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sujet; (12 JUIN 1999) Keziah x L'enfer ne peut attaquer les païens.

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Il y avait certaines besognes qu'Augustus appréciait plus que d'autres. Il était évident, pour qui le connaissait, que la violence, le terrain et le monde des raffleurs n'était clairement pas son domaine. Heureusement, son supérieur du département des mystères avait bien compris cela, et avait appris à faire plaisir à son employé, qui était tout de même membre du cercle de Voldemort. Et en ces temps troublés, on évitait de fâcher un membre du cercle de Voldemort.
Ainsi donc, Augustus avait été clairement satisfait lorsqu'on lui avait confié la tâche de recruter M. Keziah Campbell. L'ancienne Langue de Plomb était un esprit brillant de leur temps, dont Augustus se faisait depuis longtemps un plaisir de suivre les publications. La mission fut une excuse pour s'intéresser aux écrits auxquels il avait moins prêté attention, étant un homme scrupuleux voulant être capable de parler de toute son œuvre avant d'aller le convaincre de revenir au Ministère. Il serait gênant de devoir en arriver aux menaces pour ce genre d'offre, somme toute alléchante.
Les écrits étaient nombreux et s'il critiquait la pertinence et l'intérêt de certains (comment élever son enfant ? Vraiment?) d'autres attiraient son attention et le poussaient à vouloir discuter avec l'homme d'éthique, de morale, et des limites de l'expérimentation. Bien sûr, il ne se doutait pas, à l'époque, de l'importance qu'aurait ce genre de thème dans leur relation future.

Ainsi donc, en ce très beau dimanche de juin, en début d'après-midi, Augustus se rendit assez tranquillement vers l'habitation du scientifique. D'habitude friand de longues promenades à travers la campagne, la chaleur ambiante, très désagréable pour le mangemort, l'enjoignit à transplaner très près de l'objectif. L'objectif se trouvait être une espèce de petit manoir à l'ancienne au fin fond de la campagne, un « charme pittoresque » en puissance. Le genre de lieu qui faisait se lever un sourcil sur le visage d'Augustus, comme un « mais qu'est-ce que je fais là ? » qui se dessinait à l'horizon. Mais qu'importe, les goûts de la femme du scientifique en décoration et biens immobiliers n'avaient rien à voir avec ce qu'Augustus comptait demander à l'individu. Il s'aventura donc assez sereinement sur le petit chemin qui menait à l'entrée et toqua avec dignité, rythme et efficacité. Trois coups, pas plus, pas moins. Aucune réponse. Il allait attendre un temps raisonnable avant de retenter l'expérience lorsqu'un bruit assez particulier et répétitif se fit entendre, sur sa gauche, assez proche. Comme souvent depuis sa sortie d'Azkaban devant une situation inattendue, de nombreuses images assez horribles lui vinrent en tête avant d'être plus raisonnable. Il se décida donc à faire le tour, pour voir de quoi il en retournait.

Il crut un instant s'être trompé d'endroit et de faire irruption dans une séance photo mystère pour une marque de jean moldue. Un homme à moitié nu, brillant de sueur, illuminé par le soleil, blond comme les blés, les yeux bleus transperçant était en train de couper du bois de façon un peu trop photogénique pour être réelle. Si la vérité doit être dite, alors sachez qu'Augustus a sérieusement hésité à juste tourner les talons. Heureusement pour lui et pour la suite de l'histoire, il se rappela de ce qu'il avait lu quelque part à un moment distraitement dans un coin de son regard, sur le fait que M. Campbell avait été élu plus beau sourire par un magazine féminin. Par le même embranchement de pensée, il se souvint des photos sur les ouvrages, auxquelles il n'avait que peu prêté attention, comme à son habitude. L'homme devant lui était sa cible. Et après tous les rats de laboratoire et autres monstruosités du département des mystères, c'était un fait dont il ne savait pas trop quoi penser. Ce fut donc avec prudence qu'il s'approcha, autant à cause de la hache que par la surprise de l'image de l'homme et, lorsqu'il fut assez prêt, fit entendre sa voix ronronnante : « Excusez-moi de vous déranger mais vous êtes bien M. Campbell ? Permettez moi de me présenter, je suis Augustus Rookwood, un très grand lecteur de vos travaux. Puis-je me permettre de vous emprunter un instant ? » Si le ton était presque tendre tant il avait de charme, les phrases étaient parfumées du professionnalisme presque obsessionnel du mangemort, qui ne pouvait pas faire de compliment honnête sans avoir une idée derrière la tête.
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Keziah leva la hache au-dessus de sa tête et un rayon de soleil vint se refléter contre la lame avant qu'il ne l'abaisse avec force. Elle alla se ficher si profondément dans la bûche qu'il dut maintenir cette dernière avec son pied pour en retirer le tranchant. Le bois craqua et se fendit alors en deux, retombant de part et d'autre de la souche d'arbre sur laquelle il travaillait avec un bruit de quille. Cela pouvait paraître aberrant aux yeux de nombreux sorciers, mais couper du bois à la moldu était pour Keziah un passe-temps dont il ne se lassait pas. Et ce depuis l'âge de treize ans. Il aimait le caractère physique et régulier de la tâche, le fait qu'il n'ait à penser à rien et pouvait laisser son esprit vagabonder où bon lui semblait. Il trouvait cela reposant. Quand les pensées se bousculaient en masse dans sa tête, au point de lui donner le vertige, il venait là extérioriser son trop-plein de matière grise. Au moins, lui et sa famille ne manquaient jamais de bois pour l'hiver !

Le blondin se redressa avec un petit soupir satisfait et, de son bras libre, vint essuyer son front moite d'un revers de la main. S'ils avaient eu un printemps déplorable et particulièrement humide, l'été, lui, s'annonçait brûlant. Le soleil avait déjà commencé à éclaircir ses boucles blondes et à donner à sa peau un teint hâlé, l'absence de chemise sur ses épaules en donnant un bel aperçu. Keziah étant d'un naturel pudique, cette vue était d'ordinaire exclusivement réservée à sa femme, tout comme celle de la large cicatrice lui barrant le ventre – seul souvenir concret du jour où il avait bien failli perdre la vie en prenant un sort à la place de Davius Llewellyn, cet élan de bravoure non prémédité ayant marqué le début de leur indéfectible amitié. Il était loin de se douter qu'une autre personne en profiterait également aujourd'hui...

Il ne l'avait pas entendu approcher. Keziah était en train de tirer sur son dos, balançant légèrement le poids du haut de son corps d'une hanche à l'autre pour tenter de défaire le nœud qu'il sentait naître entre ses omoplates, quand il remarqua la posture du chat allongé devant lui, un peu plus loin dans l'herbe. Les oreilles dressées, le corps tendu, son regard était braqué sur un point situé dans son dos et il ne tarda pas à se carapater sous les buissons. Intrigué, Keziah pivota alors sur lui-même. L'expression sur son visage passa presque immédiatement d'une curiosité modérée au saisissement. Il sentit son cœur manquer un battement dans sa poitrine et ne put s'empêcher d'avoir un violent mouvement de recul en reconnaissant l'homme qui se tenait face à lui. Augustus Rookwood. La réputation du mangemort n'était plus à faire. Il était l'un des plus fidèles serviteurs du Seigneur des Ténèbres, et peut-être l'un de ceux dont la macabre folie était la plus avérée. Pas le genre de personne que l'on désirait voir apparaître dans son jardin par un bel après-midi ensoleillé, en somme. Keziah sentit sa pression artérielle grimper en flèche malgré lui. Il jeta un rapide coup d’œil autour de lui et fut à peine rassuré de ne pas noter la présence d'autres Marqués avec lui.

_ Excusez-moi de vous déranger mais vous êtes bien M. Campbell ? Permettez moi de me présenter, je suis Augustus Rookwood...
_ Je sais qui vous êtes, lâcha-t-il un peu trop sèchement, ne faisant pas un très bon travail pour masquer sa nervosité.
_ ... un très grand lecteur de vos travaux. Puis-je me permettre de vous emprunter un instant ?
_ M'emprunter ? Cette fois il haussa un sourcil. C'est... perturbant comme choix de vocabulaire.

À nouveau, Keziah lança un regard circulaire à la ronde. Victoria était au Ministère, Louise à l'école. Il était plus tranquille de savoir sa famille absente, cependant la perspective d'un tête-à-tête seul à seul avec un homme comme Rookwood n'avait rien pour le rassurer. Keziah pensa alors à sa baguette magique, restée nonchalamment posée sur la table basse du salon, à l'intérieur, et il se maudit d'être parfois aussi laxiste. Rien ne disait qu'il aurait été capable de tenir tête au Mangemort si un duel en venait à éclater et qu'il avait été armé cela dit. Non, le mieux qu'il pouvait faire était de rester calme, d'entendre ce que l'autre était venu lui dire sans lui donner la moindre excuse de s'en prendre à lui, et tout se passerait pour le mieux. Lentement, Keziah posa alors sa hache contre la souche d'arbre et se rapprocha de la brouette où il balançait le bois une fois débité, et à la poignée d'une desquelles pendait sa chemise – une vieille chemise à carreaux qu'il mettait pour bricoler. Il passa le vêtement sur ses épaules alors qu'il reprenait :

_ Excusez-moi pour cet accueil, je ne m'attendais pas à votre venue. Si vous aviez envoyé un hibou je vous aurais reçu de manière plus appropriée. Mais je suppose que je devrais être flatté de l'intérêt que vous portez à mes travaux, alors je vous écoutes. Qu'est-ce qui vous amène ici ?
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Il apprécia la surprise, et même la peur qui brilla un instant dans les yeux de l'homme qu'il avait visiblement surpris. Il aimait être automatiquement craint par ceux qu'il n'avait jamais rencontré. Cela signifiait qu'il avait fait un bon travail dans le soin de son image et de sa réputation. Ainsi, sans le savoir, Keziah venait de lui faire un très beau compliment, ce qui accentua le sourire très poli du mangemort. « Je sais qui vous êtes » Il aimait aussi quand ses discussions commençaient ainsi. On sentait la menace, la célébrité, la réputation qui le suivait partout telle une odeur de mort continuelle dans son sillage. Il savourait la nervosité de son interlocuteur, mais restait suave, doux, poli.
L'homme avait l'air, au final, assez simple, mais avec, effectivement, ce charme des magazines. « M'emprunter ? C'est... perturbant comme choix de vocabulaire. » Tout de suite, les grands mots. Imperturbable, Augustus eu un sourire amusé : « Vous avez l'air absorbé par votre tâche, je ne voudrais pas vous déranger outre mesure, surtout que je suis arrivé sans prévenir. »

Il le laissa reprendre ses esprits, regarder autour de lui. Comme beaucoup de proies, il semblait vérifier les sorties, les entrées, sûrement s'il était accompagné et où étaient les autres personnes de sa maisonnée (il lui était impossible de se souvenir qu'elle était sa situation familiale). Il sentait sa tension, et l'appréciait comme l'acceptation du danger qu'il représentait. Cependant, il n'était pas là pour le torturer ou éventrer sa famille, en tout cas pas pour l'instant, et il était inutile de préserver cette tension somme toute assez néfaste à la discussion qu'il espérait avoir. C'est avec un silence poli qu'il le suivit jusqu'à la chemise et garda une distance respectable tandis qu'il se rhabillait, pendant que le regard détourné d'Augustus simulait la pudeur, un sentiment dont il ne s'était jamais formalisé. S'il était quasiment impossible de le voir dénudé en dehors de quelques instantes (et cela incluait de le voir sans cravate ou juste les manches retroussées), il n'était pas véritablement dérangé par la nudité des autres. Il avait vu assez de corps nus différents pour ne plus s'en formaliser.

« Excusez-moi pour cet accueil, je ne m'attendais pas à votre venue. Si vous aviez envoyé un hibou je vous aurais reçu de manière plus appropriée. » « Et permettez-moi d'ailleurs de vous présenter mes excuses pour cette visite inopinée. J'ai été commandité ici par le directeur du département des mystères, dont je suis un des employés. Il était assez pressé, et je ne saurais questionner les demandes de mes supérieurs. » C'est qu'il semblerait presque modeste, ainsi.
« Mais je suppose que je devrais être flatté de l'intérêt que vous portez à mes travaux, alors je vous écoutes. Qu'est-ce qui vous amène ici ? » L'homme était abrupt. Aucune discussion préalable, même pas un petit endroit frais où déguster du thé. Augustus mourrait de chaud et si cela ne se sentait pas dans sa posture, intérieurement, il maudissait l'épaisseur de son costume épais et bénissait son jeu d'acteur pour ne pas montrer sa gêne. « C'est moi qui suis flatté de vous rencontrer, ça a été un véritable plaisir d'apprendre que j'étais envoyé pour vous parler. Cela permet sûrement aussi d'expliquer ma précipitation. » Il eu un petit rire, plein de simplicité, un peu gêné. Il regarda un instant autour de lui, admirant le domaine, la maison, le jardin. « Vous êtes très bien installé ici, c'est un endroit charmant. On doit être bien plus tranquille ici que dans l'effervescence du ministère, non ? » Il eu un léger soupir à ce souvenir. Le ministère était trop grand, bruyant, sale et impersonnel pour qu'il puisse pleinement s'y épanouir. Il aimait effectivement son travail, mais s'il pouvait au moins gérer le niveau 9, il pourrait construire au moins un lieu d'ordre dans ce capharnaüm. Il sembla sortir de sa rêverie brusquement, reposant son regard vers Keziah, toujours si aimable : « Mais après tout, vous vous êtes peut-être lassé, au contraire, de tant de calme. »

On n'impose pas un rythme à Augustus Rookwood. Augustus Rookwood vous impose ce rythme. Après avoir donc complètement ignoré le côté expéditif de la question, il lui sourit juste calmement et commença à marcher, lentement, attendant d'être suivi afin d'observer, voire admirer la maison et ses alentours. « La première fois que j'ai entendu parler de vous, c'était très peu de temps après mon retour. J'avais trouvé une théorie très intéressante sur l'origine de la magie et sa présence dans le monde, m'y étais intéressé, avais voulu rencontrer son écrivain. C'était vous. Déjà, vous m'avez été décrit comme un homme sérieux et capable, qui nous avait quitté pour des pelouses plus vertes. » Il eu un sourire amusé à cette idée, puis tourna vers lui ses yeux étranges, à la fois si chaleureux et distants. « Vous rappelez-vous de cette recherche, M. Campbell ? Je crains qu'elle ne date un peu pour vous. »
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Keziah termina de boutonner sa chemise au moment où il finissait de parler. Cela ne tenait pas à grand chose, c'était peut-être même un sentiment assez absurde quand on y pensait, mais il se sentit tout de suite plus à son aise. Moins nu. Moins vulnérable face au regard pénétrant d'Augustus Rookwood. Il lui trouvait une caractéristique désarmante : quand il parlait, c'était toujours avec cette pointe de malice teintée de tendresse, mais ses yeux, eux, lui faisaient un drôle d'effet. Ni ses sourires, ni les caresses qu'il avait dans la voix ne pouvaient lui ôter l'impression qu'ils cherchaient à le punaiser sur place, comme s'il avait été un insecte bon à se laisser disséquer. Ces yeux-là étaient ceux d'un prédateur à la fois reptilien et doucereux, et malgré la température clémente de ce jour de juin, Keziah sentit un frisson remonter le long de sa colonne vertébrale quand le petit rire du mangemort dévoila ses dents blanches et parfaitement alignées. Prêtes à le dévorer, ne put-il s'empêcher de penser.

_ Vous êtes très bien installé ici, c'est un endroit charmant. On doit être bien plus tranquille ici que dans l'effervescence du ministère, non ?
_ On peut dire ça comme ça, se contenta-t-il de répondre, évasif, avant de hausser les épaules.

Keziah ne semblait pas plus intéressé que cela par la tournure que prenait la conversation. Les flatteries de son interlocuteur le laissaient visiblement de marbre et son regard ne tarda pas à glisser de nouveau vers le tas de bois qui l'attendait, comme s'il ne demandait rien de mieux qu'à pouvoir retourner à sa besogne. La vérité, c'est qu'il avait très bien compris où cela était en train de les mener, mais qu'il n'était pas particulièrement pressé d'y arriver. Il avait entendu parler de la volonté du Ministère de ramener dans son giron les cerveaux échappant encore à son contrôle, et Keziah savait qu'il ne s'était s'agit que d'une question de temps avant que l’œil du pouvoir ne finisse par se tourner vers lui. Il l'avait redouté. Jour après jour, il voyait ce que cela coûtait à sa femme de travailler pour le même gouvernement qui avait massacré la famille de Davius et de tant d'autres hommes et de femmes avant lui. Il savait ce que cela lui coûterait à lui également, même s'il ferait sûrement un meilleur job que Victoria pour prétendre le contraire. Alors non, il ne s'était lassé de rien. Certainement pas de l'ersatz de liberté qu'il lui restait.

Il ne fit aucun commentaire supplémentaire cela dit, se cantonnant dans son silence tandis qu'il emboîtait le pas au mangemort. Ce dernier marchait tranquillement, les mains nouées derrière le dos. On aurait dit qu'il s'agissait de sa promenade dominicale, et Keziah se mit à poser autour de lui le même regard curieux, comme s'il redécouvrait les lieux pour la première fois. La singularité du tableau n'était pas stupéfiante mais presque. Elle était étrange en tout cas, mais une parole de Rookwood ne tarda pas à faire exploser cette mystérieuse sensation de flottement qu'il était parvenu à instaurer. Ce fut au tour de Keziah de laisser échapper un petit rire amusé en l'entendant dire que quelqu'un au département des mystères ait jamais pu lui prêter les qualités d'un homme sérieux et capable. Quand il était entré au Ministère, cela faisait longtemps qu'on n'avait pas vu un langue-de-plomb aussi jeune et brillant au niveau 9, mais ses supérieurs avaient vite déchanté. Keziah s'était en effet vite avéré être un véritable emmerdeur doublé d'un élément capricieux n'en faisant qu'à sa tête et ayant un respect plus que discutable envers la moindre forme d'autorité. Au final, il avait causé plus d'ennuis qu'autre chose pendant les quelques années qu'il avait passées là-bas.

_ Vous rappelez-vous de cette recherche, M. Campbell ? Je crains qu'elle ne date un peu pour vous.
_ Que diriez-vous d'un rafraîchissement ? lâcha-t-il soudain avec un regain d'énergie, sans la moindre continuité avec leur sujet de conversation. Je ne sais pas vous mais je meurs de soif. Cette chaleur est harassante et j'ai justement un délicieux thé à la menthe au frais qui nous ferait le plus grand bien.

Il n'attendit même pas que son interlocuteur lui réponde. Un large sourire illumina son visage et il tourna aussitôt les talons, marchant d'un pas souple et rapide vers la porte de la maison. Une fois dans l'entrée, il s'essuya consciencieusement les pieds avant de prendre à droite, en direction du salon. Il fit signe au mangemort de s'asseoir et l'invita à prendre ses aises avant de disparaître par une ouverture à travers laquelle ne tarda pas à se faire entendre le bruit de placards qu'on ouvre et que l'on referme. Il faisait déjà beaucoup plus doux à l'intérieur. La pièce était relativement large, sans être disproportionnée. Plusieurs étagères en bois massif étaient alignées contre les murs, sur lesquels reposaient de nombreux bouquins et quelques photographies – Louise faisant ses premiers pas vers les bras tendus de sa mère, Keziah, Davius et Jillian riant autour d'une table par ce qui avait dû être un bel après-midi d'été, ou encore Victoria, les cheveux défaits et mouillés près d'une rivière. Deux canapés confortables ainsi qu'un fauteuil entouraient également une table basse au centre du salon. Quand il revint dans la pièce, Keziah posa deux verres et un pichet sur cette dernière, puis il prit finalement place dans le fauteuil.

_ Je me suis permis de rajouter des glaçons dans le thé, j'espère que cela vous convient. Joignant les gestes à la parole, il les servit généreusement avant de poursuivre. Vous m'étonnez quand vous dites que mes anciens collègues de travail parlent de moi en si bons termes. Je ne pensais pas avoir laissé ce genre de souvenir, s'exclama-t-il avec un nouveau rire clair. Quand j'ai quitté le Ministère, j'avais plutôt l'impression que le soulagement été partagé. Il faut dire que je n'ai jamais eu l'esprit d'équipe, voyez-vous.
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Depuis son retour d'Azkaban, Augustus souffrait d'un mal qui polluait chacune de ses intéractions sociales, ou presque. Les gens savaient qu'il était mangemort. Ils savaient qu'il avait fait des choses terribles pour le Lord, qu'il les avait tous manipulés, bref, ils se permettaient de le juger comme le grand méchant loup sans chercher à comprendre la profonde logique de ses actions. Avant Azkaban, M. Campbell aurait sûrement était beaucoup plus agréable, chaleureux et conciliant, se dit-il au vu de sa réponse laconique et, surtout, au souvenir de ce mouvement de peur initial.
Bien entendu, il appréciait la peur, cela simplifiait aussi beaucoup ses échanges. Mais il ne pouvait s'empêcher d'être nostalgique de l'époque où ils tombaient tous dans le panneau de ses sourires et de sa bienveillance, et qu'ils ne comprenaient que trop tard dans quel pétrin ils s'étaient fourrés. Cette option restait toujours possible, certaines personnes étant plus crédules que d'autres, mais la tâche devenait de plus en plus complexe.
En plus de cela il y avait ces moments où, alors qu'il était parfaitement honnête, on ne croyait pas en son admiration et son amabilité. C'était le prix à payer pour être trop gentil avec tout le monde, certainement.

Augustus s'attendait donc à un long, bien long périple jusqu'à la terre promise. Jusqu'à ce que, soudainement, M. Campbell prenne l'initiative de prendre le contrôle de la conversation, sans prévenir, sans un signe. Cela surpris Augustus, ce qui était rare, et il eu même les yeux un tout petit peu plus ouverts que d'habitude, le genre de réaction minime qui était conséquence d'une émotion relativement importante de sa part. La surprise était aussi produite par la capacité qu'avait eu l'homme de viser parfaitement dans ses besoins. Augustus haïssait la chaleur, et il était bon de le répéter, car qu'il ai une opinion si forte de quelque chose était si rare qu'il était nécessaire de le souligner. Alors lorsqu'il lui dit « Que diriez-vous d'un rafraîchissement ? », il eu droit à un sourire d'Augustus et un : « Ce serait un immense plaisir, M. Campbell. » Et il exagérait à peine.
Il le suivit donc en direction dans la direction de la maison « Je ne sais pas vous mais je meurs de soif. Cette chaleur est harassante et j'ai justement un délicieux thé à la menthe au frais qui nous ferait le plus grand bien. » Et cela le fit rire doucement, un rire assez court et poli, avant d'ajouter : « Vous savez parler à un homme de bureau, je crains que de passer autant de temps à l'intérieur à présent ne me rende sensible aux caprices de la météo. » Sans oublier les quinze ans de sa vie où il n'avait pas pu voir le soleil.

La maison était charmante, dans cette chaleur familiale qu'Augustus n'avait jamais connu et ne savait pas apprécier, mais qu'il savait reconnaître avec la distance du scientifique. Il savait cependant apprécier la propreté, l'organisation et les nombreux livres devant lesquels il s'arrêta, droit, les mains derrière le dos, avec le petit sourire curieux et intéressé de celui qui découvre la bibliothèque de quelqu'un qu'il apprécie. Il avait lui-même énormément de livres, qui étaient la seule chose personnelle qui habitait vraiment ses pièces, le manoir étant bien trop grand pour que deux personnes comme Adelaïde et lui n'en occupent plus du tiers.
Lorsque Keziah revint, il était face à une photo de sa femme, son visage impossible à déchiffrer, intérieurement perplexe que les gens puissent ainsi dévoiler leurs faiblesses aux yeux du premier mangemort qui pouvait passer par là. Est-ce qu'il exhibait des photos d'Adelaïde ou de sa sœur dans son bureau, lui ? Non. Aussi parce qu'il n'en avait pas, n'en demandait pas, et que le manoir n'avait jamais hébergé la moindre photo de ce genre.

Il se retourna prestement à l'arrivée de Keziah : « Ce fut une très bonne initiative de votre part. » Son chien contre quelque chose de frais, là, tout de suite. Il le rejoignit donc sur les fauteuils, s'asseyant tranquillement, attrapant un des deux verres dans un mouvement souple et, après lui avoir envoyé un sourire et un remerciement, apprécia enfin la fraicheur du breuvage. Un soupir de contentement lui échappa, et un délicat sourire s'installa.
Il pu alors écouter Keziah avec l'attention et la bienveillance qu'il méritait. Et le sourire amusé qui vint avec ses propos. « Oh, oui, je crains de n'avoir provoqué ce décalage. Les gens osent rarement être en désaccord avec moi dernièrement, et je n'ai malheureusement pas eu la présence d'esprit de leur dissimuler mon admiration pour vos travaux. » Il le présentait de telle manière qu'il semblait presque attristé de ne plus avoir affaire à l'honnêteté de ses collègues, lorsqu'il savourait d'avoir droit à cette parfaite politesse. Il aurait préféré l'avoir naturellement mais il avait du la récupérer par la peur. Il but encore, toujours un peu rieur. « Je crains donc de n'avoir été biaisé par ces témoignages et j'en suis navré. » Comme si l'opinion des autres importait lorsqu'il était intéressé par les écrits de quelqu'un. De toute manière il n'était pas véritablement intéressé par l'homme en lui-même, au delà du respectable raisonnable, mais plutôt dans le scientifique qu'il représentait. « Je vais donc devoir croire en votre propre opinion, vous pensez-vous donc comme quelqu'un de sérieux et capable ? » Et cela commençait étrangement à tourner comme un entretien d'embauche.
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Keziah se souvenait très bien la première fois qu'il avait entendu parler d'Augustus Rookwood. La première guerre des sorciers venait à peine de prendre fin, de la manière la plus abrupte et incongrue qui soit – grâce à un bébé, un petit être de trois fois rien qui avait on ne sait trop comment réussi à réduire à néant les pouvoirs de l'un des plus grands mages noirs que l'Histoire ait connu. Keziah était alors âgé de seize ans. Il avait suivi de loin les derniers mois de terreur qui avaient fait trembler le Royaume-Uni, le Thousand Splendid Suns Carnival ayant passé l'été à sillonner les routes de France, loin des vicissitudes de leur terre natale, mais la tension était toujours aussi palpable à leur retour. Le Ministère menait une chasse impitoyable contre les Mangemorts encore en liberté, les dénonciations et les procès s'enchaînaient, le tout dans une atmosphère pesante qui menaçait de remettre le feu aux poudres. C'est à ce moment que le nom de Rookwood avait fait la une des journaux, provoquant la stupéfaction d'une communauté magique qui ne se serait jamais douté que cet homme ait pu être un espion à la solde du Seigneur des Ténèbres.

Aujourd'hui, il était là, face à lui, prenant place dans l'un des fauteuils de son salon, son visage autrefois composé de papier parcheminé lui apparaissant finalement en chair et en os. S'il n'avait pu refréner un sursaut d'effroi quand le Mangemort l'avait prit par surprise, Keziah ne se sentait plus vraiment en danger. Un léger malaise continuait d'accaparer une partie de son esprit, telle une piqûre de moustique au dos de la main que l'on n'aurait pu s'empêcher de gratter, mais une certaine curiosité finissait par prendre le pas sur la petite voix qui lui susurrait de rester sur ses gardes. Il se dégageait d'Augustus Rookwood un charisme magnétique étrange, à la fois séduisant et inquiétant. Quand il parlait, il donnait envie de l'écouter. Sa voix de miel et de bourbon donnait à Keziah l'impression de le bercer tandis qu'il ne pouvait s'empêcher de redessiner les contours de ses fines lèvres et de ses traits ciselés. Il y avait quelque-chose chez cet homme, comme une ombre ou une énigme, qui le captivait bien malgré lui.

_ Je crains de n'avoir été biaisé par ces témoignages et j'en suis navré. Je vais donc devoir croire en votre propre opinion, vous pensez-vous donc comme quelqu'un de sérieux et capable ?
_ Pas forcément. Et l'espace d'un instant, il sembla que ce serait la seule réponse qu'il daignerait lui accorder. Le silence retomba entre eux, gênant, mais alors que Rookwood s'apprêtait sûrement à ouvrir la bouche pour lui demander de développer, Keziah reprit brusquement, esquissant un geste agacé de la main. Les choses ne sont jamais aussi absolues. Est-ce que je suis quelqu'un de sérieux ? On m'a souvent fait remarquer l'inverse et son contraire. Je n'aime pas particulièrement me prendre au sérieux en tout cas, ni ceux qui voudraient se donner cette image. Est-ce que je suis capable ? J'ai déjà prouvé ce que je savais faire, je ne crois donc pas avoir à m'en défendre, même si certaines personnes ont pu remettre en cause mes choix pour le moins... éclectiques.

Quand l'on observait son parcours, ce n'était pas peu dire. Keziah semblait n'avoir jamais su se fixer sur rien. Il avait écrit des études des plus sérieuses aux plus délirantes, des histoires pour enfants aux articles sur la réunion mensuelle du Bridge Club des Sorcières Centenaires mais pas Grabataires. Beaucoup s'accordait pour dire qu'il était peut-être l'un des esprits les plus brillants de son temps, mais qu'à force de se disperser il avait fini par passer à côté d'une carrière qui aurait pu ressembler à celle d'Albus Dumbledore en personne. "Tu fera de grandes choses." La voix de Cesar résonnait parfois encore à ses oreilles. "Si vous ne passiez pas votre temps à n'en faire qu'à votre tête, vos capacités vous mèneraient loin, Mr Campbell." Celle aussi de son directeur de maison à Poudlard. Depuis qu'il était môme, les gens n'avaient eu de cesse de prétendre savoir ce qu'il se devait d'accomplir, sans jamais se poser la question de savoir ce qu'il désirait lui. Mais il n'avait jamais voulu de leurs promesses de grandeur. La vérité, c'est qu'il en avait eu peur...

_ Je n'ai jamais su rentrer dans le cadre. J'ai quitté le Ministère parce que cet endroit ne me convenait pas et que je ne lui convenais pas non plus. Je sais pourquoi vous êtes là, et puisque vous semblez regretter le temps où les gens osez vous avouer le fond de leurs pensées, je vais donc être tout à fait honnête avec vous. Je n'ai absolument pas l'intention de revenir, conclut-il d'une voix calme, ses yeux bleus soutenant ceux de son interlocuteur sans ciller, mais sans insolence non plus.
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« Les choses ne sont jamais aussi absolues. Est-ce que je suis quelqu'un de sérieux ? On m'a souvent fait remarquer l'inverse et son contraire. Je n'aime pas particulièrement me prendre au sérieux en tout cas, ni ceux qui voudraient se donner cette image. Est-ce que je suis capable ? J'ai déjà prouvé ce que je savais faire, je ne crois donc pas avoir à m'en défendre, même si certaines personnes ont pu remettre en cause mes choix pour le moins... éclectiques. »

Augustus sirota son thé, tranquillement, écoutant son interlocuteur avec toute l'attention dont il pouvait être capable quand des personnes expliquaient leurs pensées et leur fonctionnement. C'était lui, après tout, qui avait posé la question, il était légitime qu'il l'écoute. Mais Merlin, qu'il pouvait être fastidieux de s'intéresser à la vie privée des gens... Azkaban était encore trop proche pour que le mangemort ai retrouvé tout son calme, et il avait encore les vestiges de sa frustration en tant que jeune adulte. Il lui faudrait quelques années pour trouver cette sensation de plénitude caractéristique des malades mentaux.

« Je n'ai jamais su rentrer dans le cadre. J'ai quitté le Ministère parce que cet endroit ne me convenait pas et que je ne lui convenais pas non plus. Je sais pourquoi vous êtes là, et puisque vous semblez regretter le temps où les gens osez vous avouer le fond de leurs pensées, je vais donc être tout à fait honnête avec vous. Je n'ai absolument pas l'intention de revenir. »

… Ah. Oui. Il était là pour ça. Le directeur actuel voulait que M. Campbell vienne renflouer leurs rangs. Rookwood, lui, avait surtout profité de la situation pour rencontrer l'individu. Il aurait voulu, et préféré, passer quelques minutes encore, voire quelques heures, à interroger le chercheur, à analyser sa façon de penser, à débattre et peut-être, qui sait, l'écraser dans une petite partie d'échecs sorciers.
Mais non, il fallait toujours que l'on vienne gâcher son plaisir, que l'on précipite les choses, que l'on passe du coq à l'âne sans lui permettre de mettre toutes les formes à sa demande. Il avait préparé, mentalement, tout un petit discours et quelques jolies tournures de phrases pour faire la publicité du département des mystères. Il retint un soupire et posa tranquillement sa tasse sur la table devant lui, toujours calme, poli, souriant, visiblement pas véritablement troublé par le refus.

« Allons, M. Campbell, ne nous précipitons pas. » Augustus ne semblait pas réaliser qu'il avait déjà passé un long moment à tourner autour du pot, mais que voulez-vous, il était un homme à bien plus préférer la forme que le fond, jusqu'à parfois oublier le fond véritable des choses, et effectuer des actions pour leur simple esthétique morale. Observant un instant le blondinet, vraiment trop charmant pour être un rat de bibliothèque, il laissa un instant son sourire tranquille calmer la tension presque électrique que le refus de sa proie avait provoqué.
« Je suis désolé si je vous ai brusqué tout à l'heure, mais nous avons tout le temps de parler. Vous avez en effet deviné l'objectif final de ma visite, mais ne sous-estimez l'appréciation réelle que j'ai de votre travail et de votre investissement dans la recherche magique. Avant que nous n'en venions à nous bagarrer futilement sur ce genre de chose, j'aurais espéré pouvoir parler avec vous, savoir ce qui vous intéresse dernièrement... » Le regard résolu de M. Campbell lui arracha un petit soupire, doucement navré, pas véritablement énervé pour un sous. « Mais soit. »

Il se redressa sur sa chaise, prêt à commencer ce sujet qui, au fond, le laissait de marbre. C'était le travail de raffleurs et d'autres secrétaires. « Pourquoi ne commenceriez-vous pas par me détailler ce que vous avez pu reprocher à votre environnement de travail au Ministère ? Je ne doute pas que, dans les circonstances actuelles, il nous sera possible d'arranger quelques petites choses pour rendre votre travail plus agréable. » Après tout, il avait l'oreille du Magister, il allait devenir Directeur du Département des Mystères, et il serait donc absolument gérable de contourner certaines réglementation pour le petit génie sous ses yeux. Il aimait à chouchouter les personnes qu'il convoitait, et il appréciait bien plus agiter des carottes qu'un bâton. Il ne demandait jamais, ou presque, quoi que ce soit en retour. Faisant juste en sorte que ces cadeaux, ces délicates sucreries, soient appréciées par leurs bénéficiaires, d'une façon ou d'une autre.

Il se demanda distraitement si, à un moment donné, il devrait faire semblant de croire au refus de M. Campbell. Il pourrait, en effet, essayer de lui faire croire qu'il avait le choix. Il chassa cependant vite cette idée, il n'osait pas le penser assez stupide pour croire qu'il était dans la position de lui dire non.
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Keziah se retint de déglutir. Il avait la gorge sèche tout d'un coup et n'était que trop conscient de la légère accélération de sa pression artérielle comme de la manière dont son cœur s'était mis à battre un peu plus durement contre ses côtes. Augustus Rookwood avait dit regretter la franchise ; il la lui avait donc servi sur un plateau d'argent mais craignait dorénavant d'avoir présumé du sens qu'il aurait du accorder à ces paroles. Le visage de son hôte était impénétrable. Il affichait toujours la même douceur paisible, pourtant Keziah aurait juré y voir passer une ombre et se surprit à devoir lutter pour soutenir son regard sans rien laisser paraître du sentiment de vulnérabilité qu'il éprouvait en cet instant. Il l'intimidait. Le blondin le réalisa  soudain, presque choqué. Il n'en avait jamais mené large face à la menace d'une baguette ou d'un poing levé, prêt à frapper, mais autrement c'était un sentiment avec lequel il était si peu familier. Il avait l'habitude d'être celui qui menait la danse, celui qui éclipsait d'ordinaire les autres par son assurance insolente et son intelligence plus qu'évidente. Mais cet homme, avec sa présence reptilienne, son regard intense et ses gestes lents, mesurés, calculés, Keziah devait bien avouer qu'il lui faisait un drôle d'effet. Et il n'était pas certain d'aimer ça.

Ils se comptaient sur les doigts d'une main ceux qui étaient un jour parvenus à impressionner Keziah de la sorte, dès le premier abord. Rookwood, lui, lui donnait l'impression de se tenir face à un serpent à sonnettes dont il n'aurait su dire s'il allait se mettre à cracher son venin ou à ondoyer comme un charme. Les muscles de son dos se détendirent alors légèrement lorsque l'homme reprit la parole et que le danger sembla ainsi momentanément écarté, mais il demeura tendu, n'osant toujours pas esquisser de mouvement en direction de son verre malgré la soif qui le tiraillait. Rookwood aurait aimé savoir ce qui l'intéressait dernièrement et Keziah haussa les épaules. Il doutait que le Mangemort trouve un quelconque intérêt à ses recherches sur les significations de l'orientation cardinale sud dans les sépultures mayas de la Période Classique, ni au  nouveau recueil de nouvelles inspiré par l'esthétique de l'expressionnisme allemand qu'il avait commencé à écrire quelques jours plus tôt. Il pouvait se tromper, bien évidemment mais, après tout, ni l'un ni l'autre n'avait grand-chose à voir avec la recherche magique. Rookwood ne s'attarda de toute façon pas sur la question, préférant s'en tenir à la raison première de sa présence ici.

_ Pourquoi ne commenceriez-vous pas par me détailler ce que vous avez pu reprocher à votre environnement de travail au Ministère ? Je ne doute pas que, dans les circonstances actuelles, il nous sera possible d'arranger quelques petites choses pour rendre votre travail plus agréable.
_ Euh...

L'espace d'un instant, le visage de Keziah se figea dans une expression indéterminable. Très vite pourtant, un petit rire gêné lui échappa et il se recula alors enfin dans le fond de son fauteuil avant de venir se masser la tempe du bout des doigts, dans un geste et une mimique soulignant clairement un certain embarra. Il y a encore dix ans de ça, il n'aurait sûrement pas hésité une seule seconde à avouer la raison première de son départ du Ministère. Insolents et orgueilleux, les mots auraient franchi ses lèvres avant même qu'une once de décence ne lui traverse l'esprit. Mais Keziah n'était plus tout à fait le jeune coq qu'il avait été à l'époque de son adolescence ou de ses vingt ans. Une certaine irlandaise au tempérament bien plus modeste que le sien avait fini par lui faire rentrer quelques notions d'usage dans le crâne, et si cela avait été certainement pour le mieux, il n'avait pas besoin aujourd'hui de paraître plus fréquentable qu'il ne l'était vraiment. Qui sait, peut-être que s'il se montrait suffisamment imbuvable, Rookwood le classerait définitivement dans la pile des causes perdues. Keziah arqua alors un sourcil.

_ Je ne sais pas comment le dire plus décemment que cela : si je suis parti c'est parce que mes collègues étaient des incapables aux capacités intellectuelles discutables. Je vous l'ai dit : je n'ai jamais eu l'esprit d'équipe. Je ne sais pas travailler avec les autres. Je n'ai aucun désir de le faire d'ailleurs ; c'est simplement ennuyeux la plupart du temps, mais cela peut aussi devenir très agaçant. Je dois déjà souvent prétendre que ce que les gens ont à dire m'intéresse, je n'ai pas envie d'avoir à subir ça au travail en plus du reste. Ici au moins je n'ai pas ce problème et je n'ai de compte à rendre à personne. Je ne crois pas que vous soyez en mesure de proposer mieux.
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Augustus haussa un sourcil en observant son interlocuteur hésiter. De ce qu'il savait de Keziah Campbell, il était un petit génie à la langue bien pendue qui se laissait rarement dépasser par la situation. Il appréciait cela chez un chercheur. Il appréciait même cela chez un homme, si l'homme n'avait pas autant pué l'hétérosexualité à plein nez. Qu'y avait-il pu se passer de si terrible pour que la question d'Augustus soulève un silence pareil. Avait-il subi des violences ? Des abus ? Un vol ? Peut-être qu'un supérieur peu consciencieux avait réclamé la gloire d'une de ses recherches ou, pire, l'avait accusé d'un de ses échecs ? Ou alors il y avait-il une histoire d'argent ? Augustus se laissa un instant dériver dans de délicieuses hypothèses d'affiliation avec la mafia ou autres mangemorts. Avait-il trompé sa femme avec une des secrétaires et depuis elle voulait le garder enfermé à la maison ? Agoraphobie ? Un problème de santé particulièrement embarrassant ? Il en était à imaginer Keziah couvert de pustules lorsque celui-ci pris enfin la peine de mettre fin à sa curiosité.

« Je ne sais pas comment le dire plus décemment que cela : si je suis parti c'est parce que mes collègues étaient des incapables aux capacités intellectuelles discutables. Je vous l'ai dit : je n'ai jamais eu l'esprit d'équipe. Je ne sais pas travailler avec les autres. Je n'ai aucun désir de le faire d'ailleurs ; c'est simplement ennuyeux la plupart du temps, mais cela peut aussi devenir très agaçant. Je dois déjà souvent prétendre que ce que les gens ont à dire m'intéresse, je n'ai pas envie d'avoir à subir ça au travail en plus du reste. Ici au moins je n'ai pas ce problème et je n'ai de compte à rendre à personne. Je ne crois pas que vous soyez en mesure de proposer mieux. »

Dans d'autres circonstances, Augustus aurait sûrement retenu la quelconque réaction que cette réponse provoque. Mais le chercheur lui plaisait, il était en mission superflue, et il cherchait bien plus à se rapprocher de lui qu'à lui faire peur (même s'il était, visiblement, incapable de se retenir). Il se laissa donc aller, et éclata de rire.
L'éclat de rire était rare chez cette Langue-de-Plomb, s'il souriait et riait souvent avec douceur et sensualité, il riait rarement autant. Ne vous détrompez pas, il était encore bien loin du rire hystérique de l'enfant, et il y avait toujours cette retenue naturelle dans la façon qu'il eu de laisser échapper quelques éclats de joie dans un sourire amusé. Levant la main en signe d'excuse il se laissa encore un peu aller, réajustant sa cravate et sa chemise qui n'avaient pourtant pas bougé, comme s'il devait réajuster quelque chose après s'être laissé aller à rire. Enfin, il lança un regard tendre, voire même un peu taquin, vers son interlocuteur.

« Mais M. Campbell, bien entendu que vos collègues seront des incapables. » Un autre rire bref l'agita à la simple pensée que cela puisse être autrement, avant de poursuivre. « Nous ne pouvons malheureusement pas nous permettre d'avoir uniquement des chercheurs comme vous dans nos rangs et il nous faut nous contenter de ce qui se présente à notre porte. Croyez bien que j'en suis le premier déçu, et c'est pour cela que je suis aussi impatient de vous compter parmi nous. » Dans ces phrases, il montra une nouvelle fois qu'il n'hésitait pas un instant sur le fait que, à la fin de la journée, Keziah sera de nouveau Langue de Plomb. Il sourit, laissa échapper un « Ah lalala » un brin mélancolique, peut-être nostalgique. Lui aussi, à une époque, passait son temps à maudire ses incapables de collègues.
Il se réinstalla de façon plus tonique sur son siège, regardant de nouveau Keziah avec sérieux, pour lui proposer enfin : « Bien. Dans ces cas-là que diriez-vous d'une autonomie quasi-complète, sans nécessité aucune de collaborer avec qui que ce soit ? Et lorsque c'est le cas, vous n'aurez qu'à venir me voir pour décider de vous même vos collaborateurs. » Il fit un geste vague de la main pour dire que tout cela entrainait bien sûr d'autres choses, plus larges, plus vastes, et qu'il était, bien sûr, en pouvoir de lui correspondre. « Vous n'aurez à répondre qu'à moi, et nous saurons bien nous charger de ceux qui oseraient se plaindre. » Ce genre de remarque sonnait comme une promesse entre ses lèvres perfides.

Se réinstallant au fond du siège, il avisa un instant de la réaction de son futur employé avant d'ajouter : « Je peux bien sûr ajouter un bureau individuel et isolé et quelques autres avantages presque mesquins à proposer. » S'il fallait lui offrir des petites livraisons jusqu'à son bureau pour le ramener sans avoir à en arriver aux mains, il le ferait. « Vous n'aurez, je le crains pas, pas de meilleure offre. » Il avait l'air parfaitement calme et à son aise en souriant à Keziah d'un air paisible. « Et je dois vous avouer que la mienne ne durera pas indéfiniment.  » Il laissa échapper un soupir lassé, d'avance, parce qu'il avait vraiment autre chose à faire que menacer sa femme, ses enfants, sa maison, ses cheveux, ou autre. « Soyez raisonnable, je vous prie, que nous puissions nous séparer en termes cordiaux. » Et la menace, enfin, devint palpable.
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