23rd October 2001 • The Wizarding World's Beguiling Broadsheet of Choice • 5 Ν
Colonne ragots
Par Rita Skeeter, correspondante pour les ragots de la Gazette du sorcier.

Il y a une justice en ce bas monde : beauté ne rime pas toujours avec santé. C’est du moins ce que laisse penser l’état déplorable dans lequel se trouvait, ce dimanche soir, Anastasiya Kovaliova, dont le charme demeurait intact alors même que ses jambes, pour leur part, ne la supportaient plus (comme certains d’entre nous, diraient les mauvaises langues). Rares sont ceux qui n’ont jamais eu l’occasion de voir parader aux réceptions de l’Elite cette beauté fatale (aspect positif contrebalançant plus ou moins le fait qu’elle ne soit qu’à moitié humaine) tout droit venue de Russie. Ce qui l’a menée vers nos contrées, on l’ignore ; car lorsqu’on essaye de lui soutirer davantages d’informations à ce sujet ou à propos de la vie qu’elle menait avant son arrivée, on se heurte toujours à la sempiternelle déclaration ponctuée par un accent aux sonorités quelque peu agressives : « Je suis tombée amoureuse de l’Angleterre ». De l’Angleterre, ou plutôt de celui que quelques-uns soupçonnent d’être son bienfaiteur : Maksim Dolohov ? Il faut dire que le gentleman distribue aisément ses faveurs, comme en témoignent les rumeurs on ne peut plus persistantes au sujet de sa relation avec sa protégée officielle, Svetlana Volkova. S’il est de notoriété publique que les deux jeunes femmes susnommées se regardent en chien de faïence lorsqu’elles se croisent, l’événement de dimanche apporte peut-être quelques explications à cette inimitié : c’est droit dans les bras de Maître Dolohov que s’est effondrée la demi-Vélane, terrassée par on ne sait quel mal (quoique les médisants prétendent qu’elle ait parfois la main lourde sur les coupes de champagne et l’Orviétan, cocktail potentiellement rehaussé par un zeste de comédie visant à attirer un honnête et riche Mangemort dans ses filets). On ne peut donc que se questionner sur ce revirement inattendu dans la vie privée somme toute rocambolesque du Sieur Dolohov. Tout porte à croire qu’Anastasiya et Svetlana se disputeraient son attention (pour l’argent ?) ou se la partageraient (contre leur gré ? Ou simultanément ?). Le tout, ne l’oublions pas, sous le nez d’une épouse qui ne s’émeut visiblement pas d’être ouvertement trompée. Souhaitons en tout cas un prompt rétablissement à la très belle (mais aussi certainement très calculatrice) Nastya, à moins bien sûr que ce vœu bien intentionné n'aille à l'encontre de ses manigances.


Il semblerait que le bureau des Rafleurs n’ait pas croulé sous les affaires urgentes avant l’attaque orchestrée par les Insurgés. Preuve en est que le Directeur du service, Roman Travers trouvait le temps entre deux traques de se consacrer à des visites privées sur ses horaires de travail. Alors que la communauté tremble d’effroi à la pensée des criminels courant encore nos rues et menaçant nos foyers, Siwan Ollivanders a ainsi été surprise au Ministère à l’heure de pointe, usant de la priorité de passage réservée aux Sang-Pur bien que sa respectable famille ne soit pas connue pour soutenir très activement notre gouvernement. Visite relativement longue qui s’acheva sur un claquement de porte qui, à en croire les témoins, fut « violent à en faire trembler les murs ». Il fallut les sources bien informées d’une journaliste compétente pour comprendre les tenants et les aboutissants de cette histoire, et c’est donc sans l’ombre d’un doute qu’il m’est aujourd’hui possible d’affirmer que le sujet de cette discussion houleuse était un accord de fiançailles. Rares sont les demoiselles de haut rang à oser tempêter à l’encontre de ce genre de décisions imposées depuis des siècles au sein des nobles familles conservatrices, mais il faut croire que le Mangemort Travers a déniché l’un des rares éléments indomptables de ces portées habituellement dressées au doigt et à l’œil. Reste à voir ce que l’avenir réserve au futur couple, mais nous ne pouvons qu’espérer que les mélodrames ou réconciliations à venir se dérouleront en dehors du Ministère, et ne coûteront donc pas plus de gallions au contribuable.

Parmi les nombreuses, et non moins passionnantes, interrogations qui me turlupinent, figure la subite disparition de l'étrange rebut du jeune Marcus Flint. Nous n'arrivons pas à déterminer la cause de son décès, témoigne le médicomage qui a été amené à constater sa mort, mais cette jeune fille était en pleine santé. Mes collègues et moi travaillons actuellement à l'étude de ce mystère que nous n'arrivons pas, pour le moment, à résoudre. Votre humble servante a évidemment tiré des conclusions qui, somme toute, paraissent être plus judicieuses qu'un simple rapport inutile d'expert. D'après certains témoins (dont je ne révélerai pas les identités, bien évidemment, mais leurs yeux sont attentifs et remarquables), Beatrix Carrow (qui compte au nombre des héros du moment pour sa participation à la suite des attaques des Insurgés) s'est enfuie en courant du repaire de Flint, maculée de sang et de griffures. Coïncidence ou... fuite précipitée (et plutôt bancale, la beauté fatale étant perchée sur des talons qui pourraient faire office d'échasses) découlant d'une situation plus sombre encore ? Nous ne présentons plus Beatrix Carrow, jeune demi-vélane dont la présence remue les foules, qui sera bientôt fiancée à Marcus Flint si les projets de leurs familles se concrétisent. Alors, la mort de Lyubov Finend serait-elle le résultat d'une crise de jalousie de la fraîche et délicate Carrow qui, souhaitant protéger son futur fiancé des mains sales d'une rebut, n'a eu d'autre choix que de s'en prendre au petit rat des Flint ? Après tout, personne n'a jamais prétendu qu'il était facile de se contrôler, en tant que demi-créature. Néanmoins, de mister Flint ou de sa belle, c'est plutôt le premier qui devrait s'inquiéter : miss Carrow n'a-t-elle pas été surprise sur le perron du jeune Malfoy à une heure plus qu'indue, il y a quelques jours à peine ?


NOUVELLE CHOC : une source anonyme révèle l'existence du fils de Draco Malfoy. Mais s'il existe un enfant, qui serait donc la mère ? Et diantre, depuis combien de temps sommes-nous tenus à l'écart de cette affaire fort croustillante ?
Tandis que le mystère autour des interminables jambes d'Anastasiya Kovaliova s'épaissit, celui qui concerne le fils de Draco Malfoy semble voué à se résoudre sous peu. Un bonheur, me direz-vous, un émerveillement pour vous et moi. Apaisons notre curiosité dans la seconde ; les cheveux blonds gominés, un sourire charmeur au coin des lèvres (cet étirement fébrile de la commissure serait-elle donc liée à la présence de la mère de son enfant ou bien à une éventuelle démence ?), l'héritier a été aperçu en charmante compagnie dans le très sophistiqué restaurant gastronomique des D'Anjou, situé sur le Chemin de Traverse. Si, en d'autres circonstances, le menu aurait sûrement eu plus d'attrait que la simple (et bien fade selon certains) présence de Malfoy en ce lieu, des sorciers présents à l'heure dite ont été amenés à remarquer que ce dernier se trouvait en charmante compagnie. L'identité de la présumée inconnue n'a été que brièvement tenue secrète : c'est Susanna Carrow qui a partagé la soirée (et peut-être la couche ?) du trépidant jeune homme — comme souvent ces dernières années, à en croire des sources observatrices. On suppose, non sans hardiesse, que le couple décrit comme idyllique (mais les avis sont subjectifs et d'autres le diraient plutôt mal assorti) aurait échangé bon nombre de regards appuyés et de frôlements de doigts suggestifs, puis discuté de sujets rendus inaudibles par l'usage de sortilèges, porté des toasts à on ne sait quelle nouvelle, avant de quitter le restaurant ensemble. Pour une soirée prolongée en privée ? Qui sait... La question qui en découle, en tout cas, est justifiée: Carrow serait-elle la génitrice du petit Malfoy ? Si oui, espérons qu'elle aura le courage de l'assumer au grand jour, puisque ce repas semble effacer (à défaut de l'addition salée) une part des nombreuses incertitudes qui persistent concernant l'existence de cet enfant mystère, dont l’appellation nous échappe encore... mais dont le statut d'enfant illégitime ne nous a aucunement échappé.

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