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FONDA • tomorrow's a mystery
Oblivion
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Wasting our young years


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► La dernière heure
Ils disent que c’est pour ce soir. Que le monstre qui nous force à mettre nos vies entre parenthèses lancera son ultime assaut contre Poudlard. Ils nous ont proposé de partir, mais comment aurais-je pu m’y résoudre ? Cette école est ma maison, j’en ai immortalisé chaque parcelle à travers l’objectif de mon appareil photo. Je ne mentirai pas en disant que je n’ai pas peur : l’angoisse dévore mon être tout entier et ma main tremble sur ma plume. Pourtant, je sais qu’elle sera ferme sur ma baguette, car je sens brûler en moi le feu d’une détermination que je ne pensais pas ressentir un jour. Harry est venu et nous sommes nombreux à nous battre pour notre liberté, alors j’ai foi en notre victoire. Qu’importe ce que nous réserve la fin de cette nuit, je marcherai sur le champ de bataille ensanglanté avec l’espoir que demain, le soleil se lèvera sur une Angleterre apaisée.

– Mémoires de Colin Crivey, 1er Mai 1998.


► Le commencement de la fin.
Voldemort n’est pas venu. On était pourtant tellement, tellement sûrs de nous ! Tellement persuadés qu’il comptait lui aussi mettre un terme à cette guerre insensée. Mangemorts, Géants et Détraqueurs ont mis Poudlard à sac, et on s’est battu, bon nombre des nôtres sont tombés… George, Remus, Tonks, Colin et tant d’autres, tous ces sacrifices en vain. Je n’arrive pas à croire qu’ils nous aient quittés, qu’on n’aura même pas le temps de leur offrir une sépulture descente. Il nous faut encore fuir et nous cacher, est-ce que tout ça s’arrêtera un jour ? Voldemort sait pour les Horcruxes, il a compris qu’on avait percé son secret. La quête était déjà difficile avant qu’il ne s’en aperçoive, je n’ose imaginer à quel point elle sera ardue à présent…

– Harry Potter, 3 Mai 1998.


► Les pions damnés, 17 janvier 1999.
« Maître, les nouvelles ne sont pas si mauvaises… » La phrase mourut dans la gorge de l'homme et il courba l'échine, chancelant. « Continue, Donhovan. Ou peut-être aurais-tu besoin d’une… motivation ? » Nagini quitta lentement le fauteuil où trônait le Lord, dont elle ne s’éloignait plus depuis des mois. Épaisse masse sombre et écailleuse, le serpent ondula jusqu’au dénommé Donhovan, qui lâcha un cri d’effroi au contact de ce corps froid. « Il y a eu plusieurs pertes du côté des Insurgés. Aux dernières nouvelles, nous avons fait 12 morts et de nombreux blessés, mais ils ont récupéré 5 prisonniers et P-Potter est parvenu à nous échap… » Voldemort l’interrompit d’une main levée, le regard perdu loin au-dessus des visages inquiets de ses hommes. Ils retinrent leur souffle alors que ses prunelles écarlates se fronçaient et….
« Harry, attends ! S’il comprend que nous avons trouvé un autre de ses Horcruxes, qui sait quelles en seront les répercussions ? » « Oh et qu’est-ce que tu proposes, Hermione ? Qu’on se terre indéfiniment en lui laissant croire que nous sommes vaincus, qu’il a réussi à nous ôter toute envie de nous battre ? » Le sentiment de vide et d’insuffisance qui étreignait le brun s’exprimait sous forme de rage mordante, et le visage de la jeune femme s’assombrit. « Hey, du calme mon pote, on ne gagnera rien à s’en prendre les uns aux autres. Écoute au moins ce qu’elle a à dire au lieu de te précipiter pour agir, de nous trois ça a toujours été elle la tête pensante non ? » « Harry, crois-moi, on a tous autant envie que toi d’arriver à bout de cette guerre ! Mais il nous faut être stratégiques. Si Tu-Sais-Qui est certain d’avoir l’avantage nous pourrons… Q-qu’est-ce que tu fais ? »  Elle eut un hoquet de stupeur et lui agrippa le bras d’une poigne ferme, mais il la repoussa aussitôt. « Tu n’es tout de même pas en train d’essayer d’entrer en contact avec lui ? » Mais il ne l’entendait déjà plus et, lorsqu’il parla, ce ne fut pas à elle qu’il s’adressa. « J’en ai assez, tu m’entends ? Assez de toutes ces pertes humaines pour ton seul orgueil de mégalomane ! Il est temps de mettre un terme à tout ça, alors finissons-en. » Un ricanement glacial retentit dans son esprit, lointain, tel un écho, et il sentit sa rancœur monter d’un cran. « Je ne laisserai pas tomber », éructa-t-il, tremblant de rage, en plaçant au sol le diadème récupéré à Poudlard. « Je traquerai toutes tes parcelles d’âme jusqu’à ce que tu crèves ! ». En prononçant ces mots, il planta dans l’objet précieux une dent de basilique et, dans un fracas métallique auquel se mêla un long cri d’agonie, le diadème se fendit en deux moitiés fumantes.
Voldemort laissa éclater sa rage dans un cri à glacer le sang. Ses longs doigts squelettiques emprisonnèrent sa baguette et fendirent l’air avec la vivacité d’un oiseau de proie, sa voix retentit puissamment dans la pièce figée par l’effroi. « Endoloris ! »


► Aux portes de l'enfer, 30 mars 2001.
« 1600 une fois, 1600 deux fois… Adjugé pour 1600 gallions à Lady Parkinson ! La marchandise sera livrée à votre domicile d’ici la fin de la vente », annonça laconiquement l’huissier de justice. Pansy décocha à une Ginny Weasley furibonde un sourire qui n’augurait rien de bon, tandis qu’elle récupérait les clés ensorcelées des chaînes de la rouquine. « Rebut suivant, Nathan Fulby. » L’ancien Poufsouffle, né-moldu, s’avança tête haute, tandis que l’huissier imperturbable listait ses défauts physiques et ses capacités comme s’il n’était qu’un bout de viande. Ses lèvres se tordirent du dégoût que lui inspirait cette odieuse élite pro Sang-Pur – pour son malheur, car un homme au premier rang perçut le rictus insolent et leva la main avant que le prix de départ n’ait été annoncé. « 10 gallions. » Un ricanement mauvais parcourut l’assemblée tandis que le garçon sous-évalué crispait la mâchoire. Baisse la tête et ne dis pas un mot, lui avait-on recommandé. Tu as de la chance que le Lord ait eu la bonté de t’épargner Azkaban, vous autres Rebuts n’en méritez pas tant. De la chance, vraiment ? Un reniflement méprisant venu d'en face ramena son attention sur l’homme en noir. « L’animal me semble indocile. Je souhaiterais le tester pour m'assurer qu’il vaut la peine que je dépense le moindre gallion pour lui. » Des murmures s’élevèrent, vite réduits au silence par celui qui menait cette danse macabre. « Requête accordée. Sir Avery, donnez-vous la peine d’avancer… » Le jeune homme eut le réflexe de reculer d’un pas en comprenant à qui il avait à faire, mais le mangemort le cloua sur place, d’un sort. « Le démon exige que je fasse couler ton sang », lui susurra-t-il a l’oreille en faisant glisser la pointe de sa baguette le long de son cou, le regard animé d’une lueur folle. Fulby ferma les yeux, mais cela ne suffit pas à apaiser les battements de son cœur, moins encore à étouffer ses cris lorsque la torture commença.  

Le corps crispé à l’extrême, le souffle court et la vision trouble, Fulby rampa, tentant d’échapper au bourreau qui le suivait à pas tranquilles. « Dilacerant », assena Avery et, aussitôt, une sensation de brûlure lui parcourut tout le corps tandis qu’une multitude de profondes coupures déchiraient sa peau déjà rougie par les maléfices. Un coup de pied l’atteignit aux côtes, il en eut le souffle coupé. « As-tu compris quelle était ta place à présent, rebut ? », cracha le mangemort avec l’ébauche d’un sourire, et le garçon entrouvrit les lèvres sur un flot de sang. « P-pitié… as-assez… » Son Cauchemar s’accroupit devant lui et agrippa une poignée de mèches brunes, sous les exclamations ravies du public. « Peut-être pourrai-je faire quelque chose de toi, après tout… » Comme l’huissier se raclait la gorge pour reprendre le cours de la vente, Avery fit claquer au sol le front de Nathan et se releva, époussetant sa robe richement décorée. « Nathan Fulby », reprit la voix atone. « Pour 10 gallions, une fois, qui dit mieux ? 10 gallions deux fois… Adjugé à Sir Avery pour 10 gallions. »  

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► Les faibles souffrent toujours plus de l’oppression ; printemps 2002.
« Taxe de solidarité, taxe de solidarité, j'vous en foutrais moi de la taxe de solidarité... » l'échine courbée, il cherchait dans les boites endommagées et les restes de marchandise, sa voix s'élevant peut-être un peu trop. Les émeutes avaient ravagé une partie de l'Allée des Embrumes, réduisant bon nombre de commerces à l'état de ruines abandonnées. A mi-chemin dans le carnage, la devanture de son échoppe ouverte, il tentait tant bien que mal de faire tourner la boutique. Pourtant, les clients ne s'aventuraient plus, faute de moyens. « Ah, de l'argent pour la radio, ils en ont, mais nous... nous on peut crever la bouche ouverte » siffla-t-il, ses mots se perdant alors qu'il se relevait, quelques paquets à la main, les posant trop fort sur le comptoir poussiéreux. Les soulèvements s'étaient transformés en attaques violentes sous les mains des rebelles et le peuple sorcier en payait les conséquences chaque jour, n'oubliant pas que la résistance avait rapidement déserté pour les laisser dans la misère et surtout, surtout, dans la répression. Violente, impartiale, la punition s'abattait encore et toujours sur la population, ne laissant pas de répit aux habitants. D'une voix heurtée par l'effort de ses recherches, il ajouta un juron, le énième de la journée, au sujet du Magister, prenant garde de ne jamais mentionner son nom mais ne manquant pas de virulence pour autant... « Je baisserais le ton si j'étais vous » railla soudain une voix derrière lui et brusquement, le commerçant se retourna pour découvrir, dans l'embrasure de la porte, un homme habillé de noir. De son allure à son assurance, tout chez l'inconnu criait Mangemort. D'un geste brusque, il poussa une jeune femme si discrète que le marchand ne la remarqua qu'à cet instant, jusqu'alors cachée par la silhouette imposante. Elle manqua de tomber, le col de ses guenilles s'écartant assez pour qu'il entrevoit la marque sur sa peau, immanquablement le sigle l'homme du gouvernement, faisant d'elle une rebut, une esclave dévouée à l'Elite Sorcière, sans droit, sans importance, juste là pour servir ceux qui vivaient d'excès et d'aisance pendant que le peuple mourait de faim et encaissait la répression. « Vous avez de quoi payer, cette fois ? » demanda le Mangemort, son regard filant de la rebut au commerçant qui, d'un coup, fut secoué d'une panique sans commune mesure. « Mais, mais... votre collègue m'a donné jusqu'à la semaine prochaine et... » articula-t-il, de lourdes gouttes de sueur glacée roulant sur ses tempes et sa nuque. « J'ai une famille, des enfants, vous ne pouvez pas... » souffla-t-il, les imaginant déjà tous à la rue, brutalisés, dépossédés, sans-abris. « Vraiment ? » s'enquit le Mangemort, sa voix se faisant sirupeuse, tandis qu'il ne cachait même pas son amusement « Parce que j'ai pour consigne de vendre les trois babioles qui restent ici et de vous coller derrière les barreaux ». Du coin de l’œil, le marchand put voir la jeune femme, ses mains abîmées par le travail se fermant sur ce qu'il restait dans l'échoppe, s'apprêtant à dresser, sans doute, un maigre inventaire. « J'avais de quoi payer, mais vous avez arrêté mon frère, j'ai dû l'aider, sa femme est enceinte, je ne pouvais pas la laisser, vous n'avez pas idée, vous ne savez pas comment c'est, comment ils vivent, les réfugiés du Royals, c'est... » et à chaque mot, son ton montait d'une demi-octave si bien que dans un rictus agacé et plutôt que de lui dire de se taire, le Mangemort siffla entre ses dents : « Endoloris ! » heurtant de plein fouet l'homme qui s'écrasa bien vite au sol. Reculant alors, l'employé du gouvernement claqua des doigts, rappelant sa rebut comme on fait venir un chien et d'une voix sans appel, il ajouta « Demain, sinon vos morveux sauront assurément comment c'est, au Royals »  avant de disparaître.


► De ton cœur le désir ; juin 2002
Et puis il releva la tête et eut l'impression de déglutir une poignée de verre en la voyant. Son visage était familier, probablement de l'avoir vu sur les nombreuses affiches annonçant une récompense pour la capture des ennemis du gouvernement... A moins que...? Autour d'elle, c'était la belle époque qui dansait sous ses yeux, avant les guerres, sorcières ou moldues, avant tout ça et dans les dentelles de sa robe, dans les boucles soignées entourant son visage, dans les souvenirs d'antan, une certitude s'ancra en lui. Il avait dansé avec elle, la faisant rire, illuminant son visage aujourd'hui fatigué par la fuite constante. Quelque chose venait de changer, comme eux avaient changé depuis la dernière fois qu'ils s'étaient croisés, quelques vies plus tôt...
(...)
L'instant volé ne dura qu'une poignée de seconde... Et puis les rires décidèrent de reprendre, les conversations suivirent et la musique se fit plus forte que jamais. Ne restait que des doutes, des souvenirs étrangers et un goût étrange dans la bouche. Le message de dame Magie pour rappeler à ses enfants qu'avant de s’entre-tuer, ils avaient imbriqués leurs vies ensemble, de siècle en siècle.
(...)
Les hiboux se bousculaient aux fenêtres de la Gazette. Contrarié, l’un des journalistes attrapa bon gré mal gré l’enveloppe accrochée à la patte d’un grand-duc particulièrement hargneux, écopant au passage d’un coup de bec bien placé. « Maudite bestiole », pesta-t-il en déroulant le parchemin. Sur le papier s’étirait un énième appel mentionnant un lien nébuleux daté d’une autre vie. Les pages de la dernière édition du journal en débordaient déjà et l’afflux ne semblait pas vouloir diminuer d’une noise. C’était l’effet de Beltane… nombre de pochards à peine capables d’épeler leur propre nom avaient mentionné, le lendemain des festivités, une onde magique aux effets troublants et des visions tout droit venues d’époques révolues. Fables ou faits véridiques ? L’avalanche de courriers de lecteurs poussait à pencher pour la seconde option : tout portait à croire que la Magie s’était bel et bien jouée de ses enfants…


► Les rues sont des caniveaux géants ; juillet 2002

(... et les caniveaux sont pleins de sang. Et quand enfin les égouts déborderont, toute la vermine sera balayée)

[LONDRES ; 05 JUILLET - 09 PM] Une pluie diluvienne délavait le sol détruit à coups d’Aura Terram vindicatifs, témoins déchus des exécutions. Les abords du Ministère où s’était amassée, quelques heures plus tôt à peine, une innombrable foule oscillant entre angoisse et fébrilité sadique, panique scandalisée et intérêt morbide, n’étaient plus qu’un tas de ruines gorgées de corps abandonnés, cadavres blafards privés tant de vie que de dignité. Le sorcier gronda dans sa barbe négligée, plissant les yeux pour mieux voir où il mettait les pieds ; le sort d’imperméabilité ne le protégeait que de façon sommaire, mais le froid lui engourdissait les extrémités et le gelait jusqu’aux entrailles. S’il n’avait à ce point besoin d’argent, il ne se serait pour rien au monde proposé pour récurer l’effroyable scène de carnage en échange de deux ou trois Gallions. Mais deux ou trois Gallions étaient une véritable fortune, par les temps qui couraient. De quoi sauver son commerce, peut-être, ou glaner un mois de répit.  

Quelque chose craqua sous lui alors qu’il travaillait à déblayer la ruelle encombrée de débris, et il s’écarta calmement pour écarter la main, dont il venait de briser deux doigts du plat du pied. Quelques années plus tôt, il en aurait régurgité son maigre déjeuner – mais on finissait par se faire à toutes les horreurs, à force d’en être témoin. Chaque macchabée retrouvé et identifié lui vaudrait une piécette supplémentaire (bonus envisageable s’il s’agissait d’un ennemi du gouvernement – parmi les travailleurs recrutés à l’arrache, on murmurait tout bas que chaque victime ennemie comptabilisée épargnerait aux mangemorts quelques sorts rageurs de leur Maître). Ce cadavre-là était noir de cendres, partiellement brûlé et déformé par les cloques malodorantes. Le sorcier tira de la large poche de sa robe un parchemin plié quatre fois à l’intérieur duquel s’étendait une liste interminable d’indésirables recherchées et autres disparus, puis une plume et un calepin sur lequel il griffonna à la va vite : ancien rebut. Étonnant qu’il ait péri sous l’estrade… les autres rebuts s'étaient consumés plus loin, terrassés sur le chemin de la liberté. L’homme avait d’ailleurs râlé d’être envoyé de ce côté par ses comparses avides de conserver les récompenses pour eux. Secouant la tête avec un grondement dépité, il dégagea les décombres qui ensevelissaient le reste du cadavre pour en percevoir les traits. Cheveux courts, mâchoire peu marquée, joues creuses, ça lui disait quelque chose. Il y avait eu un rebut piégé à échanger contre un civil, mais les hostilités avaient été relancées avant le troc. Son nom était noté quelque part sur la liste… Ah ! Voilà : Maverick Rowle, autrefois champion de Quidditch et désormais maigre, crasseux, brûlé au point d’en être méconnaissable. L’homme se gratta nerveusement l’arrière de la tête et se racla la gorge, mal à l’aise, avant de se lessiver rapidement la main et la tignasse à coup de Récurvite (on lui avait dit de faire gaffe aux cendres, qu'il s'y mêlait la poudre noire hautement inflammable dont les mangemorts s'étaient servis pour piéger les esclaves libérés). « Ah bein ça… J’viens d’piétiner la main de l’ancienne idole de mon fils », prononça-t-il à mi-voix comme pour mieux assimiler l’information. « T’as dit quoi Don ? » « Rien, rien Kitty ! Finissons-en rapidement avec ça et rentrons, hm ? » Il pouvait supporter cette tâche ingrate ; voir sa Katheryn, épuisée et enceinte, courbée sur les pavés pour dégager la place publique était nettement plus dérangeant. Il manqua de trébucher sur quelque chose – un masque métallique déformé qui le mena jusqu’à une autre victime. Il lui fallut un moment pour la localiser parmi les disparus : Mulciber. Un mangemort. Nom d’un cognard fou, il aurait préféré ne pas avoir à l’annoncer, celui-là – c’était pas très bon pour les affaires, même s’il n’y était pour rien techniquement. « Oh Don, Don ! » Sa voix haut perchée se perdit dans des aigues qui le glacèrent, et il se précipita pour la rejoindre (aussi rapidement que le permettait le sol explosé). « C’était un – (hoquet) un tout petit – bébé », se lamenta-t-elle en tentant de récupérer un petit corps brisé. Son époux lui emprisonna les mains des siennes pour l’empêcher d’atteindre l’enfant sacrifié. Que disait la liste déjà ? Un enfant… il y avait bien un enfant oui… « J’crois bien qu’c’est l’gamin d’la Mason… Tu sais, cette Rebecca qui a été vendue alors qu’elle était encore grosse – » Les yeux de son épouse s’écarquillèrent avant de parcourir les environs en panique, tandis que ses mains s’agrippaient à son ventre rond. « Non, non ! Tu risques rien Kitty, nous on est d’bons sorciers, on respecte la communauté, on n’a rien à s’reprocher… » Contrairement à sa tête de mule de beau-frère, qui s'était mêlé aux spectateurs avec des désirs de rébellion au creux du ventre. Il n'avait aucune idée de ce qu'il était advenu du cadet de sa tendre épouse : lui-même n'avait fait qu'une brève apparition à l'évènement dit obligatoire, mais on lui avait dit que tout avait dégénéré peu après son départ et que les sorciers avaient été transportés ailleurs... où donc ? Il n'avait aucune idée de la destination des portoloins de secours. « Et puis faudrait qu’ils me tuent avant de pouvoir approcher de toi ou du bébé ! » ajouta-t-il sur un coup de tête chevaleresque qui n'arrangea rien à la panique de son aimée. « Ils… ils ne me f’ront rien, je t’assure… Ecoute, on va leur ramener le petit et – » Il la ramènerait à la maison pour préserver ses pauvres nerfs et ses hormones ravagés. Tant pis pour les mornilles qu’il perdrait entre temps. « NON ! On doit l’enterrer, ce pauvre bébé, si on le leur donne il finira au fond d’une fosse commune… S’il te plait, s’il te plait, il a l’air si fragile, si seul… » Elle était hystérique, et ce qu’elle suggérait donnait des sueurs froides à son mari. Enlever un cadavre ? C’était formellement interdit. Mais déjà sa Kitty s’agitait, oubliant sa baguette pour creuser gravats à mains nues. « Il faut retrouver sa mère et les enterrer décemment, ensemble. Je t’en supplie Don… » Que pouvait-il lui refuser ? Il battit des paupières pour chasser les larmes qui y naissaient et s’accroupit à ses côtés pour l’aider. « Très bien… On les emmènera loin de ce cauchemar, je te le promets… » Rebecca Mason… la liste indiquait qu’elle avait été la rebut d’Owen Avery. Il espérait que le terrible mangemort ne chercherait pas les restes de la défunte. Oh Merlin, il espérait vraiment que cette incartade, cet élan de pitié condamnable ne causerait pas leur perte.


(Je préfère l'immobilité qui règne ici. Je suis fatigué de la Terre, de ces gens, fatigué d'être pris dans la confusion de leur existence. Ils prétendent s'acharner à bâtir un paradis, et voici que leur paradis est peuplé d'horreurs)

[UN PEU PLUS TÔT AU STADE DE QUIDDITCH DU ROYAUME-UNIS, 05 JUILLET - 07 PM] Il lui semblait flotter dans le néant. Avoir été réduit à l’état de masse compacte et inerte – corps gourd, membres engoncés dans pléthores de sortilèges qui le privaient de sa mobilité. Et si son esprit venait à s’alarmer, l’étau se resserrait aussitôt, tel un tranquillisant injecté de force pour éliminer jusqu’à la moelle tout instinct de rébellion. Les sentiments étaient méticuleusement étouffés, écrasés, pour ne plus laisser place qu’à une béatitude artificielle. Ses paupières lourdes s’entrouvraient rarement, seulement pour percevoir les ténèbres et, au loin, un carré de lumière. Une… sortie ? Reste calme, soufflait une voix à même son esprit. Le Magister en personne veille à ta sécurité.[/i] Il sentait la présence d’égaux autour de lui – des rescapés qui s’en étaient remis aux mesures d’urgence du gouvernement. Lorsque tu émergeras, tout danger aura été écarté. Emerger. Il n’était pas sûr de le vouloir… tout était si calme ici. Il avançait pourtant, sans tout à fait en avoir conscience. Il était si facile de simplement se laisser porter par le courant. Comment te sens-tu ? – Apaisé. As-tu confiance en notre Lord ?Je… As-tu confiance ? Confiance… c’était une terme important. Froncement de sourcils, doutes au cœur. Quelque chose bataillait en lui, en arrière-plan. Sa conscience, qui apportait avec elle un lot de griefs qu’il avait presque oubliés. As-tu confiance en notre LordJe crois que… non. Non ? Il y avait comme une menace. Subtile, voilée. Il nous ruine… il nous détruit. Les taxes, les exigences, c‘est… Approche. Il avançait encore. Mais le voile de quiétude se déchirait de part en part et tout lui revenait en mémoire : les abus. La guerre. Les sacrifices. La peur.

Deux mains le saisirent. Différentes. Une fine, doigts élancés, féminins. L’autre large, paume masculine. Que se passe-t-il ? Laisse-les lire ta peine. Lire… ? Et tout à coup, l’intrusion. Une présence à même son esprit, fouillant ses souvenirs, ouvrant les cases recelant ses trésors et ses instants de vie les plus intimes sans même se soucier de les refermer. L’intrus pillait sans respect et le laisse en vrac, ça faisait mal, mal, mal. STOP ! As-tu confiance en notre Lord ? o-oui, OUI ! Tes pensées laissent à croire le contraire, et tes émotions trahissent ton odieux mensonge… Ses émotions ? L’un était… Legilimens. Forcément. Et l’autre Empathe, n’est-ce pas ? Le désespoir s’abattit sur lui telle une chape de plomb ; c’en était fini de lui. Non voyons, rien n’est terminé. Tu n’es pas perdu – il suffit que tu renaisses. Renaître ? Pour affronter le monde extérieur sans faux pas, il te faut réviser ta façon de l’envisager. Non, non, il ne voulait pas sortir. Il ne voulait pas retourner dans cet enfer, et souffrir en croyant agir au mieux alors qu’il courbait l’échine par simple peur des représailles, il… Laissez-moi ici, suppliait-il, mais les mains se détachèrent de lui pour le livrer à d’autres, rustres cette fois. Impossible de s’en défaire : il était balotté comme un poids mort. Et à l’ordre implacable : avance. Par pitié, laissez-moi rester… !

Clignement de paupières. Une porte – pas le carré de lumière, mais une autre, sombre, qui ne lui inspirait aucune confiance – se dressait à quelques pas de lui et on l’éjecta à travers. La paroi l’engloutit en provoquant une sensation déplaisante : c’était comme briser la surface d’une eau glaciale et reprendre conscience d’un corps que d’autres avaient anesthésié. Il était lui-même, avec ses sensations, ses rancoeurs… enfermé dans une pièce guère plus grande qu’un placard à balais volants. Deux chaises. Une table. A l’autre bout, un mangemort masqué, baguette en main, prêt à sévir. « Quel plaisir de vous rencontrer en personne, cher ami. Emmett, c'est bien ça ? Je vous en prie, installez-vous. » C’était un piège. Il recula. Se heurta à la paroi, désormais rigide. Aucune porte de sortie. « Non ? Peu importe. Faisons cela debout, puisque vous insistez. » Et le calvaire débuta.

(...)

[LONDRES, 06 JUILLET - 00 AM] « Donovan ! Don ! » Les coups tambourinés à la porte avaient réveillé en sursaut l'homme encore fourbu de sa longue soirée de nettoyage – mais entendre la voix de son beau-frère après ces longues heures d'attente angoissée compensait largement ce fait. La porte claqua contre le mur lorsqu'il l'ouvrit à la volée pour broyer son cadet dans une étreinte d'ours. « Pauvre fou, pourquoi n'as-tu pas quitté cet endroit maudit avec moi quand je te l'ai demandé ? J'ai vraiment cru que tu étais perdu cette fois... » Il l'avait accueilli à l'intérieur et avait soigneusement fermé la porte à double tours avant de prononcer le moindre mot, la gorge nouée par l'inquiétude. Son beau-frère, pourtant, ne lui renvoya qu'un regard étonné. « Perdu ? Pourquoi donc ? Le gouvernement nous a tous protégés. Le Magister en personne a veillé à notre sécurité. » Sa voix ressemblait étrangement... à une litanie apprise par cœur, son regard se perdait au loin et son sourire était étrange (il n'atteignait pas ses yeux, d'ailleurs). « Bein ça alors, Emmett... j'aurais jamais cru t'entendre louer un jour le dirigeant, de toute notre chienne de vie. » Lui le rebelle dans l'âme que le couple avait eu le plus grand mal à retenir de plonger tête baissée au sein de l'insurrection... Cette fois, le frère de son épouse passa de la passivité à l'agressivité en un éclair : « Ne t'avise pas de critiquer le Magister ! S'il ne nous protégeait pas nous serions tous morts à l'heure qu'il est, achevés par ces extrémistes d'insurgés ! » Et changeant de nouveau d'humeur en un clin d’œil, tel un foutu dérangé, il ajouta : « Où est Kitty ? Il faut que je lui raconte ! Lors de l'évacuation, on a tous été emmenés dans un endroit prodigieux... » Don, muet de stupeur, jeta un coup d’œil inquiet à l'escalier menant à la chambre où dormait sa Kitty. Il se passait quelque chose de grave. Emmett n'était pas lui-même, vraiment pas, et il n'était pas question que Katheryn le voie dans cet état. Elle était déjà suffisamment bouleversée comme ça... « Demain, d'accord ? Elle dort, nous avons travaillé sur la place publique toute la soirée et avec la grossesse, tu comprends, elle... » Le timbre du plus jeune atteignit de nouveau ce timbre menaçant, frénétique. « Il faut qu'elle sache combien le gouvernement prend soin de nous. » « B-bien sûr, elle sera rassurée d'entendre ça. (not bloody likely !) Mais demain, mon vieux. Et si tu m'racontais, en attendant ? » Cela sembla apaiser le plus jeune, dont le regard se perdit encore sur un point imaginaire. « J'avais tellement peur, Don... Mais les portoloins se sont déclenchés et on s'est retrouvés loin de l'estrade, plongés dans le noir. C'était si apaisant. » Dubitatif, le plus vieux lui servit pourtant un hochement de tête faussement compréhensif. « Mon esprit était si troublé ! Pendant un instant, j'ai douté... J'ai douté ! » Ses mains s'étaient tout à coup mise en action éraflant ses joues, tirant, griffant, comme s'il voulait s'arracher la peau pour se punir, et Donovan eut le plus grand mal à le calmer. « J'ai cru vouloir rejoindre ces monstres d'insurgés, tu te rends compte ? » La question incrédule fut suivie d'un éclat de rire dément. « J'ai eu un entretien avec un mangemort... charmant mangemort... » Ils avaient... détruit l'esprit d'Emmett, comment avaient-ils pu ? A présent il se balançait d'avant en arrière, s'était recroquevillé sur lui-même, les bras enlaçant ses genoux repliés. « Il m'a ramené dans le droit chemin. Il a assaini mes pensées, puis on m'a conduit dehors, sur un immense terrain de Quidditch à ciel ouvert, avec les autres réfugiés. J'avais peur de sortir, je voulais rester... à l'abris. Mais le Magister a tout prévu et puisqu'il considérait que c'était ce qu'il nous fallait, je me suis exécuté. J'ai confiance en notre Lord. » Lentement, son regard flou se fixa de nouveau sur son interlocuteur et il tira sa baguette pour la pointer sur sa pomme d'Adam. « Et toi, Don ? As-tu confiance en notre Lord ? » L'instinct de survie l'emporta sur tout le reste et, profondément conscient que de sa réponse dépendant la survie de son épouse, de son fils à naître, et sa propre existence, il répondit sans attendre, secoué d'un rire nerveux : « Qu'est-ce que c'est que cette question ? Bien sûr, Emmett... » « Dis-le. » « Je- j'ai confiance en notre Lord. »  « Encore. » « J'ai confiance en notre Lord. »
Le soleil se lève sur l'Angleterre. Londres se réveille, s'ébroue et s'agite. Déjà la marée humaine grossit, enfle et s'empare des rues alors qu'on vaque à ses activités quotidiennes. On se croise, on se parle, on se quitte. Et dans la foule compacte, des regards de connivence et des murmures amers s'échangent sur les sinistres événements qui ont arraché un enfant, un ami ou un amant aux uns et aux autres. Tous tués, tous exécutés comme des chiens (comme des Rebuts) pour la faute d'une poignée en quête de liberté et de fierté. Depuis la démonstration d'autorité, de tyrannie brutale et sauvage, la crainte est toujours là, ses crocs profondément enfoncés dans les tripes des gens. De ces multitudes qui ne cherchent qu'à se protéger, qu'à préserver leurs  proches. Mais la peur enfle, gonfle, gronde. Elle grandit si bien que le vernis de respect et de soumission craque et se déchire. Et sous les cendres des massacres et des oppressions, brûlent de nouveau les braises de la révolte au sein du peuple, discrètes mais vives. Comme ces civils qui, ouvrant les yeux, se décident à rallier discrètement la résistance.

Aujourd'hui, le système des Rebuts a pris fin, englouti dans le sang et les flammes, mais à quel prix ? Car, soudain, dans une rue de Londres, on entend le réactionnaire d'hier clamer la confiance envers le Magister, exigeant de la pointe de sa baguette que son ami en fasse autant. Et, dans une boutique du Chemin de Traverse, la mère bien-aimante traîne son enfant par les cheveux parce qu'il a pleuré son père exécuté pour trahison.

L'esclavagisme a-t-il vraiment pris fin ?
Et qui sont les nouveaux asservis de ce système ?

► The world ends with you ; 25 août 2002
 Elle occupait toutes ses pensées, faisait l’objet de son ultime ambition. La Baguette de Sureau, la baguette du pouvoir qui détruirait tous les obstacles pouvant se dresser sur son chemin. C’était un simple objet de légende aux yeux des uns, mais rien de moins que le fruit d’une terrible fascination pour Voldemort, qui s’était vu forcé de freiner sa quête durant les années passées à gérer de pitoyables mutineries. Cette époque était révolue : rien, plus rien ne retarderait ses recherches. Il était devenu rare, ces dernières semaines, de le voir apparaître sur la scène politique. Régulièrement représenté par ses hommes, il délivrait ses ordres à distance pour se consacrer pleinement à sa quête, multipliant les déplacements… seulement pour voir s’effondrer ses pistes, les unes après les autres.

Il voyait rouge. La colère se distillait toujours un peu plus dans ses veines à chaque nouvelle déception, poison dormant sous son épiderme blême et menaçant de jaillir par le moindre de ses pores. Le sifflement de Nagini, bien à l’abri dans une bulle magique flottant aux côtés de son maître, le tira de ses pensées. Nourriture ? La langue fourchue apparut entre les crocs ouverts, pour goûter l’air. Non, persiffla le Fourchelangue en reportant finalement son attention sur l’homme qui tremblait, accroupit à ses pieds. Pas encore. Ce ne serait qu’une question de secondes : la condamnation ne tarderait pas si le mangemort le décevait. « Quelle est la situation ? Ne me cache aucun détail. » « Les expérimentations… avancent difficilement. Certains des mangemorts sont moins… efficaces depuis le soir de l’exécution. Il y a eu des blessés, alors… » « Vraiment ? Tu me fourniras leur nom. Peut-être ont-ils besoin d’une motivation pour se rétablir plus rapidement. Qu’en est-il des recherches ? J’ai réclamé que Gregorovitch me soit livré. » « Selon nos informateurs, il aurait été vu en Allemagne… Les mangemorts chargés de le retrouver explorent minutieusement la moindre piste. » « J’attends des résultats plus convaincants d’ici deux jours. Après quoi, je devrai me charger moi-même des recherches et je me verrai… forcé de leur faire regretter cet échec. » « Ils en seront informés dans les plus brefs délais. Maîtres, nous sommes parvenus à trouver l’un des lieux de ravitaillement des rebelles. Il semble que les villageois de Godrics Hollow leur apporte leur soutien depuis des mois, peut-être même plus. Des groupes de Rafleurs ont tenté de leur arracher des aveux, mais ils refusent de livrer leurs protégés. » « Qu’on les extermine tous, dans ce cas. Faites-leur savoir qu’aucun d’eux n’échappera à ma colère s’ils persistent – »

Le Magister s’interrompit brusquement, son regard rubis se fixant dans le lointain, sur un point invisible qu’il était seul à distinguer. Quelques secondes s’égrenèrent sans qu’il ne cille et, soudain il quitta le siège sur lequel il avait trôné un instant plus tôt. Sa baguette avait glissé entre ses doigts osseux (quand ?), menaçante, et le malheureux messager se ratatina sur lui-même, conscient que quelque chose de terrible venait de se produire (comment ?). « Comment… comment ont-il… » La voix tremblante d’une rage encore à peine contenue le glaça jusqu’à la moelle. « Misérables vermines ! » Un sort fusa, frappa le mangemort de plein fouet avant que Voldemort lui-même ne se courbe en deux, comme en proie à une douleur indicible, ses ongles longs raclant son visage glabre. « Potter… ! » Si le prénom honni avait été éructé comme une menace, le hurlement lugubre qui suivit fut celui d’une proie à l’agonie. Du sol, le mangemort sentit avec soulagement refluer l’effet du Doloris dont son Maître, dans sa fureur, lui avait fait souffrir les affres. Il ne se releva pas, pourtant, priant Merlin pour être oublié. Espoir vain. « Approche ! » Le souffle du Lord semblait difficile. Le malheureux s’exécuta pourtant précipitamment, saisissant le bras tendu pour permettre au Mage Noir de se rasseoir grâce à son aide.

Il ne comprenait pas. Personne ne pouvait comprendre cette douleur lancinante, indescriptible : celle provoquée par la destruction d’une parcelle d’âme. La vue troublée par ce qui semblait être des tâches de sang, Voldemort demeura un instant muet, digérant hargneusement les sensations qui le torturaient. Potter, aidé de son traître et de sa sang-bourbe de compagnie, venait de réduire en miettes le Cinquième Horcruxe. La vision avait été fugace, simple échappée dans l’esprit de l’ennemi, favorisée par un instant de jubilation du concerné. Le Lord s’était senti impuissant alors que le Croc de Basilique (d’ l’Indésirable n°1 le tenait-il ?) s’enfonçait dans la Coupe de Hufflepuff. Encore, et encore, et encore… « Apporte-moi ma baguette », susurra le terrible sorcier. Il avait lâché l’arme lorsqu’il avait ployé, tenaillé par la souffrance, sous les yeux de son subalterne. Mais il n’était pas faible. Non, il était tout puissant, nul ne devait avoir l’audace d’en douter.

Il caressa le cylindre de bois pensivement, presque amoureusement. Bientôt, il ne lui serait plus d’aucune utilité. Sans contexte, le Sureau lui siérait mieux. Mais en attendant…

Le Lord abaissa la bulle protectrice et autorisa son serpent à quitter la prison flottante qui lui servait de remparts. Le met peut-être dégusté, à présent. La créature n’en attendit pas plus pour ramper jusqu’à sa proie du jour. « M-maître.. ? Que… Qu’est-ce que… » « Ce dont tu as été témoin restera strictement entre nous. » La voix doucereuse n’était en rien rassurante. « C-cela va de soi mon Maître, il ne me serait jamais venu à l’esprit… non, jamais... Maître, par pitié, je – NON ! » « Tu garderas le silence oui, j’en suis convaincu. » Two can keep a secret if one of them is dead. Comment accorder sa confiance autrement ? Ils n’étaient tous que des faibles, des traîtres. L’un d’eux, quelque part, avait sans doute aucun indiqué à l’ennemi l’emplacement de la Coupe. Potter, ce piètre sang-mêlé, ne serait jamais parvenu à tout découvrir de lui-même ! Non… il y avait forcément eu une fuite…

Il était cerné par les traîtres. Mais il les trouverait, l’un après l’autre, et leur ferait payer leur affront.


► Si vous n'avez rien à cacher, vous n'avez rien à craindre ; 25 novembre 2002
Les membres du Magenmagot trônaient, la mine sévère, en demi-cercle derrière leur rempart de bois, surplombant la mosaïque colorée au cœur de laquelle siégeait le dernier accusé, cloitré dans une cage de métal. D’autres l’avaient précédé, seulement pour être blanchis au terme d’interrogatoires plus ou moins longs selon le cas. Felix Hvedrung, de fait, semblait à peine livide, à peine inquiété par le dénouement de son propre procès. Sur son charmant faciès s’étirait un sourire aguicheur et il n’avait manqué aucune occasion de tenter de s’attirer les faveurs des rares femmes d’âge moyen qui le dévisageaient de là-haut, élégamment vêtues des robes couleur prune typiques de la justice magique. Le président sorcier, d’ailleurs, portait en étendard son rictus dédaigneux, peu soucieux de manifester ouvertement l’aversion que lui inspirait le jeune mangemort dont le jugement arrivait à son terme.

C’était le danger des huis clos, au sein d’un monde sorcier sous le joug de la tyrannie : le souci d’équité était moindre et l’idéal de justice, une lointaine utopie.

Un œil averti, un connaisseur aurait sans doute décelé le danger. C’était peut-être le cas du sorcier à la défense, dont le visage sévère restait barré d’un pli contrarié et donc le plaidoyer manquait depuis le tout début de son habituelle flamme. Peut-être… avait-il trop coutume de la duplicité du gouvernement pour ne pas savoir ce simulacre de procès perdu d’avance. Il fallait un exemple, et qui de mieux qu’un étranger pour faire les frais des revanches cruelles du Magister ? Malfoy et Greengrass étaient des patronymes prestigieux, profondément ancrés dans l’histoire du monde sorcier anglais, symboles de son orgueil. Une tête devait tomber pourtant. Stratégie dissuasive, message adressé aux potentiels traîtres cachés dans les rangs mangemorts : nul n’était intouchable, moins encore irremplaçable. « Accusé, levez-vous », ordonna sèchement le Président, suintant la suffisance. L’homme s’exécuta, avec une grâce tranquille qui laissait transparaitre une assurance déplacée, faisant claquer les chaînes de métal qui pesaient lourdement à ses poignets. S’adressant à ses collègues, son vis-à-vis reprit, imperturbable : « Que ceux qui jugent Felix Hvedrung ici présent coupable de meurtre avec préméditation lèvent la main. » Sous le regard soudain dépourvu de toute trace d’amusement et glacé par l’effroi du danois, l’ensemble des paumes s’élevèrent. Puis s’abaissèrent. « Que ceux qui jugent Felix Hvedrung ici présent coupable de trahison contre le régime lèvent la main. » Et le cauchemar se réitéra. « Quoi.. ? Mais je n’ai jamais – » Le marteau claqua sèchement. « Silence ! » Les deux sorciers en charge de la sécurité, comme mû par un ordre informulé, le forcèrent à tenir tranquille. La sentence tomba comme un couperet : « Felix Hvedrung. Vous avez été reconnu coupable par le Magenmagot et êtes condamné à subir le Baiser du Détraqueur. »


► And desire for the Elder Wand, the Deathstick, unbeatable, invincible, swallowed him once more… ; 25 mai 2003
« Non. Non ! Ne me dis pas que tu envisages cette possibilité ? Tu en mourrais ! » « Ron a raison, Harry, il n'est pas question que tu te sacrifies, ok ? On trouvera une solution. Il y a forcément une solution. » L’échange houleux était une litanie incessante, ritournelle aussi incontournable que pesante, qui constituait leur quotidien depuis bientôt deux mois. Les souvenirs trouvés dans le bureau de Dumbledore avaient été riches en révélation : le statut d’espion de Snape trouvait une confirmation inattendue dans l’enchaînement de manigances ayant lié les deux hommes, mais pas que. L’information capitale, cruciale, pièce manquante d’un puzzle tracé bien avant sa naissance, avait broyé tout potentiel espoir d’avenir : il était le huitième horcruxe, l’ultime obstacle entre l’Ennemi et la Mort. « Si c’est la seule solution j’assumerai mon rôle jusqu’au bout. J’peux pas rester les bras croisés en voyant tous ces innocents– » Mais à ce moment sa cicatrice le brûla intensément, et la Salle sur Demande s'évanouit. Il se trouvait soudain dans une salle circulaire au plafond haut soutenu par des pilonnes gravés de reptiles aux écailles de pierre. Nagini drapé sur ses épaules, il était possédé par cette froide, cruelle résolution qui précède le meurtre.

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La tension était une compagne récurrente, la paranoïa une amante incontournable. Elle suintait de tous les murs, ici ; relents toxiques qui prenaient à la gorge et collaient à la peau. Voilà des semaines déjà que chaque réunion du Cercle du Lord s’accompagnait de rapports de mission aux résultats mitigés. Pour un succès répertorié, l’ombre d’un échec sur un autre plan était rarement loin ; et en réponse, la fureur de Voldemort s’accumulait, s’intensifiait, se déchaînait telle une impitoyable tempête à la moindre occasion. La reprise de Poudlard par l’ennemi avait fait atteindre son paroxysme à sa colère latente et, courbés tout autour du siège de pierre où trônait leur maître, les mangemorts de la première heure et autres favoris du Mage Noir semblaient en posture délicate.

Voldemort se leva. Harry pouvait à présent le voir entièrement, ses yeux rouges, son visage aplati, sa tête de serpent, sa pâleur brillant légèrement dans la pénombre. Le regard rubis, étincelant, ne se détournait pas de Snape. La face camarde s’orna d’un rictus cruel. « J'ai un problème, Severus », susurra-t-il avec une douceur inquiétante, faisant tournoyer sa baguette entre ses doigts. « Maître ? » Voldemort souleva la baguette de l’ainé, la tenant aussi délicatement et précisément que la baguette d’un chef d’orchestre. « Pourquoi ne fonctionne-t-elle pas pour moi, Severus ? » Son soupir sifflant s’attardait désagréablement dans l’air. Le visage de Snape sembla drainé de ses couleurs. « Maître ? Je ne comprends pas. V- vous avez exécuté de la magie extraordinaire avec cette baguette magique. » « Non. J'ai exécuté ma magie habituelle. Je suis extraordinaire, mais cette baguette magique... Non. Elle n'a pas montré les merveilles qu'elle promettait. Je ne sens aucune différence entre cette baguette magique et celle que j'ai obtenue d'Ollivander il y a tant d’années. » La tonalité de Voldemort était rêveuse, calme. Autour des deux protagonistes, les mangemorts scrutateurs semblaient perplexes. « Je me suis attendu à des résultats hors du commun. Mais je ne vois aucune différence. » Snape sembla hésiter, puis dit : « C’est pourtant bien la baguette que vous cherchiez- » Ils se refusaient à dévoiler clairement la nature de la baguette, par souci de ne pas attiser la convoitise des mangemorts présents. « J'ai pensé longuement et intensément, Severus… Ma baguette magique d'if a fait tout que je lui ai demandé, Severus, excepté de tuer Harry Potter. Deux fois elle a échoué. Ollivander m'a parlé sous la torture des noyaux jumeaux, il m’a dit de prendre la baguette magique d'une autre personne. Je l’ai fait, mais la baguette magique de Lucius s’est brisée. » « Je n'ai aucune explication, Maître. » « J'ai cherché une troisième baguette magique. Une baguette puissante. Je l'ai prise à son précédent maître. Je l'ai prise à Albus Dumbledore. Mais celle-ci aussi se refuse à exécuter mon désir. » Il s’interrompit, pensif. « Tu as été d’une grande valeur pour moi. De grande valeur. » « Mon maître sait que je cherche seulement à le servir- » Harry sentit l’impatience de Voldemort à travers sa cicatrice brûlante et se mordit le poing pour ne pas hurler. « Tu as été un bon et fidèle serviteur. Je regrette ce qui doit se produire, mais cette baguette ne peut pas me servir correctement, parce que je ne suis pas son véritable maître. Elle appartient au sorcier qui a tué son dernier propriétaire. Tu as tué Albus Dumbledore » « Maître ! » protesta Rogue – mais à cet instant, le ricanement d’Amycus Carrow résonna comme un coup de couteau dans l’atmosphère tendu. Le Lord se tourna vers lui, les lèvres frémissant de façon menaçante, et il s’empressa de se courber en deux, formulant des excuses précipitées. « C’est simplement, Maître- Snape n’a accompli aucun exploit, il a tout juste achevé un vieillard désarmé ! »

Le silence s’étira lourdement et soudain, Voldemort bifurqua pour approcher de lui à grand pas. « Que dis-tu ? » « Maître, lorsque nous sommes montés à la tour Dumbledore avait déjà été désarmé par le garçon. Par Draco Malfoy. » La stupeur se grava sur les traits disgracieux. « Vraiment ? » Il sembla goûter la nouvelle avec un plaisir croissant. « Vraiment… Voilà qui change tout. » Et tandis que derrière lui, Lucius Malfoy se décomposait d’effroi, le Lord explosa d’un rire à glacer le sang.

__________________________

« Harry ! Harry ? Tu as eu une vision ? Qu’est-ce que- » L’interpelé frotta sa cicatrice rougie et enflée, nauséeux. « Je crois… », entama-t-il, la vision floutée par la douleur, « Je crois que Voldemort va exécuter Draco Malfoy. » Il rumina la vision, encore blême et tremblant. « Pour devenir le maître légitime de la baguette Dumbledore. » Il ne savait pas ce qu’était cette baguette, mais elle semblait importante. Elle semblait dangereuse.

nb ; le Cercle ne sait pas qu'il s'agit de la Baguette de Sureau ; simplement que le Lord détient l'ancienne baguette de Dumbledore, réputée puissante, mais pas "légendaire".

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