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Protect me from what i want

-DORIAN & PENNY -

Novembre 2001 ●● ” Une nouvelle fois, la nuit est tombée, ajoutant au compteur l'absence d'un jour de plus dans le reflet de ses prunelles. Jour, nuit, aucune foutue d'importance. Au fond de leur trou, l'obscurité règne sans cesse. Tapie dans la poussière, les étincelles d'un Lumos se sont substitués aux lueurs chaudes d'Helios. Tandis que Les paupières des autres Insurgés s'éveillent, les siennes ne se sont pas encore scellées. Les cernes soulignant ses yeux creusent sa peau de pêche. En animal nocturne, Penny agonise. Loin de ses rêves, de ses espérances, tombée dans le gouffre de la misère et de l'angoisse. Pourtant, elle sourit, encore, dissolvant de son visage le moindre doute. Dans la planque, les rebelles s'agitent déjà. Énergie, alimentée par leur sentiment d'importance. Pour Penny, ils ne sont rien: ils croupissent et espèrent, rien de plus. À ses côtés, une voix de femme résonne: « Les gars, on a besoin d'une mule pour les potions... » « J'en suis! » Ses mots devancent sa pensée, partis comme un éclair. Gentille Penny. Pour le monde qui l'entoure, elle sert. Brave. En réalité, elle essaye de survivre, mais chaque jour, elle pourrit un peu plus dans le coin de l'usine. Rongée par l'angoisse et la misère. Narguée par ses rêves, par la réussite de son frère.

Susan Dillinger l'emmène, loin du brouhaha d'une nuit nouvelle. Petite sorcière, cheveux marron glacé, grands yeux et mignon nez retroussé. Sa voix résonne en écho, claque des consignes claires. Penny acquiesce, enregistre. On lui tend un portoloin qu'elle fourre dans son sac. D'un pas pressé, elle a décampé de ces lieux qui l'étouffent. Inspiration profonde, Inhale la nuit sombre. 5, ses pas l'éloignent. 4, regard posé vers les étoiles brillantes. 3, avec lenteur, elle ouvre son sac. 2, approche ses doigts de la fiole brisée. 1, l'effleurent. 0, et disparaît.

Ses pieds frôlent un sol humide et mou. Son regard, une ancienne ferme rénovée. « Prend le portoloin, il t'emmènera au point de rendez-vous. Tu reconnaîtras, c'est un coin calme en pleine campagne. » Le chant des grillons conduisent ses pas. Profonde inspiration, elle doute. Que fait-elle là? Un espoir absurde. Trop tard... ses doigts se sont bruyamment heurtés sur la porte en bois de la demeure. Quelques minutes s'écoulent, jusqu'à ce que la lueur d'une bougie éclaire une à une les fenêtres qui bordent la façade. À ses pieds, des choses s'agitent lentement, effleurent ses chevilles. « Il attendra derrière la porte que tu dises le mot de passe » « Wiggentree ». En écho, la porte s'est ouverte,  grinçante. Il est devant elle, l'inventeur. À travers les verres de ses lunettes rondes, il l'a scrute de ses yeux abyssales, fronce ses sourcils brun, ne dit mot. De sa manche, Penny semble entendre un sifflement. Fugace. « Ah oui, une dernière chose, j'espère que tu n'as pas peur des serpents. C'est un fourchelangue » « Bonsoir Monsieur Selwyn, Susan m'envoie pour le stock, elle a été demandée... ailleurs... » Un sourire maladroit accompagne son visage rond, des yeux pénétrants se figent sur ses traits. Dorian Selwyn, tel un serpent, son nom résonne en un sifflement prolongé... Sssselwyn. La forme tombante de ses yeux lui donne un air dramatique, accentué par ses traits marqués d'un passé qui semble lui peser. La mélancolie qu'il dégage lui fait apparaître le visage de Percy... Son souffle se retient. Qu'est-ce qu'elle fou ici? Percy. Lentement, Il se décolle de l'embrasure de la porte, lui laissant un passage qu'elle emprunte. Dans son dos, elle croit à nouveau entendre un sifflement. Un fourchelangue... Elle frissonne. ”

© charney

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(play)

Et lentement, doucement, la potion prend une teinte rougeoyante, flamboyante, se parant d'une robe pourpre. Un sourire se dessine, te sublime dans une ligne fine de tes lèvres se tirant & s'étirant. Et les plis de ton visage se lissent, s'éclaircissent, oubliant les soucis, les dénis. « Tu es beau, Papa quand tu es heureux. », l'enfant balance ses jambes dans le vide semant des morceaux, des lambeaux de cookie dans son passage, sur son trône improvisé, prisé. Les yeux clairs rieurs, elle te fait un de ses sourires ravageurs, charmeurs. « Je  suis heureuse de te voir heureux. Et tu rougis, baissant les yeux, signant tes aveux. C'est mal de se moquer de ton vieux père, tu sais ? Ssse moquer ? Siffle-t-elle, passant d'une langue à une autre sans forcément s'en rendre compte, sans forcément voir l'évidence, la puissance de ce langage qui lui semble si naturel, si cruel. Rire de quelqu'un, sss. Elle semble sourire, comprendre, apprendre ; C'est ce que fait grand-père. Je ne rirai jamais de toi. Tu es mon papa. ». Et il y a l'amour serein, certain qui erre dans ses yeux, tranquille, précis, exquis. Il y a de l'amour pour toi, sous ses doigts.

Et tu souris doucement, tendrement et tu sais en la voyant, en la regardant que tu fais les bons choix, que tu obéis aux bonnes lois. Tu trahis. Tu leur as promis. Et lentement, les fioles se remplissent prudemment, doucement du bout de ta baguette, frissonnant d'une bonne action, de la bonne décision.Et doucement les fioles rejoignent la cagette, bien rangées, bien protégées en attendant d'être utilisées, usées. Tu vides le chaudron en douceur.  Et peu à peu, les fioles s'entassent. « Combien, Mady ? Vingt, Papa. Tu crois que ça plaira à Susan ? », souffle la fillette entre tendresse & délicatesse, caressant la tête de la couleuvre qui dort sur ses genoux. « Les potions ? Naaaan, elle roule des yeux, affichant une moue boudeuse, frondeuse. Les brownies. ». Tu n'as pas voulu lui dire qu'un plat de brownies ne suffirait sûrement pas à nourrir une flopée d'insurgés affamés, malmenés par cette société monstrueuse. « Ça lui plaira, princesse. », fais-tu calmement, tendrement. Et le sourire s'élargit, s'agrandit. Belle, elle l'est tellement, elle l'est évidemment.

« Elle est là, sss. Susan ? Sssans-écailles, siffle Denerys à tes pieds, s'enfermant dans tes secrets, dans tes regrets. La vipère aux écailles noires n’approuve pas, n'approuve jamais. Et elle glisse contre ton bras, sous le tissu alors que les coups sonnent & résonnent à la porte. Tes pas font craquer, trembler le parquet. Les lumières s'allument sur ton passage & s'éteignent dans ton sillage. La magie capte ta présence, capte l'évidence.  « Wiggentree » , le mot roule, s'enroule à toi & la porte s'ouvre, grinçante, traînante. Et les cheveux blonds s'évadent en boucles douces & longues. Le  visage est poupin, divin. «   Bonsoir Monsieur Selwyn, Susan m'envoie pour le stock, elle a été demandée... ailleurs... ». Les sourcils se froncent en douceur, en lenteur, soucieux, inquiets. « E-Elle va bien ? J'espère qu'il ne lui est pas arrivé malheur. ». Un soupir, tu as déjà perdu tant d'amis, de famille de cœur, quelques erreurs aussi. « Papa ! C'est Susan ? La petite fille déboule, tout sourire, fixant la jolie dame entrer, s'avancer. Mais ! Tu n'es pas Susan, toi. » Touché, coulé. « Qui va manger mes brownies ? », soupire-t-elle doucement, fatalement comme déçue, abattue.

« Je pense que notre nouvelle amie va être ravie de les goûter princesse. », tu soulèves Madelyn, la calant à toi. « Au pire, Guenièvre sera ravie d'en manger avec toi.  Et ton vieux père aussi. », d'un battement léger de cœur, tu poses un baiser dans ses boucles brunes.  Tu l'aimes à la folie, à t'en damner, pour une éternité. «  Tu veux bien aller préparer le thé ? Demande à Lybdie & sors les tasses, princesse. Et déjà l'enfant fuit, s'enfuit. Et tu blémis en te souvenant qu'elle n'a jamais donné son accord. Comme d'habitude, tu vas un peu trop vite. O-Oh je suis désolé, j'ai oublié de vous demander. ». Un peu confus, un peu timide, tu glisses en fragilités, en éternités. «  Vous voulez quand même prendre le thé & manger un peu de brownie ? ». Un petit sourire se tisse, apaisant les traits soucieux, douloureux. « Les potions sont dans le laboratoire, je vous y mènerai après, d'accord ? ». Tu clignes des yeux doucement, tendrement derrière les lunettes. Tu as les yeux trop clairs, habité de vieilles guerres, de vieux enfers. « E-Et quel est votre nom ? J'aioubliédedemander. ». Abimé, gêné, tu ne sais pas vraiment parler, t'exprimer.
 
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