☇ Infos complémentaires ; Olivia parle, en plus de l'anglais, l'arabe libanais et l'espagnol grace à, respectivement, son père et sa mère. Elle ne pratique pas vraiment son arabe et a beaucoup perdu depuis qu'elle a cessé d'être Briseuse de Sorts. L'espagnol, en revanche, lui vient naturellement parfois. • Elle n'a jamais eu beaucoup de considération pour la valeur du sang des autres. Elle a eu une enfance très moldue, avec beaucoup de films et quelques jeux vidéos et des livres géniaux comme le Seigneur des Anneaux qu'elle cite à tout va. • Elle voulait devenir Auror quand elle était petite, comme son père puis comme son frère adoptif. Elle n'a pas eu la note requise en Potions, et est finalement devenue Briseuse de Sorts pour une compagnie indépendante, voyageant dans le monde entier pour expertiser des objets, les désenchanter et faire une estimation de leurs prix. • Ollie ne supporte pas l'alcool autre que la bière. Elle se souvient que, lors d'une négociation avec quelque riche marchand libanais, on a offert à elle et Nazir quelque alcool local particulièrement puissant. C'est tout ce dont elle se souvient; après avoir avalé un demi-pouce de liqueur, elle a tout oublié. Nazir a beaucoup ri, et n'a jamais accepté de lui dire ce qui s'était réellement passé cette soirée-là; mais la négociation a été positive pour les deux partis. • Olivia est extrêmement compétitive, dans tout ce qu'elle fait, et ça en devient presque étrange, cryptique, obsessionnel. C'est aussi le genre de personne contre qui ne pas faire un pari, parce qu'elle en place rarement, à moins d'être persuadée de gagner. • Olivia a une maîtrise plus qu'hasardeuse de son don, qui ne l'intéresse pas particulièrement. Il y a comme une vieille blessure à l'idée que sa mère aurait pu tout lui apprendre, sauf qu'elle est morte. • Elle a un frère de sang, Benjamìn, qu'elle a vu deux fois en vingt ans et un frère adoptif, Duncan, qu'elle a vu à Pré-au-Lard et qui l'a laissée survivre, et un frère de coeur, Areo, qu'elle a renié et qu'elle renie encore, qu'elle déteste et maudit. Ce sont les trois personnes les plus importantes de sa vie. • Sauf Nazir, bien entendu. L'homme de sa vie, son vrai amour, son seul et unique. Nazir a reçu le Baiser du Détraqueur, elle ignore qu'il est mort. Elle a encore le mince espoir de le sauver, coûte que coûte. • Elle vit sous l'apparence d'Ines Selwyn, une jeune sorcière de sang-pur qui a fait partie des Insurgés.

Ines parlait l'espagnol, l'anglais et le français. Elle a rejoint les Insurgés dès la Bataille de Poudlard, en 1998 et même un peu avant que la situation l'exige, elle a fait tout son possible pour rallier les pays de l'Europe à la cause de la résistance contre le Gouvernement du Magister. • Elle voulait devenir diplomate ou ambassadrice ou quelque chose de très bien vu, très bien payé et très politique. • C'était quelqu'un de courageux et féroce et ambitieux et qui ne s'excusait jamais, pour rien. Ce n'était pas quelqu'un de particulièrement gentil, mais c'était quelqu'un de bien. • Elle est morte à Pré-au-Lard, alors qu'elle repassait le village en revue à la recherche de survivants. C'est Olivia qui l'a tuée, et a pris sa place dans la vie et dans le monde, à l'insu de tous. Son corps a été brûlé sans sépulture par sa meurtrière. • Si Ollie est plus manipulatrice, Ines était du genre honnête, blessante dans toute sa franchise presque condescendante. C'était quelqu'un de difficile à apprécier, mais de simple à respecter. Elle a mis sa vie au service des Insurgés et pour une cause en laquelle elle croyait dur comme fer.

❝ Nothing compares to you ❞Deux mots sur l'IRL
Appelez-moi lola, greywaren, et le reste de mes zigotos. J'ai âge, je viens d'écosse et j'ai connu le forum via une galaxie fort fort lointaine. Si tout va bien vous me verrez connecté(e) 5 jours sur 7. Un dernier mot ? y'a des peintres qui font jamais de nu.

a serie of fortunate events1977
Benjamín est déjà un grand garçon quand sa petite soeur nait. Il a dix ans. Il est déjà quelqu'un de grand et de responsable, tout le monde le lui dit: quel merveilleux, quel sérieux, quel intelligent garçon il fait...! L'année prochaine, il ira à Poudlard. À Serdaigle, c'est ce que tout le monde dit, comme sa mère Antonia. L'année prochaine, ils iront à Londres tous les trois, mais il sera le seul à monter dans le Poudlard Express et après un long et tortueux chemin dans la campagne anglaise puis dans les Highlands écossaise, le train s'arrêtera à la gare de Pré-au-Lard. Il sera emmené par le garde-chasse jusqu'au château et il sera réparti. À Serdaigle comme sa mère, du moins il l'espère. Tout le monde dit qu'il ira dans cette maison de toutes façons, et les adultes doivent mieux savoir que lui.
Benjamín est donc déjà un grand garçon avec un plan. Après Poudlard, il aimerait bien combattre les méchants, comme son père, au Ministère. Son père est un homme imposant, avec une imposante moustache couleur encre et une imposante chevelure couleur encre. Hisham est un Auror au Ministère de la Magie britannique. Il aime son travail. Il a des grosses mains épaisses et fortes, une cicatrice qui lui traverse le visage comme une apostrophe et un sourire à faire fondre la neige. C'est un homme sérieux et volontaire, comme son fils. Tout le monde le dit.
Benjamín est un grand garçon qui veut devenir un grand homme, comme son père. Il passe des journées entières à sauter de meuble en meuble (parce que le sol est en fait de la lave) en hurlant, sus à Voldemort même si il ne sait pas exactement ce que ça veut dire, juste que Baba n'aime pas quand il dit ce nom (il le fait quand il est absent au Ministère) et que ça fait sourire en coin Mama. Il aime bien faire sourire Mama, Benjamín. Ces derniers temps, elle ne sourit plus trop, c'est sans doute à cause de son ventre, qui est devenu très gros, et du fait qu'elle a souvent mal au dos. Mais c'est normal. Tout le monde le dit.
Il a donc dix ans quand Baba le réveille en pleine nuit et que, sans attendre, il transplane en sa compagnie pour rejoindre Mama qui est à l'hôpital depuis deux jours maintenant. Ce n'est rien de grave, qu'il lui dit chaque soir quand Benjamín s'enquiert de l'état de sa mère, elle arrive bientôt. Benjamín ignore qui est elle mais il sait qu'il a hâte de la rencontre. Baba sourit quand il parle d'elle.
Il a dix ans et sa petite soeur a quelques minutes quand il la prend maladroitement dans ses bras, sous les sourires bienveillants de Baba et de Mama, et que la crinière plutôt impressionnante pour un nourrisson d'Olivia passe d'un noir profond à un bleu vif. Pour la première fois, il entend Baba dire un gros mot, et il s'en souviendra toute sa vie sans doute. “ Oh, fuck. ”

testament of youth1981
Hisham et Antonia meurent quand Olivia a quatre ans. Un certain trois septembre 1981, un peu plus d'un mois avant que le Seigneur des Ténèbres soit pulvérisé par un bambin d'un an.

Elle se souviendra toute sa vie du trois septembre 1981, parce que Baba et Mama étaient tous les deux à la maison pour une fois, avant le coucher du soleil, et qu'ils venaient tous les deux de lui raconter une histoire, Mama le début et Baba la fin, pour une fois. Mama était toujours meilleure pour raconter les histoires, elle faisait toujours les voix et les mimiques tandis que Baba ne faisait que lire, même si sa voix grave était le meilleure narrateur qu'Ollie n'ait jamais connu. Après lui avoir raconté l'histoire du soir, dont elle ne se souviendra jamais, ils étaient descendus finir leur soirée en bas, faire ce que les grands font une fois que les enfants sont au lit.
Ollie n'arrivait pas à dormir. Elle avait le sommeil difficile, ces temps-ci; elle avait été très malade le mois précédent et avait passé la plupart de sa convalescence dans son lit. Elle n'avait pas pu accompagner Benjamín sur le Chemin de Traverse ou à King's Cross, ce qui l'avait beaucoup contrariée. Elle se remettait tout juste de son long rhume, quand bien même la météo du mois d'août avait été charmante. “ Ah, Ollie, ” disait toujours son frère en riant. Toujours là quand on ne s'y attend pas, et toujours à tomber malade quand il ne le faut pas! ”
Impossible de fermer les yeux. Elle avait à la place sorti ses pieds du lit pour marcher jusqu'au miroir plein pied au milieu de sa chambre et,  assise devant, elle s'était entraînée comme Mama lui avait appris.
Elle n'était pas très forte pour s'entraîner toute seule, elle se lassait vite, du coup elle s'était retrouvée à s'observer, silencieusement, jusqu'à s'endormir à même le parquet froid de sa chambre. C'était peut-être comme ça qu'elle avait attrapé son rhume. À s'endormir partout et n'importe comment.
C'était peut-être aussi pourquoi qu'elle s'était réveillée aussi abruptement, quand elle n'aurait pas dû être réveillée. Elle était déjà debout quand Antonia avait débarqué dans sa chambre et l'avait poussée à l'intérieur du placard, en lui mettant dans les mains une pièce, une jolie pièce qui venait de quelque pays antique depuis longtemps oublié dont Ollie connaissait tous les creux et tous les reliefs. “ Cinq minutes, ” disait Mama, paniquée. “ Cinq minutes? ¿Por qué Mama? ” Mais Mama ne dit rien d'autre, et referma la porte du placard. À travers les stores, elle pouvait voir Mama agiter sa baguette frénétiquement, faire disparaître la tasse de thé sur la table de nuit, arranger les draps du lit, faire se déposer une fine couche de poussière, enlever--
La porte explose et juste au moment où le sortilège mortel vert émeraude file vers sa mère, Olivia sent la pièce chauffer dans sa main et, exactement comme si un hameçon de pêche l'attrapait par le nombril, elle se sent aspirée et envoyée ailleurs, loin de chez elle et de ses parents.
Elle arrive sur le perron de Unc Jonathan en pleurs, ses cheveux noirs virant au gris, le teint mat virant au blanchâtre, ses doigts tremblants serrant la pièce jusqu'à ce que les phalanges blanchissent aussi, en espérant que l'artefact la ramène chez elle.
Mais elle ne retournera jamais chez elle. Le ciel au-dessus de sa maison est marqué, et la maison toute entière est brûlée, des fondations jusqu'au grenier.

a serie of unfortunate events1998-2002
Il y a quelque chose qui change chez Ollie quand elle ramène en Angleterre la lettre de Nazir, sorry. NP. sans savoir pourquoi ni comment ni quoi ni où ni rien. Il y a quelque chose qui change, qui se brise aussi. Vous avez déjà eu le coeur brisé? Vraiment brisé? Brisé genre: explosion, genre on écrase un talon aiguille dessus, genre c'est comme un poids dans votre poitrine, genre vous arrivez pas à respirer la nuit quand vous vous retournez dans votre lit en cherchant un visage ou un sourire de l'autre côté de la tente? Brisé genre trou noir. Brisé genre changement de vie.
C'est exactement ce qu'Ollie ressent, quand elle revient en Angleterre avec la lettre de Naz froissée dans son poing. C'est quelques années plus tard, quand un Gouvernement corrompu passe un décret forçant tous les natifs à revenir fouler la pierre d'Albion; elle n'a, en substance, pas le choix, et loue une petite chambre à l'étage d'un immeuble décrépi du Chemin de Traverse. Nazir lui parlait beaucoup du Chemin de Traverse où il a grandi. Elle trouve un travail au Département des Mystères. Elle ne cherche pas à savoir ce qui est advenue d'Areo, de Benjamìn qui a dû rejoindre l'Angleterre ou de Duncan qui, elle l'a appris, a disparu de la surface de la terre. Elle se focalise juste sur son travail en tant que Langue-de-Plomb et ancienne Briseuse de Sortilèges, expertisant artefacts magiques et essayant d'en recréer d'autres.
C'est suffisant.

C'est vraiment suffisant. Elle n'est pas devenue Auror mais elle est devenue heureuse; elle se le répète jusqu'à y croire.

Elle a vingt-cinq ans quand elle met la main sur une relique de l'Égypte antique et la simple évocation de cet endroit et cette période historique lui rappelle Nazir et elle ne réfléchit pas. Les musées nationaux ont été pillés, leurs trésors récupérés, et on demande à des Langue-de-Plomb et Adhérents comme elle, obligés de garder le secret, de les expertiser, d'aider à les revendre.
Elle met la main sur l'artefact antique sans réfléchir et puis, c'est comme ouvrir les yeux. Vous avez déjà ouvert les yeux? Pour la première fois depuis longtemps? Elle a l'impression de les ouvrir pour la première fois depuis le début de sa vie, de vraiment voir autour d'elle.
Et puis, tout est perdu.

come back to me2002
Nazir a reçu le Baiser du Détraqueur le 26 août 2002 dans les cachots du Ministère de la Magie.

Il faisait partie des méchants et ça Ollie le sait et le comprend. “ Tu voulais toujours faire la chose qui était bien, même quand t'étais pas trop sûr de ce que c'était, la chose qui était bien. ”

Il a été utilisé pour gagner, c'est Shin Moriyama qui a pris son apparence et ses souvenirs. “ Mais tu t'en souviendras, je te ferai t'en souvenir. ”

Elle peut le sauver. “ Mes pouvoirs grandissent, Naz, je te le promets, je vais te sortir de là, je te le promets. ”

Elle en est convaincue. “ Il me faut juste... un peu plus de pouvoir. Tu me dirais de faire attention si tu es là. ”

Sauf qu'il est là. “ Mais tu es là. ”

Il est juste- “ Naz, tu m'entends? ”

-mort, d'une certaine manière. “ Je te promets que je te sauverai. ”

“ Je te promets. Je t'aime. ”

i have pored over the loss of you like pale gold2002
Elle a un problème de Bandimon chez elle et elle ne sait pas s'en débarrasser, donc elle a écrit trois mille courriers au Département de la Régulation des Créatures Magiques et comme ils ont pas répondu, elle a décidé d'aller les voir.

Elle a confiance en elle, Olivia. En son pouvoir. L'artefact de l'Égypte antique qu'elle a touché, une bague, s'est incrustée sous sa peau, elle a une cicatrice rouge en forme d'alliance autour de l'annulaire droit qui, Métamorphomagie ou pas, ne disparait pas — contrairement à la Marque qui gracie désormais son avant-bras gauche, le crâne et le serpent, noire d'encre sur sa peau mate. Il y a certaines choses pour lesquelles elle n'est pas forte: prendre l'apparence de quelqu'un pendant plus de deux heures, changer la couleur de ses yeux, sa taille, son poids. Il y a d'autres choses auxquelles elle excelle: débarrasser sa peau de ses impuretés, faire disparaître la Marque sous une couche de peau, changer la texture de ses cheveux en un clin d'oeil. Tu es trop dispersée, lui disait son Maître Médicomage quand elle prenait des cours extra-scolaires en espérant devenir Auror. Ce n'est pas des détails qu'il faut changer, mais un ensemble. C'est comme un puzzle: quel intérêt d'avoir une pièce ça et là si c'est pour ne pas avoir un tableau entier à la fin?
Ollie déteste les puzzles.

Elle sait que la résurgence de son pouvoir métamorphomagique lui vient de l'artefact, de la magie sombre et avide et antique qui lui coure dans les veines aussi sûrement que du sang. Elle sait que sa personnalité aussi a été teintée, comme un morceau de tissu dans un pot d'encre de chine, et qu'elle ne se débarrassera jamais sans doute de ce que l'anneau lui a fait.
Et alors? Elle est plus forte, plus puissante.
Elle peut peut-être sauver Nazir.

Elle ne sait toujours pas se débarrasser de Bandimons en revanche: elle a essayé de les chasser à coups de flammes vertes mais inutile, ils sont revenus en plus grand nombre. C'est ainsi que ses talons finissent par claquer sur le marbre du sol des longs couloirs du Ministère, un jour de congé; elle se déplace comme la reine de l'endroit, les yeux fixés sur la porte qu'elle vise. Elle l'ouvre brusquement, c'est l'une des énièmes portes qui mène à un énième bureau générique et à un énième employé générique du-
C'est Benjamìn.

Il a toujours les yeux doux de Mama, mais aussi leur qualité calculatrice, observatrice. Il l'observe de haut en bas et Olivia sait quelque chose, en cet instant précis, ce qu'il voit tout de suite qu'elle a changé, qu'il remarque qu'elle se frotte machinalement le doigt et qu'il voit la trace rouge sur la peau et la Marque noire, qu'elle n'a pas effacé aujourd'hui, sur l'avant-bras. “ Holà, tío. Fancy seeing you here. ” Ben ne bouge pas pendant un temps qu'elle estime interminable. “ C'est bien moi, si tu te poses la question. ” Elle visite Nazir presque toutes les semaines et comme il n'est pas très bavard, elle doit faire la conversation toute seule. Elle a appris à meubler le silence. “ J'ai un problème de Bandimon, j'ai besoin de quelqu'un au plus vite, je ne peux pas travailler dans ces conditions, merci beaucoup, passez une bonne journée. ” Elle dépose l'enveloppe avec son adresse sur le bureau et se détourne.
Avec une rapidité incroyable, Benjamìn se lève et lui attrape le poignet. Elle s'en défait sauvagement. “ Ne pars pas. — Pardon? — Ne pars pas. — C'est la meilleure. — Ollie-- — Don't you dare. — S'il te plaît. — Non. ” Ils ne se sont pas vus depuis presque... vingt ans. Presque. Plus ou moins. Olivia s'en fiche. Il a préféré son nouveau Baba et sa nouvelle Mama et elle aussi.
C'est un étranger.

Elle s'en va et Benjamìn la regarde partir. Elle ne se retourne pas.

everything has changed2003
Olivia revoit Areo quand elle a vingt-cinq ans.
Bien évidemment, elle l'a vu pendant des années. Ce serait mentir que de dire qu'elle a oublié son visage, son nom et son histoire, qu'elle a essayé de se tenir loin de lui: elle a espionné sa vie et sa présence et son existence de loin, comme elle a pu, sans jamais chercher ni l'affrontement ni la rencontre. Non pas à cause de quelque flamme depuis longtemps oubliée — il n'y a jamais eu que Nazir, qui ait vraiment compté, si on oublie les quelques écarts de jeunesse à Poudlard — mais parce qu'il reste... Areo, juste Areo.

Elle se souvient qu'ils avaient l'habitude d'espionner sa voisine, parce qu'elle avait toujours l'air étrange, sa voisine, et toujours occupée à faire des choses très mondaines, très moldues en fait.
Elle se souvient de la cartographie des étoiles sur le plafond de la cabane en bois, et de la cabane en mois, qui les gardait frais en été et chaud en été, et le tapis étalé sur le sol dont les motifs changeaient selon son humeur.
Elle se souvient de quelles marches craquent sous les pieds dans l'escalier qui mène à l'étage, dans sa maison.
“ Ding-dong, ” fait-elle en même temps que la sonnette en appuyant dessus. Areo ne tarde pas à ouvrir.

Ils ont vingt-cinq ans quand ils se revoient; Areo a l'air d'être frappé par la foudre et Olivia sourit. “ ¿Holà qué tal my man, est-ce que ça te dérange si on jette un coup d'oeil à l'intérieur? ” Et sans plus de cérémonie, sans remarquer le fait qu'il ne porte plus ses grosses lunettes ou qu'il a un semblant de barbe ou qu'il a les cheveux plus courts qu'avant ou qu'il a grandi, tellement grandi, elle le pousse brusquement à l'intérieur en entrant, suivie par les deux autres Mangemorts. “ Qu'est-ce que-- — Ta soeur a été aperçue près d'Édimbourg. J'imagine que tu ne sais rien de ses déplacements? — Je n'ai pas vu ma soeur depuis-- attends, est-ce que je peux savoir-- — Je crois qu'il va falloir vérifier toutes les pièces, hein? Les amis, je vous laisse faire. ” Elle fait signe aux deux autres Mangemorts qui s'engouffrent plus profondément dans la maison, allant même à l'étage et très vite, des bruits de vaisselle brisée et de meubles renversés résonnent, alors qu'une odeur de putréfaction criant magie noire se répand dans la maison.

Quand Areo fait un mouvement pour aller à l'étage à son tour, Olivia le plaque au mur, son avant-bras sur le cou pour lui couper, juste un peu la respiration; suffisamment pour qu'il aligne des yeux gros comme des Gallions quand, en plus de ça, elle appuie le bout de sa baguette sur le coin de sa mâchoire. “ Ollie, what the f-- — Easy, hombre, bouge pas, c'est tout, on cherche juste ta soeur. — Ça fait des années que je ne l'ai pas vue. Est-ce que vous avez seulement l'autorisation pour-- — L'autorisation? Elle rit. — Laisse-moi finir mes phr-- — Pardon? — Ollie, c'est pas drô-- — Tais-toi. Arrête de m'appeler Ollie. ” Il se tait, mais ce doit sans doute être dû au fait que le bout de sa baguette, toujours posé sur sa mâchoire, dangereusement proche de son pouls, se met à briller d'une lumière noire.
Finalement ses deux comparses descendent à pas lourds. “ Y'a rien. ” Mais la mission n'était jamais de trouver la soeur, plutôt d'intimider le frère. “ Vous avez vérifié la cabane dans le jardin? — Non...? — Allez-y. Si elle n'y est pas, brûlez-la. ” Ils s'en vont.

Elle relâche Areo et il ne bouge pas avant un long moment. Ils entendent le bois craquer, l'arbre gémir de douleur, la cabane s'effondrer. Ollie repense à la cartographie du ciel, au tapis, à la valise pleine de photos.  
Quand il parle, elle n'a pas la force de l'arrêter, pas cette fois. Elle se demande si il va l'appeler Ollie. Elle aimerait qu'il l'appelle Ollie. “ Olivia, qu'est-ce qui s'est passé? Ce n'est pas... ce n'est pas toi. ”
Elle sourit, puis rit un peu, malgré elle. Lentement, ses traits changent, son pouvoir exalté par la magie noire qui coule dans ses veines, son pouvoir exalté par le Pouvoir que la Marque lui donne, que la malédiction transforme pour elle, son pouvoir plus fort que jamais, en cet instant précis, face à lui. Elle prend ses traits à lui, sa voix à lui, son stupide sourire stupide aux fossettes stupides et ses yeux trop doux et trop gentils qui lancent, en cet instant précis alors qu'il voit un reflet quasi-parfait (ses sourcils ne sont pas exactement le mêmes, les cheveux sont trop sombres, elle est trop petite, le grain de beauté qu'elle a sur la joue ne disparait pas) de lui, des éclairs.
“ Ça l'est maintenant. ”

there will be blood2003
Elle n'a jamais pu être un Auror, mais son frère l'est. Son vrai frère, Duncan. À lui elle lui a écrit, depuis l'autre bout du monde et même après qu'il soit parti, tous les jours, toutes les semaines, tous les mois puis dès qu'elle y pensait. C'est un traître et elle le sait — évidemment que c'est un traître, il est si... bienveillant et honorable et génial.
Le Lord est mort.
Ils ont gagné.
Duncan a gagné.

Duncan devrait la tuer. Elle préférerait mourir que de se faire capturer; et elle est à deux doigts de lui dire ça, en cet instant précis. Elle est blessée, sa jambe n'arrête pas de saigner, elle a l'impression que ses veines sont en feu. Elle est à Pré-au-Lard, elle est venue chaque jour, s'est battu, a ri, pleuré, incanté, maudit sur le champ de bataille. Elle a tout fait pour le Lord, guidée par la douleur dans son avant-bras, et la magie noire, et sa foi, sa foi qu'elle sauvera Nazir, qu'elle le vengera.
Sauf que le Lord est mort, qu'ils ont perdu et que Duncan a gagné.

Il la regarde avec cette expression pleine de douleur. “ Salut, big bro! ” Il a sa baguette à la main, pointée sur lui — elle l'a surpris — mais elle voit tout de suite que sa main tremble. Et elle sait que si honorable qu'il soit, il ne lui lancera pas de sortilège. “ Qu’est ce que tu fous là Olivia? T’es pas au courant ? Vous avez perdu. ” Elle sourit doucement. Elle ne peut pas marcher, juste se tenir là, récupérant des forces pour transplaner; mais si elle le pouvait, elle ferait un pas dans sa direction, le prendrait dans ses bras.
Duncan est honorable, et il est faible. Il ne tuerait pas sa soeur. Elle rit, et il tremble, et elle sait qu'elle va s'en sortir.

Elle doit s'en sortir. Elle doit sauver Nazir. “ Tu crois que je suis pas au courant ? Je suis blessée, c’est pour ça que je suis encore là. Je me suis mise à l’abri le temps de me rafistoler un peu. Crois moi, je serai plus là si ça tenait qu’à moi. ” Elle lui adresse un petit sourire indulgent. Ça fait des années qu'elle n'a l'a pas vu, pas vraiment vu, sauf sur les dossiers d'Indésirables du Ministère. Il a changé. Il a vieilli.
Elle, elle a grandi. “ Euh par contre, tu veux pas ranger ta baguette ? Non parce qu’on sait tous les deux que tu t’en serviras pas. ”

Pendant un instant il doute, puis il baisse sa baguette. Le sourire d'Ollie s'accentue. Elle a gagné. Elle va survivre. Elle va survivre. Elle va survivre. “ Tu sais que je vais devoir t’arrêter pas vrai ? — Elle rit. Dunc’… S’il te plaît. ”

Il lui laisse un peu d'avance. Il se détourne et s'en va.

Elle va survivre.

Elle doit survivre.

Dès qu'il quitte les environs, Olivia ravale ses larmes, et disparait dans un craquement douloureux.

under the skin2004
Olivia a peur des serpents.
C'est un peur qu'elle n'explique pas.
Son frère est passionné de serpents.
Elle est allée à Serpentard.
Elle a un jour couché avec quelqu'un qui, par hasard, était Fourchelang et c'était, pour être tout à fait honnête, plutôt excitant, ce language inconnu.
Elle a le tatouage d'un serpent (et d'un crâne) sur l'avant-bras.
Mais pourtant, la simple pensée de ces reptiles pernicieux la fait frémir; l'idée de la peau humide et souple lui arrache une grimace; l'évocation de quelque animal pouvant la tuer d'une morsure qu'elle ne verrait pas venir l'énerve et la terrifie.
Mais comme son frère est passionné de serpents, et comme elle est allée à Serpentard, et comme elle a couché avec un Fourchelang et comme elle a un tatouage d'un serpent sur l'avant-bras, elle connait deux-trois choses sur ces odieux animaux. Et il y a une chose qui, elle-même doit l'avouer, est très intéressante: c'est leur capacité à changer de peaux.

“ Comme toi, ” riait Benjamìn quand il lui expliquait ce qu'était la mue. “ Ils se faufilent en dehors de leurs peaux et puis ils en ont une autre. — Mais pourquoi? — Ils n'arrêtent jamais de grandir et un jour, leur peau est trop petite. ” Olivia se souvient qu'elle s'était dite, alors âgée de sept ans, pendant un rare moment où les Rosebury et les Jones, leurs familles respectives, les laissaient tranquille un long samedi d'août dans la chambre de Benjamìn, qu'elle se sentait trop grande pour sa peau.  Qu'elle devait changer de peau, grandir, laisser derrière tout, tout. Elle se sentait trop grande pour sa peau, parce qu'elle repensait encore aux doigts froids de sa mère lui donnant la pièce du Pérou, mais qu'elle ne se souvenait pas de son visage. Elle se sentait trop grande pour sa peau, parce qu'elle aimait son frère, mais que le voir l'insupportait, lui rappelait le visage depuis longtemps oublié de Baba. Elle se sentait trop grande pour sa peau parce qu'elle n'était à sa place nulle part, qu'elle n'appartenant nulle part, qu'elle n'allait nulle part; déjà, en cet instant précis, Olivia savait que son frère allait partir à l'autre bout du monde bientôt avec sa famille, étudier ses stupides serpents, et qu'il allait la laisser seule. Elle se sentait trop grande pour sa peau parce qu'elle savait qu'elle ne pouvait pas, et ne devait pas le retenir.
Elle se sentait trop grande pour sa peau parce qu'elle avait l'impression qu'elle allait exploser à chaque instant, mais que ça n'arrivait jamais; elle gardait au plus précieux de son coeur le force des trois mille explosions qu'elle gardait pour elle-même un jour et peut-être qu'un jour, elle s'en débarrasserait sans tout faire exploser, comme un serpent laisse sa peau derrière lui.

“ Ils font ça pour survivre, ” lui avait dit Benjamìn.

Prendre une apparence quelconque est simple: changer la couleur de ses yeux, de ses cheveux, les traits de ses visage, recourber son nez, c'est simple, enfin pas vraiment, mais c'est plus simple que de prendre l'apparence d'un autre.
Se glisser dans la peau d'un autre.
Mais quand on veut sauver la sienne de peau, on n'a pas vraiment le choix; ainsi Olivia se glissa dans la peau d'Ines Selwyn quelques minutes seulement après l'avoir tuée, ses mains encore rouges de son sang. Ines qui ne connaissait pas la séquence secrète pour qu'on lui ouvre la trappe de la cabane, Ines qui avait disparu mystérieusement après la Bataille de Poudlard disaient les rapports, Ines la soeur d'Areo, Ines qui lui ressemblait très étrangement, ici et maintenant, alors qu'Ollie n'avait jamais vu que la gamine insupportable et clingy et needy et trop jeune pour comprendre ses jeux avec Areo.
Elle fouille ses vêtements et son corps, déchire le tissu pour mieux comprendre la structure de ses os, la taille de ses muscles, la composition de son corps; la cicatrice au niveau des côtes, la tâche de naissance sur la clavicule.
Et dans les poches de son blouson en cuir: une photo pliée en trois, vieille, couverte de sang et un peu déchirée: Ines et Areo, mais il y a des années. Ollie la déchire presque, puis la range dans sa poche à elle, elle l'observera mieux plus tard. Il y a aussi un petit carnet qu'elle parcoure rapidement, journal intime? C'en est presque trop beau pour être vrai.

Finalement, elle laisse le corps de la petite soeur de son meilleure amie dans la maison à moitié détruite de Pré-au-Lard, après y avoir mis le feu sans aucune ombre de regret.
C'est une histoire de survivre, c'est une histoire de changer de peau, c'est une histoire de sauver sa peau.

Quelques semaines plus tard, alors que la peau d'Ines est presque parfaite par-dessus la sienne, alors qu'elle connait sa vie racontée dans le journal sur le bout de ses doigts, alors qu'elle a caressé la photo d'elle et d'Areo plus de fois qu'elle n'aurait dû et alors qu'elle a mal, qu'elle est fatiguée, que la Marque ne la nourrit plus et qu'elle ne peut plus avancer son aide, elle frappe à la porte de son frère.
Areo a toujours cet air stupide, et ce sourire stupide, et ces cheveux trop courts. “ Ines? ” Et il n'y a pas la même lueur dans les yeux, qu'elle n'avait pas remarquée, quand Ollie était venue le voir pour l'intimider et détruire les dernières traces de leur amitié, de leur relation; il y a autre chose, dans ses yeux, une sorte d'amour. “ C'est moi. Ari... c'est moi. ” Il la prend dans ses bras et pour la première fois depuis des années, Olivia se permet de pleurer en le serrant en retour.