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sujet; ARANYSS#11 ⊹ million eyes
MessageSujet: ARANYSS#11 ⊹ million eyes   ARANYSS#11 ⊹ million eyes EmptySam 18 Mar 2017 - 23:10

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― MILION EYES  ―



DECEMBRE 2003.« Nyssandra … Please. », il y a encore la nausée de la vision qui t'écorche le coeur, la peur qui te malaxe le ventre. Et tu veux juste dégobiller, rendre ton déjeuner sur les chaussures de ses enfoirés. « L-Let me see her. », le souffle s'extirpe difficilement de la bouche dans un gémissement douloureux.Pitoyable, tes ongles s'accrochent aux vêtements des aurors, suppliant pour de la pitié non-méritée. Monstre, tu t'écorches, t'accroches à ce que tu vas fatalement laissé, délaissé. Tu ne veux pas l'abandonner, les abandonner. Nyss et la vie qu'elle porte dans son ventre rebondi. Gwen qui te manque. Et ton père, putain, tu sais même pas si il va s'en sortir, si tu vas pouvoir lui dire toutes ces choses mastiquant ton coeur. « Fuckin' death eater, il y a une expression de mépris dans la voix, une peur latente aussi. Go to hell, we don't care about your matters … But, she is pregnant. » Un rire attrape ton coeur, sardonique, rythmique d'une agressivité greffée à ton ventre. Il pulse sous le fil de tes veines, bercé par des : « Pas mon problème de ton bâtard. » Ils n'ont aucun coeur comme aucun d'entre vous n'en a eu, comme jamais vous n'en avez eu. Dans cette guerre, au final, les uns et les autres, vous avez joués et vous avez perdus. C'est un peu normal qu'ils demandent leur dû, les invaincus. C'est un peu normal que tu sois plus qu'un autre monstre Lestrange.

Tu aurais juste aimé dire « au revoir ».


JANVIER 2004. Les odeurs de magie noire t'enlacent, te crevassent. Elles grattent la peau à l'acide, aussi sûrement que le sel de la Mer du Nord gèle tes os, nuits après nuits. Au moins, il y a pas de détraqueurs. Le temps passe lentement. Ils disent que tout a été rénové, que tout a été effacé pour vous humaniser et non vous humilier. Tu as juste envie de leur rire au nez, de leur montrer toutes les fissures gravé de magie noire, cousues de désespoir, mettant le foutoir en toi. Ton don pousse, brutale, infernale, pour te montrer ce qui s'est passé ici, ce qu'ils ont ressentis. Inlassablement, impitoyablement, ceux qui sont morts, ceux qui sont devenus tarés, ceux qui se sont égarés viennent frapper ton cœur, trébucher sur tes erreurs, ouvrant le royaume de tes terreurs. Et c'est con comme tu as peur. C'est con comme tu te stoppes, bloques à certains endroits, que tu décides d'en éviter d'autres. Tu as promis de tenir, de revenir, de lui revenir.

De visite en visite, tu vois le ventre s'arrondir, s’alourdir. Il y a un peu de colère à réaliser que tu ne verras pas cette vie grandir, mûrir. Il y a un peu de déception à réaliser que Maman avait raison. Il y a un peu de tristesse à se prendre à considérer que Papa ne mentait pas. Les traumatismes fleurissent sur les murs, les nuits s'écourtent, le souffle se coupe, en même temps que l'appétit s'estompe, succombe. Tu maigris, tu te fatigues, certains même iraient jusqu'à dire que tu dépéris. Tu en ris, tu dis que tout va bien, tout va toujours très bien.

Tout va bien, même avec ton codétenu dans le dos. Le loup-garou dort à quelques mètres de toi, et tu es persuadé qu'il va finir par te croquer, te bouffer. Il parle traitement expérimental, tu comprends d'avantage animal sans muselière, ni laisse, affamé de chaire fraîche. Tu évites de trop t'approcher, voir même de lui parler. Et lentement, doucement, une ligne imaginaire s'est dessinée, séparant la cellule en deux. Souvent, tu n'offres qu'un regard méprisant au demi-sorcier, au sang dégueulasse osant partager ton air. Un rictus de haine a souvent dépassé ta pensée lorsque tes yeux se posent sur la gueule cassée, abîmée de l'ancien belliqueux. Il est hideux avec son œil aveugle, ses traits fracassés. Souvent un haut-le-cœur te secoue, tu comprends pas pourquoi on l'a pas fait piquer, pourquoi il ne s'est pas suicidé. Mieux vaut crever plutôt que de se laisser contrôler, agenouiller.

Les pensées s'envolent, éternelle ritournelle sans queue ni tête avant le sommeil. Morphée vient toujours tard mais il finit par t'emporter, t'envelopper. Peut-être qu'il y a un peu de clémences dans ce monde. Peut-être que tu t'habitueras à cette « vie-là ».


01 FEVRIER 2004.Nyss a mal. Elle hurle, les larmes dégoulinants sur son beau visage, creusant des sillons de douleur, d'horreur. Le sang coule entre ses cuisses. Elle crache que tout est de ta faute. Tu veux t'excuser, la supplier de te pardonner. Tu jures que tu ne l'as pas fait exprès, que tu n'as jamais voulu la laisser. Il est trop tard, elle ne t'aime plus. Tu l'as abandonné, tu l'as laissé seule. La boule explose à ton visage, elle crache qu'elle ne veut plus jamais te voir, qu'elle n'aurait jamais du perdre son temps. Elle va divorcer, elle va tout oublier. Elle va t'oublier.

Fini, fini, fini, fini..
Elle ne t'aime plus.

(Tu t'éveilles toujours en sueur. Les rêves sont cruels, tu trébuches toujours en allant à la salle de bain commune, en t'aspergeant le visage d'eau. Tu rends même parfois ton maigre repas.)


14 FEVRIER 2004.La douleur vive t'arrache un grondement. L'alliance chauffe contre ta peau, véritable menace d'un danger. Elle survient en vagues brûlantes, écrasantes, prêtes à te déchirer, à te dévorer. « What the hell ? Le souffle est une agonie dans tes poumons, autant que la chaleur dégagée par le métal. Elle te crame la peau comme si une vie en dépendait. Les yeux s'écarquillent, s'agrandissant plus violemment, plus gravement. Merlin ! Il y a presque un hurlement, une réalisation dans la souffrance. Nyssandra. » Tu te souviens de ses mots, en se tenant le ventre, de cette crainte de se faire prendre le bébé, arracher ce qui lui reste de toi, de vous. Elle avait tellement peur, tellement d'horreur dans la voix. Vous avez vus Scorpius se faire enlever à Draco, puis les jumelles de Pansy propulser dans une autre famille. Inlassablement, la sentence est tombée ; Les sang-purs sont devenus incapables de faire les choses biens, incapables d'élever leur enfants. Les droits se sont réduits comme peau de chagrin, accablé de malheur, vous avez juste à subir, à vous taire.

« Merde ! Merde ! Merde ! », les mains passent dans tes cheveux. L'impuissance se dessine, te léchant à même le coeur. Monstrueuse, elle te bousille, t'arnaque, te détraque. Tu veux sortir. C'est une première depuis deux mois à arpenter la prison. C'est une première depuis qu'on te parle de retourner en procès quand tout sera retombé, calmé. Tu n'as jamais pensé à ça. Tu n'y as jamais cru. Tu t'es dit que tu ferais tes années, que tu n'avais pas besoin de t'en tirer, que tu l'as mérité. Il y avait un certain apaisement à l'idée de ne pas lutter, de renoncer. Tu te jettes sur les barreaux, cette nuit-là : Tu dois sortir. « Laissez-moi sortir ! Le cri est atroce, la panique se dévoile faisant trembler ta voix. M-Ma femme a besoin de moi. » Nyss a peur, mal. Nyss a besoin de toi. Ils ne peuvent pas prendre votre bébé. Ils ne peuvent pas lui retirer, il ne lui reste que ça.

Tu fais trembler les barreaux, t'écrasant dessus inlassablement, hurlant comme un damné que tu refuses de l'abandonner, de renoncer. Sortir. Sortir. Sortir. Le mot tourne dans ta tête, se cogne à tous les coins, l’obsession s'esquisse te brûlant les veines, te cramant la peau, mâchant ce qui te reste de raison. La logique t'a désertée, ne laissant qu'une peur latente, puissante. « Laissez. Un coup contre les barreaux. Moi. Les livres se suicident contre le mur d'en face. Sortir. » Craches-tu, en ne comptant plus les ecchymoses qui fleurissent à même ta peau. Des murmures s'élèvent, des lumières s'allument, on te demande de la fermer, de te calmer. Certains rient aussi, on rit de ta folie. La retrouver. La retrouver. La re-.

Et brutalement, tu bascules dans le noir, roulant aux pieds d'Edouard, assommé.


18 MARS 2004.Un rire moqueur trébuche à quelques centimètres de ton oreille : « Tu as enfin de la visite, Lestrange. ». Le gardien a un sourire de requin, d'assassin. Depuis cette fameuse nuit, il te harcèle pour sortir du mutisme dans lequel tu t'es enfermé, dans lequel tu t'es vautré. Il est dur de te tirer le moindre mot. Théo l'a fait, avec juste quelques mots bien placés, une confiance soigneusement cultivée. « ça faisait combien de temps ? Un mois ? Claque-t-il de la langue. Tu roules des yeux, foncièrement méprisant, le jugeant inintéressant. Il y a un rire dans sa voix. Tu dois être content. » Tu en as rien à foutre d'être content, tu es juste un putain d'aimant d'indifférence, de froideur. Le gel s'est greffé à ton coeur trop blessé. Froidement, tu te promets de le tuer, de lui arracher sa putain de langue et de l'enterrer.

Machinalement, tu te lèves. Simplement, tu le suis, déconnectant de son babillage habituel, sempiternel. Tu as cessé de réfléchir en ne la voyant pas revenir. Tu penses comprendre la douleur, l'inquiétude. Tu sais que tu ne peux pas la rassurer ou tout arranger, réparer. Tu aimerais pourtant, tu te damnerais pour ça Tu bouges doucement, lentement. Jour après jour, tu vis. Tu ne fais même pas attention à la tempête qui rugit dehors. Tu lis sans lire, perdant la saveur des choses. Tu entres dans la bulle, te préparant déjà à te retrouver face à ton avocat. Tu l'entendras parler pendant une heure et tu retourneras bouquiner.

« Nyssandra ? Le prénom s'échappe, dérape, appuyant sur les cordes vocales trop peu utilisées ses derniers temps, instants. Elle est là, à quelques mètres de toi, le ventre étrangement plat. La surprise se peint sur tes traits, s'accrochant à ta bouche doucement, lentement. Il y a l'envie de la toucher, de vérifier que tout va bien, mais tu sais que ça ne sert à rien. La bulle s'envole, offrant un semblant d'intimité. T-Tu vas bien ? » La timidité fait trembler ta voix, tu réalises ce que tu as loupé, ce que tu as délaissé ; Je suis désolé, je n'aurai pas dû te laisser. Je sais ce qui s'est passé. Je sais ce qui t'a blessé. Lentement, doucement, tu ouvres les bras, tout cela restera bloqué dans le fond de tes yeux, sur le creux de tes mots ; « Viens là. ». Viens là où personne ne peut nous toucher.
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ARANYSS#11 ⊹ million eyes

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