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sujet; (os #1) When I was young, I wanted to be a hero

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(os #1) When I was young, I wanted to be a hero Empty

Loup & Vincianne
I guess that's just part of loving people: You have to give things up. Sometimes you even have to give them up.


(manten) « Dis, Vincianne, qu’est-ce que tu veux devenir quand tu seras grande ? » Un rire d'enfant invincible. Un bras qui se glisse autour des épaules du corps frêle de son cousin. Une tête qui se niche au creux du cou. Le portrait de deux enfants, au bord d'un lac enflammé par le crépuscule. « Plus tard, je voudrais être un héros. »

A ses pieds, l'homme retombe sur le béton, marionnette brisée dans une mare de sang, de peur et de larmes. Il retombe et la Française ne lui jette même pas un regard. Elle lui passe au-dessus et le foule du pied, son immonde office déjà enterré sous le décompte qui file et défile dans un coin de cervelle. Un jour, dix heures, quarante-sept minutes. Et vingt secondes. Maintenant qu'elle a commencé à compter, elle n'arrive plus à s'arrêter. Elle a du mal à ne pas regarder à nouveau l'aiguille qui fait impitoyablement le tour du cadran. C'est affreux comme ça s'écoule vite. Comme ça s'enfuit loin d'elle à toute vitesse. Machinalement, elle attrape la serviette sur la table. Ca n'arrive même plus à enlever le sang sur ses mains. Elle s'en est foutu partout, furieuse et enragée, et l'homme s'est fait fauché par sa violence avant de lui livrer l'information dont elle a besoin. ●●● Fais chier. ● Elle ne sait même pas comment elle a pu autant déraper en si peu de temps. Vaguement, elle regarde sa montre à gousset, posée à côté de ses instruments. Ca ne fait même pas une heure qu'elle l'a amené ici.

« Pourquoi tu veux être un héros ? » Le bras qui resserre son étreinte. Des lèvres qui se pressent contre une tempe. Et le rire, toujours le rire. Celui qui a l'air invincible et immortel. Un rire qui fait vibrer l'air chaud de l'été avec tellement de force qu'on pourrait croire que ce n'est pas juste un air. « Tu verras, Loup : quand je serai grande, je vous protégerai tous. »

Contre ses phalanges, le nez se brise avec un craquement qui n'a rien de satisfaisant. C'est la première fois de sa vie que Vincianne est frustrée par sa chasse et l'idée s'accroche à ses nerfs comme du papier de verre. Trois jours, seize heures, cing minutes. Et cinquante-deux secondes. Cette fois, elle n'a pas pris la peine de ramener sa proie dans son antre. Elle la dépèce sur place, dans cette rue sombre qui frissonne sous l'hiver, dans ce quartier malfamé du Londres moldu. Ses poigts s'écrasent contre la gueule ensanglantée. ●●● Où est-il ? ● Sa voix n'est plus qu'un grondement d'orage, le roulement d'une pierre qui dévale la pente, le rugissement d'une tempête. ● Où est-il ? ● La dague s'enfonce dans la chair tendre d'un mollet, tranche le muscle. ● OÙ EST-CE QU'IL SE TERRE ? ● Le Mangemort couine, gémit et crache sa douleur en étoiles carmin sur la neige. ● Je t'ouvrirai le crâne pour aller regarder directement dans ta cervelle, Mangemort. ALORS REPONDS ! ● Le talon de sa botte vient taper contre la blessure toute fraîche, indifférente à la jeunesse de sa victime.

« Je ne pourrais jamais faire ça. » La barque qui tangue quand la fillette tente de jeter par dessus bord la morosité. Les protestations du garçon, mécontent d'avoir failli finir à l'eau. Et les rires, toujours les rires, forts et confiants, de la gamine. « Qu'importe, Loup. Tout ce que tu ne pourras pas faire, je le ferais pour toi. Tu n'auras qu'à rester à mes côtés. »

Sa baguette danse et virevolte entre ses doigts. Vincianne chante les informulés comme des murmures de fantômes meurtriers et les cadavres s'empilent, forment un chemin ensanglanté. Elle est prédatrice, féline aux réflexes assassins. Sous sa peau, ses muscles tremblent sous la tension. Mais pour la première fois, c'est une frénésie qui ne prend aucun plaisir, c'est l'agressivité d'une bête blessée qui charge à l'assaut. Le regard est vide, le sourire sonne faux. Trois jours, vingt-une heures, trente-trois minutes. Et deux secondes. Elle l'a enfin débusqué et elle n'en tire aucun plaisir, aucune fierté. Sa grâce est mécanique, des mouvements imprimés depuis longtemps dans ses nerfs. Ses sorts n'ont plus l'éclat d'un brasier meurtrier, seulement celui d'une lame qui file droit au but. ●●● LOUP ! ● Autrefois, elle l'a hurlé si souvent ce prénom. Loup, où es-tu ? M'entends-tu ? C'était une des blagues de leur enfance. Mais ils ne sont plus des enfants. Ils ne jouent plus à cache-cache. ● LOUP ! ● Et dans sa voix, vibre la colère, la douleur et la tendresse, un entrelas de sentiments qui s'entrechoquent. Ca s'emboîte mal dans sa tête, ça fait mal, ça lui file la migraine. ● LOUP ! ● Un sort la frôle, et elle ne s'embarrasse même plus de baguette, de sort ou de magie. Elle brise la nuque de la sorcière sans même la voir.

« Loup ! Vincianne ! » Le rappel à la réalité, aux Lancastre qui brise la belle harmonie. La main qui se pose sur les rames pour retarder le retour. Juste un instant de plus. Un peu plus, et encore un peu. Le petit doigt qui se tend, réclame une promesse. L'émail blanc d'une dent qui mord la lèvre rose d'une petite fille. « Tu resteras toujours à mes côtés, pas vrai, Loup ? Moi, je te protégerai toujours. »

Soudain, elle le voit. Trois jours, vingt-deux heures, six minutes. Et cinquante secondes. Il est là, dans son atelier des horreurs, et il lève la tête vers elle comme s'il n'attendait qu'elle. ●●● Vincianne. ● Le nom se perd dans le silence. Elle est couverte de sang, dissimulée sous le visage d'une femme rousse qui n'est pas elle. Mais elle n'est même pas surprise qu'il la reconnaisse, même sous ses masques. ● Vincianne. Qu'est-ce que tu fais ici ? ● C'est comme une invocation, et sans qu'elle y réfléchisse vraiment, elle reprend ses traits, elle redevient Vincianne de Lancastre. Ca ne lui semble pas correct s'il ne l'entend pas de sa bouche. ● On m'a ordonné de te ramener à la maison, Loup. ● Son cousin secoue la tête. Ce n'est pas la question qu'il lui pose. Elle le sait, elle a juste voulu l'éviter. Elle n'est pas vraiment prête à autopsier ses propres pulsions pour savoir ce que Morgana Ives représente à ses yeux. ● Où est-elle ?Elle est dans la cave.Elle respire encore ? ● C'est le foutoir dans son coeur. Et elle est presque étonnée de sentir un peu d'apaisement quand Loup acquiesce. Presque, mais pas vraiment. Comme si, finalement, c'est naturel d'être soulagée que Morgana respire encore. ● Je ne peux pas te laisser ici, Loup.Je sais.Ca, et elle embrasse la salle du regard : n'est pas toi ici.Est-ce que tu tiendras ta promesse ? ● Il y a comme de l'espoir quand les yeux clairs de son cousin tombent sur la dague qu'elle a encore à la main. ● Je te protègerai toujours. ● Il acquiesce comme s'il l'avait toujours su.

« Vincianne ! Arrête, tu ne peux rien faire. Loup est parti. » Une main qui repousse et se serre en un poing, si fort que les jointures blanchissent. Un regard noir, furieux et brûlant. La mâchoire qui claque, les crocs prêts à mordre. Un air de louve qui protège ses petits. « Il s'est égaré. Egaré. C'est moi qui le ramènerai. J'ai promis. »

Contre elle, le corps est froid. Plus glacé que toutes les fois où elle a recueilli Loup dans son giron après qu'il ait erré toute la nuit dans Brocéliande. Mais Vincianne le garde contre elle, le nez dans les cheveux bruns de son cousin, les bras serrés autour de ses épaules. Ses lèvres se pressent fort contre le front comme un sort pour éloigner les mauvais esprits. Elle le garde contre elle pour le protéger des cauchemars, des monstres et des ombres. Elle veut le protéger de tout ça, alors elle le berce et elle attend qu'il s'endorme définitivement comme elle l'a toujours fait. ●●● Ca va aller, ça va aller. ● Repète-t-elle à l'oreille, la voix chargée d'une douceur qu'elle n'a eu qu'avec Loup. Trois jours, vingt-deux heures, six minutes. Et cinquante secondes.Ca va aller, je vais te protéger. ● Tendrement, le pouce efface le sang qui macule la joue d'un blanc de linceul et sa gorge se serre quand elle réalise que Loup ne se réveillera plus jamais par sa faute. Ses jambes tremblent quand elle se relève, le cadavre pèse lourd dans ses bras fatigués et son coeur. Mais elle fait abstraction de ça, elle force ses muscles à lui obéir une dernière fois. Elle pourra s'effondrer plus tard, se promet-elle sans trop savoir si c'est dans le sommeil ou dans la douleur qu'elle sombrera. Mais pour le moment, elle ne peut pas. Elle doit sauver Morgana. Elle doit en sauver au moins un.

« Dis, Vincianne, qu’est-ce que tu veux devenir quand tu seras grande ? »
« Plus tard, je voudrais être un héros. »
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(os #1) When I was young, I wanted to be a hero

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