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MessageSujet: Heretics. (rix)   Heretics. (rix) EmptyMar 20 Déc 2016 - 19:44

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décembre 2003, quelque part en montagne

C’est terminé, qu’il a glavioté à l’atrabilaire figure.
Et ensuite ? Un néant. Un néant charcutant les cieux, la séquestration d’une furie qui se serait dégagée des bras la tenaillant si ceux-ci n’étaient pas forgés dans l’acharnement et la rage. Les corps se sont battus en plein vol et atterrissent comme des charbons brûlant la neige du promontoire, de fuligineuses volutes matérialisant autour des silhouettes projetées danses et arabesques malfaisantes. C’est au terme d’un chapelet de roulades que le sorcier retrouve son équilibre, plantant ses appuis dans le parterre immaculé et bâfrant de peu la poudreuse venue flirter avec sa gueule. L’algie est lancinante, sa carcasse entière, meurtrie par une mappemonde de plaies, vacille dans le confort de tremblements nerveux. Un filet d’écume rubicond déborde des crocs serrés, sorte de crachat incertain trahissant le lac de sang tapi dans le gosier masculin. Habituellement si altière, si présomptueuse, l’allure avachie du patriarche se recroqueville lamentablement et donne une impulsion suffisante aux lombes pour redresser le râble ; à genoux, le chevalier gît, ahané, les frusques poisseuses et les mèches encollées par le frimas. Paluches boulonnées aux cuisses, il dévore le décor d’yeux fous, découvrant l’escarpement montueux les ayant recueillis et, un peu plus loin, le galbe de l’épouse que la masse nivéenne enveloppe. La phonation râpée du Lestrange hèle l’allongée, avant de se remémorer qu’aussi ardemment essaierait Bellatrix, rien ne pourrait jaillir d’entre son labre charnu. Le poignet s’étend pour glaner sa baguette et il lui faut réaliser un effort quasi colossal pour se relever complètement, désoxydant le mécanisme érodé de rotules qui claquent leur mécontentement.

Il s’avance, titan malhabile que l’ondoiement du manteau rend plus chimérique que jamais dans la bourrasque hiémale. Quelque part, que sa femme accuse une mutité forcée n’est pas un mal ; il doute de sa sérénité plénière au vu des circonstances –  circonstances que, lui-même, peine encore à réaliser. Chaque pas vers elle se résulte en un son de cloche, de glas, plus précisément, qui ricoche dans sa mémoire vive comme une procession d’images. Les dernières heures vécues sont un imbroglio assourdissant sa raison. Il tend l’excroissance magique et marmonne quelque formule inversée pour gracier finalement la démone, portant à son flanc la senestre qui vient garrotter une balafre de flanc. La palabre se rompt néanmoins contre palais au moment où, dans l’opalescente brumaille se forment des contours peu ou prou humains. Des Présences mortifères qui ont odoré le parfum du déclin, des Hantises inobservables pour qui n’est pas leur maître et proie. Elles sont une quinzaine, dans le blizzard. Ombres blafardes vibrant de haine, tordant leur énergie en tous sens pour former d’inconsistantes vociférations. Certaines sont nouvelles et tireraient au Nécroman un sourire salace d’hôte enchanté s’il n’était pas au fait des risques encourus par son état dégradé. Il s’immobilise. Se fend d’un rictus. « Vulnera Sanentur », articulent ses badigoinces contractées, vomissant aux Esprits un regard gorgé de mépris. Le bout de la baguette vise la meurtrissure s’éployant sous paume, médiocrement pansée puisqu’à sec l’occultisme tourne après les heures de combat alignées. Un mouvement harponne son attention. La sylphide qui dans l’obscurité tempétueuse braque à son endroit l’arme des milles crimes. Aux orbes de se toiser, sempiternelle confrontation à laquelle il ne réagira cette fois pas. Le malheur ne leur appartient plus. Il a éclaté en des gerbes toxiques et il a tout empuanti autour d’eux ; un grondement las convulse dans le poitrail adverse, la barbe est saboulée. « Tu n’as pas attendu trente ans pour me tuer maintenant, Black. » Serait-ce la renonciation des vœux dans ce nom formulée ? Serait-ce le rugissement de la bête en étau prise par le doute ? Il l’en croit foutrement capable, oui, de faire crépiter l’Impardonnable justice dans la lueur verte d’un assassinat qu’elle rêve peut-être de commettre depuis Merlin seul sait combien d’éons. Le monde vient de basculer. Et avec lui le frêle lien qui les unissait peut-être encore…


Dernière édition par Rodolphus Lestrange le Sam 24 Déc 2016 - 0:08, édité 3 fois
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MessageSujet: Re: Heretics. (rix)   Heretics. (rix) EmptyMer 21 Déc 2016 - 3:01

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Salopant le névé dans sa disgrâce, l'astre noir dévale une dérisoire obliquité, avant de percuter un écueil. Ça s'hasarde à geindre, ça n'impose à la frimousse qu'une quiète dislocation des mandibules. Neutralisée, la phonation débauche l'anatomie toute entière dans son atonie ; harassée, aveulie sous l'inepte fatras de ses étoffes détrempées, la ménade concède la trêve à ses nerfs qu'ils implorent. Cessez-le-feu favorisé par la morsure du froid, si viscérale qu'elle en a les entrailles et ardeurs qui coagulent, ainsi vautrée à même les braises de givre. Seules les phalanges éludent l'ordre de reddition en tâtonnant à l'entour. Toujours là. Ôtée d'un doute, la sorcière puise en ce contact renoué avec le sureau ce qu'il faut d'opiniâtreté pour chavirer à flanc de glacier. Se dressant alors sur un coude, elle explore enfin l'ampleur des dégâts, de justesse obviés ; foutu Lestrange, qu'elle peste pour elle-même, en sondant le gouffre bâillant à une foulée de son point de chute. Comme en écho à tel blâme, l'indélicat l'apostrophe. Chambardant le tertre de glace et draps conglutinés l'ensevelissant, la hélée ne fait toutefois pas mine s'en aviser, paume plongeant contre corsage. Au travers de la fine soierie, rien que son myocarde cognant à tout rompre ; scrutant alors les environs obscurs, elle ravale une goulée d'air acescent. Là enfin, graciée in extremis, surgissant tel un bourgeon d'edelweiss à l'orée du précipice, elle détecte la cause de si vif tracas. La dextre surgit de sous un pan de cape, et le labre amorce un Accio. Vaine tentative. Foutu Lestrange ! qu'elle rumine encore, tout en défrichant dans un mouvement d'humeur son séant du monticule dans lequel il se trouvait ensablé. Essor assorti d'un fulgurant élancement qui fige le galbe dans une posture abstruse, souffle mutilé par la commotion. L'antidote à son aphasie lui étant administré au même instant — pour un peu, elle le soupçonnerait d'avoir choisi son moment —, c'est avec la finesse euphonique d'une goule qu'elle rallie le monde des sons. La posture, en dépit de ses contusions, se guinde pourtant d'une farouche dignité, et sur l'hure conjugale l'attention vrille. De concert, deux doigts se déploient et un efficient sortilège d'attraction, d'entre quenottes grippées, est enfin sifflé tout bas. Sans hâte mais ténacité, sitôt en possession de sa breloque, la baguette braque le thorax adverse, à gestes prévenants ; la vision, quant à elle, conflue d'instinct avec celle de Rodolphus, cependant que le rien réintègre l'échancrure du chemisier. Ce qu'il mire avec telle instance n'est à ses yeux que bourrasque crayeuse, brassant la vacuité des ténèbres. Elle ne mande pas plus d'explication cette fois-ci que les cent précédentes, lors desquelles il a pu témoigner au vaccum telle aversion en sa présence. Aussi la cabèche s'en retourne-t-elle à son axe initial, et sur la tempe, cale sa rogne désormais toute aussi algique que l'écrin escarpé les gîtant.

Un crachin véhément courtise sapes et tignasse, tandis qu'elle le dévisage, s'imbibant de la douce amertume des phonèmes glanés au vent. Un sourcil scande alors toute l'ironie que lui inspire l'usage de son patronyme natal. « Ne serais-je déjà pas un peu veuve pour m'entendre ainsi désignée ? », qu'elle rauque, une canine à découvert. À certains égards, oui, c'est tout comme ; n'ont-ils pas épuisé avec soin et assiduité ce simulacre de noces de ses moindres reliefs de substance, toutes ces années durant ? D'une certaine façon, le tuer serait en quelque sorte apposer un point final au dernier acte d'une tragédie ébauchée près d'un quart de siècle auparavant, songe-t-elle, amère, et cette seule pensée lui oppresse étrangement la poitrine. Entre pouce et index, la verge n'en flanche pas moins, opposant sa rigidité aux aléas venteux. « Qu'est-ce qui t'a pris, au juste ? », feule-t-elle alors, brandons de prunelles serinant leurs opposites, en proie à une fièvre résurgente. Alors le labre s'ébrase davantage, dévoilant crocs, et à la gravité succède une envolée soudain rugissante : « Qu'est-ce qui t'as pris, de vouloir jouer les chevaliers blancs ? T'avais pas envie de décaniller tout seul, c'est ça ? Ça t'aurait donné mauvaise conscience ? Tu sais ce que tu es ? un putain de lâche, Lestrange ! » Au tour d'une subite et furieuse anhélation de museler ce que le Silencio avait jusqu'ici censuré ; une liqueur enivrante de rage et rancœur, distillée avec constance depuis tant d'années. Mais au fond, ce qui la bousille, ce qui l'indigne ; ce qu'elle ne s'avoue qu'à mi-mot et qu'elle noie sous pléthore : c'est qu'il ait attendu trente ans, lui, pour témoigner un semblant de sollicitude à celle qui n'en attendait pas moins qu'elle n'en désirait, et qui, ex abrupto constate pourtant, non sans effroi, ne pas y être aussi insensible que présumé.


Dernière édition par Bellatrix Lestrange le Ven 23 Déc 2016 - 1:05, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Heretics. (rix)   Heretics. (rix) EmptyJeu 22 Déc 2016 - 19:03

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décembre 2003, quelque part en montagne

C’est à se demander qui de l’hiver ou de cette femme a la plus froide des morsures. De ces joutes pourtant il est habitué, triste routine ayant ballonné le cadavre de leur mariage, ayant fait de leur prestige unifié quelque marmoréenne devise exempte de passions. La grogne est toutefois tenace, autant chez Elle que chez Lui, et si le premier coup de surin lui est bien égal, le second, au contraire, attise l’ire dans laquelle baigne sa patience. Elle pouvait bien le traiter de tous les noms possibles et imaginables, elle pouvait bien lui imputer tous les crimes souhaités, toutes les infamies soupirées, mais c’est de lâche qu’elle le baptise. L’échine se tord et la carrure contracte le mal des fureurs, sinuant chez lui avec une lenteur anormale. Oh, ils sont bien peu, à le sortir de ses gonds, ils sont bien peu, à trancher le suaire de son flegme, mais Celle-ci est un calvaire qui sait appuyer là où il faut. Toujours. Les pas ont fait une brusque embardée, approchant la silhouette battue par le norrois jusqu’à ce que le buste n’harcèle l’embout du sureau. Ardeur des plus rogues, que les Hantises spectatrices croient n’être qu’une conduite suicidaire ; elles s’en pourlèchent l’ectoplasme, là, dans la pénombre montueuse, délirent à l’unisson. « Froide putain », accuse la gueule enlaidie par de sombres penchants, car ce n’est pas seulement l’orgueil, qu’elle vient de blesser. La paluche libre du masculin vient enserrer le poignet armé, écrabouillant la chair, l’ossature. « Si j’avais été ce couard, je t’aurais laissée en pâture et j’aurais savouré telle scène, » plus fortement encore, les phalanges tourmentent, plus terriblement, la stature avance, « un talion des plus justes, ne crois-tu pas ? » Ce n’est pas un sourire, ce qu’il esquisse, c’est une contorsion bileuse sacrifiée aux souvenances, celles d’une défaite éprouvée sept années auparavant. Leur Fin, construite autour de cette seule et unique vision ; Bellatrix Lestrange, traitre à son cœur. « NE CROIS-TU PAS ?! », qu’il éructe, qu’il scande au déluge blafard, tirant cette fois vers lui le bras de l’épouse pour l’obliger à un face-à-face abrupt. « Je n’ai pas la stupidité de me battre pour des causes perdues, toi mieux que quiconque devrait le savoir. » Les orbes tapageurs suintent. Leur fils était cette cause, et pour leur fils il n’a pas lutté. À quoi bon ? Il est de ces êtres qui ne s’handicapent de rien, certainement pas d’espoir dont l’atrophie ralentit toute progression. Une irrégularité pourtant subsiste, à pareil crédo, et elle se tient devant lui, accolée si près qu’il inhale son regretté parfum. Le respirer est une doucereuse torture qu’il s’afflige volontiers, mais l’aigreur n’en décroit pas moins. « Tu veux retourner là-bas ? Rejoindre le tas d’ordures amoncelé sur les décombres ? Un cadavre parmi tant d’autres incapables. » Mépris palpable, non négociable pour ces camarades tombés. « Ou t’ambitionnes-tu trophée de guerre ? Qu’y a-t-il ? Azkaban te manque déjà ? Ou bien sont-ce aux Détraqueurs que tu souhaites faire la cour, maintenant qu’Il n’est plus là pour que tu minaudes à ses pieds ?! »


Dernière édition par Rodolphus Lestrange le Sam 24 Déc 2016 - 19:14, édité 2 fois
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MessageSujet: Re: Heretics. (rix)   Heretics. (rix) EmptyVen 23 Déc 2016 - 16:28

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Le prologue au grabuge est d'une trivialité à vagir. Froide putain. Si l'on avait pansé d'une noise chaque flagellation infligée à ses lombes à volée de tels épithètes, son échine pâtirait moins des stigmates encourues que de la pesée d'un pactole tel que même le colossal épigastre de Gringotts en dégueulerait d'indigestion. La Putain, c'est pourtant à titre gracieux qu'elle endossa le vil prestige dont la roture se plut à la sacrer ; d'immondices est tissée sa tiare, et la garce en tire même une satanée gloriole. Mais éructée depuis les tréfonds de ce poitrail-ci, qu'elle sent vrombir d'aigreur à bout portant du sureau, l'anodin se fait surin entre ses côtes. Aussi en demeure-t-elle bouche-bée, jusqu'à ce que, fauché net, le souffle forcené ne soit déglutit dans un grondant haut-le-cœur, alors qu'il s'ose à l'empoigner, alors qu'il s'ose à l'assujettir. Les mires déclinent avec torpeur sur le carcan pétrissant ses chairs. « Ôte-moi ça. », qu'elle ronfle, gutturale, chaque syllabe forgée aux feux furibonds couvant entre parois d'une gorge tuméfiée par la rage. Au contraire, l'étau condamne avec davantage encore de brutalité ses os frêles, exacerbant d'autant plus l'animosité d'une femelle ensauvagée, qu'un contact charnel, si moindre et rude soit-il, afflige plus qu'il ne blesse. Luttant contre l'impérieuse exigence qui, d'instinct, l'inciterait à se débattre, elle oppose plutôt au mâle l'effigie même qu'il présume haïr ; un marbre austère, une cariatide burinée à même le massif avec lequel elle fait désormais corps. Aux prunelles trop sèches alors, de ruginer avec nonchalance le portrait masculin. « Si ça peut te donner bonne conscience de considérer tes choix sous cet angle, fais donc. Berce-toi d'illusions. » Ça lui est odieux, vraiment, cette façon qu'il a de fourrer ses ongles sous les coutures de leurs lésions communes pour en racler avec telle espèce d'obscénité leurs tissus nécrosés. Ah, si les damnés pouvaient pleurer ! Mais telle faculté s'est tarie, lorsque veillant le bûcher de leur fils, les cornées se sont flétries. Elle a même depuis presque cessé de ciller. Alors à défaut de larmoyer, la Maudite s'esclaffe : « Mais où est-ce que cela nous a mené, jusqu'ici, hm ? » La cabèche granitique chancèle sur son piédestal, lustrée d'une amère dérision. « Ces causes perdues sont tes échecs. Si couard tu n'es pas, alors qu'es-tu, en t'y résignant... ? Un bon perdant ? »

Aux narines de s'ébraser tandis que la sénestre, pesante, rallie la fusion de leur paluche et poignet. Et là, en son creux, une robuste phalange se loge. « Maintenant, ôte-moi ça, te dis-je. » L'os se rompt alors ; sourde détonation, claironnant pour eux la péroraison des palabres stériles. Aussitôt le membre ligoté se voit-il délivré de ses fers, que la brune foudroie du plat des paumes le buste du consort. Une première fois. « Comment oses-tu... » Puis une seconde, obligeant l'adverse à battre en retraite, sans pour autant que ne soit abrogée cette promiscuité qu'il instigua. « Comment oses-tu... » Incapable de donner forme à ses affres, rompue qu'elle est de s'être justement échinée à défendre des années durant une cause selon toute vraisemblance perdue, elle n'est plus qu'hargne et véhémence. Même sa baguette l'handicape, s'avère inapte babiole à traduire sa fureur ; si celle-ci cingle toutefois les airs, ce n'est plus que pour valdinguer dans un banc de poudreuse, lors même que sa maîtresse déferle à mains nues sur son opposant de mari. Quêtant derme à meurtrir à la seule sève de sa frénésie pure, brute, intime, c'est de ses poings rageurs qu'elle pilonne tout ce qui s'offre à portée, lacérant à coups de griffes ce qui sous elles se risque. Froide putain. « Fallait m'y laisser, oui !, qu'elle ahane ce faisant, Fallait t'en délecter, ça m'aurait ravie ! Ravie de te savoir encore capable de bander pour quelque chose ! Si je suis une... une froide putain, mais toi... tu t'es seulement regardé ? ELLES SONT OÙ TES PUTAINS DE COUILLES, À TOI, LESTRANGE ? »


Dernière édition par Bellatrix Lestrange le Lun 26 Déc 2016 - 0:45, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Heretics. (rix)   Heretics. (rix) EmptySam 24 Déc 2016 - 19:21

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décembre 2003, quelque part en montagne

Il n’aime pas qu’on lui parle d’échecs. Encore moins qu’on les lui attribue. Il n’aime ni être le défait, ni être le déchu. La partie qu’est sa vie a été trop laborieuse à remporter pour qu’on ose lui rappeler les déboires essuyés, il a l’impression de nager à contre-courant depuis à peu près autant d’éons qu’il ne respire – la noyade jamais trop loin. L’excellence, il l’a longtemps pourchassée, graal chimérique dont on lui avait promis la conquête pour peu qu’il se plie aux appétits despotiques du carnassier tutélaire. Aspiration disparue avec le père, tuée mêmement. S’il ne s’est jamais vraiment libéré de la suffocante étreinte, ce jour-là ont toutefois sonné les cliquetis des chaînes brisées et avec eux la mélopée d’une résolution : fuck them all. Au diable les jugements, au diable les rumeurs, au diable les bouches que l’outrance distord, qu’ils le condamnent, qu’ils l’avilissent, qu’ils crachent son nom dans des glaires de révolte puisque dans l’étoffe des mauvais il a été enveloppé. À incarner le pire, autant le faire jusqu’à s’en pourrir la moelle, jusqu’à ce que le grand frisson n’ébranle tout de ce charnier qu’est son âme. Il sait qu’aux yeux de l’Unie, l'inexcusable a déjà été commis, il sait que rien n’est à sauver mais que tout n’est peut-être pas détruit ; du moins étaient-ce là les illusions avec lesquelles, certes, il se berçait jusqu’à présent. Par commodité, veut-il croire. Que rien de tout cela n’ait jamais été le bafouillage d’une quelconque désir. Que rien de tout cela n’ait jamais été une piteuse conviction de grand désespéré. Ça ne lui ressemblerait pas. Mais il ne serait pas à la première incartade la concernant ; pour elle, il a autrefois permis à sa tendresse de subsister. Une aurore dorénavant à l’agonie, bouffée par la nuit qu’est son fiel. Au constat se nielle brusquement la fracture d’une phalange qui ôte au gosier un rugissement, sitôt balayé par le blizzard. Le faciès distordu par la douleur raque une grimace que l’enragée lui extorque de force, quoique rien ne soit totalement foutu puisque c’est comme ça, qu’il la préfère, c’est pour ça, qu’il l’a épousée. Pour son feu de tous les enfers. Quoiqu’au fil de leur mariage, la violence physique soit devenue leur valse incendière, la seule chose encore charnelle entre eux partagée. Il n’est donc pas étonnant de voir les commissures labiales flanquer la broussaille d’un sourire celé sous rictus : on aime comme on peut, et surtout avec ce qu’on a.

La patte endolorie s’évade. Et la carrure toute entière se voit contrainte de reculer. Plusieurs pas, plusieurs mètres, sans qu’il n’ait à bramer quoique ce soit contre le museau revêche. Pourtant des conneries, il en aurait, à lui en balancer. Des insanités peut-être aussi déloyales que ce qui ruissèle dans ces postillons vipérins. Aussi étonnant que ça puisse paraître, cette logorrhée-ci ne lui provoque cependant pas le moindre émoi. Bellatrix a cette tendance dévastatrice à gueuler tout et n’importe quoi lorsque la colère l’emporte ; il n’en est pas à sa première avalanche d’insultes et ignominies mugies sans queue ni tête – bien que sa fierté de mâle soit salopée sans commune mesure, là ne réside pourtant pas l’une des épines lésant son orgueil. Ses burnes sont bien au chaud, que la garce ne s’en inquiète guère. Sans crier gare, un bout de botte flanche dans le vide en faisant s’ébouler quelques bribes de rocaille, l’obligeant à pivoter du chef pour découvrir qu’en-deçà le précipice somnole. Et avec lui, des dizaines de mains excavées de la nuit, des excroissances à la pleutre constitution, identiques aux silhouettes plus tôt discernées dans l’ombre nivéenne. Le silence palpé dans l’air n’est en rien égal à celui qui vrombit dans ses tympans, car les Autres n’ont pas cessé d’être là et se rappellent brutalement à lui dans la cacophonie de leur errance. Incapable de détourner la mâchoire de ce gouffre, happé par Leur litanie, il sent qu’en lui plus rien ne lui appartient vraiment ; trop faible, trop endommagé, la magie épuisée, il devient non plus l’esclavagiste de la Camarde mais son serf le plus dévoué. Saute, qu’elle susurre. 'chier, avec tout ça, il a oublié. ’chier, il vient de trahir ses instincts les mieux rodés. 'chier, il n’y a vraiment que Bellatrix Black pour reléguer en second plan la Mort. Le frimas de cette pléiade de pognes à présent étalées sur lui provoque un soubresaut dans le corps du colosse. « 'chier », exprime la buée condensée entre lippes, lors même que les orbes capturent le contour du visage familier. Les rotules flanchent, épaules basculées par d’invisibles crochets. Puis au paupières de s’abattre, échouées sur ce regard sans plus aucune conscience, comme la carrure de l’enflure s’échoue à même le vide.
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MessageSujet: Re: Heretics. (rix)   Heretics. (rix) EmptyLun 26 Déc 2016 - 0:21

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Lardée aux barbelés de sa rogne, la voix en charpie s'étiole en grogne caverneuse. À l'exclusion de sa poitrine, endurant les cahots d'une halenée que le crachin fige en volutes diaphanes, la harpie s'est comme cristallisée, ergots rétractés et poings le long du corps. Ils sont là, littéralement au bord du gouffre ; lui, lorgnant l'abîme, et elle, le guignant lui. Comme transis par le frimas, sons et gestes ne lui parviennent plus qu'alentis, pondéreux, hésitants. Quelque chose est sur le point de basculer, le moindre de ses atomes à l'affût en grelotte d'effroi, saisi d'épouvante, incapable d'amorcer quoi que ce soit qui ne prenne la forme d'ineptes frissons impuissants. « Rodolphus ? », qu'elle halète, timbre distordu par l'inertie. Pivotant sur vertèbres, la trogne gravite alors avec un flegme horrifique. 'chier, lit-elle sur les lèvres plombées. Voilà, il a compris, et elle aussi.

Lorsque la stature capitule, l'univers lui emboîte le pas. Il n'y a plus à voir que ce trou noir, glouton, hérissé de dents de glace, se fendant à la pointe de ses pieds d'un rugissement creux, inhumain. Elle n'en a pas conscience, mais il est sien, ce fracas monstre, résonnant à ses synapses tel un furieux appel du vide. Alors, elle le franchit, ce rien ; ce rien démesuré, ce rien vertigineux, qui la propulse aux confins d'elle-même en un déclic. Elle ne fait d'ailleurs pas que s'y laisser choir, ni qu'y sauter : non, elle y fond, en un irrévocable piqué, telle la foudre aveuglée scinde l'éther. Il n'y a, dans ce plongeon, aucune superbe, aucun éclat héroïque. Il ne s'agit pas plus de l'un de ces sacrifices exaltés, dont fait grand cas la littérature romanesque. C'est plus primitif que cela, plus involontaire encore que ne peut l'être l'instinct de survie ; c'est impérieux, coercitif, c'est au-delà de l'élan émotif, c'est physique. Il tombe, et ce faisant, l'entraîne ; tel un aimant capté dans le champ magnétique de son alter. Aucune pensée ne trouble d'ailleurs la lancée, que cette seule certitude tacite : si je ne l'atteins pas la première, c'est la mort qui le fera. Or, Bellatrix Black ne se laisse devancer par rien, ni personne, surtout pas lorsque l'objet de sa convoitise n'est autre que ce foutu Lestrange.  À la cime de ses ongles alors, un pan de pelisse est effleuré, agrippé, capturé.

C'est leur masse enlacée qui, cette fois, se brise sur le verglas, une fois glaviotée hors du néant. À califourchon, menottes exsangues s'obstinant à séquestrer dans une étreinte indéfectible le torse du rescapé, l'épouse savoure les ultimes giclées d'adrénaline sécrétées par ses neurones effervescents. Comme un rire niais lui gravit le larynx, lorsqu'enfin elle se cambre pour reprendre son souffle. « Cette fois, j'ai bien failli te... » La fragile alacrité s'asphyxie aussitôt sur un hoquet hagard. Te tuer, qu'elle a manqué plaisanter, s'en mordant les doigts sur-le-champ. Car seule la carcasse du consort gît là, à l'abandon, sans réaction, paupières closes, plongé dans une léthargie telle qu'elle le croit bel et bien mort l'espace d'une terrible fraction de seconde. Rodolphus n'est en fait pas encore tout à fait fichu, à en juger aux pâles vapeurs filant d'entre ses naseaux, un flot d'énigmes dans leurs sillages évanescents. « Tss ! Celui-là... », qu'elle marmonne alors, sourcils froncés, recouvrant ses appuis et s'écartant de quelques enjambées du comateux. Glanant son sureau à la poudreuse, elle rebrousse chemin ensuite, et se poste derechef en bord de précipice qu'elle bigle méchamment. Rien, elle n'y voit et n'y comprend rien. Coulant un regard par-delà son épaule, la brune épie la carrure amorphe. Elle est tentée ; tentée d'aller quérir elle-même réponses à ses interrogations à même la source. Elle pourrait, tandis qu'il s'offre ainsi, sans défense. Ce serait rapide, furtif, il ne le noterait même pas, pas plus qu'il ne s'en souviendrait au réveil. « Accio ! », qu'elle braille plutôt, sénestre tendue au-dessus de la crevasse, congédiant d'une saccade de caboche ses intruses appétences. À son tour, l'if conjugal surgit des ténèbres, et se loge à la ceinture de la sorcière qui s'en retourne au chevet du dormeur. Les rotules fléchies, elle le contemple, quelques secondes, deux doigts sondant le col de son corsage. En jaillit la babiole tantôt escamotée, oscillant dans son étui, à l'extrémité d'une délicate chaîne en argent. Avec précaution, le fourreau est à son tour ôté. La ciselure opaline capture alors à elle les rares nitescences d'étoiles crevant la voûte obscure, ainsi que les prunelles délavées, qui s'y attardent, absorbées par ses luisantes voltiges. En silence la nuque décline enfin, et y confluent, simultanément, leurs deux mains qu'elle scelle l'une à l'autre. En leur cœur, un coquillage aux contours déchiquetés par près de trois décades de regrets se love, et les avale.

— à suivre —
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