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sujet; VISHA#5 • Did they get you to trade your heroes for ghosts ?

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St-Mangouste & 13 jan. 2003

Did they get you to trade your heroes for ghosts ? Hot ashes for trees ? Hot air for a cool breeze ? Cold comfort for change ? Did you exchange a walk on part in the war for a lead role in a cage ? How I wish, how I wish you were here. We're just two lost souls swimming in a fish bowl, year after year, Running over the same old ground. What have we found ? The same old fears.
Viktor se regarde dans le miroir de l’ascenseur, en quittant l'appartement d'Amelia.

Son reflet a les cheveux blonds, les yeux bleus, les lèvres strictes, le port altier et l'air de mépriser la planète entière. La personne qui se tient devant lui, de l'autre côté du miroir, est une femme approchant les quarante ans et qui, malgré des vêtements modestes, sent la haute bourgeoisie à plein nez. Il reprend, très facilement d'ailleurs, ses anciennes habitudes. Il regarde de nouveau les autres comme s'ils n'avaient que peu d'intérêt, s'emmure de nouveau dans des sourires polis, ne laisse rien perturber son long visage de reine. Viktor a de nouveau une apparence féminine, et c'est fou comme on peut facilement revenir glisser dans un rôle que l'on a abandonné il y a pourtant si longtemps.

Lorsque Viktor s'appelait encore Morrigan, il a passé des années à tromper son monte, à mentir au nez des gens, en leur faisant croire à tous qu'il était la plus féminine de toutes. Il s'est fait violence, terriblement violence les premières années de l'adolescence. Puis il a fini par comprendre qu'il suffisait d'arrêter d'essayer de se ressembler à soi-même, et de ne faire qu'imiter, en tout point, Adele. Elle a été, toutes ces années, son modèle et son miroir, et lorsqu'il regarde aujourd'hui son reflet, il n'y voit que la semi-vélane. Il lui a tout pris, sa façon de se tenir, de parler, de se déplacer. Il réalise cela, et il comprend qu'il a été toutes ces années effrayé du vent.
Morrigan, l'abominable Morrigan, ce n'était que lui qui essayait, par tous les moyens, qu'on ne le voie pas. C'était une couche de maquillage, c'était une armure de tatouages, c'était la protection des vêtements les plus inadaptés auquel il puisse penser. Ce monstre qu'il a craint tout ce temps, et dont il a toujours refusé de parler, n'était qu'une adolescente effrayée et, surtout, elle n'a jamais été personne d'autre que lui-même.

Le trajet jusqu'à Sainte-Mangouste lui semble, sans transplanage, effroyablement long. Il essaye de ne pas prêter attention à la manière qu'ont les passants de le regarder. Il n'a pas parcouru ces rues depuis dix-huit ans sous la forme d'une femme, et il essaye de se persuader que personne n'irait le reconnaître après tout ce temps, surtout sans l'armure de tatouage qu'il avait à l'époque. Les regards des hommes sont ceux qu'il essaye le plus d'ignorer. La simple idée d'attirer sexuellement quelqu'un avec cette apparence, encore plus un homme, lui donne envie de vomir. A chaque fois que ce genre de pensée traverse son esprit, il a l'instinct de réajuster ses cheveux, comme il a pu en avoir l'habitude avant. Vérifier que tout est bien là : l'illusion, les faux semblants, les mensonges et les supercheries. Puis reprendre sa route, faisant claquer les talons, reprenant possession de ce monstre étrange et familier.
Arrivé à l'accueil de Ste-Mangouste, Viktor n'est pas accueilli par les sourires et la compassion habituelle. Il sent, aussitôt, la standardiste se tendre sous son regard froid, alors qu'il déclare dans un claquement : « Bonjour. » Ses doigts manucurés pianotent déjà sur le comptoir avec impatience. « J'ai un rendez-vous avec Sasha Blacksmith. Je suis Eithne Macannadh. » Son interlocutrice commence aussitôt à rechercher dans le registre. Évidemment, personne n'avait du faire le lien avec la grande tante de Morrigan. Il n'aurait peut-être pas du se risquer à prendre un nom appartenant effectivement à sa famille... Mais bon. Si tout se passe bien aujourd'hui, il devra bien assez vite parler au Dr. Tonks de sa présence sur place.

Il lui a cependant semblé complètement logique que, si Morrigan revenait vraiment au pays et rendait vraiment visite à Sasha Blacksmith Heidelberg, elle n'aurait jamais voulu que cela se sache. Il ne manquerait plus que cela arrive jusqu'aux oreilles d'Adele.
Argh.
Viktor essaye de chasser ce genre de logique de son esprit, tout en continuant de pincer des lèvres d'un air irrité (il réalise qu'il imite Eithne bien plus qu'Adele) (sûrement parce qu'à ses yeux, Adele a toujours vingt-et-un ans). S'il commence à se laisser parasiter par ces souvenirs qu'il a pris tant de soin à enfermer, tout son plan tombera à l'eau. Il ne doit pas se laisser avoir. Il reste un homme. Il n'est pas Morrigan, il reprend juste son rôle. Il fait cela pour Sasha, et dès que Sasha ira mieux, on pourra tout oublier.
Finalement, on le trouve, et on commence à lui expliquer comment aller jusque là, on lui propose même de l'accompagner. Viktor lève une main pour arrêter la jeune femme, l'air déjà bien las. « Non merci, je trouverai. »

Retrouver la chambre de Sasha est, bien entendu, un jeu d'enfant. Il y va tous les jours depuis plus d'un mois. Il a le chemin ancré en lui. Il s'arrête cependant devant la porte. Il fixe la poignée. Il se sent nerveux, bien que son corps ne tremble pas, bien qu'il sache qu'il ne bégayera pas. Il regarde ses pieds, et ils sont fins, et ils sont à l'intérieur de chaussures pointues pour femme. Il essaye de chasser toutes les pensées parasites, les craintes de la partie la plus faible de lui-même, celle qui a peur, plus que tout peut-être, de voir Sasha lui sauter soudain au cou en lui demandant ce qui lui a pris tant de temps. Il espère, fervemment, être accueilli par des insultes. Il espère trouver de l'autre côté de cette porte sa femme, mais il espère cela depuis des mois, et ce n'est jamais vrai, alors il en finit de s'apitoyer sur lui même.
Il se tient droit.

La porte s'ouvre et fait entrer la grande femme blonde qui balaye la salle du regard d'un air désintéressé. Son regard s'arrête sur sa résidente, et elle lui sourit poliment.

« Bonjour Sasha. Je ne sais pas si tu te souviens de moi, je suis Morrigan Bagshot, nous étions ensemble à Poudlard. Je ne te dérange pas ? »
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WIZARD • always the first casuality
Adidja Zabini
Adidja Zabini
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‹ âge : vingt-et-un ans.
‹ occupation : chanteur, compositeur, producteur, étudiant au sawl center (musicomagie).
‹ maison : gryffondor.
‹ scolarité : sept. 1994 - jun. 2002.
‹ baguette : 25,4 cm, crin de licorne, bois de chêne.
‹ gallions (ʛ) : 3079
‹ réputation : (trop) gentil et doux, to be protected at all costs, talentueux, bitchasse, maniéré, cinammon roll too good for this world, too pure.
‹ particularité : un peu de magie sans baguette, héritage de sa mère.
‹ résidence : dans un petit appartement de whitehorn, qu'il utilise aussi comme studio.
‹ patronus : n'a jamais su en faire.
‹ épouvantard : le cadavre de sa soeur jumelle nina.
‹ risèd : sa famille réunie; sa mère fière de lui.
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viktor heidelberg
She hangs wind chimes from her ears, But I still can't tell Which way her mood's blowing, The shades of her eyes, Well, don't let them fool you now, 'Cause naïve is not her middle name, She's a kaleidoscope, A new shade for each new way In which she draws you close And then stumbles on your name, She is a battlefield Except you're fighting with yourself, To keep your heart of steel From melting to the ground.
Il faut comprendre une chose: Morrigan n'est pas réelle.

Elle ne l'a jamais été. Enfin si, elle l'a été, pendant des semaines, le temps que Viktor fasse sa tradition. L'ancienne Sasha, la vraie Sasha, s'en souvient bien de Morrigan, mais peut-être a-t-on déjà assez parlé de ce que la vraie Sasha ressentait pour elle, cette peste ignoble, cette salope sans foi ni loi.
La fausse Sasha a des sentiments très simples pour Morrigan.
Elle l'aime, l'adore, la respecte. Elle a besoin d'elle comme elle aurait besoin d'une béquille; c'est un peu une béquille, finalement, quelque chose qui existe pour la supporter et l'aider, un tiret tiré entre deux mots, entre deux réalités, pour les relier. Morrigan, c'est une manière de se remettre à la quête et la conquête de ses souvenirs, c'est une manière de lui rappeler qu'il y a autre chose, dans ce monde, dans cette Forêt que Sasha n'a jamais véritablement quitté. Morrigan, c'est celle qui lui a rappelé son nom. C'est celle qui l'a nourrie, veillée, aimée, dans la Forêt, bien avant que le petit homme et son fantôme viennent la chercher. Morrigan, c'est un fantasme et un rêve, quelque hallucination créée par son esprit malade pour faire sens du monde irréaliste qui l'entoure, le monde irréaliste où il n'y a pas de souvenirs ni de Viktor ni d'Arnie ni de rien.
Morrigan n'est pas réelle, elle ne l'est plus, elle n'a plus droit de l'être: Sasha et Viktor l'ont exterminée, ont découvert l'homme sous le masque de la femme, ont fait exploser les vestiges de ce qu'il a été, de ce qu'elle était. Morrigan n'est pas réelle, la version de Sasha est différente: plus jeune, comme la dernière fois qu'elle l'a vue, au sortir de Poudlard; elle apparaît et disparaît, parle sans ouvrir la bouche, lit ses pensées parce que c'est là qu'elle a construit son horrible royaume, cette voleuse de femme, cette tueuse de mère. Elle a aidé Sasha quand il n'y avait personne d'autre pour l'aider, dans la Forêt sombre et silencieuse de Daeva, et elle a laissé derrière elle une impression impérissable.
Et quand les royaumes de sa mémoire craquelée sont menacés, elle apparait, comme le héros de l'histoire, comme une mauvaise blague.

Les souvenirs et la mémoire de Sasha, c'est un kaléidoscope où les combinaisons de couleur changent à chaque fois, et c'est nouveau tous les jours. Parfois elle se souvient du mari, parfois du gamin; parfois ils ne sont que l'homme et le petit homme; parfois Vincent est pour elle la seule chose réelle; parfois c'est Hal; rarement c'est Turkish; parfois il n'y a rien qui reste et pendant toute une journée, les informations vont et viennent entre ses deux oreilles; le plus souvent, elle se souvient qu'elle reçoit de la visite de l'homme mais que le petit homme ne l'accompagne pas souvent parce qu'il n'aime pas être là; semi-régulièrement, Arthur trouve sa place dans sa mémoire, et plus souvent, Andromeda; Mafalda est un souvenir distinct, certains jours, mais qu'elle n'arrive pas à formuler; Pré-au-Lard n'est que flou, toujours; la Forêt est claire comme de l'eau de roche; Morrigan existe dans toutes ces versions de Sasha. Que Viktor le veuille ou non, Morrigan sera toujours là, chez la fausse Sasha et chez la vraie Sasha, parce que Morrigan, elle a laissé une plaie ouverte pour toujours, en critiquant ses chaussettes, en lui rappelant qu'elle avait rien à foutre à Poudlard, en étant méchante, mesquine, cruelle, terrible avec elle.
Mais ce n'est pas cette Morrigan qui lui fait face en cet instant précis.
De toutes manières, ce n'est pas la Sasha de l'époque qui la regarde.

« Bonjour Sasha. Je ne sais pas si tu te souviens de moi, je suis Morrigan Bagshot, nous étions ensemble à Poudlard. Je ne te dérange pas ? »

Morrigan n'est pas réelle et une partie de Sasha le sait. Pour quelques détails, tout d'abord: elle est plus jeune, dans ses pensées, Morrigan, et porte l'uniforme de Serpentard. Et puis surtout — comment expliquer? Morrigan vivait dans ses pensées, dans son esprit, dans sa tête. Elle parlait et apparaissait selon ses envies. Elle connaissait les réponses à ses questions sans même que Sasha ait à les formuler à haute voix: elle faisait partie intégrante d'elle.
Sauf que maintenant, ce n'est pas la même chose. Sasha a exactement, dans l'estomac, la sensation qu'on peut avoir quand on descend des escaliers et qu'on pense qu'il y a une marche de plus, et en fait non.
Cette impression de vide et de peur instantanée. Ce malaise.

Je t'ai tuée, ” est la première chose qu'elle lui dit, sans doute la seule vérité qui sortira de sa bouche aujourd'hui.

Tu n'as rien à faire là, ” parce que concrètement, quelqu'un qui a été tué n'a rien à faire dans un hôpital sans son nom enroulé autour de son orteil.

Je veux--

Je veux mon mari.

Sauf que Sasha a une pensée irrationnelle.
Si cette Morrigan est là, alors c'est elle qui a tué mon mari.

Puis elle a une autre pensée.
Morrigan est sortie de la Forêt! Elle m'a retrouvée! Elle va me ramener à la maison! Elle est là! Enfin! Elle est si heureuse! Qui! Sasha est heureuse! Évidemment!

Mais elle ne peut s'empêcher d'être méfiante, parce qu'elle a toujours cette impression terrible qui lui noue l'estomac. “ Je me souviens, finit-elle par dire, sans doute le pire mensonge qui sortira de sa bouche aujourd'hui, de toi.
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