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L'ouroboros enchaîné.



(Thoreau) ▽ « Disobedience is the true foundation of liberty. The obedient must be slaves. »

« Vous tuez au besoin ? Je ne suis pas le larbin de votre famille, Mistress. J’ai beau vous haïr du plus profond de mon âme, je ne tue pas sans réelle raison. » Tu n’as pas écouté la suite. Le dos toujours tourné, tu restes muette. Tu chasses de ton esprit le sifflement inlassable des serpents, aptes, tu le sais, à te pousser au-delà du raisonnable sang-froid. Oui, il te hait. Il ne peut que te haïr, il ne pourra jamais te voir autrement. Essayer de le sauver est inutile. « Ne vous avisez pas de le mettre en danger ! » Le volte-face fut si vif que tu ne t’es rendue compte de la place de ta main sur son torse, les ongles accrochés au tissu, que bien après coup, un sifflement menaçant s’échappant d’entre tes lèvres. L’humanité envolée, un instant, de ton regard bicolore, où l’amertume et la colère se noyaient, deux bijoux froids. « Ne me prends pas pour une débutante ! » lâches-tu, brusquement, comme l’acide au visage d’un ennemi de longue date. Ta prise se relâche, rompt le contact physique ; pas visuel. « Je ne suis pas une enfant inconsciente ! Crois-tu que le Magister n’engage que des imbéciles ? » L’ombre de Dalva glisse dans le couloir, attirée par tes sifflements précédents, rôdant jusqu’à la chambre en quête de la proie qu’il pense avoir décelé, dont il imagine déjà, sans doute, le cadavre joncher le sol.

« Tu veux être traité en esclave, soit ! » L’approche de la créature rampante te pousse à lever la main dans sa direction, le stoppant net, sans que pourtant une seule seconde tes yeux ne quittent ceux de l’armoire à glace rebelle que, par malheur, tu avais choisi. « Dis adieux aux potentielles faveurs magiques, au confort et, oh.. à la liberté. » Tu te montres peut-être un peu cruelle dans le ton sec que tu emplois, mais il a touché le point faible, il a retourné le couteau dans la plaie de ton âme esseulée. « J’aurais cherché un moyen de te faire passer une frontière, j’aurais pu retrouver ton cher frère, mais tu es trop fier et entêté pour accepter qu’on ne soit pas seulement des monstres. C’est la guerre, l’opportunisme est nécessaire ! » Tu es sortie  de tes gongs. Dans un blizzard inquiétant, tu t’es extirpée de ton détachement apparent pour exprimer l’agacement profond qu’il engendre. Le calme, avec lui, n’est pas plus utile que la gentillesse, il aura donc ta royale indifférence à compter de l’instant où tu auras passé sa porte, telle une mère sévère tentant d’enseigner les bonnes manières à un enfant récalcitrant. « Tu auras des meubles et des vêtements parce qu’il est hors de question que tu sois traité comme un chien mais n’attend plus un mot de ma part. Ni une occupation. » La sentence était tombée : il n’aurait rien à faire, fantôme d’un manoir sans communication, d’une bâtisse sans amour. Il serait la victime de cette absence de coeur ou de compétence dont il osait t’accuser trop de fois en trop peu de temps pour que ta patience n’y survive. « Tu dîneras ici. Et ne t’avise pas d’essayer de fuir, je ne peux pas t’assurer d’avoir l’anti-venin qui convienne. » Sans plus de cérémonie, tu sors de la pièce presque allergisante à tes nerfs, laissant l’esclave sous le regard accusateur de Daeva, légèrement dressé, la langue goûtant l’air en un avertissement clair : on ne contrarie pas sa maîtresse. Pourtant, pas de morsure. Le digne demi-tour de la souple créature qui vient s’enrouler près de la porte, garde vigilant qui, peut-être, espère le retour de la sorcière afin que le drôle d’être serve, lui-même, de dîner.

Tu sais pourtant que tu ne lui tiendras rigueur de rien, tu as laissé la porte de ton étage ouverte, optant pour retourner à tes bijoux, à la seule fidélité que tu connaisses : la magie, la Noire, celle qui te recentre dans ces moments que tu exècres ; ceux qui te forcent à paraître sous le jour d’une humaine instabilité.

665 mots.
Fourchelangue ; italique.
(c) AMIANTE



Dernière édition par Lucrezia Rowle le Mar 23 Déc 2014 - 0:50, édité 1 fois
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La vipère qui s’était tapie semble enfin sortir de sa tanière et révéler son vrai visage. Visiblement en colère, elle siffle dans la direction du roux en le saisissant par sa chemise. C’est in extrémis mais le jeune homme parvient à réprimer son mouvement de recul. Ses mâchoires se contractent  mais il ne bronche pas. Inutile de lui donner une arme de plus contre lui. Etre toucher… Mis à part ceux qui lui étaient autrefois proche tel que ses meilleurs amis et son frère, il ne se sent pas capable de supporter un quelconque contact physique avec la moindre personne.
Lorsqu’elle rompt sa prise, le soulagement l’envahit. Peu importe le cyanure contenu dans ses propos, ça fait fort longtemps qu’il ne prête plus vraiment attention à ce que son pseudo maître du moment raconte.
Ses propos paraissent l’avoir blessée et telle une enfant capricieuse souhaitant être vue autrement que comme la gamine qu’elle est, elle se croit bon de préciser qu’elle n’est pas l’une de ces imbéciles au service du Magister. A-t-elle vraiment compris ses propos ? Lui-même n’a jamais parlé d’imbéciles mais de chiens, voilà toute la nuance. Les sous-fifres  de Voldemort sont loin d’être tous des idiots sans cervelle. Ce sont même des génies de la torture et de la brutalité lorsqu’ils le souhaitent en déployant des moyens très sophistiqués pour tenter de briser et obtenir ce qu’ils désirent de leur victime.  Ses maîtres s’y sont essayés et même s’ils n’ont pas eu gain de cause, chacun à sa manière à contribuer à fissurer l’âme de l’ancien Gryffondor.
Faisant volte-face, la créature qui lui tient lieu de maitresse lui informe qu’il sera traité en esclave comme il l’a tant targuée à le faire. Le geste qu’elle a lui informe que quelque chose lui échappe dans cette scène. Mais le temps ne lui est clairement pas accordé puisque Lucrezia enchaine déjà prenant un malin plaisir à lui retirer ce qu’elle vient de lui offrir quelques instants plus tôt : le confort, les faveurs magiques et la liberté. Comme si elle avait un seul instant pensé à le laisser respirer un peu ! Cette énonciation ne le blesse même pas. Il est presque blasé.
L’évocation de son frère, de ce qu’elle lui fait miroiter pour tenter de l’écorcher fait doucement monter sa colère. Quel intérêt de lui raconter de tels mensonges ?
La vipère qui lui fait face lui octroie l’immense privilège d’avoir des meubles et des vêtements mais lui refuse catégoriquement tout nouveau mot de sa part ou occupation. Elle se contente de le consigner dans la pièce qu’elle lui a attribuée comme ces babioles qu’elle a cassées comme une gamine capricieuse qu’elle est et qu’elle stocke. Son avertissement alors qu’elle quitte la pièce ne l’effraie pas au contraire, un rire amer s’échappe de la gorge de l’écossais alors qu’il voit le cobra dans le couloir. L’élément caché qu’il n’avait pas pu comprendre un peu plus tôt lorsqu’elle avait levé le bras en signe de stop se trouvait être l’un des congénères que cette pseudo humaine.

-  Qu’importe l’anti-venin, je n’en ai cure ! J’ai un don moi aussi, Mistress.

Durant les quelques instants qui suivent, les paroles de la jeune femme tournent et retournent dans son esprit. Il ne peut s’empêcher de voir du danger pour Ewan comme pour Bryan ou Liam dont il ne connait pas l’issue. Et dire qu’elle l’a congédiée et condamné à être reclus là…
Le sang bouillonnant, Duncan quitte la pièce à son tour et s’avance en direction des appartements de la garde blonde qui lui tient lieu de propriétaire.
Ne prenant pas la peine de frapper, il pénètre dans son sanctuaire. Lucrezia est retournée à son occupation avant son entrée comme si rien ne s’était passé entre maintenant et l’instant d’avant.

-  Je ne suis pas votre esclave. Je ne me tiendrai donc pas tranquille comme l’une de vos babioles sans intérêt que vous avez brisé  et remisé en gamine caractérielle, capricieuse et sans cœur que vous êtes., lui assène-t-il en montrant d’un ample et large mouvement de la main l’ouvrage présent de la jeune femme.

S’apprêtant à se détourner, il revient provisoirement sur ses pas pour lui faire face à nouveau.

-  Je ne vous ai pas pris pour une imbécile, loin s’en faut. Mon corps est  la preuve vivante de l’extrême ingéniosité des mangemorts. Vous pensez me punir en me privant d’occupation ?

Un rire cynique s’échappe de la gorge du jeune homme.

-  Je suis prêt, allez-y ! Maltraitez-moi comme bon vous semble. Ca m’est égal, je ne suis plus à la prêt de ça. Cependant, touchez à un seul cheveu des êtres qui me sont chers et je prendrai un soin tout particulier à dépiauter vos précieux serpents même si c’est la dernière chose que je dois faire de ma courte existence.

S’éloignant vers la porte, Duncan ne daigna pas jeter le moindre regard en arrière bien qu’il se tint sur ses gardes. Qu’elle s’essaie seulement à lui lancer un sort dans le dos et il s’occuperait de l’esquiver pour lui sourire au visage devant son inaptitude. Voilà l’une des rares choses qu’il avait acquises auprès de ses maîtres.

-  Et je le répète, quoique vous entendiez, n’entrez pas dans ce musée des horreurs qui me tient lieu de prison durant la nuit. Je ne fais pas grand cas de vous mais … c’est pour votre propre sécurité plus que pour la mienne., lui lança-t-il plus calmement et avec une certaine gravité dans la voix.



917 mots


Dernière édition par Duncan MacTavish le Mer 24 Déc 2014 - 0:11, édité 1 fois
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L'ouroboros enchaîné.



(Thoreau) ▽ « Disobedience is the true foundation of liberty. The obedient must be slaves. »

La souffrance assoiffée. La plaie de ton âme se déchire brutalement et la chevalière t’implose presque entre les doigts, sans que tu ne recules. Tu ne peux pas. La brûlure sur ta peau ne semble pas provoquer la douleur attendue.. c’est autre chose, c’est ton souffle court qui se stoppe et tes jambes qui se dérobent sous ton poids, poussant ta main maladroite et hasardeuse à accrocher la table. Inutile. Tu touches lourdement le sol et plus rien ne compte. Seul le sifflement lancinant de la créature qui se rapproche parvient à tes oreilles. Sans doute Duncan a-t-il continué à te parler après avoir souligné ton absence de coeur. Tu as perçu la menace sur tes précieux compagnons, sans vraiment la distinguer clairement. Il n’y a rien qui t’accroche à cette relation déjà destructrice. Tu voudrais le mettre dehors, tu voudrais lui dire de partir, de fuir loin, de ne pas revenir. La paix, tu veux la paix et tu la pleures sur l’autel de ta faiblesse. Daeva s’approche, frôle l’esclave, siffle, menaçant, et se dresse, crochets dehors. La faiblesse n’est pas permise. Elle ne l’est pas. Et ses congénères dans la pièce close désapprouvent tout autant que Maître Cobra sur ses écailles perchées.

Il faut te ressaisir, il faut faire quelque chose. Il faut que tu repousses l’animal contrarié, trop bien dressé au contrôle permanent pour tolérer cette agitation brutale que tu lui infliges. Ca n’est pas de l’empathie au sens magique mais le lien que tu partages avec Daeva frôle le mystère, le déraisonnable. Et si le mascara coule de tes yeux vairons, ta main tendue sur le long corps témoigne qu’il te reste encore la force de bouger. Pour lui. Pour vous. « Eliminer la menace. » Souffle-t-il, ce que le spectateur de la scène ne peut intégrer, ne peut comprendre. Pas plus que le sifflement qui exprime ton refus. Que doit-il penser ? Que tu n’es qu’un monstre. Qu’une anomalie de la société sorcière. Sur ton bras transparaît désormais la Marque des Ténèbres, découverte par le revers du bijoux défectueux. Ta magie ne tolère pas l’instabilité, tu as cédé au mauvais moment, tu as payé, rien de plus normal.

« Suffit ! » T’appuyer sur ton avant-bras pour te relever ressemble à un vrai défi. Tu y parviens, tremblante, les billes encore pleine des larmes dont tu tentes de freiner la progression. Ce que tu es, ce que tu fais, suppose la maîtrise. Tu as un homme sous ta responsabilité et.. « Non ! » La baguette s’est retrouvée entre tes doigts sans que tu ne saches vraiment comment, pointée sur le reptile agité, menaçant, retourné désormais contre Duncan, qu’il considère comme responsable. Il est responsable, il t’a déstabilisée. Demander le jugement d’un serpent, vous obtiendrait la mort. « Dans ma chambre, Daeva. Retourne-y, tout de suite.» Double-langue, double communication. La baguette suit le tremblement léger de tes gestes mais la fermeté dont tu fais preuve plie le cobra à ta volonté sans qu’un sort ne soit prononcé. Le bord extérieur de ta paume brûle, moins que la Marque elle-même lorsque le lord vous réclame, mais suffisamment pour occasionner une réelle gêne. Cela attendra.

Tu clos les paupières, inspire profondément, le souffle encore saccadé, difficile. Il ne devait pas voir ça. Il te faut composer, l’éloigner. « Tu as raison, je n’ai pas de coeur. » Le ton n’est ni froid ni détaché, il est d’un miel naturel et mélancolique, malheureux. « Mais j’ai passé l’âge des caprices, Duncan. » Tu déposes la baguette sur la table, te forçant à aligner les pas vers l’évier de la cuisine pour passer de l’eau fraîche sur ta peau. La blessure disparaîtra dans quelques jours, tu as connu pire, n’est-ce pas ? « Je suis morte avec mon enfant et t’aviser de toucher mes serpents signerait notre fin à tous les deux. » Tu n’as qu’eux. Et qu’importe s’il détient dés lors toute l’étendue de ce que tu es au bout de sa langue de Gryffondor enragé. Il oubliera. Ou il sera traité de fou, parce que pour la plupart des gens, tu es l’infaillible reine des neiges, dame des serpents. « Tu veux qu’on parle de sécurité ? Ce que tu viens de voir n’est que le tiers de ce qu’il advient quand on va trop loin. Méfies-toi de la portée de tes mots comme de tes jugements. Je ne tiens pas à te blesser. »

Nul besoin d’effacer le mascara. Ta main enroulée dans un torchon, tu retournes t’asseoir sur une chaise, refusant de croiser son regard. « Retourne dans ta chambre. » Ca n’a même plus la forme d’un ordre. Ca n’est.. que la conclusion de ce qui signe la honte et la culpabilité qui viennent lentement ronger ton myocarde détérioré à l’acide de la vie.

790 mots.
Fourchelangue ; italique.
(c) AMIANTE

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Duncan s’apprête à quitter la pièce, à regagner celle qu’elle lui a désigné en guise de prison. Il n’a plus quoique ce soit à dire à cette sorcière puisque ses mots ont été clairs. Peut-être les a-t-elle pris pour une simple fanfaronnade mais cela est de moindre importance pour l’ancien gryffondor. Que cette vipère prenne ses paroles comme bon lui plait. Au final, ce ne sera pas lui qui sera surpris mais elle en le sous-estimant.
Sa main vient de se refermer sur la poignée de la porte quand dans son dos un objet explore. Après quoi un bruit de chute suit. Vif et habitué aux coups bas des maîtres, le jeune homme esquive ce qu’il croit être un sort avant de se rendre compte que Lucrezia est au sol. A l’évidence, la babiole qu’elle traficotait lui a sauté au visage. Au plus profond de lui, une minuscule et infime part de sa personne souhaite se précipiter pour s’enquérir de l’état de la jeune femme. Cependant, l’homme renfermé qu’il est devenu enfouit au plus profond de son être la brève inquiétude qu’il a pu ressentir, laissant ses traits de marbre. Néanmoins, il attend. Attend qu’elle se redresse, qu’elle lui montre qu’elle est au mieux et que sa courte appréhension était injustifiée. Il guette le moment où elle va se relever pour l’injurier et le blesser comme tant d’autres avant elle. Mais rien ne vient… Au plutôt si, son cobra royal se dirige visiblement hostile dans sa direction.
L’animal le frôle, siffle avant de se redresser crochets dehors. Peu enclin à se laisser intimider, Duncan le fixe, guettant ce signe caractéristique qui lui indiquera l’instant exact où le serpent plongera vers lui. Par habitude, il tente d’apaiser Daeva dans son patois maternel, l’écossais.
De loin, il entend sa pseudo maitresse siffler en direction de son compagnon mais il ne daigne pas lui adresser un seul regard trop préoccupé à tenter de cerner et observer son assaillant présent. Cela ne semble pas apaiser ce dernier qui continue de siffler davantage dans sa direction.
Finalement, sa propriétaire le rappelle à l’endroit l’envoyant dans sa chambre, prenant un soin tout particulier de communiquer dans une langue que l’écossais peut comprendre. Mais ce soin ne l’incite pas à lui accorder un peu d’indulgence ni a se montrer clément envers elle. Quoiqu’il arrive, elle est son ennemie actuellement et inversement.
Une fois le reptile renvoyé dans sa niche, Duncan tourne son regard en direction de Lucrezia. Celle-ci a clos les paupières et semble essayé de reprendre sa respiration. Son souffle saccadé rappelle au rebut , Ewan. Lorsqu’il lui arrivait de pleurer enfant, le gamin se mettait parfois dans de tels états qu’il finissait généralement dans ce genre de condition. Duncan le calmait généralement en l’incitant à calquer sa respiration sur la sienne tout en lui passant une main rassurante dans le dos. Mais il n’est pas question ici de le faire pour cette vipère qui t’annonce que tu as raison et qu’elle n’a pas de cœur même si elle a passé depuis longtemps l’âge des caprices. Elle capitule bien trop rapidement et instinctivement, il ne peut s’empêcher d’être méfiant scrutant le moindre mouvement déplacé annonciateur d’un coup en traitre, d’un sort ou de toute autre action allant à son encontre.
Déposant sa baguette sur la table, il la voit se diriger vers l’évier pour passer de l’eau fraîche sur sa peau tout en lui annonçant qu’elle est morte voilà longtemps en même temps que son enfant, que toucher à ses compagnons signifierait leur perte à tout deux. La chose indiffère complètement Duncan. Il ne peut s’empêcher cependant de notifier la présence, seule, de la baguette sur la table mais la situation semble trop idyliique pour ne pas receler un piège quelconque. Ce qu’il souhaite, c’est récupérer sa propre baguette, pas celle d’une tierce personne et certainement pas celle d’une mangemorte qui a, sans doute, tué un nombre incalculable d’innocents avec. Son âme se refuse à utiliser une telle arme et la garder avec lui. Elle ne se refuse pourtant pas à tenter de se l’accaparer le temps de s’enfuir… Mais à quoi bon au final ? S’il reste ici, ce n’est que pour pouvoir savoir au mieux où se trouve son frère qu’il pense mort sous les coups d’un maitre ignoble mais qu’il persiste à chercher par acquis de conscience. Et quoi de mieux que d’être un rebut pour le savoir ? Avoir une baguette et être en cavale ou parmi les insurgés ne lui servirait à rien… Non, il préfère se rebeller et encaisser les coups tant que cela lui est possible.
Lucrezia lui parle alors de sécurité lui signifiant que ses mots comme ses jugements peuvent le mener à sa perte alors qu’elle ne souhaite pas le blesser. Que de foutaises ! N’a-t-elle pas communiqué avec son cobra avant que celui-ci ne se dirige vers lui ? Qu’elle essaie de lui sortir le scénario de la gentille propriétaire agace prodigieusement le jeune homme l’empêchant de s’adapter pour tenter d’anticiper d’où va venir le coup en premier.
La main dans un torchon, elle retourne s’installer sur une chaise refusant de croiser son regard. Lui inspire-t-il donc tant de dégoût et de répugnance ?
Visiblement c’est le cas puisqu’elle le renvoie dans sa chambre.
C’est toutefois bien mal le connaitre que de croire qu’elle peut le renvoyer comme bon lui semble. Ne lui a-t-il pas déjà dit qu’il n’était pas son esclave peu importe la situation, le bout de papier qu’elle avait signé pour son acquisition ou bien le tatouage qui continuait de saigner et qui le marquait tel du bétail ?

- Je ne regagnerai pas encore ma chambre, Mistress.

Se rapprochant du bureau, il s’arrêta à une moins d’un mètre de celui-ci.

- Parlons donc de sécurité puisque nous sommes arrivés sur ce terrain. Je ne toucherai pas à vos précieux reptiles tant que vous n’entreprendrez ni n’aiderez qui que ce soit à blesser, capturer, tuer ou attenter de la moindre des manières à la sécurité de ceux qui me sont chers à savoir mes deux meilleurs amis Liam et Bryan ainsi que mon petit frère, Ewan. Tant que vous respectez votre parole, réellement et sincèrement sans la moindre entourloupe, je vous donne ma parole que je ne ferai aucun mal à vos serpents, Mistress.

Les traits du jeune homme se durcirent l’espace d’un instant alors qu’il la fixait durement du regard.

- Essayez par contre, de me duper en les mettant d’une quelconque manière en danger ou de me cacher quelque chose les concernant et je vous assure que vous pourrez dire adieu à vos très chers petits protégés même si je dois périr avec eux.

Profitant du calme apparent de la jeune femme, Duncan s’empara sans brusquerie de la baguette qu’elle avait abandonnée sur le bureau. La sensation lorsqu’il la saisit fut très désagréable pour l’ancien Gryffondor. L’aspect du bois le dérangeait tout comme la perception d’un froid glacial et piquant dans la peau de ses doigts en contact avec la baguette. A cela s’ajoutait la petitesse de l’arme qui décidément ne s’appariait pas vraiment avec lui.

- Ne vous faites pas d’idées. Je ne le fais pas pour vous. , lui murmura-t-il en s’emparant calmement et aussi délicatement que son mépris le lui permettait du bras encore emmitouflé de Lucrezia.

Retirant le torchon, le jeune homme murmura un sort qui résorba la blessure de la jeune femme.

- Appliquez un baume d’hysope ou de nénuphar et il ne devrait plus rien y paraitre d’ici un jour ou deux.

Sa recommandation faite, Duncan déposa avec soulagement la baguette là où il l’avait prise avant de se détourner pour regagner sa prison.

- Vous ne songez pas avoir besoin de moi cette nuit, n’est-ce pas ?




1286 mots
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L'ouroboros enchaîné.



(Thoreau) ▽ « Disobedience is the true foundation of liberty. The obedient must be slaves. »

Il t’agace, menace ton self-control déjà bien fragile. Tu dois reconstruire le mur de ta froideur pour ne pas en dévoiler plus, figure de drame au mascara séchant sur tes joues pâles. Ton palais de glace menace de fondre sous les assauts brûlants d’un esclave digne du phoenix rebelle. Tu portes ta main intact à tes tempes, te forçant à garder contenance et conscience des évènements. Nerveusement, tu es épuisée, mais tu ne réalises la portée de cette fatigue qu’en cet instant fatidique où tu n’as même plus envie de te battre pour lui faire entendre raison. Ses menacent te passent au dessus de la tête, ses reproches sous-entendus aussi. Tu es Marquée, c’est ainsi. Il te faut accepter de n’être qu’une méchante sorcière, comme dans les contes, celle que nul ne peut pardonner. « Si tu ne veux pas que je les retrouve, pourquoi me livrer les noms sur un plateau d’argent ? » Ca n’est qu’une question, le ton ne se dévoile ni sarcastique, ni moqueur, simplement logique. Cette logique de jeune femme détachée de cette humanité qu’ils ont tous bien trop longtemps, celle dont les amis sont perdus, éloignés ou morts. Pour qui pourrais-tu encore avoir un tel instinct de protection ? Tu ignores même si Weasley tient debout dans ce chaos ambiant. « Je ne suis pas Rafleuse. » précises-tu calmement, ton bras revenant sur poser sur tes cuisses, ton regard fixant toujours le sol, incapable de croiser celui du rebut, pas temps qu’on pouvait y lire l’étendue véritable de ton état psychologique. « Je l’ai été, je ne le suis plus. » Que croit-il que tu es ? Pour quoi passes-tu aux yeux des inconnus ? Sans doute la compagnie du serpent te fait-il paraître en fidèle parfaite du Lord, petite princesse reptilienne aux côtés du maître dans l’art de faire d’une créature une arme fatale. Certes, Daeva est dangereux. Mais ne peut-on pas te juger en dehors de ce que la guerre a fait de toi ? De ce que les échecs des tiens ont forgé autour de ton coeur ? « J’ignore ce qui te pousse à mettre tous les Mangemorts dans le même panier mais ça n’est ni prudent ni avantageux pour toi. Parfois.. il faut être du mauvais côtés de l’histoire pour accomplir quelque chose de bien. Et d’autres n’ont simplement pas le choix. » Tu songes à Draco, qui paye les erreurs de la jeunesse, l’âme écorchée à tenter de protéger son fils. Peut-on réellement lui reprocher ce qu’il est ? Peut-on réellement vous le reprocher, à tous les deux, nés entre l’ambition, l’exigence et les devoirs. L’Elite, ça se paye en coeurs d’enfants.

« Je te proposais d’avoir de leurs nouvelles, j’ai des contacts de l’autre côté. Les serpents savent aussi observer sans se faire repérer. Si tu juges que tes amis, ton frère, ne valent pas le risque de me faire confiance - une fois, une seule - tu te prives seul. » Ca ne changera effectivement rien pour toi. Tu t’accommoderas de sa haine, de son mépris et de ses jugements, comme tu l’as toujours fait, avec Lysander par exemple.

Le contact te crispe, provoque un mouvement de recul instinctif, méfiance pure de quelqu’un qu’on ne touche pas, que le rapprochement physique révulse, inconfortablement. « Ne vous faites pas d’idées. Je ne le fais pas pour vous. » Il venait de s’emparer de ta baguette, précieuse mule qui avait vécu avec toi les plus lourdes épreuves, vous liant de façon indéfectible, le bois de prunellier s’avérant aussi revêche à l’inconnu que loyal dans sa finalité. Le sortilège de soin fige ta tentative de fuite. Tu as conscience d’avoir réagi comme un animal pris au piège, comme un reptile acculé ou un félin menacé, pourtant ton regard vairon se relève vers l’immense jeune homme. Sciée. Tu es sciée. Tu te souviens du nombre de fois, où, dans les premières années, l’objet magique avait refusé d’obéir à la banalité, aux sorts qu’elle jugeait indigne d’elle. Tu sais combien il t’est difficile d’exécuter un soin sans qu’il ne soit poussé à l’extrême par la baguette, ou pire, détérioré. Sans doute est-ce dû à ton âme adepte de la complexité, des magies plus noires. Et lui, de simples mots, la pliait à sa volonté. Le bois reflète la luminosité de la pièce, sur sa surface sombre, la droiture et l’aspect épuré contrastant avec le pommeau travaillé, légèrement torsadé par endroits, tout en s’avérant d’une véritable maniabilité. Elle est, comme toi, belle et glaciale, délicatement trompeuse. « Appliquez un baume d’hysope ou de nénuphar et il ne devrait plus rien y paraitre d’ici un jour ou deux. » Tu suis des yeux son mouvement pour la reposer avant de souffler. « Je ne suis en rien spécialiste des baguettes mais .. il est parfaitement improbable qu’elle t’obéisse si facilement. » Le sous-entendu est clair : sa composition ne peut pas correspondre à un Gryffondor tempétueux, colérique et plein de bonté. Ca te paraît surréaliste. Et ta curiosité, ta soif de savoir, te font soudain paraître en Serdaigle ayant besoin de comprendre. Tu n’avais pas frôlé la répartition dans cette maison pour rien.

« Merci. » glisses-tu tout de même, la surprise passée. « Vous ne songez pas avoir besoin de moi cette nuit, n’est-ce pas ? » Tu hausses un sourcil, te levant pour effacer le mascara de ton visage presque mélancolique avant de lui répondre, dans un soupir. « Pourquoi aurais-je besoin de toi la nuit ? Je n’ai jamais été servie, pourquoi le serais-je à des heures improbables ? » Rangeant le torchon, tu ajoutes, plus pour toi-même que pour lui, à dire vrai. « Qui aurait besoin de services au beau milieu de la nuit, d’ailleurs. Si ce n’est des cracmols, et encore.. »

944 mots.
Fourchelangue ; italique.
(c) AMIANTE

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Leur précédent échange, celui-là même qui a mené à sa chute et à sa pseudo perte de contrôle, semble lui filer la migraine. L’ancien Gryffondor la voit tenter de reprendre contenance visiblement sans grand succès.
Elle n’hésite pas à lui faire la remarque qu’il vient de lui servir le nom des siens sur un plateau d’argent. Son ton n’est pas menaçant mais pourtant Duncan ne peut s’empêcher de se sentir menacer et de sentir sa colère remonter. N’a-t-elle donc pas compris ? A-t-il surestimé son intelligence ? S’il les lui donne, c’est bien sûr pour qu’elle sache parfaitement qui elle s’apprête à torturer, livrer ou tuer. Pour que contrairement à lui, elle puisse avoir le choix et que rien ne puisse s’interposer entre ses serpents et lui si elle venait à le faire.
La jeune femme croit bon de lui dire qu’elle a été une rafleuse autrefois mais que désormais c’est du passé. Du passé ? Rien ne l’est jamais vraiment aux yeux de l’écossais qui lui fait face. Peut-être est-ce plus facile lorsqu’on se trouve du côté de ceux qui font ployer plutôt que du sien. Lui-même ne peut oublier ce qu’on lui a fait subir et sans doute ce qu’on fait actuellement subir aux siens.
Les paroles de Lucrezia concernant son manque de prudence et l’absence de choix de certains indifférent s complètement le jeune homme. Voilà longtemps qu’il n’essaie plus de savoir ce qu’il est prudent de faire. Sa fierté tout comme lui-même ne peuvent pas ployer et se laisser enchainer de la sorte. Cela n’a jamais fait partie de son caractère, c’est contre-nature. Plus encore, il ne peut pas pardonner ce que ses maîtres précédents lui ont fait et qui est ancré à jamais dans sa peau comme dans son âme marquée au fer.
La vipère prétend avoir des contacts de l’autre côté mais cela ne revêt pas réellement la moindre importance pour lui. Ce qu’il souhaite consiste uniquement à savoir si son frère et ses meilleurs amis ont subis le même sort que lui.
Sa réaction lorsqu’il s’empare de son poignet le surprend. Il ne veut pas se sentir concerné ou même proche de cette créature. Aussi détourne-t-il immédiatement le regard.
Une fois la baguette déposée et alors que sa main tourne la poignée de la porte, Duncan l’entend lui expliquer qu’il est étrange et improbable que la baguette lui obéisse si facilement. Ses mots sonnent comme un affront. Comme si par ses quelques syllabes, elle lui crachait au visage qu’il était étonnant qu’un être tel que lui puisse contrôler la baguette d’une personne telle qu’elle.  Mais l’ancien Gryffondor n’a pas vraiment le temps de s’attarder sur la question que déjà elle lui murmure un merci qui a le mérite de le surprendre bien qu’il se mette à nouveau sur ses gardes.
Sa question sur les services de nuit semble visiblement l’agacer. Elle lui répond par la négative et le laisse espérer qu’elle ne viendra pas à rompre sa promesse. Le jeune homme s’apprête à quitter la pièce mais deux éléments qu’elle a pointés du doigt ne cessent de lui revenir en mémoire, l’empêchant de la laisser là sans s’être exprimé.
Entrouvant la porte, Duncan se tourne une dernière fois vers elle dans son attitude fière.

-  Je vous ai donné leur nom pour que vous ne puissiez pas vous défilier si jamais vous venez à les mettre en danger. Les noms ne sont pas de grands secrets puisque vous pouvez avoir accès sans problème à mon dossier qui regroupe leur nom et prénom pour faire court.

D’un signe de tête, il indique la baguette de Lucrezia.

-  Si ça peut vous soulager, l’utilisation de votre baguette fut loin d’être agréable. Elle est glaciale et blessante. La sensation en la tenant me piquait les doigts. Pas le genre d’expérience qu’on souhaite avec sa baguette. La mienne était chaleureuse, loyale et impétueuse. Elle me correspondait parfaitement.

Une pointe de nostalgie est présente dans ses dernières paroles. Sa baguette, son contact lui manque souvent. Sa présence rassure à son côté. Duncan est loin d’être un couard et il sait se défendre. Mais depuis la perte de ce qui faisait de lui un sorcier à part entière, sa force s’est faite moindre. Que peut-il espérer faire face à un sorcier armé alors qu’il est lui-même désarmé ?

-  Bonne soirée, Mistress…, murmure-t-il d’un ton légèrement méprisant, en la quittant avant de regagner sa chambre.
Car s’il est seul et désemparé, il sait désormais que c’est également le cas de la créature qui lui tient lui de pseudo propriétaire.



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