❝ that the heart can also accomplish by dint of love and bravery ❞Life in technicolor
☇ the tale of the three brothers ; ❝there were once three brothers who were traveling along a lonely, winding road at twilight❞. Maman nous avait dit de rentrer avant minuit, ou avant le crépuscule je ne m'en souviens plus vraiment. C'était l'année de mes onze ans, juste avant ma première rentrée à Poudlard. Mes deux aînés avaient souhaité m'emmener dans le bois voisin de la maison, pour chasser les billywigs que Bilius avait aperçu dans la matinée. Je ne connaissais pas encore assez le bestiaire magique à cette époque pour savoir que ces créatures magiques vivaient exclusivement en Australie. Je n'avais donc eu aucune appréhension à les suivre à l'aveugle dans la forêt qui s'assombrissait au fil du soleil couchant. « What time is it? Mom said not after nine o'clock ». Le plus grand de mes aînés me lança un regard moqueur par-dessus son épaule, tout en continuant de s'enfoncer dans les sous-bois. Les arbres commençaient à devenir plus feuillus à cet endroit de la forêt et une terrible impression me gagna lorsque Arthur se figea tout à coup à l'entente d'un bruit. « Well. I think we're almost there ». Je lui tirais la manche, en le suppliant de m'expliquer la source de ce bruit, mais je n’obtins aucune réponse avant d'avoir atteint le centre de la forêt. A cet endroit, la lumière ne pénétrait plus et mes deux frères se munirent de leur baguette pour éclairer le chemin. A nouveau, un énorme bruit retentit, me figeant sur place. « What was that? ». Arthur se retourna vers moi, un étrange sourire jusqu'aux oreilles. « Tristan. Now you're old enough to use a wand. Here's something we need to show you », m'a-t-il dit sur un ton solennel. « Can you keep a secret little knight? ». C'était le surnom que m'avait donné mes frangins depuis ma naissance. Non sans une certaine peur, je hochais la tête avec vigueur. Soudain, une vive lumière éclaira mes yeux, que je cachais instantanément de mes mains. Il y eut un vrombissement, puis un puissant bruit de métal. « This, Tristan, is our secret – ». La lumière faiblit et je vis alors la bête de mes yeux. « A car! ». C'était une magnifique Ford Anglia, bleu océan, flambante neuve. « Where did you get it? ». Malheureusement, ils ne m'ont jamais répondu, mais cette voiture fut notre secret à tous les trois pendant très longtemps.

☇ a midsummer night's dream ; ❝now, fair hippolyta, our nuptial hour draws on apace❞. Nous avions attendu longtemps. Quatre mois et quatre jours pour être exact. Pourtant, la peur n'avait pas disparu. L’excitation non plus. Je me rappelle son visage cette nuit-là, taquin et rougeoyant. Allongé contre elle dans l'herbe humide d'une ancestrale colline irlandaise, le soleil couchant nous aveuglaient les yeux de sa lumière orange. J'en ai oublié la couleur de ses yeux m'observant, mais la paille de ses cheveux voletant au vent reste gravée en ma mémoire. Tout comme le goût de ses lèvres lorsqu'elles se sont posées sur les miennes. Une saveur de fraise industrielle, celle de ces bonbons carrés que nous avions mâché toute l'après-midi. Elle avait effleuré mon sourcil effilé de ses doigts ridiculement fins et mon cœur s'était accéléré. Je crois avoir voulu murmurer quelque chose à ce moment-là, mais les mots se sont transformés en un bafouillement inaudible, emporté par la brise et interrompu par un nouveau baiser. Niamh. Qu'elle était belle, ce soir-là. Qu'elle me semblait parfaite, à ce moment-là. Que mon cœur s'était mis à battre à toute allure sans pouvoir s'arrêter. C'était probablement parce que c'était la première. Celle pour qui j'avais craqué, envers et contre tous. Cette gamine à la chevelure blonde vénitienne. Ce diable à l'accent irlandais. Cette simple moldue qui m'avait ensorcelé sans aucune magie. Cette nuit-là, qu'elle fût belle et passa comme dans un songe.

☇ the definition of love ; ❝my love is of a birth as rare as ’tis for object strange and high❞. C'était donc cela le produit de l'amour. Le résultat de l'équation de deux inconnus. Un être parfait aussi rond que le zéro absolu. Qui aurait cru que la combinaison d'un rouquin sorcier et d'une irlandaise mal-née aurait pu  donner un bébé aussi plénier ? Tendrement lové dans les bras de sa mère, la fille prodigue avait vu le jour au matin d'un printemps ensoleillé. Elle avait hérité des yeux bleus maternelles et des cheveux flamboyant de la fratrie Weasley. « Mom used to say that Weasley boys can only have boys, well... Turn out to be wrong ! Don't tell her, I've said that ». Mais il avait raison l'aîné. J'étais le premier à rompre la tradition d'une famille au sang-pur comme celui d'une licorne. J'avais fuit le monde des sorciers pour épouser une moldue et m'installer dans les rues sombres de Dublin. A présent, j'avais une fille, alors que tous avaient attendu que le complète la lignée. Dans leur dommage, je trouvais ma plus grande joie, celle de devenir père de la première Weasley au sang-mêlé. « Mafalda », c'est ainsi que nous l'avions appelé cette petite lionne aux cheveux cuivrés. A peine née, elle était devenue ma force et j'allais devenir son bouclier, contre les tempêtes de la vie à venir.  

☇ pride and prejudice ;  ❝it is a truth universally acknowledged, that a single man in possession of a good fortune, must be in want of a wife.❞ Je n'avais ni l'une, ni l'autre et de ce fait, plus aucune réputation non plus. Pour l'homme riche, comme le pauvre, un divorce s'accompagne toujours d'un déshonneur et d'une perte de gain importante. C'est donc les poches vides que je quittais l'Irlande. De retour en Angleterre, je m'installais à Londres pour y reprendre une vie parmi le monde sorcier et excepter y trouver ma place. Malheureusement, ma grande connaissance des chiffres ne me fût plus d'aucune utilité parmi les miens. Avec l'aide d'Arthur, je trouvais pourtant du travail rapidement au Ministère. Comme à son habitude, il ne me jugea pas, me proposant même de vivre chez lui pour que Molly s'occupe de Mafie durant mon absence. Ce que je fis, le temps de me construire une situation stable. J'avais réussi à obtenir la garde légale de ma fille à l'administration moldue. Je me disais souvent que j'avais agi avec déraison en l'emportant avec moi, que Niamh et moi étions peut-être trop jeunes pour devenir parents, que tout était sûrement allé trop vite. Puis en regardant Arthur et Bilius, je me rappelais pourquoi j'avais choisi de fonder une famille. La mienne n'avait pas fonctionné, mais je n'avais pas pour autant décidé de laisser tomber ma fille encore si jeune. A présent, je savais qu'elle allait être bien entouré et qu'elle pourrait s'épanouir dans un environnement qui lui conviendrait. Car ma fille était une sorcière, évidemment et si j'avais quitté sa mère, c'était parce qu'elle celle-ci refusait de l'admettre.

☇ la morte d'arthur ; ❝it befell in the days of uther pendragon, when he was king of all england, and so reigned, that there was a mighty duke in cornwall that held war against him long time.❞ J'aurais aimé avoir ton cœur de lion mon frère, mais il s'avère que je n'en aurais jamais que la robe. Et tandis que le froid gifle mes joues en ce mois de novembre, je ne peux pas m'empêcher de pleurer face à ta tombe, si austère. « This is so unlike you ». Dans un soupir, je dépose dans le parterre de fleurs, le canard en plastique que j'ai apporté pour te tenir compagnie. « Much better ». Je sais que tu les adorais, même si l'utilisation qu'en font les moldues est bien moins exceptionnelle que tu ne le pensais. Une larme coule sur mon visage rouge, puis une autre et une autre. Un fleuve intarissable se déverse le long de mes jours creuses, car il ne peut plus s'arrêter depuis que j'ai appris. « What they have done to you, Arthur ? ». Molly, tes fils, ta fille et le monde entier va devenir fade sans toi, grand-frère. Ton sourire va me manquer, tes moqueries vont me manquer, ton être entier va me manquer. Je songe aux derniers instants que tu as passé, seul avant que la mort t'emporte. J'aurais aimé être avec toi, pour te prendre dans mes bras. Te dire que tout allait bien se passer, comme tu le faisais lorsque j'avais peur le soir. « I'm scared and – ». Je sais que je devrais être fort en ta mémoire. Que je devrais avoir la force de faire face à la bataille qui t'as mené jusqu'à ta propre perte. « Mafie is missing. I don't know where she's gone, she just – she disappeared ». Mais je ne suis pas toi. Le courage m'a quitté le jour où mon foyer a explosé et à présent c'est le tien qui est en cendre. Si j'avais plus fait attention à ma véritable famille plutôt que de vouloir idéaliser la mienne, peut-être que je ne reposerais pas mes pieds sur ton corps aujourd'hui. « I'm sorry, Arthur. I failed ». Parfois, je me dis que mes filles auraient été plus heureux avec un père comme toi. Maintenant, tu n'es plus là et je n'ai plus de modèle pour savoir comment survivre. Repose en paix, mon frère.

☇ on being ill ; ❝considering how common illness is, how tremendous the spiritual change that it brings, how astonishing, when the lights of health go down, the undiscovered countries that are then disclosed.❞ Je ne me suis pas senti soulagé d'apprendre que le mal qui m'animait se trouvait bien à l'intérieur de mon corps et non seulement dans mon esprit. Le traitement prodigué par le médicomage de Saint-Mangouste eut beau avoir un effet bénéfique sur ma santé, il ne délassa pas le nœud au travers de mon abdomen. Cela permit cependant à ma femme de retrouver le sommeil et de pouvoir enfin expliquer au tout venant, les raisons de ma disparition soudaine. Ma foi, j'étais heureux de lui enlever ce poids des épaules, elle qui portait notre famille à bout de bras depuis tant d'années déjà. Je ne mesurais pas encore la chance que j'avais de l'avoir à mes côtés à ce moment-là, bien que j'espérais bien un jour pouvoir lui rendre la pareille. Beaucoup de mes proches ont toujours pensé à tort qu'elle ne me correspondait pas, encore moins qu'elle soit parfaite, mais ne l'ais-je jamais vraiment été ? Malgré tout, elle reste continuellement à mes côtés, sans jamais cesser de vouloir me protéger. Et si parfois elle m'empêche d'agir, c'est pour mieux m'empêcher de me nuire. Encore aujourd'hui, elle veille sur mes nuits, comme je veillerai sur les siennes jusqu'à la fin de ma vie. Mais je sais qu'un jour prochain, je devrais me relever pour aller défendre ce qui me ronge de honte depuis si longtemps. Car ce qui me gangrène le crâne ce n'est pas uniquement les oreillongoules, c'est surtout le courage que je n'ai jamais pris en main.