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sujet; JIMBO • Strange highs and strange lows

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Appartement de Boris Bagshot
There'll be times When my crimes Will seem almost unforgivable. I give in to sin Because you have to make this life livable.
6 SEPT. 2003 James pousse un premier grognement dès le réveil. Il a mal à la tête. Il déteste avoir mal à la tête. On a bu hier, c'est de ma faute. Il déteste quand on boit. Il grogne, encore, parce qu'il y a la lumière du jour qui filtre des rideaux et qu'il a juste envie de dormir. J'ai abusé hier, je crois. Je me souviens de pas grand chose, juste que comme d'habitude, quand Bacchus nous fait sortir, on boit, et comme d'habitude on est très vite très bourré, et que j'aime bien quand James est bourré. Quand James est bourré, le loup en lui se calme, il devient tout flou, et même si je suis flou moi-même.... au moins le corps de James m'écoute plus moi que lui. Je rigole plus, je parle plus, et Bacchus me dit que je raconte des trucs bizarres. Il s'en souvient pas toujours, et quand il le fait je comprends rien à ce qu'il me dit, mais ça fait des trucs bizarres dans mon ventre, et James grogne. Alors je ne sais pas, je suis curieux, je suis maso, je ne sais pas, j'attends juste avec impatience ces soirs où on boit avec Bacchus, parce que je me sens rarement autant moi-même.

Et ce, même si le lendemain James m'en met plein la tronche. Là, par exemple, il a vraiment mal, et il se réfugie sous les draps, vers la source de chaleur. Du bout des doigts, il touche soudain une peau nue. Ca le réveille d'un coup, il ouvre les yeux, et effectivement, c'est un corps nu qui est avec nous sous les doigts. Je déglutis, soudain très inquiet de ce que j'ai pu faire hier soir. Fébrile, il remonte le matelas et finis par découvrir le visage de la personne avec qui nous avons visiblement passé la nuit.
Bien sûr, c'est ce que je crains, et on découvre le visage d'un homme.
Putain ça va chier.

James hurle, un hurlement qui est un grognement rauque, alors qu'il crache soudain sur le lit et qu'il fait un saut de presque deux mètres en arrière. Au passage il fait tomber une lampe de chevet, qui explose en arrivant au sol. Hystérique, il regarde autour de lui. Nous sommes dans un appartement, un riche appartement, pas le nôtre, pas celui de Rick, pas celui de Bacchus. Etranger, étranger, on connait pas, on le connaît. Il grogne, encore, encore. Il recule contre le mur, avise des photos de l'homme sur le lit, les jettent au sol, puis jette aussi le meuble, puis grogne encore, puis hurle.
Le poing explose ma joue alors que j'essaye vainement d'essaye de reprendre le contrôle sur le loup qui est en train d'exploser. Je tousse, je crache du sang, ça fait mal putain. Moins mal que tes putains de souvenirs de merde. me hurle-t-il dans un grognement. Un miroir y passe, des livres tombent sur notre passage, il réussit enfin à sortir de la chambre, juste occupé à ne plus voir le corps d'un autre homme tâché de nos morsures, de nos caresses, de nos souvenirs de la veille qui commencent à remonter aussi vite qu'il essaye de les supprimer.

Il finit par retrouver le chemin de la salle de bain. Après avoir envoyé valser tous ce qui a pu se trouver sur le lavabo il l'actionne pour une eau glaciale où il plonge la tête. L'eau nous rafraichit la tête, nous aveugle, nous refroidit un corps brûlant et tendu. Je ne sais pas ce que je suis censé faire. James est aveugle de rage, il est violent, actuellement, et il a faim de sang et de violence pour chasser l'odeur abominable qui pollue son corps. Il me promet, dans un grognement cracheur d'eau, qu'il trouvera des femmes ce soir, plusieurs femmes, et qu'il leur fera des louveteaux pour laver cet affront. Il se sent sale, monstrueux, faible et il n'arrive pas à comprendre pourquoi son corps lui désobéit ainsi. Il me hait comme il m'a rarement haï. Et moi je me terre au fin fond de notre crâne, en demandant pardon, en essayant vainement de ne pas me souvenir, de ne pas me souvenir....

Un bruit, et James et sur son séant, les yeux fous, dégoulinant d'eau. A la porte de la salle de bain, se tient notre amant d'hier soir. Je me souviens enfin de lui, il est parfois dans les magazines, et parfois au Ministère. Notre regard s'arrête sur son bras, et sur son tatouage, et le loup réalise soudain qu'il n'a pas le droit de le tuer. Je réalise, du coup, que ce tatouage vient de sauver la vie de ce qui semble être un simple gamin. Ca fait grogner le loup, qui enrage, qui veut juste laver par le sang ce qu'il s'est passé hier.

J'arrive finalement à trouver le chemin vers les  lèvres de la bête, pour articuler un haineux : « Quoi ?! » puant de rage, d'alcool, de violence et de quelque chose comme la peur de ce qu'on a pas d'autre choix que de haïr.


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jimbo
You broke me down Mentally Gonna take you down Violently When I close my eyes I think of how you died Died in me So violently
6 septembre Avec le temps, tu avais pris l’habitude de toujours te réveiller avant les personnes avec qui tu passais la nuit –du moins, dans la mesure du possible. Ça n’était absolument pas dans un souci de pouvoir admirer le partenaire dormir paisiblement lové entre tes bras fermes et maigrichons, encore moins pour te sentir lové de la sorte. Contrairement à ce que tu affirmais dans l’interview de cet été, tu n’étais absolument pas du genre à t’épancher en niaiseries de la sorte (« Bien sûr que je suis toujours aux petits soins avec ma princesse ; vous savez ce que je préfère ? l’admirer dormir le matin ; je me réveille exprès avant elle ! » Après coup, Astoria t’avait tellement jugé que tu ne regrettes rien).
L’idée était bien plus pragmatique que ça ; c’eût été simplement pour te recoiffer, recoiffer l’autre, fuir ou ne pas être en retard au Ministère, tu mettais un point d’honneur à ne pas te laisser surprendre par ton compagnon de chambrée et, dans le cas où ça s’ébattait chez toi, encore moins à te laisser surprendre par tes colocataires au petit matin. Tu refusais catégoriquement de laisser pendre une chaussette sur ta poignée ; c’était d’une inélégance, et ça les dépareillait.

Réglé comme une horloge, tu ouvres les yeux aux aurores. Réduis tes mouvements au strict nécessaire, afin de ne pas réveiller l’autre ; pas avant que tu ne remettes un visage sur celui qui s’était visiblement bien chargé (voir déchargé) de toi la nuit dernière. Une grimace en te massant le bas du dos, les orteils agrippés au matelas. Tu soulèves les draps entre deux doigts ; haussement de sourcils. Oh – et bien, bien joué Boris. Tu te surprends toi-même à te bouffer de chaleur en découvrant la nappe de bouclettes se cassant sur cette figure taillée dans le marbre.
Pas totalement inconnue. Tu reposes le drap, te rallonges l’air de rien, feignant dormir d’un œil, le temps de te rappeler – tu as les empreintes de ses doigts encore imprimées sur les épaules et tu ne préfères pas savoir où – ah, les rafleurs ; tu avais suivi de loin une troupe de rafleurs après le service. Eux aussi pouvaient être réglés comme des horloges, surtout quand il s’agissait de s’en descendre une. Et disons qu’hier soir, tu avais soudainement appris à apprécier davantage leurs plastiques irréprochables et leurs gueules cassées, plutôt que de déprécier leurs sales manières.

Tu t’étais glissé dans le fond du pub, discret et courtois ; on aurait dit une meute de chasseurs armés de leurs chiens. Tu avais plusieurs fois été bousculé par les plus sauvages d’entre eux, de véritables loups-garous aux ordres du Magister – chapitre 36 de ton bouquin sur les Monstres humains. Une merveille, particulièrement quand ils déambulaient sans gêne sous leur forme de demi-loup ; la plus affreuse de toutes, puisqu’à mi-chemin entre l’humain hargneux et le superbe animal.
C’était pour ça que tu les avais suivis. Pour ce ça babillant des étrangetés à la barbe de ses collègues. Ce ça si jeune et fébrile ; qui puait l’instabilité et le rêve de chair.
Ce ça roulé en boule sous tes draps.

Un sourire en coin franchit ta bouche, satisfait de pouvoir rajouter une pareille créature à ton petit tableau de chasse personnel, qui commence d’ailleurs à s’agiter sous la lumière croissante. Tu vas pour le cueillir au réveil lorsqu’il bondit du lit. De stupeur, tu te recules aussitôt contre le mur, alors qu’il s’écrase au sol, comme possédé – effectivement, il était possédé. Tu te figes, terrorisé et fasciné par cette rage sortie de nulle part. Tes yeux vont et viennent de lui à ta cape dans laquelle tu avais probablement laissé ta baguette. Tu n’essayes en aucun cas de l’arrêter, espérant te faire oublier, afin de ne pas finir comme les meubles et les cadres photos.
Il disparaît dans la salle de bain, tu te précipites sur ton manteau d’où tu extirpes ton arme, fauchant au passage ton affreuse robe de chambre en velours dans laquelle tu t’enroules. Prudent, tu te glisses jusqu’à la porte, te forçant à paraître impérieux – après tout, tu étais celui qui portait la marque de la mort.

Il est quand même vachement beau, congrats Boris. Aussi beau que dangereux, visiblement. Tu le mets en joue, le menton levé, tes articulations blanchissant de trop serrer ta baguette.
« Oh, ça sait parler, en fin de compte ? » tu as l’impression d’avoir déjà entendu cette réplique, il y a très longtemps. « Besoin d’une piqûre de rappel ? » impie, tu pries tous les grands mages pour que ta baguette et ton statut imprimé sur ton bras lui confèrent suffisamment de garde-fous. « Tu n’as pas l’air de bien tenir l’alcool ; ton gros collègue barbu n’a pas rechigné quand j’ai voulu te garder – on aurait même dit qu’il était jaloux ; nous sommes chez moi, évite de hurler, j’ai des colocs. » et donc de potentiels témoins. Bon, il ne s’agirait pas non plus de nous l’énerver en te fichant ouvertement de sa belle gueule. « Si tu veux déguerpir sur-le-champ, je t’en prie, ce n’est pas comme si j’assumais non plus » haussement d’épaule ; comme quoi, Smith avait eu raison de te le marteler.
- Ils ont sensiblement les mêmes boucles.
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Appartement de Boris Bagshot
There'll be times When my crimes Will seem almost unforgivable. I give in to sin Because you have to make this life livable.
James aime pas les baguettes. Ca bouge, ça fait de la lumière et c'est violent, très violent. Dès qu'il en voit une il a envie de les péter en deux et de les jeter dans les flammes. Il en crève d'envie, là, maintenant, ça bouillonne dans sa tête et je le sens fixer le bout de bois avec des pulsions de violence. Je vais lui briser et lui enfoncer dans le cul, à ce bouffon de... Il ne termine pas sa phrase, parce qu'un mal de crâne ignoble nous coupe tout de suite. On entends distraitement l'autre parler, mais on est trop occuper à grogner de douleur face à ce quelque chose dans le crâne qui nous empêche d'articuler quoi que ce soit de.... « J'aime le Lord j'aime le Lord j'aime le Lord » encore un grognement, un poing qui percute un meuble, qui laisse un trou dans le bois, puis de nouveau la tête sous l'eau, la respiration sifflante, la rage impossible à contenir entre les dents serrées. James a la mâchoire qui le démange et le petit cou du petit bouffon est bien trop tentant.
« Si tu veux déguerpir sur-le-champ, je t’en prie, ce n’est pas comme si j’assumais non plus. » L'accent menaçant de sa voix réveille de nouveau James, le ramène dans la conversation, le fait quitter l'eau d'un mouvement brusque, faisant voler ses cheveux longs, éclaboussant sûrement l'adversaire plus proche que prévu. « C'est une menace ? » La voix gronde, menaçante, et un étrange sourire éclaire mon visage. James adore qu'on le menace, ça lui donne l'autorisation d'être menaçant à son tour, et ça le fait rire. Je déteste quand il rigole, et il rigole d'autant plus. Il ricane déjà, doucement, les yeux fous inquiétants d'amusement. « Tu crois que tu me fais peur, avec ta petite baguette et tes menaces toutes rondes ? » Il oscille doucement d'une jambe sur l'autre, impatient, instable, le regard avisant un peu tout dans la pièce, s'arrêtant parfois sur le mec et sa baguette, et ça le fait sourire à chaque fois. « Je sais ce que tu as fait, sale monstre, et tu te prétends un homme ? » Il crache sur le sol, au milieu des divers produits digne de meuf qui jonchent le sol, ça le fait rire, encore. « T'étais la putain de gonzesse de nous deux, comment tu peux essayer de me regarder maintenant ? » Ca lui donne envie de gerber, mais ce serait faible, de gerber, il a juste envie de lui arracher le cœur, à ce sale dégénéré qui veut nous faire la morale alors qu'il est sale, si sale, fucking disgusting.

Les insultes fusent, et avec elle les souvenirs, lui et moi nous souvenons encore et encore des détails de cette nuit maudite et c'est terrible. C'est terrible parce que je me souviens que je n'étais pas maladroit. J'étais bourré comme jamais, complètement saoul, je crois même que j'ai confondu ce gringalet avec Bacchus, si c'est dire. Et pourtant, je me souviens comment il m'a paru naturel de l'embrasser, de l'attraper, de l'allonger. Je sais que c'est moi qui l'ai cherché, je sais que c'est moi qui ai pris en charge, qui l'ai désiré, qui l'ai.... Cela me laisse perplexe pendant que James, lui, s'approche doucement, un pas, deux pas, avec un sourire goguenard qui met l'autre au défi de lui faire quelque chose. Parfois, James a trop confiance en lui, et ne se souvient pas de ce que ça fait, la magie. Et bien sûr, notre baguette doit trainer sur le sol, avec tout le reste de nos fringues, d'ailleurs. Mais bien sûr, James s'en fout, parce qu'il chantonne tranquillement : « Bah alors, tu croyais quoi, que j'allais pleurer à cause de ton tatouage et de tes yeux tout doux ? » C'est un agneau, c'est un enfant, c'est un faible des immeubles et de la magie, qui ne connait rien aux règles de la nature, la vraie, celle qui vibre dans nos veines. Et il pue la faiblesse, l'autre, il la schlingue tant, par dessus même l'odeur qu'on a laissé sur lui, l'odeur de possession. Hier, cet homme était notre chose, et malgré ses efforts pour l'oublier, James ne peut pas s'empêcher de le considérer comme sa chose. « Je suis sûr que le Lord serait terriblement satisfait que je débarrasse ses rangs d'un malade comme toi. »

Et la perspective de satisfaire le Lord nous fait sourire, lui et moi, de ce sourire à pleines dents qui brûle de sentir le sang entre ses canines.


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jimbo
You broke me down Mentally Gonna take you down Violently When I close my eyes I think of how you died Died in me So violently
6 septembre Si tu sursautes, c’est uniquement parce qu’il t’éclabousse avec ses boucles trempées. En effet, quand tu as peur, tu ne le montres pas. Or pour ne rien montrer, il faut n’avoir rien à montrer. Quand tu es terrorisé, tu restes immobile ; souvent, seules tes mains s’activent, d’où la manière que tu as de lisser les poches de ta robe de chambre. C’est pas évident, le bras tendu prête aux tremblements.

« Je me prétends peut-être homme ; mais hier soir, tu avais l’air de savoir comment t’y prendre pour prendre un homme. » siffles-tu. C’est tentant de le provoquer. C’est tentant de lui rentrer dedans pour ne pas perdre la face.

Le plus difficile à supporter, c’est son dégoût. Il te renvoie à ta scolarité, à aujourd’hui encore, aux jugements et aux préjugés. Personne ne pourrait jamais comprendre. Tu sais, c’est pas grave d’aimer les hommes. Il n’y avait que ce lui qui avait compris. Et, même s’il restait anonyme, tu t’y raccroches aussi fort qu’à ta baguette, en cet instant.
Malgré tout, tu as le cœur qui se serre un peu plus que prévu lorsqu’il pointe du doigt ce à quoi vous vous étiez adonnés cette nuit. Tu ne dois rien laisser paraître. Tu n’es pas dupe, tu sais que c’est un loup et qu’il sent beaucoup de choses. Tu ne peux rien lui cacher, aussi stoïque et détaché que tu puisses être. Il sent toutes ces choses-là que tu mets un point d’honneur à dissimuler sous des couches de bonnes manières et d’objectivité. C’est pour cette raison que tu détestes les animaux. Ils n’ont pas le droit de percevoir toutes ces choses, de voir au-delà du masque, comme si, malgré la coûteuse robe de chambre, tu étais encore en face de lui, à sa merci, et ce, dans ton plus simple appareil.

De fait, comme tu ne peux rien lui cacher, tu t’efforces de dédramatiser. Il fallait relativiser : il n’avait pas le droit de te tuer. Et Merlin seul savait que ces bestioles avaient une obéissance exacerbée.
Le voilà qui s’approche, tu te retiens de te reculer, le bout de ta baguette s’enfonce légèrement dans son ventre.
« Parce que tu crois qu’il n’est pas déjà au courant ? » bluffes-tu. « Tu crois peut-être que je suis le seul à me laisser aller à ce genre de déviances ? » Oh, ça fait mal d’en parler ainsi, surtout venant de toi, enfermé dans ton petit placard ; en sortant difficilement, prudemment. Tu craignais t’être trompé, avoir découché la fois de trop, la fois qui causerait ta perte sociale.
Non, d’un autre côté, le loup avait tellement l’air dégoûté par ce qu’il t’avait fait subir qu’il penserait y perdre plus que toi, si cette affaire était révélée au grand jour… pas vrai ? « Contrairement à toi, le Lord n’en a pas après mon derrière, mais après mon irréprochable sens du devoir : de fait, je ne suis pas certain qu’il apprécierait que tu me dézingues sans sa permission. » conclues-tu, ta baguette toujours dans la chair ferme de son ventre. Il est superbe, c’est bien dommage.

« Bon, comment ça marche ? » tu penches un peu la tête sur le côté, exécutes même un pas en avant pour lui montrer que tu ne lui cèderais rien. « Il est où, celui avec qui j’étais hier soir -vu que ça n’est visiblement pas cette version-là. » Dédramatise, déshumanise ; il parait que ça marche bien ; que ce soit pour tuer ou pour ne pas se faire tuer.
Ta baguette remonte le long de son torse, effleurant son épiderme, tapote sa tête, ton sortilège est prêt, qu’il ne tente pas quoi que ce soit. « Crois-moi, ça ne t’avancera à rien de me tuer ; ça t’attirera même des ennuis. Je ne te veux pas de mal : si c’est plus facile pour toi de lui laisser ta place, laisse-toi faire ; je veux simplement discuter. » et comprendre ; comment ce monstre fonctionne ? Si j’en saisis les mécanismes, peut-être aurais-je moins peur ?
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L'humain est calme. Il pue la peur mais il est calme, ça fait rire James. (James rigole tout le temps, en fait.) Il nous critique. Il ose nous juger. On en cracherait de nouveau. On lui cracherait bien à la figure, avant de l'éventrer, là, sur place. Avec son petit peignoir de princesse, James aurait juste à tendre la main, enfoncer les doigts dans la chair et en sortir le cœur, encore battant, de celui qui veut nous dompter. On vibre de colère et de rage, et James siffle dans ma tête des promesses de souffrance que je n'ai pas envie d'écouter. « Parce que tu crois qu'il n'est pas déjà au courant ? » Je sens la gorge de James se serrer. « Tu crois peut-être que je suis le seul à me laisser aller à ce genre de déviances ? » On aurait presque envie de vomir. Que d'autres personnes, que d'autres mangemorts, fasse ça me révulse, et James aussi. Nous nous entendons là-dessus. Nous n'avons pas le droit de toucher aux hommes, on le sait. On ne sait pas qui nous l'a dit. James, je crois que c'est impossible. Mais on nous l'a dit, et on le sait, qu'on a pas le droit. (Pourquoi c'est pas qu'on a pas envie et qu'on a pas le droit ?) Une douleur me traverse le cerveau alors que cette pensée se formule, une main se lève et James me frappe le front. Il frappe toujours fort, ce con. Ça lui fait mal, mais il le fait quand même. Ça me fait geindre, pendant que l'humain continue d'enfoncer sa baguette dans son ventre.

Hein ? Sa baguette ? Putain on a pas vu quand, quand est-ce qu'il a mis la baguette là ? Soudain on la lorgne, avec horreur, avec terreur, et on recule doucement, juste pour qu'elle ne nous touche plus, mais la baguette se rapproche, comme dotée d'une volonté propre. Je réalise soudain que j'ai pas de baguette. J'peux pas le tuer si facilement que ça. Remarque, il est assez proche, et d'un groupe de griffe je peux lui trancher la gorge, en enfonçant bien dans la trachée pour qu'il ne puisse pas articuler le moindre sort. Ouais ce serait cool. On en aurait plein partout, mais au moins il fermerait sa grande gueule de tarlouze. « Contrairement à toi, le Lord n’en a pas après mon derrière, mais après mon irréprochable sens du devoir : de fait, je ne suis pas certain qu’il apprécierait que tu me dézingues sans sa permission.  » On fronce les sourcils, comme pris dans une grande réflexion. En effet, p'tete qu'on a pas le droit de le buter. Sûrement en fait. Même si c'est pas un homme, parce qu'on garde même les femmes en vie ici. Les humains sont si faibles. James comprend pas comme ça peut vivre tout le temps handicapé comme ça, avec un bout de bois à la place des griffes. Il a toujours envie de casser en deux ma baguette.
Mais moi je l'aime bien, ma baguette.

James fronce les sourcils. On est p'tete dans la merde. « Bon, comment ça marche ? » Il fait un pas en avant, nous en arrière, on se cogne à la douche, et je m'entends couiner avec un air apeuré. « Il est où, celui avec qui j'étais hier soir – vu que ça n'est pas cette version-là. » Je le regarde d'abord sans comprendre, puis tout se déroule dans ma tête. James ouvre des grands yeux. « C'est James... » murmure-t-on, avec un peu de peur dans la voix. Quand on boit, l'autre James revient, celui d'avant. Ça doit être ça. Quelque chose dans l'alcool réveille sa lâcheté, et sa saleté, et ça lui permet de reprendre le contrôle. Alors en fait, on est trois dans cette tête ? Y a James, James et moi ? Enfin James-Loup, Ancien-James, et moi ? Est-ce qu'il y a un Ancien-Loup-James aussi ? Est-ce qu'il y a un ancien-moi ? Est-ce qu'il y a un maintenant-James ? Pourquoi c'est si compliqué ? Je comprends pas trop et je fronce, fronce encore les sourcils, parce qu'il continue de parler et de dire des trucs que je comprends pas. « Crois-moi, ça ne t’avancera à rien de me tuer ; ça t’attirera même des ennuis. Je ne te veux pas de mal : si c’est plus facile pour toi de lui laisser ta place, laisse-toi faire ; je veux simplement discuter.  »
S'il veut pas me faire de mal, pourquoi la baguette ?
Ah parce qu'on voulait le buter.
Faut dire il l'a cherché.
Mais de quelle place il parle ?
Laisse faire qui ?
De quel James il parle ? Du vieux, du lâche, du faible ?
POURQUOI TOUT LE MONDE PRÉFÉRÈ L'AUTRE JAMES ?
POURQUOI LEO POURQUOI JOSHUA POURQUOI PERSONNE PERSONNE PERSONNE ME VEUT MOI ??????
Je secoue la tête, je murmure « j'aime le lord j'aime le lord j'aime le lord » et je sens que les larmes commencent à monter, parce que je suis soudain si seul, et je peux pas me battre, et James veut Bacchus, et Madame, parce qu'eux ils veulent de nous et ils veulent pas de l'autre James. Même lui, même cet inconnu, il veut le nul. Je comprends pas. James non plus. Il y a trop de James, qui sont pas moi, qui sont pas lui, trop de trucs qui se mélangent, on veut juste, on veut juste.
« Je veux partir laisse-moi partir je comprends pas ce que tu me veux. Laisse-moi. Je sais pas ce que tu veux que je dise. Je sais pas. Sois pas méchant avec moi. »
Des gros sanglots d'enfants m'agitent et des larmes ruissèlent déjà sur mes joues. J'ai peur. Je veux pas parler. Je veux pas qu'il me regarde, et qu'il me juge, et qu'il décide encore que je suis pas assez bien, que je suis moins bien, que ce qu'il veut, c'est l'autre.
« Je- Je- Je veux rentrer à la maison. »

Sauf que je ne sais pas ce que c'est, ma maison, en fait.
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jimbo
You broke me down Mentally Gonna take you down Violently When I close my eyes I think of how you died Died in me So violently
6 septembre La baguette plantée dans son abdomen semble faire son petit effet ; tu ne l’aurais pas cru. Les plus sanguins de la Ruche n’en avaient plus rien à faire que tu aies eu vraisemblablement de meilleures notes qu’eux à tes ASPICs. Mais avec lui, ça avait l’air de l’effrayer au plus haut point, à tel point que tu en es venu à te demander s’il savait au moins faire de la magie, lui aussi.
A moins que ça ne soit tes questions qui le désarçonnent. En effet, il ne semble pas enclin à te laisser parler avec l’autre, avec James. Celui qui n’avait pas arrêté de babiller, hier soir, le séduisant James, qui n’y était pas allé par quatre chemins pour te faire la course. Tu supposais donc qu’il y avait l’humain, James, et le loup, celui dans les bras duquel tu t’étais réveillé ce matin… dans ce cas, cette nuit, à qui avais-tu eu droit, précisément ?

Et puis, est-ce l’humain, suppliant, qui se ratatine soudain contre le mur, ou le loup, pris sur le fait, coupable d’avoir levé la main et montré les dents à un autre sbire du Lord ? Est-ce James ou un autre, celui qui se met à chouiner juste sous ton nez, en répétant un refrain inaudible. Celui qui se met à parler comme un gosse qui veut que tu le laisses tranquille, comme si c’était toi qui avais manqué de le tuer le premier.
Relevait-il du monde des hommes ou des animaux, celui-là ?

Si tu étais le premier à juger les autres coupables de leur propre existence, tu ne tolérais pas qu’on te rende la pareille et qu’on te prenne pour responsable. On aurait pu croire que ton instinct de bon flic allait ressurgir aussitôt que les larmes de la créature se mettraient à couler, pour le consoler ou lui offrir Merlin seul sait ce que ces choses boivent pour le petit-déjeuner.
Sauf que tu n’avais pas l’empathie aussi facile. Habituellement, lors des interrogatoires, tu attendais ton heure derrière les vitres magiques te dissimulant au suspect appréhendé qui passait provisoirement entre les pattes brusques de butors à la Murdock. Là, tu pouvais attendre et te préparer à te composer un sourire tendre et réconfortant, afin d’intervenir une fois que le mauvais flic aurait à prendre sa pause. Plus il était violent, plus tu te faisais doucereux. Et plus il marinait, plus tu avais le temps d’endosser le rôle.

Dans ce cas précis, James avait craqué sous ton regard ébahi. De fait, tu ne parviens absolument pas à réagir comme il faut, puisque tu ne réagis d’abord pas du tout, le jugeant, le menton haussé et le sourcil soucieux, comme si un nourrisson venait de s’oublier dans sa couche, tandis que tu le portais.
Et, s’il y avait bien une chose que tu supportais encore moins qu’un loup-garou tueur au réveil, c’était les enfants.
Tu baisses finalement ta baguette et t’approches de quelques pas. « Eh, écoute, je ne voulais pas être brusque » ça, c’est bien la meilleure ; voilà que tu t’excusais pour ce que lui aurait dû avoir à se reprocher ! « On n’a peut-être pas besoin de James, au final, pas vrai ? » D’un autre côté, tu ne te voyais pas laisser passer une telle occasion d’étudier ce spécimen, surtout maintenant que tu étais en position de force. Tu parviens enfin à le couvrir avec un regard de bienfaiteur. « Si tu n’es pas James, alors qui es-tu, toi ? » il est difficile de dissimuler l’intérêt scientifique grandissant dans tes yeux doux. « J’ai besoin de savoir qui tu es pour te ramener chez toi, tu comprends ? »
Tu connaissais la théorie. Tu avais vu Murdock le faire plusieurs fois. Tu tends la main, avec une lenteur extrême, la gardant bien dans son champ de vision embué, afin qu’il ne soit pas pris par surprise, avant de la glisser derrière sa nuque, pour lui flatter le bas du crâne. Tu ignores si la brute avait appris ça tout seul, mais c’était là un coup de génie...
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