――――――-―• You're my vaccine you're my disease •――――-――― Cher Journal. Je suis cette ombre adroite qui parait ne rien éprouver d’autre que la parfaite détermination qui me caractérise, cette figure constante, mais constamment sublimée par trop de mauvais rêves au goût de d’espérance périmée.
Je suis la sœur souveraine de ses pensées, celle qui jamais n’a cédé devant les menaces fielleuses de l’adversité.
Et je suis lasse, journal, d’être si loin de Parvati, la seule qui connait la vérité sur ma puissance apparente, sur ma…fragilité ? Ce n’est pas parce que je suis l’unique maîtresse de mon esprit que je suis épargnée par la souffrance, alors… Ami journal, tout entier fardé de papier de la même manière que tous ces bouquins dans lesquels je me suis si longtemps caché, je vais me confier un peu à toi. Il y a tant de chose que toi tu ne sais pas…
Parlons un peu d’Helena.
« L’avantage, lorsque l’on accumule un certain manque de sommeil, c’est qu’au bout d’un temps, l’esprit se couvre d’un voile de brume. »
Helena. Combien de fois au juste m’as-tu entendue débiter en ces termes les fondements de mon éternelle insomnie, l’air mi-rêveuse mi-désabusée, gravement enivrée par le vide qui s’étendait sur mes pensées ?
Comme c’est loin désormais…
Tu n’avais qu’un an de plus que moi, et pourtant, un monde nous séparait. Toi excentrique logée à Serpentard, moi évidente Serdaigle, altière mais toujours mesurée. Je me rappelle de ce jour maudis bénis où tu as poussé la lourde porte de la bibliothèque, et blonde-tourbillon en perdition, tu t’es installée à la même table que moi.
« Hé ! Tu es Padma Patil non ? Il parait que ta frangine est allée au Bal avec Potter l’année dernière, c’est vrai ? Et toi, c’était avec Ronald Weasley non ? Non mais franchement, pourquoi de tels canons sortent-ils avec des types qui n’ont pour eux que la célébrité ? »
Tes premières paroles, totalement dénuées d’intelligence t’ont valu de ma part ce regard excédé dont j’avais le secret. Celles que nous avons échangées par la suite, un tout autre, et tu le sais…
J’avoue que j’avais déjà vaguement entendu parler de toi, et résolu que je ne t’aimais pas, toi et ton j’menfoutisme imbibé d’hypocrisie, toi et ta fâcheuse proportion à envoyer valdinguer les illusions d’autrui contre les murs sombres qui enlaçaient ton esprit malade, et pourtant si beau… J’ai toujours su voler seule, mais tu m’as prise sous ton aile, pour m’offrir d’autres cieux à contempler, d’autres idéaux à dessiner. Jusqu’à ce que s’impose à moi cette vérité : je suis un être trop faible pour supporter sa propre lumière… Et même pour la percevoir, tout simplement. Toujours droite, toujours intègre, j’étais devenue la fille-automate, pleinement réglée, subtilement déshumanisée, tout juste bonne à réussir parfaitement tout ce que j’entreprenais. Attachée sans trop y être à une existence fade et préfabriquée.
Je me lève et arrange mon apparence d’un léger coup de baguette : il s’agit de paraître à une beauté parfaite.
Puis j’erre de salle en salle, vaguement ennuyée par ma réussite, avale un repas rapide, trop souvent identique, et ôte mon fard, chaque soir assise sur la même petite chaise noire qui ne sait que grincer contre le sol fraîchement récuré par une horde d’Elfes bien heureux de servir d’esclaves à de jeunes sorciers sans avenir.
Éternel ennui….
Que tu es alors venu troubler, présence illuminée au sein de ma fièvre mélancolique.
Il suffisait parfois que tu te mettes à sourire, caressant l’air du bout de tes doigts, pour que je m’enivre de toi…
Helena… Tu dénudais mon visage encrassé de mascarade avec la grâce assassine d’une rose dénuée d’épines.
Comme pour entailler l’embarras de mes traits.
Désenchantés.
[à suivre]