel opaque de nuages écarlates tandis que la fille mortuaire bénissait de sa paume touchée, pourfendue par les incantations bouillonnantes du sbire des trépas, les minces troncs, fragiles agonie qu’ils subissaient sous la directive de la nature capricieuse. Elle aussi dans son antre de verre, glace famélique, prison charmante dans l’immensité de la nébuleuse, une cage d’acier où résonnait les échos désespérés de la Liberté sœur disparue à la lune astrale, ses longs cheveux de neige stagnant sous les sanglots des chimères pétrifiées. Helle épouse des lendemains noirs, apocalypse enfin venant quérir les immortels châtiés par l’étreinte punie de l’opulente femme ses jupons retroussés où s’immolaient les chairs calcinées, parcourait le monde discipliné sous les zébrures de ses pieds humbles. Madeleine s’était sauvée, repentie à la force de sa tentation, ses longues mèches d’ébènes fioriture à sa dégénérescence pénitente sainte dans le déserte aride des chemins de croix ; Helle la fillette indépendante dans les ombrages de ce lieu enchanté relevait son menton sous le règne parfumé de l’aube jaillissante.

Un souffle aérien vient se poser sur les lambeaux de son linceul à présent griffé par la promenade nostalgique d’une forêt assoupie, fuyant la chambre grisonnante du bâtiment austère. Elle ne pouvait partir éternellement vers les jardins des Aspérides où les pommes d’or recelaient des caresses pénétrantes, elle avait pourtant besoin de marcher, de sentir l’ondé bienveillante sur son épiderme d’oie blanche ; recourt puissant à son âme égarée qu’elle apaisait par les mélopées angéliques de la mère naturelle en son sein maternel. Elle ne voyait pas la lumière du jour, tendre spiritualité, attendait les obscurités nuances de crème et de charbon, de sombrals et de dragons, de lune majestueuse dans sa main de porcelaine. Le jour elle lisait ou, plus littéralement dessinait, croquais les liturgies, les embrumes de ses aurores hantées par l’effroyable souvenir de l’armoire, des cris, des poings atteignant la tendre enfant sur son visage de poupée un faciès où s’accommodait la peur jaillissante, le miroir mirobolant d’un reproche celé au père tonitruant. Aujourd’hui soumise à l’ambre des mains d’un maître implacable, pouvait-on le nommer ainsi déjà, une âme acheminée à l’essence de la gamine assombrie, une pièce pile face où deux jalousies s’opposaient. Elle possédait encore les stigmates de la torture rampante à son corps déstructuré, sa silhouette malingre d’ange asexué. Elle ne leva pas sa caboche pour effleurer de ses jades luisantes les cieux contrariés de la prêtresse encerclée par les fines boules respirant les astres argentés, elle n’avait goût qu’à marcher ivre de somnambulisme, ivre de cet esprit déjoué qui s’endormait à l’obéissance des pas légers qu’elle foulait sur la terre meuble de la forêt.

Quand elle ouvrit ses paupières violacées c’est l’allée amère qu’elle observa chamboulée par les teintes de gris, de noir, de blanc qu’elle apercevait sur les murs monstrueux de ce chemin dallé ; quelques lambeaux d’hommes dans les parcelles agonisantes des serres pourchassées, des reclus, des égarés guettant la proie exquise qu’ils pourraient s’approprier. Elle se souvint de ces êtres enténébrés encerclant la biche pour un repas de rois, leurs mains moites, leurs sourires déjantés, leurs yeux bavant les délices interdits qu’elle pouvait leur offrir sur un écrin de velours parfumé. C’était lui, cet homme marqué, élevé par ce symbole de pouvoir qui était venu chasser ces rats jeûnés par une parole bien placée. Elle ne l’avait pas demandé fine épouse de Thanatos mais avait regardé distraitement, la curiosité titillé par ce titan autoritaire, elle ne souhaitait pas le connaître juste apposer sa gratitude sur le tapis énigmatique de la connaissance. Elle l’avait suivi pendant quelques temps pour le perdre de vu des mois tressaillant sous les zéphyrs charbons de nuit blafarde avant de revenir aujourd’hui comme un signe du destin. C’est sa fenêtre, son apparence qui, dans le jargon populaire, dans ses pensées tourbillonnantes lui fit prendre conscience que trois années peut-être s’étaient écoulées. Nuages livides, cheveux au souffle saccadé, elle poussa discrètement le volet pour pénétrer dans l’antre tamisée du seigneur, vogua un peu, toucha quelques babioles avant de s’assoir timidement sur un siège de marbre. « Tu n’as pas l’air bien. ». Seuls quelques mots passaient les barrières de la jeune silencieuse, des questions surtout qu’elle se permettait pour enfoncer l’aiguille dans la chair rubescente des poissons gonflés.


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Dernière édition par Helle Sadest le Mer 26 Nov 2014 - 21:06, édité 1 fois
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dans le silence tamisé d'un cocon de douceur

Lysander Selwyn songea qu’il n’y avait guère de sentiment plus douloureux et étouffant que la solitude. Elle rongeait l’Homme telle une brûlure dévorante, s’insinuait dans ses veines, dans son cœur, s’ancrait au plus profond de son âme. Bientôt, tout ceci ne serait plus que souvenir d’une époque révolue : Yselia Rosier serait là, entre ces murs, redonnant de la vie là où il n’y en avait plus depuis longtemps. A moins qu’il n’y en ait jamais eu. Tout au manoir de l’héritier Selwyn semblait endormi, terne, fade, morne. Comme lui. Comme son cœur. Et comme son âme. Parfois, Lysander se contentait d’écouter le bruit des pas d’Hannah Abbot pendant des heures, perdu dans ses pensées. Sans sa rebute, il aurait certainement perdu les pédales dans ce silence oppressant qui le retenait prisonnier. Les barreaux de sa cage dorée avaient été érigés de sa propre main au fil des années, et son seul bourreau, c’était lui-même. Personne ne lui avait demandé d’échapper à ses obligations aussi longtemps qu’il l’avait fait : mariage, descendance, perpétuation de la lignée des Selwyn et de la pureté du sang. En ce moment-même, des enfants d’une dizaine d’années pourraient courir entre ces murs, crier, briser la quiétude constante des lieux de leurs éclats de rire. Lys ne pouvait s’en prendre à personne d’autre que lui-même,  pourtant il continuait de réfuter l’éventualité de ce mariage à venir. Non. NON ! avait-il envie de hurler. Si cela signifiait prendre le risque de perdre quelqu’un, Lysander n’y était pas prêt. Surtout s’il s’agissait d’Yselia Rosier.

« Tu n’as pas l’air bien. » L’enfant Selwyn releva les yeux vers la fenêtre ouverte qu’il était pourtant sûre d’avoir fermé. Helle, qu’il n’avait pas entendue entrer, le fixait attentivement. Celle qu’il considérait comme son ombre apparaissait continuellement au moment où il en avait le plus besoin. Lysander la savait toujours près de lui, et pourtant totalement inaccessible. Sa discrétion était incroyable. Ses yeux trop bleus, sa peau pâle et la blondeur de ses cheveux presque blancs lui donnaient des airs fantomatiques. Incarnation d’une douceur et d’une beauté glaciale sans égale, elle l’obsédait, le fascinait, le déroutait. Depuis ce jour, des années plus tôt, où il l’avait sortie d’une situation désespérée, Helle veillait sur lui comme un ange tombé du ciel pour le protéger. Un sourire mince étira ses lèvres tandis que ses prunelles céruléennes plongeaient dans les siennes. Comment pouvait-elle lire ainsi en lui, l’occlumens, quand il était incapable de la déchiffrer ? Mais peut-être qu’Helle ne voulait pas qu’on la comprenne. Elle était aussi intangible que la brume du petit matin, apparaissant et disparaissant à sa guise, sans qu’on puisse la retenir. La rebute était la seule femme au monde – de sa condition bien évidemment, puisque son respect à l’égard de ses pairs n’était plus à prouver – capable de l’impressionner et d’attiser sa sympathie, son respect, son sens aigu de la protection. Qu’elle ne soit pas pure, qu’elle soit une esclave, tout ça n’avait aucune importance. Cela ne s’expliquait pas avec des mots, cela se ressentait. Intensément. Ou tendrement. Ou peut-être les deux. « Sais-tu qu’il est plus poli de frapper à la porte d’entrée plutôt que de s’introduire chez les gens par leur fenêtre ? » lança Lysander d’une voix taquine, en baissant les yeux vers ses mains jointes. Si son père apprenait qu’il se confiait plus aisément à une rebute qu’il connaissait à peine plutôt qu’à n’importe qui d’autre, il le tuerait. Ou il la ferait disparaître elle, pour que la réputation de son fils ne prenne pas un coup supplémentaire. Il avait cette fâcheuse manie de lui répéter d’être prudent, que sa réputation et que l’image qu’avaient les gens de lui était ce qui comptait le plus. Cependant, Lys avait la sensation sincère de pouvoir lui accorder sa confiance ; elle ne lui voulait aucun mal, sinon elle aurait eu l’occasion de le faire durant ces trois années où elle l’avait observé au détour d’une ruelle, où elle avait marché dans ses pas. « Toi et moi ne sommes pas si différents, tu sais. » Le jeune homme plongea de nouveau son regard dans le sien, qui lui arracha un frisson à l’origine indéfinissable. « Nous sommes tous les deux captifs d’une existence que nous n’avons pas choisie, chacun à notre manière. »

Lysander se tut pour laisser le silence reprendre ses droits. En présence d’Helle, il ne semblait plus aussi douloureux et oppressant. Partagé, il était moins lourd à porter. « T’arrive-t-il d’avoir l’impression de tomber sans parvenir à te rattraper à quoi que ce soit ? Parfois, tu as l’illusion de pouvoir te raccrocher à une pensée agréable, à une main qui se tend à toi et pourtant … Pourtant, tu ne peux plus te fier à rien ni personne. Alors ta prise cède, et tu recommences lentement ta chute en redoutant le moment où tu t’écraseras brutalement au sol, alors que ça n’arrivera jamais. Parce que tu peux toujours tomber encore plus bas. » Voilà exactement l’état d’esprit dans lequel il se trouvait, sans parvenir à l’expliquer clairement. Tout en Lysander n’était que fatigue et lassitude, lui qui avait pour habitude de se tenir droit et de mépriser le monde entier. Le Prince tombé de son piédestal se lamentait sur son sort pour la première fois, et n’en tirait aucune satisfaction particulière. Au contraire, il se sentait honteux d’exprimer aussi clairement ce qu’il ressentait. Comme tous les autres Hommes, son courage et sa volonté faisaient parfois place à une vague de tristesse, de crainte, de doutes, de regrets. C’était bien là la seule preuve que derrière le masque du monstre au visage d’ange se cachait encore un être humain, doté de sentiments propres. « Tu dois trouver ce que je viens de dire complètement stupide, n’y fais pas attention. » Un ricanement nerveux s’échappa de ses lèvress.   
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Un cocon de douceur
Et je suis là près d'eux, vivant encore un peu, tuant le temps de mon mal, tuant le temps de mon mieux.
Son domaine de sable et de grain s’envolaient dans les profondeurs des mélodies terribles de la déesse cruelle, mer fascinante, Helle pouvait se noyer dans le paysage somptueux d’un requiem foudroyant que la foudre peignait lascivement sur les côtes du malin, des falaises escarpées qu’elle escaladait dans les dérives d’un esprit embrumé. Culpabilité ! Honte ! L’enfer est les autres mais la jeune panthère de blanche vêtue se sentait terriblement souillée par les âcres aromes de la pourriture de l’âme stagnante. Son âme noircie par les crayons charmeurs de quelques serpents tentateurs qu’elle n’apprivoisait pendant ses longues promenades solitaire choisissant offrandes à son frère décédé, sa moitié incendiée par un morceau de bois vernie que possédait la maison maintenant corrompue de cendres, baignée dans les limbes mystérieuses de la femme Mort. Un stylo dans sa main excuse aux orbes ignorées, elle entreprit de souligner traits, arabesques, lumières sur un papier froissé en écoutant attentivement les paroles du repentant, des phrases transperçant le donjon, les remparts de l’invisible qui souleva son visage de porcelaine, approcha ses doigts céruléens des jumeaux masculins de la Lys tourmentée. De ses lèvres ne s’échappèrent qu’un gémissement assourdit par les souvenirs brumeux de la nymphette penchée sur le bureau, une faiblesse qu’elle espéra tombée dans l’oubli, le tombeau famélique des préjugées de guerre. « Nous ne sommes pas si différent. ».  Elle avait pour habitude de répéter comme se repaître des phrases des autres, les faire siennes tandis qu’elle lustrait ses pensées, les vernissait d’un sortilège souriant, mascarade de bonheur révolu pour la glaciale reine déchue. Longeant le bureau distingué du personnage elle se permit de déranger quelques babioles abandonnées ne semblant prendre conscience de l’endroit fermé, du territoire démesuré d’un seigneur bridé. « N’as-tu pas voulu de cette naissance ? Tu es pourtant bien placé dans la société. ». Ô gouvernement de foi, elle disparaissait aux matières politiques, aux boues démentes des conservateurs, aux allusions de pensées souterraines qu’elle auditionnait raclé sous les catacombes des nuisibles narcisses. « Ton père considère que c’est le sang, cette couleur carmine une prérogative à l’ignominie et à l’injustice. De quel côté es-tu ? ». Elle n’avait pas l’intention de s’éloigner des plages rocheuses d’une discussion passionnée, Helle n’énonçait quelques bribes d’échos silencieux dans les nébuleuses incertaines de la passion virevoltante, s’adressait à Terre, à Océan plutôt qu’aux hommes craints de l’adolescente trompeuse. Lys dissimulait ce mystère obséquieux d’un homme à la dérive, d’un noyé s’ébattant dans les vagues maléfiques d’un carcan moral ténébreux. « Que tu ne comprends pas toi-même ». Ses réflexions la menaient souvent à manifester les dernières réminiscences d’une voix clarifiée, douce échappée à l’agonie qui seyait parfaitement à la sainte tronquée ; du miel verdâtre s’épanchant sur les murs métamorphosés de neige titubantes. Elle s’assit lentement redoutant les griffes chimériques d’un siège de velours avant de, une unique fois, enraciner ses émeraudes dans celles embrasées de la mal fleur fanée. Elle souhaitait appliquer un baume de joie qu’elle ne connaissait pas sur le cœur endolori de cet énergumène dont elle s’était attachée, réservée prêtresse de froideur mortuaire suant sur sa peau de lait plâtreuse. Ses jambes dessinèrent des dynamiques de ballerines enorgueillies alors qu’elle s’appuya sur le rebord demandant un contact plus fraternel avec le désespéré. La main se tendit la première à l’appel où des marbrures de flocons semés transparaissaient, argentins occultes qu’elle immergeait dans le liquide vital d’une gorge arrachée, dans les boyaux illusoires de charognes fascinantes, de cadavres pustules des trottoirs. Elle avait cueillie au verbe près la souffrance de l’apôtre Jésus dans ses paumes se ployait à la voûte divine des paternels autoritaires. « Tu as le droit de dire ce que tu penses. Te sens-tu seul dans l’immensité ? Souffres-tu de tes actes passés ? As-tu des ressources pour t’échapper ou restes-tu cloitré chez toi, dans ton bureau comme maintenant ? Une main se prend, elle se perd, elle se contemple ; on peut lui faire du mal. Mais on tisse les fils sacrés de la sociabilité avec le temps ce monstre. Tu regrettes quelque chose ? Je te tendrais toujours la main, je veille sur toi. ». Elle se trouvait à présent au centre de la pièce, éclairée fugitivement par la lune incandescente contournant les traits floutés de la dormeuse somnambule, une main tendue vers les paysages mirobolants de la nature tantôt persécutrice tantôt maternelle couchant ses descendants dans son désir éprouvant, futile, guerrier, des meurtres pour les convictions des martiaux. « Veux-tu voir mon monde ? Celui qui m’aide à l’apaisement quand les pensées se font aventureuses ? Tu penses à ton mariage futur, je te montrerai qu’il n’y a pas s’inquiéter. ». Elle l’invita à plonger dans l’inconnu, celui qui cousait l’existence de l’indépendante tonifiée.[/font]


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dans le silence tamisé d'un cocon de douceur

Helle avait cette drôle de manie de répéter ce qu’il disait ou de répondre à ses questions par d’autres questions, incitant Lysander à trouver seul ses réponses. Elle le confrontait à des évidences qu’il connaissait déjà, qu’il fallait pourtant qu’on lui rappelle. Lorsque la solitude le submergeait, il en oubliait ses vérités. Aussi, à la question « de quel côté es-tu ? », Lysander releva les yeux vers elle et souffla, un peu honteusement : « Du côté de ceux qui font de toi une esclave. » Ses pas le guidèrent vers son fantôme incandescent, plus pâle que l’immensité de la lune qui éclairait faiblement la pièce. Sa main chercha la sienne, la conduisit jusqu’à ses lèvres. Il déposa un baiser tendre sur sa peau douce, yeux clos, serein et confiant. « Je suis complètement seul dans un monde trop grand pour moi. Un monde où je reste emmuré dans ma solitude et mon désespoir à désirer que mon père soit fier de moi, atteindre mes objectifs le moment venu. L’univers danse, et moi je suis immobile au milieu d'une foule, à continuer d’attendre. » Son cœur se tordit douloureusement dans sa poitrine. N’était-ce pas pure folie que de se dévoiler ainsi ? Danger. « Aucun échappatoire n’est permis. Je suis pris au piège. » Ses yeux se rouvrirent sur Helle et sa beauté pure. « Il n’y a que toi qui sache, pour ma solitude, ma souffrance et  mes craintes. Ce secret mourra avec nous. » Son index se posa sur les lèvres de la jeune femme, scellant cette confidence qu’un maître et une rebute partageaient désormais, dans la honte et l’amitié, la tendresse et la honte. Lysander aurait aimé pouvoir en dire autant d’Hannah Abbot. Partager avec son esclave ce qu’il partageait avec ce petit bout de femme. Une relation intense, au-delà de toute espérance, incapable d’être expliquée par des mots. Selwyn relâcha Helle aussi doucement qu’il avait étreint sa main, mais son regard ne quitta pas le sien. Il lui suffisait d’une seconde pour se noyer dans son regard obsédant, surnaturel. Son regard plus profond que le ciel et les océans, plus intelligent que celui de milliers d’Hommes réunis, plus malicieux que ceux d’un Lutin de Cornouaille. « Tu n’as pas peur de te dévoiler à moi ? » Tu n’as pas peur de moi ? Une question pour une autre, Helle était assez fine et vive d’esprit pour comprendre ce qu’impliquaient ses propos. Et surtout, pour savoir ce qu’impliquait une telle relation. « Tu sais que je peux te détruire. » Ses doigts se perdirent dans sa chevelure marmoréenne, avec laquelle il joua pensivement. Etait-ce mentir de dire qu’il préférait encore mourir que de briser ce petit être semblant tombé du ciel pour veiller sur lui ? « Je veux voir ton monde. Te comprendre un peu mieux. Savoir comment te sauver de tes propres démons, comme tu le fais avec moi, ton ennemi, ami de tes bourreaux. » Ces paroles franchirent difficilement la barrière de ses lèvres. Il fallait se rappeler qui ils étaient. Lysander ne pouvait pas s’attendrir trop pour la « vermine », pour ces êtres misérables qu’il mettait en cage afin d’être vendus au plus offrant. Pourtant, en regardant Helle, tous ses préjugés s’envolaient. Il ne voyait plus cette créature dépourvue d’honneur et de grandeur. L’enfant était pour lui l’être le plus pur du monde, lui rappelant à bien des égards ce à quoi aurait ressemblé une divinité si elles avaient existé. Parfois, Lys se demandait si Helle n’était pas une simple invention de son esprit pour pallier le manque de présence féminine à ses côtés, un mirage dans l’oasis de sa solitude ; elle était tour à tour mère, sœur, amie, ange gardien, ennemie, proie, prédatrice et amante, sans pour autant imposer son existence. C’était naturel. Elle était là, tout simplement.  Sans qu’on le lui réclame, sans avoir à la supplier, sans avoir à lui demander de s’en aller. Il ne faisait aucun doute que la demoiselle était la seule et unique personne à le comprendre vraiment, ou à défaut de le comprendre, à s’intéresser à lui. C’était peut-être pour cette raison que Lysander s’intéressait aussi à elle, alors que les gens qui gravitaient dans sa vie ne trouvaient que peu d’importance à ses yeux. Ils allaient et venaient sans qu’il ne s’y attache réellement. La plupart n’étaient que de simples objets, destinés à être utilisés pour servir quelque chose de plus grand. D’autres avaient la chance – ou la malchance, selon les points de vue – d’être de véritables amis. Maksim Dolohov, par exemple. Maksim qui avait fini par se lasser de lui. S’attacher était une idée absurde inventée par des gens absurdes, qui devaient chercher la souffrance de la façon la plus cruelle qui soit. Une fois de plus, avec Helle, les choses étaient différentes.  « Tu es une personne spéciale. Tu es tellement belle, tellement pure ... Pour toi, le monde devrait être différent. » Lysander ne parlait pas seulement de beauté physique, mais bien morale. La jeune femme devait savoir ce qu’il pensait d’elle, savoir que malgré ses menaces et ses tentatives de l’effrayer, elle comptait pour lui. Plus que Lys ne saurait même le dire.   
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Un cocon de douceur
Et je suis là près d'eux, vivant encore un peu, tuant le temps de mon mal, tuant le temps de mon mieux.
Le père talonnait ses souvenirs distendues, des fils argentés qu’elle aurait aimé bruire, dilapider sur les hautes collines de ses songes apprivoisés, tournaient les danses brumeuses de réminiscences effrangées qu’elle possédait ; une larme invisible sillonna sur sa joue endolorie des marques de son passé, rosie par les froids d’été disparu à jamais. Immonde crachin effacé par les bribes de maux s’écoulant des lèvres de l’amant, il ne savait pas les plaies qu’elle portait sur son dos inamovible alors qu’elle était prête à transporter le vent de sa paume de Vestale amusée par une babiole qu’elle faisait tournoyer dans le centre de ses doigts rongés. Déchirures ensanglantées, veinées de carmin, de terre, l’hémoglobine fusait, papillonnait sur les fresques meurtries d’une condamnée pourtant calme à l’immensité. Elle ne dit rien, incapable de répondre lorsqu’il s’agissait d’énoncer des bâtiments sacrés d’une vie privée démolie par ces sentiments soufflés, ravagés par la démence bourgeonnante voltigeant sur le zéphyr abusé ; elle fuyait ces rubéoles de questions ses pas jalonnant les denrées fanées des paysans affamés. « Il y a pire. ». De ceci elle avoua un semblant de prose s’évadant de ses lippes parfumées à l’odeur des aubes, un hymne de quelques lettres qu’elle déposait sur l’auréole de l’apôtre affligé par les aléas de cette blanche oiselle translucide de gris mortifère ; une vie carnage d’un innocent conditionné. Les patriarches n’étaient pour les pensées du Styx une sourdine famélique ivre de coups à la volée qu’Helle entretenait à coup de peinture pourpre sur des toiles jaunis, des papyrus vieillis ; une sage redevenue juvénile. Elle sublimait en Lysander une magnifique étoffe de bravoure, de courage, de fierté dissimulée, une sagesse secrète qu’il ne montrait jamais ; elle contemplait son esprit vivace pour avoir parcouru quelques dalles à l’ombre des cerisiers enchantés observant les joutes verbales de ce roi incompris, manquant clairement d’une confiance en soi abolie. « Tu sais ce que signifie une lys ? La vierge Marie sur les retables en dédie une à son fils sur sa jambe gauche le tient fermement entre ses bras d’humaine. Le lys c’est la pureté. La virginité. Tu es tout cela pour moi. ». Les mots jaillirent sans contrôle sans préparation, jaillirent, éclatèrent les murs opaques d’un bureau tamisé par les révélations muettes, éclaboussèrent les défenses de la nébuleuse choquée elle-même par ce qu’elle venait de confesser. L’élan d’un désir, d’une feuille, d’un stylo, une cataracte de destruction qu’elle souhaitait s’infliger caressèrent son duvet soyeux d’enfant éprouvée. Une ronde folle sur le parquet, l’agonie d’une vierge décédée par le défaut pendant. Admettre c’était se mordre ; se mordre c’était périr dans le torrent des faibles. Sur l’esquisse se forma des gouttes, des pluies, des cascades incandescentes d’une intelligence martyrisée par les blessures des goulots de bouteilles d’un antécédent débarrassé ; des cris, des pleurs, des supplications requiem foudroyant à l’agonie subite, récalcitrante à apaiser les tourments sautillant. Les mains d’Helle se mouvaient, éclairs mignonnets d’où s’échouaient les stries impropres de bleus sur sa peau incolore ; des nuances écarlates qu’elle apprivoisait souvent dans les contrées de ses bois, de ses falaise ardues. Des ombres forcées, des natures disgraciées ; le matériau rapidement noyé dans les ruines d’un hurlement tu. « Une définition existe-t-elle réellement pour les ennemis ? Quels ennemis vois-tu ? De chacun m’a prêté une voix, je suis ce que tu veux que je sois. ». Divagation des épopées, des quelques livres qu’elle tenait sur les genoux lorsque le soleil brillait des surprises naufragées à deux êtres édentées, deux êtres chétifs près d’une fenêtre ouverture narquoise à la liberté illusoire. Elle bordait son frère les nuits d’opales tandis que la mère s’éjectait sur les rives tissées du tentateur blasé, tandis que les lourds pas des centaures grognaient les menaces éjaculées. Se levant la lune offrit sa main à la nativité, l’ange d’or de ses mèches translucides répéta le geste, embrassa le soyeux épiderme de l’ami profond, désiré ; s’avança encore jusqu’à toucher le fond, entendre les battements rassurants de l’individu à ses côtés. « La liberté. ». Un souffle sur les lèvres, un souffle sur les muqueuses, un symbole sur gravé palpitant sur les souvenirs enguirlandés ; elle l’embrassa.


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dans le silence tamisé d'un cocon de douceur

Lysander écarquilla les yeux … Et rougit. Du jamais vu, dont elle pouvait être fier. Il ne s'y était pas attendu, elle l'avait eu par surprise. C'était le compliment le plus étrange qu'on lui ai fait. Etait-il vraiment pur et vierge, aux yeux de Helle ? Si cela semblait l'étonner, ce n'en n'était pas incroyable pour autant. Si elle avait vu en lui quelqu'un de mauvais, elle ne le suivrait pas partout, ne veillerait pas sur lui. Il fut très touché qu'enfin, quelqu'un ne le prenne pas pour un monstre. Qu'on voit plus loin que les apparences, dans son cœur malheureux et seul. Ses propos suivants firent battre son coeur plus vite encore, tandis que les lèvres de la jeune femme se posaient sur sa main à lui. Il esquissa un sourire tendre et ému sans la quitter des yeux. Helle l'envoûtait. Lui donnait le sourire. Réparait son âme écorchée vive. Il ignorait si elle était courageuse, intuitive ou suicidaire, à moins qu'elle ne soit les trois. Comment pouvait-on vouloir du mal à un être tel que celui-ci ? Voilà bien longtemps que Lysander n'avait pas été si serein, si apaisé. Il avait suffi de quelques minutes en sa présence pour que s'envolent des semaines de crainte et de tristesse. L'héritier maudissait le ciel de ne pas être tombé sur Helle, le jour des enchères. Sa vie serait bien différente, bien plus douce. Il serait même incapable de la traiter comme une esclave, parce qu'elle ne le méritait pas. Lysander l'aurait protégée, aurait veillé sur elle, et aurait surtout été beaucoup moins seul. La liberté est une illusion, Helle Sadest, eut-il envie de murmurer, avant qu'elle ne dépose ses lèvres sur les siennes. Pendant l'espace de quelques secondes, le monde cessa de tourner. Son cœur bondit dans sa poitrine, et la racine de ses cheveux le picota. Helle venait de s'aventurer sur un terrain dangereux, la partie la plus sombre de son âme. L'enfant bercé par le péché de la luxure, qui à présent, devait réfréner un désir brusque et sourd. Lysander finit par s'écarter de quelques millimètres – quelques secondes ou quelques minutes après, il ne savait plus – pour caresser la lèvre de la demoiselle de son pouce, le souffle court. C'était le plus beau baiser qu'on lui ait offert en trente ans d'existence. Un baiser d'une douceur inestimable, plus tendre encore que celui d'une mère à son enfant. Son regard céruléen chercha le sien, à la fois interrogatif et émerveillé.  « Tu combles ma solitude. » murmura-t-il contre ses lèvres, apaisé.  « Te savoir près de moi m'aide à tenir debout et à avancer. Tu as raison, tu n'es pas mon ennemie. Je ne veux pas que tu le sois. » Ces derniers mots avaient été prononcés sur le ton de la supplication. Ses doigts glissèrent sur la peau douce de ses joues marmoréennes, avant de retomber mollement le long de son corps. Lysander s'écarta de Helle et se laissa retomber gracieusement dans son fauteuil pour ne pas avoir à subir le flot d'adrénaline qui l'envahissait et le poussait à désirer plus. Ses yeux se posèrent de nouveau sur la demoiselle attentivement.  « Crois-tu encore en la liberté, toi qui es devenue esclave ? » demanda Lys posément, d'une voix calme trahissant peu sa curiosité. Son visage stoïque et froid trahissait rarement ses émotions, mais la demoiselle lisait facilement en lui.  « Tu es une jeune femme très courageuse. Quoi qu'un peu imprudente. J'aimerais que tu fasses plus attention à toi et ne sorte pas en pleine nuit sans être accompagnée. » Bien plus courageuse que lui, peut-être presque autant qu'Hannah Abbot. Ne craignait-elle rien de venir le voir ainsi en pleine nuit pour le simple fait de le réconforter ? Helle était décidément particulière. Lysander se demanda ce à quoi ressemblerait sa vie si elle n'en faisait pas partie. Il serait assis là, sur ce même fauteuil, à contempler la lune en silence. Seul. Ô combien seul ! La jeune femme et sa pâleur fantomatique suffisaient à le rassurer, le débarrasser de ses démons le temps de quelques heures. Ils n'avaient même pas besoin de parler. Le simple fait de savoir que quelqu'un pouvait se tenir dans la même pièce que lui sans avoir peur, sans être dégouté ou encore le maudire n'était pas courant. Lys devait chérir cet ange aux ailes coupées et au regard intelligent et triste, un peu froid. Chérir sa gentillesse, sa générosité, son courage et son imprudence, son sourire, sa douceur, ses lèvres chaudes et ses mains aux longs doigts fins.  « Tout le monde devrait avoir une Helle dans sa vie. Ce serait beaucoup moins effrayant, beaucoup plus supportable d'exister. Est-ce que tu te rends compte de l'effet que tu produis sur les gens ? » Le jeune homme esquissa un sourire mystérieux et s'arracha à sa contemplation pour observer ses mains jointes sur son pull noir, au niveau de son ventre. Fixer quelqu'un de la sorte n'était pas très poli, voilà qu'il en oubliait ses bonnes manières.  « Je suis certain de ne pas être le seul à avoir été ensorcelé. » Quel choix pertinent de vocabulaire, Monsieur Selwyn !, se félicita-t-il avec un sourire ironique, avant de lâcher un petit soupir.    
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Un cocon de douceur
Et je suis là près d'eux, vivant encore un peu, tuant le temps de mon mal, tuant le temps de mon mieux.
Il avait des braises dans ses orbes mordorées, des lucioles carmines dans ses agates de prédateur lorsque ses lèvres gelées se posèrent sur ses jumelle duveteuses, elle ne voulut pas l’embrasser Helle les sentiments disparates encore mourant dans ce cocon de lames, elle souhaita transpercer les défenses de cet ami par un geste ; les mots dilapidés qu’elle ne manipulait rarement. Tournoyante alors dans sa robe de moire un linceul avachi de terre bourbeuse qu’elle arborait inconsciemment, elle fixait ses yeux éblouis de nacre dans les détails de son bureau impeccable ; des livres rangés, des bibelots rangés, des stylos et des feuilles rangés ; toutes cette perfection mit mal à l’aise l’ange mortel qui s’assit sur la moquette elle aussi soignée. Elle écouta sans mot dire, silencieuse la muse des Botticelli, des Goya, des Fussli ses longues voiles de neige sur son dos anorexique l’enfant des esprits solitaires, le fantôme des nuits morbides qu’elle apaisait par le doux son des cordes stridentes de son violon déstructuré. Elle grimaça quelques rubéoles sur un papier déchiqueté, ses paupières noyées par les mèches blafardes de son crâne glacé ; la jolie venimeuse planta une mine parcheminée dans le sol épouse des plantes léthargiques. « Je ne suis pas esclave. ». Ce mot ne s’esquissait pas dans les limbes de son âme comme un statut que l’on apposait à la gloire décédé des méchants enivrés ; Helle antique Perséphone dorlotait les vivaces bruissements de la mystique nature, ne se mêlait pas aux capharnaüms de discussions enflammés qu’elle fuyait, arrosait par la colère de ces hommes exécré. Ces cinq lettres suffirent à déclamer sa pensé tandis qu’elle se redressa la bossue droite la justice qui s’enracina dans les vertèbres de la terre moelleuse. La fenêtre ouverte promesse à ses escapades somnambuliques semblait chantonner sous les torrents invisibles de cette pluie bienfaitrice ; une envie toujours combattit la belle endormie ravage d’écho dissipés. « Pas une bénédiction Lys. Une malédiction. ». Cascadant maladroitement, rapidement dans les rapines de ses réflexions, un songe de mémoire et la bibliothèque s’effondra par ses étagères et les livres foliques s’écroulant au sol leurs couvertures brunies par la souffrance reflétée sur le visage ocellé de l’enfer. Pétrifiée par l’incontrôlé pouvoir, elle joignit ses phalanges ivoiriennes d’ongles de glaises dans sa peau de lait, transparente des filets de sang qui glissèrent doucement décorant la divine ensorcelée. La gorge se mêlait des sons muets qu’elle ne put caresser par la chaleur artificielle de la parole submergée juste le chaos vermicelle d’un acte soudain, surprit toujours par la délicieuse tromperie de ses sens. Cette insipide magie, ces sortilèges exécrés, ces diables moqueurs qui valsaient d’une ronde amusée, elle guetta les lutins maléfiques de ses chimères opales. Reculant, confrontée encore une fois à la réalité de ses manigances inconsidérées, inconscientes, c’était son frère le spirituel guidant les poteries de son ailé renversant comme les tornades tonitruantes les écumes d’intellectualité. Elle resta là, contre le mur, en proie aux déchirures de ses souvenirs maintenant assourdissant, filtrant dans ses oreilles percées de fines boucles d’argent qu’elle gardait depuis longtemps ; statue de cire son faciès impassible elle scruta le point nébuleux de la sortie. Saisissant la baguette du monarque, elle la tendit la lionne apeurée peut-être ses billes luisant l’effroi de la mort encore sous ses pieds, le cadavre lascivement brumé par les réminiscences colériques de ses maigres spéculées. « C’est toujours comme ça quand il apparait. ». Un gouffre alors, un repli sous le linge blanc de ses sombres clartés ; elle n’apercevait plus Lysander, elle avait tout gâché.


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