sujet; I am the architect of my own destruction {Lazanna}

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how do you destroy a monster without becoming one ?
it destroys you inside, killing something, anything.
no one will save you



Debout devant la demeure familial, tu as oublié que le temps filait, surprise par la contemplation de ce tombeau, tu viens de perdre au moins vingt minutes à l’observer. À te questionner à son propos. Est-ce vraiment là ta maison ? Ta demeure ? Non. Ce n’est pas « chez toi », tu n’es jamais qu’une locataire d’une vie qui ne te va pas, qui n’est pas à ta taille. Et tout le poids que tu as pu abandonner la veille quand, dans l’ascenseur du ministère, Melchior Burke t’as proposé de prendre un verre et que tu as accepté, semble revenir. Il flotte autour de toi. L’alcool c’est dissipé, le sommeil aussi, tu es à nouveau habillé avec ton costume de parfaite secrétaire de la veille et tu retournes dans ta terrible existence. La chemise de l’homme ne te protège plus, tel un fabuleux talisman. Toi qui a passé la nuit dehors, sans avertir ta mère, tu peux de nouveau t’attendre au pire. Tu aurais dû lui envoyer un message, l’avertir, mais tu n’y as pas songé, tu t’es enivré et l’odeur de l’alcool te colle encore à la peau. Aux vêtements en fait. Tu inspires pourtant l’air comme si elle était chargée de courage et le menton bien dressé, tu te décides à faire claquer tes talons sur le sol du hall, alors que la grande porte se referme dans ton dos. Ta mère devrait être là, les bras ouvert, le regard inquiet et les lèvres déjà pressées à ta tempe, mais personne ne t’accueil. Non, elle n’est pas là et c’est à ton tour d’être inquiète, de faire claquer tes chaussures sur le sol, alors que tu presses le pas. Tu cherches tout d’abord au rez-de-chaussée, dans la salle à manger, la cuisine, le petit salon, mais sans grand résultat. La maison semble vide, alors tu te permets de faire plus de bruit alors que tu grimpes, que tu cherches dans sa chambre, dans sa salle d’eau, pour finalement gagner ta chambre dans un vain espoir, car elle est vide aussi. Où a-t-elle bien pu aller ?!

Est-ce ainsi qu’un parent se sent quand il découvre la disparition de son enfant ? Est-ce ainsi que ta mère se sentait quand, adolescente, tu osais faire le mur pour rejoindre le lit de Marcus ? Une main posée contre ton cœur, tu laisses tomber ta veste sur le banc au pied de ton lit, désemparée, quand tu remarques enfin le bout de papier scintillant, posé contre la glace de ta vanité. Le soulagement coule doucement dans tes veines, à moins que ce soit simplement ton sang qui se réchauffe ? Qu’importe, tes pieds te portent jusqu’au papier et les informations qu’il détient : ta mère s’inquiète, mais elle a dû partir s’occuper de la robe d’une jeune fiancée. Encore une que tu te fais la remarque. Elle en a même profité pour souligner le fait qu’il serait temps de faire de nouvelle recherche pour toi. Pour te fiancer. Cette idée te laisse un goût amer en bouche et abandonnant le petit papier, qui s’effrite doucement entre tes doigts, pour ne plus former qu’une poudre scintillante sur ton meuble, tu te décides à dénouer tes cheveux et à sortir de ta chambre. Tu pourrais aller te laver, mais tu as trop envie de rejoindre tes plantes, de te consoler avec elle. Parce que la douleur revient, la colère aussi, la déception et les regrets. Alors tu presses le pas, mais une fois dans le corridor, c’est sur lui que tu tombes. Lui, l’épine qu’on t’a enfoncé dans le cœur toute jeune, trop jeune oui. Ton corps ne te répond plus, tu respires à peine alors que ton géniteur te fais face. Il vient assurément de se réveiller, ses vêtements sont froissés, plus que les tiens, et il porte toujours ceux de la veille. Là, vous avez presque un air de famille, deux Carrow n’ayant pas pris la peine de se changer, empestant l’alcool, mais tout chez l’homme est pire que chez toi. Tu n’as pas encore sombré comme lui, tu n’es pas entièrement faite de son sang, que Morgana t’en préserve.

Ce n’est que lorsque vos regards se croisent, parce qu’il s’apprête à te foncer dedans, que tu te décides à entrouvrir les lèvres pour respirer. Déjà tu te détournes de lui, pour continuer ton chemin, vous n’avez pas été seuls tous les deux depuis des années et Liam ne doit pas être bien loin derrière, fort heureusement. Tu n’es pas en état de passer du temps avec lui, de vouloir te retrouver seule avec cet être abjecte. Alors tu le contournes, tu veux le fuir, mais en respirant son odeur, mélange d’alcool fort couteux et de parfum de femme, trop jeune pour lui, la colère revient à la charge. Aussi, dès que tu te trouves dans son dos, ton corps pivote. S’il ne t’obéissait pas il y a quelques instants, quand tu voulais éviter de croiser la route de ton paternel, il recommence, mais cette fois, il te force à le confronter. Ne t’inquiétant pas du fait que tes yeux sont encore enflés, après avoir tant pleuré la nuit dernière, tu l’interpelles avec une franchise qui lui appartient : « C’est que certaine mène une vie de roi ici, hein Lazarus ! » Tu n’as pas prononcé le mot « papa » depuis des années, pas en songeant à lui, encore moins près de lui et tu ne le feras pas. Il est Lazarus et quand il se retourne pour t’observer, quand vos regards se retrouvent, aussi sombre l’un que l’autre, terrible héritage Carrow, tu esquisses un sourire aussi ironique que peuvent l’être les siens. « Est-ce que tu l’as ramené ici, elle aussi ? » Est-ce de l’amusement qui brille dans ses yeux ou de l’agacement ? Avec lui, tu ne sais jamais à quoi t’en tenir, tu lui parles si peu. Tant pis, tu te sens l’âme audacieuse en cet avant-midi et tu fais un pas vers lui, croisant lentement les bras avec la même grâce que ta mère, Slughorn jusqu’au bout des doigts. Enfin, sauf pour ce sourire, pour ce regard, typiquement sien. Carrow. « D’abord la bâtarde et vingt ans plus tard, ta putain ? Tu vas lui faire un bâtard de plus ? »

Pourquoi l’attaques-tu ainsi, d’aussi bonne heure ? Pourquoi ne le laisses-tu pas en paix ? Maman ne serais pas d’accord avec ton comportement, elle t’a répété a plus d’une reprise de ne pas lui porter d’intérêt ou d’attention, de ne plus te faire de mal avec lui. Mais là, c’est en toi, ça rugit dans ton ventre et tu plisses les yeux, fronces les sourcils, incapable de t’empêcher de continuer sur ta lancée. C’est trop bon. C’est trop soulageant. « Après tout, maintenant que tu as fiancé ta petite chérie à Constantin, tu dois supposer avoir le droit de faire n’importe quelle autre connerie ! » Non, tu n’as pas digéré la nouvelle et maintenant que tu le tiens pour toi toute seule, sans ta mère pour chercher à te tempérer, tu laisses le sang sale, le sang carmin, parler. « Oh et je n’ai rien à FAIRE que ça ait un quelque sens pour TOI et ta vie ! Et toi, tu sais ce que tu fais de MA vie ?! Hein, Lazarus ? » la rage t’emporte, t’écorche la gorge comme jamais, te fais presque cracher du sang alors que ta bouche prend un plis dur, que tu serres les bras à t’en faire mal, la mâchoire crispée, le front barré par la douleur de toute une vie de souffrance sous son toit. Sous ses lois. « Cette maison, ce n’en est pas une… c’est un enfer perpétuel » cette fois tu ne cries pas, tu craches plutôt tes mots avec dégout. C’est bien pire, ce ton amer, cette façon de vomir tes mots, oh oui c’est bien pire que de les lui hurler. Tu le détestes tant, tu lui voue une haine sans borne, aussi infini que cet enfer dans lequel il t’a mise, dans lequel il t’a laissé grandir. Toi, autrefois jeune pousse innocente, avec maintenant les mains recouverte de poison. Voilà ce qu’il a fait de toi, en te laissant pousser à l’ombre, dans un coin sombre de son petit monde tordu. « Je ne te laisserais pas faire… c’est hors de question », et ce, peu importe ce qu’en pense ta mère. Tu ne peux pas le laisser détruire Constantin en semant sa jolie plante carnivore chez lui.
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Lazarus Carrow était un homme décidé. Dans la vie, le mangemort savait ce qu’il voulait. Il voulait de l’argent. Il voulait une fille. Il voulait un repas nourrissant avec toutes les garnitures au menu. Il voulait une bouteille de whisky. Il voulait une voiture pour rouler à cent soixante à l’heure, même s'il n'aimait pas les moldus. Il voulait foutre son poing dans la gueule aux gens qui l'emmerdaient. Il voulait un tourne-disques dans la grande chambre d’hôtel qu’il convoitait pour pouvoir traîner au lit avec la fille et le whisky tout en écoutant les Bizarr' Sisters et Rotten Apple. C’était ça qu’il voulait. Sa vie ne se passait plus qu’à se procurer toutes ces choses. Il était heureux rien qu'à inventorier ses désirs, et encore plus joyeux à la pensée qu'il lui suffisait d'un claquement de doigts pour se les procurer. Il le savait. Les gens le craignaient. Les gens l'admiraient. Il comptait. Il en était arrivé là. On le connaissait depuis bien longtemps pour son comportement de rock-star, car c'était ainsi qu'il se comportait, détestant les codes de la politique qu'il explosait avec une facilité déconcertante et insolente. Il voulait des fontaines de champagnes et il riait aux éclats en fumant des cigares, et il n'était pas malheureux. Les gens s'exécutaient. Il regardait ça d'un air très satisfait. Sa notoriété avait dépassé le stade de sa corporation, il le voyait à la simple façon dont sa présence exaltait les gens et les contraignait à garder un air parfaitement normal et blasé quand ils lui parlaient, qu'ils soient heureux ou terrifiés de le voir. C'était ça la vraie célébrité : elle se mesurait à l'effort que produisait chacun pour garder un air morose en sa présence tout en étant absolument électrisé ou terrifié.

Ca lui allait. Il s'en foutait, ou il aimait ça, ça dépendait s'il voulait qu'on flatte son ego ou pas, s'il était dans le mouv' pour ça.  Il n'était pas heureux non plus. Mais il ne souffrait pas. Mais qui a dit que ne jamais avoir souffert, c'est toujours avoir été heureux ?

On disait qu'il n'avait pas d'âme, qu'il était violent, qu'il était fou. Quelqu'un comme Morrison ne pouvait avoir une âme à lui, car l'âme est intrinsèquement bonne, intrinsèquement propre un bien qui devra être restituée un jour, nacré, propre, intact. Cette idée mettait Lazarus en colère et il avait envie de dire à ces gens, qu'ils  se trompaient, que l'âme est humide et sombre, une créature qui élit domicile dans le corps humain tel un parasite et s'en nourrit, une créature avide d'expérience et de pouvoir, possédée d'une joie inhumaine, qui n'a que faire de son hôte mais vit, comme elle doit vivre, dans une perpétuelle nostalgie défigurée.

Il rêvait de tout et de tas de choses, il sortait, et ce soir là, il était resté à boire avec une fille qu'il connaissait, une jeune, mais il couchait avec régulièrement, une qui pouvait se permettre de poser des questions. Pourquoi est-ce qu'il aimait voir les gens souffrir. Pourquoi il les blessait sans raison. « C'est un don. » Il s'était de répondre ça,  avec un grand sourire aux lèvres. « Un don... et un service public. » Elle ne le comprenait pas, il le voyait alors qu'il finissait son verre. « C'est le nom que tu donnes à ça ? » Il se servit un autre whisky pour mieux oublier que l'après-midi du lendemain il avait une réunion importante et o combien barbante avec des journalistes. « Et comment. Les gens se sentent bien quand ils sont malheureux. Ils savent qu'ils ne méritent pas mieux. » Ses yeux pétillaient. « C'est quand tout va bien qu'ils commencent à s'inquiéter. Ils ne savant pas quoi faire de leur peau. Le monde a soudain l'air étrange et effrayant, et ils languissent de retrouver ce qu'ils connaissent. Quelque chose de familier... comme la souffrance. »

C'était d'un cynique, d'une cruauté. Il se sentait vieux, vraiment, en rentrant chez lui pour se coucher, très tard dans la nuit, ou plutôt très tôt le matin.  Il supposait que c'était normal. Tout finit par vieillir quand on en rêve trop longtemps ; tout sauf l’alcool, parce que, avec l’alcool, on pouvait toujours vomir et recommencer à zéro. Il s’effondra, ivre mort.

Le réveil fut dur.  Et il ne s'attendait certainement pas à se faire réveiller de force, comme ça, en se faisant hurler dessus. Pas de la part de Susanna. Elle lui parle souvent avec une distance froide, comme sa mère. C'est lui qui avait dit un jour : La force c'est un degré d'indifférence de plus. Elles l'avaient pris au pied de la lettre et le laissait  chavirer en paix, peut-être il y a une certaine grâce chez les perdants, les salauds et les brigands. « Depuis quand tu t'intéresses à ce que je fais, dis moi ? Ta mère ne t'a jamais dit que j'étais un cas désespéré et qu'il fallait me foutre la paix ? » Elle filait un mauvais coton, mais il ne parvenait pas à voir quoi, il était occupé, il avait de vrais problèmes, pas des états d'âmes de gamine à régler. « Et si on parlait de tes conneries, à toi, Susanna Carrow ? Si on parlait de tes foutus états d'âmes ? Tu as quoi comme problème ? Tu as lutter contre qui ? Tu as qui à combattre ? Contre quelles souffrances tu as du te blinder ? Rien, jamais, grâce à qui ? Papa, qui s'est toujours, toujours occupé de ça. »

Elle se détourna, elle voulait fuir. Personne n'avait les armes pour lutter avec lui et personne ne le faisait jamais, c'était trop risqué, ça faisait trop mal. « Regarde moi, putain, REGARDE ! » Les manèges avec Malfoy il en avait assez. Il ne supportait pas qu'on conteste son autorité, et ça l'emmerdait vraiment. Il faisait ce qu'il pouvait pour cette famille, qui le récompensait mal, vraiment mal : si c'était pour obtenir ça au bout, autant abandonner. « Qu'est-ce que tu vois, Susanna ? » Un type de quarante-six au visage sombre, dur, la machoire carrée, les traits creusés, taillés à la serpe, un visage qui n'a rien à craindre de la mort parce qu'il est déjà mort. « Tu te rappelles comment j'étais quand tu étais gamine ? » Rien à voir. Bien plus jeune, mieux portant, seuls brillaient encore les yeux d'une lueur sourde. « Cette famille est en train de me tuer. Et vous ne survivez que grâce à moi, sans moi vous ne seriez rien, rien du tout. Je régente vos vies ? Vous êtes incapables de le faire vous mêmes. De quoi tu te plains ? De quoi ? » Il la tenait par les épaules, fermement, presque à lui en faire mal. « C'est moi le salaud ? Et quand Avery te baise, qui est la salope ? Et quand tu ruines la seule proposition de mariage que tu avais, qui est l'imbécile ? »

Il n'épargnait personne, jamais, il ne connaissait que la vérité crue, brutale, impitoyable. Jamais une concession, jamais un pardon. « Cette maison est enfer. Le monde l'est. Le monde veut t'écraser, Susanna, et tu ne peux pas te permettre de le laisser faire. C'est comme ça que marche le monde. Les méchants gagnent et les autres font semblant de ne pas avoir remarqué ce qui se passe, histoire de sauver la face. Alors oui, si tu vas par là, je suis un putain de démon, mais tu sais quoi, ma fille ? Je ne suis pas  le seul. Mais ça tu le sais. Je te l'ai appris. Tu la compris grâce à moi. Tu le sais. Le monde voudra toujours ta peau, Susanna, jusqu'au bout. Alors déteste moi si tu veux, mais apprends. Si tu as la rage, personne ne viendra à bout de toi. » Le sang. Il avait le goût du sang dans la bouche, mais il ne chancelait pas. « La rage. Le couteau dans la tête. C'est ça mon héritage. Qu'est-ce qu'il fallait que je fasse ? Que je te couve à vie et te laisser te briser contre eux au premier assaut ? » Le sang dégoulinait de sa bouche, maintenant, mais il n'en tenait plus compte. « C'est ça, la vraie cruauté, Susanna. Ca aurait de te laisser croire que tu pouvais vivre heureuse sans savoir te battre. Si je n'aimais pas, je ne t'aurais pas appris ça. »
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Quelque part, tout au fond de toi, tu sais que tu n’aurais pas dû t’arrêter, tu sais que tu aurais dû lutter, pour ne pas le confronter. Personne ne le fait jamais, pas avec Lazarus, parce qu’il est une cause perdu. Peu importe ce que tu peux lui dire, tu sais très bien qu’il ne changera rien, le destin que cet homme cruel scelle, ne peut être défait, pas sans sacrifice, sans sang. Mais là, debout devant lui, tu l’oubli, oublis que saigner ne suffit pas et que tu ne feras jamais que rouvrir tes plaies en les triturant du bout des doigts Tu perds ton temps et il te le rappelle sans détour : « Depuis quand tu t'intéresses à ce que je fais, dis-moi ? Ta mère ne t'a jamais dit que j'étais un cas désespéré et qu'il fallait me foutre la paix ? » Or, si vous n’avez pas grand-chose en commun, ta franchise, pour peu que la décence de ta mère ne te limite pas, est comparable à la sienne. « Je sais, c’est inutile de parler avec un fou, mais quitte à faire subir ma mauvaise humeur à quelqu’un, aussi bien que ce soit toi. » Oui, tu agis comme une enfant, un peu plus et tu te mets à faire la moue, à taper du pied et à exiger une sucette. Mais tu n’es pas Beatrix, alors tu te contentes de le fixer froidement, ce qui l’agace, mais toi aussi. « Et si on parlait de tes conneries, à toi, Susanna Carrow ? Si on parlait de tes foutus états d'âmes ? Tu as quoi comme problème ? Tu as lutté contre qui ? Tu as qui à combattre ? Contre quelles souffrances tu as du te blinder ? Rien, jamais, grâce à qui ? Papa, qui s'est toujours, toujours occupé de ça. » Ce qu’il te dit, te laisse sans voix. En fait, tu ne t’attendais pas à ça, pas de sa part à lui. Entre tous les membres de cette famille maudite, la seule personne ne pouvait décemment pas parler de tes souffrances, les limiter à des caprices, pire, faire comme s’il avait été ton sauveur, c’était bien lui. Lazarus ne t’avait rien apporté de bon, il ne t’avait que rejeté, t’avais convaincu que tu étais d’un banal écœurant, que tu ne serais jamais à la hauteur. Ni de son attention, ni de son amour, ni de rien. Ta mère avait raison, tu ne dois pas parler à cet homme et déjà, tu tentes de rectifier la situation, pivotant.

Tu n’iras nulle part, tu le comprends dès qu’il te retient, dès que tu poses un regard haineux sur lui, parce qu’il exige ton attention : « Regarde-moi, putain, REGARDE ! » Oh, tu le regardes maintenant et tu y mets tout le dégout qu’il représente, toute la déception qu’il t’a fait encaissé, toute la haine qu’il a fait grandir en toi. Et sa question n’a rien pour arranger les choses, rien pour apaiser ton cœur, qui bat fort. Qui bat avec douleur. « Qu'est-ce que tu vois, Susanna ? » Ta réponse fuse sans même que tu puisses y réfléchir, « un déchet » mais tu ne regrettes pas ton choix, ni le ton presque vulnérable. Non, ta voix est peut-être douce, mais ton regard est dur. « Tu te rappelles comment j'étais quand tu étais gamine ? » cette question-là t’arrache un bout de rire étouffé par ta bouche fermé, à peine un reniflement dédaigneux. Ironique. Tu ne te rappelles pratiquement rien de lui, il ne te reste que des souvenirs d’une silhouette, passant près de toi, sans jamais te toucher, sans jamais te parler. Pas après la dernière tentative t’ayant marqué, un essai pour parler à ce que tu avais jadis appelé « père », un essai raté, puisqu’il t’avait congédié sans douceur. La petite fille aux cheveux bruns avait alors compris qu’il valait mieux cesser, abandonner l’idée d’avoir un père. Toi, tu n’en aurais pas et encore aujourd’hui, devant lui, tu réalisais que tu étais toujours coincée dans ce rôle de fille sans père. « Et me rappeler quoi ? Ne me confond pas avec ta bâtarde, moi tu ne me lisais pas d’histoire. » Sauf qu’il n’a rien à faire de ta réponse, de tes provocations, non. Il veut vider son sac, à son tour : « Cette famille est en train de me tuer. Et vous ne survivez que grâce à moi, sans moi vous ne seriez rien, rien du tout. Je régente vos vies ? Vous êtes incapables de le faire vous-mêmes. De quoi tu te plains ? De quoi ? » Croit-il réellement ce qu’il dit ? En est-il persuadé ? Tu commences à comprendre que oui, alors que ses doigts te broient les épaules, qu’il te force à te tortiller légèrement, pour essayer de lui échapper.

« C'est moi le salaud ? Et quand Avery te baise, qui est la salope ? Et quand tu ruines la seule proposition de mariage que tu avais, qui est l'imbécile ? » Quand il parle de salaud, tu te contentes de le fixer avec ce même détachement typiquement Slughorn, oui c’est un salaud et tu assumes le penser. Mais quand il ose te parler de Salvador, tes yeux s’arrondissent. Comment ose-t-il ?! La proposition de mariage n’a pas le même impact, pas pour toi, pas avec cette pudeur que tu t’assures d’avoir, pas pour ta réputation ! Alors tu le gifles, sans réfléchir, la respiration sifflante, pendant que tu le foudroie du regard. « Avery ne me baise pas, je ne suis pas comme toi ! » Cette phrase se répète dans ta tête. Tu n’es pas comme lui. Tu ne seras jamais comme lui, tu t’y refuses. Il n’écoute que sa propre voix, que ses propres discours et il continu son sermon, son délire oui. « Cette maison est enfer. Le monde l'est. Le monde veut t'écraser, Susanna, et tu ne peux pas te permettre de le laisser faire. C'est comme ça que marche le monde. Les méchants gagnent et les autres font semblant de ne pas avoir remarqué ce qui se passe, histoire de sauver la face. Alors oui, si tu vas par-là, je suis un putain de démon, mais tu sais quoi, ma fille ? Je ne suis pas le seul. Mais ça tu le sais. Je te l'ai appris. Tu la compris grâce à moi. Tu le sais. Le monde voudra toujours ta peau, Susanna, jusqu'au bout. Alors déteste-moi si tu veux, mais apprends. Si tu as la rage, personne ne viendra à bout de toi. » Croit-il réellement tout ce qu’il raconte ? Il est fou s’il croit que sa façon de faire fonctionne. Oui, Lazarus est un véritable insecte, résistant à tout, coriace même. Mais comment peut-il croire qu’il peut obtenir des résultats concluant avec toi, quand il te traite ainsi ? Comment peut-il être persuadé qu’il te rend service ? Tout ça, ce n’est que du vent. De belles paroles, il sait assurément qu’il te fait du mal, depuis toujours.

« La rage. Le couteau dans la tête. C'est ça mon héritage. Qu'est-ce qu'il fallait que je fasse ? Que je te couve à vie et te laisser te briser contre eux au premier assaut ? » Tu recommences à froncer les sourcils, l’incompréhension t’envahissant le visage, les doutes s’immisçant dans ton esprit. Puis tu secoues doucement la tête, incrédule face à ses paroles, face à son attitude. Et s’il était encore plus tordu que tu le soupçonnais hein ? Tu ne vois que ça, ça et le sang qui chute de sa bouche au sol, sur tes pieds, sur les siens. C’est le dégoût qui te force à reculer, à lui échapper, quand bien même il te fait mal. « C'est ça, la vraie cruauté, Susanna. Ça aurait été de te laisser croire que tu pouvais vivre heureuse sans savoir te battre. Si je n'aimais pas, je ne t'aurais pas appris ça. » T’aimer ? Quelque part en toi, une petite fille redresse la tête, à l’affut des mots magiques, des mots spéciaux. Si rarement chuchoté par la bouche de son « papa », mais tu n’es plus elle. Non, tu l’as secoué, cette idiote. C’est ce même « papa » si précieux, qui l’a défiguré, qui a fait d’elle une gamine aux idées obscures, au sourire plein d’ironie, celui qu’elle te lègue, alors que tu laisses s’échapper un éclat de rire, sans joie. Aussi mort que le cœur de Lazarus l’est, petite chose desséché. « Aimer ? Toi ? Je t’ai déjà avertis, ne me prend pas pour ta bâtarde. Tes délires et tes minauderies, gardent les pour elle. Moi, je n’y crois pas. Je sais ce que tu es, je sais qu’il n’y a rien de bon en toi. Tu ne m’as pas rejeté par amour, tu l’as fait tout simplement, parce que tu es ainsi fait. Cruel. Égoïste. Un homme capable de tuer ses propres enfants pour un caprice. » Tu secoues la tête, dégoutée, enragée, exaspérée même. « Oui, tu vois, si je ne me rappelle pas de ton visage, quand j’étais enfant, je me rappelle très bien de tes menaces, celle de nous tuer, Ulysse et moi. Charmant, assurément, à la hauteur de mes attentes actuelles vis-à-vis de toi » ton sourire est presque charmant maintenant et tu glisses ton pouce sous sa lèvre inférieure, pour récupérer un filet de sang. De colérique, tu deviens sereine, presque heureuse, si ce n’était de cette lueur malsaine qui brille dans ton regard.

Il saigne pour toi, il saigne devant toi. Par ta faute. Grâce à ses apprentissages et tu redresses un regard brillant de fierté sur lui, d’une cruauté qui ne te ressemble absolument pas. Où est passé la douce Susanna ? L’enfant blessée ? Elle n’est plus là. Il ne reste que toi, la fille Carrow, la mal-aimée. « Cela dit… tu as raison, Carrow. Je te déteste, mais tu m’as offert la rage… la haine… » tu frottes ton index contre ton pouce et souris en regardant la tâche cramoisie s’étendre. « Et maintenant, c’est ma colère qui te détruis lentement, mais sûrement. Regarde comme tu saignes… quel joli porc tu fais Lazarus » ton sourire s’étire, se fait presque charmeur, coquin. Oui, tu as de qui tenir, cruelle comme ton père, discrète comme ta mère, une combinaison gagnante. Des deux héritiers purs, tu es celle ayant le plus de potentiel, il serait temps que quelqu’un le réalise. « En fait… tu peux même être fier, tu récoltes aujourd’hui les fruits de ton si dur labeur. De toute ta descendance, je suis probablement la seule à avoir compris comment ton monde tordu fonctionnait. Sinon, je ne serais assurément pas la seule à te pourrir de l’intérieur, comme il se doit. » Là, il a compris n’est-ce pas ? Tu n’as pas prononcé le mot « poison », mais tu le sous-entends allègrement et l’absence de peur dans ton regard ou d’hésitation dans ta voix, prouve que tu as bien appris tes leçons de sa part : tu es coupable et tu l’assumes. Peut-être qu’en réalité, tu es aussi folle que lui, mais ça, tu refuses de l’accepter. Être coupable, ça oui, mais être pareille à ton géniteur, ça jamais.
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Lazarus Carrow avait été un bon fils, mais rarement un bon mari, et jamais réellement un bon père. Peut-être parce qu'il était trop jeune, il ne savait pas. Il adorait sa famille plus que tout, pourtant, et avait rêvé d'y exercer la même influence que son père. Raide, sèche, rigoureuse, mais teintée d'un léger sourire, d'une pointe d'humour sarcastique et de bienveillance. L'âge et l'intelligence avaient atténués les défauts typiquement Carrow chez Eugene, mais chez Lazarus, ils étaient réapparus de plein fouet. Il ne savait pas faire ce qu'avait fait son père. Ni son grand-père. Il se rappelait, bon sang, de tout ça. Le gamin qu'il était, Lazarus Junior, entendait encore son grand-père, Lazarus Senior, dire "Ca va aller, Lazy Boy", et il se sentait tout de suite mieux, car chacun sait que ne pas savoir si on ira mieux, c'est souvent ce qu'il y a de pire quand on ne se sent pas bien.  Mais ça, ce n'était pas lui, il ne savait pas faire ça, et encore moins le dire à ses gosses.

Tout ce que la vie avait appris à Carrow, c'est qu'il fallait savoir se débrouiller seul. C'était une question d'instinct. Toujours ouvrir l'oeil. On tournait le dos une seconde, la minute d'après ils vous foutaient la tête dans la casserole et  la faisaient bouillir. C'était une chose qu'on apprenait avec le temps. On ne disait pas ça à l'époque de son père. Parce qu'on croyait pouvoir faire de ses gosses des types biens. Tel était l'exemple de Gene Carrow. Enfant, il n’avait pas falsifié ses bulletins de notes, pas imité la signature de son père, pas allégé le porte-monnaie de sa mère. Lycéen, il n’avait pas copié sur son voisin, il ne s’était jamais abstenu de se présenter à ses cours, sachant pertinemment qu’il serait incapable d’inventer la mort de sa grand-mère ou de mimer une angine. A sa première fiancée, il avait annoncé qu’il était puceau au lieu de revendiquer de nombreux exploits sexuels. Ne cherchant pas à tromper son monde, soucieux de précisions et de vérité. Un type bien ou un abruti, un homme droit ou un psychorigide, selon les points de vue.Et puis, il estimait que chacun, même le plus proche, même la personne avec qui on partageait le plus, avait le droit à un territoire inviolable, une zone de sécurité impénétrable. Gene Carrow avait l’esprit démodé des gentlemen.

Mais pas son fils, qui avait réalisé que cet esprit ne vous conduisait qu'à votre propre perte. Lazarus l'avait découvert tout seul et il se sentait floué, trahi, que personne ne le lui aie dit. Puis il avait compris que c'était une partie de l'apprentissage. Pour survivre, il fallait être un enfoiré. Il avait connu la guerre et il avait eu les couilles de faire la révolution, il était un héros, mais eux ? Eux, ils n'avaient ni ni guerre ni révolution à faire.  Rien. Pas d'adversaire à combattre, pas de parents à affronter...ou pour de mauvaises raisons. Parce qu'il ne comprenait pas qu'il eut pu générer un raté et une petite bourgeoise psychorigide, franchement. Ce n'était pas possible, non, il n'y croyait pas.

Alors il les secouait. Était-ce de la cruauté de sa part ? Il l’aurait nié. Lazarus le niait de manière véhémente. Cependant, il s’y entendait comme personne pour commettre ces actes apparemment anodins qui sont plus blessants que les agressions les plus explicites – et il s'y entendait très bien dans les agressions les plus explicites aussi, cela dit. Il était fou, qu'elle disait ? Oui, fou, fou, sans doute, mais tellement lucide. Un déchet, oui aussi, mais tellement brillant. « Un salaud, un déchet oui. Mais je sais ce qui se passe autour de moi. » Il savait ce que sa fille valait, bien plus qu'il ne le croyait. Il savait où il allait, où il l'emmenait, il n'était pas fou, ou plutot si, simplement il croyait en ce qu'il disait, parce que c'était la seule chose valable en ce monde, la seule chose dont il avait eu la preuve : pour gagner, il ne faut pas être transpercé par les états d'âmes. «Mets de coté ta rancoeur, petite, je te parle physiquement. On ne vieillit pas comme ça simplement à cause de l'âge. Vous me tuez, au sens propre. » Elle le gifla à la simple mention du nom de Avery. Cela n'eut pour effet que de le faire sourire, de manière terrible, sans pitié. « Alors quoi ? Tu couches avec lui, si tu veux que j’appelle ça comme ça ? Ca revient au même. Tu es ma fille. Que tu le veuilles ou pas, tu es une Carrow. A la rigueur, tout ça n'a pas d'importance, c'est factuel, on s'en fout. Mais tu ne peux pas fuir ton nom. Tu ne pourras le nier éternellement. »

Parce que tôt ou tard, il faudrait qu'elle y vienne. Peut-être qu'elle n'avait pas exactement la même mentalité que lui, mais il l'avait élevé, il en avait fait ce qu'elle était. Si on ne construisait pas en pensant comme ses parents, on se construisait en pensant contre eux. Avait-il réussi son pari ? Oui. Parce qu'elle lui ressemblait au final. Parce que c'était vrai.

« Alors c'est toi, bon Dieu, c'est toi. »
Le sang coulait toujours sur son menton. Pour la première fois, il eut la présence d'esprit de l'essuyer. « Je devrais te tuer, tu m'entends, ou trouver quelque chose pour te faire payer ça. Je devrais... » Il avait les mains pleines de sang, il le savait. « Mais cette histoire là n'est pas finie, pas encore. Et tu restes ma fille. » Alors pour la première fois depuis une éternité il la prit dans ses bras. Il se foutait du reste. Tant pis. « Tu te souviens de ce que te chantait ta mère ? Tu sais, cette chanson là...Give you back the dream, and show you now what might have been,  if all the tears you cry would fade away...I'll be by your side, when they come to say goodbye, and we will live to fight another day.'Scuse me if I spoke too soon, my eyes have always followed you around the room... » Je te retourne ton rêve, et je te montre maintenant ce qu'il pourrait être, si toutes tes larmes disparaissaient. Je serais de ton coté, quand elle viendront te dire adieu, et nous vivrons pour combattre un autre jour. Excuse moi si j'ai parlé trop vite, mes yeux t'ont toujours suivi autour de la chambre. Il savait qu'il n'avait pas été un bon père, mais il était là. Il l'avait toujours été, en bien ou en mal. « C'est moi qui aie écrit ça. » Il sourit, doucement. Il était différent de d'habitude, et il murmura. « Si tu veux faire quelque chose de ta vie, faut pas attendre, parce que rien ne se passe jamais comme on voudrait...et c'est jamais avec nos parents, de toute façon, putain. »
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how do you destroy a monster without becoming one ?
it destroys you inside, killing something, anything.
no one will save you



« Tu es ma fille. Que tu le veuilles ou pas, tu es une Carrow. A la rigueur, tout ça n'a pas d'importance, c'est factuel, on s'en fout. Mais tu ne peux pas fuir ton nom. Tu ne pourras le nier éternellement. » Voilà les seules paroles que Lazarus prononcent et qui semblent faire du sens, dans ton esprit du moins. Parce que même si tu t’acharnes à ne pas être de son sang, à ne pas être autre chose que Slughorn, que cette enfant adorée que ta mère à bercée, tu sais que tu as changé. Évidemment, tout est de la faute à ce pauvre fou qui te fait face, celui-là même qui te rappelle que le mal, le véritable mal où la folie prend racine, vit en toi. Une partie de lui, vit en toi, et tu ne peux pas la drainer, il n’est pas qu’un poison, il est une maladie, une infection. Un cancer qui ne s’arrête pas avant d’avoir arraché la vie à son hôte. Tu ne pourras jamais être entièrement débarrassée de lui, quand bien même tu épouserais la cause d’un autre nom. Mais ça, tu l’as compris avec le fils Malfoy déjà, tu n’as pas besoin d’un homme, pas vraiment, pour subsister. En fait, jusqu’ici, les hommes ne t’ont jamais causé que des tourments ; Julian en mourant, Draco en t’humiliant encore et encore, Salvador en tournant autour de toi comme un rapace, Ulysse en contaminant ton existence de sa bêtise et puis ton géniteur, de par sa présence digne d’un courant d’air. Toutefois, tu es Carrow, le seras toujours. Et c’est bien ce qui fait glisser ton doigt contre sa peau, qui frotte le sang entre tes doigts alors que tu souris avec toute la gloire de ton nom. De son nom.

Puis il réalise, la faute à ton petit discours, la faute à ta fierté. Celle de le faire saigner, de le tuer, à petit feu. Pareille à ce qu’il t’a fait subir petite fille, un coup à la fois, pour une existence pleine de souffrance. Pour chaque jour où il a osé t’ignorer, où il a brimé ta confiance en toi, où il a limité ton potentiel en te laissant douter de ta valeur, tu comptes le faire souffrir. Tu veux que l’intérieur de sa carcasse soit liquide, pourrie, tout juste bonne à s’écouler dans les égouts. Même les vers n’ont pas à vouloir de lui, tu le veux aussi seul que toi, lorsque la mort viendra le chercher. « Alors c'est toi, bon Dieu, c'est toi. » Ta tête s’incline gracieusement, comme la bonne petite fille Slughorn que tu as toujours été, sauf que l’éclat de ton regard à tout avoir avec son nom à lui. « Évidemment que c’est moi, j’ai bien appris mes leçons comme tu peux le voir, j’ai appris à me battre. » Et le plus vicieux de tes opposants, ça a toujours été lui. Ton monstre à toi, n’a jamais vécu sous ton lit, non il errait plutôt dans la maison, tenant la main d’une diablesse blonde, couvant d’un regard dur mais tout de même paternel, un garçon t’ayant trahis. Oui, ton paternel peut être fier de toi Susanna, parce que tu as grandis comme il le souhaitait, parce que quelque part, tu es cruelle, toi aussi. « Je devrais te tuer, tu m'entends, ou trouver quelque chose pour te faire payer ça. Je devrais... » il te fait sourire un peu plus avec ses menaces. Il devrait ? Mais il ne le fera pas, tu ne le laisseras pas faire, tu te battras, parce que c’est ce que tu as appris. Tu n’as même pas peur, plus maintenant, tu as appris à l’abandonner, quand on se détache d’un individu, qu’on cesse de le respecter, on ne peut plus le craindre. Et puis, entre sa bâtarde, tout juste bonne à écarter les cuisses, et son demeuré de fils, s’il osait te tuer, il perdrait tout. Tout ce qui avait de la valeur. « Mais cette histoire-là n'est pas finie, pas encore. Et tu restes ma fille. »

Il a bien raison, cette histoire n’est pas fini et cette fois, tu te permets de rire. Un son cristallin, franc, presque charmant, s’il n’avait pas une note dentelé. « Non, en effet, ce n’est pas encore fini puisque tu es vivant. » Or, toi tu comptais bel et bien l’achever, mais rien ne sert de courir, tu voulais le voir souffrir, le voir blêmir, le voir perdre ses moyens, être handicapé. Bien avant que ce cher Lazarus rende son dernier souffle, sa vie devait être devenu un véritable enfer, tu voulais qu’il soit privé de ses plaisir simple, que son estomac ne puisse plus encaisser l’alcool, que son entre-jambe ne soit plus utile à rien, pas même à visiter une toilette et puis, qu’il perde l’esprit dans les méandres de la douleur. Voilà comment tu désirais le voir mourir, comment tu avais déjà prévu sa fin et il n’y échapperait pas, foi de Carrow. Là où ta mère ne se sentait pas la force, la cruauté peut-être, d’aller jusqu’au bout, tu comptais bien vous délivrer du vilain dragon et sortir enfin de cette satanée tour où tu vivais. Et alors que tu rêves de sa fin, du dénouement de sa vie, lui t’attrape et te serres dans ses bras.

Tu ne sais plus bouger, en fait tout l’air que tu possèdes ce coince dans tes poumons. Que fait-il ? Par Morgana, que fait-il donc ?! Déjà tu supposes qu’il s’agit là de l’une de ses ruses et tu retiens ton souffle, tes mains formant déjà des serres, prête à te libérer dès qu’il le faudra, prête à lui lacéré le visage pour lui échapper, si tu dois en venir là. Mais non, il se contente de te serrer contre lui et de parler, « tu te souviens de ce que te chantait ta mère ? » Tu bats des cils, fronce les sourcils, ne comprend tout simplement pas la question. De quoi parle-t-il, par Morgana ? Comment ose-t-il seulement te parler de ta mère, de ta précieuse maman ?! « Tu sais, cette chanson-là...Give you back the dream, and show you now what might have been, if all the tears you cry would fade away...I'll be by your side, when they come to say goodbye, and we will live to fight another day.'Scuse me if I spoke too soon, my eyes have always followed you around the room... » Tu reconnais la chanson, la mélodie se faufile doucement dans ton esprit, jusque dans ton cœur. Sauf que ta version est plus délicate, chantonnée avec amour par la voix douce de ta mère, alors qu’elle te consolait, quand Lazarus te rejetait ou encore, quand tu avais du chagrin. Tu fermes même les yeux, une fois qu’il s’arrête, et laisse les paroles s’ancrer en toi. Quelque part, la petite Susie souris, elle soupire, elle est presque soulagée, parce que son père a chanté pour elle à nouveau. Seulement, elle n’a plus d’importance, plus depuis longtemps, tu l’as enterré au sein de ton jardin secret, celui qui vit en ton sein. Il est bien trop tard. « C'est moi qui aie écrit ça. » Il est trop tard, mais il ne le sait peut-être pas.

Est-ce que son aveu au sujet de la chanson te surprend ? Pas entièrement, non. Que ta mère l’ait chanté, ça oui. Mais cela ne fait que renforcer ton idée que ta mère n’a jamais été assez hargneuse envers lui. Jamais tu ne pourrais faire comme elle et chanter la chanson d’un homme tel que lui, à un enfant rejeté par sa personne. Ce que tu oublies, à cause des années, à cause de ta rage, c’est que la requête venait de toi. Que c’est toi, au fond, qui a torturé ta pauvre mère pour entendre cette chanson, pour que ce qui te reliait à ton père, ton tout premier traitre, ne soit pas oublié. Mais avec les années, avec le temps, avec la colère et la hargne, tu as oublié. Tu as jeté l’information, pour ne pas souffrir, pour ne pas culpabiliser, pour ne pas te torturer avec ta bêtise innée. Parce que si toutes les petites filles sont stupides à la base, tu n’as jamais voulu êtres comme elles, pas après ce que tu avais vécu, pas avec ton parcours, ta famille, ton nom, un venin infect te collant à la peau. Et voilà que ton bourreau te serre contre lui et te conseille : « Si tu veux faire quelque chose de ta vie, faut pas attendre, parce que rien ne se passe jamais comme on voudrait...et c'est jamais avec nos parents, de toute façon, putain. » Pour une fois, vous êtes d’accord, aussi étonnant que cela puisse sembler. Tu soupires donc et tournes lentement la tête, pour souffler tout aussi doucement que lui, presque tendrement tien, de loin on pourrait croire que vous avez fait la paix : « C’est mon intention, Lazarus. Je n’ai pas demandé la permission de maman, pour commencer à t’empoisonner. Je l’ai fait toute seule… » Une sage décision, probablement la meilleure que tu aies jamais eu, celle qui a commencé à te changer, à te faire évoluer en quelqu’un de plus grand, de plus noble, de plus autonome. Alors tu souris et tu le repousses doucement, pour le regarder droit dans les yeux, « et si tu n’es pas encore mort… c’est pour une bonne raison, Lazarus. Il semblerait que j’ai hérité de ta patience, lorsqu’il est question de vengeance. » Et tu comptais l’avoir, cette fameuse vengeance.

En attendant, tu te sépares de lui, parce que votre étreinte t’as mise mal à l’aise, parce que tu aurais presque pu croire qu’il avait véritablement envie de te tenir contre lui. Or, tu n’es pas assez bête pour croire que c’est le cas. Pas avec toi. Pas venant de lui. Vous n’êtes jamais que liés par votre sang et l’amour qu’il ose prétendre ressentir pour toi, n’en est pas réellement. C’est Beatrix qu’il aime, pas toi. Et ça, tu l’as gravé dans ton cœur, tatoué sous ta peau, jamais tu ne l’oublieras. « Cela dit, je suis bonne joueuse et je te déconseille de tenter de me faire payer mes actes en utilisant les sentiments. Ça ne fonctionnerait tout simplement pas, parce qu’il n’y a rien entre nous, aucune once d’affection, peu importe ce que tu en dis. » Tu l’observes froidement, avec un détachement presque clinique, en fait il n’est jamais que le maître de la maison. « Alors je te déconseille de me parler de maman à nouveau… ou d’utiliser cette chanson… peut-être qu’elle est bien de toi, mais ce n’est pas toi, justement, qui me l’a chantait. Et tu vois, c’est ce qui fait toute la différence. » Parce qu’il ne comprend pas que s’il avait été un autre homme, s’il avait possédé d’autres moyens, il aurait pu faire de toi une arme, son arme. « Tu vois, si tu avais été plus avisé, au lieu de me rejeter et de faire de moi ton ennemie, et je compte bien gagner contre toi, te prouver que les méchants ont des ennemis de taille, j’aurais pu être ton disciple. Pas comme ce demeuré d’Ulysse, non, ni comme ta chère batardes... » Tu t’approches de lui, essuie tes doigts, encore tâchés de son sang, contre sa chemise et soupires à nouveau. « Il existe mieux que la haine, pour élever un enfant. Mais au fond, peut-être est-ce ton propre sang que tu n’as jamais pu tolérer, peut-être que pour être heureux, tu avais besoin de te rouler dans le vice et de baiser toutes les créatures magiques passant à ta portée. » Tu renifles avec dédain et te recule à nouveau, secouant doucement la tête. « Tu vas tout perdre… avant de perdre la vie, tu vas tout perdre et je vais m’en assurer. Il ne te restera que tes enfants gnomes, dragons et elfes de maison, pour ce que ça peut me faire… mais tout le reste… je te le prendrais. Mais réjouis-toi… je suis bel et bien une Carrow. Je ne fuie plus mon nom. » Et c'est même nom qui viendrait à bout de lui, le sang de son sang, la chaire de sa chaire. L'enfant rejeté, l'enfant maudit, le comble de l'ironie.
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