Le deal à ne pas rater :
Jeux, jouets et Lego : le deuxième à -50% (large sélection)
Voir le deal


sujet; to make you feel my love (simanna #4)

WIZARD • always the first casuality
Anna Grimaldi
Anna Grimaldi
‹ inscription : 07/06/2015
‹ messages : 1824
‹ crédits : mathy.
‹ dialogues : #e95353.
to make you feel my love (simanna #4) Tumblr_odns43L5A91vc5ojjo3_r1_400

‹ âge : trente-quatre
‹ occupation : guérisseuse au service d'infection par virus et microbe magique et co-présidente de l'association "Rosier's Disease Research Trust".
‹ maison : Serdaigle
‹ scolarité : 1980 et 1987.
‹ baguette : est en bois de charme, contient une plume de phénix et mesure 26,4 centimètres.
‹ gallions (ʛ) : 5365
‹ réputation : je suis fragile et que j'ai été manipulée par mon compagnon.
‹ particularité : occlumens.
‹ faits : je suis de sang pur, que je fais partie de la famille Grimaldi, que je suis d'origine italienne, que j'adhère aux idées insurgées mais que je me suis résolue à ne jamais les rejoindre pour le bien être de ma fille, que je suis une ancienne guérisseuse et que je sais donc comment soigner les gens de diverses pathologies, que je me défends en duel, que j'adore lire, que j'apprécie les jolies choses.
‹ résidence : dans un petit studio sur le chemin de traverse que le gouvernement a bien voulu me donner pour mon implication de guérisseuse durant la guerre. La demeure des Grimaldi à Herpo Creek ainsi que mon appartement à la Bran Tower avaient été saisis. Je dispose toujours d'une résidence secondaire et tertiaire à Brighton (maison d'été) et à Florence (terres italiennes).
‹ patronus : un lapin, patronus de Thomas
‹ épouvantard : un entassement de corps, celui de mes enfants et des êtres qui me sont chers.
‹ risèd : ma famille heureuse et recomposée.
http://www.smoking-ruins.com/t1958-anna-loooove-me
to make you feel my love (simanna #4) Empty



I'd go hungry; I'd go black and blue,
I'd go crawling down the avenue.
No, there's nothing that I wouldn't do
To make you feel my love.


(lire ce sujet avant)
#SIMANNA

Cette nuit, comme les autres nuits, elle l’avait passée seule. Après avoir clos son rapport sur le grand audit auquel elle avait participé quelques semaines plus tôt, la fatigue l’avait rattrapée … Elle s’était alors allongée dans le grand lit froid de Simon – le leur – dans l’espoir de dormir quelques heures. Mais très vite la réalité l’avait rattrapée, les tourments l’avaient torturée et en une seconde elle n’était plus qu’un astre gravitant autour de la réalité, mais incapable de la saisir. Elle resta des heures durant à se tourner et retourner dans le lit, fixant parfois le plafond, d’autres fois la fenêtre. Rien n’y faisait, son corps ne voulait pas se déconnecter de l’éveil, son cerveau encore moins. Pourtant, la compagnie ne lui manquait pas … Elle n’était pas si seule. Leo avait tenté à plusieurs reprises de monopoliser la place vacante de Simon dans le lit, mais connaissant l’aversion de son compagnon pour cet animal, elle l’avait chassée non sans lui avoir offert une légère caresse. Et puis … Il y avait lui, cet enfant, cet embryon en devenir, ce fœtus en construction … Pendant six mois encore, elle ne serait jamais complètement seule … Six mois, si tout se passait bien. Six mois, s’il survivait à l’excès d’anxiété qui bouleversait sa vie … Le claquement de la porte d’entrée la fit sursauter. Il était rentré.

Feindre le sommeil était un rôle dans lequel elle n’avait plus à faire ses preuves. Recroquevillée sous la couette, la tête orientée vers les fenêtres et les yeux mi-clos, elle méditait sur ses possibilités et cherchait le bon moment pour enfin parler à Simon de ce qui la tracassait. Elle avait été distante ces derniers temps, il l’avait sûrement remarqué. Néanmoins, elle avait su fuir élégamment ses responsabilités en justifiant des déplacements à l’étranger, des dossiers importants pour le ministère … Tout ce qu’il fallait pour éviter la confrontation. Tout ce qu’il fallait pour qu’elle trouve le courage de lui avouer ce secret qu’elle lui cachait depuis trois mois maintenant. Sa main posée sur ce ventre qui prenait peu à peu des formes, elle ne pourrait plus dissimuler bien longtemps cet abdomen arrondi. Le cacher visuellement était une tâche aisée – dans laquelle elle avait parfaitement excellé ces dernières semaines – mais empêcher Simon de la toucher devenait un exercice bien lourd et fastidieux. Parfois, sous la douche, il lui arrivait d’appuyer sur son ventre dans l’espoir que l’enfant disparaisse, que tout ceci ne soit qu’un rêve … Un psychomage lui aurait sûrement dit qu’elle avait un problème. Cependant, elle préférait interpréter cette réaction comme un besoin constant de mettre en sécurité toutes les personnes qu’elle aimait … Et si elle pouvait faire disparaître cet enfant pour l’empêcher de voir l’horreur que représentait la vie, elle le ferait …

Elle attendit patiemment que la respiration de Simon ralentisse et qu’il s’endorme, en fixant l’aiguille de l’horloge. Lorsque le mécanisme indiqua sept heures et demie, elle se dégagea doucement de l’étreinte de son amant et glissa hors du lit. A peine ses pieds furent-ils poser sur le sol qu’elle eut un haut-le-cœur et juste assez de temps pour courir jusqu’à la salle de bain. La tête penchée sur la cuvette des toilettes – image radieuse d’une future mère en détresse – elle espérait du plus profond d’elle-même que Simon ne l’avait pas entendue sortir en trombe de la chambre. Cette pensée fut rapidement chassée par la plus dure des réalités : il était temps qu’il sache. Comment pouvait-elle encore le faire vivre dans cette pure ignorance ? Indigne, irresponsable … Il lui en voudrait toute sa vie. Peut-être même ne lui parlerait-il plus après ? Cette hypothèse l’angoissa alors qu’elle n’avait plus vraiment d’autres alternatives que mettre au monde cet enfant. Arriverait-elle à l’élever seule si Simon venait à les renier ? Elle ne s’en sentait pas capable. Pas encore une fois … Pourquoi fallait-il toujours qu’elle fasse les pires choix ? … Ces questionnements existentiels obscurcirent son esprit alors que les nausées se calmèrent doucement. Elle était habituée par ces petites contraintes de femmes enceintes, et comparée à ses deux premières grossesses, celle-ci était beaucoup moins pénible. Elle se redressa lentement, et s’appuyant sur le rebord du lavabo, observa son piteux reflet dans le miroir. Les minutes s’écoulèrent longuement avant qu’elle ne daigne bouger. Elle devait se préparer … Un rendez-vous important l’attendait.

« Madame Grimaldi ? » La même voix, le même sourire, mais des mots différents. En quelques mois, elle était passée de mademoiselle à madame ; l’enfant qu’elle portait en elle semblait lui offrir un statut différent. Se levant de son siège, elle fut ravie que le supplice de l’attente soit passé. Rejoignant la jeune soigneuse dans la salle de consultation, elle s’allongea immédiatement sur le lit d’examen et se tourna vers la professionnelle. « Appelez-moi Anna. Je préfère … Les formalités m’horripilent ! » Un sourire égaya son visage et la guérisseuse le lui rendit tout aussi radieux. « Très bien Anna, alors dites-moi ce qui vous amène aujourd’hui ! » Soulevant sa blouse, elle laissa paraître son ventre arrondi. « J’aimerais que vous me fassiez un examen, juste pour vérifier que tout va bien … » Elle avait pris ce rendez-vous quelques jours plus tôt car l’inquiétude de la malformation – telle que celle qu’avait subie Andrea – lui faisait peur. Et puis, approchant des trois mois de grossesse, elle avait cette profonde envie de mettre une image sur ce petit être qui grandissait en elle. De l’embryon, il devenait fœtus, et elle avait besoin de le savoir en bonne santé ; ne serait-ce que pour ne pas fuir ses responsabilités … Comme la dernière fois, la poudre fine de visualisation fut déposée sur son abdomen et d’un coup de baguette, ces petites particules s’animèrent. Cette fois, la recherche n’était plus aussi ardue car le petit renflement était devenu une silhouette bien formée. La soigneuse manipula l’hologramme pour observer l’enfant sous tous les angles et permit même à Anna d’entendre les battements rapides du petit cœur. « Elle se porte parfaitement bien. » Un soupir de soulagement lui échappa, mais rapidement son cerveau digéra l’information qui venait de lui être transmise. « C’est … c’est une fille ? » Une douleur lui traversa la poitrine et une larme coula le long de sa joue. Tout semblait vouloir lui rappeler Chiara. Pourquoi l’univers cherchait-il à la détruire ? Elle ferma les yeux quelques instants, suffisamment pour entendre la guérisseuse s’excuser de son erreur. « Je suis vraiment désolée. Je … Normalement je fais attention. J’aurais dû me douter que vous ne vouliez pas le savoir. Veuillez accepter mes excuses ! » Anna agita vigoureusement de la tête et essuyant les reliques de ses larmes refoulées, elle rassura la jeune femme. « Ne vous inquiétez pas. Ce n’est pas que je ne voulais pas savoir, c’était juste … Enfin c’est juste un peu dur, d’être là, toute seule. » A qui la faute ? Elle baissa les yeux et posa ses doigts à la naissance de la courbe de son ventre. « Est-ce que … Quelqu’un vous aide ? Je peux essayer de vous conseiller de bons groupes de parole … » Un hochement de tête et quelques mots. « Non, ne vous inquiétez pas. Je … Il faut juste que je l’annonce à l’heureux papa. » Heureux. Le serait-il … ?

« Je suis rentrée ! » L’exclamation qu’elle tenta d’entonner avec sincérité parut fausse à ses oreilles, et déjà, elle se voyait se défiler, une fois de plus ; mais elle tint bon. Ses nausées la rappelèrent cependant à l’ordre – le transplanage n’étant décidément pas le meilleur moyen de déplacement pour une femme enceinte – et elle dut faire un détour discret par l’étage pour se rafraîchir un peu. Elle profita de ce dernier instant de répit pour chercher les mots qui lui permettraient d’orienter le sujet vers cette histoire de bébé … Elle fixait son reflet dans le miroir depuis près de cinq minutes lorsque le petit chien qu’ils avaient recueilli quelques mois plus tôt – Leo – débarqua et dérapa sur le carrelage jusqu’aux pieds d’Anna. Un léger sourire moqueur se dessina sur ses lèvres et elle se baissa pour prendre le petit animal dans ses bras. « Allez mon Leo ! Ensemble, on va lui dire. » Sortant distraitement dans la salle de bain, elle descendit les escaliers avec un calme incertain. Stoppant son avancée sur la dernière marche, elle se tourna vers Simon et laissa son cœur absorber pendant quelques instants tout l’amour qu’elle pouvait emmagasiner. Puis, se dirigeant lentement vers lui, elle lui offrit un sourire quelque peu crispé. « Tu me laisses une petite place ? » Cette phrase avait été prononcée comme si l’heure était grave et qu’elle allait lui annoncer un décès. Nerveuse et angoissée, elle posa Leo sur ses genoux et passa une main dans ses cheveux défaits. La petite boule de poil, ressentant sans doute le mal-être d’Anna, se blottit contre elle. « Je … Il faut qu’on parle de quelque chose. » Elle baissa les yeux vers le sol, n’osant même pas croiser le regard de celui qui, pourtant, était le seul à la regarder avec amour et passion. Elle s’en voulait tellement d’être si peureuse, elle qui se revendiquait courageuse. Les événements qui la touchaient au plus près la mettaient toujours dans les situations les plus compliquées. Par où commencer ? Elle attrapa la main de Simon et caressa doucement les lignes de sa main. Puis de son autre main, elle y déposa une petite pierre ambrée. Silencieusement, elle effleura le petit cristal et un millier de petites paillettes orangées éclatèrent dans les airs pour représenter la forme indistincte d’un enfant. Comprendrait-il ? Elle tourna la tête vers lui, daignant enfin le regarder dans les yeux. Quelque chose la bloquait ; la peur sans doute. L’ignorance aussi. Elle ne savait pas à quoi s’attendre, ne savait pas comment il réagirait. « Je ne comprends pas comment c’est arrivé … » Ses yeux s’embuèrent de larmes, mais elle continua à soutenir son regard avec obstination, tentant d’obtenir une réponse de sa part, une réaction, aussi quelconque qu’imprévisible. « Je suis désolée … » Elle ne l’était pas. Pourquoi être désolé pour une chose dont elle n’était pas responsable ? Elle ne l’avait pas fait seule cet enfant – même si la démocratisation des bébés chaudrons aurait pu le permettre - … Alors qu’elle tentait de lire une réaction sur le visage de Simon, elle sentit sa main glisser le long de la sienne et s’éloigner peu à peu. Elle le perdait, elle le sentait … Sur sa face se lisait la détresse, elle entendit le bruit sourd de la pierre qui tomba sur le sol et l’image de sa petite fille s’évanouit, emportant avec elle, tout l’espoir d’une fin heureuse.
Revenir en haut Aller en bas

PRISONERS • bloodstains on the carpet
Simon Rosier
Simon Rosier
‹ disponibilité : dispo (1/6)
‹ inscription : 07/09/2014
‹ messages : 1145
‹ crédits : tplrs (avatar), tumblr (gifs).
‹ dialogues : #669999.
to make you feel my love (simanna #4) Tumblr_o4bilvKd3z1tg7oa1o1_400

‹ liens utiles :
‹ âge : trente-huit ans (24/05/66).
‹ occupation : criminel, propriétaire déchu du Centuries.
‹ maison : Serpentard.
‹ scolarité : 1977 et 1984.
‹ baguette : brisée.
‹ gallions (ʛ) : 5122
‹ réputation : il n'est plus rien, l'héritier réprouvé d'une famille presque extincte, indigne de toute confiance et bon à moisir dans les geôles d'Azkaban.
‹ faits : toujours considéré comme une ordure remplaçable, dans le clan désuni de Voldemort, Rosier est désormais perçu comme un lâche ayant déserté avant la bataille finale. Un monstre qui a abusé de la confiance d'une sorcière honnête (Anna), et un père indigne par-dessus le marché. Nombreux sont ceux qui auraient aimé maintenir la peine de mort jusqu'à ce qu'il y passe.
‹ résidence : Azkaban.
‹ patronus : un vague filet argenté, sans forme ni consistance.
‹ épouvantard : un précipice.
‹ risèd : une plage, avec Anna et Charlotte.
to make you feel my love (simanna #4) Empty
to make you feel my love

And they're making children, And they're making love, With their old excuses ; We are built for reproduction, But I find it soothing When I am confined, I'm just fearing one day soon, I'll lose my mind



   
   
   
Il chancela dans l’entrée, se raccrocha au rebord d’un meuble. Manqua de démanteler une pile de livres déjà vacillante. À cette heure vespérale, il distinguait à peine le contour des objets, et cherchait à tâtons un support quelconque afin de prévenir une chute inévitable – pas assez alcoolisé pour oublier que quelqu’un dormait à l’étage, mais suffisamment pour lutter à aligner un pied devant l’autre, Rosier marqua un temps d’arrêt. Retira ses pompes en secouant vigoureusement la cheville — une godasse glissa jusqu’au fauteuil, l’autre, il faillit trébucher dessus. Il songea, pendant un moment, s’effondrer sur le canapé, ne pas perturber le sommeil d’Anna – ou risquer de dévaler les marches de l’escalier sur le coccyx. Il était enivré. Pas ivre. La certitude était faiblarde. L’orviétan, sûrement, et les mélanges douteux auxquels il s’était adonné près du bar. Quand il s’emmerdait, il bossait ou il se bourrait la gueule ; et cette nuit, tout était déjà fait, et les autres voulaient rester près des danseuses, et il s’était dit, de toute façon, Anna dormira. Elle dormait tout le temps quand il rentrait, ou elle était déjà partie. Il ne s’était pas posé de questions, n’en avait pas parlé. Rosier, il avait une vague idée de la manière dont fonctionnait le couple, mais ça n’allait pas loin, et il préférait croire que tout était normal (ils avaient un chien, merde), que c’était la fatigue, les horaires impossibles, les soucis, des conneries. Il s’arrêta près de l’escalier, compta sur ses doigts le nombre de mois passés avec Anna. Cinq et demi. C’était long, pour lui – et il n’avait rien appris.
Il tituba jusqu’à sa chambre, sema ses fringues en chemin, le cuir sur la rampe de l’étage, le froc et le teeshirt par terre, au pied du lit, et s’écroula sur le matelas, trop heureux de retrouver le moelleux de ses oreillers. Un sommeil sans rêve dut le faucher, car lorsqu’il rouvrit les yeux, la lumière du jour lui crama la rétine et une migraine lui barrait le crâne. Vautré sur le ventre, abandonné par sa compagne, il tenta péniblement de se rendormir. Sale habitude. Il était exténué – il le répétait, se le répétait à longueur de temps. Je suis crevé. Putain, je suis tellement crevé. Je suis vanné, j’en peux plus. Les paupières pesaient lourd et les muscles s’ankylosaient, la nuque souffrait, la colonne vertébrale lançait, mais il commençait à comprendre que parfois, la fatigue et le sommeil ne fonctionnaient pas ensemble, que l’un n’amenait pas l’autre, qu’il aurait beau dormir dix ans, il n’en demeurerait pas moins épuisé. Du bout des doigts, il frôla l’oreiller d’Anna, et se retourna enfin, au milieu du lit vide, les mains aplaties contre son visage mal rasé. Quelque chose avait changé. Ou était-ce la routine ? Quand la conversation manquait, quand les regards se fuyaient, était-ce seulement la routine. Certains jours, ils se croisaient. Un baiser au coin des lèvres, un sourire, quelques mots hâtifs, lui qui disparaissait le soir, elle qui s’absentait au nom du Ministère. Et d’autres fois, ils sortaient, comme si rien n’avait changé – et il se rapprochait, essayait, glissait une main ici, l’autre là, repoussait les cheveux qui masquaient son cou, jusqu’à ce qu’elle lui dise non. Parce qu’elle était fatiguée, parce qu’ils n’avaient pas le temps, parce que ce n’était pas le moment, parce que ce n’était pas l’endroit, parce que ci, parce que ça. Il avait abandonné, frustré. Va dormir chez toi la prochaine fois, il avait grommelé un soir, avant de se retourner, en tirant allégrement l’édredon de son coté. Il s’était vaguement excusé le lendemain matin, sans pour autant demander une explication. Et puis il s’était inquiété, avait commencé à s’enquérir, tout va bien, t’es malade, c’est la surveillance du Ministère, c’est ton frère, tes parents, tu veux en parler ? Elle chassait son trouble de sa voix douce, lui promettait que ce n’était rien, et plus elle le rassurait, moins il la croyait.
C’était ironique – un menteur réclamant la vérité.
Ses gestes étaient aussi vides que mécaniques. Il se traîna jusqu’à la douche, ramassa de quoi s’habiller, grimaça de douleur en se penchant, se servit à peine de sa baguette, versa du whiskey dans son café, attrapa une pomme dans le saladier de fruits. Il ne travaillerait pas aujourd’hui, ni demain du reste, et cette solitude soudaine lui paraissait étrange – au club, son staff envahissait les couloirs et son bureau, chez lui, il y avait Anna, le chien (le chien !), à l’extérieur, les autres, un essaim de désaxés et de dépravés. Ces journées-là étaient rares, et il en profitait pour musarder, cloitré chez lui de préférence – une cigarette pendue aux lèvres, un livre coincé sous le bras, des binocles perchés sur le nez. Il allait lire, probablement dormir à un moment donné. Le clébard d’Anna, Leo (affectueusement surnommé « fuck off »), ne l’approchait pas lorsqu’ils étaient seuls et se planquait il ne savait où en attendant que sa maîtresse légitime revienne ; grand bien lui fasse. Simon se vautra dans l’un des canapés, et ouvrit l’exemplaire racorni d’un vieux polar inachevé. Bientôt néanmoins, il se surprit à parcourir la même page, incapable de se concentrer sur les lignes filant sous ses yeux cernés. Malgré la paire de lunettes, un deuxième café et toute la volonté du monde, le sens des mots lui échappait complètement, et ses paupières s’alourdirent.
« Je suis rentrée ! » Ses membres convulsèrent, et il émergea brusquement de sa somnolence, le bouquin reposant sur le ventre, le bras en travers du visage. « J’suis là, » il marmotta, en guise de réponse. Il entendit ses pas s’éloigner et grimper les marches de l’escalier, une porte se fermer, les aboiements ravis du chiot, tandis que lui s’étirait indolemment, un coussin calé contre le râble endolori. « Tu me laisses une petite place ? » Simon se redressa et déporta ses guiboles sur la table basse. « Vire ce truc, » qu’il grogne, soucieux des conneries que Leo pourrait faire sur ce canapé — ou n’importe quel meuble de son loft, comme il le répétait chaque jour depuis qu’Anna avait ramené ce clebs chez lui. Il l’avait ressassée, l’originalité de son mobilier, en matérialiste assumé, jusqu’à jurer sur Merlin qu’il n’hésiterait pas à renvoyer cette peluche dans le caniveau si jamais l’une de ses babioles passait sous ses pattes. Il tressaillit à peine lorsqu’il sentit la pulpe des doigts d’Anna frôler les lignes de sa paume, mais lui accorda une œillade perçante, où brasillait une vague lueur de défi. « Je … Il faut qu’on parle de quelque chose. » Ces seules paroles le découragèrent d’emblée alors même qu’elle glissait dans sa main une pierre, sur laquelle il riva un regard défiant. « Et c’est… ? » L’impatient fut coupé dans son élan quand une gerbe d’étincelles révéla une forme étrange, mouvante. Le masque sceptique dont il s’était paré se craquela, et son cœur manqua plus d’un battement. (Une échographie.) Non. Ses traits tirés se décomposèrent au fur et à mesure qu’il détaillait le résultat d’une imprudence. C’était son enfant. « Je ne comprends pas comment c’est arrivé … » Il braqua sur elle deux billes hargneuses, assorties d’un rictus mauvais. La grimace se passait de mots ; oh si, tu sais comment c’est arrivé. On sait tous les deux comment ça arrive.
Il avait merdé.
Il l’avait engrossée. Cinq mois ensemble, et il lui faisait un môme. Ils n’avaient pas encore discuté d’une vie ensemble, sous le même toit, et il avait rechigné des jours entiers à l’accompagner chez ses parents en tant que « compagnon », convaincu que les Grimaldi essayeraient, sans subtilité aucune, de précipiter leur relation. Quelque part pourtant, il aurait dû être soulagé qu’un accident survienne avec elle plutôt qu’une autre – le sang de son bâtard était immaculé, les siens n’auraient pas à craindre la souillure de leur nom, mais cette pensée s’égara dans le chaos de sa réflexion. « Je suis désolée … » La pierre glissa de sa main et heurta mollement le tapis. La nouvelle ne l’avait pas encore percuté qu’il adressa à Anna un regard chargé d’une fureur indicible. Il ne s’était pas rendu compte que sa main gauche, crispée sur son genou, tremblait, mais pouvait sentir son palpitant remonter dans sa gorge et se déchaîner contre sa pomme d’Adam, à mesure que le magma de sa rage se déversait dans ses veines. Contre lui, ou contre elle, peu importe. Il n’avait jamais voulu d’enfant. Ni dans cette vie ni dans une autre. Fonder une famille s’inscrivait dans une continuité terriblement logique – effrayante, pour lui, qui ne tenait pas en place. Il avait à peine la carrure d’un homme, alors celle d’un père. Ses billes s’accrochèrent une seconde à l’abdomen d’Anna ; de toutes ses égéries, de toutes celles dont il s’était entiché, il avait toujours été persuadé qu’elle était la seule avec qui il pouvait considérer un véritable avenir, si enfin leurs chemins se croisaient de nouveau. Désormais, la réalité l’avait rattrapé, et il n’était plus aussi sûr de ses velléités d’amoureux transi. « Tu t’excuses pour tout putain. » À cet instant – à cet instant, il ne pensait plus. Esprit éviscéré. Enfin – si, si, il pense. À toutes les fois où elle avait demandé pardon à sa place, à toutes les fois où au lieu de le rejeter, elle l’avait pris dans ses bras, à toutes les fois où elle avait préféré lui sourire plutôt que le gifler. Et maintenant. Maintenant, il lui avait fait un gosse – elle baissait la tête. Il voudrait qu’elle réagisse. Qu’elle lui en veuille, qu’elle lui annonce qu’ils ne peuvent pas l’avoir, que c’est la seule image qu’il verra jamais de cet enfant maudit. « C’est tout ce que tu sais dire ou quoi ? » Le ton abîmé s’effrita davantage. « J’ai bien compris que c’est pas Merlin qui l’a sorti de son chaudron ce chiard. » Il se leva subitement et avala en quelques enjambées la maigre distance qui le séparait d’un autre fauteuil, creusant entre eux un fossé matérialisé par la table basse. « Tu vas pleurer en plus ? » il cracha. Chiale alors ! Rampe à mes pieds, qu’est-ce que j’en ai à foutre. Une veine enflait sous sa tempe. « Si tu me montres ça, t’as bien une idée derrière la tête, non ? » Elle y avait cru – personne ne l’en blâmerait, sauf lui. Il le lui ferait regretter, à tel point qu’elle n’aurait pas d’autres choix que courir à Sainte Mangouste pour qu’on lui arrache cette horreur des entrailles. « Fallait que tu me le montres, au lieu de me le dire… Fallait que tu le montres. » Ça dégueulait de reproches, ça se prenait la tête dans les mains, ça fourrageait la crinière corbeau. « C’est ça ? Il aboya. Tu veux qu’on joue au papa et à la maman ? » Dans sa bouche, c’en était presque obscène. « Mauvaise pioche, Anna. » Il n’en voulait pas, et il entendait bien la convaincre que c’était la meilleure solution – pas seulement pour lui, mais pour elle aussi. Pour tout le monde. Ses mains se pressèrent contre ses lèvres. Il se releva, encore, marcha, encore, la dextre arrimée à la hanche. Était-ce de la naïveté, de croire qu’il aurait accepté la nouvelle sans broncher ? Pis, qu’il aurait sauté de joie à l’annonce de la paternité ? Un coup de pied rageur écarta un repose-pied de son chemin. « Putain mais tu––tu me fais quoi là ? T’essayes de me faire quoi ? » Il ne s’était pas rendu compte qu’il hurlait, que des veines gonflées striaient son cou, que le sang lui brûlait les joues. Que la rage le défigurait. « Tu le sais—tu sais que je veux pas de ça dans ma vie, tu le sais bordel, alors t’espères quoi sincèrement ? »
Revenir en haut Aller en bas

WIZARD • always the first casuality
Anna Grimaldi
Anna Grimaldi
‹ inscription : 07/06/2015
‹ messages : 1824
‹ crédits : mathy.
‹ dialogues : #e95353.
to make you feel my love (simanna #4) Tumblr_odns43L5A91vc5ojjo3_r1_400

‹ âge : trente-quatre
‹ occupation : guérisseuse au service d'infection par virus et microbe magique et co-présidente de l'association "Rosier's Disease Research Trust".
‹ maison : Serdaigle
‹ scolarité : 1980 et 1987.
‹ baguette : est en bois de charme, contient une plume de phénix et mesure 26,4 centimètres.
‹ gallions (ʛ) : 5365
‹ réputation : je suis fragile et que j'ai été manipulée par mon compagnon.
‹ particularité : occlumens.
‹ faits : je suis de sang pur, que je fais partie de la famille Grimaldi, que je suis d'origine italienne, que j'adhère aux idées insurgées mais que je me suis résolue à ne jamais les rejoindre pour le bien être de ma fille, que je suis une ancienne guérisseuse et que je sais donc comment soigner les gens de diverses pathologies, que je me défends en duel, que j'adore lire, que j'apprécie les jolies choses.
‹ résidence : dans un petit studio sur le chemin de traverse que le gouvernement a bien voulu me donner pour mon implication de guérisseuse durant la guerre. La demeure des Grimaldi à Herpo Creek ainsi que mon appartement à la Bran Tower avaient été saisis. Je dispose toujours d'une résidence secondaire et tertiaire à Brighton (maison d'été) et à Florence (terres italiennes).
‹ patronus : un lapin, patronus de Thomas
‹ épouvantard : un entassement de corps, celui de mes enfants et des êtres qui me sont chers.
‹ risèd : ma famille heureuse et recomposée.
http://www.smoking-ruins.com/t1958-anna-loooove-me
to make you feel my love (simanna #4) Empty
() « Vire ce truc. » Elle leva les yeux au ciel. Depuis qu’elle avait ramené ce petit chiot chez eux, Simon était de mauvaise humeur à chaque fois que Leo était un peu trop proche de lui ou de ses bibelots. Anna mettait un point d’honneur à éduquer le petit animal afin qu’il ne fasse pas ses besoins partout et qu’il respecte l’environnement et les gens qui l’entourent. Jusqu’à présent, il n’y avait jamais eu de grosses catastrophes, et lorsque cela arrivait, elle trouvait toujours un moyen pour rattraper la bêtise … Mais rien n’y faisait. Simon ne l’aimait pas. Il y avait comme une rivalité entre eux. Aussi bizarre que cela puisse paraître, elle sentait qu’il y avait de la jalousie dans l’air. Comment un homme pouvait être jaloux d’une jolie petite boule de poil ? Leo se blottit contre elle et sa main caressa avec tendresse son doux pelage grisé. Ce chien avait quelque chose de rassurant. Lorsqu’elle avait décidé de le garder, après cette escapade avec Simon, elle avait été euphorique. Par cette adoption, elle espérait sans doute combler le vide béant qu’avait laissé Chiara après son départ. Les premières semaines, le bienfait de cette cure de tendresse l’avait rendue plus heureuse, plus passionnée. Elle avait aimé s’occuper de quelqu’un, se sentir importante et utile. Elle passait le plus clair de son temps à le caresser, à le dorloter. Il était la compagnie qu’elle n’avait pas lorsque Simon était parti, il était la bouée de sauvetage qu’elle avait réussi à attraper alors qu’elle se noyait dans une marée de doute et d’incertitude. Cet animal était vrai, cet animal était vivant.

Tout comme cet enfant … Comment oublier le jour où elle avait appris la nouvelle ? Comment omettre ce sentiment oppressant qui avait emballé son cœur et l’avait fait paniquer ? Comment ignorer la présence de cet être en devenir qui grandissait en son sein ? La joie que lui avait apportée Leo s’était éteinte dans un mélange de colère et de culpabilité. Adopter un animal, s’occuper de lui, le nourrir, le caresser, l’aider était une chose … Faire naître un enfant dans cet environnement malsain et empreint de violence en était une autre. Pourtant, elle n’avait pu se résoudre à avorter. Enlever la vie à un être innocent l’aurait élevée au statut de meurtrière, comme ces rafleurs qui avaient tué Thomas, comme ces Mangemorts qui avaient emporté Teresa loin d’elle, comme cet insurgé qui n’avait eu aucun remord à laisser mourir Anita … Elle n’était pas comme eux … Elle ne voulait pas l’être après ce que le destin lui avait déjà enlevé. Elle s’était résolue à garder cet enfant. Elle n’avait demandé d’avis à personne. Elle ne réclamait rien. Non. Elle était décidée ; aurait même pu ne jamais le dire à personne … Pourtant, son altruisme – ou était-ce son égoïsme ? – l’avait amenée à la conclusion qu’exclure Simon de cette grossesse ne serait pas une bonne idée. Il avait le droit de savoir. Il était concerné lui aussi. Trop de mensonges existaient encore entre eux, elle ne pouvait ajouter celui-ci à la longue liste …

Mais les mots n’étaient pas venus … Pas les bons. Je suis désolée. Pourquoi avait-elle dit ça ? Pourquoi se sentait-elle à chaque fois obligée de s’excuser de tout, même lorsqu’elle ne l’était pas, même lorsqu’elle n’en était pas responsable ? « Tu t’excuses pour tout putain. » La gifle la frappa de plein fouet, mais elle l’avait méritée. Sa tête se baissa sous le poids de la culpabilité. Quelle lâche ! Elle capitulait avant même d’avoir essayé. Elle savait que cette discussion se terminerait mal, mais pas qu’elle tournerait au règlement de compte aussi rapidement. Frappée par la fureur de Simon, Leo fuit vers la cuisine et Anna resta ainsi, seule, le corps entier parcouru de tremblement. Un mélange d’angoisse et de fureur se concentra en elle et une barrière émotionnelle menaçait déjà de céder. « C’est tout ce que tu sais dire ou quoi ? J’ai bien compris que c’est pas Merlin qui l’a sorti de son chaudron ce chiard. » C’est surtout pas Merlin qui lui avait appris à bien parler. Il marqua définitivement le gouffre qui s’était ouvert à leurs pieds et la laissa seule sur le canapé pour lui faire face. Elle serrait les dents, prête à répandre son venin. S’en était trop, elle avait laissé passer beaucoup trop de choses, aveuglée par un amour insaisissable mais à présent qu’elle l’avait attrapé et qu’elle s’y était brûlé les mains, la réalité et la raison reprenaient ses droits. Elle ne pouvait pas rester ainsi, sans réagir comme la bonne petite fille de famille qu’elle avait toujours été, elle ne pouvait pas se laisser maltraitée par celui qui était censé l’aimer le plus. Le sang battait dans ses tempes et essayait de contenir sa furie. Les larmes s’étaient taries au contact du feu qui se déployait en elle. Les mots continuèrent à résonner, frappant son crâne de milles et une douleurs. « Tu vas pleurer en plus ? … Tu veux qu’on joue au papa et à la maman ? … Mauvaise pioche, Anna. » Les paroles tourbillonnaient dans sa tête, et les flammes se nourrissaient de cette souffrance. Son cœur s’était brisé. Sa mâchoire était crispée, ses ongles s’enfonçaient dans ses paumes, contenant toute sa rancœur et ses douleurs passées. Plus pour longtemps.

Le silence qui s’était installé devenait lourd et elle ne laisserait pas sa chance passer. « Tu n’as aucun droit de me parler ainsi. » A travers ses dents, la phrase était dure, emplie d’aigreur et de colère. « Qui t’a autorisé à me parler ainsi ? » La voix s’était élevée d’elle-même. « Et toi, qu’est-ce que tu cherches à me faire faire ? Tu veux vraiment que je te mente, qu’on fasse comme si rien ne s’était passé ? Tu es pitoyable ! » Elle agitait la tête de droite à gauche et pointait son index avec fureur vers lui. « Tu sais quoi ? Je ne suis pas désolée. Absolument pas désolée. Est-ce que ça te satisfait plus ? Certains tueraient pour avoir ça. » Elle posa une main rassurante sur son ventre et prit une profonde inspiration. Calme-toi Anna, il ne mérite pas que tu mettes cet enfant en danger. Impossible. Elle se leva et lui cracha toute sa hargne à la figure. « En fait, je suis bien désolée pour quelque chose. Je suis désolée pour toi. Pour ton antipathie, pour ton incapacité à comprendre ! » Elle voulait lui faire mal tout autant qu’il le lui faisait. « Putain mais tu––tu me fais quoi là ? T’essayes de me faire quoi ? » La voix qui s’élève, les cris, la colère. Elle ne le retiendrait pas, elle n’essaierait pas de le calmer alors qu’elle n’arrivait même pas à s’apaiser elle-même. « Tu le sais—tu sais que je veux pas de ça dans ma vie, tu le sais bordel, alors t’espères quoi sincèrement ? » Elle pinça les lèvres, cet air désespéré figé sur la figure. Un semblant de calme s’était insinué en elle. « Pourquoi crois-tu obstinément que j’avais quelque chose derrière la tête en te l’annonçant ? Pourquoi faut-il une raison pour t’annoncer une chose dans laquelle tu es impliqué ? Est-ce que ça te donnerait une raison de mettre toute la faute sur moi ? Est-ce que c’est pour te donner une raison de me faire mal ? De me frapper ? » La peur n’était plus qu’une idée superficielle survolant son esprit. « Je n’attends plus rien de toi. Je n’espère plus rien. Continue à être le gamin que tu as toujours été ! Continue à te détruire ! Continue à croire que tout ce que tu fais n’a aucun impact sur rien, ni personne. J’en n’ai plus rien à faire. » Elle le reniait avant qu’il ne puisse le faire. Être la première à exprimer cette rupture lui donnait l’impression d’avoir un contrôle sur cette situation alors qu’elle n’en avait aucun. Elle pouvait défaillir à tout moment mais l’adrénaline qui battait encore dans ses vaisseaux la maintenait debout. « Ça c’est ma fille ! Ça c’est aussi ta fille ! Et si tu penses que tu arriveras à me l’enlever … Par Merlin, je ne te laisserai pas la toucher, TU NE LA TOUCHERAS PAS, TU M’ENTENDS ? » Pas après Andrea, pas après Chiara … Plus personne ne pourrait lui enlever ses enfants, plus aucune raison ne sera suffisante pour qu’elle le permette. S’il le fallait elle se battrait, s’il le fallait elle mourrait. Mais rien ni personne n’aurait suffisamment de droit pour l’empêcher d’aimer son enfant. Elle se retourna, fit quelques pas elle aussi, à l’opposé de Simon, tentant d’étouffer sa souffrance. Il lui faisait tant de mal et pourtant elle l’aimait toujours. Il était comme une drogue et elle en était désespérément dépendante. Elle plaqua ses mains contre son visage et sentit un liquide humide couler le long de ses joues. Elle pleurait. Faible. Elle tut ses sanglots et essuya ses larmes avant de se retourner vers Simon. Elle tenta de verrouiller son regard dans le sien, de lui montrer à quel point elle avait été blessé, mais rien ne serait jamais assez suffisant que des mots. « Si ça peut te rassurer, tu ne me devras rien. Tu ne lui devras rien. Je me débrouillerai très bien sans toi ! » Elle porta une main pleine de tendresse vers son abdomen pour faire passer le mensonge. Elle ne se débrouillerait jamais bien sans lui. Elle était accro à lui, soumise à lui. Son existence serait morne et morose sans lui. « Si ça peut t’aider, tu peux te dire que je t’ai trompé. Tu peux te dire qu’elle n’est pas de toi. Mens-toi autant que tu veux. Je ne serais plus là pour délier le vrai du faux, pour te dire que tu mens. Je suis la seule avec toi à connaître les bonnes réponses. » Elle porta le bout de ses doigts à ses lèvres en agitant la tête. « J’ai été trop bête pour croire que ça pourrait marcher. T’aimer me fait encore plus mal que te détester. On n’aurait jamais dû essayer … »

Spoiler:
Revenir en haut Aller en bas

PRISONERS • bloodstains on the carpet
Simon Rosier
Simon Rosier
‹ disponibilité : dispo (1/6)
‹ inscription : 07/09/2014
‹ messages : 1145
‹ crédits : tplrs (avatar), tumblr (gifs).
‹ dialogues : #669999.
to make you feel my love (simanna #4) Tumblr_o4bilvKd3z1tg7oa1o1_400

‹ liens utiles :
‹ âge : trente-huit ans (24/05/66).
‹ occupation : criminel, propriétaire déchu du Centuries.
‹ maison : Serpentard.
‹ scolarité : 1977 et 1984.
‹ baguette : brisée.
‹ gallions (ʛ) : 5122
‹ réputation : il n'est plus rien, l'héritier réprouvé d'une famille presque extincte, indigne de toute confiance et bon à moisir dans les geôles d'Azkaban.
‹ faits : toujours considéré comme une ordure remplaçable, dans le clan désuni de Voldemort, Rosier est désormais perçu comme un lâche ayant déserté avant la bataille finale. Un monstre qui a abusé de la confiance d'une sorcière honnête (Anna), et un père indigne par-dessus le marché. Nombreux sont ceux qui auraient aimé maintenir la peine de mort jusqu'à ce qu'il y passe.
‹ résidence : Azkaban.
‹ patronus : un vague filet argenté, sans forme ni consistance.
‹ épouvantard : un précipice.
‹ risèd : une plage, avec Anna et Charlotte.
to make you feel my love (simanna #4) Empty
to make you feel my love

And they're making children, And they're making love, With their old excuses ; We are built for reproduction, But I find it soothing When I am confined, I'm just fearing one day soon, I'll lose my mind



   
   
   
Sans toi, y a plus rien.
Il ne lui avait jamais dit qu’il l’aimait. Les mots s’égaraient sur ses lèvres, terminaient contre sa peau quand il aurait dû les prononcer à voix haute, ou au moins les glisser dans le creux de son oreille. Pas même une maladresse, un je t’aime inattendu, qui aurait scellé davantage que des nuits à redessiner ses courbes, à apprendre par cœur la position de chaque tâche de rousseur, de chaque grain de beauté en silence. Rien n’avait changé, et ils n’avaient rien appris, et l’histoire se répétait – bien que le dénouement, autrefois prévisible, mettait désormais la vie de leur enfant en jeu. Toutefois, ce regret ne tarda pas à être néantisé par la rancœur tenace qui le consumait. S’il était aussi fautif qu’elle, il n’avait pas l’intention d’endosser une nouvelle fois son rôle (mérité) d’enfoiré — au nom de l’égoïsme et de l’amertume, il refusait de lui donner une raison d’être une victime.
« Pourquoi crois-tu obstinément que j’avais quelque chose derrière la tête en te l’annonçant ? » Il en aurait bouffé son poing. « Parce que t’annonces souvent une grossesse comme ça toi, pour casser la glace ? » Il ignorait ce qu’elle trafiquait, mais il était convaincu qu’elle avait, pendant un bref instant, cru en eux, en un bonheur réciproque — l’avait-elle imaginé choqué puis inexplicablement heureux, rassuré quant à la distance qui s’était immiscée dans leur couple, impatient de poser des questions, est-ce que c’est une fille, un garçon, tu es allée à Sainte-Mangouste, qu’est-ce qu’on va dire à tes parents. Avait-elle craint ses hurlements, ou pire ? « Pourquoi faut-il une raison pour t’annoncer une chose dans laquelle tu es impliqué ? » D’un revers de main, il chassa ses paroles, agacé par la tournure qu’empruntait cette énième dispute. « Tu réponds toi-même à ta question, » qu’il marmonna, sa patience martelant ses limites déjà peu extensibles. « Est-ce que ça te donnerait une raison de mettre toute la faute sur moi ? » Un grognement irrité s’échappa de sa gorge. « Tu me penses con à ce point-là alors. » Il avait envie d’un verre, non, d’un tonneau, afin d’étancher la hargne qui lui cramait la gorge, et les invectives qu’il refoulait. « Est-ce que c’est pour te donner une raison de me faire mal ? » Elle aurait pu le gifler, le griffer, lui cracher dessus — mais elle suggérait l’inconcevable. Et si elle le suggérait, la pensée lui avait traversé l’esprit. Et si la pensée lui avait traversé l’esprit, elle ne disparaîtrait jamais.
« De me frapper ? »
Tu crois que j’oserais ?
Il s’adossa (s’affaissa) contre un mur, se pinça l’arête du nez. Quel connard serait-il s’il cédait à cette malheureuse pulsion — et quel connard était-il. Il déglutit aussi, demeura silencieux, partagé entre une culpabilité soudaine et la folle tentation de l’obliger à se taire. « Je n’attends plus rien de toi. » Je t’ai rien demandé. « Je n’espère plus rien. » La cadence du cœur faiblit, ou redoubla, mais de toutes les injures qui avaient ricoché contre cette désinvolture qu’aujourd’hui elle lui reprochait, de toutes les blessures reçues, esquivées, cicatrisées, leur désaccord, et la sentence se préfigurant dans sa colère, l’assassinaient. Gibier de potence, il attendait que le coup de grâce abrège ses souffrances, mais tentait désespérément de grappiller quelques secondes de vie, encore, d’une liberté qu’on lui refusait et qui, quelque part, lui tendait les bras. Comme il ne cessait de la ravir de ses espoirs, de piétiner ses efforts, elle lui brisait le cœur. « Continue à être le gamin que tu as toujours été ! Continue à te détruire ! Continue à croire que tout ce que tu fais n’a aucun impact sur rien, ni personne. » Rosier la foudroya du regard. Le sale môme d’autrefois, elle le connaissait, et était-ce vraiment ce qu’elle mirait là ? Il se demanda si pour une fois, il n’était pas le plus lucide des deux. « Tu veux que je t’apprenne ce que c’est, d’être adulte ? » Il s’entendit prononcer les mots à haute voix, et peut-être fut-ce un murmure plus qu’une réplique cinglante, un écho qui soudain se brisa, quand la voix se fit chevrotante, et le verbe incertain. Une fatigue suintante, où se mêlaient lassitude et reddition – quelque chose qui l’empêchait d’esquisser le moindre mouvement, et qui le paralysait, là, les omoplates écrasées contre une portion de mur, ses billes rivées sur le haut plafond. Il voudrait lui dire, ouvre les yeux, c’est toi la gamine. T’attends de pouvoir jouer à la dînette avec un bambin grandeur nature. Il voudrait lui dire, je suis désolé, tu mérites mieux que tout ce que je peux t’offrir. Il voudrait lui dire, je t’aime, plus que que tu le penses. Aucun son ne franchit la barrière pincée de ses lèvres, et il l’écoutait ; ce n’était pas ses tympans que la symphonie de ses hurlements écorchait, mais le myocarde, comprimé dans sa cage thoracique, au bord de l’explosion. Et parce qu’il présageait la fin, il lui manquait le courage de la retenir. « J’en n’ai plus rien à faire. »
Simon hocha la tête.

« Ok. » Il dit.
Combien de fois l’avait-il entendue le répéter ? Et combien de fois avait-elle juré que c’était fini ? Ils connaissaient ce refrain-là, ils l’avaient joué et rejoué, tant et si bien que cette algarade lui était douloureusement familière. Simon se détacha du mur, les doigts triturant nerveusement les coutures de ses poches, et se dirigea vers la cuisine où il ouvrit un premier placard, sous le plan de travail (ce sont les assiettes), puis un deuxième (confus) afin de dégotter un verre, qu’il passa sous le robinet de l’évier. Sa main gauche s’était agrippée au rebord, et il buvait, lentement, de longues gorgées d’eau. Dos à elle, dos au reste du loft, face à du néant. Il ne reviendrait pas sur sa décision uniquement pour soulager sa conscience, il n’accepterait pas à contre-cœur qu’elle garde son enfant au nom de toutes ces mères privées de leur chair. Sa mâchoire se contracta. « Après tout ce temps, tu crois encore que j’en ai rien à foutre ? Je vis avec ça, il cracha, avant de tourner ses orbes fulminants vers elle, cette adorée qu’aujourd’hui il répugnait, avec cette putain de peur de faire une connerie. » Cette angoisse qui l’empêchait de trouver Morphée, qui jouait avec ses articulations, qui lui broyait l’estomac – la paranoïa grandissante régissant son quotidien, le vouant au silence quand il craignait qu’une parole malheureuse ne trahisse sa duplicité. C’était un dialogue de sourds, chacun souhaitait se défendre, faire entendre raison à l’autre. « Ça c’est ma fille ! Ça c’est aussi ta fille ! » Il se figea, et en dépit de toute l’indifférence qu’il ressentait à l’encontre de ce fœtus, cette révélation le hantait déjà, tournoyait en boucle dans son crâne ; c’est une fille, elle attend une fille. (Même pas un garçon, lui susurra une conscience perverse.) « Et si tu penses que tu arriveras à me l’enlever… Par Merlin, je ne te laisserai pas la toucher, TU NE LA TOUCHERAS PAS, TU M’ENTENDS ? » Il n’avait qu’à utiliser sa baguette, la guider à Sainte-Mangouste, retirer chaque souvenir touchant de près ou de loin à ce gamin, traquer son gynéchomage. Oublier à son tour. Que le plan se dessine dans son esprit avec tant d’exactitude l’obligea à fermer les yeux, pendant une seconde, une brève seconde. L’échine ploya légèrement sous ses cris. « Si ça peut te rassurer, tu ne me devras rien. Tu ne lui devras rien. Je me débrouillerai très bien sans toi ! » Ses phalanges avaient blanchi à force de resserrer leur pression sur le verre à moitié vide qu’il tenait toujours. Il commençait à croire — ou à comprendre — qu’elle était désespérée, que c’était un cri du cœur. Et il ne pouvait pas changer le passé ; mais il se souvenait. Il savait. « Anna. » Rends-toi à l’évidence. Ce n’est pas ton fils. Ses guiboles faiblirent. Il se sentait anesthésié. Engourdi jusqu’au myocarde. Du sang dans les tempes et du vide dans la caboche. « Si ça peut t’aider, tu peux te dire que je t’ai trompé. Tu peux te dire qu’elle n’est pas de toi. Mens-toi autant que tu veux. Je ne serais plus là pour délier le vrai du faux, pour te dire que tu mens. Je suis la seule avec toi à connaître les bonnes réponses. J’ai été trop bête pour croire que ça pourrait marcher. » Il y eut un silence. Puis le son d’un verre qui s’explose contre un mur. Comme un réflexe. « Est-ce que tu t’entends quand tu parles… » il murmura. Sa naïveté, son raisonnement tout entier, le sidéraient. Au tour d’un tabouret de se renverser sous une violence qu’il ne réfrénait plus. Une pulsion primaire, un besoin de décharger sa frustration, attiser sa peur comme elle exacerbait sa colère à chaque fois qu’elle s’emportait, plus aveugle encore qu’il n’était sourd. « T’aimer me fait encore plus mal que te détester. On n’aurait jamais dû essayer… » Fine observation. Ils n’avaient pas simplement « essayé » cette fois-ci. Sa langue caressa ses molaires endolories, le poing se planta contre sa hanche. Il était à bout. D’elle, et du reste, de lui-même plus que d’autre chose.
Et c’en était trop. Il la rattrapa vite, lui refusa une issue possible tandis que ses serres se refermaient sur ses bras. Il la secoua brièvement, comme une vulgaire poupée de chiffon, commandant son attention, planta ses iris dans les siens, humides. Avait-t-elle versé autant de larmes pour un autre ? « Écoute-moi attentivement Anna, et si j’avais raison, pour une fois ? Juste… juste réfléchis à ce que je suis en train de dire. » Parce que cet enfant était de lui, parce que c’était eux, il ne pouvait pas le condamner à vivre avec le fardeau de son lignage sur les épaules, avec les tares familiales pourrissant sous sa peau. « Je te demande pas de choisir parce que je suis perdant dans tous les cas, c’est plus le problème… » Elle l’avait déjà quitté, et il ne courrait pas après elle. Il avait retenu la leçon. « C’est ce que tu veux pour un enfant ? Tu vas lui mentir aussi ? Aller acheter de jolies petites robes au beau milieu d’une rue ravagée ? L’emmener au musée peut-être ? (Quel enfoiré.) Fuir avec elle ? (Pour la première fois, il accordait à sa fille un semblant d’humanité.) Tu lui raconteras quoi ? » Que son père l’avait désavouée, qu’elle n’était qu’un dommage collatéral dans une relation condamnée d’avance. Peut-être hériterait-elle de ses psychoses. « J’en ai rien à foutre du lien entre une mère et son enfant. Ça te dépasse. Ce qu’il y a à l’intérieur, ça te dépasse. Si tu crois qu’avoir cet enfant te guérira de la perte de ton fils, il avait osé, tu te trompes. » Ils n’avaient jamais évoqué la disparition du premier — Andrea. S’en servir contre elle aujourd’hui était un coup d’une bassesse inimaginable. Un coup de poignard dans une plaie béante, que rien ni personne ne cicatriserait. Il le regretterait quand il recouvrerait ses esprits, mais ils avaient atteint un point de non-retour où ses suppliques ne suffiraient plus. Et au-delà d’un nourrisson disparu, il exigeait à mi-mots qu’elle admette son égoïsme, qu’elle le déleste de ce poids-là. « Je suis le père, il acheva de marteler, et rien n’effacera ça. Même si tu l’emmènes au bout du monde, même si tu ne demandes rien, même si personne d’autre ne le sait. Et c’est une chose avec laquelle je ne peux pas vivre. » Elle serait toujours là. Présente dans un coin reculé dans son esprit — un petit fantôme dont il ignore tout, et il finira par s’interroger, est-ce qu’elle lui ressemble, est-ce qu’elle va bien, est-ce qu’il a commis une erreur. Est-ce qu’il mérite d’être son père. Ses billes céruléennes ne se décrochaient pas d’Anna, aussi blessantes que deux surrins fouillant ses cavités orbitaires.
Revenir en haut Aller en bas

WIZARD • always the first casuality
Anna Grimaldi
Anna Grimaldi
‹ inscription : 07/06/2015
‹ messages : 1824
‹ crédits : mathy.
‹ dialogues : #e95353.
to make you feel my love (simanna #4) Tumblr_odns43L5A91vc5ojjo3_r1_400

‹ âge : trente-quatre
‹ occupation : guérisseuse au service d'infection par virus et microbe magique et co-présidente de l'association "Rosier's Disease Research Trust".
‹ maison : Serdaigle
‹ scolarité : 1980 et 1987.
‹ baguette : est en bois de charme, contient une plume de phénix et mesure 26,4 centimètres.
‹ gallions (ʛ) : 5365
‹ réputation : je suis fragile et que j'ai été manipulée par mon compagnon.
‹ particularité : occlumens.
‹ faits : je suis de sang pur, que je fais partie de la famille Grimaldi, que je suis d'origine italienne, que j'adhère aux idées insurgées mais que je me suis résolue à ne jamais les rejoindre pour le bien être de ma fille, que je suis une ancienne guérisseuse et que je sais donc comment soigner les gens de diverses pathologies, que je me défends en duel, que j'adore lire, que j'apprécie les jolies choses.
‹ résidence : dans un petit studio sur le chemin de traverse que le gouvernement a bien voulu me donner pour mon implication de guérisseuse durant la guerre. La demeure des Grimaldi à Herpo Creek ainsi que mon appartement à la Bran Tower avaient été saisis. Je dispose toujours d'une résidence secondaire et tertiaire à Brighton (maison d'été) et à Florence (terres italiennes).
‹ patronus : un lapin, patronus de Thomas
‹ épouvantard : un entassement de corps, celui de mes enfants et des êtres qui me sont chers.
‹ risèd : ma famille heureuse et recomposée.
http://www.smoking-ruins.com/t1958-anna-loooove-me
to make you feel my love (simanna #4) Empty

   
   
   
Le son du verre contre le mur la fit sursauter. Et sa colère se mua subitement en peur. Elle savait que ce geste ne lui était pas directement adressé, mais elle savait aussi que Simon avait des accès de colère et qu’il ne se contrôlait pas toujours. Jusqu’où irait-il ? Il n’était jamais allé trop loin, pas avec elle. D’ordinaire, elle n’aurait pas eu peur, bien assez grande pour faire face aux coups et à se faire frapper sans rien dire. Mais elle n’était plus seule, elle avait un enfant à protéger … C’était le rôle d’une mère de protéger son enfant. Même si cette protection impliquait qu’elle l’éloigne de son père biologique. Son esprit refusait encore d’admettre que les mots père et Simon soient étroitement liés. Pourtant, l’espoir que cette association ait un jour un sens ne la quittait pas. Naïve. Comment arrivait-elle encore à être aussi naïve ? Elle allait devoir se rendre à l’évidence, il n’en voulait pas, et cela ne changerait pas … Elle serrait les poings pour refouler les larmes que son corps tentait de libérer. Ses ongles s’enfonçaient dans des plaies déjà existantes au creux de ses paumes, alors que le sang battait dans ses tempes à une vitesse incommensurable. « Je … »vais partir. Fuir. Comme une lâche. Comme une faible. Ses jambes la portaient déjà vers la sortie lorsque des mains l’agrippèrent et l’obligèrent à se retourner. Faisant face à son agresseur, elle fut incapable de faire abstraction de la douleur qui lui vrillait les poignets. Tirant dessus, elle voulait se défaire de cet étau qui répandait déjà des fourmillements dans le reste de son corps. « Lâche-moi, s’il te plait. » Sa voix était plaintive et sanglotante. Mais il l’agitait et elle fut obligée de planter ses globes larmoyants dans les siens. « Écoute-moi attentivement Anna, et si j’avais raison, pour une fois ? Juste… juste réfléchis à ce que je suis en train de dire. » Elle avait beau essayé, elle n’y arrivait pas. Elle ne pouvait pas réfléchir, ni même penser, ni même parler. Tout à l’intérieur d’elle transpirait la peur. A cause des hormones, chacun de ses sentiments, chacune de ses émotions, s’était accru au-delà de ce qu’elle pouvait supporter. Elle suffoquait. « Je te demande pas de choisir parce que je suis perdant dans tous les cas, c’est plus le problème… » Qu’insinuait-il ? Elle réalisait peu à peu le sens de ses paroles. Avait-elle rompu avec lui ? Oui elle l’avait fait. Par fierté, par égoïsme. Elle avait voulu se montrer au-dessus de lui, lui prouver qu’elle avait le pouvoir dans cette situation et qu’il n’avait aucun droit de décider à sa place. Mais elle était allée trop loin, beaucoup trop loin … Elle était incapable de survivre sans lui, sans sa présence, sans ses caresses, sans ses baisers. Elle languissait déjà ces instants alors que son air se mêlait encore au sien. Alors même que ses avant-bras étaient enfermés par ses mains.

Elle tira légèrement dessus dans l’espoir qu’il la lâche mais au fond, un sentiment malsain voulait qu’il la retienne. « C’est ce que tu veux pour un enfant ? Tu vas lui mentir aussi ? » Aussi ? Elle n’était pas la seule à mentir, elle ne lui avait pas menti à propos de cet enfant. Comment pouvait-il utiliser ça contre elle ? Elle sentait la fureur remonter peu à peu en elle. «  Aller acheter de jolies petites robes au beau milieu d’une rue ravagée ? L’emmener au musée peut-être ? Fuir avec elle ? » Elle reçut comme un poignard en plein cœur. Il utilisait ses faiblesses contre elle. Il voulait la faire culpabiliser, lui montrer que sa petite fille n’aurait aucune existence dans un monde aussi meurtri que celui dans lequel ils vivaient … Ça ne marcherait pas. Elle n’était pas aussi bête ou insensée pour ne pas y avoir déjà pensé. S’il savait … Si seulement il savait qu’elle avait fait sortir Chiara du pays pour ces mêmes raisons. S’il savait qu’elle avait déjà été confrontée à ce dilemme et qu’elle savait comment y faire face. Il ne réussirait pas à lui faire courber l’échine, elle tiendrait debout, face à lui, aussi longtemps qu’il s’opposerait à elle. Cet enfant, elle le voulait, autant qu’elle avait désiré Andrea ou Chiara. Il appuyait sur les entailles béantes qu’elle avait cru pouvoir panser grâce à lui. Il n’avait aucune pitié et la souffrance qui s’accumulait en elle menaçait de se rompre dans une tornade de rage. « Tu lui raconteras quoi ? » Elle n’avait pas réfléchi à la question. En vérité, elle ne pensait pas en arriver là. C’était sa faute ! Il ne voulait rien entendre. Il créait les problèmes. Il créait les questionnements. Il créait le vide et le doute. Il était comme un volcan qui déversait sa lave et détruisait tout sur son passage. « J’en ai rien à foutre du lien entre une mère et son enfant. Ça te dépasse. Ce qu’il y a à l’intérieur, ça te dépasse. Si tu crois qu’avoir cet enfant te guérira de la perte de ton fils, tu te trompes. » Lui, il se trompait. Il croyait tout savoir, était arrogant. Elle eut envie de le frapper, de le gifler … Andrea n’était pas le vide qu’elle tentait de combler, Chiara l’était. Qu’importait le nom, ce vide, elle n’arriverait pas à le combler avec ce fœtus. Pourquoi ? Parce qu’il n’était pas Thomas, parce qu’il était le bourgeon d’une nouvelle branche généalogique, parce qu’il portait dans son sang les gènes d’un Rosier. Il avait quand même osé … Il enfonçait le clou. Plus que lui faire de la peine, il la rendait furieuse. Il faisait ressortir ce côté sombre qu’elle n’avait jamais exploité. Il le regretterait. « Je suis le père, et rien n’effacera ça. Même si tu l’emmènes au bout du monde, même si tu ne demandes rien, même si personne d’autre ne le sait. Et c’est une chose avec laquelle je ne peux pas vivre. » Elle ne l’écoutait déjà plus. Trop concentrée pour retenir sa colère.

Ses poings se resserrèrent. C’est à ce moment qu’elle remarqua que ses poignets étaient libres. Plus rien ne la retenait. Elle se détacha de l’emprise qu’il avait sur elle et le repoussa de toutes ses forces. Elle le regarda trébucher contre la bibliothèque, en hochant la tête de droite à gauche, en signe de désaccord. « Tu … Tu n’es qu’un … Je … » Ses joues rougissaient de colère et les expressions de son visage se précisèrent. « Tu n’as pas le droit de me faire ça. Tu n’as pas le droit d’utiliser tout ça contre moi ! De me faire culpabiliser ! C’est TOI ! C’est toi qui m’obligeras à lui mentir ! Pourquoi veux-tu tellement que je lui mente ? » Elle criait presque, bouleversée par l’acte pitoyable dont il avait usé pour la soumettre à son choix. « Tu peux croire ce que tu veux ! Mais la garder est loin d’être un acte égoïste. » Elle avança et pointa son index sur lui. « Andrea est irremplaçable. Andrea c’est Thomas. Mais elle – une main se porta à son ventre – elle est toi. Et je suis désolée de te le dire, mais c’est toi le problème. Tu es le problème. » Sa voix se brisa. Parce qu’elle n’arrivait pas à le blesser sans se sentir visée elle aussi. « Pourquoi cherches-tu à tout prix à la faire disparaître ? Pourquoi ? » Une larme coula le long de sa joue. « Ta demande, cet acte … C’est lui qui est égoïste … » Elle reprit difficilement sa respiration. « Parce que tu ne veux pas d’elle, parce que tu n’arrives pas à supporter qu’elle puisse exister grâce à toi, TU VEUX LA TUER ? » Elle attrapa le bras de Simon et dévoila le tatouage délavé qui trônait sur son avant-bras. Puis elle recula, comme par dégoût. « Tu la portes si bien cette marque. Tu t’élèves à leur niveau ! Moi qui pensais que tu étais différent … » Elle se retourna et se dirigea vers la sortie, en frappant sur sa cuisse pour appeler Leo. Le petit animal dérapa sur le sol et Anna se baissa pour le prendre dans ses bras. La douceur et la tendresse du petit chien ne réussirent cependant pas à calmer sa hargne. Elle le reposa à côté d’elle et se redressa un peu trop vite. La pièce tournait autour d’elle mais elle réussit à se retenir au mur à temps. Elle poussa un profond soupir et comme pour marquer un point d’honneur à cette dispute, elle lâcha d’un ton sarcastique, affublé d’une légère défiance. « Comment deux Rosier peuvent-ils être si différents ? Comment l’oncle peut-il être plus heureux que le père ? Si un jour tu trouves la réponse, préviens-moi … » Elias avait été le premier à être au courant. Ironiquement, elle avait voulu tester la nouvelle sur un Rosier dans l’espoir que l’autre réagisse de la même manière, mais c’était un échec. Des larmes ruisselaient au coin de ses yeux.

Elle s’adossa au bord du mur et laissa sa tête retomber en avant. Les gouttes d’eau perlaient le long de ses joues et s’écrasaient sur le sol. Elle était fatiguée, fatiguée de se battre contre lui alors que son corps tout entier désirait ses bras. Elle voulait ses doigts pour sentir les caresses sur sa peau. Elle voulait ses mains pour serrer les siennes lorsqu’elle se sentait nerveuse ou angoissée. Elle désirait ses baisers autant que son corps réclamait de l’oxygène. Elle suffoquait à l’idée de se retrouver loin de lui. Le quitter était une solution qu’elle n’avait pas envisagée. Son cœur était au bord de l’implosion et ne savait plus quoi faire, quoi choisir … Qui choisir. Elle ou lui. Elles ou lui. Son regard guida ses mains jusqu’à son abdomen dans un geste délicat de tendresse. Et elle s’exprima fatalement d’une voix entravée par les sanglots. « Je ne peux plus, Simon. Ce que tu veux … je ne peux pas le faire. » Elle appuyait sur son ventre pour rassurer son enfant, pour se rassurer elle-même. « Elle a un cœur, son cœur bat. Elle a des doigts, des petits doigts qui peuvent se plier. Elle est presque aussi vivante que toi et moi. Je ne peux plus rien faire pour satisfaire ton besoin irrationnel de te débarrasser d’elle. Je … ne peux pas la tuer. Pas pour te faire plaisir. Pas pour te rendre heureux. Pas pour pouvoir te garder auprès de moi. » Elle lève les yeux vers lui, et cela suffit pour lui faire perdre ses moyens. Cette attraction destructrice à laquelle elle ne pouvait résister. Il était l’aimant, elle était l’objet. Elle ne pouvait plus être l’objet, elle ne pouvait plus se plier à ses désirs … Elle renifla, balaya ses larmes d’un revers de la main et contractant chacun des traits de son visage, elle cherchait la force nécessaire pour admettre l’inévitable. « Je t’aime Simon. Je t’aime de tout mon cœur, de tout mon corps, de toute mon âme. Mais c’est trop dur. T’aimer me fait trop mal, et je ne veux pas qu’elle ait mal. Je ne peux plus être égoïste, je ne peux plus seulement penser à moi, à mes envies. Les siennes entrent en compte aussi et la logique veut que, si tu lui veux du mal, je doive m’éloigner de toi. » Il n’était que venin, il n’était que poison. Elle ne voulait pas de ça pour leur petite fille, elle ne voulait pas que ce petit bébé ait à supporter les regards accusateurs et lourds de son père. Il serait plus simple de lui expliquer plus tard qu’il n’avait pas voulu d’elle. Elle ne subirait pas la souffrance continuelle d’avoir été un fardeau pour quelqu’un …

Elle l’aimait. Irrémédiablement, elle l’aimait. Elle les aimait. Cependant son cœur ne pouvait se partager entre ces deux êtres … Biologiquement, elle n’avait pas de choix à faire. Son palpitant se tassant au fond de sa poitrine et brisant chacun des fils qui la reliait encore à Simon, elle souffla « Je suis désolée de ne pas t’aimer suffisamment pour faire ça à notre enfant. » L’amour avait ses limites. Elle pensait l’aimer plus que tout, mais le tout n’était pas assez haut. Leur enfant était bien au-delà. Leur fille. Leur petite fille …
Revenir en haut Aller en bas

PRISONERS • bloodstains on the carpet
Simon Rosier
Simon Rosier
‹ disponibilité : dispo (1/6)
‹ inscription : 07/09/2014
‹ messages : 1145
‹ crédits : tplrs (avatar), tumblr (gifs).
‹ dialogues : #669999.
to make you feel my love (simanna #4) Tumblr_o4bilvKd3z1tg7oa1o1_400

‹ liens utiles :
‹ âge : trente-huit ans (24/05/66).
‹ occupation : criminel, propriétaire déchu du Centuries.
‹ maison : Serpentard.
‹ scolarité : 1977 et 1984.
‹ baguette : brisée.
‹ gallions (ʛ) : 5122
‹ réputation : il n'est plus rien, l'héritier réprouvé d'une famille presque extincte, indigne de toute confiance et bon à moisir dans les geôles d'Azkaban.
‹ faits : toujours considéré comme une ordure remplaçable, dans le clan désuni de Voldemort, Rosier est désormais perçu comme un lâche ayant déserté avant la bataille finale. Un monstre qui a abusé de la confiance d'une sorcière honnête (Anna), et un père indigne par-dessus le marché. Nombreux sont ceux qui auraient aimé maintenir la peine de mort jusqu'à ce qu'il y passe.
‹ résidence : Azkaban.
‹ patronus : un vague filet argenté, sans forme ni consistance.
‹ épouvantard : un précipice.
‹ risèd : une plage, avec Anna et Charlotte.
to make you feel my love (simanna #4) Empty
to make you feel my love

Sorry that I lost our love, without a reason why
Sorry that I lost our love, it really hurts sometimes



   
   
   
Il la regardait, scrutait la terreur brillant au creux de ses yeux, les soubresauts de son menton, sans se borner à déchiffrer les émotions qui glissaient sur son visage apeuré et pourtant souverain. Une saisissante dignité dont il ne se réclamait plus, mais qui ne la quittait pas, malgré tout ; et ni les larmes ni la colère n’altéraient cette beauté-là. Fallait-il qu’il l’esquinte aussi, comme il s’écharpait lui-même, comme il amochait le reste de son entourage ? N’était-elle pas son exception, son égérie, celle qui s’était élevée contre ses démons et sa rage ? (De la naïveté. Macérant dans la fondrière de ses faux espoirs.) À chaque fois qu’elle souffrait par sa faute, à chaque fois qu’il lui brisait le cœur, il comprenait que rien, pas même elle, ne serait en mesure d’amputer ce qui pourrissait en lui. Que c’était une gangrène, une saloperie incurable ; qu’à un certain moment, peut-être maintenant, ou hier, ou demain, il la contaminerait. Si elle devait le quitter (fais-le), il refusait qu’elle emporte avec elle un tel souvenir, cette horreur larvée dans ses entrailles. Pas son enfant. Pas une part de lui. Pas quelque chose qui les lierait de cette façon. Et elle ne le voyait pas, et il ne pouvait pas lui expliquer. Il ne pouvait pas la serrer contre lui, lui murmurer, doucement, pourquoi elle méritait mieux, pourquoi ce bébé méritait mieux. Il ne pouvait pas. Et Simon, quand il ne trouvait pas les mots, il gueulait. Claquait la porte.  Explosait les meubles, la vaisselle. Le spectre de ses émotions se réduisait à l’arrière-goût saumâtre d’une violence étrangère, refoulée dans les tréfonds de ses tripes. C’était ça, l’alcool, l’orviétan, le sexe, l’indifférence, ce besoin irrépressible de combler le manque qui le bouffait de l’intérieur, que l’amour d’Anna ne parvenait pas à remplir, qui se creusait toujours un peu plus profondément. Elle l’avait vu, elle l’avait vu désespéré, et il lui avait promis de ne pas recommencer – devant elle. Maintenant, à défaut d’être un déchet à peine conscient et avachi sur un matelas, il se révélait, monstre insensible, dépouillé d’excuses. Sobre et lucide ; inhumain, presque. Il se comportait avec elle comme avec une vulgaire amante passagère. Et c’était Anna – Anna, qu’il traitait comme une vulgaire amante passagère, qu’il toisait avec le plus incommensurables des mépris à mesure qu’elle tentait d’invoquer sa raison fracturée. Il était opiniâtre, à l’instar de son clan, incapable de démordre, d’écouter des arguments qui n’étaient pas les siens. (Il voudrait la secouer. Ergoter encore, puis la gifler. Dérober sa parole, hurler, hurler.) Parfois, lui aussi, il voudrait chialer. Juste une fois, merde. Tomber à genoux, l’implorer, écoute-moi, tu fais une connerie, tu fais une connerie, on peut pas.
Mais les larmes ne lui chatouillent pas la rétine, et il ne cède pas, alors qu’au creux de sa cage thoracique, son cœur se fatigue.
« Tu … Tu n’es qu’un … Je … » Elle l’avait repoussé. Ses omoplates rencontrèrent une étagère de la bibliothèque et, déséquilibré, il tenta maladroitement de se rattraper au rebord qu’il avait heurté. « Tu n’as pas le droit de me faire ça. Tu n’as pas le droit d’utiliser tout ça contre moi ! De me faire culpabiliser ! C’est TOI ! C’est toi qui m’obligeras à lui mentir ! Pourquoi veux-tu tellement que je lui mente ? » Elle avait raison : il n’avait pas le droit. Ni de commander ses décisions ni de la forcer à se plier à sa volonté. Enfoiré de la pire espèce – les masques étaient tombés, elle n’aurait plus à se fourvoyer sur son compte, à espérer, encore, qu’il réparerait ses erreurs. Il n’apprendrait jamais. Qu’elle le laisse patauger dans sa misère, qu’elle le laisse crever la gueule ouverte ; merde, il n’était plus à ça près. Rosier se garda de répliquer, et Anna eut seulement droit à un rictus mauvais, tandis qu’il s’éloignait à nouveau, d’elle, de ce doigt accusateur pointé en sa direction, et de ces noms honnis. Andrea. Thomas. Ses fantômes. Il savait mieux que personne à quel point ils la hantaient, que ces deuils-là demeureraient sans doute inachevés. Il se souvenait, une fois, avoir parlé avec Prescott. Il y a longtemps ; alors qu’il refermait la porte de la chambre d’Anna derrière lui. Il l’avait vu, l’époux impuissant, glanant ce qu’il pouvait d’informations, de paroles réconfortantes peut-être, à une guérisseuse. À l’époque, Rosier s’était avancé pour lui proposer un café. L’autre avait décliné. Ils n’avaient rien à se dire, rien à partager – sauf Anna. Il ne se rappelait plus leur échange, ses mots, leur trêve tacite. Il gardait en mémoire la poignée de mains, croyait revoir s’esquisser la moue penaude de Thomas, les cernes, les épaules affaissées, la lassitude, le chagrin d’un père, d’un mari. Et ça le tuait, de ne plus se souvenir. Ça le tuait. Ses billes céruléennes la fuyaient, ricochaient d’un bout à l’autre du loft, des fenêtres donnant sur le Londres moldu aux colonnes soutenant l’étage, en passant par l’escalier, la cuisine, la table, les magazines qu’il avait oublié de ranger, le meuble dans lequel il rangeait habituellement ses spiritueux. D’un coup, tout semblait réclamer son attention – sauf elle. « Mais elle – elle est toi. (Il ferma les yeux, secoua furieusement la tête. Non.) Et je suis désolée de te le dire, mais c’est toi le problème. Tu es le problème. » Il écrasa son poing contre ses lèvres exsangues, et il l’entendait, il entendait les variations de sa voix chevrotante. Il imaginait que, fière, Anna essayait à tout prix de ne pas se débiner. Il l’aimait pour ça. Il est tombé amoureux de ça. De sa force, de son courage. C’était paradoxal, de se part, d’être autant attiré par sa noblesse, quand lui côtoyait le pire de cette société condamnée – plus largement, une horreur qui, avec le temps, lui paraissait n’être qu’un arrière-plan trivial. De nouveau, il se tut, évita de se fendre d’une remarque aussi acerbe qu’attendue ; j’ai toujours été le problème. Tu savais dans quoi tu mettais les pieds. Elle attendait mieux. Comme si sa présence, par quelque miracle, l’aiderait à se défaire de sa propre emprise. D’un suicide amorcé. « Pourquoi cherches-tu à tout prix à la faire disparaître ? Pourquoi ? Ta demande, cet acte … C’est lui qui est égoïste … » Enfin, le phonème rendu rauque par des années de tabagisme, s’éleva, « j’ai pas à me justifier. » Des paroles de connard – de chien. Ça s’était échappé de ses lèvres et ça s’était fracassé contre elle. Il l’achevait, moins par plaisir sadique de la forcer à flancher que par la terrible indifférence que lui inspirait cet enfant, la notion de paternité, l’idée d’un foyer avec elle. Il s’en apercevait, là, maintenant, et il n’en avait rien à foutre, que ce truc vive ou meure, qu’elle lui en veuille. Il compartimentait, s’aliénait d’elles, de lui. « Parce que tu ne veux pas d’elle, parce que tu n’arrives pas à supporter qu’elle puisse exister grâce à toi, TU VEUX LA TUER ? » Elle avala la mince distance qui s’était creusée entre eux et, sous son regard stupéfait, souleva la manche de son pull afin de découvrir la Marque. Avant même qu’il ne puisse arracher son bras de sa main, elle s’était reculée, écœurée. Machinalement, il gratta le sceau maudit, déjà criblé de croûtes – à force d’user ses ongles contre son épiderme, une plaque rougeâtre et irritée était apparue, et parfois, il n’hésitait pas à creuser jusqu’à des sillons sanguinolents. Réflexe nerveux. Il grattait, grattait, grattait, sans l’écouter. « Tu la portes si bien cette marque. Tu t’élèves à leur niveau ! Moi qui pensais que tu étais différent … » Et il était là, son problème. Il n’était pas différent, il ne l’avait jamais été – ou tout du moins, il l’avait été à ses yeux. Ils se connaissaient depuis si longtemps qu’elle nourrissait encore (sottement) l’improbable espoir qu’il soit celui d’il y a dix, quinze, vingt ans.
« Arrête, » il marmonna. Arrête. Les mains qui avaient parcouru chaque parcelle de sa peau étaient autant celles d’un tueur que de son amant. L’avait-il souillée, dégradée, bafouée à chaque coup de reins. Et quand ses lèvres s’égaraient dans son cou, entendait-elle les suppliques de ses victimes, les cris d’innocents. Il était indigne d’elle. Si indigne que la retenir, désormais, n’était plus une option. Elle allait partir, elle allait partir avec un peu de lui dans son ventre, et il ne dirait rien, car il n’avait rien à dire.
Elle aurait pu s’éclipser, emmener avec elle son clebs et son bâtard – mais plutôt que passer la porte, elle osa une dernière fois. « Comment deux Rosier peuvent-ils être si différents ? Comment l’oncle peut-il être plus heureux que le père ? Si un jour tu trouves la réponse, préviens-moi … » Son estomac implosa. Une douleur, sourde, gronda puis se tut aussitôt. Elle n’avait pas prononcé son prénom, mais c’était la seule chose qu’il avait entendue. Elias. Il n’avait pas esquissé le moindre mouvement. Le moindre battement de cil. Ses lippes s’étaient entrouvertes, mais l’évocation de son frère l’avait statufié – ça ne durerait que deux, trois secondes, pas plus. Un moment de flottement, pendant lequel pléthore de questions vinrent se fracasser contre les parois de son crâne, tandis que son teint virait au livide. Il avait l’impression lointaine qu’un malaise ne tarderait pas à le priver de ses guiboles. Elias. Anna. Et elle comptait partir ? Elle comptait partir après lui avoir balancé dans la tronche qu’elle avait vu son frère ? Que son frère était au courant ? Que son frère était vivant ? Assez, en tout cas, pour accueillir la nouvelle ? Était-elle inconsciente ou perverse ? (Ou ne lui rendait-elle que la monnaie de sa pièce ? Un enfant mort contre un frère disparu.) À son insu, sa respiration se saccada, à mesure que la colère se frayait un passage jusqu’au myocarde broyé par la kyrielle d’émotions le submergeant. « Je ne peux plus, Simon. Ce que tu veux … je ne peux pas le faire. » Pour la première fois – le son de sa voix lui écorcha les tympans. « Elle a un cœur, son cœur bat. » Les cœurs s’arrêtent. « Elle a des doigts, des petits doigts qui peuvent se plier. » Elle n’est rien. Elle n’est rien, il se répétait, elle n’est rien. « Elle est presque aussi vivante que toi et moi. » Elle ne l’est pas. « Je ne peux plus rien faire pour satisfaire ton besoin irrationnel de te débarrasser d’elle. Je … ne peux pas la tuer. Pas pour te faire plaisir. Pas pour te rendre heureux. Pas pour pouvoir te garder auprès de moi. » Il la darda d’un regard sombre, où commençaient à brasiller les étincelles de sa fureur. Avortement ou pas, rien ne serait redevenu comme avant. « Je t’aime Simon. » Et lui, l’aimait-il. « Je t’aime de tout mon cœur, de tout mon corps, de toute mon âme. Mais c’est trop dur. » Son silence était plus menaçant encore que ses hurlements. « T’aimer me fait trop mal, et je ne veux pas qu’elle ait mal. » Tue-la alors. « Je ne peux plus être égoïste, je ne peux plus seulement penser à moi, à mes envies. Les siennes entrent en compte aussi et la logique veut que, si tu lui veux du mal, je doive m’éloigner de toi. » Elle reniflait, et il ne s’attendrissait pas, devant sa femme qui pleurait, craquait, lui disait qu’elle le quittait. « Je suis désolée de ne pas t’aimer suffisamment pour faire ça à notre enfant. » Et ainsi, ces quelques paroles sonnaient le glas de leur histoire.
Dans d’autres circonstances, il l’aurait laissée partir. Planté au milieu de la pièce, sans un au revoir.
« Je m’en fous de ses doigts. »
La bouche pâteuse, il reprit possession de ses moyens, de ses mouvements, et le chien dut flairer la menace qui se profilait car dès qu’il réussit à placer un pas devant l’autre, ses aboiements suraigus retentirent dans le loft. Sa patience crucifiée, Rosier récupéra sa baguette, laissée sur le comptoir de la cuisine, et la pointa vers la peluche, qui se réfugia aussitôt derrière les jambes de sa maîtresse. Son bras, au bout duquel le morceau de tremble tremblotait, s’abaissa. « Je m’en fous de son cœur, qu’elle vive ou qu’elle meure. » Décidant que cette valse macabre n’était pas terminée, il se rua sur Anna et la plaqua sans ménagement contre le huis, « pars avec elle, fais ce que tu veux, » il n’exerçait aucune pression sur elle, veillait à ne pas commettre un acte irréparable en dépit de la rage ébouillant l’arantèle de ses veines, et la difficulté qu’il avait à dissocier ses actes de ses pensées. « Pourquoi tu es allée le voir ? » Il frappa la porte du plat de sa main, à quelques centimètres à peine du visage rougi d’Anna. Son frère était un fugitif, la nouvelle de sa disparition était remontée, et chacun savait qu’il s’était échappé ; et Simon perdait le contrôle, ce contrôle si élaboré, qu’il soulageait à grand renfort de Navitas et d’alcool bon marché, à la seule mention d’Elias. « Non – il se reprit, baissa légèrement les yeux, incapable de maintenir ce contact visuel, comment tu l’as trouvé ? » Le bébé, il l’avait déjà oublié. Il y avait du désespoir, dans ses billes céruléennes. Un désespoir plus profond encore que la colère qui gonflait les veines de son cou. Si le ton de sa voix suggérait un ordre, son regard suffisait à trahir ses intentions véritables ; il la suppliait. « Dis-le-moi Anna, il siffla entre ses dents, le souffle cognant contre les lèvres de la jeune femme. Où t’as vu Elias ? » Son cœur manqua un battement, quand le prénom de son aîné s’égara, inconsciemment, de sa gorge. Il voulait être con. Feindre l’ignorance. Prétendre que c’était un hasard – que c’était son frère qui avait initié la rencontre, que c’était de sa faute, à lui. Pas à elle – jamais à elle. « Anna. » À son tour de déposer les armes, quand sa main approcha, doucement, de sa joue, effleura au passage les quelques mèches rousses qui s’étaient collées contre sa pommette humide. « Si—le vide. Ce vide. Soudain, et inattendu. Un moment d’absence. Mais mens-moi si c’est ce que je crois… je veux pas entendre la vérité. » La voix se cassa. Il n’était plus vraiment lui-même. Confus, incapable de réfléchir correctement, ses gestes, ses mots étaient dépourvus de cohérence. Une seconde auparavant, il aurait pu commettre le pire ; maintenant, quelques relents de conscience le rattrapaient. Son frère, aussi. Sa pomme d’Adam tressauta. « Qu’est-ce qu’on a fait… » Une connerie. « Qu’est-ce que je t’ai fait ? » Il chuchota, étranger à lui-même. Pardonne-moi.
Mais ça, il le garda pour lui. Elle était la seule. Elle resterait la seule, l’unique, à susciter autant d’amour que de haine – parce qu’elle était sa faiblesse, il ne pouvait que l’exécrer, et l’adorer. Il l’aurait quittée. Il l’aurait forcément quittée. Il le savait. Peu importe que ce soit elle ou une autre – que ce soit justement elle. Elle dépérirait à ses cotés. Sa preuve d’amour, ce serait leur fin. « Je te hais tellement, » sa main glissa dans son cou, « tellement. » Pour avoir placé tant d’espoirs en lui, pour toutes les secondes chances sur lesquelles il avait craché, pour cet amour infaillible, pour refuser de s’épargner une épreuve supplémentaire avec cet enfant. Pour tout. Pour tout ce qu’elle représentait à ses yeux.
Revenir en haut Aller en bas

WIZARD • always the first casuality
Anna Grimaldi
Anna Grimaldi
‹ inscription : 07/06/2015
‹ messages : 1824
‹ crédits : mathy.
‹ dialogues : #e95353.
to make you feel my love (simanna #4) Tumblr_odns43L5A91vc5ojjo3_r1_400

‹ âge : trente-quatre
‹ occupation : guérisseuse au service d'infection par virus et microbe magique et co-présidente de l'association "Rosier's Disease Research Trust".
‹ maison : Serdaigle
‹ scolarité : 1980 et 1987.
‹ baguette : est en bois de charme, contient une plume de phénix et mesure 26,4 centimètres.
‹ gallions (ʛ) : 5365
‹ réputation : je suis fragile et que j'ai été manipulée par mon compagnon.
‹ particularité : occlumens.
‹ faits : je suis de sang pur, que je fais partie de la famille Grimaldi, que je suis d'origine italienne, que j'adhère aux idées insurgées mais que je me suis résolue à ne jamais les rejoindre pour le bien être de ma fille, que je suis une ancienne guérisseuse et que je sais donc comment soigner les gens de diverses pathologies, que je me défends en duel, que j'adore lire, que j'apprécie les jolies choses.
‹ résidence : dans un petit studio sur le chemin de traverse que le gouvernement a bien voulu me donner pour mon implication de guérisseuse durant la guerre. La demeure des Grimaldi à Herpo Creek ainsi que mon appartement à la Bran Tower avaient été saisis. Je dispose toujours d'une résidence secondaire et tertiaire à Brighton (maison d'été) et à Florence (terres italiennes).
‹ patronus : un lapin, patronus de Thomas
‹ épouvantard : un entassement de corps, celui de mes enfants et des êtres qui me sont chers.
‹ risèd : ma famille heureuse et recomposée.
http://www.smoking-ruins.com/t1958-anna-loooove-me
to make you feel my love (simanna #4) Empty

   
   
   
La présence de cet enfant en son sein ne suffisait pas à combler le vide qui s’enfonçait de plus en plus en elle, emportant le peu de joie de vivre qui lui restait. Il n’y avait plus rien à faire, plus aucun mot à prononcer, plus aucune parole à dire … Plus aucun geste ne serait suffisant pour rattraper leurs erreurs. Aucun remède ne serait assez puissant pour panser la plaie béante que leur amour inachevé et imparfait avait laissée à l’intérieur d’elle. Aucune colle ne serait suffisamment forte pour recoller les morceaux brisés de son cœur, éparpillés dans sa poitrine. Aucun espoir n’était assez grand pour envelopper toute la tristesse qui embrumait son esprit. Le choix qu’elle était en train de faire aurait des conséquences irrémédiables sur son avenir. Sa vie entière n’avait été qu’une succession de choix, mais pas n’importe quel choix, des choix humains, des choix relationnels, des choix fusionnels, des choix qui la brisaient forcément, quelle que soit la décision qu’elle prenait. Ses sentiments, ses émotions, ils avaient pris possession de son corps et de son esprit, ils l’avaient anesthésiée l’empêchant de faire le choix de ne pas choisir, lui interdisant de fuir ses responsabilités, ne lui laissant pas la possibilité d’équilibrer la balance, l’obligeant à ployer sous leurs décisions … A chaque fois, elle en était ressortie un peu plus brisée. A chaque fois, elle y avait perdu une partie de son âme. Masquant ses éternelles souffrances par le dévouement aux autres et l’amour, elle avait toujours réussi à remonter la pente, se reposant sur quelque chose ou sur quelqu’un. Mais aujourd’hui, elle perdait Simon. Le perdre lui, c’était perdre le monde entier. C’était répandre l’apocalypse sur sa seule personne. En le quittant, elle savait qu’elle regretterait à jamais de ne pas avoir pu profiter de leur amour un peu plus longtemps. Elle avait toujours su qu’il était le bon. Qu’elle n’arriverait jamais à être heureuse sans admettre au préalable son amour pour lui. Ces derniers mois passés à ses côtés avaient été les plus heureux de sa vie. Pourtant, à présent, ils n’étaient plus qu’un souvenir éphémère qui menaçait de s’évaporer dans l’air moite et tumultueux de leur échange.

« Je m’en fous de ses doigts. Je m’en fous de son cœur, qu’elle vive ou qu’elle meure. » Son corps tout entier frémissait. Leo, pris de panique, l’avait rejointe pour se lover entre ses jambes. Simon semblait si froid, si impassible. Il ne ressemblait pas au compagnon qui avait partagé sa vie ces derniers temps. Il avait beau être un homme empreint d’ombre et d’obscurité, il ne lui avait jamais vraiment montré cette part de sa personnalité. Elle ne le connaissait que comme le petit garçon qui avait rougi lorsqu’elle lui avait posé un baiser sur la joue, comme son meilleur ami d’enfance, comme son amour de toujours. Elle avait toujours vu que le bon en lui, parce qu’elle voulait le garder à ses côtés. Elle voulait que les autres le voient à travers ses yeux. Aussi bon qu’il pouvait l’être, aussi merveilleux qu’il était. Elle ne pouvait faire l’impasse sur son vrai visage aujourd’hui. Il voulait tuer leur enfant, il voulait vraiment l’assassiner. Comment pouvait-il penser que la faire disparaître serait plus simple que l’élever ? Comment pouvait-il classer le choix de la mort au-dessus de celui de la vie ? Elle était partagée entre le dégoût, la colère et la tristesse. Dégoûtée d’imaginer son enfant réduit à un amas de cellules sans vie. Enervée de laisser Simon insinuer une telle image dans sa tête. Triste que son amour de toujours puisse seulement envisager une telle chose. Elle respirait lentement, partageant le même air que lui, comme toutes ses fois où leurs corps s’étaient mêlés sous la pureté de leur amour. A ce souvenir, elle était prise d’une folle envie de l’embrasser, malgré tout ce qu’il avait pu dire, tout ce qu’il avait pu faire, tout ce qu’il lui demandait – lui imposait – … Elle était prête à faire abstraction de tout ça par égoïsme … Elle tourna la tête de côté pour éviter cet air empoisonné. Pourquoi fallait-il qu’elle soit amoureuse du diable ? Elle voulait s’échapper, mais une part d’elle souhaitait tellement rester. Cette part autodestructrice qui transformait tout ce qui était mauvais pour elle en quelque chose de bon.

Elle baissa les paupières, désireuse de s’extraire de cette emprise invisible. Mais les mots retentirent à ses oreilles comme une agression brutale. « Pourquoi tu es allée le voir ? » Le bruit du coup asséné contre la porte à côté d’elle la fit sursauter. Son cœur avait manqué un battement et l’espace de quelques secondes, elle s’était imaginée à la place de cette porte. Etait-il de ces hommes capables d’une telle violence ? Non, il n’était pas comme ça, il était peut-être autodestructeur, mais il ne lui ferait pas de mal à elle. N’est-ce pas ? Son regard se baissa vers ses mains, qu’elle trifouillait entre elles pour ne pas céder à la tentation de le toucher. Elle savait qu’en le faisant, elle perdrait une part d’elle dans l’échange, qu’elle n’arriverait plus à partir, qu’elle ne pourrait plus sauvegarder la vie de sa fille. « Non, comment tu l’as trouvé ? » Elle tenta de planter son regard dans le sien, mais il la fuyait, comme si l’évocation d’Elias l’avait annihilé. Elle avait voulu lui faire mal ; elle avait réussi. Pourtant, le regard hagard qu’il arborait lui vrillait l’estomac. Elle regrettait. « Dis-le-moi Anna. Où t’as vu Elias ? » Elle ne supportait pas ce ton plaintif, ce désespoir. Qu’avait-elle fait ?

Malgré tout ce que je t’ai dit, il reste mon petit frère. Garde un œil sur lui s’il te plait. Prends soin de lui … Prends soin de toi.
Promis, je ferai de mon mieux.

« Grimy ? » Elle fit un pas en avant et contourna le pan de mur derrière lequel elle s’était cachée en attendant sa venue. « Tu es venu … » Sa voix exprimait un mélange de reconnaissance et de surprise. « Toujours. Mais nous n’avons pas beaucoup de temps … Il faut rester sur nos gardes. Qu’est-ce qu’il t’arrive ? » Elle suspendait son regard au sien et ne savait pas trop comment aborder le sujet. Cela semblait si futile, si insignifiant face à la bataille que menait Elias. « Je comprends. Je … » Elle hésita. Devait-elle partir ? Le laisser tranquille ? Lui ajouter un fardeau supplémentaire n’était pas son objectif. Il semblait fatigué, fané par le temps qui passait sans que les insurgés ne réussissent à gagner du terrain. A chaque pas qu’ils faisaient en avant, le gouvernement trouvait un moyen de récupérer les pertes. Elle en était une. Elle s’était retirée des prémices d’une rébellion personnelle. Par lâcheté. « Qu’est-ce qu’il ne va pas Grimy ? » Elle poussa un petit caillou du bout de sa chaussure alors qu’il s’était approché d’elle. « Je … suis enceinte. » Le silence qui suivit devait le préparer à la plus importante des nouvelles. « C’est Simon. Il est de Simon. Il ne sait pas encore. » Il semblait hébété, partagé entre la joie et la méfiance. Mais il ne la jugeait pas. « Comment ? … Vous … » Il fit des signes bizarres avec ses mains et elle acquiesça pour valider ses hypothèses. « Depuis quatre mois. Je ne sais pas comment, je ne comprends pas pourquoi. Je ne suis pas prête Elias. Je ne suis pas prête alors qu’il y a à peine trois mois, je la voyais partir. Je pourrais la tuer, je pourrais avorter et ne rien lui dire. Mais je n’y arrive pas. Je ne peux pas. Je ne savais pas vers qui me tourner. » Il avala les derniers mètres qui les séparèrent et la prit dans ses bras. Se blottissant contre lui, elle s’interdisait de pleurer. « Je ne sais pas quoi faire. » Il serra un peu plus son étreinte autour d’elle et elle se sentit rassurée pour la première fois depuis qu’elle avait appris la nouvelle. « Tu dois le connaître autant que moi, si ce n’est plus. J’ai l’impression de l’avoir perdu depuis bien longtemps. Je ne le connais plus, je ne le reconnais plus. Mais la part de moi qui est encore son grand frère et qui tient encore et toujours à lui veut lui laisser le bénéfice du doute. » Il posa son menton sur le sommet de sa tête. « Mais je te connais aussi un peu Grimy, et tu dois faire attention à toi. Simon est fragile. Tu peux très souvent t’attendre au pire avec lui. Attends-toi au pire … » Elle frissonna à cette idée, l’idée qu’il ne puisse pas comprendre. « Il est imprévisible. N’espère pas trop de ‘meilleur’. Prépare-toi à affronter cet instant. Mais surtout, fais attention à toi. Ce bébé. L’avortement n’est pas la solution. Tu es une bonne mère Anna. Elle le savait. Je l’ai su à l’instant même où tu m’as demandé de t’aider à la sauver. Elle aussi comprendra. Sois forte. Choose your destiny and don’t let him choose for you. » Il se recula et attrapa quelque chose dans sa poche. Se détournant, il semblait observer un objet. « Je suis désolé Grimy. Je dois y retourner. » Elle acquiesça, une moue emplie de tristesse sur le visage. « Malgré tout ce que je t’ai dit, il reste mon petit frère. Garde un œil sur lui s’il te plait. Prends soin de lui … Prends soin de toi. » A son tour elle prit Elias dans ses bras. « Promis, je ferai de mon mieux. »

Elle avait failli à sa tâche. Plus que ne pas prendre soin de lui, elle l’avait attaqué, l’avait blessé. « Anna. » Elle sentit sa main effleurer sa joue et elle ne put s’empêcher d’appuyer ce geste pour sentir sa présence, pour sentir une dernière fois son toucher sur sa peau. Elle s’imprégnait de cet instant fugace. « Si … Mais mens-moi si c’est ce que je crois… je veux pas entendre la vérité. » Elle n’avait rien à se reprocher. Elle agita la tête de droite à gauche, tentant de balayer de l’esprit de Simon toutes les hypothèses qu’il avait pu construire. « Qu’est-ce qu’on a fait… Qu’est-ce que je t’ai fait ? » Elle n’arrivait plus à bouger, était bouleversée par cette voix meurtrie. Elle était responsable de son désarroi. « Je te hais tellement … » Elle sentit sa main glisser dans son cou. « … tellement. » Ses jambes étaient sur le point de se dérober. Sa main tremblante se souleva et le bout de ses doigts se posa sur les lèvres de Simon. Elle ne pouvait pas en entendre plus. Elle ne voulait pas lui laisser le temps de dire autre chose. Elle était prête. Prête à partir. Par égoïsme, elle préférait qu’il la déteste pour rendre cette rupture plus simple. L’enfant ne serait pas la cause. Ce serait trop dur de vivre avec ce sentiment. Sa haine était suffisante. « Vas-y, déteste-moi. Déteste-moi ! » Plainte, supplication. « Déteste-moi pour ne pas te faire du mal. » Son pouce caressa sa pommette. « Déteste-moi si ça permet de te sentir mieux. » Elle approcha son visage du sien. « Déteste-moi pour ne pas souffrir. » Des murmures. « Déteste-moi pour ne plus m’aimer … » Ses yeux s’humidifiaient. Elle déposa un baiser sur sa joue d’abord. Puis sur ses lèvres. Elle lui offrit un long baiser. Un baiser d’adieu. Puis de ses deux mains, elle décrocha celle de Simon, restée plantée dans son cou. Elle la retint quelques instants, soutenant tant bien que mal le regard de cet homme qu’elle aimait tant. Déteste-moi, parce que moi je t’aime. Elle se déplaça de quelques pas en maintenant la main de Simon dans la sienne. « Je vais y aller. » Un message inutile, parce que ses gestes et son regard en disaient suffisamment sur ses intentions. Elle recula un peu plus, jusqu’à ce que la distance soit trop grande pour que leurs doigts se touchent. Elle laissa son bras retomber le long de son corps et briser à jamais le lien qui les rapprochait. Pour le bien de leur amour. Pour le bien de leur fille.

Elle s’arrêta au niveau de l’entrée, la main sur la poignée de la porte. Hésitante, juste assez de temps pour s’imprégner de l’endroit. Une dernière fois. Lorsqu’elle passerait la porte, tout sera fini. Lorsqu’elle serait dehors, leur relation ne serait plus qu’un souvenir. Lorsqu’elle serait chez elle, cet enfant ne sera plus que le sien. Mais où était-ce chez elle ? Elle ouvrit la porte et d’un pas pressant, quitta le loft, suivie de près par le petit chien. Cet acte était l’un de plus dur de sa vie. Elle reniait ses sentiments de toujours pour quelque chose de nouveau. Elle posa sa main sur son ventre et pointa sa baguette dessus pour enlever tous les sortilèges de dissimulation qu’elle avait apposés. Elle observa les premières courbes de son ventre, pour se rappeler qu’elle avait fait le bon choix. Puis doucement, elle remit chacun de ces enchantements sur son abdomen et quitta définitivement le lieu. Elle déambula plusieurs heures dans les rues, sans vraiment savoir où aller, ni que faire. La nuit était tombée et les rues se vidaient lorsqu’elle se décida enfin à transplaner jusqu’à la demeure des Grimaldi, à Herpo Creek. Passant par la porte de derrière, puis par les petits passages secrets qu’elle connaissait par cœur, elle se faufila jusqu’à son ancienne chambre, et celle de Chiara qui lui était attenante. Se laissant tomber sur ce lit d’enfant, elle attrapa une peluche et le plaqua contre son visage pour respirer les résidus de son odeur. Elle lui manquait tellement, tellement. Elle posa l’animal en peluche sur son ventre et souffla. « Hey Chiara, dis bonjour à ton petit frère ou ta petite sœur. » Elle ferma les yeux et laissa les larmes courir le long de ses joues jusqu’à ce que la fatigue ne l’emporte.
Revenir en haut Aller en bas

Contenu sponsorisé
to make you feel my love (simanna #4) Empty
Revenir en haut Aller en bas
 

to make you feel my love (simanna #4)

Voir le sujet précédent Voir le sujet suivant Revenir en haut 
Page 1 sur 1

 Sujets similaires

-
» please don't say you love me (simanna #5)
» you make feel like, i've been locked out of heaven. (vyk)
» and the timing's never right (simanna)
» we could steal time, just for one day (simanna #3)
» SIMANNA • childhood means simplicity

Permission de ce forum:Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
EXCIDIUM :: “ Until the very end ”
like the tiny dust floating in the air
 :: Evanesco; they lived happily ever after :: Trésors rpgiques
-