☇ Infos complémentaires ;Elijah est quelqu'un de plutôt compliqué à approcher. Il n'aime pas trop laisser entrer les gens, leur laisser la possibilité de lui faire du mal. Il a perdu trop de gens proches de lui, et il estime même qu'il a trop d'amis aujourd'hui, aussi stupide que cela puisse paraître. C'est quelqu'un de plutôt secret qui, si il n'est pas hostile, est quand même froid et distant avec tout le monde. • Ça ne l'empêche pas d'être d'une patience à toutes épreuves et toujours volontaire pour aider. Mais il a tendance à le faire de manière très chirurgicale, sans s'impliquer émotionnellement, et ça peut le faire paraître insensible: Elijah a l'habitude de dire la vérité, sauf exceptions, aussi cruelle puisse-t-elle être. • Il vient d'une famille purement de classe moyenne, son père manager d'un restaurant à Dublin et sa mère une Inventrice de Sortilèges. Sa mère appartenait à une illustre famille irlandaise de sorciers, reliée au légendaire clan O'Flaherty membre du Conseil irlandais, même si ça n'a jamais été que des mots sans sens pour Elijah. • Il est allé à Poufsouffle à Poudlard, où il a effectué des études très bonnes, sans vraiment être excellentes. Après Poudlard, il ne savait pas trop ce qu'il voulait faire et il a additionné les formations et les petits boulots dans le monde sorcier et moldu à la fois. • C'est un grand fan de cinéma, et c'est sans doute la chose qui lui manque le plus du monde moldu maintenant qu'il vit quasiment plus que dans le monde sorcier. C'est l'un de ses rares points communs avec son père. Il est allé au cinéma deux fois depuis le début de la guerre, mais c'est excusable: c'était pour aller voir les Star Wars épisode I et II. • Elijah mange énormément. Tout le temps, si il s'écoutait, mais il a appris à se rationner au camp des Pacifistes. Sinon, c'est le genre de gars à s'enfiler un repas à six plats sans mal, à la grande surprise de tout le monde. • Il a aussi un grand amour pour le whiskey, quelque chose qu'il partageait avec sa mère et sa soeur, ça. Elijah n'aime pas trop l'alcool en général mais il ne peut jamais dire non à un bon whiskey brûlant. • Il écrit. Tout le temps. Comme si il allait crever avant d'avoir fini: il écrit un peu de tout, surtout ses rêves et ses pensées, du matin au soir. Il ne semble pas exister une seule occasion qui ne soit pas propice à être narrée plus tard dans les multiples carnets qu'il possède. Il les garde tous dans une malle sous son ancien lit de Poufsouffle, qui ne peut qu'être ouverte magiquement. Personne n'a jamais lu ses écrits. • Il a toujours été très à l'aise avec les enfants et les adolescents. Il peut être un peu trop direct parfois, ou trop brusque, mais il a aussi une grande tendresse pour les little ones comme il dit souvent avec un sourire qu'il s'efforce de réprimer. Il enseigne aux plus jeunes qui ne font pas partie de la RDP des bases de magie et d'Histoire. • Il aimerait avoir une famille, un jour, même si il a un peu du mal à s'imaginer vivre avec quiconque. C'est étrange, paradoxal, mais il se rassure en se disant que de toutes façons il a Rhaenys, sa nièce, et qu'adviendra ce qui adviendra. • Elijah a une confiance étrange pour le futur; on dirait presque qu'il croit au Destin avec un grand D. Il a eu un O, son seul Optimal d'ailleurs, à son ASPIC de Divination.  

❝ Nothing compares to you ❞Deux mots sur l'IRL
Appelez-moi rolf/astoria/theo/édouard/sasha/neville/greywaren/lola. J'ai 19 ans, je viens d'écosse et j'ai connu le forum via mdr. Si tout va bien vous me verrez connectée 7 jours sur 7. Pour les scénarii uniquement : j'ai l'aval du créateur concernant ma fiche [] oui / [X] non. Un dernier mot ?  

familyMum used to say we were the same soul split in two and walking around on four legs. It seems unnatural being born together and then dying apart.
“ Elle est morte. — Peter-- — Elle est morte et toi tu ne fais RIEN. ” Elijah reste silencieux. Il réagit rarement à la colère, surtout parce qu'il ne sait pas trop comment faire, la plupart du temps. Et puis il n'en a pas la force. Pas l'envie, pas la force, rien. Ouais, voilà, Elijah a l'impression d'être rempli de rien. Juste du vide, juste du noir, rien du tout.
Cara est morte. Voilà. Cara, sa soeur jumelle, son autre, sa vie, son amour, la femme de sa vie, elle est morte. Cara, son coeur. Elle est morte. Elle est morte quand l'hôpital s'est effondré. Il ne sait pas pourquoi, il ne sait pas comment; il sait juste qu'elle est morte, Eli, elle est morte morte morte, elle ne reviendra pas, jamais, et ce n'est pas de sa faute à lui, mais il ne sait pas trop c'est de la faute à qui. Tout ce qu'il sait, c'est que Cara est morte, que sa mère est dans le coma et que sa nièce, Rhaenys, doit être sauvée.
Peter est venu le chercher dès qu'il a su. Peter est devenu grand très vite, ça surprend Elijah parfois. Il a presque vingt-cinq ans maintenant. Il faut que je pense à lui acheter un cadeau d'anniversaire, pense-t-il confusément entre deux fils horribles de pensées (elle est morte morte morte morte) (on va tous mourir mourir mourir mourir). Peter est venu le chercher pour lui annoncer que Cara... Cara... “ Pourquoi tu dis rien? — Je réfléchis. Peter, il faut qu'on aille la chercher. — Chez elle? T'es dingue, ça va grouiller d'agents du Ministère, avec sa mort... — On n'a pas le choix. T'as envie qu'elle se retrouve entre leurs pattes? ” Peter reste silencieux. Elijah fronce les sourcils. “ Peter, sois sérieux. On parle de ta nièce. La fille de-- Il s'interrompt, la gorge serrée. On y va. En tout cas, moi, j'y vais. Avec ou sans toi, j'y vais. ” Peter ne bouge pas. Elijah se détourne sans rien dire. Il va chopper l'elfe le plus proche pour sortir du périmètre de l'école, transplaner à Londres où sa soeur habite et puis... et puis advienne que pourra.
La main de Peter s'écrase sur son épaule au moment où il s'apprête à passer la porte. “ Je viens avec toi. Tu vas t'attirer plein d'ennuis sans moi. ” C'est généralement Peter qui s'attire des ennuis, mais Elijah ne relève pas. Il se tourne vers son petit frère, qui est devenu si grand, si vite, et il hoche lentement la tête.
Cara est morte, mais ils sont toujours debout.

Ils vivaient dans une petite maison de la banlieue de Dublin. Dublin — ou du moins, Dublin telle qu'il l'avait connue — était une ville étroite, puante et malsaine; mais ils avaient évolués dans un cocon, chéris par une mère un peu brusque et un père moldu mal à l'aise avec leur magie, enfermés dans cette petite maison au confort relatif. Cara, Elijah et Peter, dans cet ordre. Les jumeaux et le petit frère. Ils avaient été une famille heureuse, vraiment.
Il se souvenait parfaitement d'une chose, bizarrement. Ils se souvenaient des parties de cache-cache le dimanche, après le long déjeuner dominical qui prenait la plupart de la journée; Papa insistait toujours pour faire un poulet rôti. Et puis ils se retrouvaient, en chaussettes, à se chercher dans toute la maison, à hurler et à s'attraper et à se débattre et à rire, rire beaucoup. Peter était petit à l'époque, il arrivait à se cacher entre les meubles; Cara se débattait violemment à chaque fois qu'elle était touchée et Maman inventait toujours des nouvelles règles pour ne pas se faire avoir. Dans ces souvenirs, ils étaient tout le temps heureux, tout le temps souriants, la parfaite petite famille qui vivait dans une petite maison dans un petit quartier un peu pauvre de Dublin. Tout était simple, à l'époque, semblait-il.

Elijah ne sait pas trop pourquoi il pense à tout ça maintenant. Ils ont trouvé l'appartement de Cara dans le Londres moldu — ce choix l'étonne, d'ailleurs, il l'aurait mieux imaginée dans l'un de ces nouveaux bâtiments du Chemin de Traverse... il n'est jamais venu ici. Ils ont brisé les défenses magiques et ils sont entrés. L'appartement ne paie pas de mine, de l'extérieur: juste une autre résidence dans la banlieue immédiate de Londres, dans un bâtiment du milieu du siècle dernier. Mais l'intérieur est énorme, richement décoré; trop décoré, pour être tout à fait honnête. Il y a tellement de traces de la vie de Cara dans cet endroit qu'Elijah sent son coeur se serrer dans sa poitrine, se briser. Peter, derrière lui, renifle; il l'ignore, avance, baguette levée, dans le long couloir. “ Rhaenys? ”

Il n'a vu sa nièce qu'une seule fois, à sa naissance. Elle doit avoir quoi, aujourd'hui? Sept ans? Même pas. C'était avant... avant tout ça. Enfin, plutôt, au début de tout ça. Celui-Dont-Le-Nom-Ne-Doit-Être-Prononcé était de retour, Albus Dumbledore était mort, Poudlard avait été envahi par les Mangemorts déjà une fois... et lui n'était qu'un jeune loup, perdu entre deux flots, restant chez Papa parce que Maman état impossible à trouver et, de toutes manières, n'aurait pas voulu l'accepter. Comme Cara. Sa jumelle, sa soeur qui était née avec lui, avec qui il avait tout partagé, ne l'avait pas accepté après son accident.
Il l'avait cherchée, pourtant. Il lui avait écrit, avait frappé à sa porte, avait essayé de rentrer en contact, des mois après sa sortie de l'hôpital; en vain, toutes les portes étaient fermées, les lettres perdues. Il était retourné à Dublin, chez son père. Papa n'avait jamais compris, la magie, le monde sorcier, les loup-garous. Il n'avait jamais compris mais il l'avait accepté.
Et un jour Cara était venue pour lui dire qu'elle était enceinte. D'un sang-pur, de ce qu'elle avait compris, même si elle n'avait pas voulu lui dire son nom. Ils étaient jeunes à l'époque: l'idée semblait impossible, horrible. Il ne pourrait jamais aimer un enfant, pas l'enfant de sa soeur qu'il haïssait, pas l'enfant qui faisait pleurer, pas un enfant bâtard, terrible, présage de tous les maux à venir. Il ne pouvait pas (qui trompait-il?).
La gamine était née. Les yeux clairs de son père, apparemment, mais les cheveux clairs de sa soeur. Le coeur brisé d'Elijah s'était brisé en la voyant. Il l'avait tenue une fois. Et puis Cara avait disparu, aussi simplement que ça, et il ne l'avait jamais revue.

Rhaenys, l'avait-elle appelée. Qui appelait son enfant Rhaenys? “ Rhaenys? ” Il se demande distraitement si Cara avait parlé de son oncle à sa fille. “ Rhaenys? ” Aucun bruit. Les pièces défilent lentement. Il y a les restes d'un repas sur la table, trois tenues différentes posées sur le lit, un vide-poche vide sur le buffet du salon. Et pas un bruit, nulle part. “ Tu penses vraiment qu'elle est là? — Où voudrais-tu qu'une gamine de sept ans soit? Elle l'aurait pas emmenée avec elle... si? ” Peter pâlit brusquement. “ Je sais pas... Elijah, faut qu'on se dépêche, l'endroit va grouiller de flics d'un moment à un autre. — De flics. ” Elijah lève les yeux au ciel. Il se souvient que Peter adorait les émissions policières quand il était petit.
Il s'apprête à lancer un Homenum Revelio quand un bruit derrière la porte de l'armoire lui fait brusquement tourner la tête. Il fait signe à Peter de reculer et de garder sa baguette sortie, alors qu'il range la sienne et va ouvrir la porte de l'armoire.
La gamine lui saute dessus, toutes griffes dehors, et arrive bien à lui déchirer la peau à deux endroits sur le visage avant qu'il ne l'immobilise sans grand mal contre lui. “ VOUS M'AUREZ JAMAIS VOUS M'AUREZ JAMAIS VOUS AUREZ PAS MAMAN VOUS M'AUREZ JAMAIS, ” s'époumone-t-elle, alors qu'Elijah ne sait pas quoi dire, la tient contre lui, la regarde, regarde Peter, puis elle encore. “ Calme-toi-- — JAMAIS VOUS M'AUREZ JAMAIS VOUS POURREZ PAS ME FAIRE DE MAL MAMAN ARRIVE ELLE VA VOUS TUER. — On n'est pas là pour te faire de-- — JE PARLERAI PAS JE DIRAI RIEN MAMAN VA BIENTÔT ARRIVER VOUS FERIEZ MIEUX DE PARTIR. — Rhaenys. ” Entendre son prénom semble la calmer, étrangement, et elle cesse de se débattre un instant, le regarde. Elle a une coupe de cheveux inégale, comme si elle se l'était faite elle-même, du maquillage sur le visage — non, comprend Elijah, c'est du feutre. Elle a l'air méfiante, sur ses gardes.
Elle ressemble énormément à Cara. Il entend Peter renifler une nouvelle fois derrière lui. Elijah, lui, sent son coeur se durcir. Pas maintenant. Pas maintenant. Jamais.
“ Cara- ta Maman nous a demandés de venir te chercher et de te ramener à elle. ” Il a toujours été bon pour mentir. C'est sans doute parce que personne ne s'attend trop à ce qu'il le fasse, direct et entier qu'il est habituellement. “ Il faut que tu nous suives. ” Elle les regarde tour à tour. Essaie de se dégager, en vain. “ J'te connais toi, ” dit-elle finalement en regardant Peter d'un air méfiant. “  Uncle Pete. ” Elijah ignore le troisième reniflement, et l'étrange bruit qui s'échappe de la gorge de son frère. “ Je vais vérifier qu'il y a personne, dit Peter d'une petite voix. Et chercher des... ” provisions, mais inutile de le dire devant la gamine. Il s'échappe de la pièce. Elijah relâche lentement les poignets de la gamine, qui les frotte brusquement, et s'éloigne d'un pas, toujours méfiante. “ Où est Maman? — Pas loin d'ici. ” Sous des décombres. “ T'es qui? — Un ami. — Tu mens, t'es Uncle Eli. ” Elijah ne répond pas. “ Maman m'a dit-- — Écoute, ta Maman m'a dit de te ramener à elle et je vais le faire, d'accord, Rhaenys? ” Il se redresse brusquement. “ Elle pourra te dire tout ce qu'elle voudra te dire quand tu la verras-- — ELIJAH! ” hurle Peter en même temps que la porte de l'appartement explose.

dutyI'll make the world safe and sound for you Will come of age with our young nation, We'll bleed and fight for you, we'll make it right for you, If we lay a strong enough foundation We'll pass it on to you, we'll give the world to you And you’ll blow us all away Someday, someday.
Le mensonge a explosé, bien entendu. La gamine est aussi vive que sa mère, et elle a le même sale caractère; mais elle n'a que sept ans. C'est bizarre, parce qu'elle ne lui en veut pas d'avoir menti; ou alors elle pense qu'il pensait que Cara était encore en vie quand ils sont venus la chercher... Elijah n'en sait rien. Tout ce qu'il sait, c'est qu'en deux mois, ils ont appris à se connaître, à s'apprivoiser. Peter est dingue de la gamine, et elle l'adore. C'est un peu plus compliqué avec Elijah. Il aime pas s'attacher aux gens, Elijah, ça prend du temps; mais c'est la fille de sa soeur alors c'est difficile aussi de s'éloigner d'elle.
Leur mère est toujours dans le coma, apparemment. Ou alors elle est morte. En tout cas, elle n'est pas sortie de Saint-Mangouste d'après leurs informateurs. Elijah ne sait pas quoi en penser.
Cara est bel et bien morte.
Il n'a pas pleuré. Il ne sait pas pourquoi. C'est sa soeur, sa soeur jumelle et évidemment, évidemment, elle a été horrible et cruelle avec lui quand il a été transformé. Mais il l'aimait. Il l'aime, il l'aime vraiment. Alors pourquoi il arrive pas à pleurer? Peter l'a frappé, agrippé, a hurlé qu'il ne comprenait pas, “ COMMENT PEUX-TU RESTER AUSSI STOÏQUE? ”, tout ça en vain.
“ J'ai tellement de choses à faire, se répète-t-il, écrit-il. Je n'ai pas le temps de pleurer. ”

Il finit le cours en incitant les jeunes enfants à lire quelques livres à la bibliothèque, ou de demander à quelqu'un de les lire pour eux, et ils partent tous avec un grand rire et grand enthousiasme parce que monsieur Elijah c'est pas juste, il fait beau dehors, je veux aller dans les jardins! alors qu'il reste derrière pour ranger un peu les affaires qu'il a sorti pour le rapide cours théorique de sortilèges. Finalement, il sort lui aussi — c'est une belle journée d'août, le soleil est haut et brûlant dans le ciel, et ce serait dommage de ne pas en profiter — avec ses bouquins et ses plumes, dans l'espoir de lire ou d'écrire, il ne sait pas encore.
Elijah Doigts-d'Encre, c'est comme ça qu'on l'appelait à Poudlard, et même à la maison. Parce qu'il avait toujours les doigts un peu sale, à cause de tous ces mots en pattes de mouche qu'il écrivait inlassablement dans ses carnets, sur des feuilles volantes. Des histoires, parfois, ses pensées, surtout. Ses rêves, fréquemment, ceux pendant la nuit et ceux du futur. Il n'a jamais laissé personne y toucher, ou lire quoique ce soit. C'est pas que ça l'embarrasse mais... enfin, il ne veut pas que les gens sachent. S'intéressent à lui. Le regardent.

Il n'a pas le temps de s'asseoir que déjà Rhaenys court dans sa direction. “ Eli, elle refuse de l'appeler Uncle comme elle appelle Peter. Elijah essaie de se convaincre que ça ne l'agace pas. Tu veux bien venir jouer? Il nous manque un monstre pour jouer à monstre-et-fillette. — Monstre-et-fillette? — C'est un jeu. Tu viens? ” Mais il n'a pas le temps pour pleurer, ni pour jouer. Il doit travailler. Il doit écrire, lire, aller à la réunion du Conseil à cette nuit, il doit checker que les réserves de Tue-Loup sont bonnes pour la prochaine pleine lune début août, il doit parler à Susan, il doit-- “ Tu viens? ” répète Rhaenys, qui s'impatiente, croisant les bras sur sa poitrine et lui lançant sa légendaire moue Buckley. “ D'accord, mais pas longtemps. ”
Il passe tout l'après-midi à chasser les enfants dans les jardins de Poudlard, les fauchant au passage et les portant sur son épaule en hurlant sa victoire tandis qu'ils rient, invariablement, se tortillant comme des vers de terre en essayant de s'échapper. Il n'y a pas beaucoup d'enfants de l'âge de jouer à ce genre de jeux, évidemment, et encore moins qui ont l'énergie de courir après avoir passé une journée entière à étudier des trucs ennuyants, alors finalement Elijah se retrouve toujours à courir derrière les cinq mêmes, qui refusent d'abandonner, Rhaenys parmi eux agissant comme une pile électrisant ses troupes. Finalement les enfants gagnent, sautent sur le monstre à cinq jusqu'à ce qu'ils tombe parterre en se débattant, essayant de se débarrasser d'eux en rugissant comme un animal blessé; et ils finissent par rire, et Rhaenys par pousser un hululement indien de victoire, en l'abandonnant. Les autres enfants sont ramenés à l'intérieur par leurs parents, où d'autres sorciers: le soleil se couche déjà. Rhaenys s'attarde et attend qu'il se relève, lui sautant sur le dos d'autorité pour qu'il la porte. “ Eli? ” lui demande-t-elle alors qu'ils remontent vers le château, près duquel il a laissé son sac, ses livres et ses plumes. “ Oui? — T'as déjà vu un vrai monstre? ” Il devrait mentir. Il sait bien mentir. Mais Rhaenys a la candeur et le sérieux que seuls les enfants peuvent avoir dans ces circonstances; bêtement, il semble à Elijah qu'elle découvrirait de suite s'il se mettait à mentir. “ Oui. — Quel genre de monstre? ” Le genre avec des longues dents et des hurlements.

Il se souvient de l'accident comme si c'était hier. C'était il y a sept ans, mais il encore entend les hurlements, il sent encore les griffes lui déchirer la peau, s'enfoncer profondément dans sa chair. À l'époque, après Poudlard, il savait pas trop où il en était. Il était bon partout, mais n'excellait à rien en particulier. Un bosseur, mais pas un passionné; il se souvient que Cara se fichait bien de sa gueule en lui disait qu'il allait finir prof parce que tu sais ce qu'on dit, hein, Eli? Those who can, do; those who can't, teach. Ça l'avait énervé et à l'époque, il n'avait pas la maturité pour lui dire d'aller se faire foutre et qu'il serait prof quand même, parce que la plupart des gens fantastiques qu'il avait rencontré jusque là étaient des profs.
Non, à l'époque, il avait fini par additionner les formations, sans jamais savoir quoi faire. Il était bon en Potions mais pas assez pour finir son stage chez l'apothicaire; passionné d'Histoire mais clairement pas assez pour aider un historien à finir sa biographie; bon sorcier mais certainement pas assez vif ou belliqueux pour faire un bon policier de la Brigade Magique. C'était sa dernière formation, après cinq infructueuse, et il avait été déployé avec ses petits camarades dans une maison du Lanarkshire où apparemment, un sorcier aurait utilisé de la magie face à un moldu mais ne se serait jamais présent devant le Magenmagot. Elijah s'était résolu à devenir membre de la Brigade Magique, parce que même si il n'était pas excellent, il pourrait en vivre: et déjà, à l'époque, ses poches se vidaient, ses économies à travailler l'été dans un pub sorcier de Dublin étant aspirées par toutes les difficultés de l'époque... c'était sans compter le grand retour du Seigneur des Ténèbres et la prime à l'embauche à la Justice Magique.
Cette formation avait connu la fin la plus brutale. Cinq morts, lui blessé, dans un coma pendant plusieurs jours, entre la vie et la mort. Griffé par un loup-garou. Changé à jamais.

“ Le pire genre qui existe. Même si je pense que c'est le seul genre de monstre qui existe. ” Rhaenys réfléchit un peu, tandis qu'ils continuent de marcher la fastidieuse pente des jardins de Poudlard. “ Je ne suis pas d'accord. Toi tu es une bonne sorte de monstre, ” dit-elle simplement, avant de gigoter jusqu'à ce qu'il la dépose délicatement parterre, la laissant détaler en direction du sac où se tient-- “ JUUUUUUNE! ” hurle la gamine, apparemment ravie, alors qu'Elijah lui emboîte le pas d'une démarche pesante. “ On a joué à monstre-et-fillette aujourd'hui et j'ai appris plein de trucs sur la magie! Tu savais que y'avait des plantes qui réagissaient à la magie? Hein? Qui changeaient de couleurs en présence de sorciers! — Ah bon? dit gentiment June, avec le genre de petit sourire qu'elle réserve seulement à Rhaenys. — Oui! J'aimerais trop en avoir une mais Eli dit qu'elles existent qu'en Afrique... — On ira un jour en Afrique, si tu veux, dit Elijah en arrivant à leur hauteur. — C'est vrai? — Oui bien sûr. Où tu voudras. — Quand? — Quand tu seras sage, voilà quand, ” dit-il en lui ébouriffant les cheveux comme elle le déteste. Elle riposte en repoussant sa main, mais il attrape son poignet avant; c'est comme un signal, Rhaenys se met soudainement à se tortiller dans tous les sens, à se débattre, escaladant à moitié son oncle pour lui faire lâcher prise — en vain, il porte à la place un regard interrogateur sur June qui observe toujours Rhaenys d'un air tendre.
Air tendre qui s'efface un peu quand elle reporte les yeux sur lui. All business, as usual. “ Susan te cherchait. Je me doutais que j'allais te trouver là. ” Il hoche la tête. “ Merci, June. ” Ils se regardent, gênés, un moment. “ Tu veux bien m'aider? dit-il en désignant le sac qu'il tient à grand mal à bout de bras. Je dois déjà m'occuper d'un petit singe. — JE SUIS PAS UN SINGE, ” hurle Rhaenys, qui continue pourtant d'escalader Elijah avec l'agilité d'un ouistiti; June semble se détendre, amusée à la vue de la gamine qui se débat avec son oncle en grognant de frustration et d'agacement; c'est sûrement pas aujourd'hui qu'elle va lui faire mordre la poussière, elle.

Ils se dirigent vers les portes de Poudlard, débattant les avantages et inconvénients des fleurs qui trompettent au passage des sorciers, quand soudainement Susan surgit, courant vers eux avec un air affolé. “ Elijah! Je te cherchais! June! Merci, tu l'as trouvé! Elijah, je-- ” Elle s'interrompt brusquement, se rappelant que June ne fait pas partie du Conseil et qu'il y a aussi Rhaenys, qui a fini par s'immobiliser sur les épaules d'Elijah. “ Susan, tout va bien? — Il faut- elle a du mal à respirer, il y a une réunion- une réunion extraordinaire- tout de suite- Elijah, il faut- c'est Harry, il-- ” Il hoche la tête, dépose Rhaenys parterre qui a été impressionnée par le ton sérieux de Susan qu'elle adore. Elijah glisse un regard avec June, puis sa nièce. “ Je m'en occupe, dit finalement la rousse. File. Il est grand temps qu'on ait une vraie conversation entre filles, Nys et moi. ” dit-elle avec un grand sourire rassurant à la jeune fille qui a l'air inquiète. Elijah ébouriffe les cheveux de sa nièce, adresse un petit sourire de remerciement à June. “ Merci, June, ” dit-il avant de se détourner pour rejoindre Susan et le reste du Conseil au pas de course.

Elijah est le dernier arrivé au Conseil, c'est très récent: à peine quelques semaines à vrai dire. Il ne sait pas trop si c'est du fait de Kingsley ou de Susan mais ça le remplit de fierté autant que de peur: il a un peu peur de décevoir, même si il fait de son mieux pour ne pas le montrer. Il passe la plupart des conseils à prendre des notes ensorcelées, faisant un bon compte-rendu écrit pour la postérité, aime-t-il bien penser. C'est beaucoup de responsabilités — mais ça, comme le reste, il peut le supporter. Il doit le supporter.
Cette fois, pourtant, ça semble être la goutte d'eau qui fait déborder le vase. Ron et Hermione sont défaits, Bill et Fred sombres, Kingsley semble agité, ce qui ne lui ressemble pas, et Susan a l'air presque aussi perdue que lui. Harry n'est pas là.
Mauvaises nouvelles.
Mais c'est leur devoir de s'en sortir, encore et encore, malgré tous les obstacles.

honorIt was like when you make a move in chess and just as you take your finger off the piece, you see the mistake you've made, and there's this panic because you don't know yet the scale of disaster you've left yourself open to.
“ Je comprends pas. — Uncle Pete, Peter. Il a... reçu un sortilège. Comme ta Maman. Et il est mort. ” Elijah est un très bon menteur mais Rhaenys est faite du même bois que lui. Elle préfère les vérités violentes que les mensonges trop doux.
Elle le regarde lentement. Elle a sept ans mais elle sait très bien ce que ça veut dire — mort, ça veut dire qu'il ne reviendra jamais, comme Maman, Elijah lit ces réflexions dans ces yeux. Ça le rend triste, Elijah, parce qu'il voudrait lui offrir une enfance plus heureuse, plus stable, loin de ce château de malheur. Il voudrait lui promettre que Peter sera le dernier à mourir; mais il ne le fait, reste silencieux et immobile jusqu'à ce que les larmes, finalement, se mettent à couler à grosses gouttes sur les joues de sa nièce: là, il la prend dans ses bras et elle se met à hurler, à pleurer, à se débattre, parce que MAMAN parce que UNCLE PETE et parce que, surtout, C'EST INJUSTE C'EST INJUSTE C'EST INJUSTE.
Elijah le sait bien, que c'est injuste. Il a l'impression qu'on lui a ouvert le coeur en deux et qu'on en a jeté une partie. Il a l'impression que le sang s'est transformé en feu dans ses veines. Il a l'impression que le monde ne devrait pas être ainsi, que la vie ne devrait pas se dérouler comme ça: il aimerait que tout soit différent, vraiment différent.
Après un temps interminable, Rhaenys se calme dans ses bras, se laisse aller contre lui. Les hostilités sur Pré-au-Lard durent depuis plus d'une journée maintenant, et il fait presque jour. Il a passé toute la journée à s'occuper des blessés dans la Grande Salle, avec Susan.
Et Peter n'est jamais revenu.

La petite s'endort dans ses bras et il va la déposer dans son lit, dans ses draps, lui efface le visage de ses larmes. Il lui caresse la joue. Il sourit doucement. Il a envie de pleurer, lui aussi. “ Elijah? ” Il relève brusquement la tête, pris de court et sur la défensive, comme toujours. Il ne peut pas se permettre d'avoir l'air faible, devant personne. Il doit... il doit être fort, rester fort. Il ne peut pas se permettre d'être quelque chose d'autre que fort.
C'est June. Surtout devant elle, il doit être fort. “ Tu as vu Teddy? ” demande-t-elle dans un murmure et il fait non de la tête. Elle grimace légèrement. “ Non, il doit être avec Meda, ” murmure Elijah en la rejoignant, fermant derrière lui la porte des dortoirs des Poufsouffles reconvertie en chambre pour les enfants. “ Je peux le chercher avec toi. — Non, c'est bon, ” marmonne-t-elle. “ Attends, June. June! T'es blessée? — Ça va. — Montre-moi. Ton visage-- — Ça va, je te dis! ” Il a tendu la main vers son visage et il la baisse abruptement. Il a été inquiet pour elle, toute la journée... et les autres loups de Storm's End, bien évidemment. Mais June...
Il se recule, un peu heurté. À quoi tu t'attendais? lui rappelle une voix pernicieuse. “ Pardon, ” dit-il, un peu rigide, avant de tourner les talons. Il pense qu'elle va le suivre; mais non, alors il continue son chemin tout seul.

Mais... et si elle meurt? Et si elle meurt et qu'il n'aura jamais l'occasion de lui dire... de lui dire n'importe quoi? Qu'il l'aime beaucoup, qu'il l'admire, qu'il aurait aimé avoir plus du temps. Comme avec Cara, comme avec Peter... la pensée lui est insupportable, et il est à deux doigts de tourner les talons pour la retrouver; mais une fierté insensible l'en empêche, et il se retrouve plutôt à arpenter les couloirs de Poudlard pour retourner dans la Grande Salle. Il est arrêté net par Susan qui semble avoir dormi deux heures cette nuit, et qui l'empêche fermement d'entrer.
Il se sent de mauvaise humeur, la lune est de retour et puis Peter... Peter... “ Susan, laisse-moi passer, ” dit-il avec plus de colère qu'il n'en a montré ces cinq derniers mois réunis. “ Elijah, t'as pas fermé l'oeil cette nuit, je crois pas que ce soit-- — Laisse-moi passer. — Elijah, sois raisonnable. ” Il sent qu'elle l'apaise un peu, la douleur dans ses épaules et son coeur et ses mains, du bout de ses doigts. “ Arrête, tu te surmènes. — You're one to talk. — Susan, pour l'amour de Merlin, si tu me laisses pas passer je vais-- ” Il s'interrompt brusquement parce que les portes ouvertes de la Grande Salle lui permettent de voir un peu ce qui se passe à l'intérieur. C'est encore le matin, le soleil est levé depuis quelques dizaines de minutes à peine; la lumière magique, pourtant, baigne la salle de lumière comme si elle était en pleine soleil. Il y a des dizaines de blessés, des dizaines de soigneurs qui s'agitent entre les lits de fortune, des dizaines de gémissements, cris et pleurs, des dizaines de visages qu'il connait que trop bien...
Il s'interrompt parce que ses sens de semi-loup s'éveillent; et il écarte Susan du chemin au même moment qu'un groupe apparaît avec un elfe à quelques mètres d'eux. “ Des Détraqueurs, dit un membre du groupe en les reconnaissant, en tenant le corps inconscient d'un blessé contre lui, des soigneurs accourant déjà vers eux. Il y a... des Détraqueurs. ” Elijah retient Susan, cette fois. “ Il faut que t'ailles trouver Fred et Bill, lui dit-il précipitamment. Je vais chercher Kingsley. Ron sera de retour d'une minute à l'autre, il faut absolument- — Elijah... — -il faut absolument qu'on trouve une solution! ”
Ils se regardent. Elle hoche la tête. “ Je m'occupe de King, occupe-toi de Fred et Bill, ” dit-elle plutôt, avant qu'ils ne se séparent en courant à moitié.

Il se souvient quand Peter est venu le chercher chez leur père. Il s'y cachait parce qu'il ne savait pas trop où aller, quoi faire... la société ne voulait pas de lui, ça au moins, c'était clair. Un fils d'un moldu et d'une sang-mêlée sans prestige, un semi-loup en plus de ça... Il avait passé des mois chez son père, à travailler dans un bar à côté de là où ils habitaient, à survivre, privé du monde qui l'avait vu grandir.
Et Peter était arrivé et lui avait dit: Viens. C'est la chose à faire.
Il faut se battre.
Il se souvient avoir ri. Il se souvient avoir ri et avoir vu le visage de Peter — si jeune, si petit, petit Peter — être resté très stoïque, pas indifférent mais pas loin. Que feront-ils d'un semi-loup et d'un gamin prépubère? il lui avait rigolé au nez, non sans malice. Il se souvenait encore des insultes de Cara, ses refus répétés de le voir, jumeaux de ceux de sa mère. Rien de magique ne voulait de lui. Si on ne se bat pas, qui le fera? lui avait simplement dit son petit frère, qui lui piquait toujours sa dernière frite, qui avait pleuré un jour quand Elijah avait écrasé une araignée, qui était absolument un monstre au Monopoly, son petit frère qui avait dix ans dans sa tête mais vingt en réalité.

Mais il est mort, maintenant. Comme Cara, comme probablement sa mère, comme tellement de gens. Il est mort — mais il faut continuer de se battre, il l'a dit, il l'a répété, il s'y tient.

Il faut continuer de se battre parce que si ils ne le font pas, qui le fera?