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sujet; VIKTORIA#2 • The answer's always yes |
| Amelia's Flat & 13 jan. 2003
Is someone in the crowd the only thing you really see ? Watching while the world keeps spinning 'round ? Somewhere there's a place where I find who I'm gonna be A somewhere that's just waiting to be found Cela fait maintenant un mois que Viktor se prépare à redevenir Morrigan. Cela fait presque dix-neuf ans qu'il arbore sur son dos le tatouage, ou plutôt le sceau, de sa transformation en homme. Lorsqu'il y regarde de cette façon, il réalise qu'il a tout de même passé plus de temps dans le corps d'une femme que dans le corps d'un homme. Il s'est donc, assez étrangement, dit que redevenir une femme ne pourrait pas être si complexe que cela. Il suffit d'inverser le sceau. Lorsqu'il est revenu de sa visite à Sasha, ce dix-huit décembre, il a tout de suite su que c'était cela, qu'il fallait faire. Il aurait pu trouver d'autres stratagèmes, des couches de sortilèges à mettre sur son visage masculin, comme il a pu le faire à l'inverse, fut un temps. Il avait cependant peur des effets que cela pourrait avoir sur son corps. Il avait peur de la redondance de ce genre de surenchère, et de finir éternellement coincé dans un entre-deux qui finirait très certainement par le tuer. Il ne devait pas se transformer en femme, mais redevenir une femme. Dit comme ça, ça a l'air si simple.
Il a mis un mois à réussir à trafiquer assez profondément son tatouage. Entre l'ouverture de la boutique, les erreurs d'Arnold, les visites à Sasha et les multiples interruptions qui le faisait toujours reprendre de rien, Viktor n'a pas toujours eu le temps ou l'énergie de s'y consacrer. Il avait hâte d'en avoir fini, et en même temps était terrifié du résultat. De manière générale, il essaye de ne pas y penser. Il n'en parle à personne. Pas tant par méfiance que par incapacité à formuler ces simples mots : Je vais redevenir Morrigan. Il essaye de ne pas y penser, de ne pas réfléchir à ce que cela implique. S'il commence à se dire qu'il est en train de faire pour Sasha la pire chose qui soit, la chose qui pourrait le faire le plus souffrir, il n'arrivera pas à aller au bout. Quelque chose, cependant, en lui, sait qu'en arrivant au bout de ce projet, il y perdra une part de lui-même. Il y aura, en lui, quelque chose de profondément cassé. Il refuse de se demander si Sasha l'aimera encore, en le découvrant ainsi, hybride, sale, taché. En même temps, les questions continuent de filtrer et de polluer son cerveau, en même temps que ses doigts tracent comme par réflexes des tatouages inédits sur sa peau détestable. Et si quelqu'un le croise en Morrigan ? Et si quelqu'un la reconnaît ? Et si quelqu'un le reconnaît ? Et si quelqu'un fait le lien ? Et si quelqu'un le dénonce ? Et si Sasha s'en fiche ? Et si Sasha le préfère comme ça ? Et si quelqu'un le juge ? Et si cela ne marche pas ? Et si le tatouage se bloque, se dissout, et qu'il ne peut jamais reprendre forme masculine ?
Un mois, dans le silence, à se morfondre et à essayer que personne ne voie que quelque chose, au fond, ne va pas. De nombreuses fois, Samaël est venu le voir et lui a raconté des rêves étranges, qu'il aurait du comprendre, mais qui lui échappaient toujours. Et Viktor, lui, parfois, entendait qu'il y avait un rapport avec Morrigan. Il n'a rien dit, à aucun moment. L'idée que Samaël sache lui est insupportable. Le seul à savoir, c'est Arnold. Il devait savoir, Viktor a du lui dire, au cas où quelque chose de grave n'arrive, ou qu'ils se croisent à Ste-Mangouste. Il ne lui a, cependant, pas parler de comment. Il ne lui a pas expliqué à quel point cela lui ferait mal, et à quel point il allait en souffrir. Parler de ce genre de chose à Arnold lui est impossible. Arnold ne doit pas savoir que son père est faible. Même s'il le pense sûrement, Viktor n'est pas capable de consciemment lui donner des informations pouvant le conforter dans cette opinion. Si Arnold lui demande, alors oui, Viktor a la situation parfaitement en main.
Aujourd'hui, le tatouage est terminé. Aujourd'hui, Viktor va voir Sasha en tant que Morrigan. Il a récupéré des vêtements, du maquillage, des chaussures, tout, pour que l'illusion soit parfaite (que le retour à la réalité soit parfait). Il est habitué à se travestir, il l'a fait durant des années. Il sait, cependant, que s'il a tout affronté tout seul jusque là, il ne pourra pas supporter de se regarder dans le miroir, de voir une femme, et d'être seul. Il sait que cette épreuve, il ne peut pas la passer seul. C'est sans hésitation qu'il a décidé de l'affronter avec Amelia.
Ce n'est pas tant parce qu'elle est la seule à savoir qu'il a eu le corps d'une femme, que le fait qu'il veut qu'elle soit là, avec lui, à cet instant. Si elle ne l'avait pas su avant cela, il le lui aurait dit pour l'occasion. Ce n'est pas tant que les autres n'auraient pas fait l'affaire, après tout il y avait toujours Murtagh, que le fait qu'il voulait juste qu'Amelia soit là. C'était égoïste, absolument égoïste, car elle n'avait certainement pas besoin d'un nouveau fardeau ces derniers temps, mais Viktor avait décidé qu'il pouvait se laisser au moins un caprice, dans toute cette tourmente. Il a un peu honte de lui, car Amelia ne se doute de rien. Il est censé venir lui rendre quelques livres, et qu'elle lui explique un peu mieux comment marche son POW, avant qu'il ne doive partir pour l'hôpital. C'est censé être une interaction simple, banale, comme ils en ont presque tous les jours depuis la fin de la guerre. Ils parlent rarement des choses importantes, tous les deux : Sasha, Arnold, Edouard, le triumvirat, les loups-garous, la guerre, sont rarement évoqués. Ils savent, cependant, que toute chose dont l'autre a besoin sera offerte sans conditions. Amelia pourrait lui demander d'héberger un loup-garou sous son toit qu'il le ferait, si c'était ce dont elle avait besoin. De la même manière, bien qu'il ne lui ai jamais parlé de son projet, il sait qu'elle le soutiendra sans sourciller dès qu'il lui en parlera. Il n'arrive pas à comprendre quand, ni comment, il s'est retrouvé si proche de l'Auror. Il se demande, surtout, à quel moment il a mérité d'avoir une telle chance.
Lorsqu'il sonne à l'appartement du Londres sorcier où séjourne son amie, il ne tremble pas. Il se demande comme il peut ne pas trembler. Il se souvient que, contrairement à maintenant, il ne tremblait jamais lorsqu'il était une femme. Il déglutit, ferme les yeux, a l'impression de sombrer un peu puis, enfin, Amelia ouvre la porte. Il respire alors qu'elle l'invite à entrer, parcourant rapidement la pièce centrale du regard. « Seth n'est pas là ? » Il soupire de soulagement alors qu'elle lui indique que non. Il a fait exprès de venir un soir où Seth est de garde mais, tout de même, il vérifie. Comme d'habitude ils se retrouvent dans la cuisine, elle lui raconte brièvement quelque chose, qu'il n'arrive pas à vraiment entendre, alors qu'elle se saisit du sac en papier qu'il tient à la main. Elle s'attend à ce qu'il y ai ses livres, mais ne voit que des vêtements pour femme. Elle lève les yeux vers lui, réalise sûrement qu'il n'a pas ouvert la bouche depuis qu'il est arrivé, et que quelque chose cloche. La langue de Viktor pèse une tonne alors qu'il articule très doucement :
« Amelia... Sasha ne va pas mieux. Elle n'ira jamais mieux, si je ne fais rien. Et... Et tout le monde, les médecins, et elle, et tous ses proches, ont besoin qu'elle aille mieux. Tout le monde a besoin que je fasse quelque chose et... Tout le monde sait que ce dont elle a besoin, maintenant, pour comprendre ce qu'il se passe, la personne qu'elle appelle tout le temps c'est... » Amelia a l'air d'avoir déjà compris, et c'est d'autant plus dur à dire que ce n'est peut-être pas nécessaire. Peut-être pas nécessaire, mais terriblement important. « Morrigan. » Il déglutit. « Ce soir, je vais la voir et cette fois j'irai... Enfin. Je serai en femme. Et je me ferai passer pour Morrigan Bagshot. » |
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HERO • we saved the world Amelia Cartwright | Amelia n’a pas un quotidien très amusant. Les choses ne se passent pas très bien au boulot, et elle a un peu de mal à trouver une raison de se lever le matin. Les éléments enthousiasmants dans sa vie se font un peu rares, alors elle se raccrochent à eux comme s’ils étaient son seul espoir. Il y a Seth bien sûr, toujours joyeux et plein de malice, comme avant. Il est un petit soleil dans ce quotidien morose, et Amelia se sent bien chanceuse de l’avoir en tant que colocataire. Mais il y a surtout Viktor, qui est devenu plus important qu’elle n’aurait pu l’imaginer. L’auror a toujours été plus du genre à mettre de la distance entre elles et les autres, à ne pas vraiment entretenir ses amitiés… Mais avec Viktor, c’est différent. Peut-être parce que lui-même est différent. Elle se réjouit toujours à l’idée qu’il va passer la voir, et elle est toujours ravie de savoir qu’elle peut passer chez lui pour manger un peu de tarte au citron, entre autres. Ils ont passé beaucoup de temps ensemble, ces dernières semaines, et ça a leur fait beaucoup de bien à tous les deux. Aujourd’hui, Amelia est en repos, et comme les visites à Azkaban ne sont pas encore autorisées, elle est restée chez elle, en pyjama, à zapper sur sa télé moldue, enroulée comme un burrito dans sa couette qu’elle a ramenée dans le salon. Elle s’est un peu goinfrée, aussi. Bref, ça n’a pas été la journée la plus glorieuse de sa vie. En fait, elle a passé sa journée à attendre ce moment : quand Viktor sonne à la porte. Elle a pris le soin de se rendre un poil plus présentable avant qu’il arrive, quand même. Il n’aurait sûrement rien dit, elle peut-être parfaitement elle-même avec lui, mais elle ne veut pas qu’il ait à supporter son style de loque, ils ont d’autres chats à fouetter. Elle l’accueille avec enthousiasme, heureuse de savoir qu’elle est enfin arrachée à sa solitude et à sa déprime. « Seth n'est pas là ? » demande Viktor en entrant. « Il est de garde toute la nuit, on est tranquilles. » Non pas que la présence de Seth ne soit pas souhaitée, mais… Il est vrai qu’Amelia et Viktor préfèrent être tous les deux. Presque machinalement, ils se dirigent vers la cuisine - c’est entré dans leurs habitudes. Amelia sort du soda moldu et raconte à son ami le scénario du film super étrange qu’elle a regardé dans la journée. Le cinéma moldu peut être si étrange parfois - fait-elle remarquer avec de l’amusement et un poil d’exaspération dans la voix. Viktor ne répond pas, ne fait même pas un effort pour alimenter la conversation, donc elle comprend aisément que quelque chose ne va pas. Une fois qu’elle a posé deux verres sur le plan de travail, elle le décharge du sac en papier dans lequel elle pense trouver ses livres. Mais quand elle met le nez dedans pour se remémorer lesquels elle lui avait prêtés, elle ne trouve pas du tout ce qu’elle s’attendait à trouver. Naturellement, elle fronce les sourcils, cherche une explication à ce qu’elle vient de voir, et relève les yeux vers celui qui est de loin le meilleur ami qu’elle ait jamais eu. « Amelia... Sasha ne va pas mieux. » Elle n’a pas besoin d’entendre un mot de plus pour comprendre. Ce qu’il y a dans ce sac, bien sûr que c’est par rapport à Sasha. Elle aurait du voir, elle aurait dû remarquer. Amelia laisse Viktor continuer, plus parce que sa gorge se noue que parce qu’elle a besoin d’entendre ce qu’il a à dire. « Elle n'ira jamais mieux, si je ne fais rien. Et... Et tout le monde, les médecins, et elle, et tous ses proches, ont besoin qu'elle aille mieux. Tout le monde a besoin que je fasse quelque chose et... Tout le monde sait que ce dont elle a besoin, maintenant, pour comprendre ce qu'il se passe, la personne qu'elle appelle tout le temps c'est… » La blonde se crispe un peu, comme si ça la faisait souffrir elle aussi qu’il prononce le prénom. « Morrigan. » Le visage de l’auror est immobile, elle a tout compris mais une part d’elle ne veut pas assimiler ce qui est en train de se passer. « Ce soir, je vais la voir et cette fois j'irai... Enfin. Je serai en femme. Et je me ferai passer pour Morrigan Bagshot. » Amelia penche légèrement la tête sur le côté. Elle sait, elle sait que c’est terrible parce qu’elle ressent de la douleur elle aussi. Elle est tant attachée à Viktor qu’elle le ressent. Elle baisse de nouveau les yeux sur le contenu du sac. Un silence s’installe, et elle finit par relever les yeux vers le blond. « Vik... » Elle aimerait lui dire qu’il peut attendre, qu’il n’a peut-être pas besoin d’en arriver à cette extrémité. Que le temps va faire son effet, que Sasha finira par comprendre, qu’il doit juste être patient. Mais elle ne le fera pas. Parce qu’elle n’a aucune garantie. Parce qu’ils ont tous les deux vu que malgré les visites, rien ne s’arrangeait, et que sa femme ne semblait pas être sur le bon chemin. Elle ne va pas essayer de l’en dissuader. Parce qu’elle sait pourquoi il le fait. Il aime Sasha si fort, si fort, qu’il fera tout. Et plutôt que lui dire que ce n’est pas la bonne solution et qu’il finisse par partir, vexé, elle préfère l’accompagner et porter un peu de son fardeau. Le silence s’est un peu enraciné quand elle décide de sortir de sa réflexion, en sortant du sac les vêtements et accessoires féminins que Viktor a apportés. Elle les contemple avec une drôle de moue. Elle a mal, vraiment. Ça lui fait mal. Elle finit par le regarder de nouveau, et par se poster devant lui, résolue. « Qu’est-ce que tu as besoin que je fasse? » Il y a de la tristesse dans son visage et dans l’éclat de ses yeux. Mais bordel elle fera tout pour que ce soit le moins pénible possible. Et si elle doit le ramasser à la petite cuillère, elle le fera. |
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