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sujet; Quels adieux ? Il n'y a que des aurevoirs.

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Le 21 juin 1997

Une robe de sorcier abandonnée devant la porte.

Une autre au pied du lit.

Une cravate serrée autour d'un montant, l'extrémité lâche, froissée.

Des vases renversés, un cassé, les éclats éparpillés sur le parquet.

Son insigne, trempant dans du vin rouge renversé.

Des marques autour de ses poignets, de sa gorge, s'étirant le long de son dos et de ses hanches. Sanglantes, certaines, simplement rosées pour d'autres.

Ses yeux, fermés, le visage tourné vers le plafond. La chambre est noire, à peine éclairée de chandelles lancées dans les airs, et seul le silence les entoure. Le sifflement du vent, à l'extérieur, ténu. Il entend la respiration de Gillian, sur le lit. Lui-même est assis au sol, sur un épais tapis, adossé au lit, la sueur descendant encore en rigoles chaudes le long de sa colonne vertébrale. Reprenant son souffle, dans de longues inspirations, une expression détendue sur les traits. C'est la douleur lancinante à sa main gauche, à l'annulaire, qui le fait se lever pour se diriger vers la salle de bain adjacente à cette chambre à coucher, une des multiples de cette demeure. Celle de cette soirée, ou au moins, pour une partie de celle-ci. La lumière s'allume dès qu'il passe la porte; un plissement des yeux, furtifs.
Le corps est moins sec que celui que vous connaîtrez, dans quelques années, dans d'autres aventures. Moins marqué, plus musclé, en santé, avec si peu de cicatrices qui déforment la peau. Le pas est presque gracieux, toujours aux aguets, mais certainement moins nerveux, le visage plus jeune et moins fatigué, malgré les cernes qui jamais ne partiront. Toutes les nuits n'y changeront rien. Surtout pas ces temps-ci. Pas alors que Voldemort semble toujours amener plus de sbires, que les attaques contre les moldus et nés-moldus deviennent monnaie trop courante, que les Aurors courent de tous les côtés sans savoir où est le corps de l'Hydre qui s'attaque à tout le Royaume-Uni. Ce soir est une pause, bienvenue, entre deux chasses - dans une insomnie contre laquelle il ne peut plus rien.

Davius ne se regarde même pas, dans le miroir – toute son attention est sur son annulaire, d'où il enlève prestement l'alliance brûlante. Assez pour qu'il entende presque griller le bout de ses doigts, avant qu'il la dépose sur le comptoir sans plus de précipitation. Un soupir. Autour du doigt, la marque parfaitement circulaire est à vif et n'a rien de son allure habituelle. La chair saigne, craquante, entre chaque ligne de cicatrisation passée, les lambeaux arrachés. Il s'attend à avoir plus mal que ça, plus que cette douleur profonde qui semble plus sourde que réellement aiguë. C'est la première fois que la blessure est aussi vive. Il a tiré sur l'enchantement, ce soir, tiré sur les vœux qui l'unissent à une Jillian à la blondeur solaire, si contraire à la Gillian auréolée de nuit étendue sur le lit. Il la regarde, du coin de l’œil, furtif, avant de sortir de la salle de bain. Nonchalant, dans sa nudité, les yeux posés sur celle, gracieusement soulignée par les chandelles, de la femme.

« T'aurais pas de la pâte pour les brûlures ? » Pas celles de tapis qui s'étalent sur ses cuisses, sur ses genoux, bien évidemment. Celles-là, il les apprécie. Plus que de raison, peut-être, et c'est bien pourquoi il y revient avec régularité. Il lui montre sa main, pour lui indiquer la blessure, esquisse une grimace.


Dernière édition par Davius Llewellyn le Sam 30 Jan 2016 - 19:16, édité 1 fois
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Sa peau est brûlante sous ses doigts quant au dernier coup de reins entre ses cuisses ses ongles s'enfoncent dans son dos, entre ses omoplates, avant de glisser le long de sa colonne vertébrale. Elle entend à peine le grognement animal, partagé entre la douleur et le plaisir, que son amant échappe alors qu'elle le sent venir en elle et qu'elle rejète sa tête vers l'arrière. La jouissance est trop vive, trop intense. Elle envahie chaque cellule de son corps et créait momentanément un voile devant ses yeux avant de la laisser pantelante. Dans l'obsucurité de la chambre à coucher, on n'entend alors plus que leurs respirations saccadées qui se mêlent, puis le léger grincement du lit tandis que Davius roule sur le côté et se laisse glisser parterre. Comme à son habitude. Depuis le temps qu'ils jouent à ce petit jeu, elle s'est faite à ses silences, au fait qu'une fois son affaire finie il ne s'attarde pas pour la cajoler. Pas que ça la dérange, soyons sérieux, mais la culpabilité qu'il laisse planner derrière lui, ça, cela l'agace plus qu'elle ne voudrait l'admettre. Elle ne dit rien pourtant. Elle le laisse partir, s'enfuir, comme à chaque fois, sachant pertinemment qu'il reviendra vite se glisser entre ses draps pour en redemander encore et encore. Il ne peut pas s'en empêcher. Malgré les remords, il n'a jamais su résister à cette tentation-la et Gillian s'est lassée de chercher à le convaincre qu'il n'y a rien de mal à prendre ce que l'on désire. Après tout, ses états d'âme ne la regardent pas.

Quand il revient dans la chambre, elle s'est redressée, les bras enlacés autour de ses genoux, ses cheveux défaits cascadant sur ses épaules formant un contraste saisisant avec le blanc de sa peau – anglaise à n'en pas douter. Un petit sourire vient rehausser le coin de sa bouche alors que son regard glisse de bas en haut sur la silhouette nue de l'homme qui lui fait face, et qu'elle apprécie ce qu'elle voit. Ses cuisses puissantes, les courbes masculines de ses hanches remontant jusqu'aux lignes parfaitement ciselées de son ventre. Ses yeux d'un bleu trop clair, trop transparent, redessinent des contours qu'ils connaissent pourtant déjà, ceux de sa bouche, de sa mâchoire carrée et de ses joues légèrement creusées. Davius est un bel homme. Incontestablement. Pas forcément plus que les autres qu'elle a déjà mis dans son lit, pourtant il est le seul à y avoir ses accès depuis si longtemps, dont elle n'ait pas fini par se lasser. En dehors de son mari, cela va de soi, mais ce n'est pas comparable.

_ T'aurais pas de la pâte pour les brûlures ?

Un soupire caresse ses lèvres et elle lève brièvement les yeux au ciel. Davius a le chic pour casser l'ambiance d'un instant qui ce serait bien passé de ses petits tracas. Elle aurait du s'en douter, cela dit. Ce n'est pas la première fois qu'il lui fait le coup, ni certainement la dernière.

_ Tu aurais du faire comme moi quand tu t'es marié et ne pas inclure la fidélité dans tes vœux. Ça m'aurait au moins évité tes jérémiades.

Elle ne dit pas ça méchamment. C'est plus une blague quatre chose, même s'il y a un fond de sincérité là-dedans. Face au regard qu'il lui lance, elle finit pourtant par se lever à son tour. Elle avance jusqu'à lui, nue, désirable, et saisit doucement sa main meurtrie, qu'elle inspecte un bref instant avant de la lever à la hauteur de son visage et d'y déposer un baiser alors que ses yeux plongent dans les siens. Loin de toute innocence.

_ Pourquoi est-ce que tu ne la retire pas avant de venir, tout simplement ? Je vais finir par croire que tu es maso. Dans ce cas il suffit de demander, je peux mordre plus fort.


Dernière édition par Gillian Lufkin le Jeu 14 Avr 2016 - 12:40, édité 1 fois
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Pas besoin de plus de lumière pour voir les yeux de Gillian rouler vers le ciel, exaspérés. Il l'imagine plus qu'il le voit réellement. « Tu aurais du faire comme moi quand tu t'es marié et ne pas inclure la fidélité dans tes vœux. Ça m'aurait au moins évité tes jérémiades. C'est un non, alors. » Ses jérémiades. Le mot le pique au vif. Il ne se plaint pas. Il le cherche, après tout. Il n'a presque rien dit. Il aurait dû passer sa main sous l'eau froide, pour calmer la brûlure, remettre son alliance sur la chair brûlée et endurer. Tant qu'il se tait. Tant qu'il laisse échapper des encouragements, des grognements, des cris, des jurons, tant que tout reste cantonné à l'espace du lit (du tapis, de la table, d'un comptoir, qu'importe, sous la ceinture et où celle-ci voudra bien se poser).

Davius ne sait pas si elle a entendu son commentaire; elle se lève, néanmoins, superbe dans cette nudité dont il ne se rassasie définitivement pas, et prend sa main pour une courte inspection qui se termine par un baiser. Il n'apaise rien. Et va bien mal à ce regard sans innocence qui se fixe sur lui, sombre et beau. « Pourquoi est-ce que tu ne la retires pas avant de venir, tout simplement ? Je vais finir par croire que tu es maso. Dans ce cas il suffit de demander, je peux mordre plus fort. » La bouche s'ouvre, autour de l'annulaire blessé, les dents effleurant la chair meurtrie. Elle joue. Elle est sérieuse. Elle joue sérieusement.
N'est-ce pas ce qui l'attire ici, entre ses draps, fois après fois ? Ce jeu toujours sérieux qui réussit toujours à le gagner ? Leurs premières œillades datent d'il y a quelques années, déjà, et il ne se lasse pas de Gillian. De leurs secrets, de leurs soirées, de leurs interludes qui, à défaut d'être romantiques ou amoureux (rien de ça, avec eux), sont sportifs. De ce qui se passe entre les murs d'une demeure secondaire, ou d'une autre, de ce qui fait vibrer son corps.
Sa main droite effleure la hanche de la Lufkin, remonte son corps. La main gauche se referme s'appuie, elle, sur le menton, jusqu'à ce que la mâchoire se referme doucement. Ce n'est pas une morsure franche, il sent à peine les dents s'appuyer, mais il n'en frissonne pas moins. Il anticipe. Il sait qu'il va avoir mal. Et ça lui plaît. « Tu as un doute ? Que je suis maso ? Vraiment ? Il la taquine, légèrement. Laisse glisser sa main dans son dos, vient la caler confortablement sur la nuque chaude et légèrement humide. Il retire son annulaire, voulant préserver son doigt si possible (au moins pour les secondes suivantes). J'étais certain que tu le savais. » Il empoigne, sans prévenir, les cheveux sombres et tire sur ceux-ci, faisant se pencher la tête de son amante, exposant totalement ce cou gracieux qu'il aime tant embrasser, mordre, lécher, serrer, de sa bouche, de sa langue, de ses dents, de ses vêtements, de ses mains. Ce cou blanc où ses mains sont encore imprimées, d'un rouge passant au rose. Il sourit; amusé, ravi. « Une si belle femme, si brillante, avec une mémoire si courte. Quel dommage. »
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Ses dents se referment autour de son doigt. Elles mordillent, pincent, tandis que le bout de sa langue effleure et glisse sur la peau, nargue la chaire à vif. Elle lui rappelle que ce qu'elle prend ne lui appartient pas, qu'une autre devrait se trouver à sa place, et cela l'amuse. D'une certaine manière. Davius ne lui donnera jamais son cœur – et c'est mieux ainsi – mais il lui a depuis longtemps abandonné son corps. C'est tout ce qui lui a jamais importé. Pas une seconde ses yeux bleus ne se détournent alors des siens. Elle veut le voir, le sentir. Elle ne veut pas en perdre une miette, de ce désir qu'elle lui insuffle, jusqu'à ce qu'il le consume, qu'il s'en brûle les doigts. Jusqu'à ce qu'il n'y tienne plus et qu'il agrippe sa hanche pour presser son corps contre le sien.

_ Tu as un doute ? Que je suis maso ? Vraiment ?

Un petit rire s'échappe de sa gorge. Elle paraît si absolument adorable l'espace d'un instant que la douleur fulgurante transperçant soudain la main de l'auror doit venir comme une surprise. Ses mâchoires se referment, écrasent. Elle le mord brutalement avant de le relâcher aussitôt, lui laissant le temps de fuir alors qu'il prépare déjà sa revanche, qu'il attrape ses cheveux pour dévoiler sa gorge qu'il se met à dévorer. Ce serait tentant, de le laisser faire. La chaleur de son corps se transmet déjà au sien et elle frissonne d'anticipation au contact de ses dents dérapant sur son cou. Elle ferme même les yeux tandis que ses mains glissent, s'emmêlent elles aussi dans ses cheveux bruns. C'est si facile. Trop facile presque. Son ardeur renouvelée a le goût légèrement doux-amer des victoires trop vites concédées et Gillian n'est pas d'humeur à lui accorder ce qu'il désire si aisément. Pas ce soir. Pas cette fois. Elle a toujours été une femme compliquée après tout, capable de souffler tantôt le chaud ou le froid d'une minute à l'autre. Davius le sait. Il commence à la connaître maintenant. Elle n'est pas certaine de le surprendre alors, quand ses mains se posent contre son torse et qu'elle le repousse juste assez fort pour l'envoyer s'échouer sur le lit.

_ Ta pâte pour les brûlures, tu la trouvera dans la salle de bain, deuxième tiroir à droite sous le lavabo. Dépêche-toi si tu ne veux pas perdre ton doigt, se moque-t-elle en esquissant un sourire.

S'il croit qu'elle va aller la chercher pour lui ou ne serait-ce que l'aider à panser son bobo, il se fourre la baguette dans l’œil. Elle doute que ce soit le cas de toute façon. Il voudra faire cela seul, et elle comprend pourquoi malgré les petites piques qu'elle prend plaisir à lui lancer. Elle est espiègle, pas cruelle. Gillian se détourne alors de lui pour attraper le peignoir en soie suspendu au paravent japonais faisant l'angle de la pièce. Elle l'enroule autour de ses épaules tandis qu'elle passe la porte, ajustant la ceinture autour de sa taille alors qu'elle descend l'escalier en colimaçon menant au salon. De toutes les propriétés que possède sa famille, le chalet est de loin sa préférée. Perché entre les branches d'un vieux chêne centenaire, cet endroit a toujours eu quelque-chose d'apaisant, une simplicité attrayante où elle aime venir se réfugier plus souvent qu'on aurait pu le croire. La vue depuis le balcon, notamment, est splendide, et quand elle pose ses coudes sur la rambarde, elle ne peut s'empêcher une fois de plus d'admirer la beauté des plaines vallonnées qui s'étendent devant elle. L'orage qui gronde dans le lointain leur donne forme ainsi que la splendeur sauvage d'un paysage digne des plus belles toiles du romantisme allemand. À la fois sinistre et lumineux, terrible et fascinant.

_ Quand j'étais petite, mon frère et moi allions souvent nous allonger sur la plage, sous l'orage. Elle ne se retourne pas quand elle entend le plancher craquer derrière elle. Elle reconnaît l'odeur de Davius et n'a pas particulièrement envie de lui faire face alors que le besoin de parler s'impose à elle sans qu'elle ne sache vraiment pourquoi. Au premier coup de tonnerre, je me souviens que je ne pouvais pas m'empêcher d'attraper sa main et de me recroqueviller contre lui. Je n'avais pas vraiment peur pourtant. Je trouvais même ça incroyablement excitant, enivrant presque, d'être témoin d'une telle violence sachant qu'il ne pouvait rien m'arriver. Aujourd'hui c'est différent. L'orage approche, inévitablement, et c'est comme s'il n'y avait aucun moyen de lui échapper...

Ses cheveux fouettent l'air autour de son visage alors qu'une bourrasque de vent semble venir faire écho à ses paroles. Ses bras se croisent. Elle réprime un frisson tandis qu'elle resserre le tissu autour de ses épaules. Un vent nouveau a commencé à agiter l'Angleterre. Tout le monde le sait aujourd'hui et le moment viendra très bientôt où il faudra faire son choix. Elle le sent. Elle sait même déjà ce que fera Virgil. Ce qu'il a déjà commencé à faire  Mais et elle ?


Dernière édition par Gillian Lufkin le Dim 10 Avr 2016 - 10:55, édité 1 fois
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La douleur est aigüe, transperçante, mais il retient son cri de surprise à la morsure qui succède à ce rire adorable que la femme laisse échapper. Il savait, qu’elle mordrait. Pas aussi fort, mais il aurait dû le savoir, ça aussi. C’est sans doute ce qui, déjà, rallume son intérêt, bien que non partagé par la Lufkin. Repoussé fermement, il se laisse tomber sur le lit sans opposer de résistance. « Ta pâte pour les brûlures, tu la trouvera dans la salle de bain, deuxième tiroir à droite sous le lavabo. Dépêche-toi si tu ne veux pas perdre ton doigt. »

Ses yeux observent la silhouette gracile de Gillian se couvrir de son peignoir, puis quitter les lieux, et c’est uniquement lorsqu’elle est hors de sa vue qu’il se relève pour soigner sa blessure. Il a l’habitude, de ces petits gestes. Nettoyage à l’eau et au savon, application de la pâte, bandage, regard dubitatif, soupir blasé. Il rattrape son pantalon, sa ceinture perdue entre les draps, réchappe son insigne d’Auror du vin pour l’essuyer contre le tissu sombre du pantalon avant de le placer sur un amas froissé qu’il croit bien être sa chemise. L’alliance, quant à elle, rejoint sa poche, brûlant l’extrémité de ses doigts en un énième avertissement. Il a l’habitude. Il ne peut s’empêcher d’y revenir. À demi habillé, il quitte la chambre pour descendre au salon, admirant encore les lieux. Le chalet des Lufkin est le genre de demeure qui lui plaît, point trop ostentatoire et pourtant d’un goût implacable. Puis, c’est sans doute son amour de la nature et des grands espaces qui le fait tant apprécier, à l’instar d’une des propriétaires des lieux, la vue du balcon. Davius sait bien qu’il y trouvera Gillian et il l’y rejoint donc, ouvrant l’oreille à ses mots et les yeux sur le paysage : « Quand j'étais petite, mon frère et moi allions souvent nous allonger sur la plage, sous l'orage. Au premier coup de tonnerre, je me souviens que je ne pouvais pas m'empêcher d'attraper sa main et de me recroqueviller contre lui. Je n'avais pas vraiment peur pourtant. Je trouvais même ça incroyablement excitant, enivrant presque, d'être témoin d'une telle violence sachant qu'il ne pouvait rien m'arriver. Aujourd'hui c'est différent. L'orage approche, inévitablement, et c'est comme s'il n'y avait aucun moyen de lui échapper... »

Il sait ce qu’elle veut dire. Tous entendent l’orage arriver au galop, désormais, et il fait plus que se profiler à l’horizon. Il est pratiquement au-dessus de leurs têtes et ce n’est pas un orage, non, « C’est une tempête. Nous sommes dans son œil, mais bientôt, elle nous aspirera », dit Davius d’un ton égal. Elle les aspirera tous et bien plus vite que ce qu’ils croient tous, en cet instant de grâce. Le vent rafraîchit sa peau brûlante, y fait aller et venir des frissons d’anticipation. L’orage lui rappelle le Pays de Galles, où il rentrera bientôt et où celui-ci doit déjà s’abattre furieusement, autant que les vagues doivent dévorer la falaise au bas de sa maison. « Plusieurs ont déjà quitté, chez nous. Ou disparu. Hank s’est reconverti en vendeur de confiseries et de farces et attrapes. Ilse, sa collègue habituelle, est en congé de maladie, les tensions et les criminels arrêtés ayant épuisé son don d’empathie.  Et tant d’autres partent sans revenir, parfois sans même le signaler. Je ne pensais pas que nous allions devoir vivre ça une nouvelle fois. Pas si rapidement. » Il y a une note découragée, dans sa voix calme, alors. Il n’y a pas à questionner quel sera le choix du Llewellyn et sa faiblesse, sans doute, est une noblesse d’âme qui ne le fait pas penser que Gillian puisse réfléchir à un quelconque autre côté. Il la connaît bien mal, à certains égards.
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S'élançant de derrière le tonnerre, un éclair blanc déchira les ténèbres et illumina brièvement la plaine qui s'étendaient sous leurs yeux. Il craqua avec une telle force que Gillian ne put s'empêcher de rentrer légèrement la tête dans les épaules, surprise par la rapidité avec laquelle l'orage se rapprochait. C'était ce qu'il s'était passé pour l'Angleterre aussi. Elle avait ignoré les nuages noirs amoncelés à l'horizon. Elle avait sciemment détourné les yeux jusqu'à ce qu'un grand fracas ne la réveille en sursaut au beau milieu de la nuit. Mais il était trop tard. Davius avait raison, ils étaient déjà dans l’œil de la tempête. Les ténèbres avaient déjà étendu leur ombre au-dessus de leur tête à tous, sorciers et moldus confondus, n'attendant qu'un prétexte pour finir de les engloutir. La question n'était plus de savoir si cela se produirait, mais quand. Gillian détestait cette attente, ce malaise ambiant se lisant si aisément dans les regards fuyants des passants sur le Chemin de Traverse, dans les rires nerveux s'élevant des couloirs du Ministère, et même dans les disparitions fréquentes de son mari une fois la nuit venue – qui pour une fois n'avaient rien à voir de quelconques visites extra-conjugales.

_ Plusieurs ont déjà quitté, chez nous. Ou disparu.
_ Il n'aura pas à se donner beaucoup de peine alors. Le Ministère est faible et prêt à tomber. C'est comme si on le lui servait sur un plateau d'argent...

Elle n'avait pas besoin de préciser de qui elle parlait. Le Seigneur des Ténèbres était dans tous les esprits, les gangrenant de la crainte que lui seul suffisait à inspirer. La voix de Gillian ne laissait transparaître aucun émoi particulier pourtant, ni effroi ni colère ni même réprobation malgré ses sourcils légèrement froncés. Son ton égal était celui d'une politicienne rompue à l'art de choisir habilement ses mots sans rien dévoiler de ses pensées. Elle coula un regard discret en direction de son amant, et pour la première fois depuis qu'ils se connaissaient, elle vit chez lui quelque-chose qu'elle n'y avait encore jamais vu. La lassitude. Cela ne dura qu'un instant, mais pendant une fraction de seconde l'impression avait été là, dans sa posture, dans ses épaules légèrement affaissées et son regard perdu vers le lointain. Pendant une fraction de seconde, Gillian avait également senti un poids, comme une pierre, tomber au fond de sa poitrine et elle détourna alors les yeux comme si ce moment d'intimité qu'elle venait de lui voler la dérangeait. À moins qu'il n'ait s’agit de ses propres sentiments...

_ Je n'aurai pas du aborder ce sujet. Si ces instants de liberté sont les derniers que nous vivons, nous devrions autant en profiter de façon plus appropriée, ajouta-t-elle avec un sourire malicieux, ses doigts se refermant sur la boucle de ceinture de l'auror tandis qu'elle l'attirait vers elle. Suis-moi.

Elle le ramena au salon, où elle lui fit signe de s'asseoir avant de se diriger vers le coin cuisine d'un tiroir duquel elle sortit une bouteille de vin ainsi que deux verres à pied. Elle lui expliqua qu'il provenait de France, cadeau du roi en personne lors de sa dernière visite officielle en Angleterre. Chaque employé de la Coopération Magique Internationale en avait reçu une. Quand elle eut fini de les servir généreusement, Gillian revint alors vers Davius. Elle s'assit sur lui à califourchon, attendant qu'il saisisse le verre qu'elle lui tendait avant d'y entrechoquer doucement le sien.

_ Au temps présent.
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