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sujet; i'll keep you safe (annatteo #3) |
WIZARD • always the first casuality Anna Grimaldi |
( x) I’ll keep you safe. Try hard to concentrate, hold out your hand. Can you feel the weight of it ? The whole world at your fingertips ; don’t be, don’t be afraid. Our mistakes they were bound to be made but I promise you I’ll keep you safe (Hogwarts – November 30th, 2003) Le vent soufflait fort à l’extérieur, emportant dans une petite tornade les dernières feuilles d’automne qui résistaient encore à l’arrivée du froid. Le mois de novembre avait pointé le bout de son nez, trainant derrière lui, un mois entier de combat sur les ruines d’un village éteint. Lorsque les premiers blessés étaient arrivés le premier soir, tout le monde avait su que la bataille serait terrible et que les morts seraient nombreux, mais personne ne pensait qu’elle durerait aussi longtemps. Les affrontements s’éternisaient et les combattants n’en pouvaient plus. Chaque jour, des dizaines de sorciers revenaient du champ de bataille avec des blessures graves, des égratignures ou un épuisement intense. Dans ces moments-là, le seul réconfort que les guérisseurs pouvaient leur apporter était une potion de sommeil … Anna en avait vu des choses horribles lorsqu’elle travaillait à Ste Mangouste, mais les retours d’une zone de guerre étaient bien différents des simples blessés quotidiens. Son incapacité à soulager la douleur de ces personnes la rendait horriblement impuissante face à tout ça. Parfois, une flamme téméraire s’illuminait en elle, la poussant à rejoindre les autres sur le terrain, mais rapidement, ses tendances audacieuses étaient tues par son besoin irrépressible de rester vivante pour retrouver la seule chose qui comptait le plus à ses yeux que sa propre vie : sa fille. Ses doigts se portaient souvent au bracelet qui ornait son poignet. Charlotte. Elle savait que Simon et Eirene donneraient leur vie pour la protéger, mais ça ne l’empêchait pas de s’inquiéter quand même. Parfois elle sentait la peur, d’autres fois la colère, mais elle n’en connaissait jamais les raisons ; alors, elle partait alors dans une série de « et si … », envisageait toutes les possibilités, se demandait comment elle survivrait si quelque chose arrivait à Charlotte, Simon ou Eirene … et enfin, elle se calmait, parce qu’on l’avait appelée ailleurs ou qu’un quelconque bonheur s’était immiscé en elle par le biais de son bracelet.
« Anna ! On a besoin de toi ! » Elle se détacha de la fenêtre et lâcha la chaîne qu’elle tripotait inconsciemment. Ils étaient revenus, enfin … S’élançant vers les quelques insurgés qui venaient d’arriver, elle laissa les plus blessés entre les mains des soigneurs qui se trouvaient dans la pièce et s’occupa des petites égratignures. Les uns après les autres, elle nettoya, mit un onguent, banda la blessure et donna une potion de sommeil aux patients qu’elle traitait. Lorsqu’elle fut arrivée au bout de son travail, elle remarqua qu’il manquait quelque chose … Ou plutôt quelqu’un … « Matt. » C’était un murmure, une plainte … Elle traversa alors l’infirmerie de bout en bout et chercha parmi les patients que ses collègues avaient pris en charge. « Matt ? … Matt tu es là ? … Est-ce que quelqu’un a vu Matt ? Casca ? Blond-châtain, des reflets roux ? Mon frère ? Non ? » Elle commençait à paniquer, il venait toujours la voir lorsqu’il revenait du champ de bataille, il venait toujours la rassurer. Ses doigts se crispèrent autour de sa baguette. Elle devait le retrouver. Alors qu’elle courait dans les escaliers pour récupérer ses affaires dans l’ancienne infirmerie, où elle avait élu domicile, elle entra en collision avec une silhouette massive. Ne s’excusant même pas, elle s’apprêtait à repartir dans sa course effrénée, mais une poigne la retint. « Hey, tu vas où comme ça ? » Elle reconnut sa voix et leva les yeux vers un Elias concerné. « Je … » Elle était essoufflée et incapable de répondre sans fondre en larmes. Elle sentait déjà les sanglots lui brûler la gorge et les gouttes d’eau voiler son regard. « Mattépala, » furent les seules syllabes qu’elle réussit à articuler. « Quoi ? » Il n’avait pas compris et elle, ne se concentrait plus que sur une chose : les doigts d’Elias serrés autour de son poignet. Elle pourrait se libérer en le brûlant, en lui détournant l’attention, en …
« Venez-vite ! On a un blessé grave ici ! On ne sait pas ce qui lui est arrivé, il est inconscient, il respire difficilement. » Elle dévala les escaliers sans réfléchir jusqu’au Grand Hall et s’agenouilla à côté du blessé. Elle l’observa avec attention. Son visage était tuméfié et aucune partie de son corps n’avait été épargnée. Sa peau était encore à vif à cause des brûlures et son visage avait gonflé, tellement gonflé qu’il était méconnaissable. Elle aurait préféré rester dans cette ignorance, les choses auraient sûrement été plus faciles, mais lorsqu’elle s’attarda sur les brûlures à l’avant-bras, elle tomba sur cette preuve irréfutable qu’elle aurait tant voulu ignorer. Une cicatrice, cette cicatrice … Celle pour laquelle il s’était vanté des heures durant, celle qu’il évoquait lorsqu’on l’embêtait à propos de quelques maladresses, celle qu’elle avait examiné plus d’une fois pour vérifier que tout irait bien. « Matt. » Ce furent les seuls sons qui sortirent de sa bouche. Elle tremblait et son regard ne pouvait se détacher de cette cicatrice. Des soigneurs venaient d’arriver et commençaient à s’afférer autour de lui, mais elle, était incapable de faire quoi que ce soit, comme figée, comme déconnectée. Elle voulait que ce ne soit qu’un rêve, que rien de tout ça ne soit vrai, elle voudrait que tout s’efface, que tout se réécrive. Elle ne pouvait pas, elle n’était pas prête à perdre la seule famille qui lui restait. Elle ne pouvait pas laisser ça arriver. « Anna tu dois nous laiss— » Elle donna un violent coup au bras qui venait d’essayer de l’éloigner de son frère. « Non, je reste ! Qu’est-ce que je peux faire ? » Elle n’était pas prête à prendre les décisions elle-même … mais elle ne laisserait pas Matteo mourir aujourd’hui. Ses automatismes de guérisseuse guidaient chacun de ses gestes, mais son esprit était ailleurs. Je t’en supplie, survis. S’il te plait, ne me laisse pas. S’il te plait. Les soins durèrent un long moment et pendant tout ce temps, son cœur ne cessait de pleurer à l’idée de finir seule. Elle ne pensait plus à rien à part à ça. Même son bracelet n’arrivait pas à chasser de son esprit cette peur inhérente à ce frère blessé et inconscient. « Tu devrais aller te reposer Anna, il ne se réveillera pas avant un moment. Il a besoin de repos. » Elle s’assit sur le siège à côté du lit et posa sa tête sur la main abîmée de son frère. « Non, il a besoin de moi, je dois rester. »
(Hogwarts – December 6th, 2003) La friction d’un papier à côté de son visage l’obligea à ouvrir les yeux. « Tu dois manger Anna, c’est pas comme ça que tu seras utile à qui que ce soit … Je m’en fiche d’être utile à qui que ce soit, je veux être utile pour lui, et comment me rendre plus utile qu’en restant à ses côtés ? » Elle n’avait encore jamais renié ses responsabilités ainsi, jamais. Guérisseuse, c’était son métier, même lorsqu’elle a tout arrêté par traumatisme, même lorsqu’elle a décidé de travailler au ministère pour garantir la sécurité de tout le monde, même dans sa cavale quand elle a aidé Louise, même à son arrivée à Poudlard alors qu’elle ne connaissait presque personne … Mais aujourd’hui, elle se sentait plus sœur que guérisseuse. Elle avait envie d’être égoïste, envie de ne penser qu’à elle, à elle et à Matt. Il n’avait pas ouvert les yeux depuis bientôt une semaine, trop faible, trop blessé. Il était inconscient et elle, se sentait complètement démunie, inutile. Ici à Poudlard, ils n’avaient pas assez d’outils pour lui venir en aide mais la guerre qui régnait toujours à l’extérieur les empêchait de l’emmener à Ste Mangouste. Elle voulait qu’il ouvre les yeux, qu’il lui dise que tout irait bien, comme il l’avait toujours fait, comme il le faisait à chaque fois que leur mère la battait … Pourquoi ? Pourquoi fallait-il toujours que le monde entier se ligue contre elle pour la détruire ? Pourquoi fallait-il que ce soit elle et pas une autre personne ? Elle soupira, se leva de son siège et s’approcha du lit où Matteo était toujours immobile. Elle donna un petit coup de baguette sur le lit, qui s’élargit, et s’allongea à côté de lui, comme ils le faisaient quand ils étaient petits. Elle colla son nez contre la joue cicatrisante de son frère et ferma les yeux. « S’il te plait Matt, réveille-toi. S’il te plait, j’ai besoin de toi. Je ne peux pas vivre sans toi, je ne peux pas survivre seule, tu es ma seule famille, on est que tous les deux. Tu dois te réveiller … Charlotte doit rencontrer son oncle. Je t’en supplie, reviens. » Elle renifla pour retenir les larmes qui se déployaient au coin de ses yeux. Elle sentait la respiration saccadée de Matteo, les mouvements difficiles de sa cage thoracique, la raideur de ses membres, la peau rougie en reconstruction. Elle avait tant envie de lui voler la place pour lui éviter cette souffrance. Elle lui aurait tout enlevé si elle le pouvait. Elle n’avait pas su protéger son frère, de la même façon qu’elle n’avait pas su protéger sa sœur … Alors que la fatigue l’emportait doucement, elle crut sentir un mouvement sous ses doigts. Se redressant, elle baissa les yeux vers la main de Matteo pour vérifier qu’elle n’avait pas rêvé. Était-ce lui ou bien son imagination ? Elle fixa les doigts, mais ils ne bougèrent pas. Elle avait sûrement dû tellement le vouloir que son esprit le lui avait offert sur un plateau. Triste, épuisée, elle reposa sa tête sur l’oreiller et regarda son frère comme s’il était simplement endormi. Réveille-toi. Reviens.
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HERO • we saved the world Matteo Grimaldi ‹ inscription : 04/10/2015
‹ messages : 953
‹ crédits : odistole.
‹ dialogues : #749585
‹ âge : trente
‹ occupation : tisseur de mots, journaliste, coureur de monde. à la dérive.
‹ maison : Gryffondor
‹ scolarité : 1984 et 1991.
‹ baguette : était en bois d'érable, relativement flexible, mesurait 26,8 cm et contenait un coeur de phoenix.Désormais brisée, j'ai hérité d'une baguette récupérée sur le cadavre d'un mangemort: bois de noyer noir, 32 cm, coeur inconnu, et absolument pas faite pour moi.
‹ gallions (ʛ) : 4235
‹ réputation : j'ai l'air de regretter la fin de cette guerre, que ce qui secoue ce monde nouveau paraît me révolter bien plus que les atrocités commises par le précédent gouvernement, que je suis un piètre journaliste et écrivain qui tente de percer dans un milieu qui n'a jamais voulu de lui.
‹ particularité : en plein flou.
‹ faits : j'ai soutenu la rébellion, bien que je n'ai quitté ma vie que sur le tard pour aller les retrouver, au détour de la création de la Renaissance du Phoenix ; que beaucoup n'ont pas cru à mon implication, du fait de ma naissance surtout ; que j'ai une tendance fâcheuse à commencer des choses et à ne pas les terminer ; que ma plus grande ambition est d'enfin publier un livre ; que ma fiancée est en fuite et que je n'ai aucune idée de si je la reverrai morte ou vive, offerte aux bons soins des Détraqueurs ; que la nouvelle société me répugne presque autant que la précédente, voir plus ; que je ferai sûrement tout pour ma soeur.
‹ résidence : dans le loft de la Bran Tower ou Eirene et moi vivions avant que tout ne vole en éclat. J'ai réussi à garder l'appartement par je ne sais pas quel miracle, il sert aujourd'hui à ma soeur et à mon beau-frère, Elias, parfois. En vérité je n'y suis pas souvent, je fuis l'endroit.
‹ patronus : une méduse géante
‹ épouvantard : un grand feu, l'anéantissement total de ma famille, rester seul au milieu des cendres
‹ risèd : Eirene se tenant à mes côtés, aussi heureuse qu'elle l'était à nos débuts, lorsque nous étions encore pleins de promesses et de projets fabuleux avant que tout ne soit jeté aux flammes.
| (Poudlard – 30 novembre 2003) Ça s'éternise. Il a comme l'impression d'être devenu un automate, un bras armé lançant des éclairs pour défendre – sa vie ? Celles des autres ? Pour gagner une guerre qui – Si, il sait encore pour quoi il se bat, pourquoi il faut continuer, même si ça demande un effort considérable pour digérer les piles de morts que l'on traîne jusqu'au château pour leur offrir une sépulture décente (est-ce encore possible, n'en oublie-t-on pas en chemin?), et tous les blessés qui agonisent, attendent la mort où ceux qui seront assez disponibles pour les traîner – eux aussi – jusqu'au château afin de réparer ce qui peut encore l'être. Alors oui, c'est nécessaire, mais ce n'est pas plus agréable, et il se sent se dissocier en deux parties, celle qui agit et celle qui pense. Cette dernière, là, flotte sûrement quelque part à côté de lui en attendant que la partie qui agit la récupère. En attendant, il ne sait plus quel jour ils sont ; le temps est devenu une notion abstraite et inutile, la vie n'est plus rythmée que pas les repos nécessaires au château, les soins de première ligne apportés à ceux pour qui ça peut suffire en attendant mieux, et le front, où les choses sont tellement confuses qu'il ne sait même pas déterminer quel camp semble l'emporter sur l'autre, s'ils sont proches de la fin, où s'il crèvera avant de voir le jour. Ça s'éternise. Emily crache un glaviot de sang à côté de lui et jure, la joue lacérée par un sort détourné de justesse ; ça aurait pu être pire. Les réflexes guident ses gestes, il riposte avec elle et – « Cara ? » Il n'en revient pas de tomber sur elle ici, et maintenant. Le masque a glissé de son visage, dévoilant les traits familiers et familiaux. Elle s'immobilise, esquisse un rictus qui ne lui sied pas le moins du monde – « Matt, quelle bonne surprise ! C'est drôle, j'ai revu tes parents il n'y a pas si longtemps que ça. Ils fuyaient. » Sa baguette tremble dans sa main. Il n'en revient pas qu'elle parle autant, sur le champ de bataille, ses cheveux ébouriffés, sa robe brûlée par endroit. Elle reste belle malgré tout, mais le regard fou qu'elle pose sur lui le déstabilise et vraiment, il ne comprend pas pourquoi elle tient tant à lui parler de ses parents maintenant. Le pire, c'est sûrement qu'elle fait mouche. En fuite ? Qu'est-ce que ça voulait dire ? « Ils retournaient en Italie, je crois bien. Dommage que je les ai tués avant qu'ils puissent y faire quoi que ce soit. » Matteo serre tellement les dents qu'il arrive à se blesser les joues ; il lève sa baguette sans trop savoir s'il est capable de la tuer comme il en a tellement envie, là tout de suite. « Matt ! Qu'est-ce que tu FAIS ! » C'est Emily qui revient, les yeux exorbités par son imprudence et qui ne comprend pas, évidemment, ce qui est en train de se dérouler entre les deux protagonistes. Un Mangemort et lui, pas sa cousine et lui. Elle le repousse, lève la main et lance quelque chose. La lame traverse l'espace en une fraction de seconde et se fiche profondément dans la cuisse de Cara. Elle pousse un cri de surprise et de douleur, et d'un informulé, fait exploser le sol entre eux avec la puissance d'une petite bombe. Le blast les jette à terre. Il sent vaguement la chaleur des flammes lui lécher les jambes, le souffle brûlant projeter des débris coupants un peu partout mais c'est la pression insurmontable sur ses oreilles qui le fait crier, il croit (il ne s'entend pas), et sombrer dans l'inconscient.
(Poudlard – 6 décembre 2003) Il a vaguement conscience de l'agitation autour de lui. Le bruit des conversations ne ressemble en rien à celui du champ de bataille ; ça le réconforte un peu. Peut-être qu'il serait temps d'émerger. S'il trouve l'énergie de le faire. En attendant, son ouïe ne semble pas avoir trop pâti de l'explosion. Il écoute pendant des heures en songeant qu'il serait bien de regarder autour de lui, constater l'étendue des dégâts, aider, quelque chose, au lieu d'être ce poids mort qu'il se sent être. Mais rien ne se passe ; les bruits restent les mêmes, et il n'arrive toujours pas à trouver la volonté d'ouvrir les yeux. A quoi bon, peut-être qu'il est déjà mort. « Tu dois manger Anna, c’est pas comme ça que tu seras utile à qui que ce soit … Je m’en fiche d’être utile à qui que ce soit, je veux être utile pour lui, et comment me rendre plus utile qu’en restant à ses côtés ? » La voix d'Anna coule comme de l'or brûlant. Il ne reconnaît pas l'autre et il s'en fiche ; la seule qui importe, c'est la sienne. Des bruits de pas, et l'homme qui tentait de raisonner sa sœur s'éloigne. Une vague de désapprobation gonfle en lui : pourquoi est-ce que ça ne le surprend pas qu'Anna se laisse mourir de faim pour une cause aussi ridicule que surveiller un cadavre ? Il sent un corps s'allonger à côté du sien, sa chaleur se diffuser contre sa joue – curieusement insensible. « S’il te plait Matt, réveille-toi. S’il te plait, j’ai besoin de toi. Je ne peux pas vivre sans toi, je ne peux pas survivre seule, tu es ma seule famille, on est que tous les deux. Tu dois te réveiller … Charlotte doit rencontrer son oncle. Je t’en supplie, reviens. » – Mais il est là, il est là, réveillé, il l'écoute, il est en vie, aussi surprenant cela soit-il. Il ne peut juste pas le lui faire savoir, et malgré toute l'énergie qu'il y met, il n'y a rien qu'il puisse faire sinon attendre que son corps recouvre il ne sait quelle force perdue pendant l'explosion. « Elle les a tué. Elle les a tué. » veut-il lui dire. Mais ses lèvres demeurent désespérément closes. Anna se tait, et il sombre de nouveau dans le silence et le noir, et les pensées-rêves confus qui le mènent bien loin de la réalité.
(Sainte-Mangouste – 13 décembre 2003) Comment, par tous les saints de l'univers, a-t-il fini à Sainte-Mangouste ? Les guérisseurs sont passés à peu près quatre fois depuis son réveil, ce matin à cinq heures. Il aurait sans doute pu leur demander, mais sa reprise de conscience semble les surprendre autant que lui et ils l'ont noyé d'informations, comme s'ils craignaient de le perdre avant d'avoir pu les lui transmettre. Ils ont beaucoup parlé d'hémorragie interne, de brûlures de large étendue, de possibles répercussions sur son audition et bien évidemment, de troubles de l'humeur qui, si ils survenaient, il ne fallait pas hésiter à leur en parler. Ce à quoi il n'a rien répondu, trop perdu pour assimiler un traître mot de leur diatribe insensée. Pourquoi est-il dans ce putain d’hôpital, quand la veille il était encore à Poudlard ? Qu'est devenu Poudlard ? Qu'est devenue sa sœur ? Emily ? Tout le monde ?
Il a l'impression d'avoir de la cendre dans la bouche et les côtes en carton-pâte, le ventre gonflé comme s'il avait beaucoup trop mangé. La faiblesse de son corps suffit à démentir cette sensation ; sa peau est simplement trop tendue sur ses muscles. Il se redresse dans son lit, au moment où la porte de sa chambre s'ouvre à la volée, faisant sursauter le sorcier qui dormait dans le lit d'en face. C'est Anna. Matteo tente un sourire qui se mue en grimace quand un élancement se manifeste sur son flanc droit. Le soulagement qu'il éprouve à sa vue vaut tous les antalgiques du monde, cependant ; « Merlin merci, tu es en vie ! » jette-t-il, la voix rauque et douloureuse d'être restée inutilisée tout ce temps. Ce temps dont il n'a toujours pas récupéré la notion ; il a encore l'impression de s'être trouvé face à Cara pas plus tard qu'avant-hier. Anna a l'air saine, bien plus que sauve. Bien que pâle et les traits tirés, elle porte des vêtements propres et semble aller bien. Il ne dirait pas qu'elle a l'air reposée, mais elle bien loin de l'épuisement que tous subissaient là-bas, à Poudlard. Avec l'impression d'avoir manqué un épisode, il regarde sa sœur prendre place sur le rebord de son lit. Il lui prend la main ; « Qu'est-ce qu'il s'est passé ? Comment tu vas ? » Il a envie de lui parler de Cara. De leurs parents. De ses doutes, il n'est même plus certain de l'avoir vraiment vue. Mais pas tout de suite, pas tout de suite. « J'ai cru entendre que Charlotte avait besoin de rencontrer son oncle... alors j'ai fait un effort, tu vois » fait-il dans une vaine tentative de plaisanter, avant de s'apercevoir que rien de tout ça ne lui donne envie de rire. Même le sourire d'Anna lui semble inquiétant, et plus les minutes passent, plus il craint d'entendre l'étendue du désastre, des dégâts infligés à son corps au reste des mauvaises nouvelles qui ne manqueront pas de tomber. Il n'ose pas demander. Rien.
Ça y est, les deux parties ont fusionné de nouveau ; la partie qui agit a récupéré la partie qui pense, et cette dernière peine à retrouver ses marques, cherche encore ce qu'elle a pu manquer, ne constate qu'un trou béant qui n'attend qu'à être comblé. Même si ça lui fait terriblement peur. |
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WIZARD • always the first casuality Anna Grimaldi | (Anna’s flat – December 13th, 2003) Il ne s’était pas réveillé. Ni ce six décembre lorsqu’elle avait cru le sentir bouger, ni le huit décembre lorsque la victoire résonnait dans les murs du château, ni ce lendemain de fête où on l’avait transporté à Sainte Mangouste, ni hier lorsqu’elle était venue le voir pour vérifier qu’il était toujours vivant. Elle avait peur, peur de le perdre, peur de se retrouver seule, désespérément seule dans cette bataille qu’elle menait contre le monde. Si quelqu’un lui avait dit que la guerre finie, tous ses problèmes disparaitraient, elle lui aurait sûrement ri au nez. Il était loin le temps où l’on pouvait espérer le calme et la tranquillité. Un monde en reconstruction n’était pas calme. Il était bruyant, il était gris, il était trouble, il était tout sauf calme. Dans sa tête, des tambours la réveillaient à chaque fois qu’un moment de répit s’offrait à elle. Si ce n’était pas la tristesse de savoir Simon en prison, c’était la peur de perdre son frère. Si ce n’était pas la colère d’avoir été insultée et jugée, c’était le rejet et les pleurs de sa propre fille. Si ce n’était pas l’horreur de découvrir le décès de toutes ces personnes qu’elle aimait, c’était la souffrance de savoir que ceux qu’elle haïssait avaient survécu. Elles étaient sombres ses heures depuis la victoire et sa seule éclaircie semblait perdre peu à peu de ses lueurs. Charlotte. Allongée sur le grand lit du studio - seul meuble pour lequel elle avait investi avec son maigre prix de reconnaissance – elle sentait les respirations difficiles de sa fille contre sa poitrine. Lorsque Simon l’avait posée dans ses bras, elle s’était vue renaître, elle s’était imaginée rattraper le temps perdu, créer ce lien unique qu’il existait entre une mère et son enfant. Pourtant, l’envie, l’espoir, s’était très vite effacée au profit de ces démons qui la hante depuis toujours. Charlotte est malade, entend-elle encore parfois résonner dans sa tête. Charlotte est malade, se répétait-elle instinctivement pour ne pas oublier. Personne ne savait ce qu’elle avait, mais son état s’aggravait de jour en jour, et rien ne semblait vouloir arrêter cette progression. Le nez posé contre le minuscule crâne de sa fille, elle s’imprégnait à chaque inspiration de l’odeur caractéristique de son enfant. Mélange de talc, de savon pour bébé et de linge propre, elle pourrait se plonger dans ce doux musc pendant des heures. Endormie ainsi, Charlotte était la plus désirable des enfants ; silencieuse, calme, parfaite, digne représentante de l’amour qui exista un temps entre ses parents. Et pourtant … Une paranoïa maladive obscurcissait peu à peu chaque parcelle de son esprit. Charlotte ne l’aimait pas. Au début, elle pensait que ce n’était qu’une passade, qu’il faudrait un peu de temps pour qu’elle s’habitue, mais rien n’y faisait ; son père lui manquait et l’amour de sa mère ne suffisait pas. Elle avait mal, elle souffrait de ce manque d’affection. Elias était le seul qui réussissait à la calmer. Parfois, elle se demandait même si le problème ne venait pas simplement d’elle, si, dans les bras de Matteo elle trouverait autant d’apaisement que dans ceux de son autre oncle. Elle ne le saurait peut-être jamais. Pas si Matt ne se réveillait pas. Pas si Matt mourrait.
Les légers coups de bec frappés contre la vitre la firent sursauter. Elle n’était plus habituée à recevoir du courrier ; surtout depuis qu’on ne lui annonçait que des mauvaises nouvelles par ce biais. Se levant dans des cabrioles bizarres afin de ne pas réveiller sa fille, elle ouvrit la fenêtre. La chouette s’engouffra à l’intérieur, déposa la missive dans ses mains ouvertes et disparut aussitôt. Ses yeux se fixèrent immédiatement sur l’enveloppe et le sceau qui cachetait l’objet. « Non, » murmura-t-elle. « Non non non non. » Elle rabattit la fenêtre et se laissa glisser au sol, juste en dessous. « Pas ça, pas ça. » Ses yeux brûlaient et sur le lit, Charlotte commençait à s’éveiller à cause des sanglots de sa mère. Je vous en supplie, pas encore une mauvaise nouvelle. Du bout des doigts, elle décacheta l’enveloppe et sortit le parchemin qui se trouvait à l’intérieur. Le gardant fermé, elle le plaqua contre son front et prit de profondes inspirations. « Matt est vivant, Matt est vivant … Il ne peut pas être mort. » Elle n’était pas prête. Relevant doucement la tête, elle déplia la lettre et commença à lire. Doucement, son corps se détendit et les larmes dévalèrent ses joues en signe de soulagement. Elle resta là, plusieurs minutes, incapable de réaliser, scrutant la preuve comme si elle pourrait s’échapper. Ce furent les pleurs de Charlotte qui la libérèrent de cette léthargie impromptue. Elle rampa jusqu’au lit et prit sa petite fille dans ses bras. Elle la serra de toutes ses forces, oubliant quelques instants que ce geste n’apaiserait pas sa fille sanglotante. « Oncle Matt est vivant ma chérie, il est vivant et réveillé. »
(St Mungo – December 13th, 2003) Lorsqu’elle arriva devant la porte de la chambre qu’on lui avait indiqué, elle était essoufflée et sa vision était trouble. Elle ne mangeait pas beaucoup ces derniers temps et dormait très peu ; ce qui n’arrangeait rien. S’appuyant quelques secondes sur un chariot de matériel, elle attendit que les ombres arrêtent de danser devant ses yeux pour se redresser. Prenant une profonde inspiration, collant un sourire rassurant sur ses lèvres, elle poussa la porte avec tant de ferveur que le compagnon de chambre de Matteo sursauta. Se confondant en excuses, elle reposa bien vite son attention sur le visage fatigué de son frère. « Merlin merci, tu es en vie ! » Elle s’avança lentement vers lui, s’obligeant tant bien que mal à ne pas pleurer. Il est en vie. Elle s’assit sur le rebord du lit, en faisant bien attention de ne pas lui faire mal et l’observa de ce regard mi-heureux, mi-préoccupé. « Qu'est-ce qu'il s'est passé ? Comment tu vas ? » La main de son frère dans la sienne, une part de son esprit reprenait vie. « Je suis tellement contente que tu sois là. » Sa voix était engluée par les sanglots qu’elle retenait difficilement. « J'ai cru entendre que Charlotte avait besoin de rencontrer son oncle... alors j'ai fait un effort, tu vois. » Elle força un sourire dans sa direction et tripota les doigts de Matteo pour s’assurer qu’elle ne rêvait pas. « Tu es bien là, réveillé, vivant. J’ai eu tellement peur. Je … » Elle plongea son regard dans celui de son frère et resta silencieuse quelques instants pour profiter de cette si belle réalité. « Je pensais que tu ne te réveillerais jamais. A peine une semaine après que tu sois arrivé comme ça à Poudlard, on a gagné. Harry Potter est revenu d’entre les morts et l’a vaincu. » Elle baissa les yeux quelques secondes, honteuse d’avoir osé perdre espoir à un moment. « Mais tu ne te réveillais pas. J’ai cru que je ne te reverrai jamais. Merlin, tu m’as fait tellement peur. » Elle s’approcha de lui et posa son front contre le sien. « Ne me refais jamais ça ! Jamais ! » Elle aurait pu le frapper pour bien lui faire comprendre à quel point elle avait souffert, mais elle était incapable de lui faire du mal maintenant. Trop rassurée, trop heureuse, de le retrouver. Elle le prit dans ses bras, ce qui le fit grogner un peu, mais peu importait, au moins, il était vivant. |
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