Ils ont appris que les Shadow Moses allaient tenter un truc chez Neil Minyard. Neil Minyard, c'est pas un mec du gang, sinon, il serait en train de vivre avec eux dans l'entrepôt où on se les gèle un peu moins à chaque jour qui passe. Mais Neil, c'est un ancien ami de Wolf, apparemment, et puis c'est un bon enchanteur, donc ils le gardent pas loin parce que les Dregs, c'est un peu une bande de branques dès que ça commence à parler de magie, sauf Swan et Tiger mais Swan et Tiger ont mieux à faire en cet instant précis. Du coup, ils ont envoyé Spider, pour attendre de pied ferme les Breaches des Shadow Moses. Comment ils ont su? Ils ont su par l'informateur d'un indic d'un indic d'un informateur d'un indic, bref, et apparemment, c'est un gros coup que les SM préparent sur l'hôtel particulier de Minyard mais les Dregs ont envoyé Spider, Ray et Scorpio, et ils les attendent de pied ferme, et ils vont les démonter. Dans ta face, Mood.
Les gangs essaient de pas trop se tirer dans les pattes. De toutes manières, ils font même pas du biz dans les mêmes catégories, d'après Wolf, et puis ils ont mieux à foutre que tirer dans les pattes des gamins dans le genre des Shadow Moses. Mais bon, les SM, ils pensent pas comme ça. La première fois que Bree les a rencontrés, ils l'ont tabassée parce qu'elle était encore coureuse et qu'elle venait de leur donner un message qui leur a plu moyen. Ils ont laissé Fangs faire le boulot.
Bree déteste Fangs. Ça fait plus de quatre ans, mais elle déteste toujours autant Fangs parce que putain, il lui avait fait mal à l'époque, mais surtout parce qu'elle l'a revu ensuite. À plusieurs reprises. Et que littéralement, Fangs est un bâtard, c'est un chien galleux, c'est un fils de pute, elle a dû avoir des points de suture sur le bras la dernière fois à cause de lui ses crocs et elle pouvait pas dessiner pendant presque une semaine. Elle le déteste.

Fangs, c'est aussi le chef des Breaches, ceux qui font les cambriolages. Ceux qui vont venir ce soir.
Elle est en train de jouer aux cartes avec Scorpio quand l'alarme résonne pendant une demi-seconde, les alertant que quelqu'un essaie de rentrer. Aussitôt, les deux membres des Dregs sautent sur leurs pieds, et Bree fait signe à Scorpio d'aller vérifier que tout va bien en bas chez Ray. C'est un vieil hôtel particulier appartenant à un autre temps, qui en apparence tombe à moitié en ruines, même si l'intérieur est richement décoré. Il y a seulement un étage, mais Bree veut rien tenter. Pas avec les SM.
Scorpio s'apprête à se jeter dans les escaliers, qui mènent directement à la pièce dans laquelle ils sont, quand la fenêtre explose en mille morceaux. Littéralement. Et y'a une silhouette qui fond à l'intérieur, se relevant parmi le verre.
Putain, c'est lui. “ Ma batte, ” siffle simplement Bree, et Scorpio la lui envoie. Elle l'attrape à l'aveugle, les yeux fixés sur Fangs. “ Go get Ray. ” Elle se demande si il est venu seul ou si ils sont plusieurs. Elle s'en fout, au final: ne compte que lui. Oh elle le déteste. Elle le déteste. Scorpio file sans demander son reste en reconnaissant l'émotion dans les yeux de Floo. Elle arme ses petits bras, elle fronce les sourcils et puis y'a un sourire un peu dément qui s'élargit sur ses lèvres, ivre de rage et de bonheur à l'idée de retrouver son cher et tendre nemesis. Elle fait un ou deux swings pour se détendre les poignets et puis se met en position, comme si il allait lui envoyer une balle de baseball. Elle est prête à faire deux-trois home runs dans la gueule du molosse s'il le faut, même si elle a encore la trace de ses dents sur le bras, étoiles blanches sur la peau pâle, et qu'elle préférerait qu'il reste encore humain, pour une fois, ce con. “ Allez toutou, viens chercher le bâton, ” qu'elle grogne à l'asiatique, mille défis brûlant déjà dans ses yeux.

Spoiler:

fighters + i am being perfectly fucking civil

Karma, karma, come and dance with me read between the lies and set me free, imagine the beginning of the end and we don't need to ever talk again

C’est simple : ils entrent, piquent les documents et se barrent. Mais Mood les avait prévenus que les rats de Dregs fouineraient probablement les environs affamés qu’ils sont (les Dregs, c’est un drôle de mélange entre seum et vice – ils sont pas les rivaux des Shadow Moses pour rien). Mood lui a dit de prendre un backup alors il a pris avec lui ses meilleurs éléments : Ivy et Faith. L’une empoisonne à distance, l’autre dégomme au corps à corps. À trois, y’a carrément moyen d’y arriver sans trop suer et de rentrer au cimetière les mains dans les poches, le menton haut de fierté. Ouais, c’est tout con, pas l’genre de missions suicides qu’ils ont dû accomplir par le passé. Mais le facteur qui déroge tout c’est justement la présence des Dregs.

Les Breanches préfèrent les entrées fracassantes et ne font jamais dans la délicatesse ou la simplicité. Ça leur ferait trop de mal d’se ramener par la porte d’entrée – qui entre passe par la porte d’entrée, franchement ? Ils ont d’abord grimpé sur le bâtiment ciblé, fouiné le toit et les environs, senti la présence des rats et fait parchemin-pierre-ciseaux. « Oow, bae, t’as encore perdu », déclare Ivy faussement navrée pour sa meuf alors que Faith range rageusement sa barre de fer cloutée dans son dos. Parchemin-pierre-ciseaux, c'était pour savoir lequel irait en éclaireur. Elle peste encore un peu et embrasse Ivy rapidement avant de sauter du huitième étage. Rien de flippant, Fangs et Ivy ne s’inquiètent pas – well, le parkour c’est un peu leur spécialité aussi. Crac – il n’a même pas besoin de voir pour savoir que c’est Faith qui a atterri dans la zone prévue. Elle a beau être la meilleure au parkour, elle stocke tellement de rage, de seum et de sel qu’elle est incapable de taire le bruit. On pourrait l’entendre ouvrir les portes à trois kilomètres à la ronde tellement elle y met de la force et de la violence dans chacun de ses gestes. Aspen se tourne vers Ivy, un sourcil arqué, elle lui répond par son habituel sourire chaleureux – la dynamique entre ces deux-là, il ne la comprendra jamais. Mais ils retournent aussitôt surveiller les environs, en attendant que Faith leur fasse un signe.

Et bientôt, un pétard est tiré sur le côté gauche de l’immeuble, Numéro Deux et Ivy se mettent immédiatement à descendre les briques jusqu’au niveau trois, là où Faith a accroché son foulard rouge. Il laisse Ivy s’en saisir et l’enrouler autour de son cou pendant que Fangs brise d’un coup de pied la fenêtre déjà fragile du bâtiment. Il est le premier à s’engouffrer à l’intérieur, suivi d’Ivy, son ninja qui se met sans plus tarder en position, les mains dangereusement tout près de son corps (ils ignorent que c’est justement ses mains qui ont quelque chose de létal). Et comme attendu, ce sont les rats de chez Dregs qui leur tombent dessus. Interesting.

Fangs était justement d’humeur à planter ses canines dans la jugulaire de quelqu’un.

L’un des hommes de Floo fait demi-tour et prend la direction du couloir, Fangs lance un bref regard à Ivy qui comprend le signal et court sans faire le moindre bruit pour rattraper l’autre. Floo est trop préoccupée par sa présence à lui pour s’attarder sur le fait que Ivy est en train de poursuivre son sous-fifre. Il espère juste que l’autre type ne touchera pas à Ivy parce qu’il est certain que Faith en fera du pâté s’il arrivait quelque chose à sa copine. “ Allez toutou, viens chercher le bâton. ” Son attention retourne sur Floo qui agite sa batte. Instinctivement, il fait glisser sa langue sur ses lèvres, un sourire en coin les étirant. « T’es un peu trop confiante, Floo, tes cicatrices ont guéri depuis la dernière fois ? » Il commence un peu à tourner dans la pièce, Floo suivant immédiatement ses gestes, probablement attendant qu’il attaque le premier. Mais il a envie de jouer un petit peu, comme un chien qui tourne autour de son jouet préféré. C’est ce qu’elle est après tout.

Un nonos.

Ni plus ni moins. Sauf qu’il ne s’transforme pas en chien, les combats entre Floo et Fangs se font rarement sous sa forme véritable mais quand ça arrive, c’est toujours tellement messy. Alors il fait un pas après l’autre, change de sens, épie le moindre de ses mouvements. Et puis attaque, évite de justesse la batte qui traverse tout près de sa tête et lui envoie un uppercut. Il n’aime pas quand elle a sa batte – ça le déconcentre. C’est comme si elle avait un bras en plus, déjà qu’elle lui donne l’impression d’être une araignée et il a juste envie de l’écraser.  

Bree n'en a rien à foutre que l'autre court après Scorpio. Tout ce qui l'intéresse, c'est la sale tronche d'Aspen. Elle attend le premier frémissement, la première touffe de poils. Bree L'Idée Fixe qu'on aurait pu l'appeler: elle est persuadée qu'il va se transformer et qu'il va la mordre, ce fils de pute. Il l'a empêchée de dessiner. Elle essaie de se concentrer sur cette idée, qui la fait lentement perdre pied, elle se sent elle-même grogner comme si c'était elle, le chien. Elle se souvient de la douleur de la morsure, et y'a encore ces putains de cicatrices que même les mains de soigneur de Wolf peuvent pas  effacer. « T’es un peu trop confiante, Floo, tes cicatrices ont guéri depuis la dernière fois ? » Elle gronde, un peu malgré elle, son joli visage se froissant d'une expression outrée et énervée. “ Fils de pute, ” qu'elle grogne, parce que ça a besoin de sortir. Ils se mettent à bouger, autour de la pièce, et Bree oublie complètement Ray et Scorpio et Minyard et Wolf et les Dregs: ne comptent qu'Aspen et ses crocs, qu'elle s'attend à voir surgir d'un moment à l'autre.

Pas cette fois. Elle s'attendait tellement à ce qu'il se transforme en chien qu'elle a frappé maladroitement et qu'il lui a foutu un uppercut dans l'estomac, se rapprochant trop vite; elle voit trente-six baguettes et elle recule, en se forçant à respirer et à le tenir en garde avec sa batte (elle va tellement lui écraser la tête), réprimant l'envie de tomber à genoux parce qu'elle a mal au ventre et que tout air vient de quitter ses poumons. “ Fils de pute, ” insiste-t-elle, au cas où il n'aurait pas compris tout le bien qu'elle pense de lui. Elle déteste quand c'est son adversaire qui fout le premier coup; c'est jamais de bon présage.
Mais ça a le mérite de l'énerver. “ J'vais t'tuer, j'vais t'tuer, j'vais t'tuer, ” qu'elle se marmonne, plus à elle-même qu'à lui, forçant de l'air à rentrer dans ses poumons et de l'oxygène dans ses veines. Elle est tout focalisée sur lui et quand il s'approche de nouveau, la batte fait un arc de cercle parfait et le cueille à l'épaule là où il s'est penché pour esquiver; et tel un joueur de baseball, elle laisse tomber l'arme en bois pour mieux se jeter sur lui, profitant du momentum pour le faire tomber parterre, profitant aussi du fait qu'il ne soit pas transformé en chien.

Et les coups de se mettre à pleuvoir, tant qu'elle a le dessus, sa mâchoire et son crâne et son arcade en cibles. “ Mes!! Cicatrices!! Vont!! Très!! Bien!! Fils!! De!! Pute!!!!”