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sujet; (elphaba & davius, #3) 5 juin 2002; eternity

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Eternity

   
w/Elphaba Duchannes
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Plus d'un mois. Beltane. Depuis Beltane. Il n'a pas eu beaucoup de temps pour penser à la jeune femme, soyons franc, depuis leur dernière rencontre, depuis les derniers baisers volés, instants trop brefs au milieu de cette longue nuit. Mai. Sa rage et sa rancœur prenaient toute la place et chacune de ses tentatives passées, de ses mots, se sont soldées par un « Sous surveillance », au mieux. Au pire, par un simple silence. Il en a tellement mordu sa plume qu'il l'a brisée, l'encre se répandant sur ses mains et son menton. Il en a volé une autre. Sous surveillance. Par sa faute, il le sait. Le manoir Reid brûlé, les enquêtes autour de la jeune femme se sont rouvertes, les soupçons également, et les brigadiers qui ont recommencé à rôder autour d'elle, de ses allées et venues, de sa maison. L'équivalent de se jeter un Jambencoton à soi-même. Quel idiot.
Les treize premiers jours de mai sont flous, dans son esprit, dans ses souvenirs.
Il se souvient du feu. Il se souvient du sang.
Encore cette hésitation. La plume qui ne sait pas quoi écrire. Le cœur qui bat trop vite. Comme s'il ne lui avait jamais écrit, comme si rien ne s'était jamais rien passé, avec encore cette hâte. Peut-être ne veut-elle plus rien savoir de lui ? Et si elle lui demandait, pour le manoir ? Il ne pourrait pas mentir. Il ne sait pas mentir et il ne veut pas mentir. Surtout pas à elle. Davius s'est installé au bord du lac, il revient d'en nager pour se réveiller ce matin, et il est encore à moitié vêtu. Les gouttelettes dévalant le long de son visage.

« Vous me manquez. »

Comme une défaite. Un abandon devant ce qui aurait pu être charmeur, dragueur, assuré, les mots d'un homme qui sait ce qu'il fait. Même pas de question, de vérification, rien. Il ne sait pas. Il ne sait rien. Elle lui manque. Elle doit encore être surveillée. Il n'aura sûrement pas de réponse. Il gronde, il grogne et éloigne le livre, revenant au nettoyage de son pardessus, qui connaît vraisemblablement ses derniers temps (il ne veut pas le voir, non). Tentant de ne pas penser plus.


Dernière édition par Davius Llewellyn le Ven 5 Juin 2015 - 21:28, édité 1 fois
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w/Davius Llewellyn
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« Vous me manquez. » La main tremble, tente d’attraper le livre qui luit doucement mais les doigts sont maladroits, le souffle difficile. La nuit a été longue. La métamorphomagie est douloureuse et ses cheveux blanchis par les relents de souvenirs, du sortilège, sont comme autant de témoins de son état toujours plus dégradé. Sous surveillance. Aramis la lâche rarement et seul le noir de sa chambre l’apaise, seul le noir de sa chambre fait office de porte vers la liberté. Elsa lui en veut. Elle en veut à maman de disparaître, comme ça. Mais maman a des problèmes, c’est ce qu’elle dit. C’est ce qu’elle dit quand Elsa pose des questions. Elle pensait s’être libérée des soupçons, des enquêtes, des dangers et ce manoir brûlé l’a replongée dans les tourments enfouis de sa mémoire. Les coups et son corps couvert de marques après l’accident avec l’angle du piano. On pense qu’elle a été attaquée et.. et si le manoir Reid a été détruit, c’est que ce soit être vrai, non ? Vous me manquez. Qui ? Davius. Elle geint quand son bras se tend pour attraper la plume. Son écriture est raide, penchée, maladroite sous son regard blanc, dépigmenté. « Il me faisait du mal.. » Beltane et ses dégâts. La vie précédente rapidement envolée avait heurté le mensonge de cette existence-ci, et plus Elphaba semblait gagner en lucidité, plus elle devait mentir, plus elle se sentait malade. « Je.. me souviens.. »
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Son pardessus est dans un sale état. Il soupire en fouillant les poches extérieures pour en sortir ses effets personnels, puis celles intérieures, se promettant d’en faire le tri ensuite. Il doit le laver, recoudre la manche droite et renouveler le sort pour l’ignifuger, mais franchement… il va bientôt devoir s’en départir. Cette simple idée le fait se mordre les lèvres, son air devenant contrit, et il s’active à frotter le tissu fatigué à la main, puis à la baguette. Même les sorts ne peuvent rien pour cette loque.
C’est tout, presque tout, ce qu’il lui reste de Jillian. Une alliance aux vœux trop souvent trompés, une photo usée et un pardessus bon à jeter.
Le sanglot le prend par surprise et il balance le vêtement plus loin, près du livre resté ouvert. Il hoquette tandis qu’il retient ses larmes, la main plaquée sur sa bouche. Il ne doit pas pleurer. Lorsque le calme revient, Davius se lève pour aller récupérer son pardessus. Son œil se porte sur le livre ; il capte les derniers mots de la phrase qui y est écrite, qui disparaît ensuite. « […] faisait du mal… » Les mots tracés maladroitement, trop raides. Est-ce vraiment elle ?

Le sorcier se pose au sol, en attente de prochains mots. « Je… me souviens... » Elle se souvient. Une frénésie s’empare de lui. Elle se souvient. Faisait du mal. Alexander ? Il ? Lazarus ? Lui ? (non, pas toi)(mais si, Davy , tu te souviens des marques sur sa cuisse, sur son poignet) La plume semble bondir dans sa main. Quelques gouttes d’eau tombent sur la feuille, y sont rapidement absorbées. Mal. Physiquement, il le sait, il a vu les marques, les ecchymoses, les cicatrices. Psychologiquement aussi, sans doute. Il n’a pas besoin de lui demander plus de détails ce qu’il lui a fait. « Aviez-vous essayé de demander de l’aide ? À qui que ce soit ? » Une amie, un allié, un collègue, même. Ce crétin de Carrow. N’importe qui.
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« Aviez-vous essayé de demander de l’aide ? À qui que ce soit ? » Elle a du mal à accorder l'ordre de ses pensées. La solitude pèse peut-être autant que cette crainte constante, corrosive, qui remue son coeur. Elphaba se noie dans ses contradictions, tentant de surmonter la vague falsifiée du sortilège. Tout son corps se forge comme une plainte, dans les métamorphoses qu'il lui impose. Et lorsqu'il faut répondre, sa main s'y refuse un moment. Diable qu'elle trouve cela difficile, la jeune femme. Et Morticia, la plume magique, qui est hors de portée. « J'ai voulu envoyer.. une lettre.. » Elle n'a pas eu le temps et désormais, le manoir détruit, c'était fichu. Les lettres tardent à se compléter sur la page, si bien qu'elles paraissent se dévoiler une par une : « A ... V.i.n.c.i.a.n.n.e. » Elle maudit le nom de famille à particule de la française. On aurait pu faire pu court, plus simple. De toute manière, il ne la connaîtra pas, c'est parfaitement inutile de poursuivre. Un soupir fatigué s'extirpe d'entre ses lèvres lorsqu'elle consent à tracer la question qui lui brûle la langue : « Pourquoi le manoir .. ? » Ca ne peut-être que lui, elle n'y avait mené personne d'autre depuis des mois. Pourquoi il lui avait fait ça ?
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Le temps de réponse est long. Il ne veut pas s'inquiéter, mais l'angoisse n'est jamais loin, avec lui, la paranoïa non plus. Elle est surveillée. Peut-être est-elle découverte ? Cette écriture si raide... « J'ai voulu envoyer.. une lettre.. » De l'aide. Une lettre. Le nom de l'expéditeur (expéditrice) se révèle lentement, lettre par lettre, ses sourcils se fronçant à chaque nouvelle apparition. « A ... V.i.n.c.i.a.n.n.e. » Vincianne ? De Lancastre ? Il retient ses mots, la plume laissant seulement un long trait surpris sur la page, déstabilisé. Sa Vincianne ? (elle ne t'appartient pas, elle n'est pas à toi, ni elle ni personne) Peut-être pas, après tout. Cela ne lui semble pas être un prénom commun, mais sait-on jamais, avec les Français... Son cœur bat tout de même plus vite et il met le livre de côté pour aller fouiller dans les effets retirés de son manteau, jusqu'à attraper la lettre sortie du manoir Reid. La solitaire.
Il l'ouvre, mais celle-ci se referme et lui coupe brusquement les paumes – un cri de douleur, rauque, passe ses lèvres, alors qu'il reprend la lettre pour la rouvrir, ignorant les nouvelles coupures de papier qui viennent décorer ses doigts calleux. Du français. « Merde. » Il repère seulement Vincianne, Elsa, mais le reste ne se révèle pas à lui. Doit-il la donner à Vincianne ? Et si ce n'est pas elle ?

« Pourquoi le manoir..? »

Son cœur tombe dans sa poitrine.
Elle sait.
En même temps, quel idiot de croire que personne ne le saurait jamais. Davius se mord l'intérieur des joues, la langue, et repose la lettre tachée de sang au sol – celle-ci se referme d'elle-même, laissant échapper un étrange soupir outré. « Je suis idiot. Tout à fait. Je ne m'en rappelle pas. À peu près. Il se souvient pourquoi il y est allé, mais il ne se souvient pas s'y être rendu. Il se souvient y avoir mis le feu, mais c'est vague, halluciné. Les treize premiers jours de mai sont flous. Ça n'a rien réglé. » Ça n'a jamais rien réglé. Ça a apaisé la bête quelques jours à peine, avant que celle-ci ait à nouveau faim. Et il a chassé, Merlin, il a chassé. « J'ai votre lettre. »
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w/Davius Llewellyn
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« Je suis idiot. Je ne m'en rappelle pas. » Le temps s'arrête. Si lui aussi commence à oublier, comment allaient-ils faire ? Comment pourraient-ils se sortir de l'impasse si chacun commettait des actes irréfléchis sans pouvoir en aligner tous les ressors ? Un sanglot s'étouffe dans le coussin quand sa peau joue avec les bleus simulés. Sa peau joue et il n'y a personne, absolument personne pour le voir. Ca n'a rien réglé, dit-il. Et elle n'arrive à rien tracer avec la plume. Juste une goutte d'encre qui s'écrase sur le papier blanc. Faites que ça s'arrête ! Elphaba ignore ce qu'il prend à sa magie et ce déraillement affole autant son coeur que son esprit. « J'ai votre lettre. »
Elle se redresse, tant bien que mal. Fut un temps, à Poudlard, elle se souvient que sa particularité était un jeu, un jeu qui n'était plus que douleurs. Un couinement s'échappe d'entre ses lèvres quand elle se force à s'asseoir pour tracer les mots de façon plus claire. Inspiration. « Dites.. à Vincianne que je contrôle plus. » Il faudra qu'il la trouve, il faudra qu'il mette la main sur la seule figure maternelle qu'elle connaisse, qu'elle ait eu dans sa vie, même si c'est flou, même si c'est fou. « .. Davius..» De longues secondes s'étirent, elle ne peut pas lui demander ça. L'hésitation dure, dure encore avant qu'elle ne se décide. « .. Y a personne et.. » Venez m'aider, songe-t-elle. Mais ce n'est pas ce qu'elle écrit, ce n'est pas ce qu'elle pose à l'attention de l'insurgé. « .. donnez-lui la lettre. » Elle ne peut pas le mettre en danger.
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w/Elphaba Duchannes
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« Dites.. à Vincianne que je contrôle plus. » Sait-elle que Vincianne n’est pas en France, mais bien en Angleterre ? À quelque part dans les bois, ou dans sa maisonnette moldue, ou qu’importe ? Lui-même ne le sait pas. Il ne lui a pas parlé depuis… un mois, voilà. C’est long, pour eux. Un mois qu’il la fuit.
Les mots sont plus clairs, cela dit. L’écriture plus familière. C’est elle, ça a toujours été elle. « .. Davius.. » (ton prénom, comme elle le dit, comme elle le murmure, dans ses soupirs) Il détourne le regard pour reprendre la lettre, la replier encore plus soigneusement et la ranger dans le livre, dans Tales from another world. À ne pas oublier. « .. Y a personne et.. » Personne… chez elle ? C’est à lui de geindre un peu, avant de se masser la tempe gauche de la main. Non. Ce serait dangereux. Si elle était sous surveillance la première fois qu’ils se sont vus, là, c’est pire. Il risque de se faire attraper à tout bout de champ. « .. donnez-lui la lettre. » Oui. C’est plus sage. « Je la trouverai. »
Il n’écrit pas qu’il lui promet, même si la plume hésite au-dessus de la feuille. Il lui promet uniquement en pensées. Il lui a promis de l’aider, déjà. Ça en fait partie. Vincianne va le tuer. Avec raison sans doute. Il la contactera après cela. Ou demain. Quand il en aura le courage. « Je peux venir. Si vous… Voulez. En avez besoin. Avez besoin d’aide. Une perche tendue. Danger. Maudit soit son amour du danger, de l’adrénaline, de l’excitation. Son affection envers elle, également. Voir Elphaba alors qu’un Mangemort risque de surgir à tout moment. Il en a tué un récemment, il peut bien en tuer un autre. Quand arrive-t-il ? » Le surveillant. Le Mangemort. L’ennemi.
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w/Davius Llewellyn
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« Je peux venir. Si vous… » Le monde a cessé de bouger dans son esprit. Sur ses poignets, les marques font une lente apparition qu'elle constate avec effarement ; son corps se souvient, les images suivent. Dans le blanc glaçant de sa chevelure vient se mêler quelques mèches rouges. Elphaba, tu es tombée sur la tête, se réprimande-t-elle intérieurement, le souffle un peu désordonné. Elle n'est même pas capable de se lever pour se rendre présentable, c'est n'importe quoi. « Quand arrive-t-il ? » Elle a du mal à réfléchir. Encore l'image du passé, d'un passé de souffrances, de peur. « Tard, ce soir. Je.. malade.. » Elle porte une main à son front ; pas de fièvre, simplement tout son corps tendu à l'extrême, en rébellion violente. Elphaba n'a jamais lutté aussi férocement contre la barrière enchantée entourant son histoire, même inconsciemment, même si elle ne le veut pas vraiment. « Ma chambre est.. dans le noir. Sos. » La plume est lâchée. Ecrire lui demande trop de contrôle, elle n'a plus rien à donner pour ça. Alors elle se laisse retomber contre les coussins, un peu tremblante, la tête entre les mains. Besoin de se détendre. Il fallait qu'elle lâche prise avant de devenir folle. Aidez-moi.
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w/Elphaba Duchannes
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La réponse ne tarde heureusement pas. « Tard, ce soir. Je… malade. » Ça explique pourquoi il ne vient pas. Il ne s’imagine pas qu’elle puisse quitter le lit. Peut-être ne le peut-elle réellement pas ? N’empêche qu’il y a un sévère laxisme, là… Quand lui surveillait Keziah, il le suivait à la trace et dormait presque entre lui et Vic (ce qui n’arrangeait pas leur contact, d’ailleurs). La réponse d’Elphaba ne lui indique pas si elle désire le voir, cela dit, et il se mordille la langue, une expression coupable sur ses traits épuisés. « Ma chambre est.. dans le noir. Sos. »
Il ne lui en faut pas plus pour le convaincre.

(SOS SOS SOS SOS)

Le sorcier se relève aussitôt, signant son arrivée future d’un « Une heure ». Au maximum. Le temps qu’il fasse sécher son foutu pardessus, qu’il s’habille, qu’il transplane d’endroit en endroit, selon un schéma différent de la dernière fois, pour ne pas être repéré. Qu’il vérifie que la maison n’est pas piégée, ni les alentours. Il a le souffle un peu court, un peu nerveux (il n’est pas rasé, il doit se raser, il a l’air d’un homme qui vit dans les bois, il ne doit pas penser à ça, et si le Mangemort arrive, est-elle mourante, c’est insensé, c’est interdit, ce sont les lacérations de son dos qui le brûlent et l’image du feu qui se superpose à son regard l’espace d’une seconde), son esprit est désordonné. Un grognement alors qu’il se frotte les yeux.
D’abord, se raser. Il est dû, de toute façon, il a l’air encore plus pouilleux qu’à son habitude. Ensuite, s’habiller. Puis, faire sécher son pardessus et ranger ses effets personnels, il les triera une autre fois. Finalement… Elphaba (des interdits, des cachettes, de toutes tes vies). Une chaleur diffuse au centre de son corps, un sourire un peu (niais, absent) nerveux qui se trace sur ses lèvres, sans qu’il y prenne garde.
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